Chapitre 3. La zone humide de Louvaquint‑Le Teilleul
3 Die Feuchtzone von Louvaquint‑Le Teilleul
3 The wet‑zone at Louvaquint/ Le Teilleul
p. 101‑119
Résumés
Les gisements de Louvaquint et du Teilleul sont séparés par un vallon traversé par deux ruisseaux que relie un gué empierré utilisé aux époques mérovingienne et carolingienne. Sur la rive droite du Teilleul, ce gué rejoint un chemin conduisant au site du même nom. Plusieurs aménagements en bordure de ce gué, dont des éléments en bois, et la qualité de sa propre construction témoignent d’une bonne gestion de ce fond de vallon tourbeux. Les premières études polliniques permettent de suivre l’évolution de la végétation dans ce secteur.
Deposits at Louvaquint and Le Teilleul are separated by a small valley through which flow two streams crossed by a metalled ford during the Merovingian and Carolingian periods. On the north bank of the Le Teilleul stream, the ford connects with a track leading to the site of the same name. The quality of the ford’s construction work, and the presence of other structures (some wooden) at its edge, point to effective management of the peat‑covered valley floor. Preliminary pollen analysis has allowed specialists to study changes and developments in the area’s vegetation.
Zwei Bäche, die in karolingischer und merowingischer Zeit durch eine mit Steinen aufgeschüttete Furt verbunden waren, fließen durch eine Talmulde, die die Fundstätten Louvaquint und Le Teilleul trennt. Auf dem rechten Ufer des Baches Le Teilleul trifft die Furt auf einen Weg, der zur Siedlungsstätte des gleichen Namens führt. Mehrere Installationen am Rande der Furt, darunter einige Holzelemente, und die Qualität ihrer Konstruktion zeugen von einer gut durchdachten Nutzung dieses torfreichen Talgrundes. Die ersten Pollenuntersuchungen ermöglichen es, die Entwicklung der Pflanzenwelt in diesem Sektor nachzuvollziehen.
Texte intégral
3.1 Historique de l’intervention et premiers résultats
1fig. 72‑74
2L’intervention archéologique dans le vallon séparant les sites du Teilleul et de Louvaquint a été réalisée par tranchées et décapages ponctuels. Ce faisant, les questions spatiales et stratigraphiques pouvaient être appréhendées simultanément en laissant toujours un accès aux divers secteurs pour un éventuel élargissement du décapage.
3La première tranchée a été décapée en présence de D. Marguerie, qui nous a apporté les premiers éléments de réponse géologiques et paléoenvironnementaux, parallèlement à nos interprétations archéologiques. Elle s’étendait de manière continue, depuis le site de Louvaquint, jusqu’au Teilleul, plus ou moins au centre de l’emprise.

FIG. 72 ‒ Louvaquint‑Le Teilleul. Plan des sondages de la zone humide.
dessin P. Nogues

FIG. 73 ‒ Louvaquint‑Le Teilleul. Vue aérienne de la zone humide.
cl. H. Paitier
FIG. 74 ‒ Louvaquint‑Le Teilleul. Détail des sondages du gué. La tourbe est présente dans les sondages 1 à 6 (ouest) et 7 (sud).
dessin P. Nogues
4Nous avons ainsi pu observer :
‒ la couverture limoneuse du versant sud, en rive gauche du ruisseau de Louvaquint ;
‒ l’amorce d’un empierrement (gué) (fig. 75) ;
‒ le cours ancien du Louvaquint ;
‒ un aménagement en bois ;
‒ la couverture tourbeuse du vallon, sur au moins deux niveaux ;
‒ la confluence des deux ruisseaux ;
‒ le cours ancien du ruisseau du Teilleul ;
‒ la couverture limoneuse du versant nord en rive droite du Teilleul.

FIG. 75 ‒ Louvaquint‑Le Teilleul. Vue d’ensemble du gué depuis le sud.
cl. H. Paitier
5Après une première étude approfondie de ce transect, de nouveaux sondages ont été mis en place. Ils ont été réalisés pour répondre aux questions spatiales et stratigraphiques et disposés, multipliés ou élargis en fonction des réponses ou questions formulées au cours de leur étude.
3.2 Le vallon
6Les coupes réalisées dans ce secteur ont fait apparaître une succession de séquences stratigraphiques composées de sédiments hydromorphes. Alors que l’essentiel du vallon présentait une couverture tourbeuse sur au moins deux niveaux, ceux‑ci étaient la plupart du temps associés à des couches de gley, de sable et de graviers (fond alluvial), typiques des contextes hydrologiques et témoins des nombreuses fluctuations hydrodynamiques des ruisseaux.
Approche des formations superficielles
7L’étude du vallon nous a amenés à faire le point sur les sédiments hydromorphes. Afin de mieux comprendre le contexte dans lequel se déroule notre étude, nous ferons référence aux définitions très clairement énoncées dans l’ouvrage de MM. Campy et Macaire (1989).
Tourbe et tourbification
8L’appellation tourbe s’applique généralement à toute formation riche en matière organique d’origine végétale et de couleur foncée (brune, grise ou noire), alors qu’il existe une grande variété de tourbes liée au mode de formation, à l’âge, aux types de végétaux d’origine, et à leur état de décomposition (Campy, Macaire 1989 : 248).
9« La seule limite à cette appellation courante concerne l’épaisseur de la formation et son pourcentage en matière organique. En dessous de 20 % de matière organique, on parle de formation para‑tourbeuse et lorsque l’épaisseur est inférieure à 40 cm, on parle de sol ou limon tourbeux » (Campy, Macaire 1989 : 250). Dans le vallon qui nous concerne ici, l’épaisseur des niveaux de tourbe excède très rarement ces 40 cm. « La formation de tourbe nécessite deux bilans excédentaires : celui de la matière organique dont la production doit l’emporter sur la décomposition et celui de l’eau, le sol, malgré l’évapotranspiration, devant rester engorgé. L’eau est en fait le facteur essentiel ; elle permet la vie des plantes trufigènes. Sa stagnation rend le milieu asphyxiant, d’où un effet sélectif sur les micro‑organismes et le ralentissement marqué des processus biochimiques de décomposition. Enfin, elle atténue les variations thermiques et abaisse sans doute fortement les moyennes des saisons chaudes. Quand les précipitations l’emportent sur l’évapotranspiration, les tourbières apparaissent dès que la température permet l’établissement d’une végétation dense : ce sont les tourbières ombrogènes, généralement très acides. Un faible déficit de pluviosité est localement compensé s’il existe des vallées marécageuses rassemblant les eaux : il se forme alors des tourbières topogènes. » (Campy, Macaire 1989 : 250‑251.)
10La tourbière nous concernant est topogène, baignant dans une nappe d’eau alimentée par des apports superficiels (tourbe de bas marais).
Ferrugination et hydromorphie
11fig. 76
12Les formations superficielles identifiées sur le site et plus particulièrement dans le vallon témoignent clairement d’hydromorphie1. « Les eaux de ruissellement et de drainage des nappes souterraines convergent vers les dépressions topographiques (cuvettes, vallons, vallée) où elles déterminent des nappes d’eau superficielles. Les sols sont ainsi amenés à évoluer dans un milieu totalement ou partiellement gorgé d’eau, ce qui modifie fortement la pédogenèse. C’est le domaine des sols hydromorphes marqués par un ralentissement de la dégradation de la matière organique, une mauvaise humification (formation de la tourbe), un appauvrissement en oxygène conduisant à des phénomènes d’oxydo‑réduction affectant surtout le fer. L’évolution de ces sols dépend étroitement de la dynamique de la nappe d’eau ; lorsque celle‑ci baisse périodiquement, l’alternance de phases oxydantes et réductrices engendre des pseudogleys à taches ocre et grises et concrétions ferromanganiques. Si la nappe est permanente, le milieu, fortement réducteur, donne naissance à un gley uniformément gris verdâtre. » (Campy, Macaire 1989 : 81.)

FIG. 76 ‒ Louvaquint‑Le Teilleul. Détail des gleys (tranchée 1).
cl. H. Paitier
3.3 La stratigraphie
3.3.1 Description des sondages
13fig. 72, 73
3.3.1.1 Sondage 12
14fig. 77
15Ce sondage a été réalisé en bordure de la rive droite du ruisseau du Teilleul. Sous une épaisseur importante de terre arable (0,60 m) (US 1), nous trouvons un premier niveau de tourbe, herbacée brune, compacte avec beaucoup de racines (US 11). Cette couche recouvre un second niveau de tourbe, très ligneuse (US 27), sur une quarantaine de centimètres. Cette tourbe ligneuse, de couleur brune à noire et très compacte, laisse apparaître des fins litages de sable de rivière dans les niveaux inférieurs. Un dernier lit de sable de rivière (US 44), sur une dizaine de centimètres d’épaisseur, recouvre ensuite 30 cm de gley gris‑brun très compact et argileux avec quelques inclusions ligneuses (US 7). C’est sous cette couche que l’on trouve un lit de graviers de fond de vallée (US 8) sous lequel apparaît rapidement le substrat d’arène granitique.

FIG. 77 ‒ Louvaquint‑Le Teilleul. Sondage 12 : coupe est.
dessins P. Nogues
3.3.1.2 Tranchée 1
16fig. 78
17Dégagé sur plus de 150 m, ce transect S‑N révèle la succession sédimentaire existant à tous les niveaux traversés dans ce vallon.
Coupe du Teilleul et de ses deux rives
18fig. 78 a‑d
19Dans la partie centrale du sondage, là où passe le cours d’eau, sous l’humus, une couche de limon brun clair (US 2) recouvre un pseudogley limoneux brun plus sombre (US 3). Sous ces strates apparaît la tourbe herbacée (US 11), reposant sur deux niveaux de tourbe ligneuse (US 9, 10). Ponctuellement, on retrouve une épaisseur de gley argilo‑sableux entre les tourbes herbacées et ligneuses. Le fond est tapissé d’un sable de rivière grossier et de galets subanguleux mélangés à une matrice limoneuse et de l’arène granitique. Latéralement, en remontant vers les rives gauche et droite, on voit disparaître progressivement les tourbes ligneuse puis herbacée, remplacées par des niveaux de gley brun à gris, plus sableux et gravillonneux sur le fond, et du pseudogley (limon « gléifié ») ou du limon tourbeux dans les niveaux supérieurs.

FIG. 78 ‒ Louvaquint‑Le Teilleul. Tranchée 1 : rives gauche et droite du Teilleul, coupe est du vallon.
dessins P. Nogues
Centre du vallon, entre les deux lits
20fig. 78 d, e
21Le centre du vallon présente une séquence stratigraphique très simple étudiée sur une faible épaisseur (environ 40 à 50 cm). Sous l’humus (US 1), un limon sableux jaune (pseudogley) (US 167) apparaît ponctuellement sur une faible épaisseur (il est peu perceptible dans la coupe présente ici, car il se fond dans l’humus). Il s’agit d’une colluvion mixte alluviale, se caractérisant par une matrice limoneuse organique, devenant plus ou moins argileuse. Sous ce niveau, nous retrouvons un pseudogley gris à jaune sableux (US 221 = 62), mélangé à des cailloux et les premiers blocs de granite.
Tronçon sud, centre du sondage, là où coule le Louvaquint
22fig. 78 e, f
23Sous l’humus (US 1) et une faible épaisseur de limon tourbeux brun à gris (US 2, US 11), nous trouvons une tourbe bien fibreuse mais contenant également des matériaux minéraux (argile) (US 12). Cette tourbe herbacée, plus noire en haut car plus oxydée et pauvre en eau (tourbe humiliée, évolution de la matière organique) recouvre une tourbe plus blonde présentant un important niveau de bois et de racines à la base, et du sable (tourbe ligneuse) (US 42, 28, 45). La dernière tourbe ligneuse et la première herbacée sont séparées par un fin litage d’argile un peu sableuse à la base. Les niveaux de tourbe ligneuse sont ponctuellement séparés par des lits de pseudogley argilo‑sableux (US 5).
24Le sable apparaissant sous cette dernière couche est lavé et grossier. Des poches d’arène ou litages sont localement et régulièrement interstratifiées dans la tourbe, surtout dans les niveaux inférieurs. Ce même phénomène est observé pour des poches de gley ou de pseudogley.
25Le fond du sondage est composé d’un sable grossier et de galets subanguleux (fond alluvial). Une matrice limoneuse très micacée est également présente. Sous ce niveau apparaît directement l’arène granitique.
26Au sud de ce tronçon, un empierrement régulier et de taille importante apparaît entre la tourbe ligneuse et la tourbe herbacée. Il est recouvert ponctuellement d’un niveau de sable gris de quelques centimètres d’épaisseur.
27En progressant vers le nord, la tourbe ligneuse disparaît progressivement, remplacée par des niveaux d’argile ou de gley brun à gris‑bleu (US 62, 65). La tourbe herbacée disparaît également pour être remplacée par un limon tourbeux brun.
28Les coupes des sondages 3 (fig. 79, 80) et 4A (fig. 81) complètent bien ces premières observations.

FIG. 79 ‒ Louvaquint‑Le Teilleul. Vue d’ensemble de la coupe ouest du sondage 3.
cl. H. Paitier

FIG. 80 ‒ Louvaquint‑Le Teilleul. Sondage 3 : coupe ouest.
dessins P. Nogues

FIG. 81 ‒ Louvaquint‑Le Teilleul. Sondage 4A : coupe ouest.
dessins P. Nogues
Rive gauche du Louvaquint, bordure de rivière
29La stratigraphie de ce secteur est typique de celle des colluvionnements. Sous l’humus, apparaît rapidement une tourbe humique plus granuleuse et limoneuse. Cette couche recouvre un niveau de gley gris oxydé (limon « gléifié » transformé au sein du sol, colluvion). Une arène gléifiée non alluvionnaire tapisse ensuite une arène jaune sableuse, mélangée à des cailloux et aux premiers blocs de granite.
Rive gauche du Louvaquint, sur la berge
30Directement sous l’humus, une importante épaisseur (jusqu’à 2 m) de limon gléifié recouvre une arène granitique jaune, sableuse, mélangée à des cailloux et laissant apparaître rapidement les premiers blocs de granite. Ce pseudogley est une colluvion mixte alluviale, à matrice limoneuse organique, devenant plus ou moins argileuse, limoneuse, ou organique (racines) en profondeur.
3.3.2 Conclusions
31À travers les coupes réalisées dans ce vallon et plus particulièrement à l’endroit des lits des deux ruisseaux, nous observons la présence de deux niveaux de tourbe herbacée recouvrant un à deux niveaux de tourbe ligneuse à très ligneuse. Cette dernière strate repose sur un sable alluvionnaire et de grosses alluvions. Cette formation tourbeuse semble s’être poursuivie plus longtemps à Louvaquint, probablement en raison de divers aménagements.
32Des petits niveaux d’argile sont relevés ponctuellement dans les niveaux de tourbe et plus particulièrement dans les niveaux inférieurs, ainsi qu’entre les tourbes ligneuse et herbacée, annonçant de nombreux envasements. De la même manière, l’alternance de lits de sable fin et grossier (fig. 81) témoigne des fréquentes variations de régimes hydrodynamiques.
33En dehors du lit des ruisseaux, on trouve encore sur quelques mètres la nappe de charriage d’un lit beaucoup plus ancien, sur lequel repose un niveau de sable recouvert d’un lit d’argile de décantation. Un niveau de tourbe ligneuse recouvre l’ensemble et est suivi d’un gley ou limon gléifié, puis d’une tourbe humique, herbacée (ex. sond. 4A coupe E).
34Les sondages réalisés dans la tranchée principale et à l’est de celle‑ci nous ont permis de délimiter assez précisément le cours principal des ruisseaux dont le lit semble assez large, ainsi que l’étendue des zones régulièrement inondées. La tourbe ligneuse a été précisément localisée (fig. 72, 73). Elle apparaît dans les sondages 8, 7, 6, en relation avec le Louvaquint et dans les tranchées 3 et 5 en relation avec le Teilleul. Les mêmes observations ont été faites pour la tourbe herbacée.
3.4 Le gué
35L’empierrement (st. 3000) mis au jour dans ce fond de vallon a une longueur totale de 30 m (fig. 83). Sa largeur est de 3 à 5 m selon les endroits éboulés et son épaisseur est de 0,20 à 0,50 m. Au centre de cet empierrement, des petits blocs de granité de 0,10 à 0,20 m de côté sont liés à du limon sableux brun ou à du gley et sont disposés ponctuellement sur un niveau de gley reposant sur la tourbe ligneuse. Régulièrement les moellons s’enfoncent dans la tourbe, et l’on distingue un aménagement sur deux assises. Des moellons de plus grande dimension (0,30 à 0,40 m) bordent cet aménagement sur toute sa longueur et sur une largeur d’1 à 2 m en moyenne. Les moellons plus larges maintiennent latéralement la base du gué. Ils sont bien équarris mais émoussés, liés avec du gley. On les retrouve ponctuellement effondrés dans la tourbe (fig. 82‑85). La face supérieure des blocs, émoussée, reflète une exposition à des courants réguliers et sensibles. La base du gué, au contact de la tourbe, rehausse sensiblement cet aménagement sur environ 0,50 m (fig. 82). Sous la partie centrale de la structure, suivant l’axe de celle‑ci, on observe la présence d’un creusement (fossé), comblé de blocs (assise ? renfort ?) (fig. 82). Cinq aménagements sont à détailler et à mettre en relation avec cette construction.

FIG. 82 ‒ Louvaquint‑Le Teilleul. Sondage 4A : coupe ouest du gué.
dessins P. Nogues

FIG. 83 ‒ Louvaquint‑Le Teilleul. Plan de détail du gué.
dessins P. Nogues

FIG. 84 ‒ Louvaquint‑Le Teilleul. Détail du gué dans le sondage 4.
cl. I. Catteddu
FIG. 85 ‒ Louvaquint‑Le Teilleul. Vue d’ensemble de la coupe du gué en sondage 4A.
cl. V. Pommier
St. 3001
36Une fondation en granite, d’1 m de large, a été suivie sur un peu plus de 2 m et conservée sur une assise de gros moellons alternant avec des moellons de taille moyenne. Cette assise s’étend perpendiculairement au gué, vers le nord. Près de la berge de Louvaquint, elle amorce un angle légèrement arrondi, sur environ 1,5 m. Cette assise délimitait un espace de 6 m2 de gley gris clair à brun, très compact, sur une épaisseur d’1 m environ (fig. 83, 86).

FIG. 86 ‒ Louvaquint‑Le Teilleul. Vue d’ensemble du gué dans les sondages 1 et 4, depuis le sud.
cl. H. Paitier
St. 3002
37Dans le prolongement sud du fait 3000, perpendiculairement au gué côté sud, un aménagement de mêmes dimensions est interrompu brusquement par un effondrement. Entre les bases 3001 et 3002, une pièce de bois de 2 m de long environ (bois no 408) est insérée dans le gué et suit ce même axe (fig. 84).
St. 3003
38En bordure de la rive gauche du Teilleul, l’interruption du gué est marquée par une irrégularité dans la disposition des pierres. À cet endroit, et perpendiculairement au gué, deux alignements de gros moellons émoussés distants de 2 à 3 m s’étendent selon un pendage N‑S. À la base, au pied de ces deux alignements, un amas de petits moellons et de nodules très émoussés (largeur 0,80 m), marque une forte dépression du terrain (fig. 83).
St. 3004
39À environ 6 ou 7 m de la base 3003, un peu plus au sud, un autre alignement très régulier de gros moellons aux arêtes plus vives, d’une largeur de 0,80 m, conservé sur environ 5 m est orienté N‑E/S‑O. Son départ se situe au niveau d’un petit alignement de piquets de bois bordant le gué au sud.
3.5 Les bois
40fig. 83, 87, 88
41Soixante‑treize piquets et de nombreux branchages ont été dégagés à environ 4 m au sud du gué (sond. IA, 4A, 5C). Leur diamètre moyen est de 0,04 à 0,09 m et leur longueur moyenne conservée varie de 0,10 à 0,58 m. Ils sont tous épointés sur deux ou trois faces et sont disposés et regroupés selon 4 ou 5 alignements parallèles mais décalés. Ces ensembles sont tous orientés O‑E.
42Le premier ensemble (st. 3005) part de l’extrémité nord‑est de la base 3004 et a été suivi vers l’est, sur environ 7 m. Les piquets ne sont pas alignés de façon très rigoureuse. Une petite tranchée comblée par un limon tourbeux sableux nous a permis de repérer l’axe de ce premier alignement. Les bois ne sont pas équidistants, et sont quelquefois regroupés par 3 ou 4 (fig. 87). Des branchages parfois longs de 2 m s’intercalent entre les piquets, à la manière d’un clayonnage. Ces bois épointés sont plantés dans la tourbe ligneuse, et enfoncés jusque dans le gravier alluvial et le sable, à l’exception de la partie centrale du premier alignement où six piquets sont enfoncés dans une poche de gley gris clair. La plupart d’entre eux sont calés par des moellons de petite et moyenne dimension. Leur diamètre est de 0,04 à 0,09 m pour une longueur comprise entre 0,10 à 0,58 m (la moyenne étant de 0,25 à 0,35 m).

FIG. 87 ‒ Louvaquint‑Le Teilleul. Détail des piquets et branchages (st. 3005, sondage 5).
cl. I. Catteddu

FIG. 88 ‒ Louvaquint‑Le Teilleul. Détail des premiers dégagements du bois 408, piégé dans le gué en sondage 4.
cl. I. Catteddu
43À environ 1,5 m de la partie est de ce premier ensemble et parallèlement au gué, une quinzaine de piquets identiques (st. 3006) ont été suivis sur 2 m. À cet endroit aucun branchage n’a été dégagé. Ils sont limités à l’ouest par un amas de gley et intercalés avec du sable et des moellons. Leurs dimensions moyennes sont identiques à celles de la structure 3005.
44Les bois des alignements 3005 et 3006 sont des saules. Il s’agit de troncs de section complète, dont certains sont équarris sur une demi‑circonférence2.
45Plus à l’est, à environ 5 m de ce deuxième alignement, très légèrement désaxés, trois piquets (st. 3007) sont équidistants de 0,50 m. Leur diamètre est compris entre 0,55 et 0,65 m et leur longueur varie de 0,165 à 0,23 m.
46Un mètre plus loin, légèrement au nord, 22 piquets (st. 3008) sont alignés et rassemblés par des branchages clayonnés. Ils sont plantés dans la tourbe ligneuse, jusqu’au fond alluvial gravillonneux et sableux, et bordés au sud et au nord par des blocs puis du gley clair (rapporté ?). Leur diamètre est compris entre 0,03 et 0,09 m pour une longueur comprise entre 0,25 et 0,56 m.
47Les derniers piquets (st. 3009), au nombre de six s’organisaient à 2 m plus au nord. Ce dernier alignement est le plus proche du gué. Leur diamètre est de 0,55 m, pour une longueur comprise entre 0,15 et 0,23 m.
48Les piquets composant les ensembles 3007 et 3008 sont taillés dans du chêne (à feuilles caduques) ou de l’aulne. Il s’agit dans plusieurs cas de jeunes troncs ou branches complètes, d’une dizaine d’années d’âge3.
3.6 Le mobilier
49Peu abondant, il est présent uniquement sur le gué et ses abords immédiats, essentiellement dans les sondages 1 et 5. Il s’agit d’une vingtaine de fragments de céramique du haut Moyen Âge, de couleur grise de pâte B (cf. infra chap. 7). La plupart sont décorés à la molette. Ces tessons ont été retrouvés piégés dans et sur le gué. Ils appartiennent à des formes fermées, dont les profils n’ont pas pu être restitués.
50Le mobilier ligneux est représenté par une extrémité de maillet (fig. 89), dont la partie haute du manche est encore présente. Cette pièce est en chêne, taillée dans un gros tronc à croissance rapide ; l’objet a été obtenu par sciage. Le reste de l’emmanchement est également en chêne ; il a été taillé dans une grosse pièce de bois refendue à croissance faible4.

FIG. 89 ‒ Louvaquint‑Le Teilleul. Détail du fragment de maillet en bois découvert en bordure du gué.
cl. I. Catteddu
3.7 Chronologie
51La céramique exclusivement datée du haut Moyen Âge est le seul élément « mobilier » datable, en relation avec le gué. Afin d’apporter plus de précisions quant à la chronologie de ce secteur, plusieurs échantillons de tourbe et d’éléments ligneux ont fait l’objet de datation par radio‑carbonne. Le premier échantillon prélevé à la base de la tourbe ligneuse dans la tranchée 1, au point de rencontre avec le sondage 1, c’est‑à‑dire directement au nord du gué, a fourni une datation du Mésolithique final, centrée sur 5280 BC (5440‑ 5210 cal BC)5.
52Un échantillon de tourbe prélevé à la limite entre la tourbe ligneuse et herbacée a donné une datation 14C entre 85 et 250 ap. J.‑C.6.
53D’autres prélèvements sont en cours de datation, ils devraient nous donner une séquence très précise des formations tourbeuses en association avec des informations paléoenvironnementales puisqu’ils sont directement prélevés sur une colonne palynologique du versant nord du Louvaquint en tranchée 1 sondage 1.
54Le bois 406 (fig. 83), piégé sous le gué, au contact de la partie supérieure de la tourbe ligneuse et sous une épaisse couche de gley maintenant latéralement le gué, a fourni une datation de l’époque gallo‑romaine entre 2 av. J.‑C. et 193 ap. J.‑C.7.
55La pièce de bois 408, piégée dans le gué en sondage 2, dans l’axe des st. 3001 et 3002 a donné une datation 14C mérovingienne : 555‑660 ap. J.‑C. avec un pic à 633.
56Les piquets appartenant à des aménagements latéraux ont également fait l’objet de datations 14C. Il ne nous était en effet pas possible de les relier stratigraphiquement avec le gué. L’un des piquets en sondage 5C (bois 65) plus éloigné était planté dans une couche de gley reposant sur la tourbe ligneuse. Cet élément a été daté du xve s. (1411‑1517, pic à 1439). Ce résultat plus tardif nous a incités à tenter deux datations supplémentaires. Un premier piquet (bois 197, sond. 4B) a livré un résultat proche du précédent, à savoir 1412 ap. J.‑C.8. Quant au bois 56B dégagé dans le sondage 5C prélevé non loin du bois 65, il a donné un résultat autour de 1261 ap. J.‑C.9.
57Ces éléments supposeraient donc au moins un constant entretien de ce secteur de passage.
58Le bois mérovingien piégé dans le gué est en accord avec le mobilier céramique du haut Moyen Âge trouvé sur le gué. Sa légère antériorité annonce peut‑être une construction plus précoce du gué. Cette hypothèse se renforce par la présence d’un mobilier de tradition mérovingienne découvert sur le site de Louvaquint.
59Le bois 406 découvert sous le gué (à l’exception de quelques tessons gallo‑romains roulés découverts épars sur les sites) est le seul témoin gallo‑romain de notre secteur. Nous ignorons s’il s’agit d’un bois réutilisé ou s’il témoigne d’une plus grande précocité de cette construction.
3.8 Le chemin
60Un chemin empierré a été repéré dans la coupe du sondage 9 (fig. 74). Orienté N/N‑E, il débute au niveau du gué, sur la rive droite du Teilleul. Sa largeur est de 5 à 6 m. Il est composé de deux niveaux de blocs de granité au module assez restreint. Il s’agit de petits blocs grossiers d’environ 0,10 à 0,20 m de côté, mélangés à de l’arène granitique et du sable graveleux compact. Le matériau du niveau supérieur est très altéré. L’ensemble est grossièrement tassé sur une quarantaine de centimètres.
3.9 Essai d’interprétation
61Les ruisseaux du Teilleul et du Louvaquint s’écoulent sur un tapis d’alluvions sablo‑graveleuses, plus ou moins développé, mis en place au cours de périodes anciennes. Ce tapis d’alluvions est recouvert d’une épaisse couche de tourbe ligneuse, caractéristique d’une dense végétation arborée. Les deux ruisseaux dessinent des méandres sur tout leur cours.
62Si le Teilleul semble avoir un cours un peu plus rectiligne, le Louvaquint, en venant du sud‑est trace une dernière boucle vers le nord‑ouest, puis vers le sud‑ouest pour franchir le gué. C’est à cet endroit que se situe sa confluence avec le Teilleul. Le suivi de cette dernière boucle se marque très précisément dans la stratigraphie et à travers les dépôts de sable, sur le gué et en bordure de celui‑ci.
63Les bases 3003 et 3004 endiguent latéralement les deux ruisseaux et les canalisent. Le rétrécissement du cours associé à une forte pente et le rehaussement du gué vont de pair avec une accélération du débit, renvoyant les deux ruisseaux dans un couloir plus étroit filant vers l’ouest.
64La qualité de la réalisation de ces aménagements impose de considérer en plus du rôle économique (pêche), une fonction de gestion environnementale de ce secteur et un certain contrôle de la dynamique de l’eau. L’exhaussement du gué facilite le passage, mais l’importance de l’aménagement crée un obstacle accélérant et faisant divaguer le cours d’eau latéralement. Cette rupture d’équilibre est rattrapée par la pente. Quant aux alignements de piquets, ils semblent manifester une volonté d’endiguement latéral en limitant l’érosion des berges et en offrant plus probablement l’opportunité d’y raccorder des éléments utiles à la pêche ou à la tannerie par exemple. Les structures 3001 et 3002, perpendiculaires au gué sont directement à mettre en relation avec l’ensemble de cet aménagement et le contexte hydrodynamique.
65L’étude stratigraphique (zones de dépôt, indices de fort courant, litages...), associée à la granulométrie et la sédimentologie (Marguerie, Renaudin 1997), nous permet de mieux cerner le fonctionnement de ce petit hydrosystème : les zones régulièrement inondées, mais aussi le cours principal des ruisseaux. Les petits niveaux d’argile sont fréquents, relevés ponctuellement entre les niveaux de tourbe et dans les niveaux inférieurs, ils annoncent de nombreux envasements, alternant par ailleurs avec des lits de sables fins ou grossiers, indices de plus forts courants. Cet ensemble témoigne des variations du régime hydrodynamique.
66L’étude sédimentologique et granulométrique, faite à partir d’échantillons de sable prélevés sur le gué, atteste l’existence d’un courant fort sur cet aménagement.
67Cette structure empierrée permettait de faire la liaison entre les sites de Louvaquint et du Teilleul, dans le fond du vallon. Le chemin situé à l’extrémité du gué devait alors permettre l’accès au plateau du Teilleul.
3.10 Étude pollinique des dépôts tourbeux et environnement
68d.m.
3.10.1 Introduction
69Les sites de Louvaquint et du Teilleul sont séparés par une zone humide correspondant à un bas marais de fond de vallée fluviale, large d’environ 50 m et long de 200 m. Des dépôts argileux, tourbeux et sablo‑graveleux y sont accumulés sur une épaisseur maximale totale d’environ 130 cm.
3.10.2 Inventaire et origine des prélèvements
70L’étude pollinique de la zone humide a été effectuée selon quatre colonnes de prélèvements réparties le long de la tranchée transversale 1, joignant les deux zones principales de fouilles et dans les sondages archéologiques 4A et 5E.
71La colonne 1 provient de la tranchée 1, dans un chenal en rive gauche du vallon, immédiatement au nord du gué. Elle occupe une hauteur totale de 128 cm. La colonne 2 fut également pratiquée sur la coupe est de la tranchée 1, dans le chenal de la rive droite du vallon, à environ 50 m en contrebas de la fouille du Teilleul. Sa hauteur est de 113 cm. La colonne 3 a été réalisée sur la coupe est du sondage 4A, dans la partie amont du gué. Elle traverse, sur une hauteur de 10 cm, la tourbe ligneuse sur laquelle repose immédiatement le gué. Enfin, sur la coupe est du sondage 5E, dans la partie aval du gué, la colonne 4 concerne également la tourbe ligneuse sur une hauteur de 7,5 cm. À cet endroit la tourbe est recouverte d’un gley, lui‑même immédiatement surmonté du gué.
72À l’intérieur de la nappe de charriage tapissant le fond du lit majeur de l’ancien cours d’eau du chenal rive gauche, un fragment de bois a été daté de 6360 ± 60 BP (A‑9135), soit [5440 (5420) (5365) (5280) 5210] cal BC5.
3.10.3 Les données polliniques
73Pour l’ensemble des sondages, les échantillons renferment des spectres polliniques variés. La diversité taxonomique sur la totalité des spectres est élevée (tabl. viii, ix et fig. 90, 91). Elle est cependant très variable d’un niveau à l’autre. La conservation du matériel sporo‑pollinique est généralement bonne. Elle peut toutefois être qualifiée de moyenne à la base de la colonne Cl.

TABL. VIII ‒ Résultats de l’étude pollinique sur la colonne C3, sondage 4A aux niveaux – 9 et ‑4 cm.

TABL. IX ‒ Résultats de l’étude pollinique sur la colonne C4, sondage 5E au niveau ‑4

FIG. 90 ‒ Diagramme pollinique de la colonne Cl.
dessins D. Marguerie

FIG. 91 ‒ Diagramme pollinique de la colonne C2.
dessins D. Marguerie
3.10.3.1 La colonne C1
74La stratigraphie des dépôts observée à la hauteur de cette colonne s’organise comme suit, de bas en haut :
‒ 6 cm de sable graveleux gris ;
‒ 39 cm de tourbe ligneuse blonde (126 à 87 cm) ;
‒ 18 cm de tourbe herbacée plus brune (87 à 69 cm) ;
‒ 3 cm d’une passée argileuse beige foncée (69 à 66 cm) ;
‒ 18 cm de tourbe herbacée brun clair (66 à 48 cm) ;
‒ 16,5 cm de tourbe herbacée brune humiliée (48 à 31,5 cm) ;
‒ 29 cm de sol minéral actuel limoneux beige.
75Douze échantillons ont été étudiés avec un pas moyen de 9 cm, mais pouvant varier de 2 à 22 cm. Les résultats de l’étude sont exprimés en pourcentages relatifs. Les spores des fougères et de la sphaigne sont exclues de la somme de base servant au calcul des pourcentages relatifs (fig. 90).
76Deux échantillons de tourbe prélevés dans cette colonne ont livré les datations radiocarbone suivantes10 :
‒ à ‑124 cm, 2820 ± 100 BP (Beta‑112412), soit [1265 (940) 800] cal BC ;
‒ à ‑76 cm, 1730 ± 90 BP (Beta‑119085), soit [100 (340) 540] cal AD.
77Tout au long de cette séquence, la végétation enregistrée marque une évolution continue allant dans le sens d’une nette déforestation du milieu local. À la base, dans la tourbe ligneuse, les pollens d’arbres représentent 94 % du cortège. Ce taux est tombé à environ 25 % au sommet de la coupe. L’aulne, essence hygrophile poussant au bord du cours d’eau (Rameau et al. 1989), est systématiquement largement surreprésenté. Il est suivi par le chêne et le noisetier. Les premiers grains de pollen de Graminée de type céréale et les taxons rudéraux existent dès ‑106 cm de profondeur puis dans tous les échantillons suivants (Behre 1986a).
78Quatre zones polliniques locales principales ont été reconnues dans le diagramme. De plus, la zone basale C1‑1 peut être subdivisée en deux sous‑zones (fig. 90).
Zone pollinique C1‑1
79Cette moitié inférieure du diagramme (entre ‑126 et ‑79 cm) est placée sous la nette dominance de l’aulne (Alnus). Ce taxon atteint un maximum de représentation dans les niveaux ‑116 et ‑106 cm avec des taux relatifs respectivement de 64 et 61 %. Les autres essences associées sont le noisetier (Corylus), le chêne (Quercus), le bouleau (Betula) et le hêtre (Fagus). Il apparaît clairement que le vallon durant cette période est peuplé de taillis humides de type aulnaie abritant tout un cortège de petits ligneux hygrophiles comme le saule (Salix) et le Myrica. Une corylaie‑boulaie pousse sur les versants proches. La chênaie est présente à une plus grande distance, probablement sur les hauteurs environnantes.
80Tout au long de cette zone, on assiste à une diminution régulière du taux des pollens arboréens, à commencer par l’aulne. Le noisetier, le bouleau et le chêne entrent dans cette même dynamique. Seul le hêtre présente un comportement contradictoire puisqu’il s’installe nettement entre ‑96 et ‑79 cm, relayant ainsi le déclin du chêne.
81Corrélativement à l’ouverture du milieu induite par le recul de la plupart des ligneux, la strate herbacée prend de l’importance et parmi elle des taxons nettement rudéraux comme le plantain (Plantago), dont le plantain lancéolé (P. lanceolata) et l’oseille (Rumex) sont bien représentés.
Sous zone C1‑1a
82La strate herbacée est peu riche et peu variée. Cependant, c’est dans le niveau ‑106 cm que le caractère rudéral de la végétation herbacée s’affirme. C’est aussi à partir de cette profondeur que les premiers indicateurs de céréaliculture (Cerealia‑type) font leur apparition. Les deux spectres de la base du diagramme sont porteurs de plantes d’eau (Typha, Sparganium et Potamogetori). La présence de tels taxons est révélatrice de l’existence à ces niveaux d’une nappe d’eau libre au fond du vallon.
Sous zone C1‑1b
83À partir du niveau ‑96 cm, l’importance locale de l’aulne est moindre. Les taux de pollens sont encore importants, mais sont passés de plus de 60 % à environ 35 %. La hêtraie est bien enregistrée tout au long de cette sous‑zone et ne prendra à nouveau de l’importance dans le paysage qu’au sommet du diagramme. Le milieu local, plus ouvert, voit l’arrivée dans la strate herbacée d’un cortège varié de plantes rudérales au premier rang desquelles figure l’oseille (Rumex). Les céréales, quoique en faible quantité, sont présentes à tous les niveaux.
Zone pollinique C1‑2
84Un net déclin de l’aulnaie est ici très significatif. Des ligneux hygrophiles, comme le saule et Myrica, marquent également le pas. Légèrement plus bas dans la stratigraphie, la sédimentation avait également marqué une rupture : la tourbe ligneuse blonde avait cédé sa place à une tourbe herbacée plus brune. Plus régionalement, la chênaie et la hêtraie sont également nettement en recul. Les herbacées, au premier rang desquelles les Graminées et les Composées, connaissent corrélativement un fort développement. La strate herbacée est nettement dominante. Elle renferme une grande quantité et une grande variété de plantes à caractère rudéral : les Composées (Cichoriées, Astéracées et Centaurées), l’oseille, certaines Caryophyllacées et les plantains. Les pollens de céréale apparaissent en assez forte quantité. L’ouverture des taillis induit une augmentation des Cypéracées, herbacées hydrophiles et héliophiles. C’est un phénomène déjà amorcé dans C1‑1b.
85Des pollens de plantes d’eau (Typha, Sparganium) présents dans les deux spectres de cette zone soulignent l’existence dans le fond du vallon d’une nappe d’eau libre comme dans les zones sous‑jacentes. Un changement d’hydrologie allant dans le sens d’un atterrissement du marais sera en revanche à signaler au‑delà de cette zone.
Zone pollinique C1‑3
86Cette zone débute avec un retour en force de l’aulnaie. La fermeture du paysage local sous l’effet de l’augmentation des aulnes induit une pauvreté de la strate herbacée. Les taxons associés aux activités anthropiques (rudérales et céréales) sont en recul significatif.
Zone pollinique C1‑4
87Cette zone sommitale n’est malheureusement représentée que par un seul échantillon. Celui‑ci reflète une évolution originale de la végétation. Parmi les arbres, si l’aulne est en nette régression, les taxons de la flore régionale connaissent une dynamique inverse. Le chêne, le châtaignier (Castanea) et le hêtre sont en expansion. Tandis que sur le site, les indices d’agriculture sont à nouveau perceptibles : taux importants de céréales et rudérales, dont l’oseille.
3.10.3.1 La colonne C2
88La stratigraphie des dépôts observée à la hauteur de cette colonne s’organise comme suit de bas en haut :
‒ 6 cm de sable gris reposant sur une couche sablo‑graveleuse bien classée ;
‒ 41 cm de tourbe ligneuse brunâtre (111 à 70 cm) ;
‒ 10 cm de tourbe herbacée beige avec lits d’argile (70 à 60 cm) ;
‒ 23 cm de tourbe herbacée claire (60 à 37 cm) ;
‒ 7 cm de tourbe herbacée brune humifiée (37 à 30 cm) ;
‒ 24 cm de sol minéral actuel limoneux.
89Les douze échantillons étudiés couvrent l’ensemble de la hauteur du profil puisqu’ils s’étendent de ‑112 à ‑19 cm. Ils ont été réalisés en moyenne tous les 8,5 cm avec toutefois de grandes disparités : 3 cm de distance minimum et 20 cm de distance maximum (fig. 91).
90Le niveau ‑64 cm, correspondant à la base de la tourbe herbacée, a été daté par le radiocarbone de 1850 ± 80 BP (Beta‑ 112413), soit [5 (160) 390] cal AD. À ‑29 cm, dans la tourbe herbacée, une seconde datation radiocarbone fut obtenue11 : 1080 ± 70 BP (Beta‑119086), soit [800 (985) 1115] cal AD.
91À la première lecture du diagramme pollinique dans son ensemble, l’extrême dominance de la strate arborée est frappante. L’aulne est à nouveau le taxon ligneux surreprésenté avec des taux de pollens pouvant dépasser les 75 % ! La diversité taxonomique de l’ensemble des spectres s’en ressent. Elle est plus faible (73) que celle constatée dans la colonne Cl (79). Ceci est la conséquence d’un milieu globalement plus fermé, moins riche en héliophytes.
92Les premiers pollens de Graminée de type céréale sont rencontrés dès le niveau ‑109 cm. Il faut attendre le niveau ‑76 cm pour en compter à nouveau.
93La séquence peut être divisée en 4 principales zones polliniques locales (fig. 91).
Zone poillinique C2‑1
94Cette zone occupant la moitié inférieure du diagramme, développée au sein de la tourbe ligneuse brunâtre, est dominée par les aulnes. Les taillis humides qui croissent alors dans cette partie du vallon sont à base d’aulnes mais aussi de Myrica gale et de saules. Le noisetier et le bouleau forment de petits boisements dans les zones moins humides. Le signal de la chênaie est net et permet d’envisager une relative proximité de cette formation forestière. Le tilleul et, dans une moindre mesure, forme participent discrètement à cette chênaie mixte tout au moins à la base du diagramme.
95Chez les herbacées, les Graminées dominent. On peut imaginer que bon nombre d’entre elles correspondent à des plantes hygrophiles. Toutefois, aucune plante aquatique n’est signalée dans C2‑1, sauf Sparganium à ‑91 cm.
96Quoiqu’en très faibles taux, les taxons rudéraux forment des cortèges variés sur l’ensemble des spectres de cette zone pollinique. Ce phénomène est toutefois plus sensible dans la partie supérieure de C2‑1 (à partir du niveau ‑76 cm). L’oseille, le plantain et les Composées sont les taxons correspondants les plus fréquents. Quelques pollens de Graminées type céréale sont rencontrés dans le niveau ‑109 cm, puis dans les trois échantillons supérieurs de cette zone. Enfin, il semble que la culture du chanvre (Cannabis/Humulus) puisse être attestée au sommet de cette zone.
Zone pollinique C2‑2
97Le spectre qui constitue cette zone est issu de la tourbe herbacée. À cette hauteur (‑41 cm), le diagramme marque un recul très brutal et sensible des pollens d’aulnes. Le noisetier et, dans une moindre mesure, le chêne sont également moins bien représentés.
98Chez les herbacées, les Graminées subissent un grand essor et dominent largement la strate. Les espèces rudérales sont également en nette progression. Parmi elles, l’oseille et le plantain lancéolé dominent. La culture céréalière est attestée à travers deux céréales dont le seigle (Secale), dont il s’agit ici de l’unique mention dans la séquence.
Zone pollinique C2‑3
99Le taux des pollens d’aulne est à nouveau presque comparable avec celui de la zone C2‑1. Le retour des taillis humides (aulne et saule) dans le fond du vallon est ici bien clair. Il convient de noter la nette augmentation des pollens de saule. Toutefois, le taux global des pollens arboréens est inférieur à celui observé en C2‑1. Ceci est à créditer à la décroissance du noisetier, du chêne, mais aussi du hêtre dans l’échantillon ‑26 cm. Ce dernier taxon avait pris de l’importance dans le milieu régional à la transition entre les zones C2‑2 et C2‑3.
100Certains pollens issus de plantes à caractère rudéral marquent le pas. Si les Cichoriées sont en nette progression, l’oseille, les plantains et autres armoises se raréfient voire disparaissent. De plus, les Graminées type céréale disparaissent dans le niveau ‑26 cm. On assiste ici au phénomène équivalent déjà relevé dans la zone C1‑3 du diagramme C1
Zone pollinique C2‑4
101Au sommet du diagramme, dans l’échantillon prélevé à ‑19 cm, l’aulnaie est à nouveau en recul significatif pour atteindre des taux de représentation pollinique équivalents à ceux observés dans la zone C2‑2. Les bouleaux et noisetiers correspondent alors à quelques individus isolés dans le paysage. Mais l’originalité de la strate arborescente est à mettre à l’actif de la bonne représentation soudaine du châtaignier, ainsi qu’à l’augmentation du chêne.
102La strate herbacée de cette ultime zone pollinique s’enrichit à nouveau d’héliophytes appartenant à la famille des Graminées et à celle des Cypéracées. Dans cette colonne, contrairement à C1, il faut attendre le sommet du diagramme pour assister au développement de la caricaie.
103Les taxons herbacés rudéraux sont variés et les Composées Cichoriées poursuivent leur développement amorcé en C2 – 3. Ce spectre sommital renferme toute une variété de taxons cultivés : châtaignier, céréales, sarrasin et chanvre. Comme dans la colonne Cl, l’attestation de la culture locale du sarrasin est très tardive.
104Les deux séquences polliniques menées de part et d’autre de la tranchée 1 montrent quelques différences dans l’enregistrement de l’évolution du paysage local et régional. Celles‑ci peuvent être interprétées comme des variétés dans les aménagements ou les activités humaines à l’échelle du thalweg. Les différences qui ressortent à la lecture des deux diagrammes concernent la densité de l’aulnaie observée d’une rive à l’autre, ainsi que celle de la caricaie. La représentation des plantes à caractère rudéral et des céréales est également variable.
3.10.3.1 La colonne C3
105Sur la coupe est du sondage 4A, dans la partie amont du gué, la base de la formation sédimentaire sur laquelle repose le gué s’organise de bas en haut de la façon suivante :
‒ nappe basale de charriage ;
‒ 10 à 15 cm de sable grossier bien classé ;
‒ 2 à 10 cm d’argile ;
‒ 5 à 10 cm de tourbe ligneuse ;
‒ gué.
106Sur les 4 prélèvements effectués, 2 sont à ce jour étudiés (tabl. viii). Ils correspondent respectivement aux niveaux ‑9 et ‑4 cm et proviennent de la tourbe ligneuse. La strate arborescente est à nouveau très dominante et correspond, une nouvelle fois, à une aulnaie. Une corylaie‑boulaie est également enregistrée, tandis que la chênaie, mêlée de quelques tilleuls présente un signal plus tamponné que dans la colonne C1. Tout le cortège des plantes rudérales reconnues sur le site à travers C1 et C2 est ici présent. Quelques pollens type céréale ont été reconnus dans le niveau ‑4 cm. Enfin, quelques plantes aquatiques et hygrophiles (Sparganium, Ranunculus et Cypéracées) signalent l’existence de mares d’eau libre comme ce peut être le cas à la base de la colonne Cl.
3.10.3.4 La colonne C4
107Un seul échantillon sur les 3 prélevés est actuellement étudié. Il correspond au niveau ‑4 cm prélevé sous le gley du gué, dans la tourbe ligneuse basale (tabl. ix). Le spectre pollinique est à 84 % composé de pollens d’arbres dont 61 % sont des aulnes. Les noisetiers et chênes sont encore des taxons bien représentés. Parmi les herbacées, les rudérales sont à nouveau dominantes et les céréales sont attestées. Ce spectre suit donc, dans les grandes lignes, ceux observés au même niveau stratigraphique dans les autres colonnes.
3.10.4 Conclusions
108Les dernières phases de mise en place des dépôts sablo‑graveleux du fond du vallon, en rive gauche, remonte au Mésolithique final, si l’on en croit la datation du bois qui y fut mis au jour.
109La base de la formation tourbeuse, à forte quantité de macro‑restes ligneux, selon la datation obtenue à la hauteur de la colonne C1, remonte à l’âge du Bronze. Durant une longue période chronologique semblant donc couvrir tout le Néolithique, le lit majeur du cours d’eau n’a pas ou peu connu de sédimentation à cause d’un courant à fort débit. La tourbification débute, au moins localement, à l’âge du Bronze.
110Les différents diagrammes polliniques construits sur la zone humide montrent, qu’à compter de cette période et jusqu’à l’époque gallo‑romaine au moins, si l’on s’en réfère à la datation obtenue dans la colonne 2, l’environnement était déjà marqué par la présence de l’homme. L’existence dans les divers spectres de toute une variété de pollens rudéraux et de céréales en est la preuve. Le milieu forestier, même s’il compte encore bon nombre de chênes et quelques ormes et tilleuls, qui sont autant d’indices de l’existence passée d’une chênaie mixte dense, est localement défriché et accueille des espèces héliophiles comme le bouleau et le noisetier. Le fond du vallon est colonisé par une aulnaie épaisse dans laquelle croissent également des saules et des Myrica gale.
111Au moment de l’installation du gué ou légèrement plus tôt, probablement au début de l’occupation des lieux par les sociétés mérovingiennes, si l’on s’en réfère à la datation absolue obtenue à 76 cm de profondeur dans la colonne C1, la végétation locale subit un changement drastique. Les taillis humides du vallon régressent considérablement. Ils font l’objet d’un intense déboisement, sans doute afin de faciliter l’accès à un gué fondamental dans les contacts entre les deux lieux de vie qu’étaient les installations du Teilleul et de Louvaquint. Cette déforestation est mieux marquée en rive gauche qu’en rive droite du vallon. Il semble donc que ce soit l’accès au gué depuis le site du Louvaquint qui ait été privilégié. En rive gauche toujours, l’aulnaie cède sa place à la caricaie. Ceci n’est pas le cas en contrebas du Teilleul. L’installation des établissements du haut Moyen Âge est également traduite par des taux élevés de plantes rudérales. La céréaliculture est bien attestée. L’anthropisation du milieu et plus particulièrement l’agriculture sont toutefois moins marquées près du Teilleul.
112Ces variations dans l’enregistrement des indicateurs anthropiques sont certainement dépendantes de la plus ou moins grande proximité des zones d’habitats et agricoles. Cependant, nous ne pouvons négliger l’impact d’un défrichement de l’aulnaie plus marqué en contrebas du Louvaquint. En effet, là plus que vers le Teilleul, les phénomènes naturels d’alluvionnement et de colluvionnement ont pu être accentués. L’étude sédimentologique des couches sablo‑limoneuses déposées à la surface, en amont et en aval du gué, a d’ailleurs identifié des particules transportées en suspension et par roulement et mis en place au sein d’un milieu aquatique pouvant être qualifié de turbulent (Marguerie, Renaudin 1997). Ainsi, des pollens d’herbacées particulières (céréales et rudérales notamment) ont‑ils pu être également repris depuis les pentes du vallon rive gauche voisin, dans le cadre de cette dynamique sédimentaire. Cet épisode de courant d’eau dans le fond du vallon est mieux enregistré dans la zone C1‑2 de la colonne 1 que dans son homologue sur la colonne 2. La construction du gué semble avoir contribué à un changement dans le régime hydrique en constituant une sorte de barrage local.
113Une phase de déprise agricole succède à cet épisode d’intense anthropisation des lieux au cours du haut Moyen Âge. Sur la base de la datation radiocarbone obtenue à ‑29 cm en C2, elle peut être attribuée aux environs du xe s. Elle se traduit sur la végétation par un retour de l’aulnaie et une raréfaction des pollens en provenance de plantes rudérales et cultivées. À cette même période (après le milieu du xe s.), les fouilles archéologiques montrent d’ailleurs un abandon local.
Notes de bas de page
1 « L’altération superficielle au Pliocène ou au Quaternaire sur différentes roches a provoqué la libération d’oxydes de fer accompagnant les minéraux argileux dans la phase minérale secondaire. L’importance de la rubéfaction dépend de la durée de l’altération, du paléoclimat local et de la nature de la roche mère. Il faut noter aussi que l’intensité de la couleur rouge est plus liée à la forme minéralogique du fer qu’à sa teneur. » (Campy‑Macaire 1989 : 60‑61.)
2 Identification de D. Marguerie.
3 – Identification de D. Marguerie.
4 Identification de D. Marguerie.
5 Soit 6360 ± 60 BP. Datation du Laboratory of Isotope Geochemistry, Department of Geosciences, université de Tucson, Arizona, USA.
6 Soit 1850 ± 80 BP. La fourchette se situe entre 5 et 390 ap. J.‑C., la calibration entre 85 et 250, pour un pic à 160 ap. J.‑C. Datation du laboratoire de Beta analytic, Miami, Floride, USA.
7 Bois 406 : 1935 ± 40 BP, soit ‑2 + 193. Dates les plus probables : 30, 7, 110. Datation du Centre de datation par le radiocarbone de l’université Claude‑Bernard, Lyon 1. Les bois 406, 408 et 65 ont été datés par ce laboratoire.
8 Bois 197, sond. 4B : 540 ± 60 BP, 1414 cal AD. Datation du CEN de Québec.
9 Bois 56, sond. 5C : 790 ± 80 BP, 1261 cal AD. Datation du CEN de Québec.
10 Soit 1850 ± 80 BP. La fourchette se situe entre 5 et 390 ap. J.‑C., la calibration entre 85 et 250, pour un pic à 160 ap. J.‑C. Datation du laboratoire de Beta analytic, Miami, Floride, USA.
11 Soit 1850 ± 80 BP. La fourchette se situe entre 5 et 390 ap. J.‑C., la calibration entre 85 et 250, pour un pic à 160 ap. J.‑C. Datation du laboratoire de Beta analytic, Miami, Floride, USA.
Auteurs
Afan.
CNRS, UMR 6566, laboratoire d’anthropologie, université de Rennes 1.
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