320 La notion d’« environnement », en elle-même polysémique, se limite ici à cette « partie » de la nature qui est l’objet direct des pratiques techniques et industrielles, mais aussi des pratiques de loisirs d’une société donnée et des individus qui la composent. Mais la notion peut être entendue en un sens plus large comme l’ensemble des composants naturels, physiques, chimiques, biologiques, du milieu terrestre. Il est évident que la frontière entre les deux « environnements » est relativement arbitraire, puisqu’un environnement social communique avec l’environnement planétaire et réciproquement.
321 Voir Georges Chapouthier, Les droits de l’animal, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1992, et Georges Chapouthier et Jean-Claude Nouet (dir.), Les droits de l’animal aujourd’hui, Condé-sur-Noireau, Arléa-Corlet, 1997. Voir aussi, Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, L’éthique animale, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2011, et Alan Dershowitz, Rights from Wrongs. A Secular Theory of the Origins of Rights, New York, Basic Books, 2004.
322 Il nous paraît particulièrement pertinent que Holmes Rolston reconnaisse et argumente que les organismes vivants individuels porteurs de valeurs pour elles-mêmes sont des « soi » (selves) et non des Moi (egos) (cité par Catherine Larrère, Les philosophies de l’environnement, op. cit. : 30).
323 Jean-Yves Goffi , « Droits des animaux et libération animale », in Boris Cyrulnik (dir.), Si les lions pouvaient parler. Essai sur la condition animale, Paris, Gallimard, 1998 : 897-902, ici 902.
324 Nous retrouvons ici la question posée à Hans Jonas sur le caractère non immédiat mais médiatisé de notre rapport à la valeur morale de la vie humaine.
325 Une analogie logiquement fondée suppose un minimum d’identité générale et une différence spécifique indubitable. D’où l’antispécisme des courants radicaux du droit animal (Peter Singer, La libération animale, traduction Louise Rousselle, Paris, Grasset, 1993 [1975]) refusant que le concept d’espèce soit un critère pertinent pour juger du « droit » animal. La différence spécifique éloignerait évidemment du droit « proprement dit » les animaux et davantage encore les végétaux. Le « spécisme » y est envisagé seulement comme une idéologie justifiant que l’on refuse des droits au sens strict et spécifique aux animaux et cette idéologie y est assimilée (sans plus de souci de la différence spécifique) au racisme et au sexisme.
326 Michel Serres, Le contrat naturel, Paris, François Bourin, 1990.
327 Ibid. : 67.
328 Ibid. : 83.
329 Ibid.
330 Ibid.
331 Les textes de Serres sur le fondement intensément affectif du contrat et son éloge lyrique sont irrécusables ; aussi, affirmer que « Michel Serres fait appel aux savants comme porte-parole de la nature [et que] l’éthique dont il se réclame est celle du contrat, une éthique juridique et politique, dont le noyau rationnel se trouve dans les rapports que les hommes entretiennent entre eux » (Catherine Larrère et Raphaël Larrère, Du bon usage de la nature, Paris, Aubier, 1997 : 231) nous semble étonnamment inexact.
332 Luc Ferry, Le nouvel ordre écologique : l’arbre, l’animal et l’homme, Paris, Librairie générale française, coll. « Livre de poche », 1998 [1992].
333 Arne Næss, Écologie, communauté et style de vie, traduction Charles Ruelle, Paris, Éditions MF, 2008 : 75.
334 Luc Ferry, Le nouvel ordre écologique, op. cit. : 198.
335 Ibid.
336 La croissance démographique a eu pour effet une véritable invasion de la nature par la présence humaine. Cette omniprésence de l’homme et de ses fins dans la nature constitue bien une « humanisation de la nature » de caractère démesuré.
337 Ibid. : 198.
338 Ibid.
339 Ibid.
340 Tom Regan dans Les droits des animaux (traduction Enrique Utria, Paris, Hermann, 2012 [1983]) veut se montrer le plus radical, en mettant en cause toute exploitation de l’animal en situation de souffrance (élevage à finalité commerciale, consommation de viande, laboratoires, etc.).
341 Ce que Hans Jonas lui-même admet.
342 J. Baird Callicott, « Animal liberation and environmental ethics », in In Defense of the Land Ethic. Essays in Environmental Philosophy, Albany, State University of New York Press, 1989 : 15-59. J. Baird Callicott est parti des thèses d’Aldo Leopold (Almanach d’un comté des sables, traduction Anna Gibson, Paris, Aubier, 1993 [1949]) sur l’éthique environnementale, comme éthique d’une communauté biotiquement centrée (biocentrisme).
343 Tandis que le « spécisme » serait une discrimination des espèces en fonction de leurs valeurs pour l’homme, l’« antispécisme » étend donc le principe de l’égalité de valeur et de droit à l’ensemble de la biosphère dont l’homme n’est qu’une partie, sans privilège spécifique aucun. Voir Peter Singer La libération animale, op. cit.
344 Luc Ferry, Le nouvel ordre écologique, op. cit . : 199.
345 Ibid.
346 Notamment dans La nature. Notes de cours au Collège de France, Paris, Seuil, coll. « Traces écrites », 1995.
347 Voir Catherine Larrère, Les philosophies de l’environnement, op. cit. : 16-17, 38, 105.
348 Continuité éthologique rendant infondée l’imposition du végétarisme absolu laissé au contraire au libre choix de chacun, de même qu’infondée toute interdiction absolue d’exploitation animale.
349 Emmanuel Kant, « De la typique de la raison pure pratique », in Critique de la raison pratique, traduction Jean-Pierre Fussler, Paris, Flammarion, coll. « GF », 2003 : 174-179.
350 Rappelons qu’« éthique » est formé sur le mot grec ethos, signifiant à la fois « habitat » (dans l’espace) et « habitudes ou mœurs» (dans le temps).
351 Le « respect » moral étant un sentiment et un mobile relevant de la « moralité » subjective et intersubjective.
352 « Prendre la nature comme type » ce n’est donc pas « prendre la nature pour guide », cette dernière expression relevant traditionnellement d’un naturalisme mimétique de la nature excluant toute construction autonome de nos règles en situation de perte des repères instinctuels qui est la nôtre.
353 Indépendamment du « matérialisme méthodologique » de l’auteur qui nous semble ne caractériser que la démarche scientifique stricto sensu, nous pouvons adhérer à la formulation qu’en donne Gilbert Hottois : « l’anthropocentrisme méthodologique est réflexif. Cette réflexivité implique que la valeur accordée aux humains dépend aussi des humains » (Technoscience et sagesse ? Nantes, Éditions Pleins Feux, 2002 : 55).
354 Pour cette raison elle cherche à étendre, comme l’ont fait dans leurs éthiques biocentriques Paul Taylor et Holmes Rolston, des schèmes d’origine kantienne décentrés sur la nature, mais en partant du thème de la moralité subjective (Moralität). Elle le fait toutefois de telle sorte qu’elle puisse mener à la construction d’une éthique communautaire (Sittlichkeit). À l’inverse, l’écocentrisme d’Aldo Léopold et de J. Baird Callicot part du sentiment d’appartenance à une communauté vivante, et non de la moralité anthropocentrée.
355 Voir Frédéric Vandenberghe, Complexités du posthumanisme. Trois essais dialectiques sur la sociologie de Bruno Latour, op. cit. : 133 : « […] si nous voulons sauvegarder malgré tout l’idée d’humanitas et assurer le futur de l’humanité, il me semble que nous devons réinventer la nature et la réintroduire en tant que convention normative qui fixe des limites à sa reconstruction » (nous soulignons).
356 Nous avons vu que c’est sur cette communauté d’intérêts et d’utilités que se fondent, après Jeremy Bentham (An Introduction to the Principles of Morals and Legislation, Londres, T. Payne, 1789), Peter Singer et Tom Regan.
357 L’antispécisme étant, comme nous l’avons souligné plus haut, confronté à nombre d’incohérences théoriques (impossible de ne pas tenir compte du concept d’espèce pour déterminer une éthique) et pratiques (impossible de ne pas tenir compte de la différence spécifique entre animal et végétal dans les prescriptions alimentaires).