Introduction

1Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989, alors soldat de la Nationale Volksarmee (NVA, l’Armée nationale populaire), avec casque et kalachnikov chargée, je me tenais devant la Werder-Kaserne de Schwerin, la capitale du Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale. 48 heures de garde à sécuriser l’objectif. Soit deux heures sous la pluie à garder la caserne, suivies de deux heures d’astreinte, de deux heures de sommeil et ainsi de suite. Quelqu’un s’était déniché une petite radio à piles qui allait de main en main à chaque relève pour faire passer le temps plus vite. On y écoutait une station ouest-allemande qui couvrait avec la fébrilité du direct la chute du mur de Berlin. Un commentateur alla jusqu’à prophétiser non sans quelque prescience : « Le Mur est tombé, c’est la fin de la RDA. » Il fallait tout de même attendre quelques semaines pour prendre la pleine mesure des événements et aussi la conférence de presse de Günter Schabowski, mais cette nuit déjà, pas question de dormir