Chapitre 1. Causse de Sauveterre, Cham des Blanquets, causse de Mende (Aveyron, Lozère)
p. 23‑123
Texte intégral
1À l’exception du tumulus de Rocherousse (site no 146) et du dolmen réutilisé de Chapieu (site no 147) fouillés sur les Avants‑Causses de la Cham des Blanquets et du causse de Mende, les gisements funéraires étudiés dans ce chapitre se trouvent sur le causse de Sauveterre.
1.1 Campagnac (Aveyron)
Aigues‑Vives
2Bibliographie
Inédit ; signalé dans Gruat 1988 : 24
3Lieu de conservation
Musée municipal de Séverac‑le‑Château et Centre archéologique départemental de Montrozier (Aveyron).
Site no 1. Dolmen réutilisé d’Aigues‑Vives
4Provenant de ce dolmen simplement signalé par Prunières (1873), et à sa suite par Temple (1936), la collection Prunières du musée de l’Homme conserve, avec un mobilier de type Néolithique final/Chalcolithique, deux tessons de vases non tournés marquant une fréquentation ou une réutilisation au Bronze final IIb (Simanjuntak 1998 : 241, fig. 123, no 2003) : un fragment de jatte carénée à épaulement de forme 21C du Bronze final II, col convergent, bord C11, aux surfaces polies de couleur noire (fig. 3A), et un bord de gobelet à surfaces lissées (fig. 3B).

FIG. 3 – Causse de Sauveterre. Campagnac (Aveyron), dolmen d’Aigues‑Vives ; céramiques non tournées (d’après Simanjuntak 1998 : fig. 115, no 1996, et fig. 123, no 2003).
Site no 2. Tertre d’Aigues‑Vives
5P.‑M. Blanquet, vers 1975, ramassa neuf tessons de céramique non tournée à l’emplacement d’un tertre arasé par des travaux agricoles, à 300 m au nord‑nord‑ouest du hameau d’Aigues‑Vives. L’un des tessons est un fragment de bord G01 appartenant à un récipient à embouchure resserrée (fig. 5A). En l’état actuel de la documentation, il est impossible de dire s’il s’agit d’un tertre funéraire, ni d’avancer une datation.
Les Estrades
Site no 3. Tertre des Estrades
6Vers 1975 également, P.‑M. Blanquet recueillit sept tessons de céramique non tournée à l’emplacement d’un autre tertre détruit par des travaux agricoles à 300 m à l’ouest du village de Campagnac (fig. 4). Parmi le lot, quatre tessons appartiennent, semble‑t‑il, à deux vases à décor excisé :
– partie supérieure d’une coupe tronconique à bord D01 ; les excisions ornant l’extérieur associent traits horizontaux et verticaux avec des triangles superposés verticaux (fig. 5, B) ;
– un vase de forme non déterminable décoré de triangles excisés cernés, dégageant des triangles champlevés emboîtés (fig. 5, C, D).

FIG. 4 – Causse de Sauveterre. Campagnac (Aveyron). Localisation du tertre des Estrades (site no 2), des tertres et du dolmen réutilisé du Viala (sites nos 4 à 6).

FIG. 5 – Causse de Sauveterre. Campagnac (Aveyron). Tertre d’Aigues‑Vives ; A céramique non tournée. Tertre des Estrades ; B à D céramiques non tournées à décor excisé. Dolmen réutilisé du Viala 10 ; E rasoir en fer ; F bracelet en fer ; G et H céramique non tournée. Tertre du Viala 2 ; I à K, céramiques non tournées (d’après Gruat 1988).
7Datation
La présence de ce type de décor permet de dater le tertre du premier âge du Fer (750‑500), sans plus de précision, et, en l’état actuel de la documentation, il n’est pas possible de dire si ce dernier avait une fonction funéraire.
8Bibliographie
Inédit ; signalé dans Gruat 1988 : 24.
9Lieu de conservation
Musée municipal de Séverac‑le‑Château et Centre archéologique départemental de Montrozier (Aveyron).
Le Viala
10À 500 m à l’est du hameau du Viala, sur la hauteur dominant le ruisseau de Serre, à 720 m d’altitude, se trouve un ensemble d’une vingtaine de tertres. Trois d’entre eux furent fouillés en 1969 par P.‑M. Blanquet : Le Viala 1, 2 et 10, ce dernier correspondant à un dolmen réutilisé (fig. 4).
11Bibliographie
Inédit ; signalé dans Gruat 1988 : 25‑26.
12Lieu de conservation
Musée municipal de Séverac‑le‑Château et Centre archéologique départemental de Montrozier (Aveyron).
Site no 4. Tertre du Viala 1
13Recouvert d’une chape « [...] constituée par un toit en lauzes calcaires imbriquées les unes dans les autres », ce tertre mesure environ 5 m de diamètre pour 0,50 m de hauteur centrale. Une fosse naturelle du substrat lapiazé (2 x 0,55 x 0,45 m) a livré quelques esquilles d’os non incinérés, des tessons très fragmentés d’un vase non tourné grossier, muni d’un cordon lisse horizontal, un fragment de granit, un rognon de quartz et trois éclats de chaille. Les tessons étaient localisés dans la partie orientale de la fosse. Nous n’avons pu voir ce matériel.
14Datation
Âge du Bronze ? Néolithique final/Chalcolithique ?
Site no 5. Tertre du Viala 2
15Bâti selon les mêmes principes que le tertre précédent, il avait un diamètre de 3,80 à 3 m pour une hauteur de 0,50 m. Une fosse naturelle du substrat lapiazé, irrégulière, livra quelques os humains non incinérés (non vus), disposés sans aucun ordre, et les objets suivants :
– un fragment de jatte carénée non tournée, portant un cordon lisse, horizontal sur la carène, bord C01 (fig. 5, J) ;
– un bord C18 d’urne non tournée (fig. 5I) ;
– un tesson décoré de deux rangées horizontales de coups incisés verticaux (fig. 5, K) ;
– de nombreux tessons d’un vase non tourné grossier, à pâte rouge ;
– cinq éclats en chaille et deux galets de micaschiste.
16Datation
On ne saurait avancer une datation précise ni affirmer l’homogénéité de ce lot.
Site no 6. Dolmen réutilisé du Viala 10
17Des restes humains non incinérés furent recueillis dans la partie supérieure de ce dolmen. Le sujet est indiqué « en décubitus dorsal, orienté est‑ouest, tête à l’est ». Il était accompagné du mobilier suivant :
– onze tessons de vases non tournés, dont un fond plat 11A et un bord C01 d’urne (fig. 5, G, H) ;
– un rasoir en fer à soie recourbée (fig. 5, E) ;
– deux fragments d’un bracelet en fer (fig. 5, F).
18Datation
Milieu de l’âge du Fer.
Le rasoir est à rapprocher d’un petit couteau de forme semblable provenant de l’oppidum de Mourrel‑Ferrat à Olonzac (Hérault), dans un contexte peu précis entre le vie et le iiie s. av. J.‑C. (renseignement G. Rancoule). C’est aussi la forme de couteaux à soie de section quadrangulaire prolongeant le dos puis se recourbant vers la lame que l’on rencontre en Europe centrale à la fin du Hallstatt et au début de La Tène, comme par exemple à Dürrnberg, en Autriche (Penninger, Hell 1960 : 366, fig. 2, nos 2 et 16).
1.2 Saint‑Saturnin‑de‑Lenne (Aveyron)
Combelongue
19Deux tumulus, distants de 200 m, se trouvent sur un affleurement calcaire, au fond de la vallée sèche de Combelongue, à environ 1000 m pour le tumulus 1 et 800 m pour le tumulus 2 au nord‑nord‑ouest du hameau du même nom, à 735 m d’altitude (fig. 6). Seul Combelongue 1 fut fouillé par P.‑M. Blanquet vers 1969, à la suite d’un épierrage agricole qui venait de mettre au jour des os humains. Ce sauvetage n’a fait l’objet que d’un rapport succinct.

FIG. 6 – Causse de Sauveterre. Saint‑Saturnin‑de‑Lenne (Aveyron). Localisation des tumulus de Combelongue.
Site no 7. Tumulus de Combelongue 1
20Bibliographie
Blanquet 1969b
21Lieu de conservation
Musée municipal de Séverac‑le‑Château et Centre archéologique départemental de Montrozier (Aveyron).
22Structures et observations de fouille
(D’après Blanquet 1969b.)
Nous ne disposons que d’informations très incomplètes sur ce gisement. De plan à peu près rond, ce tumulus mesure 8,10 à 7,90 m de diamètre pour 0,8 m de hauteur. Il est constitué « de plaquettes calcaires formant un cailloutis disparate, bloqué par quelques éléments plus volumineux », mais ne comporterait pas « de structures apparentes ». Lors de la fouille, le squelette d’un sujet adulte d’environ 1,90 m a été reconnu à la base du tertre, seulement effleuré par les travaux d’épierrement. Il reposait en décubitus dorsal, tête vers le nord. Quelques dalles calcaires paraissent avoir été disposées sous le corps pour former un sol uniforme. Un vase non tourné était déposé complet près du crâne. Mais l’examen du matériel osseux m’a permis de repérer un os incompatible avec ceux de cet individu, qui atteste la présence, dans ce tumulus, d’un deuxième sujet non discerné à la fouille.
23Os humains
Les restes osseux humains recueillis, d’un poids total de 2 340 g, se rapportent à deux sujets :
– sujet no 1 : adulte très grand et très robuste, de sexe masculin (la grande échancrure sciatique du coxal est étroite et son prolongement est tangent au bord de la surface auriculaire), âgé de plus de 30 ans (les sutures crâniennes sont synostosées en face endocrânienne et presque complètement synostosées en face exocrânienne).
– sujet no 2 : individu de taille adulte mais gracile, attesté par une unique pièce osseuse.
24Au sujet no 1 se rapporte la presque totalité des os conservés. Toutes les parties du squelette sont représentées (fig. 7 no 1) : le crâne (aux parois de la calotte épaisse), avec quinze dents peu ou moyennement usées, aux apex tous fermés ; le tronc avec des clavicules très longues et un coxal gauche presque complet ; les membres (notamment l’humérus droit, mais le gauche manque), aux os longs très robustes ; les pieds ne sont attestés que par un seul fragment osseux. Du sujet no 2, seule est présente une diaphyse d’humérus gauche gracile, totalement incompatible avec l’humérus droit très robuste du sujet précédent.
25Si le dépôt primaire observé par le fouilleur ne peut être mis en doute pour le sujet no 1, il est par contre délicat d’interpréter la présence d’une unique pièce osseuse d’un second individu. Plusieurs hypothèses se présentent à son sujet, soit dépôt secondaire très réduit d’un second défunt, soit élément relique d’un autre mort faisant partie du matériel d’accompagnement du sujet no 1.
26Mobilier (fig. 7, A)
A. Un gobelet non tourné, à panse arrondie convexe, col court divergent, bord aminci C09 et fond creux 21A, (haut. ; 10,5 cm ; diam. max. : 13,5 cm). Une frise horizontale composée d’un méandre rectangle régulier, finement incisé en trait triple avant cuisson, orne le haut de la panse.

FIG. 7 – Causse de Sauveterre. Saint‑Saturnin‑de‑Lenne (Aveyron). Tumulus de Combelongue 1. 1 État de conservation du squelette ; A céramique non tournée à décor incisé.
dessins G. Marty, ASPAA, centre archéologique de Montrozier;
27Datation
Bronze final IIIb.
La forme du vase existe à la fin du Bronze final IIIb dans la nécropole du Moulin de Mailhac (tombe 159 ; Taffanel et al. 1998 : 134, fig. 206, no 2). Son décor en méandre rectangulaire incisé connaît un grand succès durant tout le Bronze final IIIb.
1.3 Séverac‑le‑Château (Aveyron)
28À plus de 700 m d’altitude, la dépression de Séverac‑le‑Château, vaste plaine d’effondrement qui ourle la bordure occidentale du causse de Sauveterre, creusée dans les marnes du Lias, est parsemée de lambeaux de causse calcaires. Le plus important d’entre eux est la butte de Séverac‑le‑Château, qui s’élève d’une centaine de mètres de hauteur au centre de la plaine. Ce site, qui n’a pas encore fait l’objet de recherches systématiques, a cependant déjà livré de nombreux vestiges mobiliers provenant d’habitats du Bronze final IIIb, premier et second âges du Fer (Blanquet, Gruat 1995). D’autres affleurements rocheux moins élevés, dominant la plaine d’une cinquantaine de mètres tout au plus et assurant la transition avec le causse, au nord et à l’est de la butte de Séverac, portent des tumulus, isolés ou en groupe (fig. 8) : groupe de Merdans à 1 800 m au nord‑nord‑ouest de la butte de Séverac, groupe de Roumagnac à 1 250 m au nord, groupe de Villeplaine à 1400 m au nord‑est, groupe du Crès à 2 000 m au nord‑est, tumulus du Vayssas à 3 500 m à l’est.

FIG. 8 – Causse de Sauveterre. Séverac‑le‑Château (Aveyron).
Localisation de l’habitat de la butte de Séverac‑le‑Château, des tumulus du Crès (sites nos 8 à 10), de l’endos des Fonds (site no 11), des tumulus de Roumagnac (sites nos 12 à 16), des tumulus de Villeplaine (sites nos 17 à 19), du tumulus du Vayssas (site no 20) et des tertres (?) de Merdans.
29Plusieurs de ces tumulus ont été explorés dans les années 1970‑1980 à Villeplaine, au Crès ou au Veyssas par P.‑M. Blanquet, puis plus récemment, en préalable à la construction de l’autoroute A75 Clermont‑Ferrand/ Béziers, à Roumagnac en 1992 par Ph. Gruat et en 1993 par F. Pons. Ce dernier a également fouillé en 1993, toujours sur l’emprise du tracé de cette autoroute, une structure funéraire au milieu d’une grande dépression, au lieu‑dit Les Fonds, à 1 500 m à l’est de la butte de Séverac. Tous ces gisements se rapportent au Bronze final IIIb ou au premier âge du Fer, et l’ensemble constitue le seul cas observable dans la région d’un habitat central entouré de sépultures.
Groupe du Grès
30Le groupe du Crès se trouve sur un replat calcaire dominant la rive droite du ruisseau du Vironcel, à 1 km environ au nord‑est du hameau de Villeplaine (fig. 8). Il est constitué d’une quinzaine de tertres. Ceux‑ci ont été arasés lors de travaux de remembrement vers 1969. P.‑M. Blanquet put alors en fouiller deux, Le Crès I et II, et recueillir du matériel sur quatre autres, Le Crès III à VI. Il en ressort que seuls Le Crès II et IV sont des tertres funéraires avérés. Nous ne disposons que de quelques observations concernant Le Crès I et II, consignées dans le rapport de fouilles (Blanquet 1969b) ; pour le reste, là encore, nous devrons nous contenter de l’examen du matériel exhumé conservé, sans pouvoir en apprécier les conditions de dépôt et de gisement.
Site no 8. Tumulus du Crès I
31Bibliographie
Blanquet 1969b.
32Structures et observations de fouille
Citons in extenso l’auteur de la fouille : « Tertre ovoïde de 0,70 m de haut à l’est, 0,40 m de haut à l’ouest, 9,10 m de diamètre dans l’axe est‑ouest et 8,50 m dans l’axe nord‑sud. Constitué par un amalgame de blocs plus ou moins volumineux recouvrant un affleurement lapiazé du substrat calcaire, dont un élément émergeant constitue le centre. Deux zones laissées libres, formant grossièrement des caissons, pourraient matérialiser des structures funéraires dans lesquelles ont été retrouvés quelques fragments d’ossements humains ne présentant pas de traces d’incinération, un métatarse de porc ou de sanglier, un fragment de meule en grès et cinq tessons de céramique grossière non tournée et alvéolée ».
33Mobilier et matériel ostéologique
Non conservés.
34Datation
La datation de ce tumulus ne peut être précisée dans l’âge du Bronze ou l’âge du Fer.
Site no 9. Tumulus du Crès II
35Bibliographie
Blanquet 1969b.
36Lieu de conservation
Musée municipal de Séverac‑le‑Château et Centre archéologique départemental de Montrozier (Aveyron).
37Structures et observations de fouille
(D’après Blanquet 1969b.)
Ce tumulus, dont le diamètre varie de 11,50 m sur l’axe nord‑sud, à 10,60 m sur l’axe est‑ouest, mesure 1,20 m de hauteur au centre. Il est constitué par un amalgame de blocs liés par un apport de terre rouge semblable à celle du sol actuel du causse, recouvrant un affleurement du substrat rocheux. À l’intérieur de cet ensemble, à l’ouest du centre du tertre, une loge allongée, orientée nord‑sud, de 2,20 m de long sur 0,70 m de large, a été réservée. Elle renfermait un squelette humain, appartenant à un adulte, en décubitus dorsal, orienté nord‑sud, tête au sud. Une déclivité du sol relève le tronc et le crâne ; les avant‑bras, légèrement relevés, reposent sur des blocs en saillie sur les côtés de la loge, formant des accoudoirs. Une jatte non tournée incomplète est déposée dans la partie sud de la loge, à 0,40 m à l’ouest du crâne. L’ensemble du dépôt funéraire est enrobé de la même terre rouge que celle utilisée pour la construction du tertre. Quelques rares tessons de céramique non tournée et ossements d’animaux sont disséminés sur toute la surface fouillée. Aucun détail n’est fourni sur le comblement de la partie supérieure de la loge et l’on ignore si cette dernière était, à l’origine, un espace vide ou colmaté.
38Os humains
Les os humains recueillis, d’un poids total de 2 225 g, sont ceux d’un sujet adulte, très robuste, de sexe masculin (grande échancrure sciatique du coxal droit relativement fermée dont le bord prolonge celui de la surface auriculaire), sans doute un vieillard d’après l’état des sutures crâniennes (complètement synostosées en face endocrânienne et presque entièrement synostosées en face exocrânienne) et de la denture (les apex de toutes les dents sont fermés, certaines dents très usées, notamment M2 et M3g, et M2 et M3d, P1 ou P2g avec carie du collet, résorption alvéolaire de P1, P2 et M1d et de M1g). Toutes les parties du squelette sont attestées (fig. 9, no 1) : la calotte crânienne, très épaisse, presque complète quoique fragmentée ; le tronc ; les membres, y compris les extrémités.
39Mobilier (fig. 9A)
A – Une coupe non tournée incomplète, à carène vive, col bas divergent à bord C01 et pied bas 22B (haut. : 14,3 cm ; diam. max. : 27 cm).
B – Plusieurs tessons informes de céramique non tournée.

FIG. 9 – Causse de Sauveterre. Séverac‑le‑Château (Aveyron). Tumulus du Crès II. 1 État de conservation du squelette ; A céramique non tournée (d’après Gruat 1988).
40Datation
Transition Bronze final IIIb/premier âge du Fer ou tout début du premier âge du Fer. Dans les cimetières de Mailhac (Aude), la forme de la jatte carénée se place à la transition Bronze final III b/premier âge du Fer (Taffanel et al. 1998 : 269). Elle ne semble pas attestée ensuite au viie s. dans les nécropoles de type Grand Bassin I du Languedoc occidental, ni dans les gisements de faciès suspendien du Languedoc oriental.
Site no 10. Tumulus du Crès IV
41Aucune information concernant la structure ou le dépôt funéraire n’a été consignée. Pour tout mobilier, ce tumulus n’aurait livré que « des tessons épars » (Gruat 1988 : 69). Des os humains en proviennent néanmoins, mais nous ignorons tout des conditions de gisement.
42Os humains
Les os livrés par cette tombe se répartissent en deux lots, 1 210 g conservés d’os non brûlés et 5 g d’os incinérés, qui marquent la présence de deux défunts.
– Sujet no 1 : adulte robuste non incinéré, de sexe non déterminé, très âgé (sutures crâniennes complètement synostosées en face endocrânienne, presque complètement synostosées en face exocrânienne), perte de nombreuses dents ante mortem et résorption alvéolaire de M3d, M2d, M1d, P1d, P2d, P1g, P2g, P1d, P2d, M1d, M3g, M2g et l1g et sans doute M3d, usure de C, g, fortes dégénérescences des corps vertébraux. Toutes les parties du squelette sont attestées (fig. 10) : la calotte crânienne, assez mince, presque complète ; le tronc, avec des fragments du coxal droit (surface auriculaire et fond de la grande échancrure sciatique, celle‑ci pas assez bien conservée cependant pour pouvoir déterminer le sexe) ; membres y compris les extrémités.
– Sujet no 2 : un autre individu, de taille adulte, de sexe non déterminé, incinéré. Il n’est sûrement attesté que par deux fragments osseux incinérés : un de côte I et un de diaphyse d’ulna. Deux autres morceaux osseux incinérés, dont un d’épine de scapula, peuvent être humains.

FIG. 10 – Causse de Sauveterre. Séverac‑le‑Château (Aveyron). Tumulus du Crès IV. État de conservation du squelette.
43Mobilier
« Tessons » non précisés.
44Os d’animaux
(Détermination A. Gardeisen.)
NR dét. = NR total = 1.
Chien : NR = 1 (1 extrémité distale d’humérus) ; NMI = 1 adulte de petite taille.
45Datation
La datation de ce tumulus ne peut être précisée dans le Bronze final III ou le premier âge du Fer.
Les Fonds
Site no 11. Enclos des Fonds
46Situation et fouille
La structure funéraire des Fonds est située dans la dépression de Séverac‑le‑Château, à 1,5 km à l’est de la butte de Séverac (fig. 8). À 712 m d’altitude, elle est installée au pied d’un vaste glacis de colluvions de la bordure du causse de Sauveterre, qui forment des sols argilo‑limoneux recouvrant les marnes du Lias, actuellement occupés par des prairies humides. Le site est enveloppé à l’ouest et au nord par le ruisseau du Vironcel qui sourd non loin de là. Se trouvant sur le tracé de l’autoroute A75, le gisement fit l’objet, en 1993, d’une opération de sauvetage de l’AFAN sous la responsabilité de F. Pons, qui en a donné un rapport très circonstancié en attendant la publication exhaustive.
47Ces fouilles ont mis en évidence une installation funéraire du vies. av. J.‑C., mais également des traces d’une fréquentation mal caractérisée à la fin du iie ou au début du iers. av. J.‑C., avec apport de très nombreux tessons d’amphores italiques en périphérie de l’aménagement antérieur, ainsi qu’une tombe à inhumation de la fin du iie ou du début du iiie s. ap. J.‑C. Seule la structure primitive sera prise en compte ici. Son interprétation demeure néanmoins délicate pour diverses raisons : le caractère incomplet de son dégagement vers le sud, les réutilisations antiques, et les destructions dues aux labours et aux tranchées d’évaluation.
48Bibliographie
Pons 1993 ; 1994.
49Lieu de conservation
Provisoirement au dépôt archéologique de Rodez (Aveyron).
50Structures et observations de fouille
(D’après Pons 1993.)
Aucun vestige de la structure funéraire primitive n’apparaissait en surface du sol actuel avant la fouille. Cette tombe comprend trois éléments (fig. 11 no 1).
● Une sorte de bordure de pierres, partiellement conservée, dont la limite extérieure semble former un vaste rectangle de 30 x 22 m. Sa largeur, difficile à apprécier du fait de l’écrêtement dû aux labours, semble avoir atteint, par endroits, une dizaine de mètres. Cette structure est aménagée avec des blocs et des dalles calcaires (calcarénites) pour la plupart issus d’un banc situé à 1 km au nord, alors que des strates calcaires affleurent à moins de 400 m du site.
Ces pierres, de dimensions très variables (de 0,1 à 1 m d’arête), où les éléments moyens (de 0,4 à 0,5 m) prédominent, sont posées à plat ou de chant sur l’argile du substrat naturel, avec, en périphérie, des chevauchements d’éléments intérieurs par des éléments extérieurs. Mis à part ces recouvrements partiels, une seule « assise » est conservée. Cependant, la hauteur primitive ne peut être appréciée précisément du fait de l’arasement par les travaux agricoles. La limite extérieure de cette bordure semble bien définie et relativement rectiligne. Il n’en va pas de même vers l’intérieur. Il semble toutefois qu’une aire centrale de 80 m2 environ était dépourvue d’un tel empierrement, et que ce dernier servait de délimitation.
● Vers le centre de cette aire prend place le bûcher d’incinération (fig. 11, no 1, 1 ; fig. 12 no 1, 1). Le substrat argileux est creusé de cinq trous de 30 cm de diamètre et de 10 cm de profondeur, pouvant correspondre à l’implantation de poteaux. Ceux‑ci sont remplis d’un sédiment argilo‑sableux très charbonneux. Ils délimitent une surface rectangulaire de 2 m de long sur 1 m de large. Une couche de charbons de bois mêlés de fragments osseux humains brûlés et de nodules d’argile rubéfiés, épaisse de 5 cm, recouvre la presque totalité de cette surface, ainsi que les trous septentrionaux. Elle forme une nappe rectangulaire aux angles arrondis d’environ 1,7 m de long sur 1 m de large, légèrement inférieure à l’aire délimitée par les trous. Des tessons d’une urne non tournée incomplète (vase A), des fragments d’une (ou plusieurs) parure en or (objet B), dont certains en fusion, et des goutelettes de fusion de bronze (objet C) sont dispersés dans la partie supérieure de cette nappe, associés aux restes osseux humains. Dans sa partie inférieure, les charbons sont nettement plus denses et plus gros, tandis que les esquilles osseuses brûlées sont plus rares et plus réduites. Des tessons d’une seconde urne non tournée incomplète sont éparpillés en bordure méridionale de ce dispositif (vase D).

FIG. 11 – Causse de Sauveterre. Séverac‑le‑Château (Aveyron). Les Fonds. 1 Plan (1 : bûcher protohistorique ; 2 : dépôt ossuaire protohistorique ; 3 : tombe en fosse à inhumation gallo‑romaine) ; 2 coupe selon l’axe marqué par les flèches (d’après F. Pons 1994).
51● À 2 m au nord‑ouest du bûcher funéraire se trouvent les vestiges d’une tombe à incinération (fig. 11 no 1, 2 ; fig. 12 no 1, 2). Il s’agit des restes d’une œnochoé grecque d’Occident à pâte grise monochrome, brisée probablement par les labours, et peut‑être légèrement déplacée. La partie inférieure du vase, tronquée, reposait la base sur le paléosol, et renfermait des fragments d’os humains incinérés, mêlés à un sédiment argileux dépourvu de tout charbon de bois. Il y a donc eu vraisemblablement ramassage « sélectif » et lavage des os brûlés déposés dans cet ossuaire. Outre les labours, la proximité immédiate de la fosse de la sépulture gallo‑romaine de la fin du iie ou du début du iiies. ap. J.‑C. (fig. 11 no 1, 3 ; fig. 12 nos 1 et 2, 3) ne permet pas d’assurer que la totalité de la tombe protohistorique nous est parvenue.

FIG. 12 – Causse de Sauveterre. Séverac‑le‑Château (Aveyron). Les Fonds. 1 Plan de détail de la région sépulcrale (1 : bûcher protohistorique, 2 : dépôt ossuaire protohistorique, 3 : tombe en fosse à inhumation gallo‑romaine) ; 2 coupe de la région sépulcrale selon l’axe a‑b ; A et D urnes non tournées ; B1 et B2 éléments de parure en or ; E œnochoé grise monochrome (d’après F. Pons 1993).
52Os humains
(D’après Pons 1993.)
● Le bûcher funéraire : il a livré plus de 2 300 fragments osseux pour un poids total de 445 g. Ceux‑ci présentent la plupart du temps une coloration blanc crayeux qui témoigne d’une température de combustion élevée, supérieure à 650 oC, et sont fissurés en ondes concentriques, indice d’une incinération d’os frais. Ces éléments ont, pour la plupart, des dimensions très réduites, de moins d’1 cm2 de surface. L’état de fragmentation de ce matériel rend les déterminations très difficiles : environ 100 fragments, dont trois racines dentaires, peuvent être rapportés au crâne (44 g), et 500 à des diaphyses (247 g). Il reste 1 700 fragments indéterminés pour 154 g (soit 74 % du nombre total, mais 34 % du poids total). En l’absence de doublon, il semble que l’on ait affaire à un seul sujet. Et d’après la morphologie des pièces crâniennes, il s’agit d’un adulte. Le sexe ne peut être précisé.
● L’ossuaire : la partie conservée de l’ossuaire contenait 325 fragments d’os pour un poids total de 36 g, qui bien sûr ne représentent qu’une part du dépôt initial. Ces éléments offrent le même aspect que ceux du bûcher. On note cependant une proportion sensiblement plus importante de morceaux de teinte noire. 20 fragments de crâne (7 g) et 55 de diaphyses (20 g), appartenant à un sujet adulte, ont pu être repérés, soit des proportions semblables à celles fournies par le bûcher. Ce sont là autant d’indices plaidant en faveur d’un prélèvement effectué sur le bûcher funéraire, mais celui‑ci ne peut être évidemment assuré.
53Mobilier du bûcher funéraire
(fig. 12A, B1, B2 et D)
54A. Partie supérieure d’une urne non tournée incomplète, à panse arrondie peu galbée, col moyen divergent et bord aplati C04 (diam. max. : 22,8 cm).
B. Éléments d’une (ou plusieurs) parure en or, du genre boucle d’oreille ou pendentif : deux fragments jointifs d’un anneau de 2,5 cm de diamètre, formé d’une tige de section arrondie de 1,4 mm (l’un des morceaux comporte un appendice en forme de goutte d’eau de 3,6 mm de diamètre) (fig. 12B1) ; un pendant droit, renflé en sa partie centrale, perforé à une extrémité, épaissi à l’autre, long de 1,4 cm (fig. 12B2) ; cinq gouttelettes de fusion de 1 à 4,5 mm de diamètre, ou fragments de feuilles de 2 à 3 mm2, ayant subi l’action d’un feu secondaire.
C. Gouttelettes de fusion d’un (ou plusieurs) objet en bronze, non identifiable.
D. Partie supérieure d’une urne non tournée incomplète, à panse arrondie moyennement galbée, col bas parallèle et bord élargi et aplati C07 (diam. max. : 22 cm).
55Mobilier de la tombe à incinération
(fig. 12E)
56E. Oenochoé grecque d’Occident à pâte grise monochrome, ayant servi d’ossuaire ; actuellement incomplète, seuls subsistent la moitié inférieure et un morceau de bord avec bec verseur ; forme VIII de Ch. Arcelin‑Pradelle (1984 : 12).
57Datation
vie s. et plus probablement entre 575 et 500 av. J.‑C.
Pour le bûcher funéraire, seules les urnes non tournées fournissent un indice de datation : leur forme est bien attestée en Languedoc oriental à la fin du viie et au vie av. J.‑C., par exemple à La Liquière. Quant à l’œnochoé grise monochrome servant d’ossuaire, elle se situe dans une fourchette qui recouvre en grande partie la précédente, du second quart du vie s. au troisième quart du ves. av. J.‑C. inclus (Py 1993 : 450). Rien ne s’oppose donc à ce que le bûcher funéraire et le dépôt incinéré dans l’ossuaire soient contemporains, entre le second quart et la fin du vie. av. J.‑C.
58Fréquentation et réutilisation postérieures
(D’après Pons 1993.)
En périphérie de la bordure de pierres du monument primitif, un abondant mobilier signe une fréquentation du lieu vers la fin du iie ou le début du ier s. av. J.‑C. Il s’agit pour l’essentiel de très nombreux tessons d’amphores italiques Dressel 1A : 300 ont été trouvés le long de la bordure nord, un millier le long de la bordure est, et 1 700 près de l’angle nord‑est. Ils formaient dans ce secteur un véritable « lit » de 15 m2, reposant sur une sorte de dallage de petits blocs et dallettes calcaires de mêmes natures que ceux de la structure du vie. av. J.‑C. Ce matériel amphorique est associé à 80 tessons appartenant à 25 autres récipients, céramique non tournée surtout, et, exceptionnellement, tournée. Si la présence de ces vestiges est difficile à expliquer, la spécialisation du matériel paraît indiquer qu’il ne s’agit pas des vestiges d’un habitat.
59Enfin, la structure protohistorique primitive est encore visible vers la fin du iie ou la fin du iiies. ap. J.‑C. puisqu’une tombe à inhumation est installée dans une fosse creusée entre le bûcher funéraire et la sépulture à incinération des vie‑ves. av. J.‑C., qu’elle a peut‑être en partie détruite.
60Interprétation
Au vie s. av. J.‑C., le site des Fonds a été le théâtre de pratiques funéraires parfois difficiles à caractériser, mais qui n’en sont pas moins originales pour la région. Il comporte un bûcher funéraire et, tout près de celui‑ci, un vase enfermant des os incinérés, le tout pourvu d’un entourage de pierres. Ce bûcher pourrait être un bustum1, tombe à incinération sur place, puisqu’il a été conservé à l’intérieur de l’enclos. Mais rien ne permet d’exclure l’hypothèse d’un simple ustrinum situé à proximité immédiate d’une sépulture secondaire en ossuaire.
61En fait, cet ensemble pose plusieurs problèmes. En premier, celui du nombre de défunts. Les données anthropologiques indiquent un minimum d’un individu. La quantité d’os retrouvés, et celle, réduite, d’objets associés, plaident en faveur d’un seul mort. Un adulte de sexe non déterminé a donc été incinéré en ce lieu, paré de ses bijoux en bronze, mais aussi, fait exceptionnel, en or, qui ont partiellement fondu, et accompagné d’une urne non tournée. Une seconde urne non tournée est cassée en bordure du bûcher. D’après la présence des poteaux encadrant celui‑ci, il semblerait que le corps ait été brûlé sur une plate‑forme. Des traces paraissant correspondre à un dispositif de ce type ont été repérées dans un ustrinum de la nécropole du Moulin à Mailhac au Bronze final IIIb (Janin 1996 : 26). Et chez certains peuples traditionnels, notamment dans le sud‑est asiatique, la crémation du cadavre sur une plate‑forme édifiée au‑dessus du foyer est bien attestée (Thomas 1980 : 173).
62L’orientation du corps pendant la crémation peut‑elle être précisée ? Les fragments crâniens sont bien représentés au sud du bûcher, et les morceaux de diaphyses également. Ce fait pourrait indiquer qu’en cours ou en fin de crémation, les membres inférieurs du cadavre, disposé tête au sud, aient été repliés vers la partie supérieure du tronc, afin de réduire la quantité de bois tout en assurant une combustion satisfaisante. De tels gestes ont été remarqués par G. Grévin dans l’Inde actuelle2. Le lien entre ce foyer funéraire et le dépôt d’os dans l’œnochoé est mal établi. Le mobilier du bûcher et le vase ossuaire peuvent être contemporains, et rien, dans l’aspect et la constitution des deux ensembles osseux, ne s’oppose à ce que, dans les trois derniers quarts du vie s. av. J.‑C, une partie des os du mort ait été recueillie sur le foyer d’incinération, en évitant soigneusement de prélever des charbons de bois, pour être placée dans une urne à 2 m de là. Cependant, aucune preuve ne permet d’affirmer qu’il s’agit bien du même individu et que les deux opérations sont contemporaines (la chronologie de l’œnochoé débordant largement sur le ve s.).
63Par ailleurs, compte tenu des réutilisations et destructions ultérieures, on ne dispose pas de l’intégralité de l’ossuaire, ni peut‑être de ce dépôt sépulcral qui a pu compter d’autres objets.
64L’ensemble est entouré d’une bordure de pierres disposées sans beaucoup de soin, formant un enclos beaucoup plus grand que la zone sépulcrale proprement dite, et plaçant celle‑ci au centre du dispositif. Cette bordure maintient une couche de terre qui recouvre le bûcher et l’ossuaire. Mais la partie supérieure de ce dispositif ne nous est pas connue par suite des travaux agricoles. Peut‑être faut‑il imaginer une calotte pierreuse recouvrant l’ensemble ? Étant donné les dimensions au sol de l’aire enclose, et s’agissant d’un défunt hors du commun puisque pourvu d’une parure en or, fait rarissime dans le sud de la France, peut‑être convient‑il d’envisager un monument imposant ? De toutes manières, quatre siècles et même 700 ans plus tard, la superstructure était encore visible pour attirer une certaine activité humaine, et même, dans le second épisode, poursuivre son utilisation à des fins funéraires.
Les tumulus de Roumagnac
65Situation et fouille
Du nord‑ouest au nord‑est du hameau de Roumagnac s’étend une bande de calcaire sinémurien comprise entre 700 et 750 m d’altitude. Les petites buttes et tas de pierres, possibles tumulus, y abondent. Cet affleurement est traversé sur toute sa longueur, d’est en ouest, par une nouvelle route reliant l’échangeur de l’autoroute A75 à la RN 88. Le tracé de cette voie fit donc l’objet d’opérations de sauvetage dès le début des années 1990 sur dix tertres étirés sur plus d’un kilomètre. Cela permit de faire la part entre de véritables tumulus à vocation funéraire, des tertres peut‑être liés à des activités parafunéraires et d’autres structures. En 1991, le service régional de l’Archéologie de Midi‑Pyrénées fit effectuer des reconnaissances à la pelle mécanique. C’est à la suite de ces dernières que Ph. Gruat mena en 1992 la fouille du tumulus 1 de Roumagnac, dont seule la bordure nord‑ouest avait été entamée par l’engin.
66En 1993, une autre opération de sauvetage fut effectuée sur les tertres 2 à 10 par F. Pons. Elle ne révéla qu’un seul autre monument funéraire avéré, Roumagnac 6, ainsi qu’un tertre structuré comme un tumulus, incluant du mobilier, mais dépourvu de tout reste osseux humain, Roumagnac 4. Pour Roumagnac 2 et 9, tertres non structurés n’ayant pas livré d’os humain mais seulement un peu de mobilier protohistorique, le doute subsiste : monuments annexes de ce lieu funéraire ou pierriers agricoles ? Il ressort aussi de ces travaux que Roumagnac 7 et 8 correspondent à des élévations naturelles, tandis que Roumagnac 3, 5 et 10 sont des pierriers ou des murettes agricoles.
67En définitive, l’ensemble fouillé est disposé en deux groupes (fig. 8) : à 300 m au nord‑ouest de Roumagnac, le tumulus Roumagnac 1, le monument Roumagnac 4 et le tertre douteux Roumagnac 2 (le 1 et le 4 sont distants de 50 m, tandis que 15 m séparent le 2 du 4) ; à 300 m à l’est du hameau, le tumulus 6 et le tertre 9, distants de 120 m l’un de l’autre.
Site no 12. Tumulus de Roumagnac 1
68Bibliographie
Gruat 1993.
69Lieu de conservation
Musée municipal de Séverac‑le‑Château et Centre archéologique départemental de Montrozier (Aveyron).
70Structures et observations de fouille
(D’après Gruat 1993.)
Le tumulus est installé sur un niveau de terre rougeâtre surmontant un léger affleurement rocheux proéminent. Il n’y a pas eu ici décapage du substrat avant la construction du tumulus. Au contraire, ce dernier s’est partiellement superposé à un édifice en matériau léger, torchis et bois, sur solin en pierre de plan arqué, datant du début du premier âge du Fer (fig. 13 no 2A).
71Le tumulus, qui mesure 6 m de long pour 4 m de large et une hauteur maximum de 0,5 m, est constitué de blocs de calcaire local de calibre très variable (jusqu’à 45 cm d’arête), disposés en vrac, et noyés dans une couche de terre brun rougeâtre représentant à peu près un tiers du volume de matériau rapporté (fig. 13, no 1).

FIG. 13 – Causse de Sauveterre. Séverac‑le‑Château (Aveyron). Tumulus de Roumagnac 1. 1 Relevé de surface (C et D : tas d’épierrement ; 1 : bloc calcaire du tertre ; 2 : élément de la couronne ; 3 : substrat calcaire lapiazé ; 4 : berme ; 5 : tranchée de la pelle mécanique ; 6 : axes des coupes) ; 2 relevé simplifié des étapes successives de la formation du monument (A : solin antérieur ; B : couronne ; C et D : tas d’épierrement ; 1 : coupe en bronze ; 2 : coupe non tournée) ; 3 coupe ouest‑est ; 4 coupe nord‑sud (d’après Gruat 1993).
72Une couronne enserrant incomplètement sa base est le seul aménagement structuré du monument. Elle comprend deux parties bien distinctes. Au sud, sur 3 m de longueur, elle est formée par le solin de plan arqué de la construction antérieure réutilisée, qui repose sur le substratum rocheux. C’est un muret de 60 cm de largeur moyenne et de 40 cm de hauteur, constitué, sur six assises, de dallettes de diverses dimensions, liées à la terre (fig. 13, no 2A). Au nord‑est, sur 4,7 m de longueur, la couronne est composée d’un alignement courbe de blocs irréguliers, de calibre nettement supérieur à celui de la masse tumulaire (fig. 13, no 28). Dans ce secteur, elle repose sur le dessus de la couche de terre sur laquelle est installé le tumulus. Cette partie de la couronne vient s’appuyer au sud contre le solin antérieur qui constitue le secteur précédemment décrit. Cette couronne est absente au sud‑ouest, tandis qu’au nord‑ouest la présence de la tranchée du sondage d’évaluation ne permet pas de reconnaître son existence.
73La zone sépulcrale, très décentrée, se trouvait dans la partie occidentale du tertre. Elle a été en grande partie détruite par le sondage à la pelle mécanique. De ce fait, la majeure partie des restes osseux du défunt, des vestiges de faune et du mobilier d’accompagnement –épée et fragments de deux bracelets– a été recueillie dans les déblais de ce sondage. Seule une faible portion de cette zone sépulcrale a pu être observée en place, immédiatement à l’est de la tranchée (fig. 14, no 1). Elle comprenait, dispersés sur une superficie de l’ordre d’1 m2, cinq pièces osseuses des pieds d’un sujet adulte : un MTT V droit, une phalange proximale II à V droite ou gauche, un naviculaire et un talus droits et un fragment de calcanéum gauche (fig. 13 et fig. 14, no 1, 3‑7), sans connexion anatomique, de part et d’autre de deux coupes complètes, l’une en bronze, l’autre en céramique non tournée (fig. 13 et fig. 14, no 1, 1‑2), et de divers os de faune. Aucun aménagement particulier ne limitait, protégeait ou signalait cette zone, du moins en sa partie fouillée finement.

FIG. 14 – Causse de Sauveterre. Séverac‑le‑Château (Aveyron). Tumulus de Roumagnac 1. 1 Répartition du matériel dans la région sépulcrale (1 : coupe en bronze ; 2 : coupe non tournée ; 3 : métatarse V droit ; 4 : phalange proximale du pied ; 5 : naviculaire droit ; 6 : talus droit ; 7 : fragment de calcunéum gauche) ; 2 état de conservation du squelette ; A épée en fer ; B céramique non tournée ; C bracelet en fer ; D coupe en bronze (d’après Gruat 1993).
74Le tumulus a ensuite été rechargé par des tas d’épierrement au cours de l’Antiquité tardive ou au début du haut Moyen Âge (fig. 13, no 1C, D).
75Os humains
Exception faite des cinq os de pieds observés sur le terrain (fig. 14, no 1, 3‑7), les restes osseux humains ont été recueillis dans les déblais de la pelle mécanique. En tout, il s’agit de 433 g d’os non brûlés se rapportant à un sujet adulte de sexe non déterminable, probablement âgé de plus de 30 ans lors du décès (sutures crâniennes synostosées en face endocrânienne uniquement). Ont été retrouvés des éléments du crâne ainsi que quatre prémolaires non identifiables car les couronnes sont très usées, de rares fragments du tronc (4 de côtes, 1 de sacrum, 1 de crête iliaque de coxal), du bras et de l’avant‑bras gauche, une phalange proximale II, IV ou V d’une main, les diaphyses des deux fémurs et cinq os des deux pieds (fig. 14, no 2).
76Les conditions de découverte n’ont pas permis de connaître le mode de dépôt du corps. La dispersion des os des pieds et la distance séparant la phalange du métatarsien (60 cm) pourraient plaider en faveur d’un dépôt secondaire après décharnement, mais s’agissant de petits os, on ne peut exclure des déplacements occasionnés par des animaux fouisseurs. D’autre part, l’absence d’une grande partie du squelette n’est pas significative puisqu’une partie des déblais du sondage d’évaluation a servi à combler l’excavation située dans le tas d’épierrement voisin.
77Mobilier (fig. 14A‑D)
A. Une épée en fer, représentée par deux fragments non jointifs (long, actuelle : 75,2 cm et 7 cm ; long, d’origine estimée : de l’ordre de 90 cm). La lame, longue de 70 cm, large de 4,8 cm au départ et de 4,1 cm dans sa partie médiane, légèrement pistilliforme, se termine par une extrémité large, brusquement appointée. Sa section est légèrement losangique. De la languette ne subsistent que les parties distale et proximale. La garde ne comporte que deux rivets ; son extrémité distale possède un rebord à peine marqué. Par sa forme, en particulier celle de l’extrémité distale de la lame et celle de l’extrémité proximale de la languette, et la présence de deux rivets seulement sur la languette, mais aussi par sa longueur, cette épée se rapproche du type en bronze de Mindelheim (Gaucher, Mohen 1972 : fiche 57).
B. Une coupe non tournée complète, à panse arrondie convexe à bord divergent E01 et fond rond 81 ; surfaces extérieure et intérieure soigneusement lissées (haut. : 4,2 cm ; diam. max. : 14,4 cm).
C. Un fragment d’un bracelet ouvert, en fer ; jonc de section semi‑circulaire à extrémités amincies (diam. ext. : de l’ordre de 6 cm ; ép. du jonc : 6 mm).
D. Une coupe en tôle de bronze martelée, à profil arrondi convexe, bord parallèle légèrement épaissi et fond arrondi aplati (diam. : 18 cm ; haut. : 5,7 cm). Cette coupe a fait l’objet d’une réparation : rectangle de tôle de bronze riveté.
E. Trois morceaux d’un autre bracelet en fer (diam. de la tige : 6 mm).
78Os d’animaux
(D’après Gardeisen 1993.)
Les os d’animaux découverts dispersés dans la région sépulcrale correspondent au dépôt de deux quartiers de viande non consommés : la base d’une patte postérieure droite d’un porc adulte, et une portion de rachis, secteur thoracique et lombaire, d’un mouton ou d’une chèvre, découpé longitudinalement. Des pièces isolées appartenant à un porc nouveau‑né et un porcelet de moins d’un an, ainsi qu’à divers ovicaprinés, pourraient peut‑être correspondre à des intrusions depuis le pierrier contenant un mobilier céramique de l’Antiquité tardive ou du haut Moyen Âge.
79Datation
Première moitié du premier âge du Fer (750‑600 av. J.‑C.).
L’épée en bronze du type Mindelheim, comme celle du type Gündlingen, est datée dans le domaine hallstattien, du début du premier âge du Fer (Ha C1 et C2 de G. Kossack, soit la seconde moitié du viiie et le viie s.) (Vuaillat 1977 : 119‑122). Les grandes épées en fer qui en découlent sont placées dans les trois premiers quarts du viie s. (Ha C2), parfois à la fin du viiie s., comme dans le tumulus 3 de Poiseul‑la‑Ville (Côte‑d’Or) (Chaume, Feugère 1990 : 53‑59).
80Avec un bord simplement épaissi, la coupe en bronze D, dépourvue de toute ornementation, ne trouve d’homologue tout à fait comparable que dans le tumulus de Cazevieille J1, dans les Garrigues languedociennes où cet objet est associé à une coupe non tournée excisée et un rasoir en bronze à un seul tranchant du type Ins/Serres d’A. Jockenhövel (1980 : 191), daté à Serres de la seconde moitié du viie s. ou du début du vie s.
81La forme de la coupe B est par ailleurs bien attestée dans divers tumulus des Garrigues héraultaises du début du premier âge du Fer (Cazevieille A4, A11, B2, D2, Lebous H6, Cazarils 14 : Dedet 1992a ; Viols 8 et 9 : Philippot et al. 1989 : 345, no 645 ; 348, no 657). En Languedoc occidental, munie d’un fond rond, cette coupe est plutôt rare au viie s. (un exemplaire au Grand Bassin I, tombe 99 : Taffanel 1962 : 8, fig. 5, no 33 ; un autre dans la tombe 12 du Peyrou à Agde : Nickels et al. 1989 : 41, no 12E). En revanche, elle est beaucoup mieux représentée dans cette région avec un fond ombiliqué, à Agde, comme un peu avant, à Mailhac, à la transition Bronze final IIIb/premier âge du Fer, et au début du premier âge du Fer (Taffanel et al. 1998 : 270). Tous ces éléments concourent à dater Roumagnac 1 de la première moitié du premier âge du Fer, avec une préférence pour le début de cette phase.
Site no 13. Tertre ( ?) de Roumagnac 2
82Bibliographie
Pons 1993 : 13‑20 ; 1994.
83Lieu de conservation
Provisoirement au dépôt archéologique de Rodez (Aveyron).
84Structures et observations de fouille
(D’après Pons 1993.)
Ce tas de pierres, d’un diamètre de 8 m pour une hauteur de 0,5 m, est érigé à 24 m à l’est du tumulus 1. Entièrement fouillé, il est dépourvu de toute structure, et n’a livré aucun reste osseux humain. Il contient toutefois un peu de matériel hétéroclite, dispersé dans la masse du tertre, de préférence vers le bord : un tesson, un anneau, une tige et une épingle en fer, un morceau de grès et de schiste, et quatre fragments de torchis (?), ainsi que quelques restes fauniques. La nature de ce tertre ne peut être déterminée : simple pierrier agricole ou monument cultuel annexe lié au funéraire ?
Site no 14. Tertre de Roumagnac 4
85Bibliographie
Pons 1993 : 27‑36 ; 1994.
86Lieu de conservation
Provisoirement au dépôt archéologique de Rodez (Aveyron).
87Structures et observations de fouille
(D’après Pons 1993.)
D’un diamètre de 6 à 8 m pour une hauteur maximum de 0,6 m, le tertre Roumagnac 4 est formé d’une calotte de pierres de calcaire local scellant, sauf au nord, un cercle périphérique de blocs ou de dalles assez volumineux, posés à plat, côte à côte et parfois sur deux assises (fig. 15). Également dépourvu de tout vestige osseux humain, alors que des pièces osseuses animales sont conservées, ce tertre a livré, dispersés dans sa masse, une vingtaine de tessons de céramiques non tournées et un bord d’amphore massaliote de type 8 de M. Py (1978a : 17), datable du ive ou du iiie s. av. J.‑C.

FIG. 15 – Causse de Sauveterre. Séverac‑le‑Château (Aveyron). Tertre de Roumagnac 4. 1 Plan ; 2 relevé et coupes de la bordure sud (d’après F. Pons 1993).
88Par sa structure, ce tertre ne peut être assimilé à un simple tas d’épierrement qui aurait piégé du matériel protohistorique. Sa fonction reste cependant énigmatique (monument de type cénotaphe ?), d’autant qu’il n’y a pas de lien chronologique avec le tumulus Roumagnac 1 tout proche.
Site no 15. Tumulus de Roumagnac 6
89Bibliographie
Pons 1993 : 43‑58 ; 1994.
90Lieu de conservation
Provisoirement au dépôt archéologique de Rodez (Aveyron).
91Structures et observations de fouille
(D’après Pons 1993.)
Avant la fouille, le tumulus 6 de Roumagnac se présente sous la forme d’une butte gazonnée bombée, parfaitement circulaire, d’une dizaine de mètres de diamètre et de 0,4 m de hauteur maximum, d’où émerge, dans le quart sud‑est, une dalle de chant (fig. 16, nos 1 et 4). D’un diamètre de 6 à 7 m, recouverte d’une couche de terre, la calotte est formée d’un amoncellement de pierres de calcaire local enrobées d’un sédiment argilo‑sableux formant environ la moitié du volume du tertre (fig. 16, nos 2 et 4). Cette chape scelle une couronne discontinue de blocs ou de dalles placées à plat, côte à côte. Cette structure périphérique, sensiblement circulaire, mais absente au sud, mesure 4,7 à 5,8 m de diamètre (fig. 16, no 3). L’ensemble est posé sur le paléosol (terre rouge du causse).

FIG. 16 – Causse de Sauveterre. Séverac‑le‑Château (Aveyron). Tumulus de Roumagnac 6 ; 1 relevé topographique avant la fouille (équidistance des courbes : 5 cm) ; 2 relevé supérieur de la chape de pierres ; 3 couronne et emplacement de la sépulture ; 4 coupe nord‑sud (d’après F. Pons 1993).
92Vers le centre se trouve l’aire sépulcrale du défunt no 1, limitée au nord, à l’ouest et au sud par six dalles posées de chant, formant une bordure discontinue sur 1,6 m de long. Elle comprend, placés directement sur le paléosol, les restes osseux non brûlés d’un individu adulte (défunt no 1), en décubitus dorsal, orienté sud‑ouest/nord‑est, tête au sud‑ouest (fig. 16, no 3 ; fig. 17, no 1). Les os, très fragmentés et corrodés, sont peu nombreux (fig. 17, no 2). Le crâne est enfoncé. Il n’y a pas de connexion, au sens strict, au niveau de la cage thoracique –presque complètement disparue– ni au niveau des membres ; cependant, la position des os en place est parfaitement anatomique. À l’exception d’un morceau de phalange proximale de la main, aucun os des extrémités n’est conservé.

FIG. 17 – Causse de Sauveterre. Séverac‑le‑Château (Aveyron). Tumulus de Roumagnac 6 ; 1 relevé de la sépulture du défunt no 1 ; 2 état de conservation du squelette du défunt no 1 ; A à C matériel associé au défunt no 1 (A : éléments de pendentif en bronze ; B : boucle de cheveux en bronze ; C : céramique non tournée ; D tesson de vase non tourné en périphérie du tumulus) (d’après F. Pons 1993).
93Plusieurs éléments paraissent indiquer que le corps s’est décomposé dans un espace vide : rotation latérale du fémur droit, et écrasements partiels de certains os comme la diaphyse de tibia gauche et l’humérus droit, paraissant imputables à un affaissement des matériaux plutôt qu’à un simple tassement naturel de la masse tumulaire. Au‑dessus des restes du squelette, les dalles calcaires de la chape montrent de nombreux chevauchements avec recouvrement partiel d’éléments paraissant correspondre à l’effondrement d’une structure du genre encorbellement ou bâtière.
94Le cadavre était paré. Au niveau du cou a été découvert un anneau pourvu d’un maillon, mobile, en bronze, sans doute élément de collier, et, à proximité du bras gauche, une spirale à cheveux en bronze. Une urne non tournée était déposée à gauche des pieds (fig. 17, no 1A, B et C). Les os coxaux étant très mal conservés, la détermination du sexe n’est pas assurée, mais plusieurs indices plaident en faveur d’une femme : le coefficient de sexualisation, obtenu d’après les caractères relevés sur le squelette céphalique selon la méthode de D. Ferembach, I. Schwidetsky et M. Stloukal (Ferembach et al. 1979), faiblement négatif ; le caractère gracile des os longs des membres ; la présence de parures et l’absence d’objets tranchants. Par ailleurs, dispersés dans le remplissage de la chape tumulaire mais avec une densité nettement marquée dans la partie centrale, se trouvaient plus d’un millier de très petits fragments osseux humains incinérés, représentant un poids total de 148 g. Aucun de ces éléments ne figurait sous l’inhumation. La couleur gris‑blanc de la plupart des fragments correspond à une température de crémation supérieure à 650 oC, et d’après l’examen des fissures concentriques, on a affaire à une incinération d’os frais. L’extrême fragmentation rend toute détermination et quantification très délicates. À l’évidence, il s’agit d’un second individu (au moins), adulte (défunt no 2) ; ce mort est dépourvu de matériel d’accompagnement et semble avoir été brûlé dans un autre lieu.
95Enfin, un tesson d’une urne de même type et de même forme que celle placée au pied du défunt no 1 a été découvert à l’extérieur du tertre, à 1 m au sud (vase D). La similitude entre ces deux objets est l’indice de la contemporanéité de leur dépôt. La présence de ce tesson à l’extérieur du tumulus peut être évidemment accidentelle, mais on ne peut exclure qu’elle marque la trace de rites, offrandes, libations, repas, effectués après la construction du monument, soit en fin de funérailles, soit lors d’une cérémonie ultérieure, mais pas trop éloignée dans le temps, qui pourrait témoigner d’une forme de culte des morts.
96Mobilier associé au défunt no 1 (fig. 17, A‑C)
A. Élément d’un collier composé d’un anneau en bronze de 1,5 cm de diamètre, à tige de section ovalaire de 2,5 x 1,5 mm, autour duquel est enroulé un maillon de 6 à 9 mm de diamètre, fait d’une tige de bronze aplatie, de section rectangulaire.
B. Boucle de cheveux formée d’un fil de bronze aplati, enroulé en spirale, et partiellement déplié aux extrémités.
C. Urne non tournée complète, à col moyen divergent, bord déversé à méplats B11, panse haute à profil arrondi très galbé et pied bas 43C ; cinq cannelures horizontales jointives ornent la partie supérieure de la panse (haut. : 18,3 cm ; diam. max. : 24 cm).
97Mobilier extérieur au tertre (fig. 17D)
D. Un fragment de panse et de base de col d’une urne non tournée de forme semblable au vase C. Le haut de la panse est également orné de cannelures horizontales jointives, plus larges toutefois ici que sur le vase C.
98Os d’animaux
Absents.
99Datation
Bronze final IIIb ou transition Bronze final IIIb/premier âge du Fer.
L’urne C apparaît en Languedoc oriental en contexte Bronze final IIIb de faciès mailhacien 1 (cabane A de Roque de Viou à Saint‑Dionisy, Gard : Garmy, Py 1976 : 245). Dans la nécropole du Moulin à Mailhac, elle se place plutôt à la fin de cette période, à la transition avec le premier âge du Fer (tombes 4 et 104 : Louis et al. 1958 : 19, fig. 9, et p. 21, fig. 10 ; tombe 245 : Taffanel et al. 1998 : 192, no 1 ; sur l’évolution du cimetière du Moulin, ibid. : 303‑315). Les spirales à cheveux existent dès le Bronze moyen et persistent jusqu’à la transition Bronze final/âge du Fer et au début du premier âge du Fer au moins, comme dans les tumulus de Villeplaine 1 et du Vayssas 1 en Sévéragais.
Site no 16. Tertre (?) de Roumagnac 9
100Bibliographie
Pons 1993 : 63‑68.
101Lieu de conservation
Provisoirement au dépôt archéologique de Rodez.
102Structures et observations de fouille
(D’après Pons 1993.)
Ce tertre est composé d’un amoncellement de blocs de calcaire local, vaguement circulaire, avec un diamètre de 5,5 m et une hauteur maximale de 0,25 m. Il est dépourvu de toute structure aménagée ou agencement particulier (fig. 18, no 1). 33 tessons d’un vase non tourné incomplet sont dispersés sur environ 1 m2 au nord‑ouest du centre. En limite sud‑ouest du tertre se trouvent deux vertèbres cervicales d’ovidés. Aucun os humain n’a été découvert dans ce tertre. Comme pour Roumagnac 2, on ne peut déterminer s’il s’agit d’un pierrier agricole, d’un monument du genre cénotaphe ou d’une annexe cultuelle liée au funéraire. Cependant, l’homogénéité des restes céramiques qu’il contenait plaide en faveur d’un lien avec la vocation funéraire des lieux.

FIG. 18 – Causse de Sauveterre. Séverac‑le‑Château (Aveyron). Tertre de Roumagnac 9. 1 relevé d’ensemble A et B céramiques non tournées (d’après F. Pons 1993).
103Mobilier (fig. 18A, B)
A. Trente‑trois fragments d’une urne non tournée très incomplète, à col divergent.
B. Un tesson de vase non tourné (le même que précédemment ?), qui porte un décor de doubles traits parallèles incisés avant cuisson.
104Datation
Bronze final IIIb ou début du premier âge du Fer.
Les restes du col d’urne ne peuvent être datés précisément à l’intérieur du Bronze final IIIb ou du premier âge du Fer. Le décor de doubles lignes incisées est bien connu au Bronze final IIIb ; mais on le rencontre encore au début du premier âge du Fer en Languedoc oriental (Dedet 1995a : 108‑110).
Groupe de Villeplaine
105Ce groupe se trouve à 300 m au nord du hameau de Villeplaine, entre ce dernier et celui de Roumagnac (fig. 8). Il est constitué d’une dizaine de tertres indifféremment répartis sur une assez grande surface, le plus souvent isolés, plus rarement groupés par deux, trois ou quatre. Trois seulement parmi eux ont fait l’objet de découvertes ou de fouilles connues, révélant leur nature funéraire : Villeplaine‑Les Sarragats, Villeplaine 1 et 2.
Site no 17. Tumulus de Villeplaine‑Les Sarragats
106Situation
Non déterminée actuellement.
107Découverte et fouille
En avril 1831, des découvertes furent effectuées dans un tertre situé dans un champ appelé « Les Sarragats ». Elles firent l’objet d’une relation en 1838 par J.‑L. Lescure, qui toutefois ne précise pas leurs circonstances (travaux agricoles ?).
108Bibliographie
Lescure 1837‑1838 ; Gruat 1988 : 71 et pl. 24.
109Lieu de conservation
Une partie seulement du mobilier –six bracelets– est visible au musée Ferraille à Rodez (Aveyron) ; le reste, ainsi que le matériel osseux, a disparu.
110Structures et observations de fouille
(D’après Lescure 1837‑1838.)
Ce tertre était un « grand tas de pierres » de « 80 mètres de pourtour », soit un diamètre de l’ordre de 25 m, « sur à peu près 3 mètres d’élévation ».
« Ce fut au centre de cette masse pétrée qu’on remarqua un certain alignement dans quelques pierres de choix, c’est‑à‑dire de moins petite dimension : sur cet alignement régnait une forme de comble par des dalles inclinées jusqu’à jonction d’un bout ; ces pierres enlevées, et aux premiers coups de pioches, on aperçut des ossements, bien conservés, de deux squelettes humains, se touchant presque de la tête, placés au couchant et divergeant entre eux sous un angle d’environ 45 degrés : ils n’avaient qu’une même enceinte et leurs deux têtes s’emboîtaient dans la double échancrure d’une pierre brute mollement travaillée. [...] Les deux individus dont on découvrit les restes étaient adultes, de grandeur ordinaire et de sexe différent. Ils gisaient à fleur de terre.. ». (Lescure 1837‑1838 : 50).
111Douze bracelets en tôle de bronze ouverts, de section triangulaire, étaient enfilés « au tibia de chaque jambe » de l’un des deux sujets qualifié de féminin « d’après les dimensions du bassin et de la poitrine ». Douze anneaux en bronze, ouverts, « gisaient, sans jonction, et comme une traînée entre les deux squelettes ».
112Os humains
Disparus. D’après la relation de J.‑L. Lescure, on peut tenir pour acquis que cette tombe abritait deux sujets de taille adulte, le diagnostic sexuel restant quant à lui sujet à caution.
113Mobilier (fig. 19)
– Douze bracelets en tôle de bronze, ouverts, à section ouverte carénée. Les six exemplaires conservés au musée Fenaille, tous semblables, sont décorés des mêmes motifs finement incisés : faisceaux de stries gravées formant des bandeaux, des chevrons ou des croix de Saint‑André ; seul le nombre de stries varie quelque peu d’un bracelet à l’autre.
– Douze anneaux en bronze, ouverts, de dimensions diverses, disparus. L’un d’eux au moins, « offrait des traces de gravures en saillie ».

FIG. 19 – Causse de Sauveterre. Séverac‑le‑Château (Aveyron). Tumulus de Villeplaine‑Les Sarragats. L’un des bracelets en bronze (d’après Gruat 1993).
114Datation
Milieu du premier âge du Fer (deuxième moitié du viie s. av. J.‑C.)
Le type de bracelet caréné ouvert en bronze est attesté aussi bien ailleurs dans les Grands Causses (aven‑grotte du Baumas à Saint‑Rome‑de‑Dolan, Lozère ; Costantini et al. 1985 : 98, 99), que dans d’autres régions du Massif central : tumulus 21 de Lair à Laurie (Cantal), qui a livré lui aussi douze exemplaires de ces bracelets, assemblés en deux brassards de six pièces (Vinatié, Daugas 1972 : 353) ; dépôt de La Mouleyre à Saint‑Pierre‑Eynac (Haute‑Loire), en compagnie notamment d’un bassin étrusque en bronze à rebord perlé de la fin du viie s. (Millotte 1972 : 295‑296) ; dépôts launaciens du Languedoc, enfouis au viie ou au vie s. : Launac à Fabrègues, Hérault (Cazalis de Fondouce 1900 : 195), Bautarès à Péret, Hérault (García 1993 : 248, fig. 123, nos 3, 6 et 8) et Carcassonne (Guilaine 1969 : pl. 11, no 103 et pl. 12, no 106). Mais les dépôts recèlent souvent des objets plus anciens. De fait, ce type de bracelet fait complètement défaut dans la nécropole de Saint‑Julien de Pézenas, datable de l’extrême fin du viiie à la fin du vie s., et qui a livré un abondant matériel métallique. En revanche, on le rencontre, en fer, dans la nécropole du Peyrou d’Agde, dans la seconde moitié du viie s. (tombes 21, 24, 43, 59 et 138 : Nickels et al. 1989 : 56, no 211 et m ; 59, no 24d ; 116, no 59c et d ; 210, no 138f et g).
Site no 18. Tumulus de Villeplaine 1
115Situation et fouille
Ce tumulus se trouve à 300 m au nord du hameau de Villeplaine, sur un affleurement rocheux de calcaire sinémurien (fig. 8). Affecté par deux labours successifs, le tumulus de Villeplaine 1 a fait l’objet d’une fouille de sauvetage de P.‑M. Blanquet en 1979.
116Bibliographie
Blanquet 1987.
117Lieu de conservation
Musée municipal de Séverac‑le‑Château et Centre archéologique départemental de Montrozier (Aveyron).
118Structures et observations de fouille
(D’après Blanquet 1987.)
Au moment de la fouille, ce tumulus, pratiquement circulaire, mesurait 20 m de diamètre pour une hauteur de 0,6 m au nord‑nord‑est à 1,2 m au sud‑sud‑ouest. Selon le propriétaire du champ, le diamètre n’a été que très légèrement augmenté et son élévation diminuée. Seule la partie centrale du monument a été fouillée, soit un carré de 5 m de côté (fig. 20, no 1). Cette fouille a permis de relever les éléments suivants :
– à la base, sur le substrat rocheux lapiazé (fig. 20, no 2a) dont les failles sont remplies de terre rouge de décalcification, un lit régulier de cailloutis recouvre toute la surface fouillée (fig. 20, no 2b) ;
– au centre du tertre, et reposant sur la surface de ce cailloutis, un amoncellement de 2,5 m de long, 1,5 m de large et 0,4 m de haut, est formé de blocs calcaires de modules divers, les plus volumineux étant disposés à la base (fig. 20, no 3, 1) ; vers le centre‑est de cette structure, une zone dépourvue de blocs était remplie de cendres fines (fig. 20, no 3, 3) ;
– la zone sépulcrale jouxtait à l’est cet amoncellement (fig. 20, no 3, 2) ; un squelette humain d’un individu adulte y a été observé en décubitus dorsal : « Le squelette, assez mal conservé, était allongé sur le dos, les pieds au nord, la tête au sud. Une pierre était disposée sous la tête pour la relever légèrement, tandis qu’une autre, sous le dos, pouvait être destinée à cambrer le corps. La main gauche reposait au long du corps, tandis que la droite paraissait repliée sur le sternum. La jambe droite était légèrement écartée pour laisser la place au grand vase dans le creux du genou, où celui‑ci était déposé, ouverture vers le haut » (vase A). « Un torque à crochets était placé sous le maxillaire inférieur, trois bagues à spirales étant réparties à chaque main et une vers les chevilles ».
« Un vase couvercle avait été brisé à 0,50 m environ au sud du crâne » (vase B), « le crâne étant partiellement écrasé et déjeté en arrière » (Blanquet 1987 : 44). Cette région sépulcrale 2 est limitée à l’ouest par la bordure orientale de l’amoncellement 1, et à l’est par deux pierres allongées posées dans le prolongement l’une de l’autre. Les deux petits côtés de cette logette n’étaient matérialisés que par quelques pierres peu volumineuses.
L’ensemble est recouvert d’une chape de terre de 30 à 40 cm d’épaisseur, pauvre en blocs de pierre. De nombreux tessons de plusieurs vases non tournés très fragmentés étaient répartis dans cette chape sur l’ensemble de la partie fouillée, mais plus particulièrement vers le centre du tumulus.

FIG. 20 – Causse de Sauveterre. Séverac‑le‑Château (Aveyron). Tumulus de Villeplaine 1. 1 Plan général (1 : blocs calcaires ; 2 : zone sépulcrale) ; 2 coupe (a : substrat rocheux lapiazé ; b : cailloutis ; c : amoncellement de blocs) ; 3 plan de la partie fouillée (1 : blocs calcaires ; 2 : zone sépulcrale ; 3 : cendres fines ; b : cailloutis) (d’après Blanquet 1987).
119Os humains
Les os humains recueillis sont ceux d’un sujet adulte gracile, de sexe féminin (grande échancrure sciatique très large, bien visible sur le coxal droit), probablement âgé de plus de 30 ans lors de son décès (les sutures crâniennes sont synostosées en face endocrânienne et presque complètement synostosées en face exocrânienne) ; toutes les dents, aux apex fermés, sont très usées, et certaines portent des caries sur la couronne (M2g) ou sur le collet (M3g) ; l’une d’elle, M1g, manque, et son alvéole est colmatée. À l’exception de la main droite, toutes les parties du squelette sont représentées, crâne (paroi de la calotte très épaisse) avec sa mandibule, tronc (l’une des vertèbres cervicales basses a été teintée de vert de gris par le torque) et membres (fig. 21, no 1). Les observations faites lors de la fouille indiquent que nous avons affaire à un dépôt primaire.
120Mobilier (fig. 21, 22)
A. Une coupe non tournée complète, à panse tronconique, bord pendant facetté A19 et à pied bas 62C ; la base de la panse comporte un fort bombement entouré d’une dépression et d’une cannelure horizontale (haut. : 7,6 cm ; diam. max. : 27,7 cm) ; dégraissant calcaire assez grossier ; surface intérieure polie ; surface extérieure brute de finition (fig. 21A).
Ce vase porte à l’intérieur une riche ornementation incisée avant cuisson, au trait simple, incrusté de matière blanche (fig. 21A, A’ et fig. 22).
La facette intérieure du bord est décorée d’une ligne brisée, assez irrégulière, aux méandres arrondis tantôt serrés, tantôt lâches. Dans la lacune située au‑dessus de la plage lisse entre les panneaux 2 et 3, il faut restituer, d’après l’écartement des méandres les plus proches, deux ondes. Ce décor comporterait donc au total soixante‑trois méandres ou ondes.
La surface de la panse comprise entre cette facette et la cannelure du fond est occupée par sept panneaux décorés, de forme trapézoïdale, alternant avec autant de plages réservées lisses. L’ensemble forme une composition rayonnante à partir du fond. Les surfaces de ces panneaux sont très variables car la largeur, en haut, est comprise selon les cas entre 3,7 et 8 cm. Les panneaux décorés sont séparés des plages réservées par un trait vertical. L’ornementation de ces panneaux fait appel à cinq motifs différents, utilisés à des places très diverses et selon des fréquences très inégales (fig. 21A’).
– Motif no 1 : sept personnages sont traités de façon extrêmement schématique, debout, alignés, se tenant par les bras tendus ; le personnage central a une tête différente de celle des autres : il porte un masque surmonté de cornes de boviné. Tous ces personnages exécutent une danse collective. Ce motif ne figure qu’une fois.
– Motif no 2 : une ligne brisée horizontale, à angles souvent arrondis, de deux à six méandres selon la place disponible, évoque la forme du serpent. C’est le motif le plus fréquemment utilisé ; il apparaît dans six panneaux sur sept, et forme la totalité de la décoration de quatre panneaux.
– Motif no 3 : un trait horizontal surmonte des traits verticaux d’égale longueur, cinq à huit selon la place disponible. Ce motif, qui évoque la forme d’une estrade, d’un pont ou d’une clôture, est présent sur deux panneaux (nos 1 et 2).
– Motif no 4 : deux « parenthèses » sont reliées par un trait horizontal ; ce motif n’apparaît qu’une fois (panneau no 1).
– Motif no 5 : une sinusoïde verticale est formée de sept méandres dont la longueur diminue progressivement par suite de l’amincissement du champ. Ce motif n’est représenté qu’une fois (panneau no 7).

FIG. 21 – Causse de Sauveterre. Séverac‑le‑Château (Aveyron). Tumulus de Villeplaine 1. 1 État de conservation du squelette ; A et B céramiques non tournées ; A’ schéma des motifs et composition du décor du vase A ; C torque en bronze ; D à F anneaux spiralés en bronze (d’après Costantini et al. 1985).

FIG. 22 – Causse de Sauveterre. Séverac‑le‑Château (Aveyron). Tumulus de Villeplaine 1. Décor incisé de la coupe en céramique non tournée A ; 1 ensemble ; 2 agrandissement du panneau représentant la danse.
clichés de Ph. Gruat
121Le décor de chaque panneau s’organise de la manière suivante :
– panneau no 1 : cinq éléments superposés : de haut en bas, les motifs nos 1, 2, 3, 4 et 2 ;
– panneau no 2 : huit éléments superposés comprenant deux motifs différents : de haut en bas, six motifs no 2 et deux motifs no 3 ;
– panneau no 3 : cinq motifs no 2 superposés conservés ;
– panneau no 4 : onze motifs no 2 superposés ;
– panneau no 5 : sept motifs no 2 superposés conservés ;
– panneau no 6 : quatre motifs no 2 superposés ;
– panneau no 7 : un motif no 5 occupant l’ensemble du champ.
122Cette ornementation appelle quelques remarques supplémentaires. En premier lieu, la juxtaposition de motifs figuratifs et de motifs non figuratifs. Les motifs nos 1 à 4 entrent clairement dans le premier groupe. L’un d’eux, la danse (motif no 1), est bien reconnaissable. L’interprétation des autres est plus ou moins problématique : serpent sans doute pour le motif no 2, tandis que les motifs nos 3 et 4 restent énigmatiques. En revanche, la ligne brisée courant tout le long du bord du vase est non figurative. Quant à la sinusoïde du motif no 5, nous ne pouvons affirmer s’il s’agit ou non d’un motif figuratif. Le panneau 1 a une importance toute particulière puisqu’il regroupe quatre des cinq motifs du répertoire décoratif et qu’avec la scène de danse dans sa partie la plus large et la plus visible, il possède la figuration la plus évidente de l’ensemble. Dans un tel contexte funéraire, cette ornementation est susceptible de posséder une valeur symbolique propre et nous reviendrons dans le chapitre 10 sur cette question.
B. Une coupe non tournée incomplète, à panse tronconique, bord à facettes C21 et fond plat 12B (haut, restituée : de l’ordre de 8 cm ; diam. max. : 22 cm).
C. Un torque en bronze à tige filiforme lisse de section décroissante du bord vers les extrémités (de 0,5 à 0,3 cm) ; ces dernières sont recourbées (diam. : 15 cm).
D‑F. Trois anneaux‑spirales en bronze, à trois ou quatre spires, formés d’une bandelette plate (fig. 21, D‑F).
123Os d’animaux
(Détermination A. Gardeisen.)
NR dét. = 2 ; NR total = 18.
– Ovicapriné (mouton ou chèvre) : NR = 1
(1 f. de diaphyse de radius) ; NMI = 1 adulte.
– Oiseau galliforme (cf. perdrix) : NR = 1
(1 humérus) ; NMI = 1 adulte.
– Esquilles indéterminées : NR = 16 Pas de traces de découpage.
124Datation
Fin du Bronze final IIIb ou transition Bronze final IIIb/premier âge du Fer.
Les deux coupes tronconiques sont caractéristiques du Bronze final IIIb. La composition et l’esprit de l’ornementation de la première sont spécifiques du faciès mailhacien I de cette période, qui s’étend le long de la côte méditerranéenne depuis le versant espagnol des Pyrénées orientales jusqu’au Rhône, sur une profondeur d’une cinquantaine de kilomètres. On trouve en particulier, dans le répertoire du mailhacien I, le motif de la danse (par exemple, en contexte funéraire, tombe 122 du Moulin à Mailhac ; Louis et al. 1958 : 17, fig. 8, no 122, 2 ; 24, fig. 13, 27), et le mélange constant d’éléments figuratifs et d’éléments non figuratifs. Mais la technique de l’incision en trait simple ne se rencontre à Mailhac que dans la tombe 4 du Moulin, datée de la période de transition entre la phase mailhacien I et le début du premier âge du Fer par la présence d’un couteau en fer et d’un rasoir demi‑circulaire en bronze (Louis et al. 1958 : 16, 17). Elle rattache également ce vase aux exemplaires très dispersés que l’on retrouve vers la même époque dans des régions périphériques de l’aire de répartition de mailhacien I :
– dans le Lauragais : L’Estrade à Mireval‑Lauragais, Aude (Passelac 1983 : 10‑11) ;
– dans la moyenne vallée du Rhône et la Provence occidentale : Ranc Pointu à Saint‑Martin‑d’Ardèche, Ardèche (Gilles 1962 : 56, fig. 3, à d.) ; Moras‑en‑Valloire (Nicolas, Martin 1972) et Saint‑Uze (Combier 1973 : 32), Drôme ; Sérezin, Rhône (Bocquet 1969 : 342 ; Combier 1972 : 41‑43) ; Grotte basse de Vidauque à Cheval‑Blanc, Vaucluse (Louis et al. 1955 : 64) ; Glanum, Bouches‑du‑Rhône (Rolland 1968 : 10) ;
– dans des régions plus éloignées, telles que le Velay : Polignac, Haute‑Loire (Daugas 1976 : 515, pl. 4, no 13) ; le Centre : tumulus de Villement à Saint‑Aoustrille, Vienne (Louis et al. 1960 : 225) ; le Poitou : Le Camp Allaric à Aslonnes, Vienne (Pautreau 1972) ; la Charente : grotte du Quéroy à Chazelles (Gomez de Soto 1978 :
406‑410). Les torques lisses, rares dans le Midi, apparaissent à la fin du Bronze final et au début du premier âge du Fer. Des torques filiformes non décorés existent :
– dans la nécropole de Mola (province de Tarragone, Espagne) à la fin du Bronze final III ou au début du premier âge du Fer (Louis et a/. 1958 : 239, fig. 188, no 8) ;
– dans les tumulus des Garrigues héraultaises au début du premier âge du Fer : en fer, tumulus Ravin des Arcs 2 ; en bronze, tumulus Ravin des Arcs 6, à Notre‑Dame‑de‑Londres (Vallon 1984 : pl. 52, no 361 ; pl. 57, no 380). Les anneaux en spirale en bronze sont attestés :
– dès le Bronze moyen dans la salle sépulcrale IG de la grotte du Hasard à Tharaux, Gard (Roudil 1972 : 115, et p. 160, fig. 57, no 5) ;
– au Bronze final IIIb dans les nécropoles audoises du Moulin à Mailhac (tombes 142 et 124) et de Las Fados à Pépieux (tombe 21) (Louis et al. 1958 : 27‑29, 116).
Site no 19. Tumulus de Villeplaine 2
125Situation et fouille
Le tumulus de Villeplaine 2 a été fouillé par P.‑M. Blanquet en 1979, tout près de Villeplaine 1, et n’a donné lieu à aucun compte rendu. Nous devons donc nous contenter de l’examen du matériel exhumé sans pouvoir en apprécier les conditions de dépôt et de gisement.
126Bibliographie
Ce tumulus est seulement signalé dans Gruat 1988 : 73, pl. 24.
127Lieu de conservation
Musée municipal de Séverac‑le‑Château et Centre archéologique départemental de Montrozier (Aveyron).
128Os humains
1010 g d’os humains non incinérés ont été recueillis, qui gisaient « très épars ». Ils se rapportent à trois individus (fig. 23).
– Sujet no 1 : adulte gracile, de sexe non déterminé, probablement âgé de plus de 30 ans (sutures crâniennes synostosées en face endocrânienne, en cours de synostose en face exocrânienne ; dents moyennement ou très usées, aux apex fermés). La grande majorité des pièces osseuses recueillies se rapporte à cet individu dont toutes les parties du squelette sont attestées : fragments de calotte crânienne et cinq dents, des os du tronc et des membres supérieurs et inférieurs, y compris des mains et pieds (fig. 23, S1).
– Sujet no 2 : un adolescent entre 15 et 18 ans, représenté par M1 ou M2g non usée à l’apex non fermé, un germe de M3g, un fragment de diaphyse de radius droit et l’extrémité proximale du radius gauche.
– Sujet no 3 : un enfant entre 10 et 12 ans, auquel se rapportent deux dents en éruption, P1g et C, d, la trochlée et le capitulum soudés de l’épiphyse distale d’un humérus non synostosé, la partie distale de la diaphyse de l’humérus droit, la partie distale de la diaphyse de l’humérus gauche, et un fragment de diaphyse d’ulna.
Une l1d non usée, à l’apex non fermé, peut appartenir aux sujets nos 2 ou 3.

FIG. 23 – Causse de Sauveterre. Séverac‑le‑Château (Aveyron). Tumulus de Villeplaine 2 ; A à E céramiques non tournées ; F anneau en céramique ; G anneau en bronze (d’après Gruat 1988) ; S1 à S3 état de conservation des squelettes.
129Mobilier (fig. 23A‑G)
A‑E. Cent soixante deux tessons appartenant à différents vases non tournés. Parmi eux figurent : un bord D07 d’urne ou de coupe (fig. 23A), un bord D02, de coupe semble‑t‑il (fig. 23B), un bord C06 d’urne ou de coupe (fig. 23C), un fond annulaire de type 60 (fig. 23D), un fond de forme non déterminé (fig. 23E).
F. Un fragment d’anneau en céramique, de section convexe sur la face extérieure, concave sur la face intérieure, orné vers l’extérieur de deux rangs de petits coups incisés (diam. ext. : de l’ordre de 5 cm).
G. Deux anneaux en bronze, coulés, de section ovalaire (diam. ext. : 3,3 cm).
130Os d’animaux
(Détermination A. Gardeisen.)
NR dét. = NR total = 6
– Ovicapriné (mouton ou chèvre) : NR = 1 (1 troisième molaire sup.) ; NMI = 1 adulte.
– Porc : NR = 5 (1 deuxième molaire sup. peu usée), 1 épiphyse distale de première phalange non soudée, 1 tête fémorale non soudée, 1 extrémité proximale de deuxième phalange non soudée, 1 fémur de fœtus (sous réserve) ; NMI = 2 : un fœtus et un jeune adulte.
Pas de traces de découpage.
131Datation
Bronze final III ou premier âge du Fer. Le mobilier que renfermait ce tertre ne permet pas d’avancer une datation précise. Il peut se rapporter aussi bien au Bronze final III qu’au premier âge du Fer.
Groupe du Vayssas
132Les deux tertres du Vayssas, à 500 m à l’ouest‑nord‑ouest du hameau de Blayac, sont situés sur une croupe de calcaire découpée de la bordure septentrionale du causse de Sauveterre par le ruisseau de Merdans et dominant la plaine d’une cinquantaine de mètres. Ils sont distants d’une trentaine de mètres l’un de l’autre (fig. 8). Seul le no 1, placé à la rupture de pente du versant sud de la colline, vers 750 m d’altitude, a été fouillé, du moins partiellement, et s’est avéré être un tertre funéraire.
Site no 20. Tumulus du Vayssas 1
133Découverte et fouille
Lors de l’arrachage d’un bosquet de chênes qui avaient poussé sur le tertre no 1 et aux environs, des os humains et un ruban de bronze hélicoïdal furent mis au jour et repérés par deux habitants du voisinage en 1981. P.‑M. Blanquet effectua aussitôt, en février 1981, une opération de sauvetage sur ce tertre, limitée à un carré de 4 m de côté à la partie sommitale de l’édifice.
134Bibliographie
Blanquet 1984 ; Gruat 1988 : 69‑71.
135Conservation
Musée de Séverac‑le‑Château et Centre archéologique départemental de Montrozier (Aveyron).
136Structures et observations de fouille
(D’après Blanquet 1984.)
En l’absence d’un dégagement complet, on ne connaît pas les limites précises du monument. Ce dernier se présente sous la forme d’un tas de pierres de plan ovalaire, allongé dans le sens de la pente sur une douzaine de mètres de long, et large de 8 m. En raison de sa position en rupture de pente, son point culminant est complètement décentré vers le nord (fig. 24).

FIG. 24 – Causse de Sauveterre. Séverac‑le‑Château (Aveyron). Tumulus du Vayssas 1. Plan d’ensemble et coupe générale nord‑sud. C Coffre funéraire. (Équidistance des courbes : 1 m ; en tiretés : limites de la zone fouillée) (d’après Blanquet 1984).
137Il domine la limite nord d’une hauteur de 1 m et la base méridionale de plus de 3 m. Le glissement des matériaux dans le sens de la pente peut expliquer la forme du tertre, mais on ne peut exclure cependant que le choix de l’emplacement ait nécessité un apport plus important de matériaux dans la zone de plus grande pente. Une excavation en forme d’entonnoir de 1 m de diamètre et 0,7 m de profondeur affecte le centre du tertre préalablement à la fouille. Le secteur exploré en sauvetage correspond à la partie sommitale du tumulus. Cette opération a permis de mettre en évidence d’une part la structure constitutive du monument, et d’autre part de fouiller la zone sépulcrale (fig. 25).

FIG. 25 – Causse de Sauveterre. Séverac‑le‑Château (Aveyron). Tumulus du Vayssas 1. Plan et coupe du coffre sépulcral (les numéros des squelettes et du mobilier renvoient à la description dans le texte).
138En sa partie fouillée, le tertre se compose d’un amoncellement de blocs calcaires relativement volumineux, de 0,3 à 0,8 m d’arête, isolés par des plages de terre sombre. L’ensemble repose sur une couche de sédiment argileux rougeâtre (couche 0), épaisse de 0,2 m en moyenne, qui recouvre le substrat calcaire et contient quelques objets paraissant dater du Néolithique final (pointe de flèche, fragment de lamelle et éclats de silex, et tessons de céramique).
139La zone sépulcrale est constituée d’un caisson de plan carré, réservé dans la masse du tumulus, mesurant 2,10 m de côté, orienté presque à 45o par rapport aux points cardinaux, et délimité sur les quatre côtés par un parement régulier de pierre sèche haut de 0,65 m. À partir du sol primitif, la stratigraphie de ce secteur est la suivante :
– couche 1 : épaisse de 0,2 à 0,3 m, composée de terre fine, noire, excluant tout élément caillouteux ; elle emballe les dépôts funéraires ; le fouilleur émet l’hypothèse que cette couche résulte de la décomposition d’un amoncellement de végétaux (branchages, herbes, fleurs), ou de celle d’une structure en matériaux périssables, bien qu’aucun fragment de bois ou de graine n’ait pu être discerné à l’œil nu ;
– couche 2 : immédiatement au‑dessus, formée de blocs de pierres calcaires, relativement volumineux, dont la disposition ne paraît pas organisée.
140La couche 1 a livré cinq squelettes humains disposés côte à côte, parallèlement aux parois nord‑est et sud‑ouest du caisson, et remplissant de façon homogène l’ensemble de la surface de cette structure.
141Les défunts et leur accompagnement (fig. 26)
● Sujet no 1 : une femme (d’après la forme de la grande échancrure sciatique des coxaux et la présence bien marquée du sillon pré‑auriculaire), âgée de plus de 30 ans (les sutures frontale et pariéto‑occipitale du crâne sont complètement synostosées en face endocrânienne et en cours de synostose en face exocrânienne ; les dents, à l’apex fermé, sont usées ou très usées ; P2d et M1g sont tombées ante mortem et leurs alvéoles sont colmatées). Les os longs des membres sont plutôt graciles et les insertions musculaires peu saillantes (poids total d’os conservés : 1 665 g) (fig. 26, S1). Cette défunte repose en décubitus dorsal, orientée nord‑ouest/sud‑est, tête au nord‑ouest, avant‑bras droit replié sur le thorax, membre supérieur gauche allongé le long du corps, membres inférieurs en extension. Près du temporal droit du crâne était disposée une coupe non tournée carénée complète (1a) ; un torque en fer (1b) entourait la mandibule et deux bracelets en fer (1e, f) entouraient les os des avant‑bras ; une épingle à tête enroulée en bronze (1c) a été découverte au niveau de l’épaule droite, et une fusaïole en céramique modelée (1d) au niveau de l’épaule gauche.
● Sujet no 2 : une femme (fond de la grande échancrure sciatique du coxal droit très large) âgée entre 20 et 30 ans (les sutures crâniennes ne sont pas synostosées, sur aucune des deux faces ; toutes les dents sont peu usées ; les M3 ne sont pas sorties et ne semblent pas incluses dans le parodonte ; l’apex visible pour quatre dents est fermé ; les listels vertébraux sont soudés). Les os sont graciles (poids total d’os conservés : 1 370 g) (fig. 26, S2). Ce sujet repose vraisemblablement en décubitus latéral droit, orienté sud‑est/nord‑ouest, tête au sud‑est. Les bras sont le long du corps, les avant‑bras ramenés devant le ventre, le membre inférieur gauche en extension, le droit légèrement fléchi. Cette défunte est dépourvue de tout matériel d’équipement ou d’accompagnement.
● Sujet no 3 : un enfant âgé de 9 à 10 ans d’après le stade de développement de la denture et des os (M2d incluse dont la couronne apparaît à la surface du parodonte, M1, dm2 et dm, d, et sous cette dernière, par la cassure, on voit P1d incluse ; 12 dents isolées : l1 et M1g, l1 et M1d, M1g –toutes ces dents sont complètes mais l’apex n’est pas fermé–, dm2, et germes de M2, P1, P2 et C, g, de M2 et P1d ; cartilage de conjugaison vers l’épiphyse de l’humérus droit, de l’ulna gauche, de la tête, du petit et du grand trochanter du fémur gauche, des plateaux tibiaux droit et gauche). D’après la forme de la grande échancrure sciatique, très ouverte, il semblerait que nous ayons affaire à un enfant de sexe féminin. Les restes sont très altérés par l’arrachage de l’arbre (poids total d’os conservés : 530 g) (fig. 26, S3). Seule une partie de la calotte crânienne et les membres inférieurs sont retrouvés en place. Ils montrent une position en décubitus dorsal nord‑ouest/sud‑est, avec tête au nord‑ouest, cuisses dans l’axe du corps, mais les os des jambes paraissent avoir été déplacés. Une épingle à tête enroulée (3f), deux spirales de tresse de cheveux (3c, d) et une perle tubulaire (3e), en bronze, ainsi que deux perles en ambre (3a, b) gisent autour de la partie supérieure du crâne.
● Sujet no 4 : un adulte, très grand et très robuste. Le sexe ne peut être déterminé avec sûreté. Cependant, étant donné le degré de robustesse particulièrement important des pièces osseuses, il est extrêmement probable que nous ayons affaire à un homme. Il est probable également qu’il soit mort après 30 ans du fait de l’état des sutures crâniennes entièrement synostosées en face endocrânienne, visibles en face exocrânienne, du degré d’usure des dents (molaires très usées, autres dents moyennement usées), de la chute ante mortem des M3d, M3g, P2d et P2g et de la résorption de leurs alvéoles (poids total d’os conservés : 1 695 g) (fig. 27, S4). Cet adulte semble avoir été placé en décubitus dorsal, orienté nord‑ouest/sud‑est, tête au nord‑ouest, bras droit reposant sur le pubis, membre supérieur gauche non positionné, membres inférieurs en extension. Une coupe hémisphérique non tournée est posée complète à gauche du crâne (4a), et une urne non tournée, également complète sur les tibias (4b).

FIG. 26 – Causse de Sauveterre. Séverac‑le‑Château (Aveyron). Tumulus du Vayssas 1. État de conservation des squelettes S1 à S3 et mobilier les accompagnant ; 1a céramique non tournée ; 1b torque en fer ; 1c épingle en bronze ; 1d fusaïole ; 1e et 1f bracelets en fer ; 3a et 3b perles en ambre ; 3c et 3d perles spiralées en bronze ; 3e tube en bronze ; 3f épingle en bronze.
1a dessin de G. Marty, ASPAA, centre archéologique de Montrozier

FIG. 27 – Causse de Sauveterre. Séverac‑le‑Château (Aveyron). Tumulus du Vayssas 1. État de conservation des squelettes S4 et S5 et mobilier les accompagnant ; 4a, 4b et 5a céramiques non tournées ; 5b anneau‑spirale en bronze.
4a-b, 5a dessin de G. Marty, ASPAA, centre archéologique de Montrozier
142● Sujet no 5 : un homme (d’après la forme de la grande échancrure sciatique et l’absence de sillon pré‑auriculaire), très grand et très robuste (d’après la taille des os longs des cuisses et des jambes), âgé d’environ 20 ans (listels vertébraux non soudés, épiphyses distales des fémurs non soudées aux diaphyses, mais présence des troisièmes molaires, non usées cependant). Poids total d’os conservés : 1970 g (fig. 27, S5). Ce sujet est placé sur le côté gauche, orienté nord‑ouest/sud‑est, tête au nord, adossé au mur du caisson. Les membres supérieurs sont étendus le long du corps ; la partie inférieure du squelette marque une légère flexion au niveau de la ceinture par rapport au tronc, les membres inférieurs sont en extension, légèrement déjetés vers le centre de la tombe. Il s’agit très probablement du sujet déposé en dernier dans l’espace qu’il restait. Un anneau‑spirale en bronze adhérait par ses oxydes à une vertèbre thoracique (5b) ; une grande coupe tronconique non tournée complète, renfermant une phalange proximale du pied (de cet individu ou du voisin ?), est posée sur les tibias (5a).
143Les observations de terrain n’ont pas permis d’identifier le mode de fermeture de ce lieu sépulcral. Le mobilier céramique ne paraît pas avoir subi d’écrasement consécutif au jet des blocs de pierre volumineux qui forment la couche 2.
144Dès lors, deux hypothèses se présentent : soit les dépôts funéraires ont été recouverts par des matières organiques (végétaux), puis par une couche de pierres jusqu’au sommet du caisson, et ces matières organiques ont protégé les offrandes de l’écrasement ; soit le caisson a fonctionné comme un caveau dont le plafond était fermé par des poutres et des branchages recouverts de pierres, dispositif qui s’est effondré progressivement ensuite. L’absence de pierres dans la couche 1 plaide toutefois en faveur de la première hypothèse, soit un comblement immédiat de la partie supérieure de la tombe par des pierres.
145Au moment de l’examen des restes osseux du Vayssas, ceux‑ci étaient conservés individu par individu, chacun dans une boîte. J’ai pu constater alors quelques mélanges effectués sans doute sur le terrain lors du ramassage des vestiges. Ainsi, la clavicule gauche du sujet no 1 était conservée avec les os du sujet no 2 ; la partie supérieure de la diaphyse de l’humérus gauche et les restes de l’avant‑bras gauche du sujet no 2 se trouvaient avec les os du sujet no 3 ; de nombreuses pièces osseuses du sujet no 3 étaient mêlées aux os du sujet no 2, surtout, mais parfois aussi avec ceux des sujets nos 4 et 5 ; de même, quelques os du sujet no 4 se trouvaient dans la boîte du sujet no 5. Mais ces mélanges sont accidentels. Ils résultent pour l’essentiel, et notamment pour les sujets nos 3 et 4, de l’arrachage d’un chêne. Pour le reste, l’action d’animaux fouisseurs ne peut être exclue. Cette dernière est même évidente dans deux cas : d’une part, la présence d’une phalange proximale II à V du pied droit ou gauche à l’intérieur de la grande coupe posée sur les tibias du sujet no 5, et qui peut provenir de ce sujet ou de son voisin immédiat ; d’autre part, celle d’un morceau de lame de vertèbre dans le vase caréné posé à la tête du squelette no 1. En fait, les observations faites par le fouilleur montrent clairement que nous avons affaire à cinq dépôts primaires. Leur disposition côte à côte remplissant l’ensemble de la surface du coffre indique que ces dépôts ont été effectués en même temps, ou du moins dans des laps de temps réduits. De plus, on ne perçoit pas de différence chronologique dans le matériel accompagnant chacun des cadavres. On remarquera par ailleurs que le sujet no 2 se distingue très nettement des autres : son orientation est inversée par rapport aux autres squelettes et il est dépourvu de tout matériel d’accompagnement non périssable. D’autre part, si sa position en décubitus latéral discernée par le fouilleur est bien réelle, celle‑ci pourrait constituer un autre élément de différentiation. En effet, une telle position ne se retrouve au Vayssas que pour le sujet no 5, mais avec une nécessité pratique : la situation de cet individu contre la paroi du coffre.
146Mobilier associé au sujet no 1 (fig. 26, 1a‑f)
(Femme.)
1a. Une coupe non tournée complète, à carène basse, bord évasé C01 et fond rond 81 (haut. 4,8 cm ; diam. max. 12,3 cm).
1b. Un torque en fer, retrouvé très fragmenté et incomplet autour de la mandibule, de section circulaire, semble‑t‑il (diam. : 1,2 cm).
1c. Une épingle à tête enroulée, en bronze, découverte au niveau de l’épaule droite (long. : 8,1 cm).
1d. Une fusaïole en terre cuite modelée, gisant à hauteur du membre supérieur gauche (haut. : 2 cm ; diam. : 2,8 cm).
1e, f. Deux bracelets en fer, retrouvés très fragmentés et incomplets autour de chaque avant‑bras ; l’un a une section ronde de 0,6 cm de diamètre, et, de profil ovale (diam. int. : de l’ordre de 6 à 4,5 cm) ; l’autre a une section quadrangulaire de 0,6 sur 0,3 cm, et, également de profil ovale (diam. int. : 5 cm).
147Mobilier associé au sujet no 3 (fig. 26, 3a‑f)
(Enfant de 9 à 10 ans.)
3a, b. Deux perles en ambre, de forme intermédiaire entre le cylindre et l’ovoïde, découvertes près du sommet du crâne ; l’une a un diamètre de 1,5 cm, une épaisseur de 0,8 à 0,5 cm et est percée d’un trou de 0,15 cm de diamètre ; l’autre a un diamètre de 1 cm, une épaisseur de 0,5 cm et est percée d’un trou de 0,3 cm de diamètre.
3c, d. Deux spirales à cheveux, tous près du côté droit du crâne, formées d’un mince ruban de 0,5 cm de largeur.
3e. Un tube formé d’une mince feuille de bronze enroulée, sans doute autour d’un lacet ou d’un cordon, découvert tous près du côté droit du crâne (long. : 2,3 cm ; diam. : 0,45 cm).
3f. Une épingle en bronze à tête enroulée, trouvée au niveau de l’épaule gauche (long. : 5,1 cm).
148Mobilier associé au sujet no 4 (fig. 27, 4a, b)
(Adulte très probablement masculin.)
4a. Une coupe non tournée complète, à panse arrondie convexe, bord divergent E01‑E09, fond rond 81 (haut. : 4,5 cm ; diam. max. : 17,5 cm).
4b. Une grande urne non tournée complète, à panse arrondie surbaissée, col moyen divergent, bord D01, et pied bas 62A (haut. 17 cm ; diam. max. 20,4 cm).
149Mobilier associé au sujet no 5 (fig. 27, 5a, b)
(Jeune homme d’environ 20 ans.)
5a. Une grande coupe non tournée complète, à panse tronconique, bord simple E01, et fond plat 12B (haut. : 12,9 cm ; diam. max. : 32 cm).
5b. Une spirale à cheveux en bronze, découverte au niveau d’une vertèbre thoracique à laquelle elle adhérait par ses oxydes, semblable à celles du sujet no 3 ; elle est formée d’un mince ruban de 0,5 cm de large.
150Os d’animaux
(Détermination A. Gardeisen.)
NR dét. = NR total = 117.
– Bœuf : NR = 2 (1 f. de troisième molaire inf., 1 f. de quatrième prémolaire inf.) ; NMI = 1 adulte.
– Ovicapriné (cf. chèvre) : NR = 10 (2 f. de diaphyses proximales de fémurs non soudés ; 1 f. de diaphyse de tibia non soudé ;
1 extrémité proximale de scapula ; 2 f. de diaphyses d’humérus ; 1 f. de diaphyse de métacarpe ; 1 talus (cf. capra) ; 1 f. de côte ;
1 incisive inf.) ; NMI = 1 jeune de moins de 15 mois (cf. capra ?), associé aux restes du défunt no 3.
– Porc : NR = 1 (1 f. de canine inférieure) ; NMI = 1 truie adulte, associée au défunt no 1.
– Carnivore (chien) : NR = 3 (1 extrémité proximale de troisième métatarse de grande taille, 1 première phalange,
1 deuxième phalange de doigt latéral) ; NMI = 1 adulte.
– Carnivore (cf. fouine) : NR = 1 (1 canine supérieure) ; NMI = 1 adulte. Pas de traces de découpage.
151Datation
Début du premier âge du Fer (750‑700). La forme de la coupe carénée 1a déposée auprès du squelette no 1 est attestée dans les cimetières de Mailhac à la transition Bronze final IIIb/premier âge du Fer, et au tout début du premier âge du Fer (Taffanel et al. 1998 : 31‑32, forme Sa), et dans un habitat contemporain du Languedoc oriental, Montaillon (Dedet 1981 : 55, fig. 6, no 61). Elle n’apparaît pas ensuite dans le complexe Grand‑Bassin I du Languedoc occidental, ni dans le Suspendien du Languedoc oriental.
La coupe tronconique à fond plat 5a est représentée aussi bien au Bronze final IIIb qu’au premier âge du Fer, dans tout le Languedoc.
Les autres récipients, pour leur part, sont bien connus au début du premier âge du Fer. L’urne 4a notamment est attestée au Moulin de Mailhac dans la phase de transition Bronze final/premier âge du Fer (Taffanel et al. 1998 : 261, 262), puis au cours du viie s. au Peyrou d’Agde (tombe 197 : Nickels et al. 1989 : 277, no 197E). On la retrouve associée à la jatte tronconique à bord simple 5a dans le tumulus de Sadoulet 2 à Pompignan, dans le Gard (Gascó 1980c : 61‑62). Il en va de même de la coupe arrondie convexe à fond rond 4a, fréquente dans divers tumulus des Garrigues aux viiie‑viie s. (cf. supra les comparaisons proposées pour son homologue de Roumagnac 1, site no 12), du collier en fer (cf. supra Villeplaine 1, site no 18), et, dans une moindre mesure, des bracelets, en fer également.
Quant au mobilier en bronze, il appartient à l’attirail en usage au Bronze final mais qui persiste durant le premier âge du Fer.
L’épingle à tête enroulée est attestée dès les débuts du Bronze final.
– Bronze final I‑IIa : incinération 16 des Gobillons à Châtenay‑sur‑Seine, Seine et Marne ; Bontillot et al. 1975 : 431‑432, fig. 12, no 3 ; 442.
– Bronze final IIa : couche 1 du Prével supérieur à Montclus, Gard ; Dedet, Roudil 1994 : 191, fig. 26, nos 3 et 4.
– Bronze final IIa‑IIb : dépôt de Villethierry, Yonne ; Mordant et al. 1976 : 110‑ 112.
– Bronze final IIb‑III : incinération des Milosiottes à Noyers, Yonne ; Poitout, Mordant 1979 : 57, 60.
152Elle est ensuite très courante dans les nécropoles du Bronze final IIIb du Languedoc occidental (Soutou 1959b). Mais elle est encore présente au premier âge du Fer :
– fin viie‑début vie s. dans l’habitat de L’Arquet à Martigues, Bouches‑du‑Rhône (Lagrand 1959 : 193, pl. VI, no 2, 196) ;
– au début du vie s. dans la couche 3 de la Grande Baume à Gemenos, Bouches‑du‑Rhône (Lagrand 1968 : pl. XXXI, no 6) ;
– dans le deuxième quart du VIe s. sur l’oppidum de La Liquière à Calvisson, Gard (Py et al. 1984 : 121, 124, fig. 92, no 7). La perle tubulaire en tôle de bronze repliée est présente :
– au Bronze Final II ou III dans le tumulus de Pérarines à Blandas (Gascó 1984 : fig. 148, no 6) ;
– au Bronze final IIIa dans le dépôt de la grotte du Porche Rond à Gras, Ardèche (CASC, Gély 1992 : 55) ;
– au Bronze final IIIb dans la nécropole du Moulin (Louis et al. 1960 : 124 ; Taffanel et al. 1998 : 290, 291) ;
– au début du premier âge du Fer dans le tumulus Cazevieille l1, où il est associé à une épée en bronze de type Gündlingen (Gascó 1984 : 23, pl. 66, no 6).
153Les spirales à cheveux apparaissent dès le Bronze moyen et persistent jusqu’à la fin du Bronze final IIIb au moins, et peut‑être à la transition du premier âge du Fer, comme dans le tumulus sévéragais de Villeplaine 1 (cf. supra, site no 18).
154Quant à la perle en ambre cylindroovoïde, c’est un objet non datable précisément, dont l’usage est attesté dès le Chalcolithique, durant tout l’âge du Bronze (Gardin 1986), et encore au premier âge du Fer (Feugère 1992 : 20, fig. 6). Dans la région, cet objet est présent :
– au Bronze final IIIb dans une tombe de Beaufort à Azillanet, Hérault (Guilaine 1972 : 382), dans la tombe 15 de la Bellonette à Servian, Hérault (Feugère 1992 : 20, fig. 6), ainsi que dans le dépôt du Déroc à Vallon‑Pont‑d’Arc, Ardèche, enfoui à cette époque (Roudil 1990) ;
– dans les deuxième, troisième et quatrième quarts du vie s. dans les tombes 21, 118 et 121 du Peyrou à Agde (Nickels et al. 1989 : 338)
– entre 650 et 550 dans la sépulture du Pont de l’Hérault à Campagnan, Hérault (Feugère 1992 : 19, 20 ; García 1993 : 289, 290)
– vers 600 dans la sépulture A du tumulus 3 de Pont‑Chabestan à Chabestan, Hautes‑Alpes (Courtois 1968 : 104) ;
– dans la première moitié du vie s. dans la tombe 109 de Saint‑Julien de Pézenas, Hérault (Giry 1965 : 148, 149).
155Plusieurs faits concourent à penser que les cinq individus du Vayssas 1 ont été simultanément mis au tombeau : la juxtaposition soigneuse des cadavres, les dimensions du coffre adaptées au dépôt de quatre adultes et d’un enfant d’une dizaine d’années, la présence de l’épingle en bronze accompagnant deux des squelettes (S1 et S3) et celle des spirales à cheveux auprès également de deux individus S3 et S5).
156Pour caler dans le temps cet événement, nous disposons de deux séries d’objets. L’une à chronologie « ancienne » remontant au Bronze moyen, au Bronze final II, ou à la transition Bronze final/premier âge du Fer et disparaissant au début du premier âge du Fer : tube en tôle de bronze, spirale à cheveux en bronze, coupe carénée 1a. L’autre à chronologie « récente », composée de pièces apparaissant au tout début du premier âge du Fer : collier et bracelets en fer, les autres vases céramiques. La datation de l’épingle à tête enroulée couvre l’ensemble des deux espaces de temps. Seul le tout début du premier âge du Fer est commun à tous ces objets. C’est donc de cette époque, seconde moitié du viiie s., que l’on datera le tumulus du Vayssas 1.
Novis
Site no 21. Dolmen réutilisé de Novis
157Ce dolmen est seulement signalé par Prunières (1873) sous le nom du hameau de Novis, qui se trouve sur le causse de Sauveterre. La collection Prunières du musée de l’Homme conserve, avec un abondant mobilier de type Néolithique final/Chalcolithique, deux tessons jointifs de panse d’urne non tournée décorée d’une double ligne brisée grossièrement incisée pouvant dater du premier âge du Fer, et un anneau en bronze, rubané, ouvert qui pourrait se rapporter au Bronze moyen ou final (fig. 28) (Simanjuntak 1998 : 242, 274, 381). Aucun détail supplémentaire n’est connu pour préciser les éventuelles fréquentations ou réutilisations protohistoriques de ce monument.

FIG. 28 – Causse de Sauveterre. Séverac‑le‑Château (Aveyron). Dolmen de Novis. Céramique non tournée (d’après Simanjuntak 1998).
1.4 Balsièges (Lozère)
Site no 22. Tumulus du Freyssinel IV
158Situation et fouille
Le tumulus du Freyssinel IV a été fouillé en juillet et août 1929 par le Dr Ch. Morel au lieu‑dit Lou Bal Chasse, « dans un ravin au sud‑est du château du Choizal aux confins de la commune de Saint‑Bauzile » (fig. 29).

FIG. 29 – Causse de Sauveterre. Balsièges (Lozère). Localisation des tumulus du Freyssinel IV et V (sites no 22 et 23), et de La Bastide II (site no 26).
159Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1935 : 489 ; 1968 : 40.)
Ce tumulus, d’un diamètre de 17 m pour une hauteur de 2 m, comprend deux aires sépulcrales superposées, non délimitées.
● Sépulture 2, supérieure : « A 1 mètre de profondeur, nous trouvons quelques ossements humains très morcelés et dispersés, sans aucune trace d’incinération, et un fragment de céramique rouge, assez cuite, avec gros grains de quartz, ce sont là les vestiges d’une sépulture remaniée et indatable » (Morel 1968). En 1934, Ch. Morel précisait la découverte « d’un calcanéum, un astragale et les débris d’un péroné ».
● Sépulture 1, inférieure : « A 1,7 m, nous tombons sur une zone parsemée de dents de chevaux, réparties toutes au même niveau, à peu près au centre du monument, sur une surface de deux mètres carrés, environ. Ces dents sont au nombre de 33 et reposent sur une aire argileuse soigneusement tassée. Immédiatement au‑dessous, la terre devient noirâtre et contient de nombreux fragments de charbon. À 1,8 m, nous rencontrons trois vases disposés en triangle. Une urne cinéraire avec fragments osseux humains fortement calcinés et mêlés de cendres » et « deux vases à offrandes » qui « contenaient des ossements de sus et de lièvre calcinés ». En l’absence d’indication contraire, on considérera que l’incinération s’est déroulée dans un autre lieu.
160Os humains
Disparus
161Mobilier (fig. 30A‑C)
(A au musée Ignon‑Fabre de Mende ; le reste disparu ; ici d’après Morel 1968 : 40, et 57 à 60.)
A. Urne non tournée ayant servi d’ossuaire, complète, à panse très arrondie, col bas divergent, bord D05 et fond plat 11A (haut. : 20,5 cm ; diam. max. 24,5 cm) ; surfaces extérieures polies, col et panse ; décor incisé avant séchage à la pointe bifide sur la partie supérieure de la panse : suite de cinq méandres symétriques à angles arrondis, encadrés en haut par une double ligne droite et en bas par une triple ligne droite ; la longueur des éléments varie de 9 à 13 cm ; ils sont séparés par des espaces de l’ordre d’1 cm où l’on aperçoit la trace en partie effacée du double trait horizontal ; pas de trace d’incrustation de matière.
B. Urne non tournée complète, de forme Morel 2, à col bas divergent, panse arrondie et fond plat ; surfaces polies ; décor, en haut de la panse, d’un large trait horizontal fait à l’ébauchoir (haut. : 13 cm ; diam. max. : 16 cm).
C Urne non tournée complète, de forme Morel 3, à col cylindrique et panse biconique, fine et lustrée (haut. : 14 cm ; diam. max. : 14,5 cm).

FIG. 30 – Causse de Sauveterre. Balsièges (Lozère). Tumulus du Freyssinel IV. Céramiques non tournées ; A d’après l’original ; B et C formes 2 et 3 de la planche typologique de Ch. Morel (1968 : p. 56, pl. II).
162Os d’animaux
(Disparus ; ici d’après Morel 1968 : 40.) 33 dents de « chevaux » ; os calcinés de « sus et de lièvre ».
163Datation
Bronze final IIIa.
La forme 3 de Ch. Morel (ici vase C) est bien connue au Bronze final II et IIIa dans la région des Grands Causses, comme en Languedoc (cf. infra les remarques faites à propos d’un vase semblable du Freyssinel I, site no 87) ; elle correspond à la forme 2A du Bronze final. Celle du vase A, forme 5C du Bronze final, trouve également des comparaisons dans le même milieu, par exemple dans la grotte du Boundoulaou (Costantini et al. 1985 : 10, fig. 6, no 7). Son décor de grecques incisées n’apparaît cependant qu’à partir du Bronze final IIIa. On le retrouve sur l’épaule d’urnes des grottes de Luc et Puech Buisson, sur le causse Noir (ibid. : 46, fig. 45, no 7 ; 49, fig. 48, no 1), mais aussi en Languedoc, par exemple au Laouret (Gascó dir. 1996 : 111, fig. 4, no 12), ou à Tonnerre I (Py 1985 : 80, fig. 49, nos 16 et 21). Quant à la silhouette que donne Morel de sa forme 2 (ici vase B), elle ne paraît guère différente de la précédente. On datera donc Le Freyssinel IV du Bronze final IIIa.
Site no 23. Tumulus du Freyssinel V
164Situation et fouille
Le tumulus du Freyssinel V a été fouillé par le Dr Ch. Morel avant 1936, au lieu‑dit Lou Bal Chasse, à quelques mètres du précédent (fig. 29).
165Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1968 : 40‑41)
Parcouru par un chemin de culture, ce tertre a des limites peu nettes (diam. : de l’ordre de 7 à 8 m ; haut. : environ 1,2 m). « À 1 m de profondeur, un squelette orienté nord‑sud a été placé en position demi assise, la tête beaucoup plus élevée que les pieds, sur un dallage incliné de pierres plates. La tête est protégée par trois pierres levées. Le corps a été incinéré sur place : les pierres de dallage sont brûlées et les ossements gisent sur une couche de cendres et de charbon tout en conservant leurs connexions anatomiques. Mais la combustion est très incomplète : le crâne est à peine jauni et les petits os sont seuls calcinés ». Une coupe de forme Morel 5 a été découverte « près de la tête », une autre de forme Morel 4 « aux pieds du squelette », et un couteau en fer « au côté droit ». On ignore si ces objets ont été retrouvés complets ou non.
166Os humains
Disparus.
167Mobilier
(Disparu ; ici d’après Morel 1968 : 40‑41)
A. Coupe non tournée carénée, à bord évasé et fond creux (fig. 231, forme Morel 5).
B. Coupe non tournée arrondie convexe à fond creux (fig. 231, forme Morel 4), non décorée.
C. Couteau en fer.
168Datation
Premier âge du Fer (750‑500).
Les silhouettes que donne Ch. Morel pour ses formes 4 et surtout 5 évoquent une datation au premier âge du Fer, et la présence du couteau en fer interdit de remonter plus haut dans le temps.
Site no 24. Tumulus du Freyssinel XXIII
169Situation et fouille
Le tumulus du Freyssinel XXIII, fouillé par le Dr Ch. Morel avant 1961, est seulement localisé « non loin du Château du Choizal » (fig. 29).
170Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1961 : 104.)
« Tumulus plat de 10 m de diamètre. Au centre, à 0,3 m de profondeur, orienté nord‑ouest/sud‑est, squelette extrêmement abîmé, allongé sur le dos. Pour tout mobilier, un vase de forme 5 entre les jambes, un fragment de granit et un morceau de quartz étrangers à la région ».
171Os humains
Disparus
172Mobilier
(Disparu ; d’après Morel 1961 : 104.)
A. Coupe « de forme 5 » de Ch. Morel (fig. 231).
B. « Fragment de granit ».
C. « Morceau de quartz ».
173Datation
Bronze final ou premier âge du Fer.
La silhouette et la description que donne Ch. Morel de sa forme 5 ne permettent pas de préciser s’il s’agit d’un vase du Bronze final II, III, ou du premier âge du Fer.
Site no 25. Tumulus du mas de La Bastide I
174Le tumulus I du mas de La Bastide a été détruit avant 1914 par le propriétaire du mas, M. Bon, pour augmenter la surface labourable d’un champ proche. D’après le témoignage de celui‑ci, recueilli par le Dr Morel, des os et une grande épée en bronze brisée en deux y furent alors découverts. Ce matériel, qui doit se rapporter à la fin du Bronze final III ou au début du premier âge du Fer, était déjà perdu lors des recherches de Ch. Morel (Morel 1961 : 109).
Site no 26. Tumulus du mas de La Bastide II
175Situation et fouille
Ce tumulus a été fouillé en 1937 par Ch. Morel avec P. de Brun « dans un reboisement récent, entre la route de Mende à Sainte‑Enimie et le mas de La Bastide, non loin de l’habitat gallo‑romain du Choizal » (fig. 29).
176Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1961 : 110.)
« Le tertre plat de 6 m de diamètre recouvre un caisson orienté est‑ouest avec dalles monolithes latérales de 1,8 m et dalles terminales de 0,75 m. Lit de pierres plates sur le sol. Squelette allongé, tête à l’est, ossements très délités, sujet probablement masculin d’après le volume des condyles fémoraux ». Un couteau en fer est signalé « près de la main droite ».
177Os humains
Disparus.
178Mobilier (fig. 31)
(Disparu ; d’après Morel 1961 : 110, 137, 138, fig. 15, à g.)
A. « Débris de céramique ».
B. Couteau en fer, à soie (fig. 31).
C. Ardillon de fibule en fer.
D. Galet de rivière.

FIG. 31 – Causse de Sauveterre. Balsièges (Lozère). Tumulus du mas de La Bastide II. Couteau en fer (d’après Morel 1961).
179Os d’animaux
(disparus ; ici d’après Morel 1961 : 110.) « Andouillers de cerfs ».
180Datation
Premier âge du Fer. La documentation nous est connue de manière trop lacunaire pour préciser la datation de ce tertre.
1.5 Chanac (Lozère)
Site no 27. Tumulus des Combes de L’Aumède Haute
181Bibliographie
Laget‑Barbot 1989.
182Lieu de conservation
Le matériel, os et mobilier d’accompagnement, est conservé au dépôt archéologique de Banassac (Lozère).
183Situation et fouille
Ce tumulus se trouve à la naissance du vallon de L’Aumède, à 675 m à l’ouest‑sud‑ouest du hameau de L’Aumède Haute, près de l’ensellement donnant accès à la dépression du Sec située plus à l’ouest, à 891 m d’altitude, dans un secteur mollement ondulé atteignant 905 m d’altitude au nord et 927 m au sud (fig. 32). Il est bordé par un chemin reliant les hameaux de L’Aumède Haute et du Sec, au croisement avec un chemin d’orientation méridienne. La réfection de cette voie, en 1987, l’a endommagé. Remarqué alors par G. Fages, ce tumulus fut fouillé en sauvetage par S. Laget en 1988 et 1989, qui donna une rapide relation de ses travaux. Ce monument est à 550 m au sud‑sud‑ouest du grand dolmen de L’Aumède, fouillé au xixe s. par le Dr Prunières, mais qui n’a toutefois pas, semble‑t‑il, livré de témoignage d’une réutilisation protohistorique. S. Laget signale par ailleurs (communication orale) l’existence d’un second tertre, non fouillé, d’environ 5 m de diamètre, dans le voisinage immédiat.

FIG. 32 – Causse de Sauveterre. Chanac (Lozère). Localisation des tumulus des Combes de L’Aumède Haute (site no 27), de L’Aumède Basse (site no 29), du dolmen double réutilisé de L’Aumède Haute (site no 30) et du dolmen réutilisé du Sec (site no 35).
184Structures et observations de fouille
(D’après Laget‑Barbot 1989, complété par des informations orales en juin 1989.)
La fouille n’a pas affecté l’ensemble du monument, et les limites du tertre n’ont pas été reconnues ; le diamètre est estimé à 5,5 ou à 8,5 m. La masse du tumulus est formée de pierres plates soigneusement imbriquées : « montage concentrique par ajouts successifs de pierres plates appuyées sur des précédentes ». Elle inclut (vers le centre ?) les restes d’un squelette très incomplet et mal conservé d’un adulte décrit en décubitus latéral droit, orienté ouest‑est, tète à l’ouest, « bras repliés sur le torse, jambes légèrement fléchies », une pierre entre les cuisses. La région sépulcrale est délimitée par des dalles de chant au niveau des bras et avant‑bras (fig. 33, no 1). Le matériel d’accompagnement comprend deux morceaux d’un (ou deux ?) bracelet, un tesson de coupe et une phalange d’ovicapriné.
185Os humains
802 g d’os humains non brûlés appartenant à un adulte, probablement âgé de plus de 30 ans (d’après les sutures crâniennes complètement synostosées en face endocrânienne et en cours de synostose, souvent très avancée, en face exocrânienne, la forte usure de la denture et les excroissances des corps vertébraux). C’est un sujet très robuste, mais en l’absence des os coxaux, le sexe ne peut être précisé. Assez peu d’éléments sont conservés mais toutes les parties du squelette sont représentées (fig. 33, no 2) : le crâne (calotte presque complète ; dents présentant un apex fermé, l’une d’elle, M1d, cariée), le tronc (listel des vertèbres soudés), les membres supérieurs et inférieurs.
186Mobilier (fig. 33A, B)
A. Deux fragments appartenant sans doute au même bracelet en fer, ouvert, à extrémités à boules volumineuses légèrement coniques, et à tige de section arrondie.
B. Un fragment de coupe non tournée, à panse arrondie convexe, bord divergent simplement aminci E09 ; pâte noirâtre en surface et en épaisseur, incluant un fin dégraissant de calcite broyée.

FIG. 33 – Causse de Sauveterre. Chanac (Lozère). Tumulus des Combes de L’Aumède Haute. 1 Croquis de fouille (d’après Laget‑Barbot 1989) ; 2 état de conservation du squelette ; A bracelet en fer ; B céramique non tournée.
187Os d’animaux
(A. Gardeisen.)
Une première phalange d’ovicapriné adulte, très altérée.
188Datation
Deuxième moitié du premier âge du Fer (625‑500 av. J.‑C.)
Le bracelet en fer à boules permet de dater cette sépulture de la deuxième moitié du viie s. ou de la première moitié du siècle suivant. Un exemplaire en fer semblable provient de la tombe 27 de Gabor à Saint‑Sulpice‑la‑Pointe, Tarn (deuxième moitié du viie s.) (Mohen 1980 : pl. 185, nos 6 et 7) ; en bronze, on rencontre ce type :
– dans la tombe 27 de Bonne‑Terre à Tourbes, Hérault (Giry 1961 : 140, fig. 22) et dans la phase terminale du Peyrou à Agde (tombes 32 et 129), au début du dernier quart du viie s. (Nickels et al. 1989 : 354‑356) ;
– à Saint‑Julien de Pézenas, dans les tombes 113 (entre 610 et 580), 48 et 86 (second quart ou milieu du vie s.) ;
– dans la tombe 4 du Frau à Cazals, Tarn‑et‑Garonne, au vie s. (Pajot 1975 : 156).
Site no 28. Tumulus du Grand Lac 20‑1883
189Ce tumulus a été fouillé par le Dr Prunières qui indique, pour tout renseignement : « Inhumation. Grand bouton de bronze, boutons en os. Pointe de flèche et anneau de bronze » (Prunières 1883 : 638). La collection Prunières ne présente qu’un broyeur en granité (Simanjuntak 1998 : 58, 353).
Site no 29. Tumulus de L’Aumède Basse
190Situation et fouille
Ce tumulus a été exploré par Ch. Morel, qui signale toutefois une fouille antérieure due peut‑être à P.‑B. Prunières. Ch. Morel le situe « presque en bordure de la route de Chanac à Champerboux, près de son carrefour avec le chemin de Laumède et du Sec (vers CK 682,5 X ; 238,7 Y). Au‑dessus se trouve le grand dolmen de Laumède ».
191Bibliographie
Morel 1961 : 123, 142, 149.
192Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1961 : 123.)
« Ce tertre, très vaste, a été probablement fouillé par Prunières. Sa partie nord, bien qu’un peu bousculée, est cependant intéressante. Sépulture en mauvais état, squelette incomplet orienté nord‑sud, tête au nord et non incinéré ». Un vase « vers les pieds », un bracelet en schiste bitumineux « à droite », un anneau en pierre « vers le thorax », et des débris de céramique « un peu partout ».
193Os humains
Disparus.
194Mobilier (fig. 34A‑D)
(A et D au musée Ignon‑Fabre à Mende ; B et C disparus ; d’après Morel, 1961 : 123, 142, fig. 17C, 146, 147, fig. 19.)
A. Urne non tournée (complète, incomplète ?), à panse arrondie peu galbée, col bas divergent, bord D09 et pied bas 61C (haut. : 19,7 cm ; diam. max. : 17,4 cm) ; surfaces soigneusement lissées, à l’intérieur comme à l’extérieur ; dégraissant de calcite broyée fine.
B. Coupe non tournée (complète, incomplète ?), à panse tronconique légèrement galbée, bord divergent simple D01 et fond légèrement creux 22B (haut. : 6,9 cm ; diam. max. : 13,5 cm).
C. « Bracelet en jayet ou, plutôt, schiste bitumineux », de type étroit (diam. int. : 5,6 cm ; ép. de la tige : 0,9 cm).
D. Perle en roche dure blanche, polie (diam. : de 3,2 à 3,3 cm ; haut. : 0,95 cm) ; perforation de 0,7 à 0,8 cm, à partir des deux faces.

FIG. 34 – Causse de Sauveterre. Chanac (Lozère). Tumulus de L’Aumède Basse. A et B Céramiques non tournées ; C bracelet en roche (d’après Morel 1961) ; D perle en roche.
195Datation
Deuxième moitié du premier âge du Fer (600‑500).
Le bracelet en lignite est bien connu au premier âge du Fer. La coupelle B est une forme très simple, courante à l’âge du Fer. Quant à l’urne A, elle est comparable à des exemplaires de Saint‑Julien de Pézenas au vie s. av. J.‑C. (tombes 98 et 195 ; Dedet 1974 : pl. 31, no 15 ; pl. 64, no 118).
Site no 30. Dolmen double réutilisé de L’Aumède Haute (Lo Geion)
196Bibliographie
Fages 1985 : 20‑21.
197Lieu de conservation
Dépôt archéologique de Banassac (Lozère).
198Situation
Cet imposant monument se dresse à 924 m d’altitude, sur une hauteur dominant L’Aumède Haute, à 375 m au nord‑ouest du hameau (fig. 32).
199Monument et dépôt de réutilisation
Ce dolmen comprend, au centre d’un tumulus très arasé et légèrement ovalisé, une chambre trapézoïdale (2,5 x 1,5 à 2 m) recouverte par une lourde dalle (3,12 x 3,10 x 0,55 m), qui doit remonter à la période d’apogée du mégalithisme. À l’ouest de celle‑ci est accolée une seconde chambre trapézoïdale (2 x 1 à 1,3 m), aux montants plus bas que la précédente, actuellement sans couverture. Cette chambre adventice, construite avec des matériaux peu robustes, est plus récente que la première et paraît se rapporter à une période de décadence du mégalithisme.
Ce monument, dont les chambres avaient été vidées depuis longtemps de leur contenu, fit l’objet d’une restauration en 1981 sous le contrôle scientifique de G. Fages. Pour consolider les montants des chambres, des travaux furent entrepris dans le tumulus. Ils entraînèrent la découverte de lentilles de terre noire coincées entre des carapaces de dallettes horizontales, ou des nappes plus étendues à la base du tertre sur le substrat immédiatement sous‑jacent. Lentilles et nappes incluaient des débris d’ossements humains, souvent de couleur noire à gris bleuté témoignant de contacts avec le feu. Le mobilier associé à ces restes ressortit à différentes époques : Chalcolithique, Bronze final et sans doute Bronze final II, gallo‑romaine et médiévale. Si ce matériel témoigne en particulier d’une réutilisation du tumulus (au moins) de ce dolmen au Bronze final II, il est toutefois impossible de rapporter avec certitude à cette phase tout ou partie du matériel osseux humain, y compris les pièces montrant des traces de feu. En effet, celles‑ci ne présentent pas la couleur blanc crayeux ni les fissurations et déformations qui caractérisent les incinérations du Bronze final et de l’âge du Fer.
200Mobilier de la réutilisation du Bronze final II (fig. 35A‑C)
Le matériel comprend quinze tessons non tournés appartenant, semble‑t‑il, à autant de vases. On trouve parmi eux :
A un fragment de coupe non tournée (forme 44C du Bronze final), à panse tronconique à ressaut dans la partie supérieure, bord à méplat vers l’intérieur B19 ; surface intérieure polie ; surface extérieure à peine aménagée ; pâte gris sombre en surface, rouge brique en épaisseur ; très fin dégraissant de calcite broyée.
B Un fragment de bord de vase, à méplat vers l’intérieur ; surfaces extérieure et intérieure soigneusement lissées ; pâte noire en surface et en épaisseur, incluant un fin dégraissant de calcite broyée.
C un fond plat 12A d’urne ; surface extérieure non aménagée ; surface intérieure grossièrement lissée ; pâte rouge brique, beige en surface, grise en épaisseur, avec abondant dégraissant de calcite broyée.

FIG. 35 – Causse de Sauveterre. Chanac (Lozère). Dolmen double réutilisé de L’Aumède Haute (Lo Geion) ; céramique non tournée.
Site no 31. Tumulus de La Rouvière 20‑1887
201Ce tumulus fut fouillé avant 1887 par le Dr Prunières qui donne les informations suivantes : « Un seul sujet inhumé, tête à l’est, etc. (sic) ; dans la pierraille, et superficiellement, un bracelet formé d’un simple fil de bronze assez gros, correspondant au thorax du sujet. Un deuxième plus beau, au milieu des os de la main droite, toujours en bronze. Vase uni, écrasé. Squelette féminin de grande taille » (Prunières 1887 : 702). Aucun document ne figure dans la collection Prunières (Simanjuntak 1998 : 353‑355).
Site no 32. Tumulus réutilisé du Roy de 19‑1883
202Ce tumulus a été fouillé avant 1883 par le Dr Prunières qui signale seulement : « Poignard triangulaire en bronze avec les rivets ; flèche à soie en bronze, anneau en fer. Petite coupe noire, recouverte d’un schiste recueilli dans le lit du Tarn. Inhumation » (Prunières 1883 : 638). Le poignard est datable du Bronze ancien. Deux exemplaires figurent dans la collection Prunières du musée de l’Homme, seulement étiquetés « tumulus de la Lozère », et le Dr Prunières n’en signale que deux dans toutes ses recherches : l’un doit correspondre à celui du Royde et l’autre à celui de Pessades à Sainte‑Enimie (Simanjuntak 1998 : 272) (site no 144). Les autres objets sont absents de la collection Prunières (Simanjuntak 1998 : 355). On a donc vraisemblablement affaire à un monument construit au Bronze ancien et réutilisé au moins à l’âge du Fer.
Le Sec
Site no 33. Tumulus du Sec 18‑1883
203De ce tumulus fouillé avant 1883, le Dr Prunières indique seulement : « Sujets tous brûlés, incinérés. Fragments de très nombreux bracelets et fragments osseux mêlés aux charbons d’un foyer très épais ; débris d’objets en fer ; pas d’urne cinéraire » (Prunières 1883 : 638). « Au Sec, tous les débris osseux étaient libres, intimement mêlés à de très nombreux débris de bracelets de bronze brûlés et au charbon » (Prunières 1883 : 635). La mention du « foyer très épais » pourrait faire penser à une incinération sur place ; toutefois, les remarques décisives manquent pour conclure. Selon T. Simanjuntak (1998 : 355), les objets de ce tertre ne se trouvent pas dans la collection Prunières conservée au musée de l’Homme.
Site no 34. Tumulus du Sec 2
204Un autre tumulus a été exploré aux environs du hameau du Sec par G. de Chambrun avant 1963, mais demeure inédit. Ch. Morel et P. Peyre y font allusion dans leur étude sur les « vases peints gaulois ou gallo‑romains de la Lozère » et fournissent le croquis d’un des récipients qu’il a livré : « Urne peinte avec motifs assez complexes de teinte ocre clair sur fond noir lustré. Mobilier : Fragments d’un autre vase analogue à ceux du Freyssinel avec motifs géométriques faits de traits rectilignes blanchâtres se joignant en chevrons, débris d’un plat en poterie rouge grossière. Inhumation ». (Morel, Peyre 1964 : 118) (fig. 36).

FIG. 36 – Causse de Sauveterre. Chanac (Lozère). Tumulus du Sec 2 ; urne peinte (d’après Morel, Peyre 1964 ; sans échelle).
205Datation
Premier âge du Fer ?
Site no 35. Dolmen réutilisé du Sec
206Trois dolmens ont été fouillés par P.‑B. Prunières à quelques centaines de mètres du village de Chanac (Prunières 1873) (fig. 32). Le musée de l’Homme conserve plusieurs objets du premier âge du Fer, du Bronze final et peut‑être du Bronze moyen, étiquetés « Dolmen du Sec » (Simanjuntak 1998 : 353) (fig. 37A‑F).
A. Une coupe non tournée, à panse arrondie convexe surbaissée, bord divergent à lèvre arrondie E01, et fond arrondi 81 ; pâte très fine à fin dégraissant calcaire ; surfaces polies (haut. : 2,8 cm ; diam. max. : 18 cm).
B. Une épingle à tête vasiforme en bronze ; le haut de la tige est décoré de quatre groupes de traits incisés (long. : 10,7 cm ; diam. de la tige : 3 mm).
C. Un scalptorium en bronze, de section rectangulaire, à tête enroulée (long. : 6,6 cm).
D. Une perle tubulaire en bronze, formée d’une lamelle de 7 mm de largeur maximum, rétrécie aux deux extrémités (diam. ext. : 5 mm).
E, F. Huit perles spirales en bronze, formées par plusieurs spires d’un ruban mince et étroit.
G. Une applique circulaire en tôle de bronze, non décorée.
H. Un anneau en bronze, fermé, de section circulaire.
I. Trois petits anneaux en bronze, avec appendice dû à la coulure en chapelet.

FIG. 37 – Causse de Sauveterre. Chanac (Lozère). Dolmen réutilisé du Sec ; A céramique non tournée ; B épingle en bronze ; C scalptorium en bronze ; D perle en bronze ; E et F spirales à cheveux en bronze (d’après Simanjuntak 1998).
207Datation
Première moitié du premier âge du Fer (750‑600).
La coupe A, l’épingle B et le scalptorium C signent une réutilisation du monument au début du premier âge du Fer.
Les Fons
208Trois tumulus, Les Fons I, Il et III, ont été fouillés en 1965 par le docteur Ch. Morel et l’abbé P. Peyre « à quelques centaines de mètres à l’est du hameau des Fons », sur le territoire de la commune de Chanac. Ils sont répartis dans un rayon de quelques centaines de mètres. Les Fons I est situé « au bord du chemin qui, partant du hameau des Fons, rejoint la route de Chanac » (CK 675,5 X ; 239,2 Y ; 813 Z). Les Fons II est « à quelques centaines de mètres à l’est », à 15 m d’un dolmen qui se trouve plus à l’est ; tous deux se dressent dans un vallon. Les Fons III est établi « à 400 mètres au sud du tumulus I, au sommet d’un monticule et en bordure d’un chemin récemment tracé » (fig. 38).
209Bibliographie
Morel, Peyre 1965 : 5‑12.

FIG. 38 – Causse de Sauveterre. Chanac (Lozère). Localisation des tumulus des Fons I, Il et III (sites nos 36 à 38).
Site no 36. Tumulus des Fons I
210Structures et observations de fouille (fig. 39, no 1)
(D’après Morel, Peyre 1965 : 5‑7)
« Tumulus plat, piriforme, hauteur 0,60 m, longueur 11 m, largeur 9 m. Tertre très pierreux avec lauzes calcaires. En surface, une stèle plantée sur la bordure est du tumulus mesure 0,70 m de long, dont 0,40 m hors de terre, avec, comme largeur et épaisseur, 0,30 m et 0,20 m ».
« La sépulture. Inhumation sans ciste. Orienté est‑ouest, tête à l’est, le squelette est étendu sur le sol arasé du causse sans qu’il y ait eu de purification préalable du sol par le feu. En très mauvais état de conservation, à peu près pulvérulent, ce squelette est couché sur le dos, les jambes en rectitude et les bras allongés le long du corps. Le crâne est entièrement décomposé, mais son empreinte est nettement visible sur l’aire sépulcrale. Les dents, mieux conservées, sont légèrement usées et non cariées ; elles marquent l’emplacement de la face. La mensuration des vestiges laissés sur le sol par le crâne et les métacarpiens donne une longueur de 1,65 m. Mais dans une sépulture avec squelette allongé, la déflexion des pieds augmente la taille apparente de 15 à 20 centimètres environ, et dans le cas présent d’une dizaine de centimètres seulement, les orteils ayant disparu ou n’étant plus en place. D’autre part, le faible diamètre des bracelets montre qu’il s’agit d’un sujet féminin, adulte (d’après les dents), mesurant approximativement de 1,50 à 1,55 m ».
« Au‑delà des pieds, sur le sol du causse dont les éléments pierreux ont, par place, subi l’action du feu, existait une aire assez étendue avec charbons, cendres, ossements d’animaux calcinés et, au‑dessus, tessons de vases rituellement brisés car ils sont très dispersés avec cassures très patinées et parfois recouvertes de calcite. Une autre aire analogue, mais plus petite, existait à 1 m environ à l’est du squelette ». Une pendeloque se trouvait « au niveau de l’oreille gauche », un bracelet en fer « au niveau du poignet droit », des fragments d’un autre « contre le bras gauche », une tige de bronze « près du poignet droit », une armille en bronze « au‑dessus des foyers, au‑delà des pieds du sujet inhumé », ainsi que les débris appartenant probablement à deux vases non tournés incomplets, « dispersés sur une aire de plus de 1,5 m de long au‑dessus des foyers ».
211Os humains
Disparus.
212Mobilier (fig. 39A‑C)
(Disparu ; d’après Morel, Peyre 1965 : 7‑9.)
A. Pendeloque formée d’un anneau « en schiste brun à grains micacés très fins mesurant 22 mm de diamètre externe avec orifice circulaire de 8 mm. Primitivement, un fil de bronze s’enroulait en spirale autour de cet anneau ; malheureusement, le métal, rendu pulvérulent par l’oxydation, a complètement disparu, mais il était très net au moment de la fouille ».
B, C. Fragments de deux urnes non tournées, à panse arrondie très galbée, grand col évasé et bord divergent C01. L’une d’elles est décorée sur le col d’une triple ligne brisée excisée, et, sur la partie supérieure de la panse, de losanges excisés juxtaposés ou superposés et de lamelles de métal collées orthogonalement ou obliquement sur une surface lustrée (étain ?). Le col de l’autre est orné de segments excisés composant des chevrons et des losanges.
D. « Un bracelet en fer ouvert et rond, ayant un diamètre de 73 mm ».
E. « Fragments d’un second bracelet en fer de même taille ».
F. « Tige de bronze aplatie, légèrement incurvée et indéterminable ».
G. « Une fine armille formée d’un cercle fermé en bronze, ayant un diamètre de 60 mm et striée sur son bord externe ».

FIG. 39 – Causse de Sauveterre. Chanac (Lozère). Tumulus des Fons I ; 1 croquis de fouille (d’après Morel, Peyre 1965) ; A anneau en schiste avec enroulement d’un fil de bronze ; B céramique non tournée à décor d’excisions et de lamelles métalliques ; C céramique non tournée à décor excisé.
213Os d’animaux
(Disparus ; d’après Morel, Peyre 1965 : 7) « La faune des foyers comprend des débris de lièvre et d’un suidé jeune caractérisé, notamment, par une tête humérale non entièrement ossifiée ».
214Datation
Fin du viie‑début du vies. av. J.‑C.
Par leur forme, les urnes B et C sont caractéristiques du début et du milieu du premier âge du Fer (750‑600). Le décor excisé accompagné de lamelles d’étain est connu sur une urne du tumulus du Serre des Fontaines 1 (Saint‑Geniès‑de‑Malgoirès, Gard), associée à un bassin en bronze étrusque à la fin du viie ou au début du vie s. av. J.‑C. (Dedet 1995b : 287). Parmi les autres objets, la présence d’une armille en bronze à décor gravé, type d’objet qui connaît un grand succès au vie s., invite à placer ce dépôt à la fin du viie ou au tout début du vie s.
Site no 37. Tumulus des Fons II
215Structures et observations de fouille
(D’après Morel, Peyre 1965 : 11.)
« Tertre très caillouteux [...]. Ce tumulus mesure 14 m sur 12 m et il se prolonge vers le sud par un clapas allongé large de 1,8 m à 2 m. Cette fouille, extrêmement décevante, n’a donné qu’un maxillaire humain enterré au centre du tumulus : pas d’autres ossements, aucun mobilier, pas le moindre bout de céramique ».
Site no 38. Tumulus des Fons III
216Structures et observations de fouille
(D’après Morel, Peyre 1965 : 11)
« Tumulus plat mesurant 13 m sur 11 m ». « Au centre du tertre, ciste orientée à peu près exactement est‑ouest. Les dalles, toutes quatre monolithes, mesurent 1,70 m et 1 m de long pour une épaisseur moyenne de 0,20 m ». « À 0,15 m de la surface, débris osseux. Naturellement, étant donné le peu de profondeur, tout est très fragmenté. La tête est à l’ouest et les jambes, en rectitude, sont croisées l’une sur l’autre ». « Ce squelette repose sur un dallage de pierres plates. Au‑dessous de ce dallage se trouve un second squelette avec tête à l’ouest et également en très mauvais état. Nous pouvons cependant déterminer qu’il était couché sur le dos, bras allongés et jambes nettement fléchies ». « Contre lui, au niveau de la poitrine et de l’abdomen, nous trouvons quelques débris du squelette d’un jeune enfant : dents de lait et phalanges ».
217Os humains
Disparus.
218Mobilier
« Aucun mobilier à la sépulture supérieure. À la sépulture inférieure, bague plate et fermée en bronze et trois débris de céramique brune » (disparus).
219Datation
Le mobilier découvert ne permet pas de dater ces sépultures.
Limites des communes de Chanac et de Laval‑du‑Tarn
220En 1887, le Dr Prunières signale trois tumulus qu’il a fouillés aux confins des communes de Chanac et de Laval‑du‑Tarn.
Site no 39. Grand tumulus de Chanac‑Laval 21‑1887
221« Magnifiques vases superficiels à dessins géométriques, presque à la surface du tumulus, mais fragmentés. Un seul sujet inhumé la tête très haut non loin des vases ; les pieds sur le sol primitif ; sujet à demi assis. Lance en fer sous les vases, sur le thorax ; deux belles fibules en bronze semblables, une sur l’épaule droite, l’autre au niveau de la hanche gauche. Divers petits objets en bronze » (Prunières 1887 : 702). Aucun document ne figure dans la collection Prunières (Simanjuntak 1998 : 355).
Site no 40. Tumulus de Chanac‑Laval 22‑1887
222« À deux mètres du précédent, autre tumulus à inhumation : plusieurs sujets, les os du premier étant en désordre. Épingle de bronze de 8 centimètres de longueur. Petites lames de cuivre avec petits trous, petits cercles ; fragments de poteries noires » (Prunières 1887 : 702). Aucun document ne figure dans la collection Prunières (Simanjuntak 1998 : 355).
Site no 41. Tumulus de Chanac‑Laval 23‑1887
223« Petit tumulus dont le bord touche à un petit dolmen de mon cimetière néolithique [...] tumulus à incinération. Belle bague de bronze dont l’anneau est plat, assez large, très festonné » (Prunières 1887 : 702). En l’absence de précision, on ne peut savoir si l’incinération a eu lieu sur place ou non. Aucun document ne figure dans la collection Prunières (Simanjuntak 1998 : 355).
Lieu‑dit non précisé (fouille P.‑B. Prunières)
Site no 42. Tumulus du Clapas des Pessaments 1883
224« Dans le tumulus dit "Lou clapas des Pessaments", les fragments osseux étaient dans un vase noir, et ce vase était déposé sur les charbons du foyer, au milieu des débris de très nombreux bracelets fondus, tordus et agglutinés par le feu » (Prunières 1883 : 638). Ces détails ne permettent cependant pas de savoir si l’incinération a été effectuée à l’emplacement même du tertre. Dans la collection Prunières figurent d’autres objets portant l’étiquette de ce gisement (Simanjuntak 1998 : 284, 353).
– Une perle biconique creuse en or, de 1,3 cm de diamètre et 0,6 cm d’épaisseur ; les côtés sont ornés de fines cannelures rayonnantes au repoussé (fig. 40). Une analyse du Laboratoire de recherche des musées de France donne 13 % d’argent, moins de 1 % de cuivre et le reste d’or.
– « Une perle ovoïde en ambre ».
– « Une coquille non perforée ».
– « Quatre tessons de deux récipients ». La perle en or paraît indiquer une datation au VIes. av. J.‑C. (Eluère 1987a).

FIG. 40 – Causse de Sauveterre. Chanac (Lozère). Tumulus du Clapas des Pessaments ; perle en or (d’après Simanjuntak 1998).
1.6 Ispagnac (Lozère)
Site no 43. Tumulus du Freyssinel XII
225Bibliographie
Morel 1935 : 495‑496 ; 1968 : 40.
226Situation et fouille
Le tumulus XII du Freyssinel est situé « dans l’angle formé par la route de Mende à Ispagnac et le chemin du Freyssinel », soit dans un vallon à 954 m d’altitude (fig. 41). Le Dr Ch. Morel le fouilla en septembre 1933.

FIG. 41 – Causse de Sauveterre. Localisation des tombes protohistoriques des environs du Freyssinel. Ispagnac (Lozère) : tumulus du Freyssinel XII (site no 43). Saint‑Bauzile (Lozère) ; tumulus du Freyssinel III (site no 72), VI (site no 73), VII (site no 74), VIII (site no 75), IX (site no 76), coffre préhistorique réutilisé du Freyssinel X (site no 77), tumulus du Freyssinel XI (site no 78), XIV (site no 79), XVI (site no 80), XXII (site no 81), XXXI (site no 82), XXXII (site no 83), XXXIII (site no 84) et XXXIV (site no 85), tombe en fosse du Serre Sec (site no 86). Saint‑Étienne‑du‑Valdonnez (Lozère) : tumulus du Freyssinel I (site no 87), II (site no 88), XV (site no 89), XL (site no 90), XLI (site no 91), de la Cham de la Bazalgette 1, 2 (site no 92) et 3 (site no 93).
227Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1935 : 495‑496 ; 1968 : 43.) « Diamètre : 16 mètres, hauteur : 2 mètres. Le clapas contient fort peu de terre, il est formé presque uniquement de pierres parfois très volumineuses. Le squelette, très écrasé, est orienté est‑ouest. Des glissements s’étant produits dans la sépulture, il n’est pas possible de mesurer la direction de façon plus précise. Le crâne n’est pas reconstituable, mais les péronés très cannelés et l’indice de platycnémie des tibias indiquent une race dolichocéphale. Le corps repose sur des dalles inclinées, la tête se trouvant à un niveau plus élevé que les pieds. Ces dalles sont séparées du sol par une couche de pierrailles et de terre. Pas d’incinération. Cependant, il existe des fragments de charbon et les dalles, sous le squelette, ont été brûlées ». Une épée en fer est découverte « sur le côté droit », « la pointe tournée vers le crâne » ; « derrière la tête, des débris dispersés d’une coupe de forme 4 » ; « à gauche du squelette, pierre en forme de hache triangulaire ».
228Os humains
Disparus.
229Mobilier (fig. 43)
(B au musée Ignon‑Fabre à Mende ; A et C disparus ; ici d’après Morel, 1968 : 43, 52.)
A. Fragments d’une coupe non tournée (complète, incomplète ?), à panse arrondie convexe de forme 4 de Morel, et décor peint intérieurement (fig. 231).
B. Épée en fer (actuellement en deux fragments jointifs) ; lame complète de 72 cm de long, pistilliforme, à pointe légèrement mousse, de section losangique pourvue d’une fine nervure centrale ; un rivet de bronze conservé sur la garde ; départ de la languette (long. cons. : 75 cm ; long, totale estimée : de l’ordre de 95 cm) (fig. 43).
C. Ch. Morel décrit en outre une « hache polie en calcaire tendre » (11,5 cm de long, 4,5 cm de large et 2 cm d’épaisseur), avec « courbe du tranchant parfaitement symétrique des deux côtés », objet auquel il attribue un rôle votif.

FIG. 43 – Causse de Sauveterre. Ispagnac (Lozère). Tumulus du Freyssinel XII ; épée en fer.
230Datation
Début du premier âge du Fer (750‑650). Par sa longueur, proche du mètre, et la section losangique à nervure médiane de sa lame, l’épée appartient au type de Magny‑Lambert (Wamser 1975 : 25). Sa datation est à rapporter aux débuts du premier âge du Fer et plus précisément à la fin du viiie ou au début du viie s. av. J.‑C. (Chaume, Feugère 1990 : 53‑59). Le reste du matériel ne la contredit pas.
Site no 44. Dolmen réutilisé du Freyssinel XIII
231Bibliographie
Morel 1935 : 492‑495 ; 1968 : 18‑20.
232Situation et fouille
Ce monument s’élève « à 200 m à l’ouest de la Baraque de L’Estrade et au nord de la voie de L’Estrade », sur la hauteur cotée 1 019 m ou à proximité (fig. 42). Avant la fouille, effectuée par le Dr Ch. Morel en 1933, il se présente sous la forme d’un tumulus légèrement ovalaire de 11 m de diamètre nord‑sud et 9 m de diamètre est‑ouest, pour une hauteur au‑dessus du sol de 1,3 m, recouvrant un dolmen ruiné absolument invisible avant le début des travaux. Il renfermait deux niveaux sépulcraux superposés : une inhumation du premier âge du Fer surmontant les restes d’une sépulture collective du Néolithique final.

FIG. 42 – Causse de Sauveterre. Ispagnac (Lozère). Localisation du dolmen réutilisé du Freyssinel XIII (site no 44), et des tumulus du Freyssinel XVII, XVIII, XIX, XX et XXI (sites nos 45 à 49).
233Structures et observations de fouille (fig. 44, no 1)
(D’après Morel 1968 : 18.)
234● Le dolmen
« Du dolmen primitif, il subsiste, en place : au nord une dalle verticale, longue de 2 m 30 sur 0 m 30 d’épaisseur moyenne et 1 m 20 de haut, une dalle plus petite fait suite ; à l’ouest, une plaque calcaire, plantée verticalement, longue de 0 m 60, devait fermer le monument en ce point ; au sud, il ne reste qu’un fragment de dalle de faible importance ».
« La table du dolmen est brisée en plusieurs blocs placés entre les piliers ».
« Toute la partie est du mégalithe a été vidée. Le tamisage des terres ne nous donne que des esquilles osseuses indéterminables. Le sol est formé par un dallage de gros blocs reposant sur la terre des Causses ».
« À l’ouest, sous un fragment de grande dalle mesurant 1 m 70 sur 1 mètre, nous trouvons six crânes et quelques ossements épars, sans connexion aucune, sauf peut‑être, un rachis ».
« Comme seul mobilier, avec ces ossements, nous ne découvrons qu’une pendeloque, taillée dans l’extrémité d’une corne de cervidé, et une plaque de schiste ».
« Plus au nord, sous une autre dalle, se trouvent les débris de deux vases. [...] Cette céramique est chez nous caractéristique du Néolithique final. [...] En somme, il ressort de nos constatations que la partie antérieure du dolmen avait été vidée et que seul avait été respecté un ossuaire à l’extrémité ouest du monument ».
● La sépulture supérieure de réutilisation Première moitié du premier âge du Fer (750‑600).
« La sépulture supérieure reposait, non sur les débris de la table dolménique, mais sur le grand pilier nord. Des ossements, d’ailleurs, ont été trouvés au‑dessus, et, surtout, de part et d’autre de ce pilier ». « Le squelette est orienté est‑ouest 248o » (tête à l’est selon un croquis de Ch. Morel). « Recouvert par 0 m 20 de terre et de pierrailles, il a fortement souffert et ne peut donner aucune mesure anthropologique » (fig. 44, no 1). Le seul mobilier qui l’accompagne est une urne non tournée de forme 6 de Ch. Morel, placée derrière la tête du défunt. Ce vase, non retrouvé dans la collection Morel au musée Ignon‑Fabre de Mende, possède une panse arrondie très galbée, un col haut légèrement évasé, et un pied annulaire bas (haut. : 29 cm ; diam. à l’ouverture : 25 cm) (fig. 44A). C’est une forme caractéristique du premier âge du Fer antérieurement au vie s., car absente des tombes de Saint‑Julien de Pézenas datées après le début de ce siècle.

FIG. 44 – Causse de Sauveterre. Ispagnac (Lozère). Dolmen réutilisé du Freyssinel XIII ; croquis de fouille et céramique non tournée (d’après Morel 1968).
Site no 45. Tumulus du Freyssinel XVII
235Bibliographie
Morel 1968 : 45.
236Situation et fouille
Le tumulus XVII du Freyssinel est signalé « au‑dessus de la ferme de Bigos, qui dépend du hameau de Paros, entre le chemin de L’Estrade et la cote 1009. Non loin se trouve un menhir renversé » (fig. 42). En fait, ce tertre peut être localisé entre les cotes 1 002 et 1004, sur l’ensellement vers 995‑1 000 m d’altitude. Il a été fouillé avant 1936 par le Dr Ch. Morel.
237Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1968 : 45.)
« Tumulus plat dont la hauteur ne dépasse pas un mètre pour un diamètre de vingt mètres ».
« À l’intérieur du tumulus se trouvent deux cercles concentriques de dalles volumineuses, plantées verticalement et faisant saillie à la surface. Le cercle extérieur a environ 12 mètres de diamètre ».
« La sépulture est au centre, à une profondeur de 0,7 m. Le squelette repose sur des dalles calcaires sans trace de charbon. Il est couché sur côté droit, le bras droit replié sous la tête et orienté nord‑sud, avec déclinaison de 15o vers l’ouest ».
« À gauche du sujet, une hache en pierre calcaire (sic) ; posé sur le cou, un rasoir [...], le tranchant tourné vers le menton ; derrière la tête, un vase à décor géométrique champlevé [...] ; quelques plaques de schiste ».
238Os humains
Disparus.
239Mobilier (fig. 45A, B)
(A et B au musée Ignon‑Fabre à Mende ; C disparu ; ici d’après Morel 1968 : 45, 52.)
A. Coupe non tournée (complète ? plus des quatre cinquièmes du vase sont représentés), à panse arrondie convexe, bord convergent F09 et fond rond 81 (haut. : 9,8 cm ; diam. max. : 20,2 cm) ; surfaces polies ; à l’extérieur, décor excisé, formé d’un triple créneau, avec, dans le champ supérieur, une ornementation de lamelles métalliques composée de la superposition de petits triangles alignés, de triples lignes brisées en chevrons, et de grands triangles adossés ; à l’intérieur, traces d’un décor à la peinture blanche dont la composition n’est pas déterminable, comprenant des lignes brisées emboîtées et un quadrillage.
B. Un rasoir semi‑circulaire en bronze, à dos rectiligne avec une petite échancrure semi‑circulaire en son centre et un décor gravé très finement au trémolo sur une seule face figurant trois arcs de cercles avec flèche (long. : 9,6 cm ; haut, de l’échancrure au fil : 4,75 cm ; ép. max. au dos : 0,05 cm).
C. Ch. Morel signale également la découverte d’une « hache polie en pierre calcaire tendre, à bords droits et à tranchant arrondi » (10 cm de long, 6 cm de large au tranchant et 4 cm d’épaisseur maximum), dont le tranchant est abîmé ; sans doute ne s’agit‑il que d’une pierre en forme de hache.

FIG. 45 – Causse de Sauveterre. Ispagnac (Lozère). Tumulus du Freyssinel XVII ; A céramique non tournée à décor d’excisions, de lamelles métalliques et peint ; B rasoir en bronze à décor gravé a tremolo.
240Datation
Première moitié du premier âge du Fer (750‑600).
La forme du rasoir est connue de l’Allemagne aux Garrigues du Languedoc oriental en passant par la Franche‑Comté et la Bourgogne.
Dans le tumulus de Sundhoffen, cet objet, dépourvu de décor, est associé à une épée en bronze du type de Gündlingen, avec bouterolle à ailettes recourbées très développées (Jockenhövel 1980 : pl. 101E). Il peut donc être daté du début du premier âge du Fer.
Les exemplaires des tumulus de Cambous 4 (Dedet 1992a : 382) et de la Moloise 2 à Monot (Côte‑d’Or), également non décorés, ne présentent pas d’association signifiante sur le plan chronologique.
En revanche, celui du tumulus de la Corvée à Baigneux‑les‑Juifs est associé à une épée « à poignée courbe », plus récente (Henry 1933 : 120).
D’une façon générale, les rasoirs en croissant n’existent plus dans le sud de la France au vie s. : les nécropoles de Saint‑Julien de Pézenas et du Grand Bassin II de Mailhac, au vie s., n’en ont livré aucun exemplaire, pas plus que celle du Peyrou d’Agde dans le demi‑siècle précédent.
Les rasoirs de ce type trouvés dans les contextes les plus récents, vers 600 ou au tout début du vie s., sont ceux de La Liquière (en fer) (Tendille 1981 : 64, no 14), des tumulus de Pont Chabestan 5 à Chabestan et du Bosquet 1 à Serres, dans les Hautes‑Alpes (Courtois 1976 : 712 ; Bouloumié, Lagrand 1977 : 16) et de celui « à la fosse » de Fourrières, Var (Bouloumié, Lagrand 1977 : 16).
Le décor au tremolo, bien connu au vie s., apparaît déjà dans la seconde moitié du viie s. au Peyrou d’Agde (fibule serpentiforme de la tombe 43 et agrafe de ceinture de la tombe 121 : Nickels et al. 1989 : 97, no 43a ; 193, no 121 y) et à La Liquière (fibule serpentiforme : Tendille 1978 : 79).
Site no 46. Tumulus du Freyssinel XVIII
241Bibliographie
Morel 1968 : 45.
242Situation et fouille
Le tumulus XVIII du Freyssinel a été fouillé avant 1936 par le Dr Ch. Morel au lieu‑dit Serre Nègre, « au nord de Paros, à quelques mètres du chemin de L’Estrade » (fig. 42).
243Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1968 : 45‑46.)
« Diamètre : 15 m, hauteur : 1 m. Il est formé de gros blocs, et le squelette, très écrasé, est orienté sensiblement est‑ouest. Sépulture à 0,4 m de profondeur, squelette reposant sur de larges dalles, le bras droit replié derrière le crâne et orienté sensiblement est‑ouest. À 0,1 m derrière le crâne, débris d’un vase à décor champlevé ». La fouille n’a pas été achevée.
244Os humains
Disparus.
245Mobilier
(Disparu ; ici d’après Morel 1968 : 45.)
« Débris d’un vase à décor champlevé ».
246Datation
Premier âge du Fer (750‑500). Les restes mobiliers n’autorisent qu’une datation large.
Site no 47. Tumulus du Freyssinel XIX
247Bibliographie
Morel 1968 : 46
248Situation et fouille
Le tumulus XIX du Freyssinel est localisé par le Dr Ch. Morel, qui l’a fouillé avant 1936, dans la « même région » que le précédent (fig. 42).
249Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1968 : 46.)
« Diamètre 12 m, hauteur 1,2 m. Crâne très écrasé, péronés cannelés. Deux dalles sont dressées verticalement, l’une à la tête, l’autre aux pieds. En outre, derrière la tête, le tumulus a été bâti en forme de "cul de four" ».
250Os humains
Disparus.
251Mobilier (fig. 46A)
(A au musée Ignon‑Fabre à Mende ; B et C disparus ; ici d’après Morel 1968 : 46.)
A. Une coupe non tournée complète, à panse arrondie convexe, bord convergent simple 101 et fond légèrement creux 211A (haut. : 9,8 cm ; diam. max. : 19 cm) ; surfaces soigneusement lissées ; pâte grise uniforme incluant un dégraissant fin de calcite broyée ; décor excisé sur la partie supérieure de la panse : encadrement de trois droites horizontales ; large bandeau composé de traits obliques groupés en larges faisceaux de sens opposé ; entre les faisceaux, triangles remplis de traits excisés horizontaux.
B. « Un fragment de fibule en fer ».
C. « Un rivet en fer ».

FIG. 46 – Causse de Sauveterre. Ispagnac (Lozère). Tumulus du Freyssinel XIX ; céramique non tournée à décor excisé.
252Datation
Premier âge du Fer (750‑500).
La coupe A permet de placer ce tertre au premier âge du Fer (750‑500) ; le reste du mobilier, en l’état de la documentation, ne permet pas de préciser davantage.
Site no 48. Tumulus à coffre réutilisé du Freyssinel XX
253Bibliographie
Morel 1968 : 46.
254Situation et fouille
Le tumulus à coffre réutilisé XX du Freyssinel a été fouillé par le Dr Ch. Morel avant 1936, dans la « même région » que le précédent, « sur les bords mêmes du chemin de L’Estrade ». Il est précisé qu’en « vis‑à‑vis, de l’autre côté de la voie, se trouve le dolmen no 3 de L’Estrade » (fig. 42). Il est situé sur une croupe, entre 1 050 et 1060 m d’altitude.
255Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1968 : 46.)
« Diamètre : 15 m, hauteur 0,8 m. Au centre, ciste de 2 m de long sur 0,9 m de large. Sépulture anciennement violée et complètement vidée, orientée nord‑est, 34o sud‑ouest ».
« Au nord de ce coffre de pierre, et presque perpendiculaire à lui, squelette féminin, orienté nord‑ouest/sud‑est, la tête reposant sur une dalle. Une pierre verticale est dressée derrière la tête et un autre aux pieds ». Un bracelet en bronze « au bras gauche, au niveau de l’articulation du coude » ; deux petits récipients très morcelés « à côté de la tête ».
256Os humains
Disparus.
257Mobilier (fig. 47A, B)
(A et B au musée Ignon‑Fabre à Mende ; C disparu ; ici d’après Morel 1968 : 46.)
A. Une petite coupe non tournée (complète ?), à panse tronconique, bord divergent simple D01 et fond plat légèrement bombé 13B (haut. : 5,6 cm ; diam. max. : 14 cm) ; surfaces lissées avec soin ; dégraissant de calcite broyée mal calibrée.
B. Un bracelet en bronze, fermé, à tige de section circulaire, décoré de fins traits gravés obliques, groupés en faisceaux de sens alterné.
C. Une petite coupe présentant « la même forme et les mêmes dimensions » que la précédente.

FIG. 47 – Causse de Sauveterre. Ispagnac (Lozère). Tumulus du Freyssinel XX ; A céramique non tournée ; B bracelet en bronze à décor gravé.
258Datation
Première moitié du premier âge du Fer (750‑600).
Les coupes A et C sont des variantes à parois subrectilignes des coupes à carène basse et fond rond du début du premier âge du Fer, rencontrées dans les tertres de Combe Sévène 2 sur le Sauveterre (site no 112), et du Vayssas 1 à Séverac‑le‑Château (site no 20). Des récipients de forme très proche de ceux du Freyssinel XX proviennent du tumulus Cazevieille J6, sans autre contexte (Dedet 1992a : 377), et de la tombe 38 du Camp d’Alba à Réalville (Tarn‑et‑Garonne), qui date de la phase la plus récente de ce cimetière, soit le début du premier âge du Fer (Janin et al. 1997 : 42, fig. 58, no 38E). Le bracelet, pour sa part, est bien attesté durant tout le premier âge du Fer (voir les comparaisons à propos de l’exemplaire des Blachères 2‑1883 sur le même causse, site no 135, fig. 120B).
Site no 49. Tumulus du Freyssinel XXI
259Bibliographie
Morel 1968 : 46.
260Situation et fouille
Le tumulus XXI du Freyssinel, fouillé avant 1936 par le Dr Ch. Morel, est simplement signalé « non loin du précédent » (fig. 42).
261Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1968 : 46.)
« Diamètre : 14 m, hauteur 1,2 m. Ce tumulus, fait unique au cours de nos recherches, ne renferme aucune sépulture : pas le moindre ossement ». Un vase excisé fut découvert « au centre, à 0,6 m de profondeur ».
262Mobilier (fig. 48)
(Au musée Ignon‑Fabre à Mende.)
A. Gobelet non tourné, incomplet, à panse carénée, bord éversé C09 et fond plat 11A (haut. : 10,1 cm ; diam. max. : 15,8 cm) ; décor excisé sur la partie supérieure du vase à l’extérieur : frise horizontale comprenant, en haut, un alignement de triangles excisés pointe vers le haut, en bas un alignement de triangles excisés pointe vers le bas, entre les deux, une rangée de métopes avec, en alternance, de quadruples lignes brisées excisées, des triangles excisés opposés déterminant des losanges, des alignements de minuscules triangles, des panneaux réservés.

FIG. 48 – Causse de Sauveterre. Ispagnac (Lozère). Tumulus du Freyssinel XXI ; céramique non tournée à décor excisé.
263Datation
Milieu du premier âge du Fer (650‑600). De tels gobelets sont bien connus en Languedoc au viie s., dans la tombe 168 du Peyrou à Agde (Nickels et al. 1989 : 243, fig. 211, 168B) et dans le tumulus de Conquette (Dedet 1992a : 380). On les rencontre encore à l’extrême fin du viie s. à Saint‑Julien de Pézenas (tombe 170 ERA [= 236 Giry] : Dedet 1974 : pl. 73, no 154). Ils peuvent présenter, au même emplacement, un décor excisé utilisant des motifs semblables ou non (Agde, Conquette).
1.7 La Canourgue (Lozère)
Site no 50. Dolmen réutilisé des Conques
264Ce dolmen se trouve sur la crête entre l’embranchement de la route des Crouzets et le hameau des Conques (fig. 50). La collection Prunières du musée de l’Homme conserve plusieurs tessons de vases du Bronze final II (Simanjuntak 1998 : 236, 351) (fig. 49).
A. Un bord C01 d’urne ; surface lissée.
B. Un col rectiligne divergent d’urne, épaissi vers le haut, à bord aplati.
C. Un bord rentrant G07 d’urne sans col, avec cordon à impressions digitales sur la lèvre à l’extérieur.
D, E. Deux tessons de panses carénées d’urnes décorées d’une rangée horizontale d’impressions digitales.

FIG. 49 – Causse de Sauveterre. La Canourgue (Lozère). Dolmen réutilisé des Conques ; céramique non tournée (d’après Simanjuntak 1998).

FIG. 50 – Causse de Sauveterre. La Canourgue (Lozère) ; localisation du dolmen réutilisé des Conques (site no 50).
265Datation
Bronze final II.
1.8 La Malène (Lozère)
Site no 51. Dolmen réutilisé de Cauquenas
266Ce dolmen se situe entre Cauquenas et Le Mazel, à l’ouest de la cote 874 (fig. 51). La collection Prunières du musée de l’Homme conserve deux tessons d’une coupe du premier âge du Fer (Simanjuntak 1998 : 242, 476), à panse arrondie convexe et bord légèrement convergent, à décor excisé à l’extérieur (ligne brisée champlevée déterminant deux files de triangles excisés à sommets inversés) (fig. 52).

FIG. 51 – Causse de Sauveterre. La Malène (Lozère). Localisation du dolmen réutilisé de Cauquenas (site no 51) et du tumulus du Mazel Bouïssy (site no 52).

FIG. 52 – Causse de Sauveterre. La Malène (Lozère). Dolmen réutilisé de Cauquenas ; céramique non tournée à décor excisé (d’après Simanjuntak 1998).
Site no 52. Tumulus du Mazel Bouïssy 12‑1883
267Un tumulus a été fouillé par P.‑B. Prunières, près du hameau de Mazel Bouïssy (fig. 51), avant 1883 : « Sujets inhumés. Épingle en bronze. Vases très beaux, les uns unis, les autres à dessins géométriques ; bracelets bronze de la grosseur d’un fil » (Prunières 1883 : 638). Selon T. Simanjuntak (1998 : 244), les documents de la collection du musée de l’Homme provenant de ce tertre sont les suivants (fig. 53A‑D).
A. Plusieurs fragments d’une coupe non tournée incomplète, à panse arrondie convexe rentrante et petit bord déversé ; D01/D03 ; décor excisé sur la panse à l’extérieur : en haut, un méandre ; en bas, de longs rectangles comprenant soit des segments obliques excisés, soit des segments verticaux et panneau réservé ; surface polie et dégraissant de calcaire et calcite.
B. Plusieurs fragments d’une coupe non tournée incomplète, à panse arrondie convexe et bord légèrement rentrant 101 ; décor excisé sur la panse à l’extérieur de deux lignes brisées champlevées encadrant une large frise de losanges juxtaposés ; surface très soigneusement polie, et dégraissant de calcite très fine.
C. Deux tessons d’un vase non tourné à panse arrondie décorée de motifs excisés : deux lignes brisées champlevées encadrant une frise divisée en panneaux remplis de traits excisés, obliques peut‑être en chevrons dans l’un, et en « X » dans l’autre ; surface polie ; dégraissant de calcite.
D. Un tesson d’un vase non tourné à panse arrondie décorée de motifs excisés : deux lignes brisées champlevées encadrant une frise divisée en panneaux remplis de traits excisés verticaux ou en chevrons horizontaux, ou réservés ; surface polie ; dégraissant de calcite.
E. Une armille en bronze, ouverte, de section ovalaire, à décor gravé.
F. Un clou et quatre fragments d’objets en fer.
G. Deux haches triangulaires en roche verte.

FIG. 53 – Causse de Sauveterre. La Malène (Lozère). Tumulus du Mazel Bouïssy ; céramique non tournée à décor excisé (d’après Simanjuntak 1998).
268Datation
Fin du premier âge du Fer (550‑500).
La coupe B, arrondie convexe à décor excisé, ne peut être datée précisément à l’intérieur du premier âge du Fer. En revanche, un récipient de forme semblable au vase A, portant également un décor excisé, provient du tumulus de Pomeyrol, au sud‑est du Sauveterre, bien daté de la seconde moitié du vies. av. J.‑C. (site no 71).
1.9 Laval‑du‑Tarn (Lozère)
Site no 53. Dolmen coudé réutilisé de La Cham
269Bibliographie
Gallia Préhistoire, 27, 1984 : 372.
270Lieu de conservation
Dépôt archéologique de Banassac (Lozère).
271Situation
Le dolmen coudé de La Cham est situé sur le point culminant du plateau de La Cham, à 926 m d’altitude, entre Champerboux et Le Sec, en bordure du chemin (fig. 54).

FIG. 54 – Causse de Sauveterre. Laval‑du‑Tarn (Lozère), localisation du dolmen coudé réutilisé de La Cham (site no 53). Sainte‑Enimie (Lozère), localisation du tumulus de Champerboux (site no 105) et du dolmen coudé réutilisé de l’Aire des Trois Seigneurs (site no 107).
272Monument et dépôt de réutilisation
Ce monument mégalithique se compose d’une chambre rectangulaire large (1,3 m), avec accès au sud‑est. Ce dernier est bordé par deux dalles formant avec la chambre un angle un peu supérieur à 90o. L’ensemble est enserré dans un grand tumulus circulaire. Ce dolmen a été anciennement fouillé et ruiné, et la couverture, cassée en deux morceaux, est rejetée sur le tertre. En 1983, à l’occasion de travaux de consolidation et de restauration, G. Fages découvrit quelques objets fragmentaires du premier âge du Fer sur la partie supérieure du tumulus, dans le bourrage de l’accès à la chambre.
273Mobilier de la réutilisation (fig. 55A‑C)
A. Partie inférieure d’urne non tournée à fond creux 22A (diam. du fond : 14 cm) ; pâte grise à rouge brique en surface, rouge‑marron sombre en épaisseur ; dégraissant très abondant de calcite broyée.
B. Un fragment de partie supérieure de gobelet non tourné, panse globuleuse, sans col, à bord légèrement éversé C01 ; pâte beige à rose brique en surface et en épaisseur ; dégraissant très fin de calcite broyée.
C. Un fragment d’un petit bracelet en lignite (diam. int. : de l’ordre de 4,5 cm ; diam. ext. : de l’ordre de 6,2 cm) ; l’état de l’objet ne permet pas de connaître la hauteur ni l’épaisseur du jonc.

FIG. 55 – Causse de Sauveterre. Laval‑du‑Tarn (Lozère). Dolmen coudé réutilisé de La Cham ; A et B céramique non tournée ; C bracelet en lignite.
274Datation de la réutilisation protohistorique
Milieu du premier âge du Fer (650‑600). Les bracelets en lignite sont attestés en Languedoc proche du Bronze final II (Prével supérieur) jusqu’au vie. av. J.‑C. (La Liquière), mais faute de connaître la section du jonc, on ne peut dater plus précisément le fragment de ce dolmen. En revanche, le vase B, qui présente une forme semblable à celle du vase A du tumulus du Mazel Bouïssy (site no 52), assigne à ce gisement une datation semblable, dans la seconde moitié du viie s. av. J.‑C.
Site no 54. Tumulus de Laget
275Ce tumulus, non attesté dans la littérature archéologique, n’est connu que par deux objets de la collection Diaz conservés au musée municipal de Millau (fig. 56A) et au dépôt archéologique de La Graufesenque (fig. 56B), étiquetés de la manière suivante : « 1 ornement en bronze ; 2 anneaux en bronze, trouvés dans 1 tumulus à Laget (commune de Laval du Tarn, Lozère) 22 Sbre 1894. don de Mr Ph. de Nogaret ».
276Mobilier (fig. 56A, B)
A. Rasoir demi‑circulaire en bronze, dos droit dépourvu de préhension, quatre jours rayonnants, de forme grossièrement triangulaire ; une ligne droite est gravée sur une face le long de la partie centrale du dos ; le fil du tranchant a partout disparu (long. : 8 cm ; haut. cons. : 3,8 cm). Cet objet appartient au type Chabestan‑Berrias, variante Berrias d’A. Jockenhövel (1980 : 179‑180). Il a été coulé dans un moule monovalve ; il est brut de coulée et n’a pas été ébarbé, ce qui tend à indiquer une fabrication locale.
B. Anneau en bronze, coulé dans un moule monovalve, de section demi‑ovalaire (diam. ext. : 1,8 cm).

FIG. 56 – Causse de Sauveterre. Laval‑du‑Tarn (Lozère). Tumulus de Laget ; A rasoir en bronze ; B anneau en bronze.
277Datation
Première moitié du premier âge du Fer (750‑600).
Les rasoirs de la variante Berrias ne peuvent être datés avec précision à l’intérieur du premier âge du Fer. Ceux du tumulus de Ceyrac à Conqueyrac (Gard), et du dolmen des Crès à Saint‑André‑de‑Cruzières (Ardèche) manquent de contexte signifiant. Quant aux deux défunts du tumulus des Granges à Berrias (Ardèche), datés à deux moments bien différents de l’âge du Fer, ils sont marqués l’un par le torque torsadé, objet présent au début du vie s. (La Liquière), l’autre par une fibule à timbale en bronze de la première moitié du ve s. ; le rasoir découvert sur ce site se rapporte sans doute au premier individu. Cependant, comme nous l’avons noté à propos du rasoir du Freyssinel XVII (site no 45), les rasoirs semi‑circulaires sont absents des gisements postérieurs au début du vie av. J.‑C.
Site no 55. Tumulus de Laval 10‑1883
278Ce tertre a été fouillé par le Dr Prunières avant 1883. Ce dernier en donne la description suivante : « Sujet inhumé sous tumulus, avec quatorze grands anneaux ouverts, sept à chaque jambe. Poignard en fer » (Pruniéres 1883 : 637). Dans la collection du musée de l’Homme, T. Simanjuntak (1998 : 357) signale quatorze anneaux de cheville en bronze ouverts (dont deux fragmentaires), étiquetés « tombelle du Grand Viala », site par ailleurs inconnu ; ces objets pourraient peut‑être correspondre à ceux du tumulus de Laval :
– onze anneaux de cheville en bronze, ouverts, à extrémités indifférenciées, mousses et légèrement rétrécies, se chevauchant ; section piano‑convexe ; décor sur la face extérieure de groupes de traits incisés transversaux séparés par de petits groupes de traits obliques ; les extrémités sont ornées de traits plus larges ; selon les pièces, les diamètres intérieurs varient de 6,5‑8 cm à 6,7‑8,1 cm et le diamètre extérieur de 8,5 à 9 cm (fig. 57A, B) ;
– trois anneaux de cheville en bronze, ouverts, à extrémités indifférenciées abruptes ; la section est subrectangulaire et les faces intérieure et extérieure sont convexes, sauf aux extrémités où la face extérieure est aplatie ; la face extérieure est ornée de groupes de trois ou neuf traits incisés transversaux ; les diamètres intérieurs varient de 6‑7 cm à 5,9‑6,9 cm (fig. 57C, D).

FIG. 57 – Causse de Sauveterre. Laval‑du‑Tarn (Lozère). Tumulus de Laval 10‑1883 ; anneaux de cheville en bronze à décor incisé (d’après Simanjuntak 1998 : fig. 137, nos 3759 et 3762, et fig. 138, nos 3776 et 3778).
279Datation
Première moitié du premier âge du Fer (750‑600).
De tels anneaux de cheville ou bracelets ouverts et à extrémités rapprochées, avec le même type de décor, sont bien connus dans les tumulus des Garrigues au premier âge du Fer, antérieurement au vies. av. J.‑C. (Cazevieille C4 et G9, Pont de la Bénovie, La Forêt 5, Lebous H4). On retrouve des anneaux à extrémités qui se chevauchent à la même époque et dans le même secteur, à Cambous 16 (Dedet 1992a : 373‑383).
280Deux tessons de vases non tournés à décor excisé étiquetés « tumulus de la route de Laval » existent dans cette collection (Simanjuntak 1998 : 357) ; un tel site n’étant pas signalé par le Dr Prunières, il n’est pas exclu qu’ils proviennent du tumulus de Laval 10‑1883.
– Fragment de panse arrondie, décorée de triangles excisés inscrits (fig. 58A).
– Fragment de panse arrondie, décorée en damier : carrés remplis de traits excisés horizontaux ou verticaux alternant avec des carrés réservés (fig. 58B).

FIG. 58 – Causse de Sauveterre. Laval‑du‑Tarn (Lozère). « Tumulus de la route de Laval » (cf. site no 55) ; céramique non tournée à décor excisé (d’après Simanjuntak 1998 : fig. 123, no 2685).
Site no 56. Tumulus de Montredon 9‑1883
281Ce tumulus fut fouillé avant 1883 par le Dr Prunières qui en donne la description suivante : « Plusieurs caissons avec sujets inhumés accroupis. Bracelets bronze ; bague ayant dû avoir un chaton ; fibules dont une avec incrustation, chaîne à trois branches, très nombreux grains de collier en verre bleu émaillés de ronds blancs ; plus un demi‑grain de collier recouvert d’émail vert » (Prunières 1883 : 637). Certains de ces objets se trouvent dans la collection du musée de l’Homme. Selon l’inventaire de Simanjuntak (1998 : 357), il s’agit des objets suivants (fig. 59A‑I).
A. Un petit bracelet ouvert, en bronze, à extrémités indifférenciées abruptes et face extérieure décorée de quatre groupes de traits obliques séparés les uns des autres par trois traits verticaux ; tige de section ovalaire de 4,5 x 3 mm ; (diam. int. : 4,1 cm ; diam. ext. : 4,9 cm).
– Trois branches de chaînettes en bronze se rattachant à un anneau ; elles comprennent 13, 18 et 39 maillons ouverts, faits d’un fil de bronze.
– Un arc filiforme à profil arrondi d’une fibule en bronze, avec départ de ressort.
B. Un tesson de panse de vase non tourné, décorée de chevrons emboîtés couchés ; surface polie ; dégraissant de calcaire.
C. Un tesson de panse de vase non tourné, décorée d’un damier excisé.
– Trois tessons de vase (ou vases ?) non tourné, dont deux tessons de bord.
D‑H. Six perles ovoïdes en verre bleu uni, de 1,2 cm de diamètre et 7,5 à 8 mm d’épaisseur.
– Deux perles ovoïdes en ambre.
– Une perle en tonnelet en lignite.
I. Une perle cylindrique en verre recouvert d’émail vert (long. : 20,5 mm ; diam. : 3,5 mm).
282Figurent également dans la collection une monnaie gallo‑romaine (?) en bronze, très corrodée, et un rivet en fer.

FIG. 59 – Causse de Sauveterre. Laval‑du‑Tarn (Lozère). Tumulus de Montredon 9‑1883 ; A bracelet en bronze ; B et C céramique non tournée à décor excisé ; D à H perles en pâte de verre bleue ; I perle recouverte d’émail (d’après Simanjuntak 1998).
283Datation
Premier âge du Fer (750‑500) et réutilisation antique ?
Ces objets évoquent une datation postérieure à la Protohistoire, dans l’Antiquité, voire l’Antiquité tardive. Toutefois les tessons excisés, s’ils proviennent bien de ce site (ils ne sont en effet pas signalés par le fouilleur), signent l’origine de ce monument au premier âge du Fer (750‑500). Le tertre aurait ensuite été réutilisé.
Site no 57. Tumulus de Perrières
284Ce tertre, dont on ne trouve pas trace dans la littérature archéologique, est attesté par un objet de la collection Diaz au musée municipal de Millau, accompagné de l’étiquette suivante : « bracelets, bague et bouton en bronze trouvés dans un tumulus à Perrières, commune de Laval‑du‑Tarn (Lozère) le 8 mai 1834 ». Seul un bracelet est conservé.
Bracelet en bronze, fermé, non décoré, de section subrectangulaire (diam. ext. : 5 à 5,3 cm ; diam. int. : 4,4 à 4,6 cm) (fig. 60).

FIG. 60 – Causse de Sauveterre. Laval‑du‑Tarn (Lozère). Tumulus de Perrières ; bracelet en bronze.
285Datation
Bronze final ou âge du Fer sans précision possible.
Site no 58. Dolmen réutilisé du Pic de Rausas (ou Ransas)
286Ce dolmen a été fouillé avant 1873 par le Dr Prunières. Celui‑ci donne une description de ce qu’il nomme un « enterrement secondaire », c’est‑à‑dire une sépulture de réutilisation (Prunières 1873 : 362‑363). « Sur le pic élevé de Ransas se trouve un mégalithe entouré d’un magnifique tumulus de vingt mètres de diamètre. Une des dalles longitudinales avait été brisée. La table, à peu près enfouie, reposait sur l’autre longue dalle au sud et, par le reste de sa face extérieure, sur la pierraille qui entourait et recouvrait le dolmen de toutes parts. Or, avant d’arriver aux pavés superposés à la couche ossifère se trouva le squelette d’un homme portant au bras droit un large bracelet de fer. Il avait les pieds à l’est et la tête à l’ouest, et au‑dessous de lui, il y avait encore une couche de pierrailles d’une quinzaine de centimètres d’épaisseur, au‑dessus des pavés. Sous les pavés, M. le docteur Prunières recueillit 28 humérus d’adultes dont 8 perforés à la cavité olécrânienne et quelques crânes tous dolichocéphales qui sont aujourd’hui à Paris [...]. La dalle du nord avait été cassée pour faire place à l’homme du bracelet de fer. Le crâne de celui‑ci est dolichocéphale, et ses os longs le rattachent à la même race que ceux qui l’avaient précédé dans ce sépulcre. Il n’y avait aucun silex dans ce dolmen, mais seulement quatre flèches en bronze avec des grains de collier en jais, en ambre et en bronze » (fig. 61, no 1).

FIG. 61 – Causse de Sauveterre. Laval‑du‑Tarn (Lozère). Dolmen réutilisé du Pic de Rausas (ou de Ransas) ; A bracelet en fer ; B applique en bronze ; C à E armatures de flèches en bronze ; 1 coupe du monument (A et B d’après Simanjuntak 1998 : fig. 136, no 3561 et fig. 140, no 3568 ; C à E et 1 d’après Prunières 1873).
287Les quatre « flèches en bronze » de la « couche ossifère » inférieure sont connues par les dessins publiés dans Prunières 1873 : 363. Il s’agit en fait d’une alêne losangique du Bronze ancien, de deux pointes à pédoncules et d’une pointe en tôle de bronze de type Le Bourget datables du Bronze final II ou III et qui pourraient marquer une première réutilisation ou fréquentation protohistorique du monument (fig. 61C à E).
288La collection Prunières du musée de l’Homme conserve le bracelet en fer de la sépulture supérieure : ouvert, à extrémités légèrement élargies décorées de trois rainures transversales ; section en ruban large de 7 mm d’épaisseur ; diam. int. 5 à 7,3 cm ; diam. ext. 7,6 à 8,2 cm (fig. 61 A). Cet objet signe une autre réutilisation, bien caractérisée cette fois, datable du premier âge du Fer. Dans la collection Prunières se trouve aussi une applique à bélière en bronze du Bronze final II, non signalée dans la publication : bombée, circulaire (diam. : 2,5 cm), munie de deux petites tiges recourbées l’une vers l’autre formant la bélière (fig. 61 B) (Simantunjak 1998 : 356).
289Datation des réutilisations
Bronze ancien, Bronze final II ou III et premier âge du Fer.
Site no 59. Tumulus réutilisé du Pin Bas
290La collection du Dr Prunières au musée de l’Homme conserve deux objets protohistoriques étiquetés « tumulus du Pin Bas », parmi un abondant matériel de type Néolithique final/Chalcolithique (Simantunjak 1998 : 357).
291Mobilier
– Un anneau fermé en bronze.
– Un tesson d’un gobelet non tourné, à carène adoucie, bord déversé D01, datable du premier âge du Fer (fig. 62).
Ce monument n’est toutefois pas signalé dans les publications de ce chercheur.

FIG. 62 – Causse de Sauveterre. Laval‑du‑Tarn (Lozère). Tumulus du Pin Bas ; céramique non tournée (d’après Simanjuntak 1998 : fig. 121, no 3581).
Site no 60. Dolmen réutilisé de Roubiau
292Bibliographie
Gallia Informations 1992‑1 : 157‑158.
293Conservation
Dépôt archéologique de Banassac (Lozère).
294Situation
Le dolmen de Roubiau est édifié au sommet d’une croupe à 933 m d’altitude, entre le hameau de Roussac et la ferme de Segondès (fig. 63).

FIG. 63 – Causse de Sauveterre. Laval‑du‑Tarn (Lozère), localisation du dolmen réutilisé de Roubiau (site no 60). Sainte‑Énimie (Lozère), localisation du tumulus de Chaumeils (site no 109).
295Monument et dépôt de réutilisation
Ce monument mégalithique se compose d’une chambre rectangulaire (2,3 x 1 m), délimitée par trois dalles dressées, d’orientation est‑ouest avec accès à l’est, noyée dans un tumulus de pierres de 18 m de diamètre. La chambre, en partie fouillée clandestinement, a fait l’objet d’un sauvetage par G. Fages en 1988. La plupart des documents conservés remontent à la phase initiale de fonctionnement de la sépulture collective (Néolithique final/ Chalcolithique), mais deux objets en bronze, une armature de flèche et un rasoir, témoignent d’une ou deux réutilisations plus tardives. Étant donné les remaniements récents subis par ce gisement, on ignore tout des conditions de dépôt de ces objets et des éventuels restes des défunts qu’ils ont pu accompagner.
296Mobilier de la réutilisation (fig. 64A, B)
A. Un petit rasoir semi‑circulaire à dos droit, coulé dans un moule monovalve, en bronze, dépourvu de préhension (long, : 4 cm ; haut. : 2 cm).
B. Une pointe de flèche fragmentaire, en tôle de bronze, de type Le Bourget (haut, cons. : 2 cm) ; trou de fixation en partie visible.

FIG. 64 – Causse de Sauveterre. Laval‑du‑Tarn (Lozère). Dolmen réutilisé de Roubiau ; 1 plan d’ensemble ; A rasoir en bronze ; B armature de flèche en bronze (d’après Gallia Informations 1992).
297Datation de la (ou des) réutilisation(s) protohistorique(s)
Premier âge du Fer (750‑500) et peut‑être Bronze final II ou III. Le rasoir marque un réemploi au premier âge du Fer ; la flèche de type le Bourget peut se rapporter à la même époque comme elle peut indiquer un réemploi précédent au Bronze final II ou III.
Site no 61. Tumulus de Roussac 11‑1883
298Ce tumulus a été fouillé avant 1883 par le Dr Prunières qui signale (1883 : 637) : « Inhumations. Pointes de flèches en bronze, boutons de bronze, fragment de fibule et rivet en fer. Vase noir écrasé ». Selon T. Simanjuntak (1998 : 357) aucun de ces objets ne subsiste dans la collection du musée de l’Homme.
Site no 62. Tumulus de Rozas
299Ce tertre n’est attesté que par deux objets de la collection Diaz au dépôt archéologique de La Graufesenque à Millau, porteurs de l’étiquette suivante : « Petit burin, bague et bouton, le tout en bronze et trouvés dans un tumulus près de Rozas commune de Laval‑du‑Tarn (Lozère). 1875 ».
300Mobilier (fig. 65A, B)
A. Un anneau en bronze, de section triangulaire (diam. ext. : 2 cm ; diam. int. : 1,5 cm).
B. Un tube de tôle de bronze enroulée (ép. de la tôle : 0,3 mm ; ép. de l’enroulement : 4,5 mm ; long. : 36 mm).

FIG. 65 – Causse de Sauveterre. Laval‑du‑Tarn (Lozère). Tumulus de Rozas ; A anneau en bronze ; B tube en tôle de bronze.
301Datation
Bronze final III ou début du premier âge du Fer.
La perle tubulaire en tôle de bronze est bien connue à ces époques ; on se reportera aux comparaisons fournies à propos de l’exemplaire du Vayssas 1 à Séverac‑le‑Château (site no 20).
Site no 62bis. Tumulus non précisé de Laval‑du‑Tarn
302Dans la collection Diaz au dépôt archéologique de La Graufesenque à Millau figurent deux anneaux dont l’étiquette porte la mention suivante : « Bagues en fer (sic) trouvées dans un tumulus à Laval‑du‑Tarn, Lozère, 1895 » (fig. 66A, B).
A. Un anneau en bronze, coulé dans un moule monovalve, de section demi‑circulaire (diam. ext. : 2,25 cm ; diam. int. : 1,7 cm ; haut. : 0,5 cm).
B. Un anneau en bronze, coulé dans un moule monovalve, de section sub‑triangulaire (diam. ext. : 2,1 cm ; diam. int. : 1,7 cm ; haut. : 0,45 cm).

FIG. 66 – Causse de Sauveterre. Laval‑du‑Tarn (Lozère). Tumulus non localisé sur le territoire communal ; anneaux en bronze.
303Datation
Âges du Bronze ou du Fer, sans précision.
1.10 Le Massegros (Lozère)
304Entre 1883 et 1887, le Dr Prunières explora sept tumulus (sites nos 63 à 68) et deux dolmens réutilisés à l’époque protohistorique (sites nos 69 et 70), dispersés sur le territoire de la commune du Massegros. Aucune trace du matériel exhumé ne figure dans la collection du musée de l’Homme (Simanjuntak 1998 : 362‑363).
305Bibliographie
Pour les sites nos 63 à 68, voir Prunières 1887 : 703.
Site no 63. Tumulus de Bellas 28‑1887
306« Je l’ai fait découvrir sur 30 mètres carrés. Nombreux sujets ; les uns inhumés ; les derniers incinérés. Nombreux vases tous cassés, mais avec très beaux dessins géométriques. Un bracelet de fer mangé par la rouille, ou par le feu, et plus rien ! ». Ce tumulus est datable du premier âge du Fer, car, selon la terminologie de l’auteur, les « très beaux dessins géométriques » correspondent à la décoration excisée. En l’absence de précision, on ne peut savoir s’il s’agit d’une incinération sur place ou sur ustrinum.
Site no 63bis. Tumulus de Bellas sans no‑1887
307« Un tumulus voisin avec sujet inhumé a donné trois bracelets et une fibule en bronze ».
Site no 64. Tumulus de la Devèze des Bombes 30‑1887
308« Avant mon arrivée, M. l’abbé Pourcher avait commencé à faire déblayer ce grand monument. À mon arrivée, je fis découvrir le centre du tumulus sur 25 mètres carrés. Nous trouvâmes de nombreux petits os des mains, des pieds, etc., des vertèbres, des tessons, mais rien qui indiquât un sujet entier. Ces os se continuant vers le sud, la fouille fut poussée plus loin, de ce côté ; et tout à coup M. Fourcher arriva sur un caisson en pierre, fait comme la cella d’un petit dolmen. Ce caisson n’était recouvert que de terre et de gazon ; et il était littéralement plein d’os humains, dont aucun ne faisait suite à ses voisins naturels. Trois crânes sans mâchoire inférieure, reposaient l’un à côté de l’autre, près de la dalle du nord. La fouille de ce caisson me rappela les charniers, les ossuaires du moyen âge où on entassait les os des cimetières trop pleins. Cette fouille n’est pas terminée ». On ne peut manquer de se demander s’il ne s’agit pas d’un monument antérieur à la Protohistoire ou postérieur (Néolithique final/Chalcolithique ou Moyen Âge ?).
Site no 65. Tumulus de la Devèze d’Inos, tumulus de Justin 26‑1887
309« Une grande dalle comme une de celles d’un dolmen du nord au sud. Un petit mur à l’extrémité méridionale de la sépulture. Sujets inhumés. Le dernier, qui est en position, porte un bracelet de fer. Vase grossier écrasé ».
Site no 66. Tumulus réutilisé de la Devèze d’Inos 27‑1887
310« Inhumation. Trois vases cassés, unis ; grains de collier en cardium, en stéatite, beaux bracelets en bronze ». Les perles de type Néo‑Chalcolithique laissent penser que nous avons peut‑être affaire à un monument plus ancien, réutilisé pendant la Protohistoire.
Site no 67. Tumulus de la Devèze du Massegros 25‑1887
311« Incinération. Vase très grand, très épais, à ornements rudimentaires, dont voici les fragments : la fragmentation semble antérieure à l’inhumation à cause des trous percés sur chaque fragment, en face les uns des autres, comme pour recevoir des liens ». En l’absence de précision, on ignore s’il s’agit d’une incinération sur place ou sur ustrinum.
Site no 68. Tumulus de Mallet 29‑1887
312« Fouille non terminée. Inhumation : un beau crâne, une fibule, une bague, une épingle bronze. Enfin, un beau petit vase en bronze, de 10 centimètres de diamètre, à fond arrondi, déposé comme une coupe à boire à l’intérieur d’un vase noir en terre fine ».
Site no 69. Dolmen réutilisé de la Devèze d’Inos
313Ce dolmen a été fouillé par le Dr Prunières (Prunières 1873b). Un abondant mobilier, étiqueté « dolmen de Dinos » se trouve au musée de l’Homme. Pour l’essentiel, il date du Néolithique final/Chalcolithique. Y figure également une pointe de flèche en tôle de bronze de type Le Bourget, incomplète, à bord convexe, avec un trou de fixation conservé vers la base ; long. cons. : 2,7 cm (Simanjuntak 1998 : 362) (fig. 67). Cet objet marque une fréquentation ou réutilisation du monument au Bronze final II, III ou au premier âge du Fer.

FIG. 67 – Causse de Sauveterre. Le Massegros (Lozère). Dolmen réutilisé de la Devèze d’Inos ; armature de flèche en bronze (d’après Simanjuntak 1998 : fig. 142, no 2570).
Site no 70. Petit dolmen réutilisé de Recoules de l’Hon
314Ce dolmen, situé à 1 km au nord‑nord‑ouest de Recoules, en bordure de la route départementale reliant ce village à Séverac‑le‑Château, a été également fouillé par le Dr Prunières (Prunières 1873b). La collection de ce chercheur au musée de l’Homme conserve plusieurs objets protohistoriques de ce site (Simantunjak 1998 : 343, 344, 347, 349, 361 et 455) (fig. 68A‑D).
A. Un bracelet en fer, ouvert, à extrémités indifférenciées ; tige de section circulaire de 9 mm de diamètre ; diam. int. : 5,1 à 5,8 cm ; diam. ext. : 6,8 à 7,4 cm.
B. Une perle tubulaire en bronze, formée d’une lamelle de 7 mm de largeur maximum, rétrécie aux deux extrémités ; diam. ext. 5 mm.
C. Une perle tubulaire longue en bronze, formée d’une lamelle de 18 mm de largeur ; diam. ext. : 5 à 6 mm.
– Une applique circulaire en bronze, ornée, en périphérie, de pointillés au repoussé.
– Un anneau rubané en bronze, ouvert. D. Un tesson de panse carénée de vase, à fin décor poinçonné au‑dessus de la carène.

FIG. 68 – Causse de Sauveterre. Le Massegros (Lozère). Petit dolmen réutilisé de Recoules de l’Hon ; A bracelet en fer ; B et C perles tubulaires en bronze ; D céramique non tournée à décor poinçonné (d’après Simanjuntak 1998 : fig. 114, no 2888, fig. 133, no 2911, fig. 141, no 2910, fig. 143, no 2902).
315Datation
Le bracelet en fer marque une fréquentation ou réutilisation du monument au premier âge du Fer, et plus particulièrement aux viiie et viie s., car ce type d’objet est absent des nécropoles languedociennes du vie s. comme Saint‑Julien de Pézenas ou Grand Bassin II de Mailhac. Les autres objets signalent une ou plusieurs réutilisations ou fréquentations des lieux durant le Bronze final et peut‑être le Bronze moyen.
1.11 Quézac (Lozère)
Site no 71. Tumulus de Pomeyrol
316Bibliographie
Fages 1987.
317Lieu de conservation
Dépôt archéologique de Banassac (Lozère).
318Situation et fouille
Le tumulus de Pomeyrol est situé sur le rebord du causse de Sauveterre, à 892 m d’altitude, au début de la pente du versant dominant le ravin de Rocheblave. À 1 km au nord du hameau du Mas André, il se trouve en limite de la branche méridionale du chemin reliant Le Mas André au village de Molines (fig. 69). L’aménagement de ce chemin en piste forestière a emporté la bordure orientale du tertre. Cela a déterminé une fouille de sauvetage de la part de G. Fages en 1985. L’intervention ne pouvant être que de courte durée, après dégagement de l’ensemble du monument, seul environ le tiers de la surface conservée a été fouillé, ce qui a cependant permis de rencontrer la région sépulcrale et de mettre en évidence la structure et les limites du tertre (fig. 70, no 1).

FIG. 69 – Causse de Sauveterre. Quézac (Lozère). Localisation du tumulus de Pomeyrol (site no 71).

FIG. 70 – Causse de Sauveterre. Quézac (Lozère). Tumulus de Pomeyrol ; 1 plan d’ensemble ; 2 relevé de détail de la bordure nord ; 3 coupe ; 4 et 5 relevés successifs de la sépulture [71 : point coté ; (7) : numéro d’objet ou d’os] (d’après Fages 1985‑1986).
319Structures et observations de fouille
(D’après Fages 1987 : 4‑5.)
Il s’agit d’un tumulus circulaire, de 12,7 m de diamètre nord‑sud, et de 0,7 m de hauteur, en forme de calotte sphérique, entièrement fait de blocs de pierres de calcaire local séquanien (J7 de la carte géologique, feuille de Florac XXVI‑39), avec une couverture de cailloutis généré par la fracturation des pierres superficielles. Une dépression ovalaire, trace d’un sondage ancien, affecte la rotondité sommitale (fig. 70, nos 1 et 3).
Le tertre est établi sur une assise de pierres redressées, posées en auréole en partant du centre du monument. Les blocs, souvent volumineux, reposent sur une pellicule de terre rougeâtre, qui est le sol naturel du causse, peu ou pas aménagé, peut‑être sommairement épierré. Ce sol nappe les strates inclinées, fissurées et corrodées du substratum rocheux. Le pied des pierres redressées s’est naturellement, enfoncé de quelques centimètres dans cette surface meuble qui est la seule à livrer des éléments fins. Le tout est surmonté par une accumulation de pierres jetées plutôt à plat. Les pierres supérieures de cette accumulation, plus importante au centre, ont éclaté en engendrant une couverture de cailloutis anguleux. Sous les trois ou quatre centimètres superficiels, le cailloutis emprisonne des traces de terre très fine de couleur beige (poussières d’apport éolien et/ou résidus de décomposition du calcaire). À la faveur des larges vides interstitiels qui caractérisent l’ensemble du tertre, du cailloutis s’est parfois amassé à la base de l’édifice. Au sud, le soubassement de pierres redressées vient jusqu’au bord du tertre, sans aménagement supplémentaire, tandis qu’au nord, une couronne de blocs posés à plat contient le montage interne de pierres redressées (fig. 70, no 2). Ce dispositif périphérique a dû être motivé par le pendage naturel du support calcaire en direction du nord‑est.
À peu près au centre du tertre, et sans protection décelable, est apparu un squelette d’un sujet adulte (sujet no 1), orienté est‑nord‑est/ ouest‑sud‑ouest, tête à l’est‑nord‑est (fig. 70, nos 4 et 5). Il est écrasé entre la couche supérieure de pierres jetées plutôt à plat et le hérisson sous‑jacent de pierres dressées qui est toutefois, à cet endroit, sensiblement moins élevé. Les documents osseux sont en fort mauvais état : écrasement, agression des racines, morsures et dispersion attribuables aux petits rongeurs qui ont élu domicile dans le tertre. Dans de telles conditions, des observations fiables de détail, comme la position des extrémités des membres, n’étaient pas possibles. Pourtant, il est acquis qu’il s’agit d’un dépôt primaire, et que le cadavre reposait en décubitus latéral droit, le bras droit passant sous le corps, l’avant‑bras gauche ramené en avant du pubis ; le membre inférieur gauche, en rectitude, repose sur le droit dont la jambe est fléchie.
Un bloc brut de dolomie rose, parfaitement intégré à la couche de base mais un peu plus haut que ces éléments, était dressé devant la face du squelette. Il est possible que cette pierre, qui mesure 50 cm de haut, 30 cm de large et 22 cm d’épaisseur, ait fait office de stèle rudimentaire.
Assez sensiblement au‑dessus des ossements, ont été découvertes, au niveau de l’abdomen, une épingle en fer, brisée en deux, et près du flanc gauche du corps, reposant bien à plat, une fibule en bronze ouverte. Près du sommet du crâne, des fragments d’un vase non tourné incomplet à décor excisé étaient posés à plat sur la terre rouge du substrat. Deux tessons appartenant à deux autres récipients non tournés, et une plaquette de schiste ardoisier éclatée ont été trouvés à gauche des membres inférieurs. Des esquilles d’os d’animaux étaient dispersées à tous les niveaux.
Trois os ou morceaux d’os d’un petit enfant décédé en période périnatale (sujet no 2) ont été découverts dispersés dans la masse du tumulus, en dehors de la zone occupée par les os de l’adulte, non loin de la limite de la partie fouillée du monument : un fémur à quelques centimètres à l’ouest des pieds du sujet adulte, vers la base du tertre, et au‑dessus, une ulna et un tibia incomplets. Mais la dispersion de ces vestiges peut être imputable à la circulation de la microfaune entre les éléments pierreux constituant exclusivement le monument.
Le démontage du soubassement de pierres redressées et le curage des fissures du substratum ont permis de constater l’absence de toute trace de rubéfaction. Par ailleurs, une bague fermée en métal cuivreux a été découverte contre les pierres dressées du bord sud du tertre, et un clou en fer forgé a été recueilli parmi le cailloutis superficiel, mais ces deux objets n’appartiennent sans doute pas au mobilier funéraire.
320Os humains
Ce tumulus renfermait les restes de deux individus.
Le sujet no 1, représenté par 1 360 g d’os non brûlés, est un adulte robuste, sans doute assez âgé d’après divers indices (sutures crâniennes synostosées en face endocrânienne et en cours de synostose en face exocrânienne, dents très usées et, pour certaines, prémolaires et molaires supérieures ainsi que M1g, tombées ante mortem avec résorptions alvéolaires, processus de dégénérescence des vertèbres). Le très mauvais état de conservation des coxaux ne permet pas de préciser le sexe. Toutes les parties du squelette sont représentées (fig. 71, no 1) : calotte crânienne presque complète, aux parois relativement minces, tronc et membres, y compris les extrémités. Les apex des dents sont fermés ; les listels des vertèbres sont soudés. Le sujet no 2 est un mort en phase périnatale ; il n’est représenté que par trois pièces osseuses non brûlées des membres supérieurs et inférieurs : une moitié proximale d’ulna droite, un fémur gauche et une diaphyse de tibia. Ce fémur, complet, a une longueur de 58,5 mm, très inférieure à celle d’un fémur de nouveau‑né. En appliquant l’équation de Fazekas et Kosa, la stature peut être estimée à 42,2 cm, ce qui correspond à un âge au décès de huit mois lunaires et demi (sept mois et demi à huit mois de grossesse) (Fazekas, Kosa 1978 : 261‑262).
321Os d’animaux
(Détermination A. Gardeisen.)
NR dét. = 14 ; N R total = 29.
– Bœuf : NR (relevé no 1) = 2 (rocher, 1 f. d’incisif) ; NR (relevé no 2) = 1 (rocher) ; NMI bœuf = 1 adulte.
– Ovicapriné (mouton ou chèvre) : NR = 5 (1 f. de métapode et 1 côte de fœtus ou nouveau‑né ; 1 troisième molaire sup. 18‑24 mois, 1 extrémité proximale de radius rongé et 1 côte –sous réserve– de jeune adulte) ; NMI = 2.
– Porc : NR = 7 (1 troisième prémolaire inf., 1 première incisive sup., 1 prémolaire inf., 1 canine sup. de femelle, 1 incisive lactéale) ; NMI = 2 : un jeune de moins d’un an et un jeune adulte femelle.
– Oiseau indéterminé : NR = 1 (1 f. de diaphyse d’ulna) ; NMI = 1 adulte.
– Lagomorphe (cf. lièvre) : NR = 1 (1 radius) ; NMI = 1 jeune.
– Microfaune : NR = 3.
– Esquilles indéterminées : NR = 12.
Action de rongeur(s), mais pas de traces de découpages.
322Mobilier (fig. 71A‑D)
A. Un gobelet non tourné incomplet (environ 1/8 du vase seulement est représenté), à panse arrondie très galbée, col très bas divergent et bord C09 (fond absent) ; décor excisé sur la partie supérieure de la panse formant une frise horizontale qui comprend, de haut en bas : une droite horizontale (motif 1, technique A3), une double rangée horizontale de triangles excisés emboîtés, bases inversées (motif 2, technique B1, mais c’est le côté oblique droit du triangle qui sert de base pour les triangles supérieurs et le côté horizontal pour les triangles inférieurs) ; une droite horizontale (motif 1, technique A1) ; répétition du motif 2 (technique B1, le côté oblique droit du triangle servant de base) ; une ligne droite horizontale (motif 1, technique A1). Les extrémités des traits incisés ayant servi à délimiter les motifs sont visibles. La surface est polie à l’extérieur et sur le col à l’intérieur, lissée avec soin sur la panse à l’intérieur ; la pâte a une couleur gris brun très sombre en surface, gris rouge en épaisseur ; elle inclut un abondant dégraissant de calcite broyée très fine (moins de 0,5 mm).
B. Une épingle en fer à tête enroulée, complète mais cassée en deux morceaux (long. : 6,5 cm) ; section sub‑circulaire de 3,3 mm de diamètre.
C. Une fibule en bronze, à pied relevé à angle droit et bouton terminal conique, arc de section bombée, ressort bilatéral court à six spires, enroulé sur un axe en bronze de section rectangulaire à une extrémité, ronde à l’autre, et corde extérieure (type 5 de Tendille 1978 : 84‑85).
D. Des objets découverts en bordure ou en surface du tertre et dont l’appartenance au mobilier funéraire est douteuse : un clou en fer forgé et une bague en métal cuivreux, de 2,45 cm de diamètre, décorée sur le dessus d’incisions.
E. Un petit tesson informe de vase non tourné ; paroi épaisse de 12,8 mm ; dégraissant de calcite broyée.
F. Un petit tesson informe d’un autre vase non tourné à paroi plus mince (ép. : 6 mm) ; dégraissant de calcite broyée.

FIG. 71 – Causse de Sauveterre. Quézac (Lozère). Tumulus de Pomeyrol ; 1 état de conservation du squelette du sujet no 1 ; A céramique non tournée à décor excisé ; B épingle en fer ; C fibule en bronze ; D bague en cuivre (d’après Fages 1987).
323Datation
Milieu du premier âge du Fer (650‑600). L’épingle à tête enroulée en bronze apparaît dès le Bronze final I (Audouze, Gaucher 1981 : 27‑29) et ce type se prolonge au premier âge du Fer (ainsi à Saint‑Rémy‑de‑Provence à la transition Bronze final IIIb/premier âge du Fer : Lagrand 1968 : pl. LXXXVI, no 4). Mais les exemplaires les plus récents appartiennent à l’extrême fin du viie ou au tout début du vies. (Larquet, La Couronne à Martigues, et couche 3B de La Grande Baume à Gemenos, Bouches‑du‑Rhône : Lagrand 1959 : 193, pl. VI, no 2 ; pl. XXXI, no 6). Les nécropoles du vie s. (Grand Bassin II ou Saint‑Julien de Pézenas), n’en livrent pas. Par ailleurs, le type de fibule présent à Pomeyrol se rencontre, en fer, dans la nécropole du Peyrou d’Agde au milieu et dans la seconde moitié du viie s. (T 32, 50, 97, 116, 120, 124, 144, 168, 202 : Nickels et al. : passim).
1.12 Saint‑Bauzile (Lozère)
Site no 72. Tumulus du Freyssinel III
324Bibliographie
Morel 1968 : 42.
325Situation et fouille
Le tumulus III du Freyssinel, fouillé avant 1936 par le Dr Ch. Morel, est simplement signalé « à quelques centaines de mètres au nord‑est du Freyssinel » (fig. 41).
326Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1968 : 42.)
« Diamètre : 9 m, hauteur 1,10 m environ. Sur un dallage en pierres plates, un corps a été inhumé en position demi‑assise. Orientation : est‑ouest. Derrière le crâne, dans une niche de blocs calcaires, fragments d’un vase forme 4 avec décor peint intérieurement. Dans le tertre, débris dispersés d’un vase forme 6 ».
327Os humains
Disparus.
328Mobilier (fig. 72)
(A au musée Ignon‑Fabre de Mende ; le reste disparu ; ici d’après Morel 1968 : 42.)
A. Des fragments d’une coupe non tournée incomplète, à panse arrondie convexe, bord parallèle simple F01 et fond creux 21A (haut. : 5 cm ; diam. max. : 15 cm) ; surfaces extérieure et intérieure polies ; dégraissant fin de calcite broyée ; traces d’un décor peint en blanc à l’intérieur : chevrons multiples emboîtés, croisillons...
B. Des fragments d’une urne non tournée incomplète, de forme Morel 6, à grand col divergent, panse arrondie galbée et pied bas (fig. 231).
C. Une lame de couteau en fer.
D. Une « plaquette de bronze à faible teneur d’étain ».

FIG. 72 – Causse de Sauveterre. Saint‑Bauzile (Lozère). Tumulus du Freyssinel III ; céramique non tournée à décor peint.
329Datation
Première moitié du premier âge du Fer (750‑600).
L’urne cratéroïde B est caractéristique du premier âge du Fer antérieur au début du vies. En effet, ce vase ne se rencontre plus dans les nécropoles de Saint‑Julien de Pézenas et du Grand Bassin II de Mailhac après le début de ce siècle.
Site no 73. Tumulus du Freyssinel VI
330Bibliographie
Morel 1968 : 45.
331Situation et fouille
Le tumulus du Freyssinel VI, également fouillé avant 1936 par le Dr Ch. Morel, est simplement signalé « dans un creux de terrain entre le Freyssinel et le Falisson » (fig. 41).
332Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1968 : 45.)
Ce tumulus mesure 14 m de diamètre pour une hauteur de 1,8 m. « Sépulture à incinération avec ossements très calcinés dispersés sur le sol primitif au milieu de cendres et charbons ». Ces renseignements ne permettent toutefois pas de savoir si l’incinération a eu lieu à l’emplacement même du tumulus ou ailleurs.
333Os humains
Disparus.
334Mobilier (fig. 73A‑E)
(A, D et E au musée Ignon‑Fabre de Mende ; le reste disparu ; ici d’après Morel 1968 : 45, 54, 69.)
A. Un bracelet‑armille en bronze en spirale, coupé d’un coup de ciseau vers la fin de la deuxième spire ; une extrémité manque donc et l’autre, cassée, est cependant amincie et porte deux rainures en face extérieure (diam. ext. : 7,4 à 7,8 cm ; diam. int. : 6,8 à 7,1 cm) ; section demi‑circulaire de 0,5 cm de diamètre.
B, C. Deux bagues (ou pendants d’oreille ?) en bronze « très finement ciselées », formées d’un mince ruban effilé aux deux extrémités.
D. Une coupe non tournée complète, à panse arrondie convexe rentrante, bord évasé C01 et fond creux 21A (haut, : 8 cm ; diam. max. : 16,1 cm) ; parois polies et pâte de couleur noire uniforme à l’intérieur comme à l’extérieur, rougeâtre en épaisseur ; dégraissant très fin de calcite broyée ; décor excisé à l’extérieur sur la partie supérieure de la panse se développant en une frise ininterrompue : deux lignes brisées champlevées, en haut et en bas, ligne droite horizontale ; le fond des excisions atteint le cœur rougeâtre de la paroi, créant un effet de contraste coloré avec l’épiderme noir.
E. Une coupe non tournée complète, à panse arrondie convexe rentrante, bord évasé C09 et fond creux 21A (haut. : 8,5 cm ; diam. maxi. : 15,9 cm) ; parois polies et pâte de couleur cuir uniforme à l’intérieur comme à l’extérieur ; dégraissant très fin de calcite broyée ; décor excisé à l’extérieur sur la partie supérieure de la panse se développant en une frise : encadrement en haut et en bas d’une ligne horizontale excisée et d’une ligne brisée champlevée ; au centre, bandeau de chevrons emboîtés et opposés s’interrompant en un endroit pour faire place à un ensemble de cinq motifs centrés : un damier encadré par des bandes verticales et des carrés réservés.
F. Un bracelet en fer, « simple anneau fermé sans ornementation ».

FIG. 73 – Causse de Sauveterre. Saint‑Bauzile (Lozère). Tumulus du Freyssinel VI ; A bracelet armille en bronze ; B et C bagues en bronze (d’après Morel 1968) ; D et E céramique non tournée à décor excisé.
335Datation
Deuxième moitié du premier âge du Fer (600‑500).
Par leur forme et leur décor, les deux coupes excisées D et E sont datables du premier âge du Fer au sens large, mais le bracelet‑armille en spirale se rapporte au vies. av. J.‑C.
Site no 74. Tumulus du Freyssinel VII
336Bibliographie
Morel 1968 : 42.
337Situation et fouille
Le tumulus du Freyssinel VII est situé au lieu‑dit Lous Plos, entre Le Freyssinel et Le Falisson (fig. 41). Il a été fouillé avant 1936 par le Dr Ch. Morel.
338Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1968 : 42.)
« À 30 cm de profondeur, squelette féminin inhumé nord‑est 55o sud‑ouest. Pas d’incinération. Sur le pourtour du tumulus, rangée circulaire de pierres droites plus volumineuses que les pierres du tertre ». Le mobilier n’est pas situé, mais on signale que les débris de la grande urne C sont « très dispersés ».
339Os humains
Disparus.
340Mobilier (fig. 74A, B)
(A et B au musée Ignon‑Fabre de Mende ; C disparu ; ici d’après Morel 1968 : 42.)
A. Une petite urne non tournée (incomplète ?), à panse peu galbée, col bas rentrant et bord épaissi C07, fond manquant ; (diam. max. : 9,3 cm) ; décor au contact col‑panse d’une ligne horizontale de coups incisés ; dégraissant de calcite broyée très fin.
B. Une fusaïole façonnée en terre cuite (diam. : 4 cm ; haut. : 2 cm).
C. Une grande urne non tournée (incomplète ?) de forme Morel 9 (fig. 231).
341Datation
Bronze final ou vie s. av. J.‑C.
L’état lacunaire de la documentation rend malaisée la datation de ce tertre. La silhouette de la forme 9 de Ch. Morel, ici vase C, semble devoir être rapportée au Bronze final II‑IIIa, alors que la forme du vase A rappelle plutôt le style des urnes de la fin du premier âge du Fer du Languedoc oriental (par exemple à Gailhan, vers 500 av. J.‑C. ; Dedet 1980b : 15, fig. 13, no 3). La dispersion des morceaux de la grande urne C signifierait‑elle qu’il y ait eu deux dépôts successifs ?

FIG. 74 – Causse de Sauveterre. Saint‑Bauzile (Lozère). Tumulus du Freyssinel VII ; A céramique non tournée ; B fusaïole en terre cuite.
Site no 75. Tumulus du Freyssinel VIII
342Bibliographie
Morel 1968 : 42.
343Situation et fouille
Le tumulus du Freyssinel VIII est signalé « au‑dessus du précédent, sur la crête, en face du village du Falisson », par le Dr Ch. Morel (fig. 41). Celui‑ci l’a fouillé avant 1936.
344Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1968 : 42.)
« Le tumulus paraît avoir été anciennement violé : tout est bouleversé. Diamètre : 20 m, hauteur 1,10 m. Inhumation, pas d’incinération ou de préparation préalable par le feu de la sépulture. Orientation sensiblement est‑ouest. [...] Fragments très dispersés d’une grande épée hallstattienne en fer, mais nous n’en trouvons ni la pointe, ni la poignée ; près de la tête très écrasée, couteau en fer avec soie ; un grand vase forme 6 ; un vase forme 4 ; enfin débris d’un vase forme 8, dispersés un peu partout ».
345Os humains
Disparus.
346Mobilier (fig. 75)
(E au musée Ignon‑Fabre à Mende3 ; le reste disparu ; ici d’après Morel 1968 : 42.)
A. Une « grande épée hallstattienne » en fer.
B. Un couteau à soie en fer.
C. Une grande urne à col évasé, panse arrondie et pied bas (forme 6 de Morel) (complète ? incomplète ?) (fig. 231).
D. Une coupe arrondie convexe (forme 4 de Morel) (complète, incomplète ?) (fig. 231).
E. Une coupe non tournée4 (incomplète ?) (forme 8 de Morel), à panse tronconique, bord rentrant 101, et pied annulaire bas 42A (haut. : 13,4 cm ; diam. max. : 20,2 cm) ; surfaces extérieure et intérieure lissées avec soin ; dégraissant abondant de calcite broyée fine (fig. 75).

FIG. 75 – Causse de Sauveterre. Saint‑Bauzile (Lozère). Tumulus du Freyssinel VIII ; céramique non tournée.
347Datation
Première moitié du premier âge du Fer (750‑600).
Bien que la majeure partie du mobilier ne soit plus identifiable, cette tombe peut être placée dans la première partie du premier âge du Fer. C’est la datation admise pour la grande épée « hallstattienne » en fer, que ne dément a priori aucun des autres objets signalés, en particulier l’urne « cratéroïde » C et les coupes D et E.
Site no 76. Tumulus du Freyssinel IX
348Bibliographie
Morel 1968 : 42‑43.
349Situation et fouille
Le tumulus IX du Freyssinel se trouve « sur la même crête, à quelques mètres du tumulus VIII » (fig. 41). Il fut fouillé avant 1936 par le Dr Ch. Morel.
350Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1968 : 42‑43.)
« Sépulture également très bouleversée. Inhumation. Un grand bloc de calcaire, planté debout, de forme vaguement anthropomorphe, en occupe à peu près le centre ; à l’intérieur du tumulus et à 2 ou 3 mètres des bords, cercle de grosses pierres ». Le mobilier est « au milieu d’ossements dispersés ».
351Os humains
Disparus.
352Mobilier
(Disparu ; ici d’après Morel 1968 : 43.)
A. « Un couteau de fer avec soie, tranchant d’un seul côté ».
B. Des « fragments de céramique brune ».
353Datation
Âge du Fer (ou plus récent ?).
Il est évidemment impossible de dater ce tertre qui, d’après le mobilier signalé, ne peut être antérieur à l’âge du Fer.
Site no 77. Tumulus chalcolithique réutilisé du Freyssinel X
354Bibliographie
Morel 1935 ; 1968 : 21‑39.
355Situation et fouille
Le tumulus du Freyssinel X se trouve au lieu‑dit La Serre, « sur les pentes est de la cote 1 020 et à quelques mètres du chemin de la Bazalgette au Falisson » (fig. 41). Avant sa fouille en 1933 par le Dr Morel, ce tertre mesurait 17 m de diamètre pour une hauteur au centre de 1,6 m au‑dessus du sol environnant. Deux niveaux sépulcraux superposés ont été rencontrés : à la base, une vaste sépulture collective à incinération du Chalcolithique (phase terminale du groupe des Treilles) et, au‑dessus, une double inhumation du premier âge du Fer (fig. 76, no 1).
356● Sépulture inférieure (Chalcolithique de la phase terminale du groupe des Treilles, d’après Morel 1935 ; 1968 : 21‑39).
Un coffre rectangulaire, de 6 m de long sur 3 m de large, réservé dans la masse du tertre, a été aménagé à la base du monument. Il est limité sur ses quatre côtés par des murettes de pierres plates élevées jusqu’à 0,7 m de hauteur. Leur parement est noirci par la fumée. Une couche d’argile brûlée tapisse le fond du coffre, directement sur le substrat naturel. Elle est surmontée par des cendres et des charbons de bois, et, sur 0,35 m d’épaisseur, par un conglomérat homogène d’ossements humains incinérés. Ce conglomérat ne renferme ni pierre, ni terre, cendre ou charbon de bois qui auraient pu signaler des incinérations successives.
Les ossements ont une couleur très blanche et sont fortement craquelés et déformés par le feu. ils appartiennent à une cinquantaine d’individus, au moins, d’âges divers (vieillards, adultes et immatures). De nombreuses connexions osseuses ont été remarquées par Ch. Morel qui précise : « il ne s’agit donc pas d’un ossuaire où étaient déposés des restes incinérés ailleurs, mais d’une vaste sépulture où les corps furent brûlés sur place ». Près des bords, la combustion avait été moins complète et les ossements se trouvaient mêlés à des pierrailles noircies tombées des parois. Au sud, un éboulement partiel de la murette limitant le coffrage permit la conservation de tresses de chevelures calcinées, de couleur blond roux.
Un abondant mobilier accompagnait les restes osseux ou se trouvait à la base du conglomérat, dans la couche de terre, de cendres et de charbons : dix poignards, cinq perles et une pendeloque en cuivre, trois armatures de flèches en chaille ainsi que de nombreux débris de cuivre fondu non identifiables.
Des ossements d’animaux calcinés étaient intimement mêlés aux ossements humains (lièvre, mouton, sus, peut‑être chevreuil et un oiseau d’assez grande taille, selon Ch. Morel).
Ce conglomérat est surmonté par une couche d’environ 10 cm d’épaisseur renfermant des pierres calcinées et de nombreux ossements humains brûlés et complètement noircis, ainsi que des ossements d’animaux non brûlés, du lièvre en particulier d’après le fouilleur. Cette dernière couche se trouve à 1,10 m au‑dessous de la surface du centre du tumulus.
357● Sépulture supérieure protohistorique. À peu près au centre du tumulus, à 0,70 m de profondeur, sous une couche de pierraille, deux squelettes ont été découverts reposant sur un dallage de pierres plates notablement plus volumineuses que celles qui les recouvraient. Ce dallage surmontait le sommet de la sépulture inférieure. Les deux squelettes se rapportent à des adultes, dolichocéphales ; l’un d’eux est un adulte jeune. Ils sont décrits par Ch. Morel en dépôt primaire : « Ils étaient inhumés parallèlement l’un à l’autre et en "tête‑bêche". Leur orientation, sensiblement nord‑sud, faisait un angle d’environ 20o vers l’ouest. Le squelette placé le plus à l’est avait le crâne vers le nord et l’autre vers le sud. Ils étaient tous deux couchés sur le dos, les bras collés au corps et les jambes étendues »..
Plusieurs objets accompagnaient cette double sépulture ; deux vases non tournés, une grande coupe (vase A) et une petite coupe carénée (vase B ou C) se trouvaient derrière le crâne de l’un des deux défunts, au nord ; une autre petite coupe carénée non tournée (vase B ou C) était placée à hauteur de l’épaule gauche du second individu ; près des deux sujets ont également été découverts une fusaïole, un ardillon de fibule et une bague en bronze.
358Mobilier de la sépulture supérieure (fig. 76 A‑C)
(A, B et C au musée Ignon‑Fabre de Mende ; le reste disparu.)
A. Une coupe non tournée (complète ?), à panse arrondie convexe, bord divergent E01 et fond annulaire 41A à bombement intérieur (haut. : 8,5 cm ; diam. max. : 30 cm) ; surface extérieure polie ; surface intérieure lissée avec soin ; fin dégraissant de calcite broyée bien calibrée.
B. Une coupe non tournée (complète ?), à panse carénée, avec méplat sur celle‑ci, bord éversé C01, et fond creux 21A (haut. : 5,2 cm ; diam. max. : 14,4 cm) ; surfaces extérieure et intérieure lissées sans soin ; dégraissant fin et bien calibré de calcite broyée.
C. Un fragment d’une petite coupe non tournée (incomplète ?), à panse carénée, bord éversé à méplat interne C19 (diam. max. : 11,5 cm) ; surfaces polies ; dégraissant très fin de calcite broyée et quelques grains plus importants (jusqu’à 1,8 mm).
D. Une petite fusaïole modelée en terre cuite.
E. Un ardillon de fibule en bronze.
F. Une bague plate en bronze.

FIG. 76 – Causse de Sauveterre. Saint‑Bauzile (Lozère). Tumulus du Freyssinel X ; A à C céramique non tournée ; 1 coupe schématique du tumulus (d’après Morel 1968 : p. 28) ; (1 : sépulture supérieur ; 2 : dallage en pierres plates ; 3 : ossements noircis ; 4 : conglomérat osseux ; 5 : couches d’argile brûlée, de cendres et de charbons ; 6 : murettes, partiellement éboulées au sud, construites en pierres plates et noircies par la fumée ; 7 : sol du causse ; 8 : point où se trouvaient les cheveux tressés).
359Datation de la réutilisation
Transition Bronze final IIIb/premier âge du Fer ou début du premier âge du Fer. Les coupes carénées B et C sont caractéristiques de la transition Bronze final IIIb/premier âge du Fer et du début du premier âge du Fer. On se reportera aux comparaisons faites à propos d’un exemplaire similaire du Vayssas 1 à Séverac‑le‑Château (site no 20). Le reste du matériel ne contredit pas une telle datation.
Site no 78. Tumulus du Freyssinel XI
360Bibliographie
Morel 1968 : 43.
361Situation et fouille
Le tumulus XI du Freyssinel est situé « au sommet de la cote 1020, derrière Le Freyssinel », en limite des communes de Saint‑Bauzile et d’Ispagnac (fig. 41). Il a été fouillé avant 1936 par Ch. Morel.
362Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1968 : 43.)
Tertre de 8 m de diamètre et de 0,6 m d’élévation. « À cause de son peu de profondeur, la sépulture a beaucoup souffert. Elle est limitée par un caisson en pierre orienté est‑ouest ».
363Os humains
Disparus.
364Mobilier (fig. 77)
(E au musée Ignon‑Fabre à Mende ; le reste, disparu ; ici d’après Morel 1968 : 43.)
A. Des fragments d’une coupe non tournée, à panse tronconique et pied bas de forme 8 de Morel (fig. 231).
B. Des fragments d’une coupe non tournée, arrondie convexe de forme 4 de Morel (fig. 231).
C. Une fusaïole en terre cuite.
D. Un petit bracelet en fer.
E. Un morceau de tige en bronze de section rectangulaire, coupée aux deux extrémités par un coup de ciseau (long. : 6,8 cm).

FIG. 77 – Causse de Sauveterre. Saint‑Bauzile (Lozère).
Tumulus du Freyssinel XI ; tige en bronze.
365Datation
Premier âge du Fer (750‑500).
En l’absence presque complète du mobilier, il est désormais difficile de dater ce tertre. Cependant, les silhouettes que donne Ch. Morel pour ses formes 4 et 8 correspondent à des vases très courants durant tout le premier âge du Fer. Les autres objets n’apportent pas de précision supplémentaire.
Site no 79. Tumulus du Freyssinel XIV
366Bibliographie
Morel 1935 : 496‑498 ; 1968 : 44.
367Situation et fouille
Le tumulus XIV du Freyssinel, fouillé par le Dr Ch. Morel avant 1934, est érigé au lieu‑dit Lous Plos, « à peu près à mi‑chemin entre les villages du Freyssinel et du Falisson », « dans un creux, au sud des tumuli VI, VIII et IX » (fig. 41).
368Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1935 : 496‑498 ; 1968 : 44.)
« Diamètre : 12 m, hauteur : 1 m. Au centre et à 0,60 m de profondeur, nous trouvons un squelette très écrasé, orienté nord‑est 65o sud‑ouest. Aucune mensuration anthropologique n’est possible. Vers les pieds, fragments d’un vase forme 4 ». Une fibule « à la hauteur des chevilles ». « Derrière le crâne, et en contact avec lui, quelques plaquettes de bronze dont une en forme de feuille de laurier, ont dû appartenir à un objet de parure. Enfin, toujours derrière le crâne et de chaque côté, sont dispersés des vases à décor peint. [...] Autour ossements de bovidés et de sus. [...] Dans le tertre existent plusieurs blocs de granit étranger à la région ».
369Os humains
Disparus.
370Mobilier (fig. 78A‑E)
(A, B, C et E au musée Ignon‑Fabre à Mende ; D et F disparus ; ici d’après Morel 1968 : 44, 61, fig. 15, no 4.)
A. Des fragments d’une coupe non tournée (incomplète ?), à panse arrondie convexe, bord convergent 101 et fond creux 21A (haut. : 5,7 cm ; diam. max. : 19,8 cm) ; surfaces polies ; à l’intérieur, décor complexe de chevrons multiples, emboîtés, peints en noir ; comme ce décor se détache mal sur la paroi gris sombre du vase, les intervalles entre les bandes peintes ont été grattés après séchage et présentent des stries longitudinales.
B. Un fragment d’une coupe non tournée, à panse arrondie convexe, bord convergent 101, fond manquant (diam. max. : 19,8 cm) ; surfaces polies ; à l’intérieur, décor complexe de chevrons multiples emboîtés peints en marron rougeâtre sombre, peu visible sur la couleur beige de la surface ; ce tesson a été inclus dans la reconstitution du vase précédent, mais, d’après les différences de dimensions, d’épaisseur de la paroi et de couleur, il s’agirait plutôt d’un autre récipient.
C. Un fragment d’une coupe non tournée, à panse arrondie convexe, et décor intérieur peint en blanc (cercle et segments de droites orthogonales).
D. Un fragment d’un vase non tourné, à décor peint à l’extérieur. De ce tesson, nous ne possédons que le dessin, et l’on ne peut donc apprécier la forme du vase.
E. Une fibule en bronze ressortissant du type 3a de C. Tendille. Elle a un ressort bilatéral à neuf spires, une corde extérieure, un arc aplati, gravé de deux traits fins parallèles aux bords et de quatre petits traits vers le pied, et un pied relevé à bouton conique (long, totale : 5 cm).
F. Des « plaquettes de bronze dont une en forme de feuille de laurier, (qui) ont dû appartenir à un objet de parure ».

FIG. 78 – Causse de Sauveterre. Saint‑Bauzile (Lozère). Tumulus du Freyssinel XIV ; A à D céramique non tournée à décor peint (D d’après Morel 1968) ; E fibule en bronze.
371Os d’animaux
(Disparus ; ici d’après Morel, 1968 : 44.) « Ossements de bovidés et de sus ».
372Datation
vies. av. J.‑C.
Le type de la fibule est daté en Languedoc et en Catalogne du vie s. av. J.‑C. (Fendille 1978 : 81‑83). En particulier, les exemplaires de la tombe 16B de la nécropole de Saint‑Julien de Pézenas ont été enfouis dans le second quart du vie s., et ceux de la tombe 44 du même cimetière dans le quart de siècle suivant. Le reste du mobilier ne s’oppose pas à une telle datation.
Site no 80. Tumulus du Freyssinel XVI
373Bibliographie
Morel 1968 : 44.
374Situation et fouille
Le tumulus XVI du Freyssinel est situé par Ch. Morel, qui l’a fouillé avant 1936, au lieu‑dit Las Couronettos, « entre Le Freyssinel et Le Falisson » (fig. 41).
375Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1968 : 44.)
« Diamètre : 12 m, hauteur : 1 m. À l’intérieur du tumulus, cercle de grosses pierres. Inhumation est 80o ouest. Au bras gauche, un bracelet de fer ouvert est terminé par deux boules. À côté, fragment de bronze paraissant avoir appartenu à un bracelet. Derrière la tête, fragments de deux vases, l’un de forme 4, mais sans décor, l’autre indéterminable. Le sujet inhumé est un dolichocéphale présentant plusieurs dents cariées aux deux maxillaires ».
376Os humains
Disparus.
377Mobilier (fig. 79)
(A au musée Ignon‑Fabre à Mende ; B, C et D disparus ; ici d’après Morel 1968 : 44 et 54.)
A. Un bracelet en fer, ouvert, à tige à section demi‑circulaire et extrémités à boutons coniques (diam. ext. : 7,4 cm ; diam. int. : 6,7 cm) (fig. 79).
B. Un « fragment de bronze paraissant avoir appartenu à un bracelet », « à tige plate, et orné de rainures longitudinales ».
C. Des fragments d’une coupe non tournée incomplète, à panse arrondie convexe, fond creux, de forme 4 de Ch. Morel (fig. 231).
D. Des tessons de vase non tourné, de forme non déterminée.

FIG. 79 – Causse de Sauveterre. Saint‑Bauzile (Lozère).
Tumulus du Freyssinel XVI ; bracelet en fer.
378Datation
Deuxième moitié du premier âge du Fer (650‑500).
En fer, le type de bracelet ouvert à boutons est un objet rare dans la Protohistoire du sud de la France. Il n’est guère attesté en contexte que dans la tombe 27 de Gabor (Saint‑Sulpice‑la‑Pointe, Tarn), au viie s. av. J.‑C. (Mohen 1980 : 307, pl. 185, nos 6 et 7). Il est en revanche bien connu en bronze, avec parfois une tige décorée de fines gravures :
– au viie s. : tombe 27 de Bonne‑Terre à Tourbes, Hérault (Giry 1961 : 131, 140, fig. 22) ;
– dans le dernier quart du viie s. : tombes
32 et 129 du Peyrou à Agde, Hérault (Nickels et al. 1989 : 78, 199, 354‑356) ;
– dans la première moitié du vie s. (tombes 108, 150, 177, 190 et 241 de Saint‑Julien de Pézenas, Hérault) ;
– au Hallstatt final pour l’exemplaire du tumulus à la Loge, La Rivière‑Drugeon, Doubs (Bichet, Millotte 1992 : 47, 61, no 5). Le reste du mobilier ne dément pas cette datation.
Site no 81. Tumulus du Freyssinel XXII
379Bibliographie
Morel 1961 : 104.
380Situation et fouille
Le tumulus XXII du Freyssinel, fouillé avant 1961 par le Dr Ch. Morel, est signalé au lieu‑dit Las Coronettos, entre Le Freyssinel et Le Falisson (fig. 41).
381Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1961 : 104.)
« Tumulus plat de 8 m de diamètre, recouvert extérieurement par une chape de terres argileuses. À 20 cm de profondeur, squelette inhumé sur un dallage calcaire formant un cercle de 2,60 m de diamètre. Orientation nord‑sud avec déclinaison de 20o vers l’ouest. Sujet féminin jeune n’ayant pas encore ses dents de sagesse, en position allongée, la tête tournée à droite reposant sur une pierre plate avec débris de charbons et de cendres ayant imprégné le crâne (purification du sol par le feu ou incinération partielle ?) ». Bracelet en fer « au bras gauche » ; coupe de forme 8 de Ch. Morel « entre les chevilles », « vase analogue près du bras droit et un autre, non reconstituable, derrière la tête ».
382Os humains
Disparus.
383Mobilier (fig. 80)
(A au musée Ignon‑Fabre à Mende ; B à D disparus ; ici d’après Morel 1961 : 104.)
A. Un bracelet ouvert, en fer, à extrémités indifférenciées, mousses ; tige fine de section circulaire ; décor de couples espacés d’incisions larges (fig. 80).
B. Une coupe (complète, incomplète ?) non tournée à pied bas, de forme 8 de Ch. Morel, « lissée en surface et de teinte chamoisée » (fig. 231).
C. Un « vase analogue » (complet, incomplet ?).
D. Un « autre » vase (complet, incomplet ?).

FIG. 80 – Causse de Sauveterre. Saint‑Bauzile (Lozère). Tumulus du Freyssinel XXII ; bracelet en fer.
384Datation
Première moitié du premier âge du Fer (750‑600).
En Languedoc, le type du bracelet présent dans ce tertre est surtout connu en bronze, et surtout au premier âge du Fer, par exemple dans les nécropoles du Grand Bassin I, de Saint‑Julien de Pézenas ou de Couffoulens. Il dure également au second âge du Fer. Mais la présence d’un exemplaire en fer permet d’assigner à cette tombe une datation antérieure au vie s. (cf. infra les remarques faites à propos d’un objet similaire de Combe Sévène 4, site no 114).
Site no 82. Tumulus du Freyssinel XXXI
385Bibliographie
Morel 1961 : 104‑107.
386Situation et fouille
Le tumulus du Freyssinel XXXI, fouillé par Ch. Morel avant 1961, est signalé au lieu‑dit Las Coronettos, « vers CK 691,5 X ; 239,5 Y » (fig. 41).
387Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1961 : 104‑107.)
« Tumulus très plat ayant un diamètre de 15 m environ et contenant peu de pierres. À 0,2 m de profondeur, squelette orienté nord‑ouest/sud‑est, la tête étant située au nord‑ouest. Les ossements sont mal conservés comme dans la plupart des sépultures superficielles. Seules peuvent être étudiées les diaphyses d’un tibia en "lame de sabre" et d’un péroné profondément cannelé. Le crâne est réduit en poussière. Sujet féminin assez jeune, dents peu ou pas usées. Pas de trace d’incinération ou de purification préalable par le feu, pas de dallage sous‑jacent ». Sept bracelets en bronze « au bras droit » et un en fer « au bras gauche » (mais le croquis publié par Ch. Morel place ces objets aux avant‑bras) (fig. 81, no 1). « Derrière la tête et à sa gauche, grand vase incomplet » de forme 9 de Ch. Morel. « À peu près à la hauteur de l’épaule gauche, hache plate rectangulaire en schiste. [...] À hauteur du coude, un andouiller de cerf. À droite de la tête, grande hache en schiste cristallin ». « Au niveau du coude droit », coupe de forme 4 de Ch. Morel. « Un peu partout, mais surtout à droite du squelette, ossements d’animaux (sus) et débris d’un vase ».
388Os humains
Disparus.
389Mobilier (fig. 81A‑F, L)
(A à F et L au musée Ignon‑Fabre à Mende ; le reste disparu, ici d’après Morel, 1961 : 105‑107.)
A‑G. Une parure de sept bracelets en bronze, ouverts, à extrémités indifférenciées abruptes, légèrement ovales, et décorés de fines gravures transversales groupées en faisceaux avec alternance d’un faisceau long et de deux faisceaux courts ; six de ces bracelets seulement sont conservés (fig. 81A à F), mais d’après la relation du fouilleur, le septième (G) est du même type que les autres. Les diamètres varient peu d’un exemplaire à l’autre : les dimensions intérieures vont de 6,1 à 7,2 cm (A), 6,2 à 6,9 cm (B), 6 à 7 cm (C), 6,1 à 7,2 cm (D), 6,2 à 7,1 cm (E) et 6,3 à 7,2 cm (F). Les tiges ont une section semi‑circulaire, avec, sauf pour C, la face intérieure légèrement concave. Une usure plus ou moins prononcée des faces supérieures et inférieures (sauf pour une face du B et du D) atteste d’un port prolongé en empilement.
H. Un « bracelet ouvert en fer ».
I. Une « hache plate rectangulaire en schiste polie sur le tranchant et sur les bords, avec, peut‑être, quelques traces d’utilisation, mesurant 11 cm de long pour une largeur maxima de 6,5 cm ».
J. Une « grande hache en schiste cristallin, probablement polie primitivement, mais rendue rugueuse par l’érosion. Longueur 16 cm, largeur max. 6 cm ».
K. « Un andouiller de cerf ».
L. Des fragments de la partie supérieure d’une grande urne non tournée à panse à profil arrondi très galbé, col bas divergent à bord simple D01 ; col et panse polis ; pâte incluant un fin dégraissant de calcite broyée (ces restes doivent correspondre aux débris dispersés du vase « rosé à parois minces »).
M. Une coupe non tournée arrondie convexe à fond creux, « de petite taille [...]. Terre brun‑rouge avec lustrage noir » (complet, incomplet ?) (fig. 231, forme 4).
N. Une grande urne non tournée (complète, incomplète ?), décorée d’un rang horizontal d’encoches sur l’épaulement (fig. 231, forme 9).

FIG. 81 – Causse de Sauveterre. Saint‑Bauzile (Lozère). Tumulus du Freyssinel XXXI ; 1 croquis de fouille (d’après Morel 1961) ; A à F bracelets en bronze à décor gravé ; L céramique non tournée.
390Os d’animaux
(Disparus ; ici d’après Morel 1961 : 107.)
« Ossements de sus » et andouiller de cerf.
391Datation
Première moitié du premier âge du Fer (750‑600).
Les bracelets en bronze A à G relèvent d’un type très courant dans les tumulus des Garrigues du Languedoc oriental dans la première partie du premier âge du Fer. On renverra aux comparaisons proposées pour un exemplaire similaire du tumulus 10‑1883 de Laval sur le Sauveterre (site no 55). Ces objets sont en revanche absents du Bronze final III régional.
L’urne L est trop incomplète pour que l’on puisse apprécier sa forme. Deux hypothèses se présentent : une panse arrondie galbée et pied bas, ou une panse allongée et fond plat.
La silhouette que donne Ch. Morel pour illustrer sa forme 9 ne permet guère de proposer une datation sûre pour le vase N. En l’état actuel de la documentation, le restant du mobilier n’apporte pas de précision supplémentaire.
Site no 83. Tumulus du Freyssinel XXXII
392Bibliographie
Morel 1961 : 107.
393Situation et fouille
Le tumulus du Freyssinel XXXII, fouillé par Ch. Morel avant 1961, est signalé dans la « même région, sur la crête, à 200 m au nord‑ouest du précédent » (fig. 41).
394Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1961 : 107.)
« Clapas rond de 25 m de diamètre, hauteur 1,8 m. Paraît avoir été antérieurement fouillé. Vers 1 m de profondeur, lit de dalles plates assez épaisses, portant des traces de feu. Ossements humains calcinés, morcelés et très dispersés. Sous les dalles, lit de pierres plus petites avec quelques charbons ». Des fragments d’une coupe carénée (forme 5 de Ch. Morel) étaient « dispersés avec les ossements ». Un couteau et des morceaux d’un bracelet en fer, une bague et un petit anneau en bronze ainsi que des « débris métalliques fondus » furent rencontrés « au‑dessous et entre les blocs de pavage ». S’agit‑il d’une incinération sur place comme semble l’indiquer la mention des traces de feu sur les dalles ? Morel (1961 : 132) signale que seuls deux tertres du Freyssinel sont dans ce cas, et cette pratique est nommément indiquée pour les monuments du Freyssinel V et XXXIV (Morel 1968 : 40‑41 ; 1961 : 132‑133). Dans le doute, on préférera considérer que nous avons affaire à une incinération non précisable.
395Os humains
Disparus.
396Mobilier (fig. 82)
(Disparu ; ici d’après Morel 1961 : 107, 137, 138, fig. 15, à d.)
A. Des fragments d’une coupe non tournée « en céramique noire à faciès hallstattien », à panse carénée de forme 5 de Morel (fig. 231).
B. Un couteau en fer, à lame recourbée et soie à deux rivets (long. cons. : 13 cm) (fig. 82).
C. « Une bague plate ouverte en bronze ».
D. « Un petit anneau en bronze ».
E. Des « fragments d’un bracelet ovale en fer ».
F. Des « débris métalliques fondus ».

FIG. 82 – Causse de Sauveterre. Saint‑Bauzile (Lozère). Tumulus du Freyssinel XXXII ; couteau en fer (d’après Morel 1961).
397Datation
Première moitié du premier âge du Fer (750‑600).
Le couteau en fer à dos droit est très caractéristique de la phase ancienne du premier âge du Fer. On le rencontre dès la phase de transition Bronze final III b/premier âge du Fer (tombe 4 du Moulin à Mailhac ; Louis et al. 1958 : 29, fig. 16, no 6), et dans le complexe Grand Bassin I (nombreux exemplaires au Grand Bassin I à Mailhac et au Peyrou d’Agde ; Louis et al. 1958 : 42‑58 ; Nickels et al. : passim). Le reste du mobilier, pour lequel on ne possède aucun détail ni représentation, ne dément pas cette datation.
Site no 84. Tumulus du Freyssinel XXXIII
398Bibliographie
Morel 1961 : 107.
399Situation et fouille
Le tumulus du Freyssinel XXXIII, fouillé par Ch. Morel avant 1961, est « situé non loin du T. XXXI »., sans autre précision (fig. 41).
400Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1961 : 107.)
« Tumulus plat, de 8 m de diamètre ». Les restes d’un squelette d’adulte furent rencontrés à 0,3 m de profondeur (sépulture no 1). « Le squelette, en place, est orienté est‑ouest, à 2 ou 3 degrés près, la tête à l’est. Il est couché sur le dos, la tête tournée à droite. Les jambes sont croisées, la jambe droite sur la jambe gauche et les bras sont allongés de chaque côté du corps. D’après les mensurations des os longs (tibia et fémur), il mesurait environ 1,75 m. Ces ossements, très abîmés, permettent cependant de déterminer qu’il s’agissait d’un sujet masculin, probablement dolichocéphale. Sous la sépulture, dallage étroit bordé par deux dalles verticales calant le bassin. Comme mobilier, nous trouvons simplement des débris dispersés de céramique [...] (forme 5) et des éléments rocheux étrangers à la région ». « Au‑dessus » de cette sépulture, « ossements calcinés et dispersés d’un enfant » (sans autre précision). En l’absence d’indication contraire, il s’agit probablement là d’une incinération sur ustrinum situé ailleurs.
401Os humains
Disparus.
402Mobilier
(Disparu ; ici d’après Morel 1961 : 107.)
A. Des fragments d’une coupe non tournée « en céramique légèrement poreuse », à panse carénée, de forme 5 de Morel (fig. 231).
403Datation
Bronze final ou premier âge du Fer.
La silhouette que donne Ch. Morel pour illustrer sa forme 5 pouvant correspondre aussi bien à des récipients du Bronze final II et III que du premier âge du Fer, la datation de ce tertre ne peut être précisée.
Site no 85. Tumulus du Freyssinel XXXIV
404Bibliographie
Morel 1961 : 107‑108.
405Situation et fouille
Le tumulus du Freyssinel XXXIV, fouillé par le Dr Morel avant 1961, est seulement localisé « entre Le Freyssinel et Le Falisson, sur la crête » (fig. 41).
406Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1961 : 108, 143.)
« Tumulus ovalaire, mesurant 15 m sur 10 m pour une hauteur de 1,4 m ».
« Au niveau du sol, qui est recouvert de cendres et de bois brûlés, un corps a été incinéré sur place, assez superficiellement, semble‑t‑il, car les ossements ont conservé leurs connexions. Orientation nord‑nord‑ouest/ sud‑sud‑est, tête au nord ». Une coupe en céramique non tournée « à la tête » du défunt. « Aux pieds, vase caliciforme sans décor. Vers le milieu du corps, 88 petits anneaux doubles en bronze [...]. Quelques‑uns de ces anneaux adhéraient à des débris de cuir calciné qui, malgré le silicatage, ne purent être conservés. Certains d’entre eux étaient, sur place, disposés en rosace avec départ de bandes latérales, ce qui permit la reconstitution de l’ensemble [...] reconstitution qui ne peut être qu’approximative car nous ignorons si ce motif était unique ou s’il était reproduit plusieurs fois. [...] Autour du corps se trouvaient des fragments de bronze, plus ou moins fondus au cours de l’incinération, provenant de bracelets et d’autres petits anneaux doubles dont le nombre devait dépasser largement la centaine. Quelques fragments de vases assez informes à pâte rouge ».
407Os humains
Disparus.
408Mobilier (fig. 83)
(D en partie au musée Ignon‑Fabre à Mende ; le reste disparu ; ici d’après Morel 1961 : 108.)
A. Une coupe non tournée (complète, incomplète ?), à panse arrondie convexe et fond creux de forme 4 de Morel (fig. 231).
B. Un « vase caliciforme sans décor » (complet, incomplet ?).
C. Des « fragments de vases assez informes à pâte rouge ».
D. Une ceinture ou un pendentif composé d’anneaux doubles en bronze fixés sur du cuir en rosace(s) et en bandes. Le fouilleur en signale 88 trouvés « vers le milieu du corps », ainsi que plus d’une centaine « autour du corps », « plus ou moins fondus au cours de l’incinération ». 71 de ces objets, tous très semblables, sont encore visibles au musée Ignon‑Fabre. Chacun, coulé dans un moule bivalve, comprend un anneau de 1,49 à 1,50 cm de diamètre extérieur, relié à un anneau de 0,75 cm de diamètre extérieur. Leur section est losangique. Certains de ces anneaux ne sont pas ébarbés. Dans tous les cas, un petit appendice du métal signale le trou de coulée dans le moule. Sauf une exception, il se situe sur le grand anneau, soit exactement à l’opposé de l’attache du petit anneau pour les grands anneaux de 1,50 cm de diamètre, soit légèrement décalé pour ceux de 1,49 cm de diamètre. Dans un cas, il se trouve sur le petit anneau (fig. 83).
E. Des « fragments de bracelets en bronze plus ou moins fondus ».

FIG. 83 – Causse de Sauveterre. Saint‑Bauzile (Lozère). Tumulus du Freyssinel XXXIV ; anneaux doubles en bronze.
409Datation
Milieu du premier âge du Fer (650‑600). Les anneaux doubles symétriques sont connus dès la transition Bronze final/premier âge du Fer (tombe 70 du Moulin de Mailhac ; Taffanel et al. 1998 : 65, no 15230), ou au premier âge du Fer dans les tumulus du Jouc à Castelnau‑Pégayrols, Aveyron (Soutou 1958 ; 711‑713, fig. 16, no 2g). En revanche, les anneaux doubles asymétriques, comme ceux du Freyssinel XXXIV, n’apparaissent qu’à l’extrême fin du viie s. : la tombe 233 de Saint‑Julien de Pézenas, datée vers 610‑600, en a livré un exemplaire, de même qu’une couche du début du vie s. de La Liquière (Py et al. 1984 : 154, fig. 114, no 5, 157).
Site no 86. Tombe en fosse du Serre Sec
410Bibliographie
Fages, Molhérac 1989.
411Lieu de conservation
Matériel et documents de fouilles conservés au dépôt archéologique de Banassac (Lozère).
412Situation
Le Serre Sec est un sommet culminant à 1 105 m d’altitude, à 750 m à l’est‑nord‑est du centre du hameau du Falisson, sur la bordure du causse de Sauveterre qui domine vers le nord‑est la confluence des vallées du Bramont et de la Nize. Une croupe étroite prolonge ce sommet en direction du nord‑ouest. La sépulture se trouve sur un ensellement de cette croupe, un peu décalée au sud‑est du col, à 775 m au nord‑ouest du sommet du Serre Sec, à une altitude de 1 061 m (fig. 41). Elle est implantée sur un lambeau de calcaire en plaquettes du Bathonien inférieur (J2a, non figuré sur la carte géologique au 1/50000, Mende, 1979), conservé localement dans un environnement de dolomie (J 1 b) (coordonnées Lambert III, zone sud : 692,335 X ; 3 240,823 Y ; 1061 Z).
413Circonstances de la découverte et aspect avant la fouille
La tombe a été repérée par André Molhérac à la fin de 1988 sur un sol parfaitement dégagé après l’exploitation d’une forêt de résineux incendiée. Le secteur, transformé en aire de stockage d’attente des grumes, a dû supporter les nombreuses allées et venues des engins de débardage et de transport. Avant la fouille, cette sépulture se signale par un très léger bombement de terre, en calotte de sphère de 6 à 7 m de diamètre, d’où émerge d’environ 10 cm la tranche supérieure d’une longue dalle de calcaire en plaquettes posée de chant. Longue de 1,10 m, cette dalle est orientée à 30o ouest, selon une direction très voisine de celle de l’axe de la crête. Elle est légèrement inclinée vers l’est. Contre sa face orientale, une dépression en demi‑cercle, hâtivement remblayée de pierres, signale un sondage ancien qui n’excède pas 25 cm de profondeur. La fouille a été effectuée en mai 1989 par G. Fages, en collaboration avec A. Molhérac.
414Structures et mode de dépôt
La tombe est formée par une grande fosse irrégulière, profondément excavée dans le substrat rocheux. À l’ouverture, celle‑ci présente un plan grossièrement ovale de 1,5 à 1,9 m de diamètre ; au fond, elle forme un quadrilatère grossier de 1,2 m de long sur 0,25 à 0,35 m de large, allongé dans le sens nord‑ouest/sud‑est. Sa profondeur maximum au centre est de 0,55 m dans la roche. Les parois sont très irrégulières, avec un pendage moyen de l’ordre de 45o à l’est et à l’ouest, plus abrupt au nord et au sud (fig. 84, nos 1 et 4).
Une grande dalle de calcaire, grossièrement rectangulaire, est posée de chant sur son arête la plus longue, dans le fond de la fosse et dans l’axe de celle‑ci. Elle mesure 115 cm de long, 77 cm de haut et 11 cm d’épaisseur, et est inclinée à 72o vers l’est. À l’est de cette dalle, le remplissage de la fosse recèle les restes d’un dépôt sépulcral du premier âge du Fer, tandis qu’à l’ouest, il livre les vestiges d’un autre dépôt (funéraire ?) d’époque gallo‑romaine.
Dans le secteur oriental, au‑dessous d’une couche de terre végétale d’une dizaine de centimètres d’épaisseur, emballant un cailloutis anguleux où se mêlent des éléments détritiques du substrat dolomitique (couche 1), le remplissage est constitué d’une terre fine et meuble qui enrobe quelques pierres calcaires disposées en tous sens, de dimensions diverses, jusqu’à 30 cm d’arête (couche 2) (fig. 84, no 3).
415Le dépôt funéraire du premier âge du Fer est dispersé dans la moitié septentrionale de ce secteur oriental, entre la face de la grande dalle de chant et la paroi de la fosse, depuis le fond de celle‑ci jusqu’à mi‑hauteur du remplissage (fig. 84, no 2). Il inclut une grosse pierre de 30 cm d’arête calant la base de la dalle à son extrémité septentrionale.
Il comprend 1 175 fragments osseux humains incinérés, disséminés hors de tout réceptacle, mêlés à un cailloutis noirâtre parfois fixé par un dépôt carbonaté (début de bréchification), 46 tessons, souvent de très petites dimensions, se rapportant à deux vases non tournés très incomplets, et 2 phalanges de porc non brûlées. Ni le substrat, ni la dalle, ni les pierres, ni le sédiment encaissant ne portent de trace de rubéfaction. L’incinération a dû être pratiquée en un autre lieu. De l’autre côté de la dalle, à l’ouest, au‑dessous de la couche 1 superficielle identique à son homologue du secteur est, le comblement est très différent par sa nature et son contenu. La couche 3 est un horizon de cailloutis sombre et de plaquettes plutôt à plat, emballant plusieurs grosses pierres, calcaire et dolomie, jusqu’à 35 cm d’arête. Elle inclut des tessons de céramique commune tournée grise ou bleutée datable entre le Ier et le IIIe s. après. J.‑C., un morceau de tige de bronze et une esquille osseuse brûlée.
Au‑dessous, la couche 4 est un niveau de terre homogène, avec des pierres parfois volumineuses (jusqu’à 30 cm d’arête). Elle renferme quelques tessons disséminés de céramique commune tournée grise ou bleutée, de très rares esquilles osseuses humaines incinérées et, notamment contre la partie nord de la face occidentale de la grande dalle de chant, de rares restes d’animaux non brûlés. Cette couche descend jusqu’au bas de la dalle dressée et tapisse les négatifs des feuillets de roche enlevés. Au centre, la partie inférieure de cette couche est plus sombre et charbonneuse ; elle abrite encore de rares vestiges clairsemés, esquilles osseuses avec traces d’ustion, charbons de bois, débris de verre et faune non brûlée.
416● La sépulture du premier âge du Fer du secteur oriental
417Os humains
563 g d’os humains incinérés ont été recueillis ; ils se rapportent à un individu de sexe non déterminable, d’âge adulte d’après la fermeture des apex des racines des dents et la synostose des sutures crâniennes. En l’absence de doublon, il semble que nous ayons affaire à un seul sujet.
Les morceaux de diaphyses sont très souvent fissurés en ondes concentriques, signalant ainsi que la crémation a affecté des os frais. Les couleurs varient du noir brillant ou du gris bleuté, tous deux très rares, au blanc crayeux, et ces différentes teintes sont observables dans la même région squelettique (par exemple dent et voûte crânienne). Selon le barème de E. Bonucci et G. Grazziani (1975), la température de crémation aurait oscillé, selon les endroits, entre 300‑350 oC et plus de 650 oC.
Vu leur état de fragmentation, peu de pièces peuvent être identifiées avec précision ; toutefois, toutes les parties du squelette du défunt ont été concernées par le prélèvement sur le bûcher funèbre.
– Crâne (poids total : 83,2 g) : plusieurs fragments de voûte crânienne, certains avec suture, toujours synostosée ; plusieurs fragments de rochers ; 1 f. de mandibule ; 1 molaire inférieure et 4 racines de molaires présentant toutes un apex fermé.
– Tronc (poids total : 10,1 g) : 14 f. de côtes et 20 f. de vertèbres indéterminées.
– Membres (poids total : 341,30 g) : fragments de scapula, d’humérus, de radius, d’ulna, de scaphoïde (dont 1 gauche), de fémur, de tibia, de fibula, de métacarpiens, de métatarsiens et des phalanges des mains et pieds.
– Indéterminé (poids total : 128,6 g) : 43 f. d’os plats ; 574 esquilles.
418Mobilier (fig. 84A, B)
A. Six tessons se rapportant au bord aminci D09, et au col, haut et évasé, d’une grande urne non tournée très incomplète ; surfaces extérieure et intérieure soigneusement lissées ; pâte marron‑rouge en surface, noire au centre, renfermant un très abondant dégraissant de calcite broyée (diam. à l’ouverture : de l’ordre de 35 cm).
B. Quarante tessons ou esquilles d’une petite coupe non tournée, à panse arrondie convexe, bord convergent et lèvre arrondie 101, très incomplète également ; surfaces extérieure et intérieure polies ; pâte noirâtre en surface, rouge‑marron en épaisseur, incluant un abondant dégraissant de calcite broyée (diam. à l’ouverture : de l’ordre de 11 cm).

FIG. 84 – Causse de Sauveterre. Saint‑Bauzile (Lozère). Tombe en fosse du Serre Sec ; 1 relevé du fond de la fosse ; 2 relevé au niveau du dépôt sépulcral ; 3 relevé de la couche de scellement ; 4 coupe ouest‑est ; A et B céramique non tournée.
419Datation
Premier âge du Fer (750‑500).
La forme de la coupe B est bien attestée durant tout le premier âge du Fer jusqu’au ve s. av. J.‑C. Le bord du vase A paraît pour sa part signaler la présence d’un urne du premier âge du Fer, de type « suspendien », à grand col. Le dépôt funéraire protohistorique semble donc avoir été effectué au premier âge du Fer mais il est impossible d’être plus précis. Toutefois, les pratiques funéraires observées ici évoquent des coutumes en vigueur dans les plaines languedociennes seulement à partir du vie s., comme à Saint‑Julien de Pézenas.
420● Le dépôt gallo‑romain du secteur occidental
421Le mobilier permet de dater le dépôt occidental, sans beaucoup de précision toutefois, entre le ier et le iiie s. après J.‑C. Vingt‑et‑un petits fragments et esquilles d’os humains incinérés (totalisant 5,9 g) pourraient marquer l’existence d’un second dépôt funéraire. Mais peut‑être faut‑il envisager une autre hypothèse selon laquelle ces restes osseux proviendraient de la sépulture du premier âge du Fer. Leur présence dans les couches d’époque gallo‑romaine résulterait des remaniements occasionnés à cette structure lors du dépôt tardif.
422Plusieurs indices vont dans ce sens : les éléments osseux des niveaux occidentaux gallo‑romains présentent un aspect semblable à celui des os de la sépulture du premier âge du Fer (mêmes couleurs, mêmes fissurations en ondes concentriques) ; ils sont plus fragmentés et se rapportent également à un sujet adulte (apex des racines des dents fermés). Dans ce cas, le dépôt occidental aurait eu une autre raison d’être, en liaison ou non avec la sépulture protohistorique. Quoi qu’il en soit, ces éléments signent un remaniement et une réutilisation de la partie occidentale du dispositif au Haut‑Empire.
1.13 Saint‑Étienne‑du‑Valdonnez (Lozère)
Site no 87. Tumulus du Freyssinel I
423Bibliographie
Morel 1968 : 41
424Situation et fouille
Le tumulus I du Freyssinel a été fouillé avant 1936 par le Dr Morel, au lieu‑dit La Peyre Plantado, à 300 m à l’ouest de la Bazalgette, au bord du chemin qui mène au Falisson (fig. 41).
425Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1968 : 41)
Le tumulus mesure 12 m de diamètre pour une hauteur de 1,2 m. « À 0,85 m de profondeur, squelette orienté nord‑sud avec déclinaison de 26o à l’est. Les dalles sur lesquelles repose le sujet ont subi l’action du feu et sont recouvertes de cendre et de charbon. Les os, cependant, ne sont pas incinérés ». Une coupe hémisphérique (B) était placée aux pieds du défunt.
426Os humains
Disparus.
427Mobilier
(Disparu ; ici d’après Morel 1968 : 41)
A. Une grande urne (complète, incomplète ?), de forme Morel 9 (fig. 231), renfermant le crâne d’un jeune sanglier.
B. Une coupe hémisphérique (complète, incomplète ?) de forme Morel 4, sans décor (fig. 231).
C. Des fragments d’une urne de forme Morel 3 (fig. 231).
D. Une fusaïole en terre cuite.
428Os d’animaux
(Disparus ; ici d’après Ch. Morel.)
« Crâne d’un jeune sanglier » dans l’urne A.
429Datation
Bronze final II ou IIIa Alors que la place chronologique de la coupe B et celle de la fusaïole sont peu précises, les silhouettes données par Ch. Morel pour ses urnes de formes 3 et 9 évoquent le Bronze final II et IIIa. On comparera par exemple avec les récipients du Bronze final II de l’aven du Bel Air à Creissels, Aveyron (Costantini et al. 1985 : 14, fig. 11), avec ceux du Bronze final IIIa des grottes du Luc à Lanuéjols sur le causse Noir (Costantini et al. 1985 ; 46, fig. 45, no 5), ou du Boundoulaou à Creissels (Costantini et al. 1985 : 10, fig. 6, nos 7, 8 et 14).
Site no 88. Tumulus du Freyssinel II
430Bibliographie
Morel 1968 : 41
431Situation et fouille
Le tumulus II du Freyssinel a été fouillé avant 1936 par le Dr Morel, au lieu‑dit La Peyre Plantado, à quelques mètres au sud du précédent (fig. 41).
432Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1968 : 41)
Le tumulus mesure 14 m de diamètre pour une hauteur de 1,5 m. « Sur le sol, au milieu de charbon et de pierres calcinées, ossements humains brûlés et très dispersés ».
433Os humains
Disparus.
434Mobilier
(Disparu ; ici d’après Morel 1968 : 41)
A. « Fragments d’un vase à anses non reconstituable ».
B. « Fragments dispersés d’un second vase ».
C. « Fusaïole en terre cuite ».
D. « Petit bracelet ovale en bronze ».
435Datation
Âge du Bronze ou âge du Fer ?
En l’absence de détail ou de représentation le concernant, il est difficile de préciser la situation chronologique de ce matériel.
Site no 89. Tumulus du Freyssinel XV
436Bibliographie
Morel 1968 : 41‑42.
437Situation et fouille
Le tumulus XV du Freyssinel est localisé par Ch. Morel qui l’a fouillé avant 1936, « sur la crête voisine » des tumulus du Freyssinel I et II, à l’ouest de la Bazalgette, dans le secteur appelé La Peyre Plantado (fig. 41).
438Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1968 : 41)
« Diamètre : 16 m, hauteur : 1,2 m. À peu près au centre est inhumé un sujet adulte orienté sensiblement nord‑sud. À côté, squelette d’enfant jeune n’ayant pas renouvelé sa première dentition. Entre les jambes du sujet adulte, vase de forme 4 à pâte rosée lustrée de noir. Dans le galgal, fragments dispersés d’un grand vase forme 6 et ossements de bovidé ».
« Dans la moitié sud du tumulus, un coffre de pierre mesurant 1,86 m sur 0,38 m de profondeur, renferme, sur un dallage de pierres plates, un squelette masculin avec arthrite de la hanche et ankylosé des deux phalanges du pouce droit. Il n’existe absolument aucun mobilier dans cette tombe ».
439Os humains
Disparus. Selon l’observation du Dr Morel concernant les dents de l’enfant, celui‑ci devait avoir entre 2 et 5 à 6 ans.
440Mobilier de la sépulture centrale
(Disparu ; ici d’après Morel 1968 : 41)
A. Une coupe non tournée (complète, incomplète ?), à panse arrondie convexe, fond creux, de forme 4 de Morel (fig. 231).
B. Des fragments d’une grande urne non tournée à panse galbée, col divergent, et pied bas de forme 6 de Morel (fig. 231).
441Os d’animaux
(Disparus ; ici d’après Morel 1968 : 41) « Ossements de bovidé ».
442Datation
Premier âge du Fer (750‑500).
La forme 6 de Ch. Morel est caractéristique du premier âge du Fer, tandis que la forme 4 du même classement est alors largement attestée.
Site no 90. Tumulus du Freyssinel XL
443Bibliographie
Morel 1961 : 108‑109.
444Situation et fouille
Sur le tumulus XL du Freyssinel, le Dr Morel fournit les précisions suivantes : « situé à proximité du Freyssinel et dans la commune de Saint‑Étienne‑du‑Valdonnez, aux confins de celle de Saint‑Baulize (vers CK 694 X ; 238,7 Y ; 1 050 Z), il a été fouillé par M.J. Boiral, cultivateur au Falisson, alors que nous avions cessé nos recherches dans ce secteur. Il nous a remis ce qu’il avait trouvé ; malheureusement, bien des choses ont été égarées ». Les précisions topographiques permettent de localiser ce monument sur la ligne de crête séparant le hameau du Freyssinel du ravin de Valoubière qui échancre la bordure nord‑est du causse, à l’ensellement entre les cotes 1054 et 1073 (fig. 41).
445Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1961 : 109.)
« D’après ce que nous avons pu voir sur l’emplacement de la fouille, il s’agissait d’une sépulture à inhumation (absence d’ossements calcinés et de cendres) avec certainement plusieurs squelettes, sous tumulus mesurant 12 m de diamètre et 1,6 m à 1,8 m de haut ».
446Os humains
Disparus.
447Mobilier (fig. 85A, D)
(D au musée Ignon‑Fabre à Mende ; le reste disparu ; ici d’après Morel 1961 : 109, 150, fig. 21.)
A‑C. « Divers fragments de céramique ayant appartenu à trois vases au minimum ». Parmi eux, fragments d’une urne non tournée basse, à panse carénée, col moyen divergent, bord à méplat D04 et fond annulaire 42B ; décor excisé sur la partie la plus renflée de la panse : frise composée de séries de segments verticaux excisés alternant avec des plages réservées, le tout encadré par trois et deux lignes horizontales ; « la pâte est brunâtre avec dégraissant assez fin et lustrage extérieur noir » (fig. 85A).
D. Arc de fibule a sanguisuga en bronze, cintré, renflé et plein, avec départ du ressort et du porte‑ardillon ; le dessus de l’arc porte un décor incisé : quatre cercles pointés, dont un est entouré de pointillés, séparés par des traits et des pointillés.

FIG. 85 – Causse de Sauveterre. Saint‑Étienne‑du‑Valdonnez (Lozère). Tumulus du Freyssinel XL ; A céramique non tournée à décor excisé ; D fibule en bronze (d’après Morel 1961 : p. 150, fig. 21).
448Datation
Première moitié du premier âge du Fer (750‑600).
La fibule a sanguisuga est datée en Italie des viiie‑viie s. (Duval et al. 1974 : 15‑26). Cela concorde avec la datation des urnes comparables au vase A : Cantagrils SA8 (Dedet 1992a : 373) par exemple.
Site no 91. Tumulus du Freyssinel XLI
449Bibliographie
Morel, Peyre 1965 : 12‑13.
450Situation et fouille
Le tumulus XLI du Freyssinel a été fouillé en 1965 par le Dr Ch. Morel et l’Abbé P. Peyre, sur la commune de Saint‑Étienne‑du‑Valdonnez, « près de ses confins avec les communes de Saint‑Bauzile et d’Ispagnac, sur une crête au nord du hameau de la Bazalgette (vers CK 238 X ; 293,4 Y) ». Il se trouve sur la même ligne de crête que le précédent, plus au sud, sur l’ensellement entre les cotes 1 054 et 1 048 (fig. 41).
451Structures et observations de fouille
(D’après Morel, Peyre 1965 : 12‑13.)
« Tumulus ayant un diamètre de 10 m pour une hauteur de 1,20 m. Au centre de ce tertre et dépassant sa surface, un bloc dolomitique axé nord‑nord‑est 35o mesure 1,70 m de long et 1,50 m de hauteur ».
452« À l’ouest de ce rocher, qui paraît être un bloc en place, le tumulus ne contient ni ossements, ni mobilier. À l’est et adossé contre lui, est inhumé un squelette accroupi, les avant‑bras repliés vers la face, couché sur le côté gauche, la tête à l’ouest et tournée vers le sud. Ce squelette, qui repose sur le sol du causse, est en très mauvais état, le crâne est écrasé mais quelques os longs sont mesurables ».
453Os humains
Disparus.
454Mobilier (fig. 86)
(Disparu, d’après Morel, Peyre 1965 : 8, fig. 1, A, et p. 13.)
A. Deux fragments d’une tige en bronze de section ronde, tordue en spires très serrées mais non soudées ensemble (fig. 86). Les auteurs de la fouille pensent qu’il s’agit d’un bracelet. Mais ce type ne nous paraît guère attesté. Bien que les dimensions ne soient pas données (il semble cependant que le dessin publié soit au 1/1), il pourrait s’agir d’un morceau de torque du premier âge du Fer. Il est vrai que les exemplaires spiralés sont rares (Champs de Carthage à Mignaloux‑Beauvoir, Haute‑Vienne ; Mohen 1980 : pl. 198, no 2).

FIG 86 – Causse de Sauveterre. Saint‑Étienne‑du‑Valdonnez (Lozère). Tumulus du Freyssinel XLI ; fragment de torque (?) (d’après Morel, Peyre 1965 : p. 8, fig. 1, A, sans échelle mais 2/3 probable).
455Datation
Premier âge du Fer (750‑500), si ce tertre a bien livré un fragment de torque.
La Cham de la Bazalgette
456Situation et fouille
Trois tumulus ont été fouillés au sommet de la Cham de la Bazalgette, longue hauteur culminant à 1145 m d’altitude, située à l’est du hameau de la Bazalgette. D’après le croquis publié, ils sont alignés et « à proximité » les uns des autres (Pauc 1963 : 37, fig. 1, 40) (fig. 41). Du tumulus 1, nous ne savons rien, si ce n’est qu’il « aurait été fouillé par une institutrice de la Bazalgette, aidée de ses élèves, vraisemblablement avant la dernière guerre » (Pauc 1963 : 56, note 9). Les tumulus 2 et 3 ont été fouillés en 1961 et 1962 par R. Pauc qui a fourni une relation relativement détaillée de ses recherches.
457Bibliographie
Pauc 1963.
458Lieu de conservation
Musée Ignon‑Fabre à Mende.
Site no 92. Tumulus de la Cham de la Bazalgette 2
459Structures et observations de fouille
(D’après Pauc 1963 : 41)
Seuls sont donnés le diamètre du tertre, 9 m, et sa hauteur, 0,75 m. Le fouilleur parle de « tombe à inhumation » avec « orientation du corps est‑nord‑est (72o) », et ne signale que « de rares débris osseux, à l’exception du crâne, découvert écrasé sous les pierres [...], mais qui s’est défait en miettes après avoir été mis au contact de l’air ». Ces informations très lacunaires ne permettent pas de connaître la position du corps. Peut‑être s’agit‑il d’un dépôt primaire orienté est‑nord‑est/ouest‑sud‑ouest.
« De nombreux tessons d’un grand vase non tourné (sont) répartis rituellement dans le tumulus entre –20 et –60 cm. Le fond se trouvait approximativement à la hauteur de la poitrine du mort » (fig. 87A). « Quelques fragments d’urnes similaires présentant deux autres types de cols (ont été) récoltés sur le côté sud de la sépulture » (vases E, F). Selon R. Pauc, ces récipients ont été déposés très incomplets. Une fibule en fer a été découverte « par tamisage de la terre au milieu de la tombe », et deux petits anneaux ont été « recueillis dans la terre entourant la base du crâne ».
460Os humains
Non conservés, semble‑t‑il.
461Mobilier (fig. 87A‑D)
(A au musée Ignon‑Fabre à Mende ; B à F d’après Pauc 1963.)
A. Une grande urne non tournée, incomplète ; panse haute à profil très galbé, col haut divergent, bord évasé à un méplat C11, pied bas 63C ; surfaces extérieure et intérieure lissées avec soin (haut. : 28,2 cm ; diam. max. : 32,5 cm).
B. Une fibule en fer de type 3c, 3d, 4c ou 4d de C. Tendille (1978), dont il manque l’ardillon et sans doute le pied ; la section de l’arc, aplatie ou ronde, n’est pas perceptible sur le croquis de R. Pauc ; ressort bilatéral court à corde intérieure.
C, D. Deux anneaux plats en bronze, avec bavures de coulée.
E, F. Plusieurs tessons d’urnes non tournées « similaires » à l’urne A.

FIG. 87 – Causse de Sauveterre. Saint‑Étienne‑du‑Valdonnez (Lozère). Tumulus de la Cham de la Bazalgette 2 ; A céramique non tournée ; B fibule en bronze (d’après Pauc 1963) ; C et D anneaux en bronze (d’après Pauc 1963).
462Datation
Vers 600 av. J.‑C.
Si les grandes urnes non tournées, de type « suspendien », sont caractéristiques, dans les Garrigues, de la première moitié du premier âge du Fer antérieur au vie s. av. J.‑C., la fibule ne saurait être antérieure à l’extrême fin du viie s.
Site no 93. Tumulus de la Cham de la Bazalgette 3
463Structures et observations de fouille
(D’après Pauc 1963 : 42‑43.)
Seuls sont indiqués le diamètre, 7 m, et la hauteur du tumulus, 0,55 m. Selon le fouilleur, c’est « une tombe à inhumation probable, les quelques débris d’os recueillis ne paraissant pas calcinés ». Il ajoute « mais c’est une tombe superficielle, le roc étant apparu à une profondeur variant entre –30 et –45 cm ». Pour tout mobilier, ce tumulus a livré « un certain nombre de tessons d’un grand vase, répartis dans le tumulus comme dans le précédent ».
464Os humains
Disparus.
465Mobilier
(D’après Pauc 1963.)
A. Plusieurs tessons d’une urne non tournée semblable à l’urne A du tumulus de la Cham de la Bazalgette 2.
466Datation
Vers 600 av. J.‑C.? Les similitudes dans le matériel et le mode de dépôt avec le gisement précédent induisent une datation semblable.
1.14 Saint‑Georges‑de‑Lévéjac (Lozère)
Site no 94. Tumulus des Fadarelles 15‑1883
467Ce tumulus fut fouillé par le Dr Prunières avant 1883, qui donne les renseignements suivants : « Belle pointe de flèche à longs ailerons, plate, à douille et en fer. Débris d’un vase tourné : inhumation » (Prunières 1883 : 638). Selon T. Simanjuntak (1998 : 372), le vase ne figure pas dans la collection du musée de l’Homme, mais la flèche, longue de 6,8 cm, est présente (fig. 88). Le fait que le vase soit tourné paraît indiquer une sépulture tardive, au plus tôt gallo‑romaine.

FIG. 88 – Causse de Sauveterre. Saint‑Georges‑de‑Lévéjac (Lozère). Tumulus des Fadarelles 15‑1883 ; armature de flèche en bronze (d’après Simanjuntak 1998 : fig. 146, no 3686).
Site no 95. Tumulus au nord de Saint‑Georges 13‑1883
468Tumulus fouillé avant 1883 par P.‑B. Prunières : « Sujets inhumés. Le plus superficiel a sept beaux anneaux de bronze ouverts à chaque jambe. Pendeloque en bois de cerf, grains de collier en os. Dents percées naturelles et simulacre de dents en jayet. Bracelet en schiste. [...] Vase écrasé, grossier » (Prunières 1883 : 638). Une perle ovoïde en os étiquetée « tumulus de Saint‑Georges » (Simanjuntak 1998 : 372) peut correspondre à l’un des éléments du collier signalé par le fouilleur. L’association des anneaux de jambe ouverts, en bronze, et du bracelet en « schiste » (ou sans doute plutôt en lignite), permet de rapporter le défunt « le plus superficiel » au premier âge du Fer (750‑500), mais on ne peut exclure que les autres soient plus anciens et que le tumulus, au premier âge du Fer, soit en fait réutilisé.
Site no 96. Tumulus au midi de Saint‑Georges 16‑1883
469Ce tertre est simplement signalé par le Dr Prunières : « fouillé par un paysan qui a donné à M. Prunières un beau poignard en bronze et un tronçon de large épée de bronze, dont il avait raccommodé le timon de son char. Le tronçon présenté a 17 centimètres de longueur et 6 de largeur, avec cinq filets parallèles à droite et à gauche de la ligne médiane, sur les deux faces » (Prunières 1883 : 638). Seul le second objet figure dans la collection du musée de l’Homme (Simanjuntak 1998 : 372) : fragment de lame d’épée en bronze se rétrécissant graduellement, ornée sur ses deux faces de cinq filets incisés de chaque côté de l’axe longitudinal parallèlement aux bords ; long. cons. : 17,6 cm ; larg. : de 4,5 à 6 cm ; ép. : 3 mm. (fig. 89). Ce morceau de lame semble devoir se rapporter à une épée du Bronze final III, peut‑être du type de Klein‑Auheim vu sa largeur et son décor.

FIG. 89 – Causse de Sauveterre. Saint‑Georges‑de‑Lévéjac (Lozère). Tumulus au midi de Saint‑Georges 16‑1883 ; fragment de lame d’épée en bronze (d’après Simanjuntak 1998 : fig. 142, no 3690).
470P.‑B. Prunières indique avoir fouillé également un troisième tumulus aux environs du village de Saint‑Georges‑de‑Lévéjac (tumulus 17‑1883), mais celui‑ci n’a semble‑t‑il livré que des vestiges d’époque gallo‑romaine (Haut‑Empire) (Prunières 1883 : 638).
Par ailleurs, la collection Prunières du musée de l’Homme compte deux tessons de vases non tournés étiquetés « tumulus de Saint‑Georges » dont on ne connaît pas la provenance précise : 1 bord de gobelet non tourné, à panse arrondie convexe et bord éversé C01, décoré d’incisions fines à l’extérieur (triangle, pointe en bas, rempli de traits parallèle) ; surface très érodée ; dégraissant de calcaire et de calcite (fig. 90A) ; 1 fragment de panse de vase non tourné portant un décor poinçonné fin en lignes horizontales ; surface lissée mais érodée ; dégraissant de calcite (fig. 90B).

FIG. 90 – Causse de Sauveterre. Saint‑Georges‑de‑Lévéjac (Lozère). Tumulus de Saint‑Georges ; céramique non tournée (d’après Simanjuntak 1998 : fig. 120, no 3684, et fig. 125, no 3685).
Site no 97. Tumulus de Soulages 24‑1887
471Le Dr Prunières signale un second tumulus aux environs de Soulages : « Tumulus à inhumation : la fouille, qui n’est que commencée, a donné à M. l’abbé Pourcher un beau rasoir en bronze à tranchant convexe comme les précédents, mais avec un trou à une extrémité, comme pour la fixer à un manche » (Prunières 1887 : 702‑703). Un objet correspondant à ce signalement se trouve dans la collection du musée de l’Homme, étiqueté « dolmen de Soulages » (Simanjuntak 1998 : 372) ; il y a fort à parier qu’il s’agit du rasoir découvert dans le tumulus.
C’est un rasoir semi‑circulaire à dos droit et préhension latérale (pédoncule perforé en forme d’anneau circulaire à une extrémité) ; long. : 9,4 cm ; larg. : 2,8 cm ; ép. au dos : 3 mm (fig. 91). Il se rapproche du type « à préhension en boucle » d’A. Jockenhövel (1980 : 165‑168) connu essentiellement en Allemagne au Bronze final III.

FIG. 91 – Causse de Sauveterre. Saint‑Georges‑de‑Lévéjac (Lozère). Tumulus de Soulages 24‑1887 ; rasoir en bronze (d’après Simanjuntak 1998 : fig. 140, no 3068).
Site no 98. Dolmen réutilisé de Soulages
472La collection du Dr Prunières au musée de l’Homme conserve un tesson d’épaulement d’urne non tournée, décorée d’une rangée horizontale d’impressions circulaires (fig. 92), qui semble pouvoir être rapporté à l’âge du Fer. Il est étiqueté « dolmen de Soulages » (Simantunjak 1998 : 372) (fig. 93).

FIG. 92 – Causse de Sauveterre. Saint‑Georges‑de‑Lévéjac (Lozère). Dolmen réutilisé de Soulages ; céramique non tournée (d’après Simanjunyak 1998 : fig. 117, no 3062).

FIG. 93 – Causse de Sauveterre. Saint‑Georges‑de‑Lévéjac (Lozère). Localisation du dolmen réutilisé de Soulages (site no 98).
1.15 Saint‑Saturnin (Lozère)
Site no 99. Dolmen réutilisé de La Marconière
473En provenance d’un des deux dolmens situés sur le promontoire de La Marconière, qui domine la vallée du Lot, la collection du Dr Prunières au musée de l’Homme conserve plusieurs tessons de la partie supérieure d’une urne non tournée, à panse arrondie, col rentrant et bord divergent C01, décorée d’impressions circulaires disposées en rangées horizontales ou rayonnantes autour d’une cupule (Simantunjak 1998 : 376) (fig. 94). Par sa forme, ce vase semble pouvoir être rapporté à l’âge du Fer.

FIG. 94 – Causse de Sauveterre. Saint‑Saturnin (Lozère). Dolmen réutilisé de la Marconière ; céramique non tournée (d’après Simanjuntak 1998, fig. 117, no 2 690 à 2 692).
1.16 Sainte‑Énimie (Lozère)
Boisset
474Entre 1883 et 1887, le Dr Prunières explora cinq tertres aux environs du hameau de Boisset, dépendant alors de la commune de Prades (sites nos 100 à 104, fig. 95).

FIG. 95 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Localisation des tumulus de Boisset 3 à 7 (sites nos 100 à 104), de Jouanas 17 à 19 (sites nos 122 à 124) et des Lacs III (site no 142).
Site no 100. Tumulus de Boisset 3‑1887
475« Entre le hameau de Jouanas et celui de Boisset, dans la plaine en allant vers Les Lacs, est un premier tumulus qui a donné un sujet avec beau crâne ; un vase remarquable avec dessins géométriques et deux bracelets en bronze couverts de lignes, chevrons, etc., etc ». (Prunières 1887 : 700). Selon T. Simanjuntak (1998 : 286, 363‑364), le musée de l’Homme conserve quatre bracelets semblables étiquetés « tumulus de Boisset », qui peuvent, pour partie au moins, provenir de ce tertre.
Ce sont des bracelets en bronze, ouverts, à extrémités indifférenciées légèrement amincies, de section piano‑convexe, à face intérieure parfois légèrement concave et face extérieure décorée de groupes de traits transversaux incisés, séparés par des petits faisceaux de traits obliques (fig. 96).

FIG. 96 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus de Boisset 3 ou 7‑1887 ; bracelet en bronze à décor gravé (d’après Simanjuntak 1998, fig. 137, no 3398).
476Datation
Première moitié du premier âge du Fer (750‑600).
477Le vase, qui est très probablement un exemplaire excisé, indique une datation au premier âge du Fer. Quant au bracelet conservé, il est caractéristique d’un premier âge du Fer antérieur au vie s.
Site no 101. Tumulus de Boisset 4‑1887
478« Dans un bas‑fond, voisin du précédent. Une fois le tumulus déblayé, je trouvai le sol couvert, sur huit à dix mètres carrés, d’une épaisse couche de charbon, avec fragments d’os brûlés. De plus, de nombreux objets métalliques étaient mêlés à ce charbon. C’était : 1o des fragments, en quantité incroyable, de cuivre brûlé et laminé très mince, présentant des rivets en cuivre, des bords avec un orle, aussi en cuivre, etc. ; les fragments recueillis font plus de deux litres ; 2o près d’une centaine de grains de collier en cuivre ou en bronze ; 3o de nombreux objets en fer. Certains de ces objets sont des sortes de clous ou de rivets aussi gros à la pointe, coupée carrément, qu’à la tête ; les autres objets en fer ont des formes inconnues, et jusqu’ici inexpliquées ; ils devront être dessinés ; 4o deux bagues, l’une en bronze, et une en argent très impur, qui semble contenir beaucoup de plomb, et qui porte un filet d’or pur enchâssé dans l’anneau d’argent si impur [...]. Cinq vases fragmentés et brûlés » (Prunières 1887 : 700). D’après cette description, à l’évidence, nous avons affaire à une incinération sur place. Du matériel, seules subsistent au musée de l’Homme quarante‑sept perles tubulaires en tôle de bronze (Simanjuntak 1998 : 363‑364) : la partie médiane de la tôle est élargie et les extrémités qui se chevauchent sont amincies ; diam. et long. : de l’ordre de 0,5 cm (fig. 97A, B).

FIG. 97 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus de Boisset 4‑1887 ; perles en tôle de bronze (d’après Simanjuntak 1998, fig. 141, nos 3439’ et 3440’).
479Datation
Premier âge du Fer (750‑500).
La présence d’objets en fer permet de rapporter ce dépôt au premier âge du Fer, ce que ne démentent pas les perles tubulaires, connues depuis le Bronze final.
Site no 102. Tumulus de Boisset 5‑1887
480« Tumulus assez petit, seulement de 11 mètres de diamètre. Inhumation. Beau rasoir en bronze, mais sans aucun anneau de suspension. Vase noir, uni, en fragments. Ce tumulus est au midi du hameau de Boisset » (Prunières 1887 : 700).
Seul le rasoir est conservé au musée de l’Homme (Simanjuntak 1998 : 364) : en bronze, en croissant, à tranchant fortement convexe et dos concave ; long. : 7,1 cm ; larg. max. : 2,9 cm ; ép. : 2,5 mm ; du type Ins‑Serres d’A. Jockenhövel (1980 : 191) (fig. 98).

FIG. 98 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus de Boisset 5‑1887 ; rasoir en bronze (d’après Simanjuntak 1998, fig. 142, no 3439).
481Datation
Première moitié du premier âge du Fer (750‑600)
Les rasoirs du type Ins‑Serres sont connus dans les Vosges, en Bourgogne, mais surtout dans le sud de la France.
– Dans les Grands Causses : tumulus 2 de Fabiergues à Sainte-Eulalie-de‑Cernon (Aveyron), et Granissage à Blandas (Gard).
– En Languedoc : Cazevieille B5, J1 (Hérault), Lebous H1 à Saint‑Mathieu‑de‑Tréviers (Hérault), Fontaine de la Dragée à Saint‑Géniès‑de‑Malgoirès (Gard), dépôt de la Croix de Mus à Murviel‑lès‑Béziers (Hérault).
– Dans les Alpes du Sud : tumulus 1 du Bosquet à Serres (Hautes‑Alpes).
Ils sont rarement en contexte datable : la coupe en bronze à Cazevieille J1, le vase excisé au Lebous H1, et surtout le bassin étrusque en bronze seraient de la seconde moitié du viie ou de la première moitié du vie s. av. J.‑C. au Bosquet 1. D’une façon générale, les rasoirs en croissant n’apparaissent plus dans le sud de la France après le début du vie s.
Site no 103. Tumulus de Boisset 6‑1887
482« Petit tumulus voisin des précédents. Incinération : il a été trouvé un objet formé de deux lamelles de cuivre réunies par un anneau de cuivre, et dont la plus grande se termine par un crochet en cuivre... Moitié d’un autre objet semblable au précédent. Seraient‑ce des boucles d’oreilles ? Vase cassé, brûlé et grossier, etc ». (Prunières 1887 : 700). En l’absence de précision, nous ignorons si l’incinération a eu lieu sur place ou ailleurs. Aucun de ces objets ne figure, semble‑t‑il, dans la collection du musée de l’Homme et aucune datation précise (âge du Fer, Haut‑Empire ?) ne peut être avancée (Simanjuntak 1998 : 364).
Site no 104. Tumulus de Boisset 7‑1887
483« Sur le sommet du tertre voisin, au midi, tumulus à inhumation, avec plusieurs sépultures. Beau bracelet en bronze ; anneau en bronze ; petites lames rectangulaires en bronze ou en cuivre avec des cercles, des gravures au repoussé. Gros grain de collier en ambre. Fragments de vases en terre, à beaux dessins géométriques, etc., etc ». (Prunières 1887 : 700). De ce matériel, seul peut‑être subsiste au musée de l’Homme l’un des bracelets décrits ci‑dessus à propos du tertre Boisset 3‑1887 (Simanjuntak 1998 : 364). Dans la terminologie du Dr Prunières, les « vases en terre, à beaux dessins géométriques » correspondent à de la céramique non tournée à décor excisée. On rapportera donc ce matériel au premier âge du Fer (750‑500).
D’autre part, cette collection conserve une fibule cruciforme en fer (zwiebelknopffibel) du IVe s. ap. J.‑C., étiquetée « tumulus de Boisset » mais non signalée dans les articles du Dr Prunières.
Champerboux
Site no 105. Tumulus de Champerboux 2‑1887
484Ce tumulus a été fouillé par le Dr Prunières entre 1883 et 1887 (fig. 54). Celui‑ci en donne la description suivante : « Non loin de Champerboux, à gauche du chemin qui conduit à Sauveterre, beau et grand tumulus. À 0,75 m de profondeur, couche de charbon épaisse de 3 à 4 centimètres, avec os brûlés, fragments informes de bronzes brûlés. Vase cassé et brûlé. Os d’un grand quartier de cerf au bord méridional de la couche de charbon, et non brûlés » (Prunières 1887 : 699). Avons‑nous affaire à une incinération sur place ou au dépôt en vrac d’une partie du bûcher funèbre ? Ne connaissant pas l’extension de cette « couche de charbon », il est impossible de trancher. Selon T. Simanjuntak (1998), aucun de ces documents ne se trouve dans la collection Prunières du musée de l’Homme. Dès lors, il est impossible de dater précisément ce dépôt entre Bronze final et premier âge du Fer.
Site 106. Tumulus de Champerboux 1887
485P.‑B. Prunières signale également un autre monument non loin du précédent : « Plus haut, vers Sauveterre, un pauvre champ présente, sur un de ses bords, quelques caissons en pierre. Un de ces caissons a donné la monnaie d’argent gauloise que voici, à côté d’un squelette. Ces caissons étaient jadis recouverts par un tumulus qu’on a enlevé pour faire le champ » (Prunières 1887 : 699‑700). Aucun objet découvert à cette occasion n’est signalé par T. Simanjuntak dans la collection Prunières du musée de l’Homme, et il est maintenant bien difficile de dire à quoi correspond cette trouvaille.
Site no 107. Dolmen coudé réutilisé de l’Aire des Trois Seigneurs
486Bibliographie
Fages 1985 : 19, 24, 25.
487Lieu de conservation
Dépôt archéologique de Banassac (Lozère).
488Situation
Ce monument mégalithique est situé en position de col, près du hameau de Champerboux (fig. 54). À proximité, cinquante‑trois dalles dressées, très arasées, sont plantées à des intervalles réguliers (mais il est possible que d’autres pierres ne soient plus apparentes) et décrivent un cercle de 95 m de diamètre.
489Monument et dépôt de réutilisation
Ce dolmen se compose d’une chambre rectangulaire de 4,1 m de long sur 1,4 à 0,65 m de large, orientée est‑ouest. On y accède à l’est par un couloir coudé, de 4,1 à 2,7 m de long sur 0,7 à 0,9 m de large, qui converge vers une entrée s’ouvrant au nord. Le seuil est marqué par deux dalles à plat. L’ensemble est enserré dans un tumulus de 20 m de diamètre, construit en dallettes posées plutôt horizontalement avec cailloutis et terre interstitiels (fig. 99, no 1).
La chambre et le couloir ayant été anciennement fouillés et ruinés, G. Fages restaura ce monument en 1979. La couverture avait disparu et la plupart des dalles latérales s’étaient effondrées à l’intérieur de la chambre. Pour redresser celles‑ci, le tertre fut fouillé le long des supports. Ce fut l’occasion de découvrir quelques vestiges de la phase initiale de fonctionnement de la sépulture collective (Néolithique final/Chalcolithique), ainsi que des tessons de deux vases non tournés du premier âge du Fer. Ces derniers ont peut‑être accompagné une sépulture adventice aménagée dans le tumulus. Cependant, aucun reste osseux humain n’a pu être mis en relation avec ces objets, et aucune structure creusée ou bâtie pouvant correspondre à la réutilisation n’a été observée.
490Mobilier de la réutilisation (fig. 99A, B)
A. Des fragments d’une coupe non tournée incomplète, à panse arrondie convexe, bord divergent E05 et pied annulaire bas 61C (haut, estimée : 12 cm ; diam. max. : 27 cm).
B. Des fragments d’un gobelet non tourné incomplet, à panse arrondie convexe, bord déversé D01‑D09 et fond ombiliqué 21A (haut, estimée : 9 cm ; diam. max. : 14,1 cm).

FIG. 99 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Champerboux, dolmen coudé réutilisé de l’Aire des Trois Seigneurs ; 1 plan et coupe (d’après Fages 1985) ; A et B céramique non tournée.
491Datation
Premier âge du Fer (750‑500).
La forme de ces deux vases est bien connue durant tout le premier âge du Fer caussenard, comme en Languedoc oriental.
Site no 108. Tumulus entre Champerboux et Laval 7‑1883
492Ce tumulus a été fouillé avant 1883 par le Dr Prunières. « Os et bronzes brûlés, mêlés un peu partout, avec les fragments d’un beau vase à dessins géométriques, aux terres du tertre. Sujet inhumé étendu, avec bras allongés ; anneau de bronze à la main droite. Une dalle plate reposant sur les os et recouvrant le squelette en entier » (Prunières 1883 : 637).
Par ailleurs, le fouilleur précise la stratigraphie qu’il a observée et qui le conduit à avancer l’hypothèse de « la pratique des enterrements successifs » : « en creusant la tranchée exploratrice, M. Prunières recueille partout, jusqu’à la surface gazonnée, des fragments osseux incinérés, des bronzes fondus, agglutinés par le feu, de beaux fragments de vases à dessins géométriques, mêlés aux terres de cette tranchée. Au fond, sur le sol, reposait inhumé, les membres allongés, un squelette intact, avec une bague à la main droite. Ce squelette était recouvert, reposant sur les os, d’une dalle de sa longueur » (Prunières 1883 : 634).
Pour l’incinération, les détails fournis ne permettent cependant pas de savoir si celle‑ci a été faite sur place ou si le bûcher funéraire se trouvait en un autre lieu.
Selon T. Simanjuntak (1998 : 369), on ne trouve dans la collection du musée de l’Homme, avec l’étiquette « tumulus entre Champerboux et Laval », que deux tessons de panse d’un vase non tourné, décoré de lignes excisées (motif crénelé ou méandre ?) (fig. 100).

FIG. 100 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus entre Champerboux et Laval 7‑1883 ; céramique non tournée à décor excisé (d’après Simanjuntak 1998, fig. 126, no 3526).
493Datation
Premier âge du Fer (750‑500) pour la sépulture à incinération supérieure, d’après la présence de céramique à décor excisé. Le défunt non brûlé situé au‑dessous, pourvu pour tout matériel d’accompagnement d’un anneau en bronze, peut être rapporté à la même phase ou bien être antérieur (âge du Bronze).
Chaumeils
Site no 109. Tumulus de Chaumeils 4‑1883
494Un tumulus a été exploré près du hameau de Chaumeils (fig. 63), avant 1883, par le Dr Prunières. Il en donne les renseignements suivants : « situé à 60 mètres du grand dolmen du même nom. Inhumation –d’abord un adolescent avec cinq bracelets de bronze aux bras ; plus bas, débris d’un squelette de vieillard » (Prunières 1883 : 637).
Le fouilleur cite par ailleurs ce tertre « comme un tombeau de famille ayant eu des enterrements successifs ». Et il précise : « C’est ainsi que le tumulus voisin du grand dolmen de Chaumeils a donné d’abord, avec les os en position bout à bout, le squelette d’un adolescent ayant aux bras cinq bracelets de bronze. Au‑dessous, étaient brisés et confus les os d’un vieillard, dont on avait toutefois entouré le crâne de soins pieux, au moment du deuxième enterrement. Ce crâne, moins sa mâchoire inférieure, avait été mis à l’abri sous une sorte de dolmen minuscule fait avec des dalles grandes à peine comme des volumes in‑quarto » (Prunières 1883 : 634).
495Selon T. Simanjuntak (1998 : 368), on trouve, dans la collection du musée de l’Homme, les objets suivants, étiquetés « tumulus de Chaumeils », qui correspondent à ceux signalés par le Dr Prunières :
– un bracelet fermé en bronze, de section ovalaire ;
– une armille en bronze, très fine, de section carrée de 2 mm de côté, non décorée ;
– une armille en bronze, de section rectangulaire, ornée sur la face extérieure de groupes de trois fines incisions obliques (diam. int. : 4,5 à 5,1 cm ; diam. ext. : 5 à 5,6 cm) (fig. 101 A) ;
– une armille en bronze, de section rectangulaire, ornée sur la face extérieure de groupes de deux fines incisions obliques (diam. int. : 3,9 à 4,5 cm ; diam. ext. : 4,3 à 5 cm) (fig. 101 B).

FIG. 101 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus de Chaumeils 4‑1883 ; armilles en bronze (d’après Simanjuntak 1998).
496Datation
vie s. av. J.‑C.
Ce type de braœlet‑armille de section quadrangulaire, gravé ou non, est bien daté du vie s. av. J.‑C. en Languedoc. Non décoré ou orné de fines stries, il existe déjà au Bronze final IIIb dans la nécropole du Moulin (Taffanel, Janin 1994 : 282‑283). Il n’est pas représenté en Languedoc au début du premier âge du Fer, et n’est attesté, en Languedoc oriental, qu’au VIe s. (tumulus de Molentie à Soubès, Hérault ; Gascó 1980a : 86, no 7 ; oppida de Font du Coucou et de La Liquière à Calvisson (Gard) : Tendille 1979 : 62).
497Cette collection comprend en outre, avec le même étiquetage, d’autres objets, dont certains plus anciens : un anneau fermé, en bronze, de section ovalaire ; des tessons appartenant à sept récipients ; un bracelet‑spirale en bronze et une perle à renflement médian en cuivre.
Clapaslas
Site no 110. Tumulus du Clapaslas (ou de Satanas) 1‑1883
498Ce tumulus a été fouillé par le Dr Prunières avant 1883 : « 37 m de diamètre. On trouve d’abord, à 0,75 m de profondeur, un adulte, inhumé accroupi, avec deux grands anneaux de fer, ouverts, aux jambes ; 1 m plus bas, os humains réduits en fragments calcinés, mêlés au charbon ; et au milieu de ce foyer, un très beau rasoir semi‑circulaire. Tout autour, à l’extrémité de rayons de 1,50 m de longueur, sont cinq vases décorés extérieurement, dont trois avec gibier et couvercles, ou autres vases faisant couvercle. Les autres étaient vides et découverts » (Prunières 1883 : 636‑637).
La sépulture inférieure à incinération est à rapporter au premier âge du Fer (750‑500) d’après la présence du rasoir semi‑circulaire. Toutefois, il est impossible de savoir, d’après les indications du fouilleur, si le tertre recouvre le bûcher de crémation ou si ce sont des résidus d’un ustrinum situé ailleurs qui ont été apportés en ce lieu.
La sépulture supérieure à inhumation lui succède, mais on ne peut préciser si c’est durant la même phase ou postérieurement. Selon T. Simanjuntak (1998 : 369), aucun de ces objets ne se trouve dans la collection Prunières du musée de l’Homme.
Groupe de tumulus de Combe Sévène
499Bibliographie
Vacquier, Hours 1980.
500Lieu de conservation
Objets et os au dépôt archéologique de Banassac (Lozère).
501Situation et fouille
La Combe Sévène est une petite vallée de la bordure sud du causse de Sauveterre, orientée nord‑ouest/sud‑est, à 3 km à l’ouest du village de Sainte‑Énimie, et à 1 km au nord de celui de Cabrunas.
Au cours de travaux de reboisement entrepris par l’Office national des forêts, en 1977, J. Vacquier et J.‑P. Hours constatèrent en ces lieux la présence de nombreux tumulus, certains totalement arasés, d’autres partiellement détruits, d’autres encore, en dehors du périmètre des travaux, intacts.
Ces tertres se répartissent en deux secteurs (fig. 102). Sur le versant oriental de la combe, en contrebas de la ligne de crête, sept tumulus sont alignés sur environ 750 m, avec des distances entre eux variant de 50 à 200 m, à des altitudes de 880 à 890 m (Combe Sévène 1 à 6 et 8). À l’ouest, sur un petit col, à 870 m d’altitude, se dresse un tumulus semble‑t‑il isolé, à 500 m des précédents, exactement en limite des communes de Sainte‑Énimie et de Laval‑du‑Tarn (Combe Sévène 10). Des fouilles de sauvetage furent menées en 1978 et 1979 par J. Vacquier et J.‑P. Hours sur cinq de ces monuments, Combe Sévène 1, 2, 3, 4 et 10 (fig. 102). Le plan des tertres fouillés ou seulement repérés après destruction ne saurait évidemment donner une image exacte de la répartition réelle de ces tombes tant cette combe est riche en tumulus (Vacquier, Hours 1980 : 1).

FIG. 102 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Localisation du champ tumulaire de Combe Sévéne (sites nos 111 à 115).
Site no 111. Tumulus de Combe Sévène 1
502Structures et observations de fouille
(D’après Vacquier, Hours 1980 : 7‑10.) Plat et de plan circulaire, ce tumulus mesure 13 m de diamètre pour 0,8 m de hauteur (fig. 103, no 1). Il présente, à sa surface, deux dépressions périphériques superficielles, une autre au centre, plus profonde, et un tas de pierres provenant de recherches anciennes. Il se compose, de haut en bas, d’une couche de pierres et de cailloutis, dépourvue de terre semble‑t‑il, épaisse de 0,6 à 0,7 m, et d’une couche de terre meuble et de cailloux, d’une quinzaine de centimètres d’épaisseur, surmontant directement le sol de terre naturel du causse (fig. 103, no 2).

FIG. 103 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus de Combe Sévène 1 ; 1 plan d’ensemble (a : fouille ancienne profonde ; b et c : creux superficiels ; d ; déblais ; s : zone sépulcrale ; x : pendeloque) ; 2 coupe ; 3 plan de détail de la région sépulcrale (d’après Vacquier, Hours 1980).
503La zone sépulcrale est incluse dans la couche de terre meuble et de cailloux (fig. 103, no 3). Elle comprend, décentré vers l’ouest du monument, un alignement nord‑sud de sept dalles plantées obliquement, mesurant 2,6 m de long. Au sud, une autre pierre fait retour vers l’est. Les dimensions de ces blocs sont importantes puisque la plupart atteignent ou dépassent 0,5 m de long.
Cette structure encadre à l’ouest et au sud les os d’un adulte masculin robuste. Les os des bras, avant‑bras, cuisses et jambes sont bien conservés, ainsi que les coxaux ; le crâne, bien qu’éclaté sous la pression des pierres, est reconstituable ; en revanche, du bassin à la tête, ne subsistent que peu d’éléments (extrémités de scapula, clavicules, quelques vertèbres sacrées et des débris d’autres vertèbres) ; les os des mains et des pieds sont peu nombreux.
Les pièces osseuses ont été observées, dans la plupart des cas, dans une situation correspondant à l’ordre anatomique : le corps est en décubitus latéral droit, orienté sud‑nord et adossé contre l’alignement de pierres ; la tête, au sud, est légèrement surélevée ; la colonne vertébrale est en légère flexion ; le bras droit est allongé devant le corps, tandis que le gauche est replié vers la tête ; les jambes sont légèrement fléchies. La découverte de petits os des pieds sous les pierres septentrionales de l’alignement, paraît indiquer que ces éléments se sont légèrement affaissés après le dépôt du corps. Celui‑ci repose directement sur le sol naturel.
À l’avant‑bras gauche est enfilé un bracelet en bronze qui a teinté les os en vert de gris. Les fragments d’une pince à épiler et sans doute les restes de la trousse de toilette se trouvent au niveau du bassin. Un rasoir en bronze est aux pieds du défunt. Les morceaux d’une grande coupe non tournée incomplète, à décor excisé et peint, se répartissent depuis les pieds jusqu’au bassin du mort (mais la majorité des fragments se trouve aux pieds, à côté du rasoir). Par ailleurs, un aiguisoir en pierre a été trouvé dans le remblai voisin de la dépression centrale creusée auparavant dans le tumulus.
504Os humains
Le matériel ostéologique humain, en cours d’étude par E. Crubézy, se rapporte à un adulte masculin robuste.
505Os d’animaux
(Détermination A. Gardeisen.)
NR dét. = 8 ; NR total = 10.
– Ovicapriné (mouton ou chèvre) : NR = 5 (1 f. de mandibule d’un jeune de moins de 6 mois, 1 phalange II entière, 1 f. de molaire cassée, 1 f. de talus, 1 f. de coxal [adulte cf. femelle]) ; NMI = 2, un jeune et un adulte.
– Oiseau galliforme (cf. perdrix) : NR = 2 (2 humérus entiers correspondant à deux individus) ; NMI = 2.
– Oiseau corvidé (cf. pie ou choucas) : NR = 1 (1 extrémité distale d’humérus) ; NMI = 1.
Pas de dépôt spécifique apparent ; pas de traces de découpage.
506Mobilier (fig. 104A‑G)
A. Un rasoir en bronze à deux tranchants opposés et préhension basilaire, du type Wiesloch d’A. Jockenhövel (1980 : 137‑138, en particulier no 469). Deux larges échancrures, en haut et en bas, déterminent deux tranchants demi‑circulaires ; trois jours sont disposés en symétrie axiale, l’un, central, en haut, plus grand que les deux autres ; un pédoncule axial, prolongé par un anneau de suspension, forme la préhension. Sauf l’anneau de suspension, coulé dans un moule bivalve et soudé au manche, cet objet a été coulé dans un moule monovalve. Antérieurement à la réutilisation, les deux faces sont décorées de manière semblable a tremolo : cercle entourant le jour central d’où partent des rayons, dont l’un se prolonge sur l’axe du manche. Pour le réutiliser comme rasoir à un seul tranchant et préhension, cet objet a été découpé au ciseau dans le sens longitudinal, parallèlement à son grand axe, mais légèrement décalé afin de mettre à profit un des jours pour faciliter le découpage et garder intacte la préhension. Le tranchant est poli et présente des stries d’affûtage. (Long. : 8,6 cm ; diam. ext. de l’anneau : 1,78 cm ; ép. max. : 1,8 mm).
B. Un bracelet en bronze, fermé, non décoré, à tige de section demi‑circulaire (diam. ext. : 7,25 cm ; diam. int. : 6,50 cm ; haut. de la tige : 3,8 à 5,5 mm ; ép. de la tige : 2,8 à 4,6 mm).
C. Un aiguisoir aménagé dans un galet de rivière en schiste de forme allongée ; une extrémité est percée d’un trou de suspension biconique de 3,2 mm de diamètre ; les deux longs côtés présentent des traces d’affûtage (long. : 7,57 cm ; ép. max. : 0,82 cm).
D. Une pince à épiler en fer ; les extrémités distales ont disparu ; branches et anneau de section rectangulaire (long. cons. : 7,25 cm).
E, F. Deux tiges de fer en partie torsadées ; (long. cons. : 7,8 et 8,8 cm) ; section arrondie de 3,2 à 3,8 mm de diamètre ; chacun des deux fragments a une extrémité de section quadrangulaire, peut‑être incomplète (il pourrait s’agir de départ d’extrémité enroulée) ; l’autre extrémité, cassée, est dans un cas bifide (avec section circulaire), et dans l’autre à section demi‑circulaire. Sans doute avons‑nous affaire à des ustensiles du genre spatule ou scalptorium. Ces deux éléments peuvent appartenir, de même que la pince à épiler, à la trousse de toilette.
G. Des fragments d’une grande coupe non tournée incomplète (il manque environ un tiers du vase, et notamment tout le bord), à panse profonde arrondie convexe, et fond 21 A (diam. max. de la panse : 23,5 cm). Décor excisé à l’extérieur, au niveau du plus grand diamètre de la panse, comprenant deux registres horizontaux : en haut, double rangée de triangles excisés, emboîtés, bases inversées, déterminant une bande brisée champlevée, divisée en deux longitudinalement par une bande brisée excisée (motif 2a) ; en bas, alternance de panneaux décorés soit de petites carrés excisés disposés en damier (motif 17), soit d’une double rangée de triangles excisés ou de chevrons emboîtés, opposés par la pointe, déterminant des losanges champlevés ; ces panneaux sont séparés par trois ou quatre traits verticaux (technique A3 pour les segments de droite, B5 pour les petits triangles de la frise supérieure et B6 pour les grands triangles et les damiers de la frise inférieure). Traces d’un décor peint en noir, difficilement visible (chevrons emboîtés), à l’intérieur. Pâte de couleur noire à brun‑ocre en surface, rougeâtre en épaisseur. Dégraissant abondant de calcite broyée fine (jusqu’à 1 mm).

FIG. 104 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus de Combe Sévène 1 ; A rasoir en bronze ; B bracelet en bronze ; C aiguisoir ; D pince à épiler en fer ; E et F tiges en fer ; G céramique non tournée à décor excisé.
507Datation
Milieu du premier âge du Fer (650‑600). Si le bracelet en bronze B et la coupe G à décor peint et excisé n’apportent pas de précision chronologique à l’intérieur du premier âge du Fer, il n’en va pas de même du rasoir A et de la trousse de toilette D, E, F.
Le rasoir du type Wiesloch est daté du début du premier âge du Fer par A. Jockenhövel (1980 : 137‑138, pl. 26). On le sait réparti de l’Allemagne au Périgord, mais il est cependant fort peu attesté en France. Un exemplaire a été trouvé dans un tumulus de Rocamadour (Grammat, Lot), et un autre en Bourgogne, dans le tumulus 1 de Cosneà Quémigny‑sur‑Seine (Côte‑d’Or). Dans ce dernier, il est associé à une grande épée en fer « hallstattienne » (Henry 1933 : 51, fig. 15, no 4, 169). On notera que cet objet a connu ici une réutilisation à la mode des rasoirs à un seul tranchant du début et du milieu du premier âge du Fer. Toutefois, le décor a tremolo ne permet pas une datation antérieure au milieu du viie s. De son côté, la trousse de toilette est bien connue au viie s. (notamment T. 68 du Grand Bassin I de Mailhac ; Taffanel 1962 : 25, 26, 29) et surtout dans la deuxième moitié de ce siècle (tombes 21 et 166 du Peyrou d’Agde ; Nickels et al. : 1989 : 53‑56 et 237‑238).
Site no 112. Tumulus de Combe Sévène 2
508Structures et observations de fouille
(D’après Vacquier, Hours 1980 : 20, 102.) De forme allongée, orienté nord‑ouest/sud‑est, le tumulus 2 mesure 19 m de long et 8,5 m de large. Il a été réutilisé au haut Moyen Âge. Une quinzaine de tombes à inhumation dans des caissons de dalles plantées de chant ont alors été aménagées, livrant un mobilier abondant et caractéristique. Par ailleurs, il porte les stigmates d’une fouille précédente en son extrémité nord‑ouest, et, lors des travaux de reboisement, l’ensemble a été remanié superficiellement par le bulldozer. Les dimensions actuelles du tertre ne correspondent donc pas à celles du tumulus originel, et ces dernières n’ont pu être estimées (fig. 105, no 1).
Une sépulture protohistorique a été rencontrée dans la partie nord du tertre, entre les tombes médiévales 5 et 21, à une profondeur de 0,2 m par rapport au fond de celles‑ci, dans une couche de terre fine et de pierres de dimensions variables (fig. 105, no 2).
Elle a livré les restes d’un adolescent en décubitus dorsal, protégé par deux rangées de pierres posées à plat délimitant une loge rudimentaire, partiellement conservée, mesurant environ 2 m de long sur 0,7 m de large. Le corps est allongé sur le dos, tête au nord‑ouest, pieds au sud‑est. Les jambes sont tendues, serrées l’une contre l’autre ; à partir du bassin, les fouilleurs ont noté une légère rotation du corps vers la droite, le dos et la tête étant contre la limite orientale du coffre. Le bras gauche repose sur le corps, replié au niveau de la hanche ; le droit est manifestement déplacé, mais il devait être ramené vers le corps, comme le précédent, car les os de la main ont été recueillis dans la région pubienne. Une partie de la mandibule s’est affaissée entre le bras droit et la calotte crânienne, ce qui laisse supposer que la tête était tournée vers la droite.
La loge est mieux conservée au sud‑ouest qu’au nord‑ouest. Son côté occidental est formé par une murette de pierres plates posées les unes sur les autres, tandis qu’à l’est, de simples pierres irrégulières limitent la sépulture. Au niveau des pieds, une pierre plate de 8 à 10 cm d’épaisseur borne la tombe. Elle repose, de part et d’autre, sur les éléments latéraux de la structure. Une coupe non tournée, brisée mais complète, reposait sur cette pierre (fig. 105, no 2).
Il est d’autre part possible que plusieurs petits tessons non tournés informes et six perles, découverts en contexte remanié au‑dessus de cette sépulture ou dans d’autres secteurs du tumulus, puissent se rapporter à la phase protohistorique.

FIG. 105 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus de Combe Sévène 2 ; 1 plan d’ensemble (d’après Vacquier, Hours 1980) ; 2 plan de détail de la région sépulcrale (d’après Vacquier, Hours 1980) ; 3 état de conservation du squelette ; A céramique non tournée.
509Os humains
Le défunt est un adolescent de 16 à 20 ans, de grande taille mais très gracile, de sexe non déterminé. Il est représenté par 1 565 g d’os non brûlés provenant de toutes les régions du squelette à l’exception des pieds (fig. 105, no 3) : calotte crânienne complète et moitié de la mandibule, fragments de vertèbres lombaires et thoraciques, de côtes, ceintures scapulaires et pelviennes, membres supérieurs, y compris un os du pouce, et membres inférieurs moins les pieds. Le mauvais état de conservation des coxaux ne permet pas de connaître le sexe. Les dents ne présentent pas d’usure ou sont peu usées ; lorsqu’il est visible, leur apex n’est pas fermé. Les sutures crâniennes ne sont sysnostosées sur aucune des deux faces. Les listels vertébraux ne sont pas soudés. L’épiphyse proximale des humérus n’est pas soudée à la diaphyse.
510Os d’animaux
(Détermination A. Gardeisen) NR total = 3.
– Petit herbivore (ovicapriné voire aussi porc ?) : NR = 1 (1 épiphyse proximale non soudée de deuxième phalange très corrodée : roulée, milieu acide).
– Carnivore (cf. canidé) : NR = 1 (1 diaphyse de première phalange) ; NMI = 1.
– Oiseau indéterminé : NR = 1 (1 f. de diaphyse) ; NMI = 1.
Matériel très dispersé, sans signification apparente ; pas de traces de découpage.
511Mobilier (fig. 105A)
A. Une coupe non tournée complète, à panse carénée, bord éversé C09 et fond creux 21A (haut. : 4,4 cm ; diam. max. : 14,6 cm) ; décor incisé tracé avant séchage : coups obliques de droite à gauche, surimposés à la carène ; au‑dessous, deux traits horizontaux grossièrement parallèles ; la pâte est de couleur noir‑marron en surface, rougeâtre en épaisseur ; dégraissant abondant de calcite broyée fine ; des éclats arrondis ont été détachés de la surface extérieure (éclats thermiques ?). La facture de ce récipient est proche de celle de la coupe du tumulus 10 de Combe Sévène.
512Datation
Transition Bronze final IIIb/premier âge du Fer ou début premier âge du Fer (viiie s. av. J.‑C.). On renverra aux comparaisons données à propos d’un récipient de forme très proche du tumulus du Vayssas 1 à Séverac‑le‑Château (site no 20).
Site no 113. Tumulus de Combe Sévène 3
513Situé sur le coupe‑feu en limite nord du site à reboiser, le tumulus 3 a été entièrement arasé par les engins mécaniques. Il n’a donc pu faire l’objet d’une fouille. Seuls quelques objets et fragments osseux, ne représentant sans doute qu’une partie du matériel archéologique, ont pu être recueillis sur la surface nivelée et dans les déblais. D’après les témoignages recueillis par J. Vacquier et J.‑P. Hours, le tertre aurait mesuré environ 12 m de diamètre pour 1,2 m de haut, et aurait été « entièrement rocailleux ».
514Os humains
Deux catégories d’os ont été récoltées.
● 135 g d’os humains non brûlés, appartenant à un adulte probablement féminin (fig. 106, no 1) : un fragment d’extrémité interne de clavicule (gauche ?), un fragment de diaphyse d’humérus gauche, un morceau de coxal droit (surface auriculaire et fond de la grande échancrure sciatique : la diagnose sexuelle est délicate, mais il semblerait qu’il s’agisse plutôt d’une femme), diaphyse de fémur gauche (plutôt robuste) et petit trochanter de fémur droit, diaphyse de MTT (?).
● 1 f. de diaphyse (3 g) d’os long (ulna ? fibula ?) incinéré frais (fissures transversales), blanc (température supérieure à 650 oC), appartenant à un adulte, adolescent ou grand enfant.
Ce tumulus a donc abrité soit deux sujets, l’un incinéré, l’autre pas, soit un seul individu dont une partie seulement a été incinérée. Dans les deux cas, l’incinération n’a pas été effectuée sur place.
515Mobilier (fig. 106A‑C)
A. Un fragment de col d’urne non tournée ; la pâte inclut un abondant dégraissant de calcite broyée mal calibrée (grains fins mais quelques gros éléments, jusqu’à 2 mm). Treize autres tessons et une vingtaine d’esquilles peuvent appartenir au même récipient.
B. Un scalptorium en bronze ; tige torsadée de section ronde (1,8 mm de diamètre), tordue ; extrémité proximale cassée, aplatie et certainement enroulée ; long. cons. : 7,8 cm.
C. Un anneau en fer, fragmentaire, formé d’un ruban recourbé, large de 5 à 8,6 mm et épais de 1 à 2 mm ; long. cons. : 2,3 mm.

FIG. 106 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus de Combe Sévène 3 ; 1 état de conservation du squelette du sujet no 1 ; A céramique non tournée ; B scalptorium en bronze ; C anneau en fer.
516Datation
Premier âge du Fer (750‑500).
Le scalptorium est absent des groupes culturels du Bronze final IIIb et n’apparaît qu’à partir du début du premier âge du Fer dans les nécropoles de type Grand Bassin I (Soutou 1959a : 121‑128). Il est présent au viie s. dans la nécropole d’Agde, et, au siècle suivant, dans celle de Couffoulens I (tombe 38 ; Solier et al. 1976 : 39, 68). Cet ustensile dure sans différenciation typologique notable jusqu’à la fin de l’âge du Fer ; mais les quelques objets qui lui sont associés et le voisinage du tumulus Combe Sévène 1, où la présence d’un exemplaire en fer est probable, invitent à dater ce monument également du premier âge du Fer.
Site no 114. Tumulus de Combe Sévène 4
517Structures et observations de fouille
(D’après Vacquier, Hours 1980 : 106‑116.) Le tumulus 4 a un plan circulaire, de 9,3 m de diamètre. Plat, sa hauteur est de 0,8 m (fig. 107A, B).
À la base du monument, la couche sépulcrale comporte une dépression à profil conique très aplati, large d’environ 2,25 m et profonde d’environ 0,3 m au maximum, creusée dans le sol naturel du causse. Les parois de la dépression et la surface du sol naturel aux alentours portent les traces d’un feu important qui a bleui et parfois même fragmenté les pierres du substrat (fig. 107A). L’ensemble forme une aire rubéfiée s’étendant sur environ 5,25 m du sud‑ouest au nord‑est, et 3 m du nord‑ouest au sud‑est, soit une superficie de l’ordre de 16 m2. Sur cette aire, des charbons de bois et des débris osseux incinérés, nombreux mais très fragmentés, ont été recueillis. Il s’agit manifestement d’une incinération sur place.
Une urne non tournée, le vase A, a été déposée sur le bûcher refroidi, au centre de cette aire, dans la dépression. Elle ne porte pas de trace d’un feu secondaire, bien qu’elle soit entourée de nombreux charbons de bois de grandes dimensions. Elle était brisée sous une pierre plate : sans doute avait‑elle été déposée sur son pied, l’ouverture couverte par cette pierre. Elle ne contenait pas les ossements incinérés du défunt. Quelques pierres, également dépourvues de toute trace de rubéfaction, entouraient ce récipient. Un bracelet en fer se trouvait sous l’urne. Un second bracelet en fer a été découvert sur le sommet de cette couche (fig. 107C, D). Surmontant la zone sépulcrale, se trouvent, successivement, une couche de cailloutis, puis une couche de gros blocs calcaires érodés, épaisse de 40 cm environ, dépourvue de terre, semble‑t‑il (fig. 107C). Les tessons d’une urne incomplète à décor excisé, le vase B, sont éparpillés au centre et au sud‑ouest du tertre dans la couche de cailloutis et à la base de la couche de gros blocs sus‑jacente. Ceux d’une coupe tronconique, également incomplète, le vase C, ont été rencontrés dispersés dans la couche de gros blocs au nord et au nord‑est du centre du monument, à différentes hauteurs. La dispersion des morceaux montre que ces deux récipients n’ont pas été déposés complets dans le monument, mais que ce sont de simples tessons qui ont été jetés dans la masse de la calotte du tertre lors de sa construction.
Au‑dessus se trouve une couche de cailloutis épaisse d’une quinzaine de centimètres, composée de petits éclats et de pierres un peu plus grosses, délitées par le gel, enrobées par une terre d’humus. Il s’agit de la couche de surface originelle du monument. Des pierres ayant peu subi l’action du gel surmontent l’ensemble ; elles constituent un apport plus récent (épierrement de champ ?).

FIG. 107 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus de Combe Sévène 4 ; A plan d’ensemble ; B : coupe (1 : épierrements ; 2 : cailloutis ; 3 : gros blocs ; 4 : traces de rubéfaction) ; C coupe détaillée au niveau de la région sépulcrale ; D et E plan et coupe de la région sépulcrale (d’après Vacquier, Hours 1980).
518Os humains
280 g d’os humains incinérés (en tout 213 fragments), se rapportant à un adulte jeune et robuste, de sexe non déterminable. Toutes les régions du corps sont attestées.
– Crâne (28 fragments, 46 g en tout) aux sutures non synostosées ; apex de dent fermé.
– Squelette post‑céphalique (185 fragments, 235 g en tout) : fragments d’apophyses de vertèbres, de manubrium sternal, de scapula, de radius, d’ulna, de fémur (robuste), de tibia et de fibula, de MTC ou MTT.
– Non déterminés : 20 f. d’os plats ; 5 f. d’épiphyses ; 140 f. de diaphyses. D’après les lignes transversales sur les diaphyses et les fissurations en ondes concentriques, ce sont des os frais qui ont été incinérés. Les couleurs de fragments indiquent par ailleurs une température plutôt élevée mais une ustion irrégulière : les os noirs (300 à 350 oC) sont rares (diaphyses d’os longs et f. de voûte crânienne), les os gris sont plus fréquents (550 à 600 oC) et les os blancs (au‑delà de 600 oC) sont la très grande majorité.
519Os d’animaux
(Détermination A. Gardeisen.)
NR total = 14.
– Bœuf : NR = 1 (1 f. de molaire sup.) ; NMI = 1.
– Ovicapriné (mouton ou chèvre) : NR = 9 (1 première molaire inf. de jeune adulte ; 1 humérus de juvénile sub‑entier, 1 f. caudal de diaphyse d’humérus, 1 f. d’acétabulum, 2 têtes fémorales non soudées, 1 patella altérée, 1 f. de vertèbre : le corps vertébral porte des impacts transversaux de couperet ou de grand couteau = débitage du rachis) ; NMI = 2 : un jeune adulte et un adulte.
– Porc : NR = 1 (1 première phalange avec articulation proximale rongée) ; NMI = 1.
– Chien : NR = 1 (1 métatarse III entier) ; NMI = 1.
– Oiseau galliforme (cf. perdrix) : NR = 1 (1 humérus entier) ; NMI = 1.
– Oiseau indéterminé NR = 1 (1 f. de coracoïde) ; NMI = 1.
Un reste découpé ; lots épars ; pas de dépôt spécifique.
520Mobilier (fig. 108A‑E)
A. Une urne non tournée complète (seuls manquent quelques tessons, sans doute pour des raisons de condition de gisement, de fouille ou de conservation), panse arrondie très galbée, col bas divergent, bord C01 et pied bas 62A (haut. : 20,7 cm ; diam. max. : 29,4 cm) ; à l’extérieur, les surfaces du col et de la panse sont polies ou très soigneusement lissées ; celle du pied n’est que grossièrement lissée ; les surfaces intérieures sont lissées avec soin ; la pâte a une couleur rouge brique homogène en épaisseur et en surface à l’extérieur, rouge brique avec zone noire vers le fond en surface intérieure ; elle inclut un dégraissant de calcite broyée bien calibrée (jusqu’à 6 mm).
B. Une urne non tournée incomplète (il manque environ la moitié du vase), à panse arrondie, col bas évasé, bord C01‑C03 et fond creux 21A (haut. : 14,5 cm ; diam. max. : 22,6 cm) ; décor excisé sur la partie supérieure de la panse, comprenant trois registres horizontaux superposés : en haut et en bas, entre deux lignes horizontales (motif no 1), double rangée de triangles excisés, emboîtés, bases inversées, déterminant une bande brisée champlevée (motif no 2) ; au centre, faisceaux obliques de sens alterné de dix à douze traits parallèles ; technique A1 pour les lignes horizontales et les segments obliques, B1 pour les triangles. La pâte est de couleur beige à noire à l’extérieur, beige homogène en épaisseur. ; elle inclut un dégraissant très fin de calcite et mica. Les surfaces sont soigneusement polies.
C. Une coupe non tournée très incomplète (un tiers environ du vase seulement est représenté), à panse tronconique, bord divergent E09, et fond plat 11A (haut. : 10 cm ; diam. max. : 26 cm) ; la pâte inclut un abondant dégraissant de calcite broyée (jusqu’à 1,8 mm). Les couleurs varient du beige au gris sombre en surface, et de beige à noir en épaisseur. Un tesson entièrement de couleur beige recolle avec un tesson entièrement gris : le vase, ou seulement des tessons, est donc passé par le bûcher funèbre, certains tessons ayant été protégés des flammes d’un feu secondaire, d’autres non.
D. Un bracelet en fer, ouvert, à tige non décorée de section demi‑circulaire, à extrémités amincies (l’une des extrémités est cependant masquée par la corrosion) ; diam. ext. : 5,9 à 7,6 cm ; diam. int. : 5,1 à 6,6 cm ; ép. de la tige : 4,5 mm ; haut, de la tige : 5,8 mm.
E. Un bracelet en fer, ouvert, à tige non décorée de section demi‑circulaire, à extrémités non élargies ni amincies ; diam. ext. : 6 à 7,3 cm ; diam. int. : 4,75 à 6,2 cm ; ép. de la tige : 5,5 mm ; haut, de la tige : 7,3 mm.

FIG. 108 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus de Combe Sévène 4 ; A et C céramique non tournée ; B céramique non tournée à décor excisé ; D et E bracelets en fer.
521Datation
Milieu du premier âge du Fer (650‑600). La coupe tronconique C admet une fourchette large : si elle existe dès le début du premier âge du Fer dans le tumulus du Vayssas 1 à Séverac‑le‑Château (site no 20), c’est une forme qui dure jusqu’au début du second âge du Fer.
522L’urne A permet de resserrer cette fourchette en excluant le vie s. Elle trouve en effet de nombreuses comparaisons dans le faciès suspendien du Languedoc oriental : Saint‑Martin à Collorgues, Gard (Dedet, Goury 1987‑1988 : 5, fig. 55, no 3) ; tumulus Cantagrils SA8 à Argelliers (Hérault) avec un rasoir à un seul tranchant ; Cazevieille D14 (Hérault) avec une grande épée en fer du début du premier âge du Fer ; Cazevieille G7, Saint‑Martin A2 et Conquette à Saint‑Martin‑de Londres (Hérault) ; Cazarils 10 à Viols‑le‑Fort (Hérault) avec un rasoir à un seul tranchant du début du premier âge du Fer (Dedet 1992a : 373, 375, 376, 379‑381). Le tumulus de Rasiguette à Lanuéjols (site no 237), sur le causse Noir, a livré un récipient de forme très proche associé à des objets du tout début du premier âge du Fer. De même, les bracelets ouverts, en fer, que l’on rencontre dans des contextes du viie s. (tumulus de Cazevieille C4, avec pendeloques triangulaires ; Dedet 1992a : 374, fig. 119 ; tombe 5 du Peyrou à Agde ; Nickels et al. 1989 : 28, no 5d) n’apparaissent plus au vie s. av. J.‑C. dans les nécropoles du Grand Bassin II ou de Saint‑Julien de Pézenas.
Enfin, le vase excisé B présente une forme et un décor semblables à ceux du vase du tumulus de Pomeyrol, également sur le Sauveterre, daté par son contexte de la seconde moitié du viie s. av. J.‑C. (site no 71).
Site no 115. Tumulus de Combe Sévène 10
523Structures et observations de fouille
(D’après Vacquier, Hours 1980 : 126‑134.) Le tumulus 10 a un diamètre de l’ordre de 8,5 m et une hauteur au centre de 0,8 m (fig. 109, no 1). La calotte, dépourvue de structures bâties, est composée de haut en bas de la façon suivante (fig. 109, no 3) :
– une couche d’humus d’une dizaine de centimètres d’épaisseur ;
– une couche de petites pierres éclatées par le gel et enrobées par de la terre noirâtre issue de la décomposition de l’humus de surface ; ép. : environ 10 cm ;
– une couche de 30 cm de puissance, formée de grosses pierres calcaires, de dimensions très variables, laissant entre elles des vides que la terre n’a pas comblés ; de la partie supérieure de ce niveau proviennent un minuscule tesson de céramique sigillée et une monnaie médiévale très usée ;
– une mince couche de petites pierres, sur 5 à 10 cm d’épaisseur ;
– une couche de terre fine, épaisse de 10 à 20 cm, mêlée à de petites pierres de toutes dimensions dont certaines s’enfoncent dans le substrat du causse.
De très nombreuses dents de ruminant ont été trouvées dans ce dernier niveau, dispersées à l’ouest du centre du tertre, sur une surface de plus de 3 m2. À la base de cette couche, sur le sol du causse, au centre du monument et sur une longueur de 1,9 m, apparaissent les restes osseux d’un individu adulte en dépôt primaire. Toute la partie du squelette comprise entre le crâne et le bassin était recouverte par un amas de pierres calcaires dont certaines, de grandes dimensions, ont écrasé les pièces osseuses. En particulier, une dalle calcaire reposait sur le fémur gauche et l’a brisé en maints endroits. Mais aucune structure en pierre n’a semble‑t‑il été construite pour protéger le corps ni délimiter la région sépulcrale (fig. 109, no 2). Les observations de terrain permettent de connaître la position du corps. Celui‑ci repose en décubitus dorsal, tête au sud, jambes au nord ; le crâne est sur le côté droit, sur un lit de petites pierres, mais la mandibule, retrouvée au niveau des vertèbres lombaires contre le coude du bras droit, a subi un déplacement important. Très peu de vertèbres ont subsisté. Le membre supérieur gauche est posé sur le sol, le droit ramené vers le ventre. Le membre inférieur droit est en extension. La cuisse gauche est tendue, mais la jambe gauche est semble‑t‑il déplacée (la présence d’os du tarse gauche au niveau du fémur droit pourrait indiquer que la jambe gauche était fléchie) (fig. 109, no 2). Un galet de quartz, étranger au substrat local, ayant servi de percuteur (fig. 109D), était déposé sous le bassin (fig. 109, no 1, 1). Les morceaux d’une coupe non tournée incomplète (fig. 109B) –il manque environ 15 % du vase– ont été découverts au niveau du crâne ; certains, les plus gros, sous le frontal, et au niveau du bassin (fig. 109, no 1). Quatorze autres tessons informes, représentant un ensemble de six à neuf autres récipients non tournés, se trouvaient autour du corps. Un petit fragment de tôle de bronze gisait à gauche des fémurs, à 0,6 m du corps (fig. 109, no 1, 2).
524Os humains
Les os humains provenant de ce tumulus appartiennent à deux individus.
– Sujet no 1 : un adulte non brûlé, robuste, très probablement de sexe masculin (sur le coxal gauche, le fond de la grande échancrure sciatique est peu ouvert), probablement âgé de plus de 30 ans (les sutures sont presque entièrement synostosées en face endocrânienne, bien visibles en face exocrânienne). Il s’agit du sujet décrit en dépôt primaire par les fouilleurs. Toutes les parties du squelette sont attestées (1897 g d’os recueillis) (fig. 109, no 4) : calotte crânienne presque complète ; les dents sont peu ou pas usées, hormis M1d et g et M1d et g très usées ; tous les apex sont fermés ; grosse carie sur M1d ; tronc (listel des vertèbres soudé) ; membres supérieurs et inférieurs, y compris mains et pieds.
– Sujet no 2 : un petit enfant mort entre 1 et 2 ans, représenté par cinq dents, non localisées au moment de la fouille : di1g, di2g et di, d ou g aux racines complètes non encore décalcifiées ; dc’g et dc, d aux racines incomplètes, en cours de calcification.
525Os d’animaux
(Détermination A. Gardeisen.)
NR total = 97.
– Équidé (cf. âne ou cheval de petite taille) : NR = 22 (1 crâne probablement entier ou presque à l’origine mais ici explosé, 8 carpiens entiers ou presque, 4 f. de métacarpiens, 4 phalanges dont une entière, 5 sésamoïdes, grands et petits) ; NMI = 1 adulte. Un scaphoïde porte une strie de découpe courte et transverse à la base de sa face caudale qui pourrait correspondre à la découpe de la patte ou de son dépouillage. Altération importante sur le crâne : toutes les dents sont éclatées mais on constate que les séries sont complètes (jugales et labiales) ; de plus, la présence d’os pétreux indique la probabilité d’un crâne déposé malgré une perte importante en ossements crâniens. Outre le crâne, le matériel est constitué par les bases de deux pattes antérieures à partir du carpe.
– Ovicaprinés (mouton ou chèvre) : NR = 11 (1 f. de palette, 1 f. de mandibule d’un adulte estimé à environ 4‑5 ans), 2 molaires inf. en début d’usure (jeune adulte), 1 molaire sup., 2 f. de diaphyse d’humérus (jeune adulte), 1 incisive, 1 f. de cheville osseuse, 1 f. de diaphyse de tibia, 1 carpien ; NMI = 2 : un jeune adulte et un adulte. Dépôt mal caractérisé par des restes épars ; pas de traces de découpage.
– Porc : NR = 1 (1 première phalange non soudée) ; NMI = 1 jeune de moins d’un an.
– Chien : NR = 42 (1 crâne cassé dont il ne reste que 13 dents et un f. de maxillaire, 11 métapodes, 6 premières phalanges, 3 secondes phalanges, 1 troisième phalange, 2 calcanéums, 1 f. de diaphyse d’ulna, 1 f. d’extrémité distale d’humérus) ; NMI = 1 adulte. Malgré la présence de deux f. de diaphyses d’os longs, cet ensemble constitué par la tête et les extrémités des pattes évoque la présence initiale d’une peau.
– Oiseau (caille) : NR = 2 (1 humérus, 1 fémur) ; NMI = 1 adulte.
– Oiseau (perdrix) : NR = 5 (3 humérus, 1tibia, 1 tarso‑métatarse) ; NMI = 2adultes.
Pas de traces de découpage sur ces os d’oiseaux pourtant bien conservés. Ces animaux ont pu être consommés et une partie des déchets rejetés dans la tombe
– Lagomorphe (lièvre) : NR = 3 (1 f. de coxal, 1 f. de diaphyse de tibia [distal non synostosé], 1 radius) ; NMI = 1 jeune adulte.
– Lagomorphe (lapin) : NR = 8 (1 fémur et 1 tibia d’un fœtus ou nouveau‑né ; 1 extrémité distale d’humérus et 1 radius d’un très jeune ; 1 tibia, 1 extrémité distale d’humérus, 1 f. de diaphyse d’os long, 1 vertèbre thoracique d’un adulte) ; NMI Lapins = 3. Pas de traces de découpage. Les lapins sont certainement intrusifs, mais le lièvre peut représenter des reliefs de consommation.
Le spectre faunique est ici riche, avec sept espèces différentes au sein desquelles le chien et le cheval peuvent être assimilés à des dépôts spécifiques, dans le choix des portions, et volontaires, ce qui est moins évident dans le cas des autres animaux. On note aussi la présence d’une esquille brûlée.
526Mobilier (fig. 109A‑D)
A. Un morceau de tôle de bronze à bord circulaire épaissi (fragment de coupelle ou de plaque ornemental ?) ; long. max. cons. : 2,5 cm ; ép. : 0,6 mm.
B. Une coupe non tournée incomplète (il manque environ 15 % du récipient), à panse arrondie convexe, bord divergent E01 et fond rond 81 (haut. : 6 cm ; diam. max. : 19 cm) ; surfaces extérieure et intérieure polies ; la surface extérieure présente de nombreux éclats plus ou moins arrondis, parfois coalescents, preuve d’une longue utilisation du vase au feu ; la pâte est de couleur noire à marron‑noire en surface, rouge brique en épaisseur ; très vacuolée, elle inclut un rare dégraissant de calcite broyée.
C. Un tesson d’une coupe (tronconique ?) ; un enduit peint de couleur rouge orangé recouvre toute la surface intérieure ; la surface extérieure est soigneusement lissée ; la pâte inclut un dégraissant peu abondant de calcite broyée mal calibrée.
D. Un percuteur aménagé dans un galet de quartz (long. : 10,1 cm ; larg. : 7,2 cm ; ép. : 3,6 cm) ; chacune des deux faces est creusée d’une dépression centrale circulaire de 2,5 cm de diamètre et profonde de 3 à 5 mm, probablement aménagée pour assurer une meilleure préhension ; les bords de l’objet portent de nombreuses traces de percussion.
E. Deux tessons de bas de panse d’une urne globuleuse ; surface extérieure lissée soigneusement, surface intérieure lissée ; pâte vacuolée, incluant un dégraissant rare de calcite broyée fine.
F. Deux tessons de bas de panse de coupe tronconique ; surface extérieure grossièrement lissée, surface intérieure lissée avec soin ; pâte vacuolée incluant un rare dégraissant de calcite broyée fine.
G. Quatre petits tessons de panse d’urne ou de coupe ; surfaces extérieure et intérieure lissées avec soin ; pâte vacuolée incluant un dégraissant rare de calcite broyée fine.
H. Un tesson de panse d’urne ou de coupe ; pâte incluant un dégraissant de calcite broyée fine.
I. Un tesson de panse d’une autre urne ou coupe.
J. Trois autres tessons appartenant peut‑être à trois autres récipients.

FIG. 109 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus de Combe Sévène 10 ; 1 plan d’ensemble ; 2 plan de détail de la zone sépulcrale ; 3 coupe schématique (d’après Vacquier, Hours 1980) ; 4 état de conservation du squelette du sujet no 1 ; A fragment de tôle de bronze ; B céramique non tournée ; C céramique non tournée à décor excisé ; D percuteur en quartz.
527Datation
Premier âge du Fer (750‑500).
528La forme de la coupe B est bien attestée durant le premier âge du Fer. La céramique non tournée à enduit peint est également bien présente à cette époque en Languedoc (nécropole du Camp d’Alba à Réalville, Tarn‑et‑Garonne ; Janin et al. 1997 : 115 ; tumulus Ravin des Arcs 1 à Notre‑Dame‑de‑Londres et des Tourelles à Buzignargues, Hérault ; habitats de Gauto‑Fracho et de Montaillon, Gard ; Dedet 1981 : 58, note 58).
Dignas (ou Dinas)
Tumulus fouillés par le Dr Prunières
529Entre 1883 et 1887, le Dr P. Prunières fouilla quatre tumulus dans les terres du hameau de Dignas (sites nos 116 à 119).
Site no 116. Tumulus de Dignas 8‑1887
530« Petit tumulus à incinération après une sépulture à inhumation, dont les os sont rejetés en tas dans un coin. Le centre est occupé par un foyer avec os incinérés. Dans le charbon, débris d’un gros vase, grossier, sans dessins ; fibule en bronze : grains de collier en verre bleu émaillé de petits cercles blancs. Avec les os de l’inhumation, fragment d’un bracelet en bronze » (Prunières 1887 : 700).
Avons‑nous affaire à une incinération sur place ou bien des résidus d’un ustrinum ont‑ils été apportés dans la tombe ? Il est impossible de trancher. Aucun objet conservé dans la collection du musée de l’Homme ne peut être rapporté à ce tertre (Simanjuntak 1998 : 369).
Site no 117. Tumulus de Dignas 9‑1887
531« Autre tumulus dans les terres de Dignas, voisin du grand dolmen de Dignas [...]. Sujet unique étendu sur le dos, la tête à l’est, les pieds à l’ouest. Beau vase à grands dessins géométriques, derrière la tête. Sur le bas‑ventre, beau vase en cuivre de 0,13 m de diamètre, en partie rongé par le vert‑de‑gris. Comme forme, ce vase et celui du tumulus de Mallet, no 29, rappellent cinq vases semblables trouvés sur le causse Méjean, et qui ont figuré à l’exposition de 1878. Belle fibule en bronze. Plus loin, sous les pieds du sujet, dans une fissure de la roche, étaient deux belles pointes de javelot, à douille, et dont l’une est évidemment en bronze, mais dont la deuxième en métal gris‑blanc sans trace de vert‑de‑gris, devra être analysée ! » (Prunières 1887 : 700‑701).
Du mobilier de ce tertre, seule subsiste au musée de l’Homme une coupe en tôle de bronze, à panse arrondie convexe, bord parallèle simple et fond rond, brisée en plusieurs morceaux ; haut. : 4,6 cm ; diam. max. : 13,3 cm ; ép. de la paroi : 1 mm (Simanjuntak 1998 : 369) (fig. 110).
532Datation
Premier âge du Fer (750‑500).
533Comme la céramique excisée, la coupe en bronze semble admettre une datation assez large dans le premier âge du Fer. On en rencontre des exemplaires dans des tombes du début de cette période : tumulus de Roumagnac 1 (site no 12), Aven Armand 1 (site no 175), et de Rasiguette (site no 237), et dolmen du Genévrier à Salles‑la‑Source (Aveyron), comme de la fin du viie‑début du vie s. : tumulus Cazevieille J1 (Hérault) et d’Airoles à Alzon (Gard). Sans connaître le reste du mobilier, on ne peut préciser cette datation.

FIG. 110 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère).
Tumulus de Dignas 9‑1887 ; coupe en tôle de bronze (d’après Simanjuntak 1998, fig. 148, no 3439).
Site no 118. Tumulus de Dignas 10‑1887
534« Voisin du précédent, de l’autre côté du mur voisin. Beaucoup d’os épars, de charbon, de débris de vases et cette belle hachette verte, probablement en jade. Je n’avais d’abord déblayé qu’un carré de 4 à 5 mètres de côté ; comme les os continuaient vers le midi, je fis déblayer encore, et je trouvai un petit caisson formé de grandes pierres mais sans table, et plein d’os. À la surface de ce caisson, étaient en position, et accroupis ou assis, les squelettes de deux enfants n’ayant que vingt dents. Avec un de ces petits squelettes, étaient un petit bracelet uni, en bronze, et une toute petite bague aussi en bronze. Entre ces deux enfants était un squelette de vieillard aussi accroupi. Le reste de la cella était ensuite plein d’os sans suite » (Prunières 1887 : 701).
Aucun objet conservé dans la collection du musée de l’Homme ne peut être rapporté à ce tertre (Simanjuntak 1998 : 369). La datation ne peut être précisée ; cependant, les pratiques évoquées et le mobilier signalé, seulement bracelet et anneaux, paraissent plutôt renvoyer à une phase de l’âge du Bronze antérieure au Bronze final.
Site no 119. Tumulus de Dignas 11‑1887
535« À quelques mètres du précédent, un autre tumulus a donné, au centre, un sujet inhumé de l’est à l’ouest, etc. Vase en terre uni, écrasé, sans ornements. Beau bracelet de fer passé au coude gauche du sujet » (Prunières 1887 : 701). Bien qu’aucun objet conservé dans la collection du musée de l’Homme ne puisse lui être rapporté (Simanjuntak 1998 : 369), il semblerait que ce tertre date du premier âge du Fer (750‑500).
Dolmen et tumulus réutilisés de Dignas
536Situation
À 945 m d’altitude, le site archéologique dit de Dignas se dresse à l’extrémité méridionale d’une croupe orientée sensiblement nord‑sud, à 500 m environ du rebord du causse qui domine les gorges du Tarn, entre les fermes de Dignas et du Bac, à 875 m au nord‑est de la première (coordonnées Lambert III, zone sud : 685,700 X ; 3232,00 Y ; 945 Z). Il comprend un dolmen et, à une quinzaine de mètres au sud, un tumulus (fig. 111). Le support calcaire, bien lité, appartient au Séquanien‑Rauracien (J4‑3b de la carte géologique au 1/80 000, feuille de Séverac‑le‑Château). Les matériaux utilisés pour la construction de ces deux monuments sont d’origine locale.

FIG. 111 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Localisation du dolmen et du tumulus réutilisés de Dignas (sites nos 120 et 121) et des tumulus du Bac I à V (sites nos 125 à 134).
Site no 120. Dolmen réutilisé de Dignas
537Bibliographie
Gallia Préhistoire, 23, 1980 : 465 ; Fages 1985 : 18‑19, 22, 23.
538Lieu de conservation
Dépôt archéologique de Banassac (Lozère).
539Monument et dépôt de réutilisation
Fouillé vers 1880 par le Dr Prunières, ce monument mégalithique fit l’objet d’une restauration en 1978 par G. Fages. Il comprend une chambre rectangulaire de 2,7 m de long sur 1,3 m de large, orientée nord‑ouest/sud‑est, délimitée par trois dalles dressées et pourvue d’un pavage monolithique. L’accès se fait du côté oriental par un petit vestibule constitué de deux petites dalles latérales dans le prolongement des supports. Ce vestibule est barré par une murette en arc de cercle à 1 m de la chambre.
Au cours de l’une des dernières utilisations de la sépulture, sans doute au début de l’âge du Bronze –époque à laquelle on ne construit plus sur les Grands Causses de véritables dolmens avec entrée latérale mais des coffres à accès vertical– la dalle septentrionale du vestibule a été arrachée et remployée comme porte pour fermer complètement la chambre. L’ensemble est enserré dans un tumulus circulaire de 16 m de diamètre (fig. 112, no 1). Le tamisage des déblais anciens permit à G. Fages de recueillir quelques documents remontant à la phase initiale de fonctionnement de la sépulture collective (Néolithique final/Chalcolithique), ainsi que trois tessons de trois vases non tournés du Bronze final IIIb et un tesson d’un récipient d’époque gallo‑romaine. Les conditions de découverte ne nous permettent pas de connaître les modalités de cette réutilisation.
540Mobilier de la réutilisation (fig. 112A‑C)
A. Un bord à méplats intérieurs C29 d’urne non tournée.
B. Un tesson d’un vase non tourné portant à l’extérieur un décor de traits doubles incisés finement avant séchage, peut‑être un méandre.
C. Un tesson de panse d’urne décorée de deux lignes d’impressions verticales peu appuyées.

FIG. 112 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Dolmen réutilisé de Dignas ; 1 plan et coupe (d’après Fages 1985) ; A à C céramique non tournée.
541Datation de la réutilisation
Bronze final IIIb.
Le décor incisé au trait double, ainsi que le motif du méandre, existent au Bronze final IIIa comme au Bronze final IIIb. Le bord d’urne à méplats internes se place pour sa part au Bronze final IIIb ou au début du premier âge du Fer. Cette réutilisation doit donc être située au Bronze final IIIb.
Site no 121. Tumulus réutilisé de Dignas
542Bibliographie
Fages 1981 ; 1983 ; 1986a.
543Lieu de conservation
Dépôt archéologique de Banassac (Lozère).
544Fouille et monument
Ce tertre a été découvert par G. Fages en octobre 1978, à l’occasion de la restauration du dolmen tout proche de Dignas. G. Fages en effectua la fouille d’octobre 1978 à juin 1979.
Avant la fouille, ce monument se présentait sous la forme d’une calotte de sphère de 7 m de diamètre et de faible hauteur (0,4 m). Il était constitué par les matériaux en dur –pierres, lauzes et pierrailles– d’un édifice funéraire qui s’est effondré lors de l’incinération collective sur place de plusieurs dizaines d’individus au Néolithique final (datation 14C, GIF 5876 : 4460 ± 70 ans). Ultérieurement, cet amas a été réutilisé au Bronze final IIIb pour loger deux inhumations.
545Monument primitif
L’édifice primitif du Néolithique final comprend une tranchée à fond plat creusée dans le substrat rocheux, de 0,4 m de largeur moyenne et 0,05 à 0,2 m de profondeur. Cette structure détermine un carré d’environ 3,2 m de côté, orienté selon les points cardinaux, ouvert au sud. Elle est accompagnée de trous de poteaux. Il s’agit de la fondation d’un petit édifice en matériaux périssables. Cette structure est entourée sur les trois côtés nord, ouest et est, vers l’extérieur, par un alignement de blocs volumineux posés à plat. Une fosse ovale de 1,5 x 1,2 m d’axes et 0,7 m de profondeur occupe la zone centrale. Elle se prolonge vers le sud par un fossé qui se poursuit à l’extérieur de la construction, perpendiculairement au centre de la façade méridionale, sur 3 m de longueur.
Dans la partie nord de l’édifice, un conglomérat de matière blanchâtre enrobant des pierrailles désagrégées, et, à la base, quelques charbons de bois, marque l’emplacement d’un bûcher funéraire (fig. 113B). Des esquilles d’os calcinés, de couleur noirâtre ou bleutée, se répartissent sur la majeure partie de la surface du bâtiment. En s’éloignant du conglomérat blanchâtre, ceux‑ci sont de moins en moins brûlés, ou même dépourvus de toute trace de feu.
Un abondant mobilier très homogène du Néolithique final, souvent fortement altéré par le feu, accompagne les restes osseux. Des pierres et dallettes à plat, présentant des variations de teinte notables et un fort craquellement, provoqués par une exposition prolongée à une intense chaleur, recouvrent les vestiges de cette incinération sur place (fig. 113A).

FIG. 113 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus réutilisé de Dignas ; A plan d’ensemble du monument (1 : foyer ; 2 : cailloutis du substrat ; 3 : dalle du substrat) ; B plan d’ensemble de la base (1 : foyer ; 4 : fossé ; 5 : trou de poteau) (d’après Fages 1983 : p. 13, fig. 1 et p. 16, fig. 4).
546Les deux inhumations du Bronze final
Une cuvette oblongue, de 1,9 m de long sur 0,7 m de large, fut par la suite aménagée dans la partie nord‑est et sommitale de l’amoncellement formé par le monument précédent (fig. 113A, B).
Elle fut creusée dans les pierres redressées de ce qui pouvait alors avoir l’aspect d’un tertre. Au creux de cette fosse reposaient les restes non brûlés d’un adolescent d’une quinzaine d’années et d’une jeune femme d’environ 25 ans (fig. 114, no 1).
La femme est en décubitus dorsal orienté nord‑sud, tête au nord, membres supérieurs allongés le long du corps, membres inférieurs en extension. Sa tête repose sur le côté droit, penchée vers le ventre de l’adolescent qui lui fait face à un niveau légèrement inférieur.
Ce dernier est couché sur le côté gauche, également orienté nord‑sud avec tête au nord. Son membre supérieur gauche est allongé devant le corps ; le bras droit est également parallèle au corps, tandis que l’avant‑bras droit est ramené vers le ventre. Les membres inférieurs sont en extension.
Selon les observations faites lors de la fouille par G. Fages sur la position anatomique des os (« jusque dans le détail, mains et doigts par exemple »), les deux corps ont été ensevelis simultanément côte à côte. La fosse fut remblayée directement sur les corps en utilisant les matériaux pierreux enlevés dans un premier temps.
547Le corps de la femme était richement paré. Contre le sommet du crâne se trouvait une abondante parure de bronze : dix‑huit perles rubanées, trente perles tubulaires groupées par cinq, et six appliques circulaires qui formaient une sorte de résille maintenue sur la chevelure par une épingle à tête enroulée et un anneau, reliés entre eux par un lien périssable. Cette résille, en glissant, s’est en grande partie retournée car c’est la face inférieure, brute de coulée, des appliques qui est visible. Autour du cou, une série de grains d’enfilage en bronze (61 éléments) compose un collier rehaussé de pièces en matières moins courantes, trois en ambre et une en argent. Enfin, un bracelet de onze perles en bronze orne son poignet droit. L’adolescent, pour sa part, portait simplement à l’avant‑bras droit un bracelet en bronze. Par ailleurs, trois petits tessons de céramique non tournée se trouvaient dans la fosse, associés aux restes de la femme.
548Os humains
Le matériel ostéologique humain, en cours d’étude par H. Duday, se rapporte à deux sujets : un adulte jeune, âgé d’environ 25 ans, de sexe féminin, et un immature âgé d’environ 15 ans, de sexe masculin.
549Le mobilier du dépôt de réutilisation du Bronze final
● L’adolescent (fig. 114A)
A. Un bracelet en bronze, ouvert, à tige de section demi‑circulaire, aux extrémités amincies à spirale faciale.
● La femme (fig. 114B‑K)
B, C, E‑J. Éléments de la résille : une épingle à tête enroulée en bronze ; tête de section rectangulaire ; tige de section arrondie ; long. : 7,1 cm (fig. 114B) ; un anneau en bronze, ouvert, formé sans doute par la tige repliée d’une épingle de section circulaire ; diam. ext. : 2,85 cm (fig. 114C) ; dix‑huit perles formées d’un ruban en bronze replié ; trente tubes en tôle de bronze enroulée, de 3 à 4 cm de long ; six appliques circulaires en bronze, à bélière simple (certaines sont décorées de points au repoussé, d’autres de ciselures) (diam. : E : 4,05 cm ; F : 4,27 cm ; G : 2,7 cm ; H : 4,2 cm ; I : 2,85 cm ; J : 2,2 cm) (fig. 114E‑J).
D, K. Éléments du collier : cinquante‑trois perles formées d’un ruban de bronze replié ; cinq perles spirales en bronze ; quatre d’entre elles présentent le même diamètre ; la cinquième est plus grande ; un annelet en bronze, moulé, de section circulaire ; diam. : 1,27 cm (fig. 114D) ; trois perles rondes en ambre ; une perle ronde en jayet ; un petit bouton conique en argent, à bélière simple ; diam. : 1,05 cm (un fragment de fil en bronze recourbé est passé dans la bélière) (fig. 114K).
L‑V. La parure du poignet : dix perles formées d’un ruban en bronze replié ; une perle annulaire en bronze (non figurées).
W‑Y. Trois petits tessons de céramique non tournée dont un bord facetté.

FIG. 114 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus réutilisé de Dignas ; 1 relevé de la région sépulcrale du Bronze final IIIb (en hachuré : os de l’adulte féminin ; en blanc : os de l’adolescent) ; A bracelet en bronze du sujet no 1 ; B à K mobilier en bronze associé au sujet no 2 (B : épingle ; C : anneau ; D et K : éléments de collier ; E à J : appliques de résille) (d’après Fages 1983 : p. 13, fig. 1 et p. 16, fig. 4).
550Datation
Bronze final IIIb.
Fondée uniquement sur des objets de parure, la datation de cette double inhumation est mal aisée mais semble néanmoins se rapporter au Bronze final IIIb. Seule la petite applique conique (K) est spécifique de cette période. Cet objet est en argent, mais de nombreux exemplaires semblables en bronze existent dans la nécropole du Moulin de Mailhac (tombes 213, 221, 271, 294, 298, 300, 301 et 303 ; Taffanel et al. 1998 : 172, 179, 205, 217, 220, 223, 224, 230), de même que dans l’habitat des Gandus (Saint‑Ferréol‑Trente‑Pas, Drôme ; Daumas, Laudet 1981‑1982 : 28, fig. 26, no 1).
Les autres objets admettent des fourchettes plus diverses et plus larges incluant cette époque.
L’usage des perles rondes en ambre est attesté dès le Chalcolithique, durant tout l’âge du Bronze (Gardin 1986), et encore au premier âge du Fer (Feugère 1992 : 20, fig. 6).
Celui des perles tubulaires en tôle de bronze replié court sur le Bronze final II, le Bronze final III et le premier âge du Fer (cf. supra les remarques faites à propos d’un exemplaire du site no 20, Vayssas 1). Il en va de même de l’épingle en bronze à tête enroulée (B) (Audouze, Gaucher 1981 : 27‑30 ; Tendille 1980 : 98).
Les appliques à bélière et bossette centrale (I) se rencontrent du Bronze final II (par exemple dans la grotte du Prével supérieur à Montclus, Gard ; Dedet, Roudil 1994 : 191, fig. 26, no 5), au Bronze final IIIb (par exemple dans le dépôt de Rieussec à Cazouls‑lès‑Béziers, Hérault ; Guilaine 1972 : 293, fig. 113, no 7 ; ou celui de la Croix à Terrasson, Dordogne ; Chevillot 1981 : 48 et pl. 13).
Les grandes appliques bombées à bélière décorée de grènetis ou au repoussé (E, F, H et J) relèvent quant à elles du Bronze final III.
Or, pour tous ces objets, le Bronze final IIIb est soit la période de représentation maximum, soit celle où l’on a les attributions les plus précises, pour les tombes par exemple. Ainsi, l’épingle à tête enroulée est très courante dans les nécropoles du Bronze final IIIb du Languedoc occidental (Moulin de Mailhac, Las Fados à Pépieux ; Soutou 1959b), l’applique bombée à bélière est présente au Moulin de Mailhac (tombe 124 ; Taffanel et al. 1998 : 106, fig. 156, nos 15323‑15324) ; la perle tubulaire en tôle de bronze repliée se retrouve également dans cette nécropole (tombe 144 ; Taffanel et al. 1998 : 123, fig. 188, no 15400) comme dans le tumulus 1 de l’Abeillou à Grospierres, Ardèche (Gros, Gros 1972 : 18, fig. 4, no 12) ou dans l’habitat de Boussecos à Bize, Aude (Lauriol 1963 : 136, 137, fig. 5) ; enfin, les perles en ambre sont connues dans une tombe de Beaufort à Azillanet, Hérault (Guilaine 1972 : 382) et une autre de la Bellonette à Servian, Hérault (Feugère 1992 : 20).
Nous ne connaissons pas de bracelet semblable à celui de l’adolescent (A). Les exemplaires les plus proches ont une tige torsadée et des extrémités enroulées, parfois élargies, tels ceux des tombes de Gaze‑Menet à Chusclan, Gard (Dedet 1992b), de Vinets, Aube, et de Sens, Yonne (Gaucher 1981 : 163, fig. 62, B5, 323, fig. 114, B1) au Bronze final IIa. Le bracelet de Dignas rappelle surtout, par sa forme, des colliers en bronze à tige lisse, de section circulaire et à extrémités aplaties en spirale qui proviennent des Hautes‑Alpes et datent du Bronze final IIIb (La Loubière à Bénévent‑et‑Charbillac et Champ Colombe à Réallon : Courtois 1960 : 81, 92 ; Müller 1991 : 103‑129). Un morceau de collier similaire se trouve dans le dépôt enfoui au vie s. à la Croix de Mus à Murviel‑lès‑Béziers, Hérault (Soutou, Arnal 1963 : 180, fig. 3, no 2324, et p. 182).
Jouanas
551Entre 1883 et 1887, le Dr Prunières explora trois tumulus aux environs du hameau de Jouanas : Jouanas 17 à 19‑1887 (fig. 95).
Site no 122. Tumulus de Jouanas 17‑1887
552« Tumulus sur le chemin, à 500 mètres du hameau de Jouanas. 18 mètres de diamètre, hauteur 1,50 m. Inhumation. Un seul sujet dont le crâne très grand fut cassé par un ouvrier. Petit ciseau, ou simulacre de hachette en bronze. Beau rasoir en bronze au niveau du cou. Très beau vase avec dessins, aux pieds du sujet ; et os de jeune Sus avec le vase fragmenté.. ». (Prunières 1887 : 702).
Le vase est décoré d’excisions –le Dr Prunières décrit ainsi cette catégorie céramique. Ce tumulus doit donc être rapporté au premier âge du Fer (750‑500).
Site no 123. Tumulus de Jouanas 18‑1887
553« Voisin du précédent, mais très peu élevé. Ce tumulus, de grande étendue, est au sommet d’un mamelon élevé d’où les terres ont été entraînées par les eaux. Grosse et longue épingle en bronze. Vase à dessins, etc. Inhumation ». (Prunières 1887 : 702.)
Site no 124. Tumulus de Jouanas 19‑1887
554« Au centre, ce tumulus a présenté un sujet inhumé avec bague en bronze formée d’un fil roulé trois fois sur lui‑même. À la circonférence, nombreux petits caissons en pierre, avec un ou deux sujets inhumés dans chacun ; petits objets en bronze et en fer, mais de peu d’importance. À la sépulture centrale, un vase à dessins géométriques » (Prunières 1887 : 702).
La collection du musée de l’Homme conserve des fragments d’un vase non tourné à décor excisé, étiqueté « tumulus des Enfants à Jouanas » (Simanjuntak 1998 : 363) ; mais les trois tertres de Jouanas fouillés par Prunières ayant livré chacun un vase « à dessins », toute attribution précise est impossible.
Il s’agit d’une coupe incomplète (treize tessons), à panse arrondie convexe, bord convergent 105, fond manquant (diam. max. : 28 cm) ; décor excisé sur la partie supérieure de la panse à l’extérieur (de haut en bas : ligne brisée champlevée déterminant deux rangées emboîtées de triangles excisés ; deux droites horizontales ; large frise remplie de faisceaux de segments obliques de direction alternée déterminant des triangles réservés ; trois droites horizontales) (fig. 115). De telles coupes à décor excisé sont bien connues dans les Garrigues du Languedoc oriental au premier âge du Fer (tumulus Frouzet B2 ; Dedet 1992a : 380, fig. 125 ; oppidum de Saint‑Laurent de Carnols : Dedet 1980a : 6, fig. 1, no 1).

FIG. 115 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Un des tumulus de Jouanas (non précisable) ; céramique à décor excisé.
555Dans la même collection se trouvent un bracelet fermé en fer et des tessons de deux vases non tournés non décorés, portant le même étiquetage, mais non signalés par Prunières (Simanjuntak 1998 : 364).
Le Bac
556Dix tumulus furent fouillés avant 1961 par MM. Barré, Guiraud et le Dr Morel aux environs du hameau du Bac (Le Bac I à X). Le Dr Morel en a donné une description circonstanciée (Morel 1961 : 112‑122). Malheureusement, à l’exception d’un vase du Bac II conservé au musée Ignon‑Fabre de Mende, les objets et les restes osseux n’ont pu être retrouvés.
Malgré leur numérotation, ces tertres ne forment pas un ensemble sur le plan topographique (fig. 110) : Le Bac I et III, à quelques mètres de distance l’un de l’autre, sont situés au lieu‑dit Combe Cros, à quelques mètres du croisement de la draille méridienne et du chemin du Bac à Dignas ; Le Bac II et IV, à quelques mètres de distance l’un de l’autre également, se trouvent à 300 m au nord des précédents, au lieu‑dit Le Cros d’As ; Le Bac VIII et IX, non loin l’un de l’autre, sont signalés « à quelques centaines de mètres au nord‑nord‑ouest du Bac » ; les autres sont dispersés : Le Bac V à proximité de la ferme de La Baume, au lieu‑dit Combe Bas, Le Bac VI au lieu‑dit Le Rouzier, Le Bac VII au lieu‑dit Le Rougier et Le Bac X « à quelques centaines de mètres à l’est de la ferme de Boisset, en direction de Nissoulogres ».
Site no 125. Tumulus du Bac I
557Bibliographie
Morel 1961 : 113‑114.
558Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1961 : 113‑114.)
Ce tertre mesure 4 m de diamètre pour une hauteur maximum de 0,6 m. « Au centre, coupant en deux le tumulus, deux dalles verticales sont dressées, formant une sorte de mur mesurant 1,6 m de long, 0,6 m de hauteur, avec une épaisseur moyenne de 0,3 m. La partie située au nord‑ouest des dalles s’est avérée complètement stérile. Du côté opposé, à même le sol qui n’est ni brûlé, ni cendreux, sont dispersés sur une assez large surface, des ossements humains très calcinés d’un poids total de 120 g. [...] L’absence de cendres et de débris charbonneux indique, ainsi que la dispersion des ossements, que l’incinération eut lieu en dehors de la sépulture. [...] Avec les ossements, quelques fragments de bronze et de fer fondus, de rares débris d’une céramique brunâtre à dégraissant grossier et quelques galets de rivière ». Trois autres objets, qui n’ont pas subi l’action du feu, deux fragments d’un bracelet, une lamelle en bronze et un anneau en verre, ont été découverts « vers le centre du tumulus ».
559Os humains
Disparus.
560Mobilier (fig. 116)
(Non conservé ; ici d’après Morel 1961 : 113‑114.)
A. Deux fragments d’un bracelet filiforme en bronze, ouvert, à extrémités renflées, orné de séries de traits parallèles (fig. 116).
B. Un anneau en verre translucide vert clair ; section demi‑circulaire ; diam. ext. : 2.6 cm ; diam. int. : 2 cm.
C. Une lamelle en bronze, non décorée, peut‑être une « anse de coupe métallique ».
D. Des tessons de poterie non tournée.
E. Des fragments de bronze fondus et de fer, non déterminables.

FIG. 116 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus du Bac I ; bracelet en bronze (d’après Morel 1961).
561Datation
v‑ives. av. J.‑C.
Site no 126. Tumulus réutilisé du Bac II
562Bibliographie
Morel 1961 : 114‑119.
563Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1961 : 114‑119.)
Ce tumulus, légèrement ovalaire, mesure 10 m de long, 8 m de large et 1,2 m de hauteur. Il recouvre un caisson rectangulaire, grossièrement nord‑sud, composé de grandes dalles calcaires placées de chant (long, des dalles : 1,45 m à l’ouest, 1,6 m à l’est, 0,7 m au nord et 0,9 m au sud ; haut. : 0,8 m ; ép. : 0,15 à 0,20 m) (fig. 117, no 1). Intérieurement, cette structure mesure 1,5 m de long sur 0,7 à 0,75 m de large et 0,8 m de hauteur. Son fond est constitué de « larges plaques calcaires », mais on ignore s’il s’agit du rocher naturel. Ce coffre contenait deux sépultures superposées.
À la base, la sépulture 1 a livré les restes non brûlés, en mauvais état, d’un sujet que le Dr Morel identifie comme féminin (et donc, sans doute, adulte), « couché sur le côté droit, avant‑bras droit sous le crâne, main gauche devant la face et genoux repliés devant le thorax ». « Derrière la tête » se trouvait une pendeloque en bronze, « devant le thorax » une pointe de flèche, une alêne et un anneau, et, dispersés « un peu partout », quelques tessons de céramique non tournée.
Au‑dessus, vers 0,35 m de profondeur, séparée de la précédente par un pavage de dalles « plus petites que celles sur lesquelles repose le caisson au fond de la fouille », se trouve la sépulture 2 (fig. 117, no 1). Elle contenait les os d’un adulte, « féminin » selon le fouilleur, inhumé en position repliée sur le côté droit, le crâne près de la dalle nord du coffre. « La tête repose sur l’avant‑bras droit et la main gauche recouvre partiellement la face. Les genoux, très fléchis, sont au niveau du thorax ».
Vers les pieds et devant les jambes de cet individu se trouvaient les ossements « très friables » d’un enfant de 7 à 8 ans (la mandibule montre que les prémolaires définitives sont encore dans leurs alvéoles, sous les dents de lait, alors que le remplacement des incisives est effectué).
Devant la face de l’adulte était déposée une urne non tournée probablement complète. Entre ses pieds et la paroi sud du coffre ont été découverts sous une pierre plate les débris d’une céramique non tournée. « Des fragments analogues étaient dispersés devant le thorax ».
564Os humains
Disparus.
565Mobilier
(D’après Morel 1961 : 118‑119.)
● Sépulture inférieure 1 (fig. 117A‑D)
A. Une alêne losangique en bronze à pointes mousses, coulée dans un moule monovalve, une face plate, l’autre bombée (long. : de l’ordre de 4,9 cm ; larg. max. : de l’ordre de 0,7 cm).
B. Une pendeloque en bronze, avec anneau de suspension, coulée dans un moule monovalve, une face étant plane, l’autre en relief avec deux cannelures.
C. Un anneau ouvert en bronze, coulé, à extrémités arrondies très rapprochées, coulissant dans un tube de 0,4 cm de long, fait d’une tôle de bronze enroulée (élément de chaînette ?).
D. Une pointe de flèche en tôle de bronze de type Le Bourget, à trois perforations (pointe et base endommagées) (haut, cons. : de l’ordre de 1,5 cm).
E. Quelques tessons de céramique non tournée (nombre de récipients, formels] ?) (non figurés).
● Sépulture supérieure 2 (fig. 117 F)
F. Une urne non tournée probablement déposée complète, à panse arrondie très galbée, grand col évasé à bord éversé à méplat C11, et pied bas 62A (haut. : 18,9 cm ; diam. max. : 21 cm). Décor d’excisions larges sur le col et la partie supérieure de la panse : sur le col, suite de doubles chevrons arrondis en ogives, incluant un chevron triple, faits avec une spatule pointue ; sur la panse, double ligne crénelée, faite avec une spatule à bout mousse, avec, dans les champs supérieurs, des motifs variés faits par arrachement de la pâte (damiers, triangles empilés, diabolos, rectangles inscrits...) ; un peu partout, traces du trait fin de l’ébauche du décor. Dégraissant très fin de calcite broyée.
G. Tessons de céramique non tournée à pâte noire, parfois rougeâtre à l’extérieur, avec dégraissant calcaire (nombre de récipients, formels] ?) (non figurés).

FIG. 117 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus du Bac II ; 1 croquis de la sépulture supérieure (d’après Morel 1961) ; A à D mobilier de bronze de la sépulture inférieure (A : alêne ; B : pendeloque ; C : anneau ; D : armature de flèche ; d’après Morel 1961) ; F : céramique non tournée à décor excisé de la sépulture supérieure.
566Datation
● Sépulture inférieure 1
Le matériel de la sépulture inférieure paraît peu homogène d’un point de vue chronologique :
– Chalcolithique ou Bronze ancien pour l’alêne losangique (Nicolardot, Gaucher
1975 : 127‑128) ;
– début du Bronze final pour la pendeloque, qui ressemble aux exemplaires dits en « clé de contact » des dépôts d’Opte‑voz, Isère (Bocquet 1969 : 292‑293, fig. 73, no 1) ou de Cannes‑Écluse I, Seine‑et‑Marne (Gaucher, Robert 1967 : 191, fig. 26, nos 5 à 8)
– entre Bronze final II et vie s. pour l’armature de flèche Le Bourget (Dedet, Bordreuil 1982 : 203‑204). On peut s’interroger sur la constitution de ce lot : il peut s’agir de reliquats de fréquentations répétées d’un coffre antérieur à l’âge du Fer, sans doute édifié au Chalcolithique ou au Bronze ancien.
● Sépulture supérieure 2
Première moitié du premier âge du Fer (750‑600).
Présente discrètement dès la transition Bronze final/premier âge du Fer à Mailhac (Taffanel et al. 1998 : 261‑262), l’urne F appelle de nombreuses comparaisons avec le mobilier des tumulus des Garrigues durant le premier âge du Fer antérieurement au vie s. av. J.‑C.
Les exemplaires les plus ressemblants sont ceux de Cazarils 10 et Viols 8. À Cazarils (Vallon 1984 : 55‑56, pl. 78), le contexte est constitué d’une coupe non tournée arrondie convexe et d’un rasoir en bronze en croissant du type Cordast d’A. Jockenhövel (1971), daté de la première moitié du premier âge du Fer ; à Viols 8 (Philipot et al. 1989 : 343‑345), ce vase accompagne, entre autres, une épingle en fer à tête serpentiforme que l’on trouve dans le complexe Grand Bassin I jusque dans la seconde moitié du viie s. av. J.‑C. au Peyrou à Agde. Dans le tumulus caussenard de Chamblon A2, sur le Méjan (site no 192), une urne de forme semblable, mais non décorée, est associée à un gobelet évoquant des exemplaires carénés de la seconde moitié du viie s.
Site no 127. Tumulus du Bac III
567Bibliographie
Morel 1961 : 119.
568Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1961 : 119.)
569Ce tertre mesurait 4,5 m de diamètre pour 0,4 m de haut. Les fouilleurs recueillirent « environ 60 g d’ossements humains très calcinés », sur « un sol non cendreux », ce qui témoignait d’une incinération faite hors de la sépulture. Hormis quelques galets de rivière, aucun objet d’accompagnement ne fut découvert.
570Os humains
Disparus.
571Datation
La datation de ce tertre ne peut être précisée.
Site no 128. Tumulus du Bac IV
572Bibliographie
Morel 1961 : 119.
573Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1961 : 119.) Ce tertre mesurait 6,5 m de diamètre et 1 m de haut, mais il était très bouleversé ; traversé par un chemin de culture, son exploration fut incomplète, l’emprise du chemin n’ayant pas été fouillée. Les fouilleurs recueillirent 120 g d’ossements humains calcinés dispersés (incinération non faite sur place). Nous ne possédons aucune observation sur les conditions de gisement du mobilier d’accompagnement découvert.
574Os humains
Disparus.
575Mobilier
(Non conservé ; ici d’après Morel 1961 : 119.)
A. Des débris de grands vases non tournés à pâte brune et lustrage noir, « non reconstituables » (nombre de récipients ?).
B. Un anneau plat en bronze, ouvert, formé d’un bandeau de tôle recourbé, à extrémités arrondies, non décoré.
C. Fragments de plusieurs bracelets en bronze, « très fins avec cannelures ».
576Datation
Les éléments décrits ne permettent pas de préciser la datation.
Site no 129. Tumulus du Bac V
577Bibliographie
Morel 1961 : 120.
578Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1961 : 120.)
Ce tertre d’un diamètre de 6 m avait été bouleversé avant la fouille. Des os « en désordre » gisaient dans une « ciste dont les dalles latérales mesurent 1,2 m de longueur, pour une hauteur de 0,9 m, avec écartement de 0,75 m, dimensions des dalles terminales ». Y furent également recueillis les deux tiers d’un bracelet en fer ovale, à tige de section arrondie, un poinçon bipointe en fer, à section triangulaire, des débris de fer indéterminables et des galets de rivière.
579Os humains
Disparus.
580Mobilier
(Non conservé ; ici d’après Morel 1961 : 120.)
A. Un bracelet en fer.
B. Un poinçon ou une bipointe en fer.
C. Un objet non identifié, en fer.
581Datation
Premier âge du Fer ?
Site no 130. Tumulus à coffre réutilisé du Bac VI
582Bibliographie
Morel 1961 : 120‑121
583Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1961 : 120.)
« Ce tertre recouvre une tombe à ciste, ouverte aux deux extrémités, formée par quatre dalles parallèles orientées est‑ouest et d’1 m de haut. Les dalles sud sont renversées ; elles recouvrent la sépulture première qui a été vidée de son contenu. On n’y retrouve que de rares fragments osseux et des morceaux de céramique ». « Au‑dessus des dalles ainsi couchées, à 0,2 m de la surface tumulaire, inhumation avec squelette en assez mauvais état, comme dans la plupart des sépultures superficielles. Tête à l’est, face tournée à droite, et, fait assez rare, bras et jambes écartés ». Des fragments d’une urne étaient déposés près de la tête.
584Os humains
Disparus.
585Mobilier
(Non vu, sauf B ; d’après Morel 1961 : 120‑121.)
● Sépulture inférieure 1
A. « Morceaux de céramique » (nombre de récipients, type[s], forme[s] ?).
● Sépulture supérieure 2 (fig. 118A‑B)
A. Une urne incomplète. Ce vase « paraît avoir été fait au tour (?). La pâte, bien cuite, avec dégraissant sableux non micacé, est gris‑brun. Le lustrage extérieur, de même teinte mais plus foncé, est assez soigné. À son insertion, au‑dessus de la panse, le col forme une légère saillie. Plus bas, un décor sommaire composé de trois lignes parallèles a été fait à la gouge. Ces lignes sont légèrement sinueuses, détail qui montrerait qu’elles ont été tracées hors du tournage ». Haut. : 20 cm ; diam. max. : 18 cm ; ép. des parois : 5 à 6 cm. Il pourrait s’agir d’un vase de type celtique de La Tène ancienne (ve s. av. J.‑C.).
B. Une petite pierre plate calcaire brute (dim. max. : 5,2, x 3,6 x 1,2 cm) ; la face concave est gravée de quelques traits évoquant une tête d’animal (cheval ?) très schématique.
C. Un anneau en bronze, ouvert, fait d’une lamelle effilée aux deux extrémités (boucle d’oreille ?).
D. Un anneau en bronze, fait au moule, de section arrondie.

FIG. 118 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus du Bac VI ; A vase peut‑être tourné (d’après Morel 1961) ; B pierre calcaire gravée.
586Datation
Les objets ayant disparu, il est impossible de dater la sépulture 1. Mais il semblerait que le vase A de la sépulture 2 soit d’un type celtique de La Tène ancienne, soit du ve s. av. J.‑C. Ce deuxième dépôt pourrait donc dater de cette période.
Site no 131. Tumulus du Bac VII
587Bibliographie
Morel 1961 : 121.
588Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1961 : 121.)
Ce tertre mesurait 5 m de diamètre et 0,8 m de hauteur. « Squelette accroupi, couché sur le côté droit. Au‑dessous, quelques cendres et charbons de bois, mais les ossements ne sont pas incinérés. Orientation est‑ouest, tête à l’est. Au niveau des genoux, qui sont en contact avec les coudes [...], débris, très oxydés, de plusieurs anneaux, de crochets et de plaques incurvées » en fer. Les autres objets ont été découverts au tamisage.
589Os humains
Disparus.
590Mobilier (fig. 119)
(Disparu ; ici d’après Morel 1961 : 120, 142, fig. 17, A, 144, fig. 18.)
A‑F. Des restes d’au moins six anneaux en fer, dont trois complets.
G. Fragments de plaques en tôle mince de fer ayant parfois une bordure plus épaisse, découvertes à proximité des anneaux. Selon les fouilleurs, il pourrait s’agir des restes d’un chaudron avec chaîne de suspension.
H. Anneau en lignite, de 1,6 cm de diamètre extérieur (fig. 119).
I. Quelques tessons de céramique non tournée, noire à la cassure et brune à l’extérieur (nombre de récipients, type[s], forme[s] ?).

FIG. 119 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus du Bac VII ; anneau en lignite (d’après Morel 1961).
591Datation
Âge du Fer, sans précision possible.
Les objets ayant disparu, et en l’absence de leur figuration, il est impossible de dater précisément cette tombe à l’intérieur de l’âge du Fer.
Site no 132. Tumulus du Bac VIII
592Bibliographie
Morel 1961 : 122.
593Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1961 : 122.)
Ce tertre mesure 20 m de diamètre pour une hauteur d’environ 2 m. « Il recouvre, en bordure est, un caisson formé de grandes dalles, orienté est‑ouest et complètement vidé de son contenu ».
594Datation
La datation de ce tertre ne peut être attribuée.
Site no 133. Tumulus du Bac IX
595Structures et observations de fouille
(D’après Morel 1961 : 122.)
Sépulture particulièrement pauvre qui n’a livré que 80 g d’os calcinés et quelques granits et galets. Pas de mobilier, ni de cendre, ni de charbons de bois. L’incinération a dû être effectuée en un autre lieu.
596Os humains
Disparus.
597Datation
Là encore, il est impossible de dater ce tumulus.
Site no 134. Tumulus du Bac X
598Le Dr Morel signale (1961 : 122) que ce tertre a été fouillé anciennement par M. Teissier et que « trois grands bracelets en fer », qu’il n’a pu voir, y furent découverts. Il recueillit dans les déblais des fragments « importants de céramique [...] ressemblant, comme taille et comme forme, au vase du T. VI du Bac. La pâte, bien cuite, est assez poreuse et de teinte gris bleuté ».
599Datation
La datation de ce tumulus ne peut être précisée.
Les Blachères
Site no 135. Tumulus des Blachères 2‑1883
600Un tumulus fut fouillé avant 1883 par le Dr Prunières et M. le curé Hermet au lieu‑dit Les Blachères, entre le hameau du Bac et le village de Champerboux. Le Dr Prunières en donne la relation suivante : « Squelette unique de jeune femme, inhumée accroupie au centre du tumulus, sous quelques dalles faisant voûte. Quatre bracelets en bronze, très remarquables, et tous de formes différentes. Collier composé de plus de cent cinquante tout petits annelets de bronze, mêlés à des grains d’ambre. Beau vase recouvert de dessins géométriques à l’extérieur, avec quartier de venaison et couvercle, ou second vase renversé faisant couvercle » (Prunières 1883 : 637).
Selon T. Simanjuntak (1998 : 368) il reste dans la collection Prunières du musée de l’Homme les objets suivants (fig. 120A‑H).
A. Un bracelet fermé à tige de section circulaire, en bronze (diam. int. : 6 à 6,1 cm ; diam. ext. : 7,2 à 7,3 cm ; diam. de la tige, irrégulier : environ 6 mm) ; face extérieure ornée de traits fins incisés transversaux au‑dessus desquels sont gravés des sillons plus profonds disposés en chevrons séparés par des lignes transversales.
B. Un bracelet fermé à tige de section ovalaire, en bronze (diam. int. : 6,8 à 7,1 cm ; diam. ext. : 7,9 à 8,1 cm) ; face extérieure ornée de traits fins incisés disposés en faisceaux obliques de sens alterné séparés par des plages lisses.
C. Un bracelet fermé à tige de section ovalaire, en bronze (diam. int. : 5,9 à 6,1 cm ; diam. ext. : 6,7 à 7 cm) ; face extérieure ornée de traits fins incisés transversaux ou en chevrons auxquels sont superposées des lignes obliques.
D‑H. Six anneaux en bronze grossièrement circulaires avec un diamètre extérieur de 1,4 à 1,5 cm, de section plate et irrégulière ; bavures de coulée souvent visibles sur la face intérieure, ainsi qu’un petit appendice sur la face extérieure correspondant aux restes du canal de coulée « en chapelet ».
En outre, il est possible que 92 anneaux semblables figurant dans la collection Prunières du musée de l’Homme, étiquetés seulement « tumulus de la Lozère », proviennent de ce tertre.

FIG. 120 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus des Blachères 2‑1883 ; A à C bracelets en bronze à décor gravé ; D à H anneaux en bronze (d’après Simanjuntak 1998 : fig. 141, nos 3326 à 3329 et 3331’, et fig. 138, nos 3323, 3331 et 3324).
601Datation
Première moitié du premier âge du Fer (750‑600).
Si la céramique à décor excisé se rencontre durant tout le premier âge du Fer, les bracelets en bronze à tige massive sont caractéristiques du premier âge du Fer antérieur au vie s. : tumulus du Ravin des Arcs 3 dans l’Hérault (Dedet 1992a : 378), nécropoles du Grand Bassin I à Mailhac (Louis et al. 1958 : 51, fig. 36, no 4), et du Peyrou d’Agde (Nickels et al. 1989 : passim). Faute de connaître le reste du matériel, il n’est pas possible de donner à ce dépôt une datation plus précise.
Les Brousses
Site no 136. Tumulus des Brousses 6‑1883
602Ce tumulus a été fouillé avant 1883 par le Dr P. Prunières qui indique : « Sujet inhumé allongé au milieu d’os incinérés, sur charbon. Épée de fer à droite ; anneau de bronze ; boucle de fer. Vase avec gibier et couvercle aux pieds du squelette ». Les bras sont « étendus le long du corps » et « l’atlas et l’axis, fracturés, s’étaient soudés d’une façon si vicieuse, qu’il restait à peine libre le quart de la lumière du canal médullaire. Puis deux fragments crâniens montrèrent les bords d’une perforation cicatrisée plus ou moins grande ; les autres fragments étaient restés dans la boue. L’événement qui avait ainsi fracturé la colonne cervicale avait‑il produit en même temps une perforation du crâne ? A priori, il paraît bien difficile d’admettre que le blessé eût résisté à deux lésions de cette gravité, faites simultanément. On comprendrait mieux que le blessé, resté paralysé après la consolidation si vicieuse de la grave fracture des vertèbres atlas et axis, eût été plus tard trépané chirurgicalement comme moyen de guérir cette paralysie » (Prunières 1883 : 635‑637).
Il n’est pas possible de savoir si l’incinération signalée a été faite à l’emplacement du tertre ou en un autre lieu.
Selon T. Simanjuntak (1998 : 288, 368) figurent dans la collection du musée de l’Homme les objets suivants, étiquetés « tumulus des Brousses ».
– Onze morceaux d’un poignard en fer très mal conservé : partie d’une lame rectangulaire allongée, rétrécie vers une extrémité, à section elliptique ; l’extrémité distale et la poignée sont absentes, rendant impossible l’identification du type.
– Une boucle de ceinture en fer.
603Datation
La datation ne peut être précisée.
Les Lacs
604Le Dr Prunières, entre 1883 et 1887, explora cinq tertres aux environs du hameau des Lacs, Les Lacs 12 à 16‑1887. En 1965, M. Guiraud, le Dr Ch. Morel et l’abbé P. Peyre en fouillèrent un autre en sauvetage, Les Lacs III, dans un secteur en cours de reboisement (fig. 95).
Site no 137. Tumulus des Lacs 12‑1887
605« Dans la terre des Lacs, non loin de la maison de M. Valgalier, au sud‑ouest, beau tumulus de 25 mètres de diamètre. Un seul squelette d’homme, inhumé. Crâne extrêmement épais, servant de nid aux rats. Deux petits vases noirs à fond arrondi, semi‑sphérique. Os de jeune Sus, etc ». (Prunières 1887 : 701).
606Le mobilier ne se trouve pas dans la collection du musée de l’Homme (Simanjuntak 1998 : 364). Les deux vases signalés, des coupelles hémisphériques à fond rond, et peut‑être ombiliqué, sont datables du premier âge du Fer.
Site no 138. Tumulus des Lacs 13‑1887
607« Autre beau tumulus de 23 mètres de diamètre, non loin du précédent. Squelette de femme toujours de l’est à l’ouest. Beau vase à dessins géométriques. Bracelet de fer, ovale, au bras gauche. Os très sains comme dans le tumulus précédent, mais le crâne, protégé par une pierre, a servi aussi de nid aux rats » (Prunières 1887 : 701).
Aucun de ces objets n’a été retrouvé dans la collection du musée de l’Homme (Simanjuntak, 1998 : 364), mais il s’agit manifestement d’un tumulus du premier âge du Fer (céramique excisée et bracelet en fer).
Site no 139. Tumulus des Lacs 14‑1887
608« Très beau monument : les os brûlés et mêlés au charbon sont à 1,35 mètres de profondeur. Très belle fibule en fer et une en bronze. Trois bracelets, à nœuds, en bronze, mais fragmentés. Un petit anneau en or du poids de près de 3 grammes, bossué, inégal d’épaisseur, et couvert de petites ciselures fort barbares. Rasoir en bronze avec un anneau de suspension triangulaire. Grands fragments de très beau vase en terre avec dessins géométriques » (Prunières 1887 : 701). Les renseignements fournis ne permettent pas de savoir si nous avons affaire à une incinération sur place ou sur ustrinum. Selon T. Simanjuntak (1998 : 364‑365), le musée de l’Homme conserve cinq objets étiquetés « tumulus des Lacs » qui correspondent à une partie de ce matériel (fig. 121A‑D).
A. Un rasoir en croissant, en bronze, muni d’un anneau de suspension triangulaire au milieu du dos du type « Saint‑Étienne‑du‑Valdonnez » d’A. Jockenhövel (1980 : 181, no 700) ; long. : 7,7 cm ; larg. max. : 2,3 cm ; ép. au dos : 1,5 mm ; pas de trace de passage sur le bûcher.
B. Un anneau en or (12 % d’argent, 1,5 % de cuivre, le reste d’or ; analyse du Laboratoire de recherche des musées de France) ; poids : 3 g ; diam. : 1,55 cm ; jonc massif à section ovalaire d’épaisseur irrégulière, jusqu’à 3,5 mm, couvert de petites ciselures concentriques (Simanjuntak : 356).
C, D. Trois bracelets fragmentaires en bronze, ouverts, à extrémités bouletées et tige de section piano‑convexe, face intérieure aplatie et face extérieure convexe.

FIG. 121 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus des Lacs 14‑1887 ; A rasoir en bronze ; B anneau en or ; C et D bracelet en bronze (d’après Simanjuntak 1998 : fig. 100, no 3’, fig. 140, no 3124 et fig. 141, nos 3218 et 3235).
609Datation
Milieu du premier âge du Fer et plus particulièrement fin du viie s. av. J.‑C.
Les bracelets en bronze à extrémités bouletées sont bien connus en Languedoc occidental durant le viie s. (Grand Bassin I, entre tombes 17 et 19 ; Louis et al. 1958 : 47 ; Bonne Terre à Tourbes, tombe 27 ; Giry 1961 : 140, fig. 22), et spécialement à la fin de cette période, à Agde (tombes 32 et 129 du dernier quart du viie s. ; Nickels et al. 1989 : 354‑356), ou à Saint‑Julien de Pézenas dans la première moitié du siècle suivant (tombes 108, 150, 177 ; Giry 1965 : 147, 170 et 184‑185). On les rencontre également au vie s. dans le Quercy au Frau de Cazals, Tarn‑et‑Garonne (Pajot 1976 : 156).
Le type du rasoir est attesté dans un tumulus du Jura (Grand Champ F à Gevingey ; Millotte 1963 : 296, pl. LIII, no 6), mais est essentiellement connu dans les Grands Causses et le Languedoc. Il est daté du début du premier âge du Fer par A. Jockenhövel (1980 : 196‑197). En effet, si les exemplaires du Grand Champ F (Jura), de Rouet 1 et des Matelettes (Hérault) ne bénéficient pas d’associations significatives pour plus de précisions, celui du dépôt de la Croix de Mus (Murviel‑lès‑Béziers) a semble‑t‑il été enfoui avant le vie s., sans doute au viie s. Celui de Fourques 3 à Rogues (Gard) est associé à un matériel de la première moitié du premier âge du Fer, ainsi que celui des Bondons I (site no 159), déposé avec une grande épée « hallstattienne » en fer. Ce bracelet et ce rasoir admettent donc la même plage chronologique, le dernier quart du viie s.
Site no 140. Tumulus des Lacs 15‑1887
610« Non loin du précédent, tumulus à inhumation ; un seul sujet ; os très sains, mais le crâne rongé a servi de nid aux rats. Un bracelet en bronze ; beau vase avec dessins géométriques, et dont les fragments sont éparpillés dans la sépulture » (Prunières 1887 : 701).
Aucun objet de la collection du musée de l’Homme ne peut être rapporté avec certitude à ce tertre (Simanjuntak 1998 : 364). La présence de céramique excisée, signalée par le Dr Prunières, permet cependant une attribution au premier âge du Fer (750‑500).
Site no 141. Tumulus des Lacs 16‑1887
611« Inhumation : même état du crâne dont il ne reste que la calotte pleine de mousse. Vase à dessins, etc. ; bracelet de fer au coude gauche. Tête à l’est, etc ». (Prunières 1887 : 702).
Un bracelet en fer étiqueté « tumulus des Lacs » figure dans la collection Prunières au musée de l’Homme (Simanjuntak 1998 : 364). De forme circulaire, il ne semble pas correspondre à l’exemplaire « ovale » signalé dans le tumulus 13‑1887, et donc provient sans doute du tumulus 16‑1887. C’est un bracelet ouvert, à extrémités indifférenciées abruptes ; diam. int. : 6,6 cm ; diam. ext. : 8 cm ; tige de section circulaire de 7 mm de diamètre (fig. 122).

FIG. 122 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus des Lacs 16‑1887 ; bracelet en fer (d’après Simanjuntak 1998, fig. 143, no 3523).
612Datation
Première moitié du premier âge du Fer (750‑600).
En Languedoc, de tels bracelets sont attestés au premier âge du Fer, et surtout dans la seconde moitié du viiie et au viie s. On renverra aux comparaisons faites à propos d’objets semblables du tumulus tout proche de Combe Sévène 4 (site no 114), daté de la première moitié du premier âge du Fer. Le vase « à dessin » doit correspondre à un exemplaire excisé, selon les termes du Dr Prunières, ce qui ne contredit en rien la datation attribuée à ce tumulus par la présence du bracelet.
Site no 142. Tumulus des Lacs III
613Bibliographie
Morel, Peyre 1965 : 15‑18 ; Riquet 1965 : 19‑21.
614Situation
Ce tumulus se trouve sur une croupe, « à quelques mètres à l’est de la bifurcation du chemin de Boisset aux Lacs et de la piste qui descend vers Jouanas et Nissoulogre » (fig. 95).
615Lieu de conservation
Le musée Ignon‑Fabre à Mende conserve trois vases étiquetés « T. III des Lacs ».
616Structures et observations de fouille
(D’après Morel, Peyre 1965 : 16.)
Le tertre, plat, mesure 8 m de diamètre et 0,6 m de hauteur. Deux sépultures superposées y furent découvertes.
● Sépulture supérieure 1
Elle est située à 0,2 m sous la surface du tumulus, dans un milieu entièrement pierreux. Elle est constituée par les restes d’un squelette « extrêmement dégradé, réduit à l’état d’esquilles et de poussières dont les empreintes étaient cependant visibles sur le sol sous‑jacent ». Ce sujet était orienté « à peu près exactement est‑ouest », tête à l’ouest. « À sa droite avait été déposé un grand vase et, au niveau du thorax, deux fragments d’un vase plus petit ». Le récipient que nous désignons vase A correspond au premier signalé ; celui que nous indiquons vase B peut être le second.
● Sépulture inférieure 2
Sous la sépulture 1 existait un dallage de pierres plates calcaires recouvrant une seconde inhumation. Celle‑ci comprend un squelette d’adulte « à peu près intact », orienté est‑ouest également, tête à l’ouest, membres supérieurs et inférieurs allongés le long du corps. Ce défunt « était placé dans une sorte de ciste formée de blocs calcaires avec une dalle plate plantée verticalement derrière la tête. Il reposait sur le sol naturel du causse, peut‑être préalablement purifié par le feu, car le tamisage des terres nous a donné des pierres brûlées avec quelques menus fragments de bois carbonisés, alors que les ossements ne présentaient aucune trace d’incinération ». Il était accompagné de trois débris d’une céramique à pâte noire, non tournée (peut‑être vase C), et d’un fragment de col d’un grand vase semblable à celui de la sépulture supérieure (peut‑être pourrait‑il s’agir du même récipient ?).
617Os humains
Les restes osseux humains provenant de ce tumulus n’ont pas pu être examinés ; mais le sujet de la sépulture inférieure 2 a été confié au Dr R. Riquet qui en a fourni une étude préliminaire (Riquet 1965). Il s’agit d’un homme, âgé d’environ 40 ans, dolichocrâne, robuste, mais de petite taille (1,52 à 1,54 m). Il appartiendrait au type « méditerranéen indigène ».
618Mobilier
● Sépulture supérieure 1 (fig. 123A, B)
A. Une urne non tournée probablement déposée complète, à panse arrondie, col haut divergent, bord C01 et pied annulaire bas 41C (haut. : 18,9 cm ; diam. max. : 26,8 cm) ; pâte de couleur grise à beige clair ; surfaces polies ; décor sur la partie supérieure de la panse d’incisions en doubles traits parallèles tracés dans la pâte avant séchage : sous une ligne horizontale, sept rectangles alignés, de 6,7 à 7 cm de long, séparés par des espaces de 1,5 à 2,3 cm (ces rectangles ont été construits à partir de deux doubles lignes horizontales, effacées en partie seulement entre ces motifs).
B. Des fragments d’urne non tournée incomplète, à panse biconique haute, col bas divergent, bord à pan coupé E05 et fond plat 12A (haut. : 17,5 cm ; diam. max. : 23,4 cm) ; décor d’une rangée horizontale d’impressions digitales placées au niveau du diamètre maximum de la panse.
● Sépulture inférieure 2 (fig. 123C)
C. Des fragments de coupe non tournée, incomplète, à panse arrondie convexe, bord convergent 101, fond rond 81 (haut. : 9.8 cm ; diam. max. : 16 cm).

FIG. 123 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus des Lacs III ; céramique non tournée.
619Datation
620● Sépulture supérieure 1
Bronze final IIIa.
La forme du vase B existe dans les Grands Causses aussi bien au Bronze final II (forme 2), qu’au Bronze final IIIa (forme 4) (Costantini et al. 1985 : 113‑118). En particulier la grotte du Boundoulaou à Creissels, Aveyron, en contenait plusieurs dans un ensemble du Bronze final IIIa (Costantini et al. 1985 : 10, fig. 46, nos 4, 8, 14).
On rencontre la forme du vase A dans les Grands Causses et en Languedoc oriental au Bronze final III et au premier âge du Fer, mais son décor de rectangles alignés, finement incisés en trait double, est caractéristique du Bronze final IIIa ou b. On le comparera à deux récipients de forme proche, ornés sur la panse d’un méandre rectangulaire symétrique selon la même technique, provenant de deux ensembles du Bronze final IIIa sur le causse Noir, grottes du Luc et de Puech‑Buisson à Lanuéjols, Gard (Costantini et al. 1985 : 46, fig. 45, no 7 ; 49, fig. 48, no 1). On datera donc ce vase du Bronze final IIIa.
● Sépulture inférieure 2
Bronze final IIIa.
Une telle datation peut également convenir pour la sépulture inférieure. En effet, si la forme de la coupe hémisphérique C à fond rond est connue dans les Grands Causses au début du premier âge du Fer (tumulus Roumagnac 1, Vayssas 1, Combe Sévène 10 ; sites nos 12, 20 et 115), ainsi qu’en Languedoc (un exemplaire au Grand Bassin I et trois dans la tombe 7 de Las Fados, qui daterait de la transition Bronze final/premier âge du Fer ; Janin 1996 : 22), elle est déjà bien attestée au Bronze final IIIa dans les habitats régionaux.
L’état de fragmentation des vases découverts en habitat ne permet cependant pas d’identifier nettement les fonds, ronds ou ombiliqués, comme on l’a remarqué au Laouret dans l’Aude (Gasco et al. 1986 : 324).
L’Estrade
Site no 143. Dolmen réutilisé de L’Estrade
621Avant 1883, le Dr P. Prunières fouilla un dolmen réutilisé au premier âge du Fer au lieu‑dit L’Estrade. Il en fournit les indications suivantes : « Près de La Périgouse, la chambre d’un dolmen étant pleine, on avait élevé sur la grande table un tumulus secondaire qui contenait un squelette avec du bronze et des fragments d’un vase peint à l’intérieur ». « Tum. de L’Estrade, vers La Périgouse. Inhumation soustumulus secondaire, sur la table d’un dolmen. Débris de bronze et de vases dont un peint à l’intérieur » (Prunières 1883 : 633, 637). Dans la collection de ce chercheur, figurent au musée de l’Homme les objets suivants (Simantunjak 1998 : 369) (fig. 124A, B).
A. Deux tessons d’un vase non tourné à panse globuleuse, amorce de col, et bord divergent D01 ; décor excisé sur la panse à l’extérieur : méandre ou rectangles et double ligne brisée surmontant des triangles.
B. Un bord convergent 101 de coupe non tournée à panse arrondie convexe.
C. Un anneau en bronze, fermé, à tige de section circulaire.

FIG. 124 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Dolmen réutilisé de l’Estrade ; A céramique non tournée à décor excisé ; B céramique non tournée (d’après Simanjuntak 1998 : fig. 123, no 3489 et fig. 126, no 3491).
622Datation de la réutilisation
Fin du premier âge du Fer (550‑500).
Nous retrouvons dans cet ensemble les mêmes éléments que dans celui de Mazel Bouïssy sur la bordure sud du Sauveterre (site no 52), et la vase A est semblable à celui du tumulus de Pomeyrol sur le Sauveterre (site no 71), daté par le contexte de la deuxième moitié du vie s.
Pessades
Site no 144. Tumulus de Pessades 3‑1883
623Avant 1883, le Dr Prunières explora un tumulus près de la ferme de Pessades : « Sujets inhumés. Poignard triangulaire en bronze avec rivets ; épingle de bronze à deux têtes ; pointe de flèche à soie et moitié d’un grand anneau de bronze. Vase noir à pâte très fine, mais sans dessins » (Prunières 1883 : 637).
Selon T. Simanjuntak, le poignard est datable du Bronze ancien, mais le reste du mobilier ne se trouve pas dans la collection Prunières du musée de l’Homme (1998 : 272, 369). De ce fait, aucune datation ne peut être avancée avec sûreté.
Les Vieilles Mortes
Site no 145. Tumulus des Vieilles Mortes 5‑1883
624Un tumulus a été fouillé au lieu‑dit Les Vieilles Mortes par le Dr Prunières, avant 1883 : « Inhumation. Os en mauvais état, débris de bronze et de fer. Vase noir écrasé » (Prunières 1883 : 637).
Le matériel étiqueté « tumulus des Vieilles Mortes » conservé dans la collection du musée de l’Homme paraît plus abondant (Simanjuntak 1998 : 370) ; il s’agit de huit tessons appartenant à quatre récipients non tournés, dont quatre à décor excisé (fig. 125A‑C).
A. Deux tessons d’une urne non tournée à col bas et bord divergent D01, décorée en haut de la panse d’une double ligne brisée excisée combinée à un autre motif plus large (créneau ?) ; surface polie, de couleur marron ; dégraissant de calcite fine.
B. Un tesson d’une coupe non tournée à panse arrondie convexe, bord convergent 101, décorée à l’extérieur de deux droites horizontales excisées surmontant un bandeau de chevrons excisés emboîtés par groupes de direction alternée, déterminant un losange réservé ; surface extérieure polie ; surface intérieure lissée ; couleur marron ; fin dégraissant calcaire.
C. Un tesson d’une coupe non tournée à panse arrondie convexe ; à l’extérieur, décor excisé (segments de droites horizontaux et verticaux ; panneau partiellement occupé par deux rangées de petits triangles et panneau réservé) ; à l’intérieur, bandes peintes rayonnantes de couleur beige ressortant sur l’épiderme gris du vase.
D. Quatre petits tessons de panse de coupe non tournée décorée d’une ligne brisée champlevée déterminée par arrachement de deux files opposées de triangles (non figurés).

FIG. 125 – Causse de Sauveterre. Sainte‑Énimie (Lozère). Tumulus des Vieilles Mortes ; A et B céramique non tournée à décor excisé ; C céramique non tournée à décor excisé et peint (d’après Simanjuntak 1998 : fig. 123, no 3701, fig. 126, no 3700, et fig. 129, no 3709).
625Datation
Fin du premier âge du Fer (550‑500).
L’association des vases A et B, de même forme et mêmes décors, se retrouve dans le dolmen réutilisé tout proche de L’Estrade (site no 143) et le tumulus de Mazel Bouïssy, toujours sur la bordure méridionale du Sauveterre (site no 52). Ici encore, la forme et le décor du vase A renvoient au récipient de Pomeyrol (site no 71) et appelle la même datation : seconde moitié du vie s.
1.17 Région du Freyssinel
626Le musée Ignon‑Fabre à Mende et le dépôt archéologique de Banassac conservent plusieurs objets issus des fouilles du Dr Morel dans la région du Freyssinel, sans indication de la provenance exacte, et que les publications du fouilleur ne permettent pas non plus d’identifier avec certitude.
Mobilier du musée Ignon‑Fabre à Mende
627– Un fragment de bracelet en fer (ouvert, fermé ?), de section quadrangulaire, de forme ovale (diam. ext. : 5,7 à environ 6,5 cm). Pourrait peut‑être correspondre au bracelet décrit à propos du tumulus du Freyssinel XXXII, commune de Saint‑Bauzile (cf. supra site no 83, et Morel 1961 : 107) (fig. 126A).
– Une coupelle non tournée, à panse arrondie convexe, bord divergent E01 et fond ombiliqué 21A ; surfaces polies à l’extérieur comme à l’intérieur (haut. : 4,3 cm ; diam. max. : 11,3 cm) (fig. 126B).
– Une coupe non tournée, tronconique à bord simple D01 et fond plat 12B ; surfaces grossièrement lissées, à l’extérieur comme à l’intérieur (haut. : 5 cm ; diam. max. : 14,9 cm) (fig. 126C).

FIG. 126 – Causse de Sauveterre. Région du Freyssinel (Lozère). Tumulus non précisés (fouilles Morel) ; A bracelet en fer ; B et C céramique non tournée ; D céramique non tournée à décor peint ; E à G céramique non tournée.
Mobilier du dépôt archéologique de Banassac
628– Une coupe non tournée à panse arrondie convexe, bords parallèles F01 et fond ombiliqué 21A ; surfaces polies avec traces d’un décor peint en blanc à l’intérieur (haut. : 4,5 cm ; diam. max. : 15 cm). Son attribution au tumulus du Freyssinel XII, commune d’Ispagnac, est très douteuse si l’on se réfère aux dessins que Morel (1968 : 61, fig. 15) donne des morceaux peints de ce type de vase rencontrés dans ce tumulus (site no 43) (fig. 126D).
– Une coupe non tournée, carénée, bord évasé C09, fond ombiliqué 21A ; surfaces lissées (haut. : 4 cm ; diam. max. : 13,4 cm). Pourrait appartenir aux Freyssinel V, XXIII, XXXII ou XXXIII (fig. 126E).
– Un gobelet non tourné, à carène surbaissée portant un méplat, fond aplati, bord manquant ; surfaces polies (diam. à la carène : 11,3 cm). Pourrait correspondre aux spécimens signalés aux Freyssinel V, XXIII, XXXII ou XXXIII (fig. 126F).
– Un fragment de coupe non tournée, carénée, à bord évasé C01‑C09 ; décor d’une profonde rainure horizontale sur la carène (diam. max. : 15,3 cm) (fig. 126G).
1.18 Cham des Blanquets : Grèzes (Lozère)
Site no 146. Tumulus de Rocherousse 1‑1887
629Un tumulus fut fouillé par P.‑B. Prunières entre 1883 et 1887, à 100 m du village de Rocherousse sur la commune de Grèzes (Lozère) (fig. 127). Celui‑ci en donne la description suivante : « Beau tumulus, dans un champ cultivé, à gauche de la route neuve d’Uël‑Bougo à Esclanèdes. Un seul sujet, dolichocéphale. Le squelette est tout entier en position, allongé, la tête à l’est, les pieds à l’ouest. La belle épée en bronze que voici, avec ses rivets et sa bouterolle aussi en bronze, était déposée à droite du squelette, la poignée à la hauteur de la hanche et de la main droite ; la bouterolle à la hauteur de la tempe. Un beau vase noir, uni, large et peu profond, reposait derrière la tête. Je trouvai dans le tumulus encore un grès dont une face est polie comme sur les pierres à écraser le grain » (Prunières 1887 : 699).
L’épée en bronze, brisée en quatre morceaux, est conservée au musée de l’Homme. Elle est du type de Gündlingen ; long. totale : 76,9 cm ; long, de la languette : 11,4 cm ; larg. de la lame au départ : 4,4 cm, dans la partie médiane : 3,3 cm ; la garde possède deux trous de rivets, et la fusée et le pommeau un trou chacun (fig. 128A).

FIG. 127 – Cham des Blanquets. Grèzes (Lozère). Localisation du tumulus de Rocherousse 1‑1887 (site no 146).
630Selon T. Simanjuntak (1998 : 355), les objets étiquetés « tumulus de Rocherousse » dans la collection du musée de l’Homme sont plus nombreux que ceux que Prunières a rapportés (mais s’agit‑il du même monument ?).
– Une pointe de poignard ou d’épée en bronze ; long. cons. : 3,1 cm (fig. 128B).
– Une armature de flèche en tôle de bronze de type le Bourget, en forme de triangle isocèle à côtés rectilignes ; deux trous de fixation dans la partie centrale, espacés de 6 mm ; haut. : 2,6 cm (fig. 128C).
– Une épingle en bronze, à tête vasiforme et col orné de rainures ; long. : 12,7 cm ; diam. de la tête : 9,5 mm ; diam. de la tige : 5 mm (fig. 128D).
– Une épingle en bronze, à tête vasiforme et série d’incisions horizontales sur la partie supérieure de la tige ; long. : 8,5 cm ; diam. de la tête : 2,5 mm ; diam. de la tige : 2 mm (fig. 128E).
– Une alêne losangique en bronze.

FIG. 128 – Cham des Blanquets. Grèzes (Lozère). Tumulus de Rocherousse 1‑1887 ; A épée en bronze ; B fragment de poignard ou d’épée en bronze ; C armature de flèche en bronze ; D et E épingles en bronze (B à E d’après Simanjuntak 1998 ; fig. 135, no 3667, fig. 141, nos 3671 et 3669, et fig. 142, no 3668).
631Datation
Début du premier âge du Fer (750‑650). L’épée permet de placer le dépôt funéraire au tout début du premier âge du Fer. Cette datation convient pour les épingles à tête vasiforme, l’armature de flèche Le Bourget et la pointe de poignard, si toutefois ces objets appartiennent bien à ce monument. En revanche, l’alêne losangique est plus ancienne (mais provient‑elle de ce tertre ?).
1.19 Causse de Mende : Lanuéjols (Lozère)
Site no 147. Dolmen réutilisé de Chapieu
632Bibliographie
Costecalde 1914.
633Lieu de conservation
Musée Ignon‑Fabre à Mende.
634Situation
Le dolmen réutilisé de Chapieu (commune de Lanuéjols) se dresse à l’extrémité orientale du causse de Mende, sur la partie supérieure du flanc méridional du plateau de la Fage, largement échancré par des ravins qui convergent vers le ruisseau des Ambières (fig. 129). À 1 090 m d’altitude, il domine l’un de ces vallons, le ravin de la Tioulaire.

FIG. 129 – Causse de Mende. Lanuéjols (Lozère). Localisation du dolmen réutilisé de Chapieu (site no 147).
635Monument et dépôt de réutilisation
Ce dolmen a été fouillé en 1914 par les chanoines Ressouche et Costecalde. Il a livré un mobilier abondant de sa phase initiale de fonctionnement (Néolithique final/Chalcolithique), et, en surface, une coupe carénée grise monochrome complète du groupe 9 et de forme VIa de C. Arcelin‑Pradelle (1984) ; haut. : 9 cm ; diam. max. : 15,8 cm (fig. 130). Ce vase appartient à une production marginale de la céramique grise monochrome centrée sur les Garrigues gardoises et attestée dans la seconde moitié du ve s. av. J.‑C, et peut‑être la première moitié du suivant (Arcelin‑Pradelle et al. 1982 : 51). Il témoigne d’une réutilisation du lieu à cette époque, mais on ignore tout des conditions de dépôt et des restes des défunts qu’éventuellement il accompagnait.

FIG. 130 – Causse de Mende. Lanuéjols (Lozère). Dolmen réutilisé de Chapieu ; coupe en céramique grecque d’Occident à pâte grise monochrome.
Notes de bas de page
1 J’utilise ici le terme de bustum dans le sens qu’ont précisé V. Bel et L. Tranoy (1993 : 95) : « incinération comportant des traces de crémation in situ ».
2 Exposé de Gilles Grévin durant le stage de formation à l’étude anthropologique des sépultures à incinération organisé par Henri Duday au musée du Cap‑d’Agde en septembre‑octobre 1992.
3 Ce vase est marqué « Freyssinel IX », tumulus qui n’a pourtant pas livré de récipient de cette forme. En revanche, il correspond au vase de forme 8 signalé par le fouilleur dans le tumulus VIII et au croquis qu’il en donne (Morel 1968 : 67, pl. III, forme 8).
4 Ce vase est marqué « Freyssinel IX », tumulus qui n’a pourtant pas livré de récipient de cette forme. En revanche, il correspond au vase de forme 8 signalé par le fouilleur dans le tumulus VIII et au croquis qu’il en donne (Morel 1968 : 67, pl. III, forme 8).
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