Chapitre 6. La céramique moderne
6 Modem pottery
6 La cerámica moderna
6 La ceramica moderna
p. 167‑201
Résumés
La céramique moderne (8 832 fragments) se prête mieux à une analyse chronologique des productions. Ainsi apparaissent des temps forts (troisième quart du xviie s. mais surtout 1720‑1790) qui accompagnent des transformations dont l’archéologie nous donne une illustration concrète. L’étude des productions témoigne, comme pour l’époque médiévale, d’un approvisionnement auprès de l’ensemble de la Méditerranée, voire au‑delà à partir du xviiie s.
Modem pottery found on the site (8,832 fragments) lends itself better to a chronological analysis of wares. A period of intense activity appears in the third quarter of the 17th century, and more particularly in the period 1720‑1790, which corresponds to other transformations concretely illustrated by the archaeological evidence. A closer examination of wares reveals that, beginning in the 18th century, pottery was imported from the whole of the Mediterranean Basin and even beyond.
La cerámica moderna (8.823 fragmentos) se prestó más a un análisis cronológico de las producciones. Aparecen momentos de gran actividad (tercer cuarto del siglo XVII y, sobre todo, 1720‑1790) que conllevan transformaciones documentadas por la arqueología. El estudio de las producciones ha puesto de manifiesto que el abastecimiento, como en época medieval, se realiza en el marco mediterráneo e incluso más allá a partir del siglo XVIII.
La ceramica moderna (8 832 frammenti) si presta meglio ad un’analisi cronologica delle produzioni. Sotto questo aspetto, appaiono dei «tempi forti» (terzo quarto del xvii secolo, ma soprattutto 1720‑1790) che accompagnano delle trasformazioni di cui l’archeologia ci offre un’illustrazione concreta. Lo studio delle produzioni testimonia, come per il Medioevo, un approvvigionamento dall’insieme del Mediterraneo e al di là, a partira dal xviii s.
Texte intégral
6.1 Introduction
1Toute étude du mobilier céramique issu d’un chantier archéologique poursuit deux objectifs non opposés mais différents : d’une part contribuer à la connaissance de la céramique, d’autre part fournir des données à la recherche menée sur un site. Fort heureusement, la réalisation de ces deux objectifs ne réclame pas deux démarches divergentes, mais plutôt des rapports dialectiques entre archéologie de terrain et céramologie. La première s’intéresse surtout aux datations que la seconde peut lui proposer, mais celle‑ci ne peut apporter de réponses précises que grâce au mobilier et aux données que la première avait préalablement récoltés.
2Commencée il y a une quinzaine d’années sur du matériel fourni par le chantier de la Charité (dirigé par L.‑F. Gantés ; Abel 1987), l’étude de la céramique moderne de Marseille a ensuite été élargie à tout le mobilier marseillais disponible. Plus de 22 000 fragments d’objets alors inconnus à Marseille ont été ainsi passés en revue, triés, reconstitués et catalogués selon les moyens dont nous disposions. Si ces travaux constituent un substrat solide pour des études céramologiques postérieures, ils n’ont pas pu, pour l’instant, bénéficier systématiquement d’études approfondies et de publications (Abel 1994a). Le chantier de la place du Général‑de‑Gaulle est le premier à offrir la possibilité de réaliser une étude exhaustive et une publication de la céramique moderne qui en est issue. Débutée en 1993, cette étude de plusieurs milliers de fragments a été menée épisodiquement et conjointement à d’autres dont le matériel était issu de fouilles plus récentes que nous mentionnerons ponctuellement. À travers les seuls chantiers marseillais, la masse de mobilier moderne hors résiduel reconnu par nos soins s’élève aujourd’hui (1996) à 40 000 fragments.
3Dans la pratique, nous avons procédé, après l’inventaire des contextes nous intéressant plus particulièrement, à une évaluation préalable du matériel céramique en l’absence de toute information sur le milieu dont il était issu. Par souci d’objectivité maximale, l’approche chronologique et typologique de ce matériel s’est effectuée avant d’avoir eu une quelconque connaissance de la position stratigraphique de son contexte. Ces données ont ensuite été confrontées à celles qui ont été recueillies sur le terrain, nos résultats soumis à l’appréciation des archéologues de terrain gérant l’ensemble des données fournies par leurs recherches et les datations des céramiques laissées à leur disposition.
4La masse totale reconnue du matériel céramique des époques moderne et contemporaine est composée de 8 832 fragments. Elle se répartit de la manière suivante : en zone 1, 2880 fragments sont répartis à travers 51 contextes ; en zone 2, 3 009 fragments parmi 37 contextes ; en zone 3, 1 968 fragments dans 54 contextes et en zone 4, 596 fragments pour 21 contextes.
5Le nombre moyen de fragments livrés par contexte archéologique est, en données brutes, de 57 (nombre total de fragments exhumés du chantier divisé par le nombre total de contextes contenant du matériel moderne ; notre étude ne peut tenir compte des contextes modernes sans matériel ou exclusivement composés de céramiques résiduelles). Deux contextes issus de la campagne de diagnostic, totalisant quasiment 3 000 fragments (1‑101 et 2‑101) majorent le nombre de fragments par contexte dans ces données brutes. Si nous corrigeons ces données en retirant ces deux contextes disproportionnés, nous obtenons 36 fragments par contexte. 52 contextes contiennent seulement entre 1 et 4 fragments, et la moitié d’entre eux un unique tesson. La deuxième remarque d’ordre général que nous avons à formuler est la forte proportion de matériel résiduel contenu dans les contextes modernes ou contemporains de ce chantier. Du total des 8 832 fragments de céramique que nous avons passés en revue, 2 414, soit 27,33 %, sont résiduels : ils sont notablement plus anciens que les céramiques ayant servi à dater le contexte. Il peut s’agir de céramiques antiques ou médiévales, ainsi que de céramiques modernes plus anciennes. Ce matériel céramique ne nous apportant aucune indication intéressante, le nombre moyen de fragments par contexte est à minorer du taux de fragments résiduels. Ce dernier est en moyenne et à peu près de l’ordre du tiers : il ne nous reste plus alors, toujours en moyenne, qu’environ 27 tessons méritant une attention soutenue dans chaque contexte. Si nous extrayons, pour l’évaluation du taux de céramiques résiduelles et comme nous l’avons fait plus haut, les deux contextes extrêmes, nous obtenons, pour un total de 5 849 fragments, 2 374 fragments résiduels, ce qui représente 40,5 %. Le nombre moyen de fragments intéressants par contexte chute dans ce cas à 22 environ. L’observation détaillée de chaque zone indique un taux de mobilier résiduel compris entre 34 % et 39 % pour les zones 1, 3 et 4, mais une pointe à 77 % pour la zone 2. Pour 27 contextes, le matériel céramique était constitué de neuf dixièmes, et parfois plus, de matériel résiduel. En outre, pour 42 contextes, soit le quart d’entre eux, la datation n’est basée que sur un seul tesson, qu’il soit isolé ou face à d’autres fragments plus anciens. Il va sans dire que, dans le premier cas comme dans le second, la prudence dans l’utilisation de cette datation reste de mise : nous ne sommes jamais à l’abri des hasards de la stratigraphie. Certaines situations nous rappellent avec à‑propos à une certaine prudence.
6La forte masse de céramiques du xixe s. n’a pas pu être prise en compte pour cette publication : les quelques milliers de fragments recueillis dans les niveaux supérieurs du site n’ont pas été traités lors des opérations de postfouille. Ils sont conservés en vue d’études ultérieures qui pourront par exemple rassembler les mobiliers de plusieurs chantiers marseillais.
7Cette étude est donc divisée en trois grandes périodes seulement, correspondant approximativement aux xvie, xviie et xviiie s. Cette répartition, outre ses avantages pratiques, est le fruit du respect d’une réalité céramologique observée lors d’études de mobilier marseillais et se retrouvant sur ce site. Toutefois, il est important de garder à l’esprit que chaque période ne peut évidemment pas se calquer précisément sur chaque siècle. Ainsi que nous le verrons, la première phase, se rapportant grosso modo au xvie s., couvre une période plus large, de la fin du xve s. au début du xviie s. La phase suivante se poursuit logiquement, et toujours dans la même optique céramologique à Marseille, jusqu’au début du xviiie s. ; nous observerons cependant pour ce site un hiatus très net vers la fin du xviie s. La phase ultime dont nous traiterons s’achève avec l’Ancien Régime.
8Tous les contextes ont été étudiés exhaustivement. Ils ne sont pas présentés intégralement dans le corps de cette étude mais se retrouvent en revanche dans les tableaux de comprages. Des données sur l’ensemble du matériel moderne seront fournies, mais une préférence a été donnée à une étude détaillée des contextes les plus intéressants de chaque phase. Un catalogue des éléments significatifs précise les associations les plus utiles en précisant la nature et les caractéristiques des objets de la catégorie.
9Le xviie s. est faiblement représenté par une quarantaine de contextes se répartissant environ 300 fragments. Les contextes du milieu du xviie s. sont au nombre de 62 et contiennent au total près de 1 600 fragments. La céramique du dernier tiers du xviie s., par ailleurs relativement bien connue, est quasiment absente de ce site : seuls 8 contextes (72 fragments) en recelaient. Moins d’une quarantaine de contextes ont été situés dans le xviiie s., avec 1 104 fragments à leur actif. Enfin 24 contextes ont été attribués au xixe s., dont 2 particulièrement volumineux, constitués respectivement de 2 500 et de près de 500 fragments.
10Le tableau de comptages présenté ne mentionne que le nombre de fragments répertoriés dans chaque catégorie, excepté pour la céramique du xviiie s. (tabl. iii). La très grande dispersion du mobilier en contextes contenant peu de fragments et une certaine connaissance de la céramique moderne marseillaise nous ont conduits à ce choix. En effet, les céramiques modernes ne présentent pas, sauf cas exceptionnels, de différences de volume aussi fortes que celles qui règnent dans l’Antiquité entre les amphores et les céramiques fines : des études antérieures ont permis de constater que la fragmentation des vases modernes était à peu près régulière (de manière constante environ 10 tessons pour 1 vase sur des lots homogènes de plusieurs milliers de fragments). Une présentation en nombre d’individus (NI) conduirait soit à une majoration des vases, soit à la disparition de certains, en résumé à une modification artificielle des données. En second lieu, cette présentation ne rendrait pas compte de la réalité des décalages entre le nombre de fragments en contextes du xvie s., les stratigraphies du fossé du xviie s. et les comblements de puits du xviiie s. notamment. La présentation en fragments permet de ne pas occulter, pour chaque contexte, le phénomène de résidualité que nous avons évoqué globalement plus haut ; les moyennes, pour éloquentes qu’elles soient, ne sont pas significatives de la réalité de chaque contexte, dont un diagnostic individuel et rigoureux a toujours été effectué.

TABL. III ‒ Tableau de comptage des céramiques modernes.
6.2 Dans la tradition médiévale : fin xve s.‑début xviie s.
11La phase chronologique s’étendant de la fin du xve s. au début du xviie s. constitue la première et la plus vaste étape de notre travail, la plus ardue peut‑être aussi. Le choix de cette fourchette assez large s’explique à la fois par des constats céramologiques effectués sur d’autres sites et par la rareté du mobilier qui peut y être placé. Les premiers nous conduisent à considérer que cette phase, ainsi que l’annonce le titre de cette partie, se maintient encore dans la tradition médiévale, tandis que la seconde nous empêche de réussir à distinguer davantage les rares lots de mobilier que nous avons eu le plaisir d’y localiser : les références marseillaises sur le début du xviie s. sont particulièrement sporadiques.
12Les informations sur cette période, pour rares qu’elles soient à Marseille, semblent cependant récurrentes et confirmées dans d’autres villes. Le site de la Bourse offrit les premières données à travers des contextes fouillés entre la fin des années 1960 et 1984 (Abel 1988). Il faut, à notre connaissance, attendre l’opération de 1995 du chantier César pour obtenir à nouveau quelque documentation sur la céramique de cette période. Au total, ce sont à peine quelques centaines de fragments qui nous servent de point de départ pour l’étude de la céramique de cette phase sur le chantier de la place du Général‑de‑Gaulle. Il semble qu’à travers la cité marseillaise aucun milieu clos (utile pour l’établissement de typologies) contenant de la céramique du xvie s. n’a été rencontré depuis 1984. Les données présentées ici sont un bilan que nous espérons provisoire dans l’attente de découvertes plus conséquentes.
6.2.1 Les productions
13En voie de disparition sur les tables marseillaises, la faïence espagnole est encore représentée par des écuelles, des plats ou des couvercles décorés de bleu ou de reflets métalliques. Les variations morphologiques n’étant pas suffisantes pour aider à leur datation, il ne reste que les décors, facilement altérables, pour les distinguer d’objets résiduels (Carru 1995a : 54‑76). Leur place a pu parfois, pour ces raisons, être sous‑estimée. Est‑elle surestimée ici, majorée précisément par ce phénomène de résidualité difficilement appréciable dans leur cas ? Au total pour le site, une soixantaine de fragments constitue plus du cinquième des fragments, soit une masse importante. En revanche, seuls de grands plats, dits lebrillos, peuvent encore être attribués aux productions vernissées espagnoles. Descendants directs des mêmes objets médiévaux, leur importance a pu être sous‑évaluée lors d’études précédentes, à l’égal des faïences ibériques. Ici encore cependant, ils représenteraient moins de 3 % du mobilier céramique de cette période. Produits jusqu’au xvie s. au moins, il est possible qu’ils occupent le créneau commercial du bassin en poterie commune, avant l’arrivée de productions régionales à fonction semblable.
14Sous l’appellation de faïences italiennes sont regroupées les productions stannifères de Ligurie, de Toscane et du Latium qui ont en commun la richesse des décors et la fragilité des objets (Mannoni 1975 : tav. VI ; Ricci 1985). Nous retrouverons ces céramiques émaillées transalpines jusqu’au xviiie s., formes et décors évoluant de manière significative. Mieux identifiables et datables que les faïences en provenance d’Espagne, les 6 % qu’elles constituent sur ce chantier semblent un chiffre fiable. Les apports des trois zones citées ne sont pas équivalents, la région romaine étant très minoritaire, alors que la Ligurie et la vallée de l’Arno s’équilibrent à peu près. Malgré une tradition médiévale qui la place dans la céramique émaillée, la céramique pisane vernissée et émaillée à décor vert et brun sera traitée dans les céramiques vernissées. Ce choix est fonction du lien de filiation l’unissant à des productions exclusivement vernissées.
15La chronologie des différentes productions de cette catégorie, qui a pu être établie sur ses lieux de production et ceci parfois anciennement, doit être prise avec prudence dans le contexte marseillais. En effet, pour les périodes suivantes, mieux documentées, on observe un décalage quasi systématique entre les datations des céramiques communes et celles des faïences italiennes. Ce constat n’a rien d’aberrant, un traitement plus prudent des objets de luxe pouvant leur procurer une vie plus longue.
16À mi‑chemin entre la catégorie précédente, classée dans les céramiques de luxe, et les nombreuses catégories de céramiques communes que nous rencontrerons plus loin, se placent les céramiques vernissées italiennes. Les productions regroupées sous ce titre ont les mêmes origines géographiques que les faïences italiennes les plus nombreuses, Ligurie et Toscane, que l’on retrouve présentes sur presque toute la période moderne (Mannoni 1975 : tav. IV). La Ligurie n’exporte vers Marseille que des plats décorés de fines incisions et recouverts de vernis vert ou jaune, sans rehauts de couleurs (graffita monocroma). À la même époque, Pise produit encore des écuelles, des plats et des pichets à décor de cuivre et manganèse sur émail, revêtus partiellement de vernis plombifère, puis se tourne radicalement vers la céramique à décor incisé sur engobe. Les séries décorées dites graffita a stecca (à larges incisions curvilignes et vernis vert, jaune, marron, multicolore...), sont promises à un large succès jusque vers le début du xviie s. Notons que les seules formes fermées de cette catégorie proviennent de la production hybride vernissée et émaillée de type pisan. Celle‑ci est relativement bien représentée sur le chantier de la place du Général‑de‑Gaulle, alors que les autres sont en quantité moindre à travers les 13 % que représente cette catégorie dans le xvie s.
17La relation entre les productions culinaires ligures du xviiie s. et celles rencontrées dans des contextes marseillais du xvie s. est difficile à établir. Cerner précisément cette production est chose malaisée jusque vers le milieu du xviie s. : elle ne constitue ici qu’un peu plus d’1 %. Les premières étaient modelées ; les rares exemples marseillais de ces céramiques du xvie s. le sont aussi pour partie, alors que d’autres se rapprochent plus nettement des productions ligures du xviie s. Cette remarque avait déjà pu être faite sur le chantier de la Bourse.
18La postcuisson réductrice a, en principe, été abandonnée en Provence à la fin du xiiie s. On la retrouve cependant sous une forme spécifique dans la période moderne. Les caractéristiques évidentes des marmites à pâte noire sont une couleur brun foncé due précisément à une postcuisson réductrice nettement enfumée, une absence de revêtement proprement dit et une forme globulaire, sans col dégagé, à large bord plat se distinguant par là même des marmites de tradition médiévale, à col haut. Les questions de chronologie et d’origine géographique de cette catégorie ne sont pas encore résolues. Parmi ces productions, deux groupes, différenciés par leurs pâtes et les profils des bords, sont discernables. Le premier groupe est façonné dans une argile dense cuisant gris foncé, semblant mieux cuite que le second, dont la pâte est davantage brun rougeâtre. Si les formes des deux groupes sont approximativement semblables, elles diffèrent par les profils de leurs bords, plus simples pour le premier groupe (lèvre plate) que pour le second groupe (lèvre en amande, parfois moulurée). Les exemplaires connus ont été trouvés à la Bourse, puis à César, alors qu’ils sont quasiment absents, pour le xvie s., de la place du Général‑de‑Gaulle, situation imputable soit au hasard de l’échantillonnage, soit à la chronologie de ces productions.
19Les potiers de Saint‑Quentin‑la‑Poterie et de la région d’Uzès dans le Gard exploitent depuis le Moyen Âge les argiles kaolinitiques leur permettant de produire des marmites et autres jattes aux parois minces et propriétés réfractaires reconnues. Malgré la qualité de ces productions, leur pénétration sur le marché marseillais reste faible. Cette catégorie présente aujourd’hui les avantages de pouvoir être facilement caractérisée (elle constitue ici près du cinquième du mobilier) et d’avoir bénéficié d’études sur ses lieux de production et de consommation tels qu’Avignon (Thiriot 1985 ; Carru 1995b).
20La plus grande partie de la vaisselle commune utilisée à Marseille au xvie s. est identifiée comme production de Fréjus, connue pour l’irrégularité des résultats obtenus par les potiers de ce centre (Landuré 1991). Les différences observées dans l’argile, le façonnage, l’engobe et le vernis utilisés sont flagrantes mais ne peuvent cependant servir à l’établissement de groupes différents. Cette production ne bénéficie pas pour le moment de typo‑chronologie précise. Ce flottement est une des raisons pour lesquelles cette catégorie peut regrouper occasionnellement ou accidentellement des céramiques de la même ambiance technologique (telles celles de Manosque ou Martigues, par exemple ; Chausserie‑Laprée, Nin 1993), encore mal cernées dans le mobilier marseillais, si toutefois elles y figurent. Les formes les plus fréquentes sont les écuelles, très nettement majoritaires, dans une moindre mesure les assiettes et les plats à marli, puis les vases à liquide et les pots de chambre, enfin quelques salières. Les teintes de ces objets varient du jaune paille à l’orangé ou au brun clair, le vert étant encore parfois utilisé, de même que le vernis incolore, généralement réservé aux objets sommairement décorés, tels les pichets. Ce site confirme la place importante de cette vaisselle, où elle occupe le quart environ du vaisselier du xvie s.
21Semblant contemporaine des productions de marmites noires et de vernissées à pâte grossière, la céramique vernissée à pâte micacée finement et cuisant clair demeure absente des niveaux du xvie s. sur ce chantier. Sur les sites marseillais, les céramiques à pâte claire grossière semblaient contemporaines de ces poteries à pâte claire micacée, avec lesquelles elles partagent un répertoire commun de marmites, et une documentation lacunaire. Pour ces réfractaires à pâte grossière, nous émettrons ici l’hypothèse, sur la base de leur argile, d’une provenance varoise, de la région d’Ollières plus précisément.
22Quelques catégories sont encore plus mal cernées. Il s’agit notamment d’objets non vernissés, difficiles à attribuer sous forme de tessons à une période ou à une autre. Ces productions, sans doute erratiques ou modifiées par la suite, pourraient être intéressantes par leur aspect d’expériences tentées par les producteurs. La matière manque malheureusement encore pour mieux les comprendre. Enfin des exportations rares peuvent n’être pas encore identifiées (vernissées islamiques par exemple...).
23Les incertitudes évoquées dans cet inventaire des catégories de céramiques présentes à Marseille de la fin du xve s. au début du xviie s. nous rappellent l’extrême rareté des contextes de cette période à Marseille. Nous n’emploierons cependant pas le qualificatif de pauvre pour la céramique du xvie s. à Marseille. Le terme de pauvreté devant renvoyer en priorité, dans le cas de la céramologie, au niveau socio‑économique de l’utilisateur, nous lui préférons le terme de rareté. Nous ne pourrons parler de pauvreté que lorsqu’une céramique relativement nombreuse manquera singulièrement d’objets agréables à l’œil. Environ 40 % des fragments considérés appartiennent ici à des catégories dites supérieures, faïences ou vernissées décorées d’importation. Dans le cas considéré, la rareté des ensembles céramiques pourrait tout aussi bien être due à des bouleversements postérieurs n’ayant laissé que peu de traces des niveaux antérieurs ou à une faible occupation du quartier du xve s. au milieu du xviie s.
24Le vaisselier de la Renaissance à Marseille est constitué, comme dans les siècles précédents, de poteries réfractaires provenant en grande partie de l’Uzège, de vaisselle vernissée très commune, parfois façonnée en terre réfractaire et d’objets stannifères élaborés de provenance plus lointaine. Des évolutions sont perceptibles, mais encore mal déterminées (l’éviction progressive de l’Espagne au profit de l’Italie n’est pas encore perceptible, bien que celle‑ci développe déjà plus nettement ses productions vernissées...).
25Les carences sont nombreuses, l’information étant particulièrement lacunaire dans de nombreux domaines. Nous pouvons cependant déduire, de cette matière rare et avec certaines réserves dues à la faiblesse de la documentation, que cette phase semble être le théâtre de mutations et de recherches (marmites produites en postcuisson réductrice, vernissées en pâtes calcaires...) côtoyant des productions de tradition nettement médiévale, encore vigoureuses (réfractaires de l’Uzège, importations en provenance d’Espagne ou d’Italie...).
26La rareté de la documentation archéologique sur ce site est donc à l’image de celle qui a été rencontrée dans la cité marseillaise de la fin du xve s. au début du xviie s. En effet, sur le chantier, 39 contextes ont été attribués à cette période pourtant assez longue, avec un total d’environ 300 fragments seulement, volume particulièrement limité. Quatre contextes seulement présentent entre 12 et 18 fragments, avec un contexte « marginal » d’une centaine de fragments ; le reste des contextes ne dépasse pas 5 fragments. Ces derniers chiffres évoquent avec éloquence les difficultés rencontrées dans l’étude des céramiques de cette période sur ce chantier. Parmi ce mobilier, nous avons sélectionné 10 contextes totalisant environ 200 fragments dont nous présentons les éléments les plus significatifs.
6.2.2 Catalogue des éléments significatifs
27fig. 212‑215
28Ces contextes sont regroupés en trois ensembles formant de brèves séquences stratigraphiques.
6.2.2.1 Premier ensemble
29Les contextes 1‑212 et 1‑364 se mettent en place après la récupération du mur M 63.
Contexte 1‑212
30● Faïence espagnole
Plat valencien. Émail détérioré, décor de lustre métallique disparu. Forme complète (inv. 2229).
Écuelle. Décor de lustre métallique. Fragment de bord (inv. 868).
Écuelle. Décor de lustre métallique, palmette. Fragment de bord (inv. 2225).
Écuelle. Décor de lustre métallique, épigraphique ? Fragment de bord (inv. 2226).
Écuelle. Décor bleu et lustre métallique (Carru 1995a : fig. 141). Fragment de panse (inv. 2235).
Écuelle. Décor bleu (xve s.?). Fragment de bord (inv. 2233).
Écuelle. Décor bleu (xve s.?). Fragment de bord (inv. 2234).
31● Vernissée espagnole
Grand plat à bord déversé. Fragment de bord (inv. 2229).
32● Faïence italienne
Assiette. Latium ? Décor bleu. Fragment de fond (inv. 2228).
33● Vernissée italienne
Grand plat. Décor incisé en croix. Fragment de fond (inv. 2227).
34● Culinaire ligure
Vase indéterminable à fond bombé. Fragment de fond (inv. 2230).
35● Vernissée de type Fréjus
Écuelle. Fragment de bord (inv. 2231).
36● Céramique à pâte claire grossière
Grande jatte à bord épais et anse verticale. Fragment de bord (inv. 2232).
Contexte 1‑364
37● Faïence espagnole
Écuelle. Décor de lustre métallique altéré.
Fragment de fond (inv. 2220). (Carru 1995a : fig. 174 « vers 1530‑1540 »).
6.2.2.2 Deuxième ensemble
38La couche 1‑107 est antérieure au remblai 1‑287. Celui‑ci est postérieur à la même unité stratigraphique que le comblement 1 ‑236 de la fosse qui a percé la calade de la voie médiévale (cf. supra § 4.2.2.2).
Contexte 1‑107
39● Faïence espagnole
Écuelle. Décor bleu. Fragment de panse.
Écuelle. Décor bleu. Fragment de panse.
Couvercle. Décor bleu. Fragment de bord (inv. 549).
40● Réfractaire de type Uzège
Marmite. Fragment de bord.
Contexte 1‑287
41● Faïence espagnole
Écuelle. Décor de lustre métallique disparu.
Fragment de panse.
42● Vernissée espagnole
Grand plat à bord déversé. Fragment de bord (inv. 1063).
Grand plat à bord déversé. Fragment de bord (inv. 1064).
Plat. Fragment de bord (inv. 1065).
43● Vernissée italienne
Écuelle. Revêtement intérieur stannifère rosé non décoré, vernissé extérieur (inv. 2113).
Plat à marli. Revêtement stannifère à décor de manganèse intérieur, vernissé extérieur (inv. 2114).

FIG. 212 ‒ Céramiques émaillées à décor bleu et lustre de Valence (XVe‑XVIe s.)
DAO V. Abel, J. Isnard/Afan

FIG. 213 ‒ Productions italiennes (XVIe s.). 1‑2 vernissées pisanes ; 3 faïence de Rome ; 4 verte et brune pisane
DAO V. Abel, J. Isnard/Afan

FIG. 214 ‒ Marmites de type Uzège (XVIe s.)
DAO V. Abel, J. Isnard/Afan

FIG. 215 ‒ Écuelles et pot de chambre de Fréjus (XVIe‑XVIIe s.)
DAO V. Abel, J. Isnard/Afan
44● Culinaire ligure
Vase tourné à paroi mince. Fragment de panse.
45● Réfractaire de type Uzège
Marmite à bord replié et lèvre déprimée. Fragment de bord (fig. 214, no 1).
Marmite à bord replié et lèvre déprimée. Fragment de bord, départ d’anse (fig. 214, no 2).
Marmite à bord triangulaire. Fragment de bord (inv. 2117).
Bouilloire ? Intérieur entartré. Fragment de panse.
46● Vernissée non identifiée
Plat creux à lèvre ronde. Pâte claire aérée. Engobe clair, décor informel d’incisions et taches vertes, vernis verdâtre (inv. 1062).
Contexte 1‑236
47● Faïence espagnole
Écuelle. Décor de lustre métallique disparu. Fragment de fond (fig. 212, no 6).
Écuelle. Décor de lustre métallique en croisillons. Fragment de bord (inv. 2147).
48● Faïence italienne
Vase fermé. Décor polychrome « italo‑mauresque ». Fragment de panse (inv. 2148).
49● Vernissée italienne
Écuelle. Intérieur non décoré ? Fragment de bord (fig. 213, n 4).
Vase ouvert ligure. Décor incisé, vernis jaune. Fragment de panse.
50● Vernissée de type Fréjus
Écuelle. Fragment de bord (inv. 2150).
6.2.2.3 Troisième ensemble
51Postérieures à la rue médiévale, nous trouvons successivement, en remontant la stratigraphie, les unités 3‑232, 3‑ 219, 3‑230, 3‑217 et 3‑216. Selon les données de la fouille, 3‑232 pourrait être un effondrement ou une calade, 3‑219 correspondre à une période d’abandon ou de manque d’entretien et 3‑217 à des ornières de rue. L’unité stratigraphique 2‑144 a été rapprochée de celle de 3‑216 lors de la fouille (cf. supra § 4.2.1). Compte tenu de la datation des céramiques qui y ont été recueillies, ces niveaux pourraient être interprétés comme étant une sédimentation naturelle et anthropique due à un moindre entretien de cette rue lorsque l’axe principal est déplacé à partir de 1524.
Contexte 3‑232
52● Faïence espagnole
Écuelle. Décor bleu. Fragment de panse (inv. 2151).
Écuelle. Décor de lustre métallique. Fragment de panse (fig. 212, no 7).
53● Vernissée italienne
Plat. Ligurie ? Décor d’oxydes de cuivre et manganèse sur engobe blanc. Fragment de bord détérioré (inv. 2153).
54● Réfractaire de type Uzège
Marmite. Fragments de panse et anse.
Contexte 3‑219
55● Faïence espagnole
Écuelle. Décor de cobalt et de lustre métallique en croisillons. Fragment de bord (inv. 2155).
Couvercle. Décor altéré. Fragment de bord (inv. 2156).
56● Vernissée italienne
Plat. Ligurie ? Décor d’oxydes de cuivre et manganèse sur engobe blanc. Fragment de bord détérioré (inv. 2154, peut‑être = 2153).
57● Vernissée de type Fréjus
Écuelle. Vernis jaune. Fragment de fond (inv. 2158).
Contexte 3‑230
58● Faïence espagnole
Écuelle. (fig. 212, no 2).
59● Réfractaire de type Uzège
Marmite. Fragment de bord (inv. 2160).
60● Vernissée de type Fréjus
Plat. Vernis jaune. Fragment de panse.
Contexte 3‑217
61● Faïence espagnole
Écuelle ? Décor de croisillons de type Avignon 174‑175. Fragment de panse (inv. 2161).
62● Vernissée de type Fréjus
Écuelle. Vernis jaune paille. Fragment de fond.
Contexte 3‑216
63● Faïence espagnole
Écuelle. Décor bleu de type xve s. Fragment de fond (inv. 2168).
Écuelle. Décor de lustre métallique disparu. Fragment de bord (inv. 2165).
64● Faïence italienne
Assiette. Décor alla porcelana. Fragment de panse (inv. 2166).
Assiette. Décor en écailles jaune. Fragment de bord (inv. 2167).
65● Vernissée italienne
Pichet. Émail et vernis. Fragment de panse.
66● Vernissée de type Fréjus
Plat. Vernis incolore. Fragment de panse.
Contexte 2‑144
67Il serait contemporain des contextes précédents selon la stratigraphie.
68● Vernissée italienne
Plat. Ligurie. Décor incisé sous vernis vert (inv. 229).
6.2.3 Conclusion pour le xvie s.
69Nous considérons ces trois ensembles comme approximativement équivalents pour la céramologie. Excepté peut‑être le contexte 1‑212, qui semble contenir des céramiques stannifères espagnoles de la fin du xve s., nous y retrouvons la plupart des catégories reconnues avant cette fouille. Elles y figurent toutefois en quantité très limitée. Les faïences italiennes servent de référence (dans 1‑236 ou 3‑216 par exemple), complétées par les faïences espagnoles (dans 3‑217 par exemple).
70Mais le mobilier de cette période ne se limite pas à ces quelques contextes. Bien au contraire, une grande partie a malheureusement été récoltée hors stratigraphie ou en mobilier résiduel. Ce matériau qui ne peut être réellement utilisé ici a parfois été dessiné afin d’étoffer la vision d’une catégorie de céramiques.
71La masse reste faible, le mobilier de ce chantier autour du xvie s. ne peut nous offrir une typologie claire et fiable, ou une chronologie solide. En revanche, il nous invite à continuer à nous poser des questions qui semblent de plus en plus pertinentes : le commerce semble être actif, les biens luxueux consommés avec constance. Ceci se remarque à travers la permanence des céramiques émaillées à décor bleu et métallique espagnoles (1‑212, 1‑287 et stratigraphie de la rue en zone 3 ; fig. 212) et les céramiques vernissées décorées italiennes (1‑212 ; fig. 213). Pendant cette période, des productions vernissées espagnoles semblent encore utilisées (1‑287), bien que ceci reste à vérifier dans l’avenir.
72La céramique commune témoigne, quant à elle, d’une certaine variété d’ateliers qui paraissent se partager entre une tradition de vases presque stéréotypés (culinaires de type Uzège, fig. 214) et des recherches de formes ou de techniques nouvelles. Fréjus semble bien occuper le marché (fig. 215), mais cette appellation d’origine pourrait recouvrir quelques productions d’ateliers que l’on identifie encore mal (1‑212, 3‑217).
73Ces quelques trop rares informations laissent plutôt pressentir une activité assez soutenue plutôt qu’une période de récession (la fourchette chronologique est longue, il est vrai). Les niveaux de cette période n’en sont pas moins particulièrement rares à travers les chantiers archéologiques marseillais. Ils méritent une attention particulière, des fouilles soigneuses et des études d’objets nécessaires pour appréhender la culture matérielle de cette période clef qui demeure quelque peu insaisissable.
74Les données fournies par les archives confirment ici un état qui transparaissait clairement dans l’étude du mobilier : le quartier est peu occupé au xvie s., il serait même entièrement rasé vers 1524. Ce n’est qu’après les années 1620 que la situation change : de cela aussi la céramique témoigne avec clarté.
6.3 L’entrée dans l’ère moderne : 1630‑1660
75Cette période d’une quarantaine d’années à peine est le théâtre de profonds changements dans l’approvisionnement en céramiques de la cité marseillaise. Le xvie s., bien que difficile à cerner, semblait prolonger le Moyen Âge. Dès le milieu du xviie s., l’horizon a changé et se sont déjà mis en place des schémas qui ne changeront qu’au début du xviiie s. La production locale s’est établie et gagne le marché : l’indice qui sert de référence pour dater un contexte de cette période est la présence de céramique vernissée de la vallée de l’Huveaune, dans les débuts de sa production, avant l’utilisation du décor incisé et polychrome.
76La vaisselle vernissée provenant des ateliers de la vallée de l’Huveaune (cours d’eau de l’aire marseillaise) est considérée comme la production locale de céramique : les ateliers, bien que situés entre 20 et 30 km à l’est de la ville, alimentent prioritairement cette dernière, dans laquelle ils trouvent des débouchés évidents, facilités par une voie de communication naturelle le long d’une vallée, une population importante et des perspectives attirantes offertes par le port. Leur date d’apparition se situe dans le deuxième quart du xviie s., les éventuelles productions locales antérieures n’étant pas discernées en l’état actuel des connaissances. La part de cette vaisselle progresse vite dès le milieu du siècle : dans les années 1670‑80, la vallée de l’Huveaune fournit les trois quarts des terres cuites en usage à Marseille. La généralisation du décor dit « incisé polychrome », méthode de décoration par incisions sur engobe blanc rehaussé de taches d’engobe rouge et d’oxyde de fer, y est attestée dans les années 1670, par la fouille de la Charité (Abel 1987). Peu après son apparition, cette catégorie est donc le plus sûr marqueur chronologique pour Marseille, où elle est utilisée en grande quantité et tout près de son lieu de production.
77Plusieurs fouilles marseillaises ont livré des contextes qui peuvent être datés des environs du milieu du xviie s., dont les principaux se situent sur la fouille de l’abbaye Saint‑Victor en 1971, sur celle de la rue des Pistoles en 1987 et sur celle de l’Hôtel Bargemon en 1994. La fouille de l’abbaye Saint‑Victor en 1972 (G. Démians d’Archimbaud, M. Fixot) a mis en évidence une réorganisation de l’espace autour de l’autel de la chapelle Saint‑Mauront, un exhaussement du sol par un remblai qui contenait 16 monnaies frappées entre 1624 et 1640 et un mobilier céramique abondant et varié de 3 914 fragments, daté des années 1650 environ. Le chantier de la rue des Pistoles en 1987 (L.‑F. Gantés et M. Moliner) a mis au jour un dépotoir domestique qui a livré cinq double‑tournois de Louis XIII, dont trois lisibles (1621, 1638, 1639) et un lot de 480 fragments de céramiques contemporaines de celles de Saint‑Victor. La fouille de l’hôtel Bargemon en 1994 (F. Reynaud) a mis au jour un comblement de puits dont le matériel céramique extrait est resté le seul indicateur chronologique. Ce dernier ensemble de 414 fragments seulement, qui se distingue par sa qualité et son homogénéité, se situe dans les années 1630‑1640 (Abel 1994b).
78À l’exception des vernissées pisanes de Saint‑Victor (Abel, Démians d’Archimbaud 1993), aucune étude céramologique approfondie suivie de publication n’a pu être menée sur ces ensembles. Seuls des « diagnostics » ont été pratiqués, accompagnés d’inventaires précis, mais non diffusés. Cependant ces rapides études ont permis de dégager, pour la période du milieu du xviie s., des constantes d’approvisionnements en céramiques de la cité marseillaise que nous utiliserons ici.
6.3.1 Les productions
79La participation de la faïence italienne au vaisselier marseillais de cette période ne change pas radicalement au milieu du xviie s. Comme nous l’avons observé pour le xvie s., un décalage est observé entre les datations des céramiques communes et celles des faïences italiennes (Vannini 1977 ; Ricci 1985 ; Cameirana 1990) considérées comme des objets de luxe dont on prend plus de soin. Sur ce chantier, leur proportion a nettement baissé par rapport à la période précédente.
80Malgré la disparition apparente des céramiques ligures, les vernissées italiennes conservent jusqu’à la fin du xviie s. un statut intermédiaire avantageux. Le répertoire des formes exportées vers Marseille est toujours très sommaire : l’écuelle sans appendice et le plat ou l’assiette, vases ouverts uniquement. Les productions hybrides vernissées et émaillées ont disparu. Les vases ouverts décorés a stecca connaissent encore un certain succès jusque vers le début du xviie s., où ils commencent à être remplacés par la céramique graffita tarda, décorée de fines incisions souvent figuratives, rehaussées de jaune et de vert. Le milieu du xviie s. semble voir disparaître les stecca et les grandes écuelles à extérieur décoré, parfois d’engobes mêlés (marmorata), au profit exclusif des graffita tarda. La graffita tarda pisane est utilisée à Marseille jusqu’à la fin du xviie s. À son actif semble devoir être portée l’introduction dans notre région du goût pour les décors figurés incisés et rehaussés de polychromie (Abel 1993a). Pour la catégorie des vernissées italiennes, le xviie s. est le siècle des pisanes, comme le xviiie s. sera celui des albisolaises. Ce constat est‑il celui d’une réalité ou d’une impossibilité de distinguer deux centres différents produisant des céramiques très proches ? L’observatoire marseillais ne permet pas encore de trancher. Moins d’un dixième des fragments de céramiques de cette période appartiennent ici à cette catégorie.
81D’autres catégories de céramiques posent divers problèmes d’identification, de provenance ou de chronologie. Il s’agit pour la plus grande partie de céramiques culinaires.
82Les informations concernant les vases culinaires de Ligurie étaient, sur ce site, très lacunaires au xvie s. et vont le rester car cette catégorie ne dépasse pas 1 % des fragments pour la période. Ceux‑ci connaîtront un regain à la fin du xviie s. avec des marmites hautes et des jattes creuses à parois minces. Il est donc difficile de suivre leur évolution dans les cuisines marseillaises jusque vers les années 1670 où ils connaissent les faveurs des cuisinières (ou de leurs fournisseurs). Attestées jusqu’à la fin du xviie s., ces marmites et ces jattes ne sont pour l’instant bien cernées dans les fouilles de Marseille que dans le dernier quart du siècle, après quoi elles semblent disparaître totalement.
83Nous qualifions de céramique « culinaire varoise » un ensemble d’objets, très nettement limités au xviie s., qui ont pour la plupart été utilisés pour des opérations culinaires, comme en témoignent leurs fonds noircis. Leurs formes ne les rattachent cependant pas au répertoire de cuisson mais plutôt à des auxiliaires de cuisine. La marmite est ainsi exclue de cette série qui rassemble des jattes larges, des toupins à une anse et des couvercles, caractérisés par un engobe rouge permettant d’obtenir une couleur marron uniforme sous le vernis. Les formes du milieu du xviie s. sont plus variées, et seuls les toupins et les couvercles se maintiennent dans la seconde moitié du siècle.
84Cette céramique appartient aux catégories de notre inventaire dont la provenance n’est pas clairement localisée. Le qualificatif de varoise, générique et quelque peu incertain, est dû aux similitudes que leur pâte présente avec celle des céramiques de l’Huveaune, connues pour leur pâte calcaire et non pas réfractaire, dont le répertoire ne couvre que la vaisselle de table. Ces culinaires semblent occuper durant cette période (un dixième des fragments ici) une place qui sera récupérée plus tard par les vases de Ligurie et de l’Uzège.
85La catégorie des céramiques à pâte claire micacée était déjà attestée dans les contextes marseillais des alentours du xvie s. (excepté sur ce site). Elle se retrouve ici, contemporaine de la production de marmites noires et des vernissées à pâte grossière, et paraît être l’œuvre de potiers maîtrisant bien leur art. Leur production ne bénéficie ni de localisation ni de typo‑chronologie précises. Ambivalente, elle consiste en la confection de vases culinaires et de vaisselle de table, cruches de dimensions diverses parfois décorées à l’engobe et vases ouverts, mais n’occupe ici qu’1 % des fragments.
86Remarquées dès la période précédente sur d’autres chantiers, les marmites à pâte noire se retrouvent encore dans cette période de renouveau céramique qu’elles semblaient annoncer sous des dehors d’archaïsme. Les mêmes formes et deux types de pâtes sont discernables. Constituant sur ce chantier 3 % des fragments, leur chronologie précise reste à établir, car elles semblent être partagées entre la fin du xvie s. et la première moitié du xviie s. Quant à leur provenance, quelques indices ténus les rapprocheraient de la production de Vallauris : le littoral méditerranéen constituant leur aire de diffusion commune et ces dernières ne pouvant être discernées avant le milieu de ce siècle.
87En effet, les très caractéristiques céramiques réfractaires de Vallauris (Poteur 1976) apparaissent « spontanément » vers le milieu du xviie s. à Marseille, absence qui ne semble pas uniquement due à la rareté de niveaux archéologiques du début du siècle. L’évolution de ces productions, des marmites pour l’essentiel, mais aussi des pichets et des toupins, des jattes puis des poêlons, n’est pas cernée avec précision, ce qui est regrettable, car leur présence est continue jusqu’à l’époque contemporaine. Dans la seconde moitié du xviie s., les marmites ont un bord allongé qui présente parfois un canal ; les autres formes, pichets et toupins, sont plus rares chez nous. Le quart, ou presque, des fragments de cette période nous fait ici regretter le manque d’informations disponibles sur cette catégorie.
88Déjà rares durant la période précédemment traitée, les céramiques réfractaires de la région de l’Uzège (Thiriot 1985) conservent cet aspect marginal au milieu du xviie s. Elles étaient absentes du comblement du puits de l’hôtel Bargemon, comme du dépotoir de la rue des Pistoles ou de Saint‑Victor, et ne représentent ici que 0,7 % du total des céramiques du xviie s. (n’omettons pas le risque, sur un comptage par fragments, de la prise en compte accidentelle de résidus).
89L’évolution typo‑chronologique précise de la production de céramiques vernissées de Fréjus n’est pas mieux connue pour le xviie s. que pour le siècle précédent, malgré la diffusion régulière de ces vases sur la côte française de la Méditerranée. Vers le milieu du xviie s., les écuelles et, dans une moindre mesure, d’autres formes ouvertes ou fermées, sont encore régulièrement utilisées (plus d’un cinquième des fragments) avant le développement des ateliers de l’Huveaune. Après cette date, seuls de grands tians et de petites jarres de stockage à trois anses et bec tubulaire en quinconce se maintiendront, jusqu’à la fin du siècle environ.
90Plusieurs provenances peuvent être regroupées sous le même terme de vallée du Rhône comme la région d’Avignon, le secteur de la Drôme ou des provenances plus septentrionales encore, marginales sur le marché marseillais avant la fin du xviie s. (0,75 % ici). Ces objets, sporadiques, sont pour la plupart difficilement discernables et interprétables. Leur date d’apparition sur le marché marseillais reste un peu incertaine.
91Enfin, une catégorie de céramiques vernissées à décor incisé et polychrome reste très discrète (une dizaine de vases sur la ville). Il s’agit uniquement d’écuelles, dotées de caractéristiques bien affirmées, qui résistent à toutes tentatives d’identification.
92La vaisselle vernissée de la vallée de l’Huveaune est en revanche bien mieux connue que les catégories précédemment évoquées et, ainsi que nous l’avons dit plus haut, elle nous sert de marqueur chronologique pour déterminer la datation des contextes dès les débuts de sa production. L’élément de base de cette production est l’écuelle, présente du deuxième quart du xviie s. au premier quart du xviiie s. Elle demeure un support privilégié de l’expression décorative, alors même que ses détails morphologiques (oreilles, fond, lèvre) évoluent de manière significative. Les premières oreilles sont découpées en rectangles approximatifs, les premiers décors sont posés à l’engobe clair sur fond rouge (comblement du puits de l’hôtel Bargemon). L’évolution est rapide vers des formes qui resteront des constantes au succès assuré : l’écuelle à oreilles moulées, l’assiette plate, le plat à marli, avec une utilisation des engobes décoratifs et jaspés conjugués aux taches vertes d’oxyde de cuivre (dépotoir de la rue des Pistoles).
93Nous venons de voir que les questions restent nombreuses à propos de la céramique utilisée à Marseille autour de 1650. Les vernissées italiennes ne sont pas très clairement documentées. Les incertitudes majeures concernent les points suivants : la date de disparition de vernissées dites ligures ; l’évolution précise des Pisanes, des stecca vers les graffita tarda ; et parmi ces dernières, le mode de succession des décors simples vers les décors chargés.
94Les questions posées par les terres vernissées utilisées en culinaires et qui peuvent être attribuées à la proche région ne sont pas plus simples. Elles ne sont en effet pour la plupart encore observées qu’en site consommateur. Ce point d’observation unique induit une certaine imprécision : proximité vraisemblable des argiles, variété hypothétique des formes (et vice‑versa ?) nous inciteront à une certaine prudence. Les céramiques façonnées en pâte claire micacée peuvent inspirer les mêmes réflexions, et les marmites noires la plus grande perplexité. Quant aux réfractaires de Vallauris (auxquelles nous associerons rapidement les productions de Biot), elles gardent le mystère de leur parcours précédant les années 1650.
95Si l’éviction des vernissées de Fréjus (et apparentées) du marché marseillais était programmée dès l’apparition de celles de la vallée de l’Huveaune, le scénario en reste un peu obscur. D’autant que ces dernières conservent le secret, douloureux pour le céramologue, de leur conception : aucun atelier n’a encore été fouillé dans ce secteur de l’est marseillais.
96Fort éloignées de la vaisselle proprement dite, les premières pipes en terre font leur apparition pendant cette période. C’est en Angleterre à la fin du xvie s. qu’elles sont produites tout d’abord, mouvement qui est suivi par la Hollande qui va très vite devenir l’un des plus importants pays producteurs (Raphaël 1991). Plusieurs éléments peuvent être utilisés pour dater une pipe. En premier lieu, le diamètre intérieur du tuyau, qui diminue régulièrement du début du xviie s. au milieu du xviiie s., tandis que, en deuxième lieu, la taille du fourneau augmente et ses parois s’amincissent. Enfin, le monogramme du pipier, figurant fréquemment sur le talon du fourneau, doit être combiné aux trois premiers indices pour fournir une indication chronologique intéressante, ces marques se transmettant parfois sur plusieurs générations. La date précise de leur apparition dans le matériel des fouilles, pouvant signifier une utilisation fréquente, n’est pas encore connue. Le comblement du puits de l’hôtel Bargemon n’en contenant pas, il serait intéressant de savoir si cette absence est significative ou si elle est due au hasard de l’échantillonnage. Elles représentent ici 2 % du total des fragments du xviie s., mais plus de la moitié des fragments de pipes (18) se trouvent concentrés dans une seule unité stratigraphique. Celle‑ci (1‑221) contenait, il est vrai, plus du quart du mobilier du xviie s. du chantier.
97Les 1 580 fragments datés des années 1 630 aux années 1 710 se trouvent inégalement répartis dans une soixantaine de contextes, soit une moyenne de 26 fragments par contexte (tabl. iii). Tous ces contextes ne seront pas utilisés (pour la période 1670‑1710 environ, cf. infra § 6.3.3). Seuls une vingtaine d’entre eux, totalisant plus de 1 300 fragments seront étudiés en détail.
6.3.2 Catalogue des contextes significatifs
98fig. 216‑222
6.3.2.1 Premier comblement du fossé médiéval
99À l’emplacement de l’ancien fossé en zone 1, nous trouvons, en remontant la stratigraphie, les contextes 1‑223, 1‑349, 1‑340, 1‑339, 1‑221, 1‑220 et 1‑219 (au même niveau que 1‑292). Cette série de contextes archéologiques ne contient en réalité qu’un échantillonnage de mobilier pratiqué par les archéologues lorsque le temps leur a manqué. La datation du mobilier permet de lui associer les contextes 1‑152, 3‑939 et 1‑292. Cette série de contextes archéologiques de la zone 1 et les recollages qu’elle entretient avec une unité stratigraphique de la zone 3 nous conduisent à émettre l’hypothèse suivante : des reconstitutions d’objets importantes auraient pu être réalisées si le mobilier comblant l’ancien fossé avait pu faire l’objet de simples « récupérations » lors de la fouille.

FIG. 216 ‒ Céramiques vernissées pisanes (XVIIe s.)
DAO V. Abel, J. Isnard/Afan

FIG. 217 ‒ Céramiques vernissées de la région lyonnaise (XVIIe s.)
DAO V. Abel, J. Isnard/Afan

FIG. 218 ‒ Céramiques culinaires de diverses origines (XVIIe s.)
DAO V. Abel, J. Isnard/Afan

FIG. 219 ‒ Céramiques vernissées de Fréjus (XVIIe s.)
DAO V. Abel, J. Isnard/Afan

FIG. 220 ‒ Céramiques culinaires de Vallauris (XVIIe s.)
DAO V. Abel, J. Isnard/Afan

FIG. 221 ‒ Céramiques vernissées de la vallée de l’Huveaune (XVIIe s.)
DAO V. Abel, J. Isnard/Afan

FIG. 222 ‒ Céramiques vernissées de la vallée de l’Huveaune (fin du XVIIe s.)
DAO V. Abel, J. Isnard/Afan
Contexte 1‑223
100● Vernissée de type Fréjus
Plat. Vernis incolore. Décor linéaire vert. Forme restituable graphiquement (fig. 219, no 3).
101● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Bougeoir ? Décor d’engobes jaspés et taches vertes. Fragment de tige creuse.
Contexte 1‑349
102● Faïence espagnole
Écuelle Valencienne. Décor bleu. Fragment.
103● Culinaire varoise
Couvercle. Il manque le bouton (fig. 218, no 1).
104● Vernissée de type Fréjus
Petite assiette à marli (taraiette ?). Vernis jaune. Forme presque complète mais mal cassée.
105● Céramique à pâte claire micacée
Vase fermé à bord rond et gorge extérieure. Bord identique mais col plus nettement marqué en 1‑221, Vallauris ? Engobe blanc. Fragment de bord avec départ d’anse et fragments de panse (inv. 22).
106● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Écuelle. Décor d’engobe clair intérieur et extérieur. Fragment de bord (inv. 2176).
Vase de stockage, petite jarre à bord en bandeau. Vernis jaune ne recouvrant pas le bord. Fragments de bord.
Contexte 1‑340
107● Vernissée pisane
Assiette à bord déversé. Décor incisé polychrome chargé : œillet. Forme complète (inv. 1003).
Assiette à bord anguleux à gorge. Décor incisé polychrome chargé. Fragment de bord (inv. 2202).
Écuelle. Décor incisé polychrome chargé. Fragment de bord.
108● Culinaire varoise
Petit toupin. Forme complète (fig. 218, no 2).
Marmite. Bord en canal court. Fragment de bord (fig. 218, no 3).
109● Vernissée de type Fréjus
Pot de chambre. Fragment de bord (inv. 2200).
110● Vernissée de la vallée du Rhône
Plat à large marli. Vernis vert. Forme complète (fig. 217, no 1).
Assiette à marli. Décor d’engobe clair. Forme complète (fig. 217, no 2).
111● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Cruche. Vernis vert. Fragment de bord (inv. 2201).
Vase de stockage, petite jarre à bord en bandeau. Vernis jaune ne recouvrant pas le bord. Fragments de bord, panse et fond. Voir contexte 1‑349.
Contexte 1‑339
112● Vernissée pisane
Assiette à large marli. Décor incisé polychrome simplifié. Fragment de bord.
Contexte 1‑221
113● Pipes
Pipe à petit fourneau. Talon marqué EB ou FB. Tuyau à trou de diamètre compris entre 2,5 et 3 mm (inv. 2222).
114● Faïence espagnole
Assiette de forme très plate. Décor aux reflets métalliques. Fragment de fond et fragment de marli sans bord (fig. 212, no 5).
115● Faïence italienne
Vase fermé. Décor bleu et vert. Fragment (inv. 2221).
Plat de Montelupo. Décor de crosses, bleu et orange. Fragments de bord. Résiduel ? (inv. 2198.)
Plat ligure. Décor a fascia con palmette. Fragment de panse (inv. 2207).
116● Vernissée pisane
Assiette. Décor incisé polychrome : blason. Fragment de fond (inv. 2217).
Assiette. Décor incisé polychrome : œillet. Fragment de fond (inv. 2216).
117● Culinaire varoise
Jatte carénée. Fragment de bord (inv. 2069).
Jatte carénée. Fragment de bord (inv. 2223).
118● Réfractaire de Vallauris
Marmite à bord long sans canal. Fragment de bord avec anse (inv. 2068).
Marmite à bord long à canal peu marqué. Fragment de bord avec anse (fig. 220, no 2). Musée d’histoire de Marseille (MHM).
Marmite à bord long à canal. Fragment de bord avec départ d’anse (fig. 220, no 1).
Marmite à bord long à canal. Fragment de bord avec départ d’anse (inv. 2209).
Marmite à bord rond à gorge extérieure. Fragment de bord (inv. 2211).
119● Vernissée de type Fréjus
Tian à bord droit arrondi. Forme complète (fig. 219, no 4).
Tian à marli court. Fragment de bord (inv. 2205).
Tian à marli court. Fragment de bord (inv. 2206).
Petite jarre. Fragment de bord (inv. 2199).
120● Vernissée de la vallée du Rhône
Assiette à paroi épaisse. Non décorée, vernis jaune. Fragment de bord.
Assiette à paroi mince. Décor d’engobe jaspé et vernis vert. Fragment de fond.
121● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Écuelle. Décor d’engobe jaspé et vernis tacheté. Forme complète (fig. 221, no 2). MHM.
Écuelle. Vernis tacheté. Oreille (inv. 2214).
Assiette. Décor d’engobe jaspé et vernis tacheté. Fragment de fond.
Petit tian. Décor d’engobe jaspé et vernis tacheté. Fragment de bord (inv. 2213).
Plat à marli court. Décor d’engobe jaspé et vernis tacheté. Forme complète (inv. 918). MHM.
Pot de chambre. Décor d’engobe clair. Fragment de panse.
Pot de chambre. Vernis extérieur vert. Forme complète (inv. 919). MHM.
Bouteille. Décor d’engobe jaspé et vernis tacheté. Fragment de panse et de bord.
Petite jarre. Engobe blanc et vernis intérieur. Fragments de fond et bord (inv. 2071).
Contexte 1‑220
122● Pipes
Fragment de tuyau à large trou (+ de 2,5 mm). Trois losanges à fleurs de lys disposés en quinconce.
123● Vernissée pisane
Assiette. Décor incisé polychrome : blason. Fragment de fond (inv. 2196).
Assiette. Décor incisé polychrome : œillet. Fragment de fond (inv. 2195).
124● Culinaire varoise
Grand toupin. Fragment de fond.
125● Vernissée de type Fréjus
Grand tian. Vernis vert. Fragment de bord avec préhension.
Grand tian. Vernis jaune. Fragment de bord.
126● Vernissée de la vallée du Rhône
Plat. Vernis jaune. Fragment de fond identique à la forme de la figure 217, no 1 (inv. 2093).
127● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Écuelle à fond concave. Engobe jaspé et vernis tacheté. Fragment.
Écuelle à fond concave. Engobe blanc non décoré. Fragment de fond.
Écuelle à fond concave. Engobe blanc non décoré. Fragment de bord.
Grand plat à marli. Engobe rouge non décoré. Fragment de bord (colle avec 1‑219) (fig. 221, no 4).
Vase à liquide à charnière. Vernis vert. Fragment de bord avec départ d’anse et oreille de charnière.
Tirelire. Fragment de fond, panse jusqu’à la fente.
Tirelire. Fragment de fond.
Contexte 1‑219
128● Vernissée de type Fréjus
Assiette sans marli ? Vernis vert. Fragment de bord.
129● Vallée de l’Huveaune
Grand plat à marli. Fragment de bord, voir contexte 1‑220 (fig. 221, no 4).
Vase à liquide. Décor d’engobe clair. Fragment de panse (traces technologiques ?) (inv. 2137).
Contexte 1‑152 (=1‑154 ; =1‑264)
130● Vernissée espagnole
Grand plat type bassin (tian). Fragment de bord, ∅ extérieur environ 42 cm (inv. 2174).
131● Faïence italienne
Assiette ligure. Décor a fascia con palmette. Fragment de panse (inv. 2171).
132● Vernissée pisane
Assiette. Décor incisé rayonnant. Fragment de fond (fig. 216, no 2).
133● Culinaire à pâte noire
Marmite. Forme complète, avec anse (inv. 1015).
134● Vernissée de type Fréjus
Écuelle. Vernis jaune. Fragment de fond (inv. 2173).
Petite jarre. Fragment de bord, bec tubulaire.
135● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Pot de chambre. Décor d’engobe clair. Fragment de fond.
Vase à liquide. Décor d’engobe clair. Fragment de panse.
Contexte 3‑939
136Ancien no 3‑384 ; de nombreux fragments de cette US recollent avec les précédents.
137● Pipes
Fragments de tuyaux.
138● Faïence italienne
Assiette. Décor polychrome dit compendiario (Ricci 1985 : 146‑151). Fragment de bord (inv. 2098).
139● Vernissée italienne
Assiette. Décor incisé polychrome. Fragment de bord.
Écuelle. Décor incisé polychrome. Fragment de bord.
140● Vernissée de type Fréjus
Petite jarre à trois anses et bec tubulaire. Fragment de bord (inv. 2070). Recolle avec le contexte 1‑220.
141● Céramique à pâte claire micacée
Objet piriforme à fonction indéterminée. Engobe rouge. Partie supérieure (inv. 2062).
Objet à fonction indéterminée. Peut‑être le même objet que 2062. Fragment de bord (inv. 2063).
142● Biot ?
Petite jarre. Fragment de bord (inv. 2094).
143● Vernissée de la vallée du Rhône
Plat. Vernis jaune. Fragment de fond identique à la forme de la figure 217, no 1. Recolle avec le contexte 1‑221 (inv. 2093).
144● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Écuelle. Engobe jaspé et vernis tacheté. Fragment de bord. Recolle avec les contextes 1‑340 et 1‑349 (fig. 221, no 1).
Petit tian. Engobe jaspé et vernis tacheté. Fragment de bord.
Contexte 1‑292
145● Vernissée non identifiée
Plat à marli. Décor incisé très soigné et rehauts de polychromie aux oxydes de fer et de cuivre. Forme complète (inv. 93).
6.3.2.2 Dernier comblement du fossé médiéval
146La série d’unités stratigraphiques 3‑246, 3‑238, 3‑239, 3‑240, 3‑242 et 3‑241 comble, à l’emplacement de l’ancien fossé, un premier négatif. Un creusement postérieur de ces niveaux est progressivement rempli par l’unité stratigraphique 3‑208, regroupée avec 3‑210, 3‑206 et 3‑222 (cf. supra § 4.2.3.2). Après analyse de leur mobilier, ces contextes céramiques apparaissent contemporains et de même type de la base au sommet de la séquence stratigraphique. Aucune distinction chronologique ne peut être établie entre les niveaux supérieurs et inférieurs. Dans ces conditions, une fois le système de curage constaté, la « récupération » de céramiques dans un but simpliste de collecte d’objets aurait présenté un grand intérêt pour la connaissance de la céramique de cette période. En effet, la fragmentation des objets et de la documentation et les difficultés d’identification sont telles qu’à l’heure actuelle des objectifs aussi primitifs demeurent valables.
Contexte 3‑246
147● Faïence espagnole
Plat. Décor bleu, vert et manganèse. Fragment de bord (inv. 169).
148● Faïence italienne
Écuelle de Montelupo. Décor de mosaïque et point (inv. 2121).
Plat ligure. Décor a fascia con palmette. Fragment de fond (inv. 2120).
149● Vernissée pisane
Plat. Décor a stecca, vernis marron. Fragment de bord (inv. 2116).
Plat. Décor a stecca, vernis vert. Fragment de fond (inv. 2117).
Écuelle. Décor incisé polychrome : œillet. Fragment de fond.
Plat. Décor incisé polychrome : blason. Fragment de fond (inv. 2118).
Plat. Décor rayonnant incisé. Fragment de fond (inv. 2119).
Plat à marli long. Fragment de bord.
150● Culinaire varoise
Jatte carénée. Fragment de bord (fig. 218, no 6).
151● Réfractaire de Vallauris
Marmite à bord allongé. Fragment de bord (fig. 218, no 4).
152● Vernissée de type Fréjus
Écuelle. Fragment de fond.
Écuelle. Fragment de bord. Cruche. Fragments de bord.
153● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Écuelle. Décor d’engobe clair. Fragment de panse.
Assiette de forme archaïque. Engobe jaspé. Forme complète (fig. 221, no 7).
Plat. Décor d’engobe clair et vernis vert. Fragment de panse, indices technologiques.
Pot de chambre ? Décor d’engobe clair. Fragment de panse et col.
Pot de chambre. Décor d’engobe clair. Fragment de panse, indices technologiques.
Contexte 3‑237/238
154● Faïence espagnole
Écuelle. Décor ? Fragment de fond.
155● Vernissée pisane
Écuelle. Décor incisé polychrome intérieur et extérieur. Fragment de panse.
Écuelle. Décor incisé polychrome intérieur et extérieur. Fragment de panse.
156● Réfractaire de Vallauris
Marmite à bord long. Fragment de bord avec départ d’anse.
157● Vernissée de type Fréjus
Grand plat à marli épais. Fragment de bord.
Pot de chambre. Fragment de bord.
158● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Pot de chambre. Décor d’engobe clair. Fragment de panse.
Écuelle. Décor d’engobe clair. Fragment de bord avec départ d’anse (inv. 2180).
159● Vernissée à identifier
Écuelle. Décor incisé polychrome. Fragment de bord (inv. 2088).
Écuelle. Décor incisé polychrome. Fragment de bord (inv. 2142).
Contexte 3‑238/242
160● Vernissée pisane
Plat. Décor incisé polychrome. Fragment de panse.
Plat. Décor incisé a stecca, vernis incolore. Fragment de panse.
161● Réfractaire de type Uzège
Marmite. Fragment de bord.
162● Vernissée de type Fréjus
Écuelle. Fragment de bord. Plat. Fragment de bord. Pichet. Fragment de fond.
Contexte 3‑242
163● Vernissée pisane
Assiette. Décor incisé polychrome : œillet. Fragment de fond.
Assiette. Décor incisé rayonnant. Fragment de fond.
164● Culinaire varoise ?
Plat à marli. Fragment de bord.
165● Réfractaire de type Uzège
Plat ? Fragment de bord.
Marmite. Fragment de bord.
166● Vernissée de type Fréjus
Écuelle. Fragment de bord.
167● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Bouteille. Décor d’engobe clair ? Fragment de bord.
Écuelle. Décor d’engobe clair. Fragment de fond.
Contexte 3‑239
168● Faïence italienne
Assiette. Décor bleu a fascia con palmette. Fragment de panse (inv. 2122).
169● Vernissée pisane
Assiette. Décor incisé polychrome : blason. Fragment de fond.
Plat. Décor a stecca, vernis jaune‑brun. Fragment de fond.
170● Culinaire varoise ?
Toupin. Fragment de bord.
171● Culinaire à pâte noire
Marmite. Fragment de bord avec départ d’anse (inv. 2125).
172● Réfractaire de Vallauris
Marmite à bord à canal. Fragment de bord (inv. 2127).
173● Vernissée de type Fréjus
Écuelle. Fragment de bord (fig. 215, no 1).
Écuelle. Fragment de bord (fig. 215, no 2).
174● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Écuelle à oreille carrée découpée. Décor d’engobe clair. Oreille.
Tian. Décor d’engobe clair. Fragment de bord (inv. 2170).
Plat type tian à lèvre arrondie. Décor d’engobe clair. Fragment de bord avec anse verticale (inv. 2067).
Vase à liquide. Décor d’engobe clair. Fragment de fond.
Contexte 3‑240
175● Faïence italienne
Cruche ligure. Décor bleu. Fragment de bec (inv. 2162).
176● Vernissée pisane
Assiette à marli court. Engobe jaspé bichrome. Fragment de bord (inv. 2134).
177● Vernissée de type Fréjus
Pot de chambre. Fragment de bord.
Pot de chambre. Fragment de fond jusqu’au marli (fig. 215, no 8).
Contexte 3‑241
178● Faïence espagnole
Écuelle. Décor de reflets métalliques. Oreille.
Plat ? Décor de reflets métalliques, émail transparent. Fragment de fond.
179● Faïence italienne
Plat de Montelupo. Décor bleu. Fragment de panse.
180● Vernissée pisane
Plat. Décor a stecca, vernis orangé. Fragment de fond (inv. 2138).
Plat. Décor a stecca, vernis vert. Fragment de bord.
181● Culinaire à pâte noire
Marmite. Fragment de bord avec départ d’anse (fig. 218, no 9).
182● Réfractaire de Vallauris
Marmite à bord à canal. Fragment de bord avec arrachement d’anse (inv. 2131).
Marmite à bord sans canal. Fragment de bord avec anse (inv. 2132).
183● Vernissée de type Fréjus
Écuelle. Fragment de bord (fig. 215, no 3).
184● Vernissée non identifiée
Écuelle à oreille polylobée découpée. Décor incisé et vert. Fragment de bord et oreille (inv. 2060).
185● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Écuelle. Décor d’engobe clair. Fragment de bord et départ d’oreille.
Tian. Décor d’engobe clair. Fragment de panse.
Cruche. Décor d’engobe clair. Fragment de panse et bec.
Petite cruche. Décor d’engobe clair. Fragment de bord.
Pot de chambre. Décor d’engobe clair. Fragment de bord.
Écuelle. Extérieur brut. Fragment de bord.
Contexte 3‑208
186● Vernissée pisane
Assiette. Engobe jaspé polychrome. Fragment de fond.
187● Culinaire varoise ?
Toupin ? Ø du fond environ 9 cm. Engobe blanc intérieur. Fragments de fond et de col.
188● Vernissée de type Fréjus
Plat à bord bifide. Fragment de bord.
Assiette à marli. Fragment de bord.
Petite jarre. Fragments de bord et panse.
Jouet ou salière ? Très petit vase ouvert. Émail intérieur seul, non décoré. Forme complète (fig. 219, no 1).
Contexte 3‑210
189● Vernissée de type Fréjus
Écuelle avec préhension. Vernis jaune. Forme complète (fig. 215, no 7).
Contexte 3‑206
190● Faïence italienne
Vase fermé de Montelupo. Décor bleu dit a fascia con palmette. Fragment de panse (inv. 2122).
191● Vernissée pisane
Plat à marli long. Décor incisé polychrome. Fragment de bord (fïg. 216, no 3).
192● Réfractaire de Vallauris
Marmite à bord long. Fragment de bord.
193● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Écuelle. Décor d’engobe clair. Fragment de panse.
Vase à liquide. Décor d’engobe clair ? Fragment de bord.
Petite jarre. ∅ ouverture environ 20 cm. Fragment de bord.
Contexte 3‑222
194● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Pot de chambre. Décor d’engobe clair. Fragment de bord.
6.3.2.3 Nouveau mur d’enceinte du Plan Fourmiguier
195En zone 3, le comblement de la tranchée de fondation du mur M 40 (cf. supra § 4.23.3) a livré un mobilier intéressant dans les unités stratigraphiques 3‑254 (regroupée avec 3‑273 lors de la fouille) et 3‑274.
Contexte 3‑274
196● Vernissée pisane
Écuelle. Décor incisé polychrome : œillet. Fragment de fond.
Plat. Décor incisé polychrome : œillet. Fragment de fond.
Plat. Décor incisé polychrome : œillet. Fragment de fond.
197● Réfractaire de Vallauris
Marmite à bord long sans canal. Fragment de bord avec anse (inv. 2097).
198● Céramique à pâte claire micacée
Jatte. Fragment de bord et de fond, forme complète ? (fig. 218, no 7).
199● Culinaire varoise ?
Plat à marli. Engobe rouge non décoré. Fragment de bord (fig. 218, no 8).
200● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Cruche. Vernis vert. Fragment de bord (col non dégagé) (inv. 2096).
Pichet. Engobe jaspé et vernis tacheté. Fragments de panse (inv. 2238).
Pichet à charnière. Vernis vert. Fragment d’anse.
Contexte 3‑254 + 273
201● Pipes
Fragment de tuyau. Ø du trou : 3 mm.
202● Vernissée pisane
Plat à marli court. Décor jaspé. Fragment de bord (inv. 2240).
203● Culinaire varoise
Jatte. Fragment de bord (inv. 2241).
Jatte. Fragment de bord (inv. 2242).
204● Vernissée de la vallée du Rhône
Plat à large marli. Vernis vert. Fragment de bord recollant avec le contexte 1‑340 (fig. 217, no 1).
205● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Assiette. Décor d’engobe clair. Fragment de fond.
Plat à marli. Engobe jaspé et vernis tacheté. Fragment de bord.
Tian. Engobe jaspé et vernis tacheté. Fragment de bord.
Écuelle. Engobe jaspé et vernis tacheté. Oreille.
Pichet. Engobe jaspé et vernis tacheté. Fragment de panse.
Pot de chambre. Décor incisé polychrome floral (ancien ?). Fragment de fond (fig. 222, no 1).
Grande jatte à bec et anse verticale. Fragment de bord et départ d’anse.
6.3.2.4 Comblement isolé
206Un comblement isolé du reste de la stratigraphie a fourni un petit lot de mobilier aux associations intéressantes. Sa fouille n’a malheureusement pu être que partielle.
Contexte 3‑204
207● Faïence italienne
Assiette. Décor bleu a fascia con palmette. Fragment de fond (inv. 2194).
208● Vernissée pisane
Assiette à bord déversé. Décor jaspé polychrome. Fragment de bord.
209● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Écuelle. Décor d’engobe clair. Fragment de bord avec départ d’anse (fig. 221, no 3).
Écuelle. Décor d’engobe clair. Fragment de fond (inv. 2178).
Grande jatte à bec pincé. Fragment de bord (fig. 221, no 8).
6.3.3 Conclusion pour le xviie s.
210L’examen des contextes céramiques du milieu du xviie s. confirme la plupart des observations précédemment effectuées dans la cité marseillaise. Nous noterons quelques absences, telle celles des céramiques islamiques. De rares fragments, au nombre d’une dizaine environ, nous permettent de savoir que ces objets d’art (et non vases d’usage) ont circulé à Marseille dans le courant du xviie s. (exemples à Saint‑Victor et sur la fouille du musée César). Compte tenu de leur rareté par ailleurs, nous ne nous étonnerons pas que ce chantier n’en ait livré aucun fragment.
211Les faïences espagnoles ont presque complètement disparu, ainsi que nous l’avions remarqué par ailleurs. Leur production n’a pourtant pas cessé. Les trois fragments mentionnés (moins de 0,2 %) ne peuvent servir de base à aucune démonstration.
212Parmi les céramiques à revêtement stannifère, les faïences italiennes, malgré leur très faible représentation de 2 %, sont assez bien réparties à travers les contextes. Leur petit nombre nous inclinerait à penser que le niveau de vie des occupants du quartier n’est pas très élevé à cette date. Les faïences ligures à décor a fascia con palmette sont les plus courantes.
213Nous ne serons malheureusement pas mieux documentés après cette étude sur les vernissées italiennes (fig. 216). Leur volume est assez faible (8,8 %) si l’on considère que sur le site de Saint‑Victor elles occupaient 49 % du vaisselier.
214Les céramiques culinaires proprement dites et celles plutôt considérées comme des accessoires de cuisine constituent plus du tiers (37,34 %) des fragments, chiffre moyen pour un site urbain. Elles étaient moins nombreuses dans la période précédente, et nous allons voir qu’elles ne constituent plus sur ce site que 6 à 10 % de l’équipement au xviiie s. Le quart du total des fragments est constitué de réfractaires de Vallauris (fig. 220).
215Sont réapparues ici des écuelles très caractéristiques à décor incisé polychrome, relativement bien présentes, mais dont l’origine reste entièrement à déterminer.
216Si les céramiques vernissées de Fréjus (fig. 219) semblent encore bien se maintenir avec plus de 20 % des fragments, ce chiffre pose le problème, récurrent, de l’absence de typo‑chronologie : il est aujourd’hui encore impossible de connaître la datation des céramiques de Fréjus entre 1500 et 1650, alors que leur importation a été massive en Méditerranée nord‑occidentale. Ces 20 % peuvent donc être surestimés sans moyen pour nous de tendre vers plus de précision.
217La production locale (située dans un vaste rayon d’une trentaine de kilomètres à l’est et au N‑E de Marseille) commence à faire preuve d’une maîtrise technologique et économique étonnante. Seules quelques céramiques culinaires de peu d’avenir (fig. 218) sont encore sur le marché. Le reste de la production, représentant ici le quart des fragments, a investi le créneau de la vaisselle de table, en misant sur la couleur pour un éventail encore simple mais complet de formes. Ainsi, la monochromie n’est pas la règle, ni le décor l’exception. Les engobes jaspés, dont on pourrait dire qu’ils imitent les vernissées pisanes, sont déjà très en vogue. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer à la vision de ces rendus informels, des marbrures correctement diffusées sur les vases, en particulier sur les pichets, requièrent un grand savoir‑faire. Il est pour l’instant impossible de connaître la généalogie précise de la technique et des motifs de décors d’engobe clair (les cercles et les losanges reportés en série ; fig. 221, no 5). Ceux‑ci mettent cependant en œuvre une volonté de maîtrise de la matière extrêmement intéressante. Ces décors, parfois hâtivement baptisés « au barrolet » (du nom de la poire à engobe utilisée, au xixe s. surtout, dans certains centres de production) n’ont, sur aucun des exemplaires ici répertoriés, été ainsi réalisés. Notre propos n’est pas de nier l’utilisation de cet instrument dans de nombreuses productions de vaisselle vernissée commune. Cependant, une certaine connaissance de la production de l’Huveaune nous conduit aujourd’hui à affirmer qu’une grande part des décors de type géométrique exécutés à l’engobe est appliquée en série. L’examen minutieux des motifs de cercles les fait apparaître parfaits et parfaitement semblables sur un même vase, leur taille variant d’un vase à l’autre. Un indice, peu fréquent mais non exceptionnel, vient ensuite confirmer ce qui n’était au départ qu’une hypothèse : des traces en creux d’un ustensile appliqué et non raclé à la surface de l’engobe de fond. Notre enquête révèle alors que les motifs répétitifs en losange ou en forme de citron sont issus de la même technique. Les taches en forme de virgule sont en revanche posées à main levée, à l’aide d’un pinceau très large et très souple, ou peut‑être directement avec les doigts (nos investigations sont en cours).
218Cette technique, malgré son efficacité, ne permet ni de varier beaucoup les motifs, ni de diversifier les couleurs, et confère au vase un aspect « rigide ». Elle est abandonnée, assez soudainement si l’on en croit l’archéologie marseillaise, vers les années 1660, et remplacée par l’incision rehaussée de polychromie, inspirée au départ des vernissées pisanes. Peu d’exemples sont issus de ce site.
219Cette période est en revanche relativement bien documentée par d’autres chantiers marseillais, dont celui de la Charité (Abel 1987 ; Abel, Amouric 1995) ; c’est approximativement entre les années 1660 et 1710 que les ateliers de l’Huveaune voient leur apogée commercial et varient à loisir formes et décors de manière suffisamment caractéristique pour offrir des marqueurs fiables. Très peu de traces en subsistent sur le chantier du Général‑de‑Gaulle dont la céramique (fig. 222) ne permet en rien de déceler la richesse de cette période : seuls six contextes, réunissant une petite vingtaine de tessons, sont datés de la fin du xviie s. Nous nous laisserons donc conduire directement jusque vers 1720 par le mobilier lui‑même.
6.4 Les prémices de l’industrialisation : le xviiie s.
220La période considérée s’ouvre dans les années 1720‑1730, moment où les ateliers de céramique vernissée de l’Huveaune réduisent la variété, mais non le volume, de leur production, où les centres faïenciers sont en plein essor et où les céramiques vernissées d’Albisola apparaissent. Elle s’achève à la fin du siècle, marqué par la disparition des ateliers locaux de faïence, et l’utilisation (bien qu’encore peu courante) de matériaux céramiques nouveaux produits industriellement, faïence fine et porcelaine commune.
221La céramique de cette période est relativement mieux connue que les précédentes, sans pour autant qu’il soit possible, dans l’état actuel des recherches, d’en dresser un tableau précis. Les niveaux et ensembles du xviiie s. permettant une meilleure connaissance de la céramique utilisée à Marseille sont plus nombreux que ceux des siècles précédents, même s’ils manquent souvent d’indications stratigraphiques solides.
222Vingt‑quatre puits modernes ont été fouillés sur le site de la Bourse entre 1967 et 1984. Leurs comblements ont livré plusieurs centaines d’objets sous la forme de 12 000 fragments environ, des cruches et des pichets de la dernière période d’utilisation, mais aussi des vases divers jetés en même temps que des déchets domestiques après abandon du puits. Ces céramiques font preuve d’une période de sédimentation courte, où, par exemple, les différentes vaisselles vernissées italiennes, pisanes à décor incisé et brunes à taches noires d’Albisola, se succèdent sans se rencontrer. Leur apport pour le xviiie s. est pionnier et riche.
223Lors de la fouille des Carmes, une fosse, sans chronologie relative ni monnaie ou autre matériel, contenant des céramiques datant du milieu du xviiie s. environ, a été vidée sur le chantier des Équipements publics en 1982 (sous la responsabilité de M. Willaume).
224L’un des apports récents les plus importants à la céramologie du xviiie s. à Marseille est constitué par l’ensemble issu du remblaiement d’une fosse d’inhumations de victimes de la peste en 1722, fouillé sur le chantier de la rue Leca (placé sous la responsabilité de F. Conche).
225Le chantier du musée César, dans sa partie médiévale, n’a permis d’étudier qu’un seul ensemble intéressant de céramiques du xviiie s., un dépotoir assez riche (mais dépourvu de chronologie relative, monnaie ou autre matériel) associant diverses pièces de vaisselle, notamment de la faïence décorée.
226Ce rapide inventaire des ensembles homogènes de céramiques du xviiie s. de la cité marseillaise rend bien compte d’une situation pour le moins paradoxale : cette période qui, par sa proximité, peut sembler parfaitement explorée, n’est pas sans inconnues lorsqu’un état des données en céramologie est fait. Notons au passage qu’aucun de ces ensembles n’a encore pu bénéficier d’une publication à caractère scientifique. Les indications qui vont être données dans ce bilan des connaissances sur le xviiie s. à Marseille conservent pour la plupart un caractère provisoire dû précisément à l’absence de recherches approfondies qui sont généralement réalisées dans l’optique d’une publication.
6.4.1 Les productions
227La porcelaine de Chine a atteint dès la fin du Moyen Âge les cours européennes qu’elle séduisit par ses décors exotiques et sa transparence. Cette catégorie, rare en fouille, présente l’intérêt d’avoir servi de modèle idéal à de nombreux centres céramiques. Ceux‑ci s’essayèrent aux imitations, d’abord limitées aux décors sur faïence (Delft, Ligurie, faïenceries françaises), car la matière elle‑même, une pâte blanche, cuite à des températures hautes, vitrifiée et translucide, leur resta longtemps inaccessible. Les fragments de ces vases de très grand prix étaient absents du mobilier terrestre des fouilles de Marseille (quelques objets sans contexte ont été retirés du port de Pomègues, zone de quarantaine au xviiie s.). Cette situation confère donc aux fragments de trois vases retrouvés sur le chantier un caractère de notable exception.
228Deux catégories nouvelles, appelées à un fort développement, font leur apparition dans cette période, la porcelaine fabriquée en Europe et la faïence fine.
229Le secret de la composition de la pâte de la porcelaine, qui contient une argile particulière, le kaolin, n’est compris par les Européens qu’au début du xviiie s. Des gisements sont découverts en Saxe, puis à Limoges une soixantaine d’années plus tard. La porcelaine européenne a connu un très fort développement dès le milieu du xviiie s., avant de se populariser au xixe s. Limoges produit dès 1771 et, à Marseille, Gaspard Robert s’établit en 1775 (Arnaud d’Agnel 1910). Nous retrouvons pour cette imitation le caractère d’exception de son modèle d’origine. Seuls deux objets sont répertoriés sur ce site. Cette catégorie constitue cependant, avec la suivante, les deux nouveautés appelées à un fort développement.
230La faïence fine n’est pas une faïence dans le sens où il s’agit d’une argile recouverte d’un vernis plombifère et non stannifère. On devrait donc lui préférer l’appellation de « vernissée fine » (ou « poterie fine » comme le font les chercheurs canadiens), ou encore les « terre de pipe » et « terre de fer » de jadis. Née au début du xviiie s., en Angleterre, de la découverte fortuite que l’os broyé permettait de blanchir artificiellement une argile, cette nouvelle céramique de luxe connaît un succès très rapide. Lui sont appliquées des méthodes de production de la faïence stannifère, puis rapidement des méthodes industrielles (Guillemé‑Brulon 1995). Bien qu’il s’agisse là de l’une des catégories phares du xixe s., sa présence est confirmée ici pour la première fois, d’une part par la production régionale d’Apt, d’autre part par des objets de provenance septentrionale.
231Contrairement aux deux catégories précédentes, la faïence italienne s’inscrit dans la continuité des siècles précédents. Au xviiie s., la Ligurie semble devenir le seul fournisseur de faïence étrangère, exportant vers Marseille des assiettes blanches sans décor, fabriquées dans la région de Gênes, et quelques autres le plus souvent sommairement décorées. Les faïences italiennes qui se retrouvent à Marseille se distinguent des provençales par des pâtes plus tendres, des parois plus épaisses, un revêtement émaillé moins soigné et des décors moins recherchés. En effet, les faïences italiennes perdent, pour la plupart, au début du xviiie s., le statut d’objets de luxe qui était le leur dans les périodes précédentes. Les assiettes blanches de Ligurie, qui se remarquaient dès la fin du xviie s. à Marseille, ne bénéficient pas encore d’une chronologie très fine, bien que des variations typologiques aient pu être ponctuellement observées. Elles occupent 14 % des fragments et 14 % du nombre d’objets minimum pour le xviiie s. sur ce site.
232La faïence régionale n’a pas été évoquée pour la période précédente car son apparition se situe dans le dernier quart du xviie s., période presque impalpable sur ce chantier. Les objets regroupés dans la catégorie des faïences régionales peuvent provenir de plusieurs centres faïenciers provençaux, Marseille et Moustiers bien sûr, mais aussi Aubagne, Varages, et peut‑être Montpellier (Arnaud d’Agnel 1910 ; Bertrand 1983 ; Desnuelle 1984). Les formes et les décors des nombreux ateliers provençaux sont très proches, les critères stylistiques adoptés parfois pour les différencier ne peuvent avoir cours ici. Les pâtes très épurées sont pour la plupart difficiles à distinguer par un seul examen visuel. La plupart des vases, dont les fouilles témoignent à partir de la fin du xviie s., suivent des schémas formels et décoratifs faciles à répéter d’un centre à l’autre. La rareté de ces objets, conjuguée à celle des contextes conservés, ne permet pas de disposer d’un matériel d’étude suffisant pour une définition de groupes à partir de l’examen des argiles ou pour l’établissement de typologies fiables. Si l’on considère cependant que les centres faïenciers étaient soumis, pour leurs productions intermédiaires, aux mêmes contraintes de mode que celles notées pour les ateliers de terres vernissées, leurs productions doivent certainement pouvoir être datées plus finement. Ce sont les matériaux d’étude qui manquent pour améliorer la chronologie de ces objets qui sont assez bien représentés dans la plupart des contextes intéressants de ce site.
233Il n’est pas aisé d’évaluer avec précision si les céramiques vernissées italiennes changent radicalement de statut dans la première moitié du xviiie s., comme nous l’avons constaté pour les faïences, mais ceci reste vraisemblable si l’on se réfère à leur nombre parmi le mobilier des fouilles de Marseille et à des critères technologiques évidents. Cette céramique vernissée, qu’un aspect brillant et des parois minces (faisant les vases légers) devaient rendre attrayante, devient la seule production de vernissée italienne reconnue en Provence pour cette période, et ceci en très grande quantité. L’effectif des céramiques d’Albisola est en effet en augmentation par rapport à leurs aînées pisanes ; elles s’en distinguent aussi par leur facture plus rapide, les rapprochant plutôt d’une production à moindre coût (formes simplifiées, décors informels...).
234Les formes ouvertes restent les mieux diffusées, tels que les assiettes, les plats et les écuelles (plus rares), mais apparaissent alors des terrines, des couvercles, des cafetières, etc.
235Comme pour l’essentiel des productions de vernissées italiennes, la chronologie des céramiques vernissées à taches brunes d’Albisola est à préciser. Leur date d’apparition à Marseille se situe vraisemblablement après 1720, si l’on en croit les données fournies par la fouille de la rue Leca, où le comblement de fosse à inhumations de pestiférés, précisément daté de 1722, n’en recelait pas, alors que cette céramique est de règle sur les tables ordinaires au xviiie s. Présente, elle l’est cependant en faible quantité sur ce site.
236Premières dans le domaine des réfractaires, les céramiques culinaires de Vallauris constituent la presque totalité de la batterie de cuisine du xviiie s. Leur évolution n’est pas encore vraiment discernable, si tant est qu’elle soit réelle. La marmite du xviiie s. est déclinée selon des tailles fort variées, sa caractéristique étant un bord approximativement carré. Elle est fréquemment accompagnée de sa seule alternative, un poêlon à queue tubulaire et bec pincé (Poteur 1976).
237Les ateliers ligures semblent absents du marché de la céramique culinaire à Marseille. La prudence est pourtant de mise, car les potiers ligures auraient utilisé des terres achetées à Vallauris pour confectionner des formes qui seront plus tard adoptées à Vallauris, comme la marmite droite.
238Dès le début du xviiie s., les fournisseurs de vaisselle culinaire sont donc à peu près réduits à deux sur le marché marseillais. L’Uzège bénéficie de la disparition des productions varoises, proposant sur le même principe du vase polyvalent (pichet ou grand plat par exemple) des vases de bonne qualité en pâte réfractaire (Thiriot 1985), alors que le secteur des marmites est entièrement abandonné aux productions de Vallauris. Elle est pourtant marginalisée sur ce site.
239La tradition ferait remonter, de même que pour les marmites de Vallauris, la naissance des jarres de Biot à la fin du xve s. (Mari 1996). On ne les remarque cependant pas à Marseille avant la fin du xviie s. environ. Une typo‑morphologie approximative a été établie dans les années 1950, sans que nous ayons encore la possibilité de l’utiliser ou de la vérifier, ces très grands vases ne nous donnant que rarement l’occasion d’apercevoir leur forme. Des pots à raisin, dont l’intérieur est engobé, sont aujourd’hui rattachés à la production de Biot.
240Contrairement à leur situation précédente, on situe relativement bien dans la première moitié du xviiie s. la vaisselle commune et lourde de la vallée du Rhône, compensant des formes peu originales par des décors qui le sont davantage : les assiettes et les plats creux sont ornés d’engobes jaspés ou disposés en petits cercles réguliers, points ou croix ; les cruches s’ornent souvent sur leurs flancs de petits masques ou représentations religieuses en applique. Leur évolution, dans la seconde partie du siècle principalement, est mal établie. Elles constituent environ un dixième des fragments du xviiie s.
241Remarquées en premier lieu dans les comblements de puits du chantier de la Bourse, ces céramiques vernissées de la basse vallée du Rhône sont plus courantes au début du xviiie s. que dans la période précédente. Cet état de fait a été confirmé nettement par la fosse à inhumations du chantier Leca. Les céramiques vernissées de la vallée de l’Huveaune y étaient plus nettement concurrencées, situation que nous expliquons plus volontiers par un événement historique particulier que par un dynamisme nouveau de ces ateliers du Rhône. En effet, leurs productions restent plus ternes et plus lourdes que celles de l’Huveaune qui leur sont contemporaines.
242Il est reconnu que l’usage de la pipe en terre, qui s’est répandu durant le xviie s., se fait encore plus courant au xviiie s. Les formes évoluent vers des fourneaux à parois plus minces et régulières, alors que les diamètres intérieurs des tuyaux rétrécissent (2,2 à 1,8 mm). Malgré leur fréquence dans les contextes céramiques du xviiie s. sur d’autres chantiers, elles sont ici absentes de tous les niveaux de cette période.
243Après l’explosion créatrice et commerciale observée dans le troisième quart du xviie s., où la vaisselle vernissée de la vallée de l’Huveaune constituait les trois quarts des objets de céramique utilisés à Marseille, un léger fléchissement s’opère au début du xviiie s., puis les formes et les décors aux engobes se simplifient progressivement tout au long de ce siècle. Ces objets restent des indices chronologiques très fiables : production locale de céramique commune, ces objets sont consommés « en direct », en masse et sans souci d’économie. Un dépotoir du chantier César a fourni des objets connus qui ont contribué à dater sa mise en place de la seconde moitié du xviiie s. et qui ont proposé des datations pour des objets moins bien connus. Ici, c’est entre le tiers et le quart de la céramique du xviiie s. qui est occupé par cette catégorie.
244Nous remarquons donc, après ce tour d’horizon des céramiques utilisées à Marseille au xviiie s., un bilan contrasté : la masse du matériau d’étude a augmenté sur les chantiers par rapport à celle du siècle précédent, en même temps que se simplifiaient les provenances et, pour la plupart des catégories, les productions elles‑mêmes. Cependant, et ceci est bien sûr paradoxal si on considère la proximité de cette période et le volume de mobilier recueilli, les typo‑chronologies font particulièrement défaut, leur établissement étant subordonné à des contextes d’échantillonnage corrects et des moyens d’études suffisants, conditions rarement réunies par l’archéologie marseillaise. Les questions qui demeurent concernent par exemple la date d’apparition en contexte de consommation de la porcelaine européenne qui est censée être produite dès les années 1770, la même interrogation subsistant pour la faïence fine. La faïence régionale de luxe est largement documentée par les historiens de l’art, mais sa place et son aspect en contexte d’utilisation est fort mal documenté. Les céramiques vernissées italiennes n’ont pas encore dévoilé la date à laquelle les albisolaises prennent le relais des pisanes. Nous avons vu que la connaissance des céramiques culinaires souffre d’un manque de typo‑chrononologie, en particulier les marmites de Vallauris, mais aussi celles de l’Uzège. Enfin, si les céramiques vernissées de la vallée de l’Huveaune sont aujourd’hui mieux connues, leur évolution sur le xviiie s. doit être mieux perçue qu’elle ne l’est pour le moment.
245Ce sont une quarantaine de contextes qui ont été situés dans le xviiie s., avec 1 108 fragments à leur actif, soit presque 28 fragments par contexte, mais cette moyenne représente mal la réalité. Six contextes contiennent entre 80 et 200 fragments, alors que 26 en contiennent moins de 10. Parmi les premiers, les contextes retenus pour une contribution à la connaissance de la céramique du xviiie s. utilisée à Marseille sont au nombre de 15, regroupés en 10 ensembles, de volume inégal. Ils totalisent 992 fragments qui formaient 109 vases au minimum.
246Certains de ces contextes possédaient même des terminus ante quem fournis par l’urbanisation du quartier, remanié vers 1765 (1‑535 ; 1‑188 + 1‑342 ; 1‑629 + 1‑133 ; 4‑214 ; 1 ‑226) et rasé en 1820 (1 ‑232 ; 4‑644 + 4‑818 ; 4‑197 + 4‑ 202 ; 4‑213 + 4‑795). Précisons que la seconde date n’offre pas beaucoup d’intérêt pour une étude de la céramique du xviiie s., l’attribution globale à ce siècle étant relativement aisée ; en revanche la première peut être primordiale, les chronologies céramologiques étant assez floues entre les années 1730 et 1780 environ. Un contexte (2‑258) enfin semble pouvoir être précisément daté de 1778.
6.4.2 Catalogue des contextes significatifs
247fig. 223‑234
6.4.2.1 Premier ensemble
248Ce contexte contenait aussi deux monnaies dites Dardenne ou pièces de six deniers frappées entre 1709 et 1712 (inv. 322 et 323). La céramique nous oriente davantage vers un dépôt plus récent, vers 1750 environ, en particulier les cruches de la vallée de l’Huveaune dont les formes et les revêtements sont caractéristiques.
Comblement 1‑535
249● Faïence italienne
Assiette ligure. Non décorée. Fragment de marli.
250● Faïence régionale
Tasse. Décor bleu de broderies. Fragments de panse.
251● Vernissée brune à taches noires d’Albisola
Assiette. Fragments de bord.
252● Réfractaire de Vallauris
Marmite à bord carré. Fragment de bord.
253● Vernissée de la vallée du Rhône
Cruche. Vernis vert extérieur. Fragments de fond et d’anse supérieure.
254● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Cruche. Engobe blanc intérieur, engobe rouge extérieur, vernis tacheté de manganèse. Fragments de bord, bec et anse latérale.
Cruche. Engobe rosé. Fragments de bord.
6.4.2.2 Comblement 1‑342 du puits S 70
255Il serait antérieur à 1765, selon les données de la fouille et des archives. Ce comblement, comprenant 275 fragments, ne contenait aucune céramique de la vallée de l’Huveaune, ce qui est tout à fait exceptionnel pour un contexte de cette période. En revanche, une vingtaine d’objets en faïence, décorés pour certains, des faïences fines et des porcelaines indiquent un niveau de vie plutôt élevé. Ce contexte peut être daté des années 1750 et son dépôt semble très ponctuel.
256● Porcelaine orientale
Bol. Extérieur beige, décor intérieur floral bleu. Fragment de fond (inv. 921). MHM.
257● Faïence fine
Écuelle d’Apt ou du Castelet. Terre claire à vernis jaune. Pied dégagé ; oreille découpée. Entière (inv. 907) (fig. 224, no 2). MHM.
258● Faïence italienne
Soucoupe à paroi verticale. ∅ : 12,5 cm. Non décorée. Entière (fig. 224, no 6).
259● Faïence régionale
Tasse. Non décorée. Entière (inv. 1048).
Soucoupe à paroi verticale. Non décorée. Entière (inv. 2057).
Assiette à bord en accolades. Décor jaune de broderies sur l’aile, de rose au fond. Entière (inv. 873) (fig. 227, no 4). MHM.
Assiette à bord en accolades. Décor polychrome de fleurs (Fauchier ?). Entière (inv. 909) (fig. 227, no 1). MHM. Assiette à bord droit. Ø : 20,5 cm. Décor bleu de bâtonnets sur l’aile, de fleur au fond. Forme complète, non recollée (fig. 228, no 3).
Assiette à bord polylobé et aile en relief. Décor bleu de fleurs jetées. Forme complète (inv. 911) (fig. 227, no 2).
Assiette à bord droit. ∅ : 24 cm. Décor bleu de bâtonnets sur l’aile. Forme complète, non recollée (inv. 1044).
Assiette à bord droit. Ø : 24,5 cm. Non décorée. Entière (fig. 226, no 1).
Assiette à bord droit. Non décorée. Marque en X peinte au revers. Entière (inv. 908). MHM.
Assiette à bord droit. ∅ : 25 cm. Non décorée. Forme complète (inv. 1046).
Petite assiette à bord droit. ∅ : 19 cm. Décor jaune de bâtonnets sur l’aile. Entière mais détériorée (fig. 228, no 4).
Petite assiette à bord droit. Décor jaune de bâtonnets sur l’aile, d’œillet au fond. Entière (inv. 910) (fig. 227, no 3). MHM.
Petite assiette à bord droit. ∅ inconnu. Non décorée. Entière ?
Assiette à bord polylobé. Non décorée. Entière (fig. 226, no 3).
Assiette à bord polylobé. Ø : 24,5 cm. Non décorée. Entière (inv. 1039).
Assiette à bord polylobé. Ø : 24,5 cm. Non décorée. Forme complète.
Assiette à bord en accolades. Décor de broderies jaunes. Fragmentaire, très abîmée (inv. 1045).
Assiette à bord en accolades. Non décorée. Complète (fig. 226, no 7).
Assiette à bord en accolades et mouluré. Non décorée. Fragmentaire, concrétionnée (inv. 1040).

FIG. 223 ‒ Techniques nouvelles. 1, 2, 4 faïence fine ; 3 porcelaine (XVIIIe s.)
DAO V. Abel, F. Parent, J. Isnard/Afan

FIG. 224 ‒ Faïences. 1‑2 régionales ; 3‑6 italiennes
DAO V. Abel, F. Parent, J. Isnard/Afan

FIG. 225 ‒ Soucoupes. 1, 4 décor de petit feu polychrome ; 2, 3 faïence régionale ; 5‑6 faïence italienne (XVIIIe s.)
DAO V. Abel, F. Parent, J. Isnard/Afan, M. Lederc/CNRS

FIG. 226 ‒ Faïences provençales (XVIIIe s.)
DAO V. Abel, J. Isnard/Afan

FIG. 227 ‒ Faïences provençales (XVIIIe s.)
DAO V. Abel, F. Parent, J. Isnard/Afan, M. Lederc/CNRS

FIG. 228 ‒ Faïences provençales (XVIIIe s.)
DAO V. Abel, J. Isnard/Afan

FIG. 229 ‒ Pichet de Val de Saône (XVIIIe s.)
DAO F. Parent/Afan, M. Lederc/CNRS

FIG. 230 ‒ Céramiques vernissées d’Albisola (XVIIIe s.)
DAO V. Abel, J. Isnard/Afan

FIG. 231 ‒ Marmite et poêlon de Vallauris (XVIIIe s.)
DAO V. Abel, J. Isnard/Afan

FIG. 232 ‒ Céramiques vernissées de la vallée de l’Huveaune (XVIIIe s.)
DAO V. Abel, J. Isnard/Afan

FIG. 233 ‒ Cruches vernissées de la vallée de l’Huveaune (XVIIIe s.)
DAO V. Abel, F. Parent, J. Isnard/Afan, M. Lederc/CNRS

FIG. 234 ‒ Brasero de Vallauris
DAO V. Abel, J. Isnard/Afan
260● Vernissée brune à taches noires d’Albisola
Assiette à bord droit. ∅ : 21 cm. Vernis foncé, décor manganèse. Entière (fig. 230, no 3).
Assiette à bord droit. ∅ : 21 cm. Vernis rougeâtre, décor manganèse. Forme complète (fig. 230, no 1).
Assiette à bord droit. Ø : 20,5 cm. Vernis très foncé. Forme complète (fig. 230, no 2).
261● Réfractaire de Vallauris
Marmite à bord carré. Forme complète (fig. 231, no 1).
Poêlon. Fragmentaire (fig. 231, no 2).
6.4.2.3 Comblements du puits S 52
262Avant 1820, selon les données de la fouille et des archives.
Comblement 1‑133
263● Faïence régionale
Assiette à bord droit. Non décorée. Fragment de bord.
264● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Cruche. Vernis vert. Fond et fragment de bord avec bec (inv. 140).
Comblement 1‑629
265● Faïence italienne
Écuelle. ∅ inconnu. Non décorée.
266● Faïence régionale
Assiette à bord droit. Non décorée. Fragment de bord.
Tasse. Décor bleu de grecque. Forme complète (inv. 1016).
267● Vallée du Rhône‑Val de Saône
Pichet. Décor de soleil et volutes à l’engobe clair. Entier (inv. 912) (fig. 229). MHM.
268● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Pichet. Vernis vert. Entier (inv. 2091). MHM.
Cruches ? Vernis vert ?
6.4.2.4 Remblai 4‑214
269Il serait antérieur à 1765, selon les données de la fouille et des archives. Le mobilier de ce remblai est composé exclusivement de céramiques à revêtement stannifère, italiennes pour la plupart et décorées pour certaines.
270● Faïence italienne
Assiette génoise. ∅ inconnu. Non décorée. Forme complète (fig. 224, no 4).
Assiette génoise. L. marli = 3,5 cm. Non décorée. Forme complète (fig. 224, no 3).
Assiette génoise. L. marli inconnue. Non décorée. Forme presque complète, la lèvre manque (inv. 1053).
Assiette ligure. ∅ inconnu. Décor bleu de paysage. La forme est complète, à fond dégagé par tournassage (inv. 1050).
Assiette ligure. Très fragmentée. Décor bleu floral, frise de points sur l’aile. Fond non dégagé par tournassage, identique aux assiettes sans décor, émail épais (inv. 1052).
271● Faïence régionale
Assiette à bord droit. Ø inconnu. Décor bleu de frise de bâtonnets. Petit fragment de bord.
6.4.2.5 Comblement 1‑226 de l’égout S 20
272Il serait antérieur à 1765, selon les données de la fouille et des archives.
273● Porcelaine chinoise
Plat. Extérieur beige, intérieur décor d’architectures sinisantes. Fragment de fond (inv. 922) (fig. 223, no 2). MHM.
Assiette. Extérieur beige, décor floral à rehauts rouge et or. Fragment de fond (inv. 923). MHM.
Vase fermé. Décor extérieur bleu. Fragment proche du fond (inv. 924). MHM.
274● Faïence italienne
Assiette génoise. Non décorée. Fragment de bord. L. du marli : 3,5 cm.
275● Faïence régionale
Plat à bord en accolades. Décor brun de broderies sur l’aile. Fragment de bord.
Plat à bord en accolades. Décor bleu de broderies sur l’aile. Fragment de bord.
Assiette ? Décor floral polychrome de petit feu. Fragment de panse.
Vase fermé ? Décor floral polychrome. Fragment de bord.
276● Vernissée brune à taches noires d’Albisola
Assiette. Vernis très clair. Fragment de bord.
Vase fermé. Fragment d’appendice irrégulier modelé.
277● Réfractaire de Vallauris
Marmite à bord carré. ∅ environ 20 cm. Fragment de bord.
278● Réfractaire de type Uzège
Plat à marli. Fragment de bord.
Plat à marli court et lèvre déversée. Fragment de bord.
Poêlon. Fragment de bord.
279● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Écuelle à fond plat. Vernis extérieur vert, intérieur non décoré. Forme complète, anse manquante (fig. 232, no 3).
Assiette à fond dégagé. Décor d’engobe coulé sur fond rouge. Fragment de fond.
Plat. Décor de rubans à l’engobe. Fragment de panse.
Pot de chambre. Vernis vert à l’économie. Fragment de bord.
Cruche. Décor de taches de manganèse. Fragment de bord à col court, profil à léger ressaut intérieur (inv. 2076).
Pot de fleurs. Vernis vert. Fragment de bord, ∅ environ 27 cm (fig. 232, no 7).
Taraiette. Vase fermé. Fragment de fond.
Taraiette. Pot de chambre ou à conserves. Vernis vert. Fragment de bord, ∅ environ 8 cm (fig. 232, no 4).
Pot à fraises ? Sans revêtement. Fragment de bord (fig. 232, no 6).
Pot à fraises ? Sans revêtement. Fragment de bord (fig. 232, no 5).
6.4.2.6 Fondation de la fontaine S 12 (comblement 2‑258)
280Elle serait construite en 1778, selon les données de la fouille et des archives. La proportion de mobilier résiduel y est assez importante.
281● Porcelaine européenne ?
Assiette. Non décorée. Fragments de fond et de bord.
282● Faïence fine
Assiette. Non décorée. Fragments de marli.
Vase fermé. Apt ? Fragment de panse.
283● Faïence italienne
Assiette ligure. Non décorée. Fragment de panse.
284● Faïence régionale
Assiette à bord droit. Non décorée. Fragment de bord.
285● Origine incertaine
La pâte est du type Vallauris mais le profil est étranger à ce centre ; pourrait provenir d’Italie.
Marmite à bord droit. Forme presque complète, le fond manque (inv. 883).
Marmite à bord droit. Fragment de bord avec anse (inv. 884).
286● Vallée de l’Huveaune
Cruche. Engobe rose foncé extérieur, non décoré, vernis transparent. Fragment de bord, anses supérieure et latérale (fig. 233, no 1).
6.4.2.7 Comblement 1‑232 du puits S 85
287Il pourrait être antérieur à 1765, selon les données de la fouille et des archives.
288● Faïence régionale
Assiette à bord en accolades. Décor floral polychrome, émail trop cuit et granuleux. Détérioré (inv. 17).
289● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Cruche. Globulaire, col court. Décor de taches de manganèse. Forme complète (fig. 233, no 2).
Cruche. Vernis vert. Fragments de fond, bec, anse latérale (inv. 18).
Cruche. Vernis vert. Fragments de fond, bec, anse supérieure (inv. 20).
Cruche. Vernis vert. Fragments de fond, bec, anses cannelées et col dégagé (inv. 21). MHM.
Plat creux apode. Décor de rubans à l’engobe rouge. environ 25 cm. Forme complète (inv. 16). MHM.
290● Divers
Carreau rectangulaire. Dim. 24 x 15 x 3 cm. Sans revêtement. Entier.
6.4.2.8 Comblements du puits S 96
291Avant 1820, peut‑être avant 1765, selon les données de la fouille et des archives.
Comblement 4‑644
292La présence de porcelaine de fabrication européenne permet de dater cette unité stratigraphique des années 1770 au plus tôt.
293● Porcelaine européenne
Soucoupe à parois rectilignes. Décor floral polychrome et or peint. Fragmentaire. ∅ ouverture environ 12 cm (fig. 223, no 3).
294● Faïence fine
Tasse. Décor peint bleu et brun. Fragment de bord et anse ne recollant pas (inv. 2089). MHM.
Couvercle ? Fragment non décoré (inv. 1055).
295● Faïence italienne
Petit vase fermé à bord déversé. Fragment non décoré.
Assiette. Décor de deux filets orange et un filet vert sur l’aile. Petit mais significatif fragment de bord (ép. paroi 0,6 cm).
296● Faïence régionale
Assiette. Décor de deux filets orange et un filet vert sur l’aile. Fragment de bord (ép. paroi 0,35 cm).
Soucoupe à parois rectilignes. Sans décor. Fragmentaire. ∅ ouverture inconnu.
297● Réfractaire de type Uzège
Petit toupin. Fragment de bord avec queue tubulaire. ∅ d’ouverture environ 8 cm (inv. 1056).
Comblement 4‑818
298● Faïence régionale
Assiette à bord en accolades. ∅ inconnu. Non décorée. Fragment de bord.
Écuelle de grand modèle. Non décorée. Fragment de panse.
Assiette à bord polylobé moulé. ∅ inconnu. Fragment de bord.
299● Vernissée brune à taches noires d’Albisola
Assiette. Vernis assez sombre, traits de manganèse. Forme complète.
300● Réfractaire de Vallauris
Marmite à bord carré. Fragment de bord.
301● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Assiette à bord déversé. Décor de rubans rouges fins. Forme complète, presque entière (fig. 232, no 1).
Couvercle. Engobe rouge non décoré. Fragment de bord.
302● Divers
Tomette. Sans revêtement. 12,5 x 11 x 1,2 cm. Entière. Marque : « IIM ».
6.4.2.9 Comblements du puits S 49
303Avant 1820, selon les données de la fouille et des archives. Il n’est pas envisageable d’utiliser la date accompagnant le monogramme IHS sur l’assiette no 31.92‑2. En effet, les cruches du comblement inférieur sont de fabrication postérieure à cette date. De plus, en 1733 les décors incisés et polychromes sont déjà abandonnés par les ateliers de l’Huveaune, où les datations n’ont d’ailleurs jamais été pratiquées sur la vaisselle commune. Il s’agit d’un objet anecdotique, pouvant être commémoratif, ou d’un rejet postérieur à la date de sa fabrication si celle‑ci a eu lieu en 1733. Les autres céramiques de la vallée de l’Huveaune se situeraient peu avant 1750.
Comblement 4‑197
304● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Assiette. Décor épigraphique « [IHS] 1733 » incisé sur engobe ; rehauts polychromes usés. Fragment de fond (inv. 002). MHM.
Comblement 4‑202
305● Faïence italienne
Assiette. Marli de 3,5 cm. Non décorée. Forme complète (fig. 224, no 5).
306● Biot
Pot à raisin. Engobe blanc. Fragment de panse.
307● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Pichet de grande taille. Vernis vert. Seul reste le bec pincé.
Cruche, anses latérale et supérieure non cannelées. Vernis vert sur engobe rosé. Entière (inv. 10). MHM.
Cruche. Engobe rosé et traînées verticales vertes. Divers éléments, fond jusqu’à 14 cm de haut, ∅ maximum environ 20,5 cm, bec tubulaire, bord, anse supérieure, mais forme incomplète (inv. 11). Amorce de détachement d’un col.
6.4.2.10 Comblements du puits S 84
308Avant 1820, selon les données de la fouille et des archives. Cet ensemble céramique très volumineux pose à nouveau la question de l’absence totale de pipes. Il contient les premiers exemplaires connus archéologiquement de faïences décorées selon la technique du « petit feu » (couleurs posées sur un fond déjà cuit), traditionnellement datée du milieu du xviiie s.
Comblement 4‑213
309● Faïence fine
Tasse à paroi verticale. Décor peint bleu : frise de croisillons et décor floral. Fragment de bord (inv. no 383).
310● Réfractaire de Vallauris
Marmite. Fragments de panse.
311● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Grand vase fermé.
Comblement 4‑795
312● Faïence fine
Soucoupe. Décor peint bleu et brun, rayonnant. Fragment de bord et fond (inv. 2218).
Soucoupe. Décor peint bleu, croisillons sur la paroi interne. Fragmentaire.
Soucoupe. ∅ : 12,5 cm. Décor peint bleu sinisant (fig. 223, no 1).
Tasse. Décor extérieur peint bleu et brun, rayonnant. Forme complète, anse absente (inv. 916) (fig. 223, no 4). MHM.
Tasse. Décor extérieur peint bleu et brun, rayonnant. Fragment de fond (inv. 915). MHM.
313● Faïence italienne
Soucoupe. Décor polychrome. Forme complète (inv. 914) (fig. 225, no 6). MHM.
Soucoupe. Décor floral jaune. Forme complète (inv. 913) (fig. 225, no 5). MHM.
314● Faïence régionale
Assiette à bord droit. Ø : 24,5 cm. Décor bleu de broderies sur l’aile, de rose au fond. Entière (fig. 228, no 2).
Assiette à bord droit. Ø : 24,5 cm. Décor bleu de bâtonnets sur l’aile, de fleur au fond. Entière (fig. 228, no 1).
Assiette à bord droit. ∅ : 21 cm. Décor de deux filets orange et un filet vert sur l’aile, décor vert fragmentaire au centre. Entière (fig. 224, no 1).
Assiette à bord droit. Décor bleu de bâtonnets sur l’aile, décor fragmentaire au centre. Entière (inv. 2219).
Assiette à bord en accolades. Ø max. : 25 cm. Non décorée. Entière (fig. 226, no 6).
Assiette à bord droit. ∅ : 24 cm. Non décorée. Entière (fig. 226, no 4).
Assiette à bord droit. ∅ : 24 cm. Non décorée. Entière (fig. 226, no 2).
Soucoupe. ∅ : 12,5 cm. Non décorée. Entière (fig. 225, no 2).
Soucoupe. Ø : 12,5 cm. Décor petit feu polychrome (très abîmé) de fleurs. Marque « IH‑IIS... » au revers. Entière (fig. 225, no 1). Soucoupe. Ø : 12,5 cm. Décor petit feu polychrome (presque disparu) de fleurs. Entière (fig. 225, no 4).
315● Vernissée brune à taches noires d’Albisola
Couvercle. ∅ total : 7 cm, ∅ pied : 4,7 cm. Vernis foncé, sans taches de manganèse. Entier (fig. 230, no 7).
Couvercle. ∅ total : 6,5 cm, ∅ pied : 3,7 cm. Vernis clair. Entier (fig. 230, no 6).
Couvercle. ∅ total : 6,5 cm, ∅ pied : 4,3 cm. Vernis rougeâtre. Entier (fig. 230, no 5).
Couvercle, ∅ total : 6 cm, ∅ pied : 4,3 cm. Vernis moyen. Entier (fig. 230, no 4).
316● Vernissée de la vallée de l’Huveaune
Plat creux. Ø : 19,5 cm. Décor de rubans rouges. Entier (fig. 232, no 2).
317● Divers ou à identifier
Soucoupe. ∅ : 12 cm. Terre rouge, parois fines, intérieur émaillé blanc non décoré, extérieur revêtement non transparent caramel. Forme complète (fig. 225, no 3).
6.4.3 Conclusion pour le xviiie s.
318Les contextes les plus intéressants pour l’étude de la céramique moderne sont de nature variée : six puits, des comblements d’un égout, d’une cave ou d’une simple fosse...
319Les données fournies par la stratigraphie sont, elles aussi, d’intérêt variable. Bien qu’aucune chronologie relative ne vienne à notre secours, plusieurs repères s’offrent à nous. Le quartier a été remanié vers 1765, une fontaine construite en 1778 et la place créée en 1820. Ces repères sont cependant plus ou moins utilisables, selon les rapprochements qui ont pu être effectués avec la fouille.
320Ainsi, le puits S 70 (1‑188 + 1‑342), le comblement de cave 4‑214 et le comblement de l’égout S 20 (1‑226) sont placés par la stratigraphie avant 1765 et le mobilier céramique confirme clairement cette chronologie. La situation des puits S 96 et S 85 est moins simple : la fouille ne situe pas nettement les comblements de ces structures avant 1765 ; les deux comblements distingués à la fouille de S 96 (4‑644 + 4‑818) ont livré des mobiliers céramiques qui ne sont pas absolument contemporains, le plus récent ne semblant pas antérieur aux années 1770, le plus ancien approximativement daté du milieu du siècle ; le mobilier issu du comblement de S 85 (1‑232) se situerait aussi vers 1750. Enfin, les comblements des puits S 49 (4‑197 + 4‑202), S 52 (1‑133 + 1‑629) et S 84 (4‑213 + 4‑795) ne peuvent être placés qu’avant 1820 par la stratigraphie, donnée qui ne présente pas grand intérêt pour l’étude de leur mobilier. Le comblement de la fondation de la fontaine S 12 (2‑258) est précisément daté de 1778, mais son mobilier n’est pas des plus riches.
321Compte tenu de ces informations fournies par les études stratigraphiques et archivistique, certains ensembles de mobilier prennent une dimension supplémentaire.
322Le comblement de l’égout S 20 (1‑226) offre un petit lot de céramiques sans matériel résiduel qui contenait par exemple des fragments de porcelaine chinoise et des fragments de faïence régionale à décor polychrome datés du milieu xviiie s. La datation de la céramique est confirmée par celle des constructions. En revanche, le lot de faïences de 4‑214 (lot d’assiettes ligures, blanches et fragments décorés) se plaçait de lui‑même avant le milieu du siècle.
323Les comblements du puits S 70, scellé par le remaniement du quartier en 1765, (1‑188 + 1‑342) sont certainement les milieux contenant les lots les plus intéressants pour cette période : porcelaine chinoise, écuelle d’Apt et une impressionnante collection de faïences stannifères variées, décorées selon la technique du grand feu quand elles ne sont pas monochromes.
324Les comblements du puits S 52 (1‑629 + 1‑133) recelaient, pour le supérieur, une assiette en faïence non décorée et une cruche vernissée verte de productions locales et, pour le plus ancien, une tasse à décor de grecque bleue de production régionale, un pichet vert local, mais surtout le seul pichet du Val‑de‑Saône trouvé à Marseille (fig. 229).
325Le comblement supérieur du puits S 96 (4‑644) contenait un fragment de porcelaine européenne décorée (fig. 223, no 3), quelques tessons de faïence fine à décor peint (semblables à ceux de 4‑795 ; fig. 223, nos 1, 4), d’autant plus intéressant grâce à ce terminus. Le comblement inférieur de la même structure (4‑818) conservait une assiette d’Albisola, une marmite de Vallauris à bord carré, un pot de chambre vert, un plat à décor de rubans de la vallée de l’Huveaune, ainsi que des fragments de faïence régionale.
326Le comblement de S 85 (1‑232), contenant notamment un plat à décor de rubans, une cruche à taches de manganèse de la vallée de l’Huveaune, une assiette remarquable à décor polychrome (gravement détériorée ; ayant pu sortir de l’atelier de Fauchier ?), aurait trouvé avantage à être situé plus précisément par la stratigraphie.
327Les comblements du puits S 49 (4‑197 + 4‑202) contiennent pour 4‑197 l’assiette portant la date de « 1733 », et pour 1‑202 une assiette de Gênes et deux cruches de la vallée de l’Huveaune à engobe de fond rosé caractéristique de la seconde moitié du xviiie s.
328Les comblements du puits S 84 (4‑795 + 4‑213) ont complété de manière spectaculaire la collection de faïences régionales de ce site.
329C’est donc essentiellement de vases à revêtement stannifère, de porcelaine ou de faïences fines qu’il est question dans le mobilier du xviiie s. de ce site. Si nous le comparons à celui des puits du quartier de la Bourse, distants de quelques centaines de mètres, celui de la place du Général‑de‑Gaulle révèle spontanément un niveau de vie plus élevé. Par voie de conséquence, les céramiques communes sont restées plutôt discrètes, bien que leur rôle de marqueur chronologique ait été décisif. Les céramiques d’Albisola, vernissées communes bien que d’importation et de qualité, n’ont pas vu leur chronologie affinée (fig. 230).
330Le niveau de vie des occupants du quartier, qui leur fait privilégier l’usage des faïences à celui des terres vernissées (culinaires, fig. 231 ; vaisselle locale, fig. 232, 233), semble aussi leur faire refuser l’usage des pipes en terre. Celles‑ci étaient‑elles trop « populaires », leur préférait‑on d’autres ustensiles plus coûteux pour consommer du tabac ?
331Cette question demeure, ainsi que celle concernant les vases culinaires, dont la part totale semble insuffisante pour couvrir les besoins quotidiens.
332Ces fameuses faïences sont essentiellement de production régionale, monochromes ou décorées, de forme simple ou chantournée (fig. 226‑228 ; avec des productions de petit feu, fig. 225, nos 1, 4).
333Même les faïences italiennes décorées sont ici bien plus nombreuses. Sont‑elles, vers le milieu du siècle, en train d’effectuer un retour (fig. 225 nos 5, 6) après une période presque exclusivement monochrome au début du xviiie s. (fig. 224, nos 3‑6), ou bien apparaissent‑elles ici dans leur véritable contexte ?
334La présence de la porcelaine chinoise est ici remarquable et confirme encore, s’il en était besoin, l’impression d’un niveau de vie élevé dans ce quartier. Vont encore dans ce sens des fragments témoignant de l’utilisation pionnière de la porcelaine européenne (fig. 223, no 3) et de la faïence fine à décor peint (fig. 223, nos 1, 4).
335Les puits de ce chantier renouvellent avantageusement les données acquises à travers d’autres sites marseillais. Il convient désormais d’affiner la chronologie de cette période qui se révèle ici bien plus variée que les précédentes et beaucoup plus riche que d’autres sites ne l’avaient laissé entendre.
6.5 Conclusion
336L’étude du mobilier de ce chantier tire avantage à se placer après certaines études marseillaises, sans lesquelles de nombreux contextes seraient restés muets.
337La période comprise entre le milieu du xve s. et le début du xviie s. reste encore très floue. Un effort doit impérativement être fait dans le sens d’une meilleure connaissance. Les données difficilement recueillies sur ce site nous encouragent à poursuivre activement des recherches à travers les chantiers marseillais pour combler les larges et nombreuses lacunes relevées pour cette vaste période. Marseille y est active, les marchandises circulent bien, et si la céramique est encore très attachée au Moyen Âge, les frémissements de modernité enregistrés dans les rares ensembles marseillais témoignent d’une culture matérielle en mutation.
338De la seconde période, couvrant les trois derniers quarts du xviie s. et le tout début du xviiie s., nous n’avons retenu que les contextes datés des années 1650 environ. La céramique a, pour ceux‑ci, apporté des datations précises, alors que les données nouvelles la concernant ne sont pas très nombreuses. L’absence quasi totale de traces de la fin du xviie s., période souvent bien représentée par ailleurs, est certainement signe du peu de transformations pendant cette période dans le quartier. Elle nous rappelle en outre que le hasard des découvertes peut occulter des situations particulièrement intéressantes comme l’est [’approvisionnement en céramique des maisons marseillaises à la fin du xviie s.
339C’est pour le xviiie s., réduit par nos soins à la période 1720‑1790 environ, que ce chantier a été le plus prolifique pour l’étude des céramiques modernes. Certaines orientations prises par les productions communes principalement, déjà notées sur d’autres sites, ont été confirmées ici. Une uniformisation des productions artisanales, telles les vernissées locales ou certaines faïences courantes italiennes, s’amorce. Celle‑ci trouve ici une explication à nos yeux. En effet, l’expression des céramistes va pouvoir trouver d’autres supports. L’industrialisation naissante fait se multiplier les faïences régionales émaillées, ainsi que diverses formes de faïences fines que nous voyons ici réellement s’installer sur les tables marseillaises. Si ces productions annoncent le xixe s. qui sera bel et bien celui de l’industrie en céramique, le destin des productions locales, vernissées ou émaillées, dans la première partie du siècle, est encore très mal documenté par l’archéologie. Nous formons aujourd’hui le vœu que le dernier siècle objet de nos investigations, ayant ici été abandonné au profit des périodes précédentes, puisse être mieux pris en compte à l’avenir.
Auteur
Chargée d’études, Afan
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