Introduction
p. 11-13
Résumés
Le site de La Butte du Moulin à Vent à Bennecourt (Yvelines) a fait l’objet d’une opération de fouille programmée de 1982 à 1988. L’évolution de ce site cultuel de la fin du iie s. av. J.-C. au ive s. de n.è. a pu être mise en évidence malgré le fort arasement d’une partie des vestiges.
Si l’on excepte trois objets métalliques datés de la charnière du premier et du second âge du Fer, l’occupation du site débute à La Tène C2/D1 par la mise en place d’un petit enclos fossoyé interrompu à l’est et abritant en son centre une vaste fosse précédée d’un accès excavé. Cette structure est couverte dans un second temps par un bâtiment porté par six poteaux (phase la-d). Le fossé, qui a connu au moins un curage, est comblé par des amas de vestiges apportés de l’intérieur comme de l’extérieur de l’endos. Le site est réoccupé à partir de La Tène D2 par des aménagements ponctuels établis sur l’enclos et ses abords immédiats (phase le). Des structures de combustion semblent préfigurer les foyers centraux des deux sanctuaires établis à l’époque augustéenne (phase II). Ces deux cellae sont rebâties en maçonnerie sous Tibère-Claude et entourées d’un vaste péribole (phase III). L’ensemble subit des transformations importantes dans la première moitié du iie s. (phase IVa). L’une des cellae est transformée en fanum par l’adjonction d’un podium et d’une galerie périphérique ; la fosse centrale du sanctuaire gaulois est curée et entourée d’une structure qui évoque un triclinium et le péribole s’enrichit d’une galerie et d’un bâtiment d’accès. Une ultime campagne de construction permet d’établir un nouveau bâtiment carré au centre de l’aire cultuelle (phase IVc). La longue décadence du sanctuaire de Bennecourt débute à la fin du iiie s. (phase V). La multiplication des structures parasites dans la galerie du fanum précède la chute des toitures puis la ruine des maçonneries vers 350. À l’époque Valentinienne, la récupération des matériaux s’organise mais des dépôts ponctuels de monnaie ou de petits objets de parure se poursuivent. L’ultime témoignage recueilli sur le site est une monnaie de la période 383-387.
The Butte du Moulin à vent site in Bennecourt (Yvelines) was excavated in the course of a programmed operation from 1982 to 1988. The evolution of this site devoted to religious activity from the end of the 2nd century BC to the 4th century AD has been elucidated, despite the fact that part of the vestiges had been heavily razed.
Excepting three metallic objects dated to the transition between the first and the second Iron Age, the first occupation of the site dates do the La Tène C2/D1 period, when a small dug-out enclosure was built. The eastern end was not completed, and a vast pit in the middle was preceded by a excavated access path. This structure was covered later by a building supported by six pillars (phase la-d). The ditch, which was cleared out at least once, was filled in by heaps of vestiges brought from both inside and outside the enclosure.
The site was occupied again from the La Tène D2 period as attested by occasional improvements to the enclosure and its immediate surroundings (phase le). Structures used for combustion seem to prefigure the central foyers of the two sanctuaries established during the time of Augustus (phase II). These two cellae were rebuilt in masonry under Tiberius Claudius and surrounded by a vast peribolus (phase III).
The site as a whole was significantly transformed in the first half of the 2nd century (phase IV). One of the cellae was turned into a fanum by adding a podium and a peripheral gallery; the central pit of the Gallic sanctuary was scraped out and surrounded by a structure that is reminiscent of a triclinium, and the peribolus was enriched by a gallery and an access building. A new square building was put up in the middle of the cult area during a final round of construction (phase IVc).
The long decline of the Bennecourt sanctuary began at the end of the 3rd century (phase V). The multiplication of miscellaneous structures in the gallery of the fanum came first, then the roofs caved in and the mansonry fell to ruins around 350 AD. During the Valentinian epoch the recovery of materials began to be organised, but coins or small ornaments continued to be deposited from time to time. The latest evidence found at the site is a coin dating from 383-387.
Die Grabungsstätte der Butte du Moulin à Vent in Bennecourt (Yvelines) ist von 1982 bis 1988 Objekt einer programmierten Ausgrabung gewesen. Die Entwicklung dieser Kultstätte vom Ende des 2 Jh.v. Chr. bis in das 4 Jh.n. Chr. konnte trotz der starken Abtragung eines Teils der Mauerreste aufgezeigt werden.
Abgesehen von drei Metallgegenständen, die in die Zeit zwischen dem ersten und zweiten Eisenzeitalter (Hallstatt/Latene) datiert wurden, beginnt die Besiedlung des Ortes in der Latenezeit (C2/D1) mit einer kleinen, mit Gräben versehenen Einfriedung, die im Osten unterbrochen ist. In ihrem Zentrum befindet sich eine grosse Grube mit einem ausgeschachteten Zugang. In der zweiten Phase wird diese Struktur von einem von sechs Pfosten getragenen Gebäude überdacht (Phase la-d). Der Graben, der mindestens einmal gereinigt worden ist, wird durch Mauerreste aufgefüllt, die aus Bereichen innerhalb und ausserhalb der Einfreidung stammen. Die Stätte wird seit der Latene D2 Periode in der Einfriedung und in den direkt angrenzenden Bereichen teilweise neu besiedelt (Phase Ie).
Verbrennungsstrukturen scheinen die zentralen Feuerstellen der zwei Heiligtümer der augusteischen Zeit (Phase II) anzukündigen. Die beiden cellae werden unter Tiberius oder Claudius aus Stein wiederaufgebaut und von einem weiträumigen Peribolos umgeben (Phase III). In der ersten Hälfte des 2 Jh. werden an dem Bau wichtige Veränderungen vorgenommen (Phase IVa). Eine der beiden cellae wird durch den Bau eines Podiums und einer umlaufenden Galerie in ein fanum umgestaltet. Die zentrale Grube wird gereinigt und von einer Struktur, die an ein triclinium erinnert, umgeben. Der Peribolos wird durch eine Galerie und einen Vorraum bereichert. In der letzten Bauphase wird im Zentrum der Kultstätte ein quadratischer Bau errichtet (Phase IVc).
Der langsame Verfall des Kultbaus von Bennecourt beginnt Ende des 3 Jh. (Phase V). Im fanum vervielfachen sich zuerst die parasitäre Strukturen, dann, gegen 350 verfallen das Dach und die Mauern. In der Zeit des Kaisers Valentinianus werden die Materialien systematisch zur Wiederverwertung abgebaut. Gelegentliche Münzdepots oder Depots von kleinen Wertgegenständen oder Schmuck gibt es aber auch weiterhin. Eine Münze aus der Zeit zwischen 383 und 387 ist das jüngste Zeugnis, das an diesem Ort gefunden wurde.
Texte intégral
1Le sanctuaire de La Butte du Moulin à Vent est établi à la limite des communes de Bennecourt et de Limetz-Villez (Yvelines)1, au sommet d’un promontoire crayeux orienté N-O/S-E (fig. 1). Il est implanté sur des argiles de décalcification renfermant des résidus de formations tertiaires. À l’est du site, l’actuelle lisière forestière marque l’apparition du placage de cailloux émoussés qui distingue les alluvions de très haut niveau jalonnant un ancien cours de la Seine (P2). La situation dominante du sanctuaire (altitude comprise entre 100 et 106 m ngf) est illustrée par les coupes présentées dans la figure 139. Depuis les temples, la vue s’étend, à l’est sur la boucle de Moisson, au sud sur le plateau du Mantois et à l’ouest sur l’embouchure de l’Epte.

FIG. 1 – Localisation et environnement du sanctuaire de Bennecourt.
2L’existence d’un site archéologique au sommet de cette colline était connue depuis longtemps des habitants de Limetz-Villez, mais les vestiges apparents étaient identifiés à ceux de l’ancien moulin à vent, qui s’élevait en réalité plus au sud. La campagne de sondages effectuée en 1982, puis l’opération de fouille programmée réalisée de 1983 à 1988 ont permis de reconnaître à cet emplacement les structures d’un sanctuaire rural celto-romain. Les recherches ont été menées dans le cadre du service archéologique départemental des Yvelines, avec la collaboration du ministère de la Culture, de l’université de Paris I-Sorbonne, du GIS 72 du CNRS et de plusieurs associations locales (Amis de Carcaïus, CREDOP). L’environnement du site a été étudié dans le cadre de l’action thématique programmée du CNRS « Occupation du sol dans le nord-ouest de l’Île-de-France, ier siècle av. J.-C.–xe siècle de notre ère », qui s’est déroulée de 1986 à 19882.
3Si l’existence d’un microparcellaire, bordé d’arbustes et de tas d’épierrement a probablement assuré une bonne conservation des vestiges du sanctuaire jusqu’au remembrement réalisé il y a trois décennies, les labours profonds effectués sur l’ensemble du site depuis quelques années ont entraîné une destruction rapide des niveaux archéologiques. Les tests réalisés sur le portique J montrent qu’aujourd’hui une intervention archéologique sur le site ne livrerait pratiquement plus aucune trace d’occupation gallo-romaine. Lors d’un sondage réalisé en 1982, ce vaste bâtiment était conservé en élévation sur deux assises ; les sols et les éboulis de toiture qui les surmontaient étaient encore en place. Lors de la fouille en aire ouverte effectuée l’année suivante, seuls les niveaux de fondation et des bribes de sols subsistaient. Une vérification effectuée en 1988 a montré que le bâtiment avait totalement disparu. Le tracé du péribole, principalement étudié au cours de la même campagne, apparaît donc extrêmement lacunaire. Les temples et leurs abords ont par contre largement échappé à cette érosion : d’épais remblais de matériaux de construction sont venus protéger les structures conservées et leur emprise a été en grande partie gelée dès le début des travaux. La conservation très variable des structures gallo-romaines à leur découverte pose évidemment des problèmes d’interprétation, en particulier lorsqu’il s’agit de comparer les occupations tardives associées à chaque bâtiment.
4Les informations fournies par la prospection au sol et une campagne de détection électrique réalisée par Daniel Giganon (CEA Saclay) ont permis l’implantation de zones de fouille en aire ouverte et de tranchées (fig. 2). Les décapages mécaniques ont été limités, afin de préserver les aménagements tardifs situés au niveau des labours et les rares vestiges non perturbés de certaines structures très dégradées. Deux aspects souvent négligés lors des fouilles de sanctuaires ont fait l’objet d’une attention particulière :
– l’analyse des occupations parasites du Bas-Empire et des conditions d’abandon du site ;
– la reconnaissance des systèmes de circulation qui se sont succédé à l’intérieur du péribole.

FIG. 2 – Plan général du sanctuaire : implantation des zones fouillées. Trame grise : zone de fouille ; traits gras et lettres : structures.
5Le remplissage du fossé laténien, d’une teinte uniformément rousse, nous a posé de constants problèmes de lecture, particulièrement en planimétrie. Les niveaux n’ont pu être différenciés que par la charge plus ou moins importante du sédiment en rognons de silex et en blocs de craie et par le pendage des vestiges étalés à leur contact. Le prélèvement de l’abondant mobilier contenu dans les niveaux supérieurs de ce remplissage a été effectué au moyen de deux techniques successives. Les vestiges de la face nord de l’enclos ont fait l’objet de relevés en trois dimensions. Il est alors apparu que le matériel contenu dans le comblement ne présentait aucun caractère organisé. Un enregistrement plus léger du mobilier par couche et passes mécaniques successives à l’intérieur d’un carroyage métrique a en conséquence été adopté. Ces passes mécaniques permettaient un dégagement maximal des vestiges, destiné à révéler d’exceptionnelles connections osseuses (deux cas sur plusieurs dizaines de milliers de restes) et à prélever globalement des objets fragmentés sur place. Ce système a permis de réaliser des cartes de densité et de remontages pour l’ensemble du fossé (fig. 12-16). Il présentait quelques inconvénients, en particulier l’impossibilité de préciser, pour les pièces osseuses dont une seule face portait des traces d’altération à l’atmosphère, si cette atteinte était antérieure ou postérieure au dépôt dans le fossé. L’absence de tout point d’eau dans un rayon de plusieurs kilomètres a rendu impraticable le tamisage systématique des sédiments. Des prélèvements ponctuels ont toutefois été traités.
6Cette monographie du sanctuaire de Bennecourt comporte trois grands volets : une description des structures et de la stratigraphie du site, un inventaire du mobilier et une synthèse s’ouvrant plus largement sur les problèmes cultuels et l’espace régional. Les structures et la stratigraphie sont présentées par phase, chaque descriptif étant suivi d’un essai de datation. Les codes désignant les différents types de témoignages archéologiques ont été simplifiés pour la publication afin d’en faciliter la lecture. L’histoire du site a été découpée en six phases numérotées de I à VI. Ces phases sont elles-mêmes subdivisées en trente-six séquences, dont la numérotation en chiffres arabes suit un ordre chronologique. Les structures sont identifiées par une lettre capitale, suivie d’un chiffre lorsqu’elles ont fait l’objet de reconstructions successives sur un même emplacement. Les numéros de faits attribués pendant la fouille aux ensembles d’unités stratigraphiques n’ont pas été retenus dans le descriptif afin de faciliter une lecture parallèle de la description stratigraphique et de l’inventaire du mobilier. Nous avons enfin pris le parti de ne pas multiplier les coupes qui fournissent des images précises mais ponctuelles de la stratification, pour présenter un diagramme stratigraphique simplifié de chaque phase. Ces tableaux signalent les unités stratigraphiques ayant fourni du mobilier datant. La numérotation continue des objets adoptée pour le catalogue du mobilier correspond à celle des illustrations ; elle figure entre crochets lorsque les objets n’ont pas été dessinés. Les codes fournis au terme de chaque notice précisent successivement la séquence et l’unité stratigraphique dont provient la pièce. Seules la céramique et la faune gallo-romaines n’ont été abordées qu’à travers un échantillonnage d’ensembles homogènes. Les autres types de mobilier ont donné lieu à une présentation exhaustive. La synthèse qui clôt le volume permet de tenter une interprétation globale des structures qui se sont succédé pendant plus d’un demi-millénaire sur La Butte du Moulin à Vent, d’analyser la composition des ensembles mobiliers, puis de replacer ce petit sanctuaire rural dans son environnement antique.
Notes de bas de page
1 Localisation du site : commune de Bennecourt, cadastre révisé en 1979, section ZI, parcelles 1 à 6 et 12.
Commune de Limetz-Villez, cadastre révisé en 1966, section ZK, parcelles 142-144. Coordonnées Lambert du centre du site (zone I) : x = 544,2 ; y = 1151,25.
2 La direction du chantier a été assurée par l’auteur de ces lignes, avec la collaboration de Pierre-Jean Trombetta et Pierre Thion, ingénieurs de recherche à la sous-direction de l’Archéologie (1982), Yvan Barat, archéologue au service archéologique départemental des Yvelines (1983- 1988), François Blary, archéologue municipal de Château-Thierry (1986), Pierre Pallier (1986-1988), Nadine Dieudonné-Glad, maître de conférences à l’université de Poitiers (1987) et Nathalie Tomic (1988).
La restauration du mobilier métallique a été réalisée par Silvia Pain (service archéologique départemental des Yvelines), Hélène Meyer (Musée archéologique départemental du Val-d’Oise), Catherine Lamarche, Frédérique Fromentin.
D’autre part, Herveline Delhumeau, Isabelle Labouré, Hélène Scour, Brigitte Van Ossel, Yvan Barat, Gilles Billard et Jean-Claude Vaysse ont contribué à l’illustration du mobilier et Philippe Poirier au montage des planches.
Auteur
Maître de conférences à l’université de Poitiers
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