6 Concept proposé par ces deux auteurs dans Autopoiesis. The Organization of the Living [traduction de l’ouvrage publié en 1972 au Chili sous le titre De Máquinas y Seres Vivos], repris in Humberto Maturana et Francisco Varela, Autopoiesis and Cognition: The Realization of the Living, Dordrecht/Boston, Reidel, 1980 : 63-135.
7 Leur historia peri phuseos (recherche au sujet de la nature) concernait successivement l’origine de l’univers, de l’humanité et la société politique.
8 Gilbert Hottois, Simondon et la philosophie de la « culture technique », Bruxelles, De Boeck université, 1993 : 32. Voir aussi l’article « Agnosticisme et transcendance » dans le volume Essais de philosophie bioéthique et biopolitique, Paris, Vrin, 1999 : 176-177.
9 Gilbert Hottois, « Y a-t-il une philosophie de la technique ? », in Thomas Ferenczi (dir.), Penser la technique, Paris, Complexe, 2001 : 27-46, ici 41.
10 Pour plus de développements nous renvoyons à La dialectique réflexive, seconde partie, chap. 1, section 3 « Totalités “panistiques” et totalités “holistiques” en physique et en biologie », Lille, Presses universitaires du Septentrion, 2006 : 73-82.
11 Sur l’abandon du « principe d’analyse » en raison de la « non-localité » en physique quantique voir Bernard d’Espagnat, Traité de physique et de philosophie, Paris, Fayard, 2002 : 96-103.
12 Jean-Paul Sartre, Critique de la raison dialectique, réédition Paris, Gallimard, 1985 [1960], t. I : 152-153, note.
13 Francisco Varela, Autonomie et connaissance : essai sur le vivant, traduction Paul Bourgine et Paul Dumouchel, Paris, Seuil, 1989. Voir aussi Francisco Varela, « The naturalization of phenomenology as the transcendence of nature », Alter, no 5, 1997 : 355-385. Voir aussi Francisco Varela, Evan Thompson et Eleanor Rosch, L’inscription corporelle de l’esprit : sciences cognitives et expérience humaine, Paris, Seuil, 1993.
14 Voir Henri Atlan : « […] la quantité d’information d’un système mesure le degré d’improbabilité que l’assemblage de ses différents composants [en raison de leur variété intégrée] soit le résultat du hasard » (« Du bruit comme principe d’autoorganisation », L’événement, no 18 de Communications, 1972 : 21-36 ici 26).
15 Stéphane Lupasco, L’univers psychique, Paris, Denoël/Gonthier, 1979.
16 Ibid. : 12.
17 Ibid.
18 Gilbert Simondon, L’individu et sa genèse physico-biologique, Paris, PUF, 1964. L’auteur (1924-1989) considère comme paradigmatique l’expérience des phénomènes de cristallogenèse auxquels il emprunte des concepts rendus transdisciplinaires : germe et métastabilité, transduction, inducteur d’organisation et de tension énergétique ; plus généralement « les transitions de phase d’équilibre » ; la notion de résonance interne du système faisant que le local (micro) retentit sur le global (macro) et réciproquement.
19 Gilbert Simondon, L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information, Grenoble, Jérôme Millon, 2005 : 31.
20 Gilbert Simondon, L’individu et sa genèse physico-biologique, op. cit. : 21.
21 Ibid. : 20.
22 Ibid.
23 Ibid. : 16. Voir aussi L’individuation psychique et collective, Paris, Aubier, 1989 : 15 : « […] la réalité est primitivement, en elle-même, comme la solution sursaturée et plus complètement encore dans le régime préindividuel, plus qu’unité et plus qu’identité […] » (souligné par l’auteur). On notera que l’analogie avec la sursaturation est empruntée à la phénoménologie chimique.
24 Première sphère de la logique dialectique, la seconde étant « l’essence » et la troisième « le concept » proprement dit.
25 Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Science de la logique, t. I, Livre II, La doctrine de l’essence, traduction Pierre-Jean Labarrière et Gwendoline Jarczyk, Paris, Aubier, 1982.
26 Gilbert Simondon, L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information, op. cit. : 32. On saisit que le modèle analogique de cette définition est celui de la cristallogenèse.
27 Le modèle dit « standard » de la cosmologie est celui qui décrit de la manière la plus communément acceptée aujourd’hui les premières étapes de l’histoire de l’univers compte tenu des données récentes de l’astronomie et de la physique des particules. Un livre a été publié toutefois par des astronomes proposant une autre vision de la théorie cosmologique standard : Fred Hoyle, Geoffrey Burbidge, Jayant V. Narlikar, A Different Approach to Cosmology, Cambridge, Cambridge University Press, 2000. Einstein lui-même, qui fut l’initiateur de la cosmologie moderne dérivant de la théorie relativiste de la gravitation, fut d’abord très réticent vis-à-vis du modèle de « l’explosion initiale », proposé par Georges Lemaître.
28 Les savants Steven Weinberg et Abdus Salam ont associé en 1967-1968 l’électromagnétisme et l’interaction faible dans la théorie synthétique électrofaible, expérimentalement confortée.
29 Notons que le « fondamental » en physique, contrairement à ce que le terme suggère d’ultime et de stabilité absolue, n’a au contraire cessé d’évoluer et de se déstabiliser. Or cette instabilité en réseau et cette interconnexion dynamique sont les traits fondamentaux de la réalité physique dans la perspective de la science actuelle qui, en ce sens, a toutes les chances de demeurer « fondamentale » dans l’avenir.
30 Voir Pierre Curie : « C’est la dissymétrie qui crée le phénomène » (« Sur la symétrie dans les phénomènes physiques » [1894], in Œuvres de Pierre Curie, Paris, Éditions des Archives contemporaines, 1984 : 127). La pure symétrie ou équivalence est celle du premier moment des virtualités de départ ; la dissymétrie est entraînée par le fait qu’une force s’actualise au détriment de l’autre, en la dominant : elles ne sont dès lors plus symétriques dans leur réflexion, mais en conflit avec dominante.
31 Edgar Morin, Mes philosophes, Paris, Germina, 2011 : 28.
32 Gilbert Simondon, L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information, op. cit. : 67.
33 Pascal Chabot, La philosophie de Simondon, Paris, Vrin, 2003 : 87.
34 Voir Anaximandre, Fragments, in Jean-Paul Dumont (éd.), Les présocratiques, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1988 : 39 : « l’élément qui engendre ». Le cosmos « pousse » à la manière d’un végétal, à partir d’une graine secrétée par la matière primordiale.
35 Conventionnellement nommée « big bang ».
36 On pourrait voir là une nouvelle « correspondance », non plus avec le gonimon d’Anaximandre, mais avec le Dionysos de Nietzsche. Ce qui fait l’ambivalence « tragique » de Dionysos, ce sont les deux faces de ses forces : forces joyeusement fécondantes et pulsives d’un côté (voir le gonimon d’Anaximandre), qui vont donner lieu aux informations apolliniennes, et forces de dissociation, de démembrement et d’horrible dilacération de l’autre, dont le résultat est l’informe, l’absence de forme. La « belle humeur » (Heiterkeit) de la sagesse dionysiaque est de comprendre et d’accepter le jeu de la domination en alternance de ces forces.
37 Héraclite, Fragment 22 B 123, Diels-Kranz.
38 Gilbert Simondon, L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information, op. cit., Conclusion : 318. Le schéma hylémorphique aristotélicien de l’individuation n’admettait qu’une seule forme actuelle du composé et non pas, en elle, une virtualité d’autres formes multiphasées, thèse ontologique pluraliste également impliquée par la dialectique naturelle.
39 Voir plus haut, nos notes sur la remarque de Pascal Chabot.
40 Nous renvoyons à notre ouvrage Analogie de l’être et attribution du sens, Première Partie : « Onto-théologie et théo-ontologie », Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2013 : 21-42.
41 Ibid. : 323.
42 Friedrich Engels, Dialectique de la nature, traduction Émile Bottigelli, Paris, Éditions sociales, 1975 : 33.
43 Ibid. : 278-279.
44 Ibid. : 34-35. Engels fait allusion à la Théorie du Ciel de Kant, éditée en 1755.
45 Nous résumons ici notre discussion d’une dialectique matérialiste de la nature développée dans La dialectique réflexive, op. cit. : 86-91.
46 Ce constructivisme contredit la thèse réaliste de Galilée selon laquelle le livre de la nature est écrit par Dieu : « la langue de ce livre est mathématique » (Galileo Galilei, L’essayeur, traduction Christiane Chauviré, Paris, Belles Lettres, 1980 : 232). Dieu a manifesté sa vérité dans deux livres, celui de la Bible pour les non-savants, et celui de la nature, pour les savants en philosophie naturelle.
47 Ce constructivisme dialectique a été initié par Jean Piaget ; voir Jean Piaget (dir.), Logique et connaissance scientifique, Paris, Gallimard, coll. « Encyclopédie de la Pléiade », 1967. Sur l’épistémologie constructiviste, voir Jean-Louis Le Moigne, Le constructivisme, Paris, L’Harmattan, 3 volumes, 2001-2003.
48 Il est vrai qu’Ernst Bloch, en référence à Spinoza et à Marx, a construit un « matérialisme théologique » (natura sive deus) conférant à l’absolu matériel un être-pour-soi contrarié par son être-hors-de-soi, et mobilisant l’actualisation de ses potentialités et de son « non-encore-être ». Voir Ernst Bloch, L’athéisme dans le christianisme, traduction Éliane Kaufholz et Gérard Raulet, Paris, Gallimard, 1978 [1968] : 286. Toutefois, même dans la « dialectique substantielle » blochienne, le sujet humanisant la nature et la nature naturalisant le sujet sont en permanence rapportés l’un à l’autre, voir Gérard Raulet, Humanisation de la nature et naturalisation de l’homme. Ernst Bloch ou le projet d’une autre rationalité, Paris, Klincksieck, 1982 : 188.
49 Notre « séisme » fonctionnel s’écarte par là du panpsychisme d’Hans Jonas pour lequel « l’empire de l’âme » s’étend à toute la nature (Évolution et liberté, Paris, Payot & Rivages, 2000 : 34).
50 Ludwig von Bertalanffy, Théorie générale des systèmes, traduction Jean-Benoist Chabrol, Paris, Dunod, 1973 [1968] : 220.
51 Ibid., chap. 10 : 243.
52 Gilbert Simondon, L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information, op. cit. : 307. Sur cette convergence entre von Bertalanffy et Simondon, voir l’article de Jean-Hugues Barthélémy, « Deux points d’actualité de Simondon », Revue philosophique de la France et de l’étranger, 2006/3, t. 131 : 299-310.
53 Francisco Varela, Autonomie et connaissance…, op. cit. : 217. Voir aussi « The naturalization of phenomenology as the transcendence of nature », art. cité. Les recherches de Varela s’inscrivent à l’origine dans la tradition de la seconde vague de la cybernétique inaugurée par Heinz von Foerster et introduisant le thème de l’auto-organisation et de l’intégration du « bruit » (du désordre) dans la transformation de l’auto-organisation selon le principe « order from noise », formulé dans « On self-organizing systems and their environments » (in Marshall C. Yovits et Scott Cameron [éd.], Self-Organizing Systems, New York, Pergamon Press, 1960 : 31-50).
54 Ernst Cassirer, Substanzbegriff und Funktionsbegriff. Untersuchungen über die Grundfragen der Erkenntniskritik, Berlin, 1910 ; Substance et fonction. Éléments pour une théorie du concept, traduction Pierre Caussat, Paris, Minuit, 1977.
55 Peter Sloterdijk, Règles pour le parc humain. Suivi de La domestication de l’être. Pour un éclaircissement de la clairière, traduction Olivier Mannoni, Paris, Éditions Mille et une nuits, 2000 : 38.
56 Traduction François Gantheret et Guy Lapassade, Revue française de psychanalyse, vol. 25, no 2, mars-avril 1961 : 243-279.
57 Voir en particulier son ouvrage Zoologie und das neue Bild des Menschen [La zoologie et la nouvelle image de l’homme], 1951. Adolf Portmann se situe dans le courant de l’anthropologie philosophique allemande des années 1920 (Scheler, Bolk, Plessner, Gehlen). Voir Gérald Berthoud et Giovani Busino (éd.), Animalité et humanité. Autour d’Adolf Portmann, no 115 de la Revue européenne des sciences sociales, t. 37, 1999. Voir aussi Jean-Claude Gens, Éléments pour une herméneutique de la nature, Paris, Cerf, 2008, chap. ii « L’herméneutique du vivant ».
58 La biologie du comportement signifiant de l’animal dans son milieu, nommée à présent éthologie, a été fondée par Jakob von Uexküll, introducteur de la notion d’Umwelt ou environnement animal spécifique dans son livre Mondes animaux et monde humain, traduction Philippe Muller, Paris, Gonthier, 1956 [1934].
59 Voir par exemple, Frederik Jacobus Buytendijk, Traité de psychologie animale, traduction Albert Frank-Duquesne, Paris, PUF, 1952 : 67.
60 Georg Wilhelm Friedrich Hegel, La philosophie de l’esprit, traduction Guy Planty-Bonjour, Paris, PUF, 1982 [1805-1806] : 13 (traduction modifiée).
61 Voir notre Dialectique réflexive, op. cit. : 183.
62 Interaction entre poussée phusique et environnement physique particulièrement bien décrite par Hans Jonas : « C’est un vouloir de dépassement de soi-même, mais qui n’a pas besoin d’être lié à un “savoir” et certainement pas à un savoir anticipatif ni à la représentation d’un but : mais bien à une capacité de discernement – de telle sorte que quand elle rencontre une configuration physique favorable la causalité n’est pas indifférente à son invitation, mais lui obéit préférentiellement et se glisse dans l’ouverture qui s’offre à elle […]. » (Le principe responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique, traduction Jean Greisch, Paris, Cerf, 1990 [1979] : 108)
63 Robert Spaemann, « Téléologie et téléonomie », in Michel Bastit et Jean-Jacques Wunenburger (dir.), La finalité en question, Paris, L’Harmattan, 2000 : 365-378, ici 377. Né en 1927, philosophe de la nature et théoricien de la moralité, l’auteur se situe dans un contexte de pensée néo-aristotélicien élaborant une philosophie néo-finaliste de la nature.
64 Ludwig von Bertalanffy, Théorie générale des systèmes, op. cit. : 196.
65 Heinz von Foerster, « On self-organizing systems and their environments », art. cité, passage cité et traduit par Edgar Morin dans « L’événement-sphinx », Communications, no 18, 1972 : 185. Voir les travaux d’Henri Atlan sur les mêmes propriétés in Entre le cristal et la fumée. Essai sur l’organisation du vivant, Paris, Seuil, 1979.
66 Henri Atlan, « Du bruit comme principe d’auto-organisation », art. cité : 35, nous soulignons.
67 Stéphane Lupasco, L’univers psychique, op. cit. : 15-16.
68 Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Encyclopédie des sciences philosophiques, Add. § 382, traduction Bernard Bourgeois, Paris, Vrin, 2004, t. III : 392 : « une indépendance à l’égard de l’autre conquise dans l’autre, […] la victoire sur lui » (nous soulignons).
69 Michael Denton, L’évolution a-t-elle un sens ?, Paris, Fayard, 1997 : 516, cité par Hervé Barreau, « Épistémologie et ontologie », Le Portique, no 7, 2001 : 10. Toutefois Michael Denton est partisan de la thèse du « dessein intelligent » qui renvoie la finalité interne du vivant à l’effet d’une finalité externe, divine et transcendante. C’est la faiblesse du courant américain dit du « dessein intelligent » de confondre à dessein, si l’on ose dire, épistémologie et théologie. Pour une analyse critique, voir Dominique Lecourt, L’Amérique entre la Bible et Darwin [1992]. Suivi de Intelligent design : science, morale et politique, Paris, PUF, coll. « Quadrige », 2007.
70 Peter Sloterdijk, Règles pour le parc humain…, op. cit. : 38.
71 Ibid. : 26.
72 Slavoj Žižek, Le sujet qui fâche, Paris, Flammarion, 2007.
73 Viktor von Weizsäcker (1886-1957) a construit une approche en termes de concepts pathiques de la relation du vivant avec sa maladie, impliquant la dualité entre pathos négatif (maladie qui affaiblit) et pathos positif (maladie qui renforce), non sans rapport avec la théorie nietzschéenne des deux santés.
74 Hans Jonas, Le phénomène de la vie. Vers une biologie philosophique, traduction Danielle Lories, Bruxelles, De Boeck université, 2001 : 63.
75 Jean Piveteau (dir.), Traité de paléontologie, t. VII, Vers la forme humaine, le problème biologique de l’homme, les époques de l’intelligence, Paris, Masson, 1957.