1 Voir The Invention of Africa: Gnosis, Philosophy and the Order of Knowledge, Bloomington, Indiana University Press, 1988.
2 Voir Pascal Blanchard, Gilles Boëtsch et Nanette Jacomijn Snoep (dir.), Exhibitions : l’invention du sauvage, Arles – Paris, Actes Sud – musée du quai Branly, 2012.
3 Voir notamment Rosa Luxembourg, L’accumulation du capital, traduction Irène Petit, 2 volumes, Paris, François Maspero, 1967.
4 Le Congo belge fut en effet d’abord la propriété du roi des Belges qui recourut à Stanley, un aventurier britannique, pour lui livrer, dans une sourde rivalité avec la France, son territoire. De ce point de vue, cette conquête, au-delà des intérêts économiques qu’elle mit en jeu, donna à voir la volonté singulière d’un souverain qui renforça à travers elle l’unité toute récente de la Belgique. Voir David Van Reybrouck, Congo : une histoire, traduction Isabelle Rosselin, Arles, Actes Sud, 2012.
5 Voir Jean-Pierre Dozon, Frères et sujets : la France et l’Afrique en perspective, Paris, Flammarion, 2003.
6 Voir Jean-Pierre Dozon, La cause des prophètes : politique et religion en Afrique contemporaine, Paris, Seuil, 1995.
7 Du côté français, ce délire fut explicitement reconnu par les autorités coloniales elles-mêmes, qui le nommèrent « soudanite », « congolite » ou « cancrelat colonial » ; il s’expliquait à leurs yeux par le climat délétère des tropiques, générant par ailleurs miasmes et fièvres mortifères.
8 Cette geste meurtrière inspira plusieurs livres et plusieurs films, notamment Le Grand Capitaine de Jacques-Francis Rolland (Paris, Grasset, 1976) et, récemment, le film Capitaines des ténèbres de Serge Moati (2005) qui en fit aussi un roman avec Yves Laurent (Paris, Fayard, 2006).
9 Joseph Conrad, Jeunesse ; suivi du Cœur des ténèbres, traduction G. Jean-Aubry et André Ruyters, Paris, Nouvelle revue française, 1925.
10 Ce texte de Conrad fut publié dans un recueil de nouvelles intitulé Youth en 1902, c’est-à-dire quelques années après que Voulet et son compagnon Chanoine commirent leurs raids sanglants.
11 Voir par exemple Ernest Psichari, Les voies qui crient dans le désert : souvenirs d’Afrique, Paris, L. Conard, 1920.
12 Voir Albert Schweitzer, À l’orée de la forêt vierge : récits et réflexions d’un médecin en Afrique équatoriale française, Paris, Albin Michel, 1952.
13 Voir Anne Piriou et Emmanuelle Sibeud (dir.), L’africanisme en questions, Paris, Centre d’études africaines – École des hautes études en sciences sociales, coll. « Dossiers africains », 1997.
14 Je pense tout particulièrement à l’ouvrage de Denise Paulme, Une société de Côte d’Ivoire hier et aujourd’hui : les Bété (Paris, Mouton, 1962), qui résulte d’un terrain réalisé peu avant l’indépendance de la Côte d’Ivoire par la célèbre ethnologue qui avait commencé sa carrière auprès de Marcel Griaule chez les Dogon dans les années 1930.
15 Voir Jean-Pierre Dozon, La société bété : histoires d’une ethnie de Côte-d’Ivoire, Paris – Bondy, Karthala – ORSTOM, 1985.
16 Mais dans les années 1970-1980 parurent les premières thèses d’ethnologues africains qui obéissaient aux mêmes règles de l’art. Par exemple, du côte francophone, on eut le remarquable travail de Abdoulaye-Bara Diop, La société wolof : les systèmes d’inégalité et de domination (Paris, Karthala, 1981), et celui de Harris Memel-Fotê, Le système politique de Lodjoukrou : une société lignagère à classes d’âge, Côte d’Ivoire, (Paris – Abidjan-Dakar-Lomé, Présence africaine – Nouvelles Éditions africaines, 1980).
17 Les géographes ont pris une large part au développement de l’africanisme savant depuis les années 1950. S’intéressant tout particulièrement aux paysanneries africaines, ils ont travaillé dans des termes similaires à la mise au jour des systèmes agraires traditionnels et de leurs transformations au cours de la période coloniale.
18 Maurice Delafosse (1870-1926), qui fut certainement le plus ancien et le plus prolixe des administrateurs africanistes français (il servit notamment en Côte d’Ivoire et au Sénégal), fut particulièrement soucieux que la colonisation française dont il était partie prenante ne bouleverse pas trop ce qu’il avait lui-même appelé les « civilisations négro-africaines » et dont il convenait de restituer toute la richesse à l’encontre des visions primitivistes qui en avaient trop souvent été données. À leur façon, les grands anthropologues britanniques Alfred Reginald Radcliffe-Brown et Daryll Forde, qui travaillaient pour le compte de l’administration coloniale et qui ont représenté des références intellectuelles majeures de l’africanisme savant, dirent quelque temps plus tard à peu près la même chose. Voir leur préface à African Systems of Kinship and Marriage, Londres, Oxford University Press, 1951.
19 Conduite par son chef de file, Max Gluckman, qui, d’origine sud-africaine, a réalisé de nombreuses études sur les dynamismes et les tensions au sein des sociétés d’Afrique du Sud.
20 Georges Balandier et son ami et collègue Paul Mercier, proches d’Alioune Diop, ont été partie prenante de la création de Présence africaine en 1947, ce qui témoignait de leur proximité avec les mouvements d’émancipation de l’après-guerre.
21 Voir Georges Balandier, « La situation coloniale : approche théorique », Cahiers internationaux de sociologie, no 11, 1951, p. 44-79.
22 Il convient de préciser que ces « commencements » s’inscrivirent eux-mêmes dans une certaine continuité : celle d’une Afrique médiévale qui participait depuis plusieurs siècles à une économie-monde transsaharienne et méditerranéenne, dont le commerce à longue distance avec le monde arabo-musulman, notamment avec les dynasties d’Espagne (sel, perles, fusils à poudre étaient tout spécialement échangés contre or, esclaves, ivoire, etc.), était l’une des principales composantes. Voir François-Xavier Fauvelle-Aymar, Le rhinocéros d’or : histoires du Moyen Âge africain, Paris, Alma, 2013.
23 Il a été estimé qu’à la fin du xviie siècle le trafic d’esclaves ne représentaient encore que la moitié des exportations africaines (l’or, en continuité avec l’économie-monde méditerranéenne, y occupant une place de premier plan). Un siècle plus tard, ce même trafic aurait représenté près de 90 % de ces exportations. Voir Olivier Pétré-Grenouilleau, Les traites négrières : essai d’histoire globale, Paris, Gallimard, coll. « Folio. Histoire », 2005.
24 Voir Claude Meillassoux, Anthropologie de l’esclavage : le ventre de fer et d’argent, Paris, PUF, 1986.
25 Voir notamment, Harris Memel-Fotê, L’esclavage dans les sociétés lignagères de la forêt ivoirienne (xviie-xxe siècle), Joseph Brunet-Jailly (éd.), Abidjan – Paris, CERAP – IRD, coll. « Œuvres complètes », 2007, ainsi que John K. Thornton, Africa and Africans in the Making of the Atlantic World, 1400-1680, Cambridge, Cambridge University Press, 1992.
26 Voir Paul E. Lovejoy, « La vie quotidienne en Afrique de l’Ouest au temps de la “route des esclaves” », Diogène, no 179, 1997, p. 3-19.
27 Voir Harris Memel-Fotê, « La fête de l’homme riche dans le golfe de Guinée au temps de l’esclavage, xviie-xixe siècles », Cahiers d’études africaines, vol. 33, no 131, 1993, p. 363-379.
28 Voir Jean-Pierre Dozon, Saint-Louis du Sénégal : palimpseste d’une ville, Paris, Karthala, 2012.
29 Par exemple, toute la Sénégambie connut du xvie au xixe siècle un état de guerre quasi permanent. Voir Boubacar Barry, La Sénégambie du xve au xixe siècle : traite négrière, islam et conquête coloniale, Paris, L’Harmattan, 1988.
30 Voir Philippe Beaujard, « Systèmes-mondes anciens. Processus de domination, de co-évolution et de résistance. L’exemple de la côte est-africaine avant le xviie siècle », Actuel Marx, no 53, 2013, p. 40-62.
31 Voir Shmuel N. Eisenstadt (dir.), Multiple Modernities, New Brunswick (NJ), Transaction Publishers, 2002.
32 Parmi les pays européens on comptait principalement le Portugal, l’Espagne, la Grande-Bretagne, la France, le Danemark et les Pays-Bas.
33 Quoique les Français aient promulgué l’abolition de l’esclavage sous la Convention en 1792, mais pour le rétablir sous le Consulat de Bonaparte, les Britanniques, portés par des sociétés de bienfaisance protestantes, furent les premiers à abolir les traites et l’esclavage en 1833.
34 Voir Bernard Schnapper, La politique et le commerce français dans le golfe de Guinée, de 1838 à 1871, Paris, Mouton, 1961.
35 Les lobbies coloniaux étaient en effet nombreux et hétéroclites, provenant aussi bien de milieux scientifiques et intellectuels (en France les saint-simoniens et d’autres courants socialistes furent particulièrement actifs, et partout en Europe les loges maçonniques ont pris une large part à la cause coloniale), de milieux économiques et militaires, que des diverses obédiences chrétiennes. Voir Jean-Pierre Dozon, Frères et sujets…, op.cit.
36 Voir au chapitre précédent la note 11.
37 Ce qui ne fut certainement pas une réussite puisque, au bout du compte, après plus d’un siècle de domination sur les affaires publiques et privées du Liberia, les descendants des Américano-Libériens furent avec une très grande brutalité chassés du pouvoir par des leaders de ceux qui se revendiquaient autochtones, et le pays entra dans une période de sanglante guerre civile. Voir Stephen Ellis, The Mask of Anarchy: The Destruction of Liberia and the Religious Dimension of an African Civil War, New York, New York University Press, 2001.
38 Un processus qui avait cependant été amorcé sous la forme d’un peuplement européen dans la colonie du Cap en Afrique australe (composé principalement de Hollandais, puis des Français protestants) au cours de la deuxième moitié du xviie siècle.
39 Voir Françoise Vergès, Abolir l’esclavage : une utopie coloniale. Les ambiguïtés d’une politique humanitaire, Paris, Albin Michel, 2001.
40 Voir Michael Barnett, Empire of Humanity: A History of Humanitarianism, Ithaca – Londres, Cornell University Press, 2011.
41 Il s’agit en effet d’une ancienne thématique médiévale suivant laquelle l’Afrique serait maudite parce qu’elle aurait accueilli les descendants de Cham, le fils que Noé est réputé avoir lui-même maudit parce qu’il n’a pas détourné son regard face à sa nudité.
42 Voir notamment Carole Reynaud Paligot, La République raciale : paradigme racial et idéologie républicaine, 1860-1930, Paris, PUF, 2006.
43 Franc-maçon, il était par ailleurs membre de la Société des amis des noirs et des colonies. Voir Victor Schœlcher, Abolition de l’esclavage : examen critique du préjugé contre la couleur des Africains et des sang-mêlés, Paris, Pagnerre, 1840.
44 Voir Jean-Pierre Dozon, « D’un tombeau l’autre », Cahiers d’études africaines, vol. XXXI-1-2, no 121-122, 1991, p. 135-157.
45 Voir Denise Bouche, Les villages de liberté en Afrique noire française : 1887-1910, Paris – La Haye, Mouton, 1968.
46 Voir Georges Deherme, L’Afrique occidentale française : action politique, action économique, action sociale, Paris, Bloud, 1908.
47 Voir par exemple : Marc Ferro (dir.), Le livre noir du colonialisme, xvie-xxe siècle : de l’extermination à la repentance, Paris, Robert Laffont, 2003 et Mike Davis, Génocides tropicaux : catastrophes naturelles et famines coloniales, 1870-1900. Aux origines du sous-développement, traduction Marc Saint-Upéry, Paris, La Découverte, 2003.
48 Voir Patrick Royer, « La guerre coloniale du Bani-Volta : 1915-1916 (Burkina-Faso, Mali) », Autrepart, no 26, 2003, p. 35-51.
49 Voir Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, Paris, Réclame, 1950.
50 Voir Achille Mbembe, De la postcolonie : essai sur l’imagination politique dans l’Afrique contemporaine, Paris, Karthala, 2000.
51 Il faut rappeler que, à la suite du traité de Versailles en 1919, l’Allemagne perdit toutes ses colonies, lesquelles – Cameroun, Togo, Tanganyika (actuelle Tanzanie), et Sud-Ouest africain (actuelle Namibie) – furent confiées en tutelle, au nom de la SDN, à la France et à la Grande-Bretagne.
52 Voir Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Françoise Vergès, La République coloniale : essai sur une utopie, Paris, Albin Michel, 2003.
53 Ces localités, spécialement les trois premières, avaient déjà une très longue histoire coloniale. Voir Jean-Pierre Dozon, Saint-Louis du Sénégal…, op. cit.
54 Voir Jean-Pierre Dozon, Frères et sujets…, op. cit.
55 Voir Albert Sarraut, La mise en valeur des colonies françaises, Paris, Payot, 1923.
56 Les quelques endroits où il y eut des phénomènes de peuplement européen, comme en Afrique australe, au Kenya, au Congo belge, ou dans les colonies portugaises, la séparation de jure se manifesta encore davantage.
57 Voir William B. Cohen, Empereurs sans sceptre : histoire des administrateurs de la France d’outre-mer et de l’École coloniale, traduction Louis de Lesseps et Camille Garnier, Paris, Berger-Levrault, 1973.
58 Voir Jean Bazin et Emmanuel Terray (dir.), Guerres de lignages et guerres d’États en Afrique, Paris, Éditions des Archives contemporaines, coll. « Ordres sociaux », 1982.
59 Des monnaies ont ainsi présidé avant les colonisations à de véritables économies politiques régionales, telles que la monnaie de sel, de cauris, de manilles, etc.
60 Voir Claude Meillassoux (dir.), L’évolution du commerce africain depuis le xixe siècle en Afrique de l’Ouest, Londres, Oxford University Press, 1971.
61 Voir notamment Catherine Coquery-Vidrovitch, Le Congo au temps des grandes compagnies concessionnaires : 1898-1930, Paris – La Haye, Mouton, 1972, et Georges Dupré, Un ordre et sa destruction, Paris, Éditions de l’ORSTOM, coll. « Mémoires », no 93, 1982.
62 Les premières campagnes de vaccination ont été les campagnes antivarioliques.
63 Voir Paul E. Lovejoy (dir.), The Ideology of Slavery in Africa, Beverly Hills – Londres, Sage Publications, 1981, et Ibrahima Thioub, « Stigmates et mémoires de l’esclavage en Afrique de l’Ouest : le sang et la couleur de la peau comme lignes de fracture », working paper, FMSH-WP-2012-23, octobre 2012.
64 Voir David Robinson, Paths of Accommodation: Muslim Societies and French Colonial Authorities in Senegal and Mauritania, 1880-1920, Athens (OH) – Oxford, Ohio University Press – James Currey, coll. « Western African Studies », 2000.
65 Voir, par exemple, de Jacques Lombard, Structures de type « féodal » en Afrique noire : étude des dynamismes internes et des relations sociales chez les Bariba du Dahomey, Paris – La Haye, Mouton, 1965. Voir également sur l’Afrique orientale, d’Albert Meister, L’Afrique peut-elle partir ? Changement social et développement en Afrique orientale (Paris, Seuil, 1966), où l’auteur parle de « l’insuffisante cassure de la société traditionnelle ».
66 Voir, par exemple, sur ce sujet l’étude remarquable de Pierre Bonnafé dédiée au monde kukuya du Congo-Brazzaville : Histoire sociale d’un peuple congolais. 1, La terre et le ciel, Paris, Éditions de l’ORSTOM, 1987.
67 Voir Jean-Pierre Dozon, « En Afrique, la famille à la croisée des chemins », in André Burguière, Christiane Klapish-Zuber, Martine Segalen, Françoise Zonabend (dir.), Histoire de la famille. 2, Le choc des modernités, Paris, Armand Colin, 1986, p. 301-337.
68 Voir Claude Meillassoux, Femmes, greniers et capitaux, Paris, François Maspero, 1975.
69 Voir Pierre-Philippe Rey, Les alliances de classes : « Sur l’articulation des modes de production », Paris, François Maspero, 1973.
70 Voir John K. Thornton, Africa and Africans in the Making of The Atlantic World…, op. cit.
71 Voir Marcel Merle (dir.), L’anti-colonialisme européen de Las Casas à Karl Marx, Paris, Armand Colin, 1969.
72 Voir Wolf Lepenies, Les trois cultures : entre science et littérature, l’avènement de la sociologie, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1990.
73 Voir Max Weber, Histoire économique : esquisse d’une histoire universelle de l’économie et de la société, traduction Christian Bouchindhomme, Paris, Gallimard, 1991.
74 Suivant le titre du fameux livre d’Oswald Spengler paru en Allemagne en 1918.
75 On doit tout particulièrement à Ernest Renan l’idée que la France du xixe siècle était atteinte d’un mal profond depuis le Révolution française, particulièrement ses structures étatiques et ses élites, ce qui expliquait sa déroute face l’Allemagne en 1870. Voir La réforme intellectuelle et morale de la France, Paris, Michel Lévy éditeurs, 1872.
76 Voir Zeev Sternhell, Les anti-Lumières : du xviiie siècle à la guerre froide, Paris, Fayard, 2006.
77 Parmi les auteurs français, outre ceux déjà cités comme Ernest Psichari, on peut mentionner, par exemple, dans cette même veine, mais en moins littéraire, Satyres illustrées de l’Afrique noire du Dr Gaston Muraz (Paris, Éditions du Comité de documentation et de propagande de l’Afrique noire française, 1947) et Randonnée africaine, du Dr Fred Blanchod (Lausanne, Payot, 1943).
78 Né en Alsace à l’époque où celle-ci était encore allemande, il ne deviendra français qu’après la fin de la Grande Guerre.
79 Tout spécialement en organisant des concerts de musique de Bach en Europe et aux États-Unis. Voir George Seaver, Albert Schweitzer: The Man and His Mind, Londres, A & C Black, 1947.
80 Un occultisme qui s’est, par ailleurs, tout particulièrement affirmé au cours du xixe siècle. Voir Philippe Muray, Le xixe siècle à travers les âges, Paris, Denoël, 1984.
81 Voir Bruno Latour, Nous n’avons jamais été modernes : essai d’anthropologie symétrique, Paris, La Découverte, 1991.
82 Voir Zygmunt Bauman, Modernité et holocauste, traduction Paule Guivarch, Paris, La Fabrique, 2002.
83 Les sociétés dépourvues de pouvoir politique proprement dit, qui furent appelées anarchiques puis acéphales, furent bien moins considérées, et souvent même décriées comme incarnations de la sauvagerie ou de la primitivité, car posant aux autorités coloniales des problèmes pratiques d’accommodement dans tous les sens du terme.
84 Cela fut particulièrement notable du côté de la colonisation française où les lois de 1905 de séparation de l’Église et de l’État suscitèrent quelques tensions entre administrations coloniales et autorités missionnaires.
85 Voir Eric Hobsbawm et Terence Ranger (dir.), The invention of Tradition, Cambridge – Londres, Cambridge University Press, 1983.
86 Voir sur ces sujets importants Jean-Loup Amselle et Elikia M’Bokolo (dir.), Au cœur de l’ethnie, Paris, La Découverte, 1985.
87 Voir Terence Ranger, « The invention of tradition in colonial Africa », in Eric Hobsbawm et Terence Ranger (dir.), The Invention of Tradition, op. cit., p. 211-262.
88 Voir Jean-Loup Amselle, Vers un multiculturalisme français : l’empire de la coutume, Paris, Aubier, 1996.
89 Voir note 17 du prologue.
90 Maurice Delafosse, tout particulièrement, n’appréciait guère les « évolués », c’est-à-dire les Africains occidentalisés, qui, non seulement avaient été instruits, mais imitaient les mœurs européennes par leurs manières d’être et leurs modes de consommation. Il eut ainsi des mots très durs à l’égard des Américano-Libériens qui, à ses yeux, représentaient un très mauvais exemple pour les authentiques « nègres ». Voir Maurice Delafosse, « Les Libériens et les Baoulé : nègres dits civilisés et nègres dits sauvages », Les Milieux et les Races, avril-mai 1901.
91 Voir Gérard Lenclud, « La tradition n’est plus ce qu’elle était… Sur les notions de tradition et de société traditionnelle en ethnologie », Terrain, no 9, octobre 1987, p. 110-123.
92 Voir Jean-François Bayart, « La démocratie à l’épreuve de la tradition en Afrique subsaharienne », Pouvoirs, no 129, avril 2009, p. 27-44.
93 Notamment par J. D. Y. Peel, « The pastor and the babalawo: the interaction of religions in nineteenth-century Yorubaland », Africa, vol. 60, no 3, juillet 1990 p. 338-369, et par Jean et John L. Comaroff, Of Revelation and Revolution. 1, Christianity, Colonialism and Consciousness in South Africa, Chicago, University of Chicago Press, 1991.
94 C’est ce que Paul Missioumbou, dans sa thèse remarquable sur le Gabon, a synthétisé par la formule « monde du coutumier », lequel est construit, comme il le montre, par « le monde du colonisateur ». Voir Dynamique et jeu de « grandeurs » dans la manifestation et la gestion du contentieux successoral au Gabon : pour une lecture de la mutation d’une société d’Afrique centrale, thèse de doctorat en anthropologie sociale, ethnologie et sociologie sous la direction de Jean-Pierre Dozon, Paris, École des hautes études en sciences sociales, 2011.
95 On ne peut pas ne pas rappeler cependant le cas tout à fait exceptionnel des Quatre Communes du Sénégal (Saint-Louis, Gorée, Rufisque et Dakar) résultant de l’acte d’assimilation politique des débuts de la IIIe République, puisqu’il fut garanti par la loi que leurs habitants d’origine africaine pouvaient devenir citoyens français tout en conservant leur « statut personnel », c’est-à-dire la possibilité de continuer à évoluer à l’intérieur de leurs droits coutumiers, notamment de leurs droits musulmans. Voir Jean-Pierre Dozon, Frères et sujets…, op. cit.
96 Au prix bien sûr de quelques tensions, puisque les découpages territoriaux ne se sont pas toujours ajustés aux découpages ethniques, telle ethnie identifiée par un même ethnonyme se retrouvant de part et d’autre des frontières coloniales, comme les Soninké (Sénégal – Mali), les Lobi (Côte d’Ivoire – Burkina Faso), les Ewé (Togo – Ghana), etc.
97 Voir Jean-Pierre Chauveau et Jean-Pierre Dozon, « Au cœur des ethnies ivoiriennes… l’État », in Emmanuel Terray (dir.), L’État contemporain en Afrique, Paris, L’Harmattan, 1987, p. 221-291.
98 Voir Jean-Pierre Dozon, L’Afrique à Dieu et à Diable : États, ethnies, et religions, Paris, Ellipses, 2008. Voir aussi Les clefs de la crise ivoirienne, Paris, Karthala, 2011.
99 On peut se référer ici encore à Maurice Delafosse, notamment à L’âme nègre (Paris, Payot, 1922), ou à Louis Tauxier, La religion bambara (Paris, Librairie orientaliste Paul Geuthner, 1927) et, du côté britannique, tout particulièrement à Robert S. Rattray, Religion and Art in Ashanti (Londres, Oxford University Press, 1927).
100 Voir Marc Augé, Génie du paganisme, Paris, Gallimard, 1982.
101 Voir Guy Nicolas, Dynamique de l’islam au sud du Sahara, Paris, Publications orientalistes de France, 1981.
102 Voir Georges Balandier, « Messianismes et nationalismes en Afrique noire », Cahiers internationaux de sociologie, vol. 14, 1953, p. 41-65.
103 Voir David Robinson, Paths of Accommodation…, op. cit.
104 C’est-à-dire d’un islam s’accommodant lui-même de multiples aspects des cultures africaines, y compris des religions traditionnelles. Voir Vincent Monteil, L’islam noir, Paris, Seuil, 1964.
105 Voir David Robinson et Jean-Louis Triaud (dir.), Le temps des marabouts : itinéraires et stratégies islamiques en Afrique occidentale française, 1880-1960, Paris, Karthala, 1997.
106 Voir Adrian Hastings, The Church in Africa, 1450-1950, Oxford, Clarendon Press, 1994.
107 Ce que des auteurs comme J. D. Y. Peel (« The pastor and the babalawo… », art. cité) et Jean et John L. Comaroff (Of Revelation and Revolution…, op. cit.) ont remarquablement entrepris pour le Nigeria et l’Afrique du Sud.
108 Voir Jean-François Bayart (dir.), Religion et modernité politique en Afrique noire : Dieu pour tous et chacun pour soi, Paris, Karthala, 1993.
109 Voir Paul Gifford, African Christianity : Its Public Role, Londres, Hurst & Company, 1998.
110 Voir Max Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Paris, Plon, 1964.
111 En ce domaine, la littérature est également riche. Voir notamment de Pierre Verger, Notes sur le culte des Orisa et Vodun à Bahia, la Baie de tous les Saints, au Brésil et à l’ancienne Côte des Esclaves en Afrique (Dakar, Institut français d’Afrique noire, coll. « Mémoires de l’IFAN », no 51, 1957) et Dieux d’Afrique (Paris, Paul Hartmann, 1954).
112 Voir Edward Evans-Pritchard, Witchcraft, Oracles and Magic among the Azande, Oxford, Clarendon Press, 1937 et Marc Augé, Théorie des pouvoirs et idéologie : étude de cas en Côte d’Ivoire, Paris, Herman, 1975.
113 Voir sur ce sujet le remarquable ouvrage de Joseph Tonda, Le souverain moderne : le corps du pouvoir en Afrique centrale (Congo, Gabon), Paris, Karthala, 2005.
114 L’Église catholique en tirera une bonne part de sa doctrine dite de « l’inculturation ».
115 Voir Achille Mbembe, Afriques indociles : christianisme, pouvoir et État en société postcoloniale, Paris, Karthala, 1988.
116 Voir Georges Balandier, Sociologie actuelle de l’Afrique noire, Paris, PUF, 1955.
117 Sous la pression toute particulière des élus africains de Saint-Louis, notamment de Blaise Diagne. Voir Jean-Pierre Dozon, Saint-Louis du Sénégal…, op. cit.
118 Spécialement de la Qadiriyya et de la Tidjaniyya. Voir Cheikh Anta Babou, Fighting the Greater Jihad: Amadu Bamba and the Founding of the Muridiyya of Senegal, 1853-1913, Athens (OH), Ohio University Press, 2007.
119 Voir Jean et John L. Comaroff, Of Revelation and Revolution…, op. cit.
120 Voir notamment Philippe Couty, Doctrine et pratique du travail chez les mourides, Dakar, ORSTOM, 1969 ; Donald B. Cruise O’Brien, The Mourides of Senegal: The Political and Economic Organization of an Islamic Brotherhood, Oxford, Clarendon Press, 1971 ; et Jean Copans, Les marabouts de l’arachide : la confrérie mouride et les paysans du Sénégal, Paris, Le Sycomore, 1980.
121 Voir Jean-Pierre Dozon, « Ceci n’est pas une confrérie : les métamorphoses de la muridiyya au Sénégal », Cahiers d’études africaines, no 198-199-200, 50 ans, 2010, p. 857-879.
122 Voir Martial Sinda, Le messianisme congolais et ses incidences politiques : kimbanguisme, matsouanisme, autres mouvements, Paris, Payot, 1972, ainsi que l’article de Serge Mboukou, « La problématique de la conservation et la gestion de la mémoire sur le kimbanguisme », in Elikia M’Bokolo et Kivilu Sabakinu (dir.), Simon Kimbangu le prophète de la libération de l’homme noir, vol. 2, Paris, L’Harmattan, 2014, qui souligne qu’à Léopoldville circulaient déjà à cette époque les idées de Marcus Garvey, lui-même perçu comme un quasi-prophète, sur le retour des noirs américains en Afrique et que Kimbangu s’en est certainement inspiré.
123 Voir Susan Asch, L’Église du prophète Kimbangu : de ses origines à son rôle actuel au Zaïre, 1921-1981, Paris, Karthala, 1983.
124 Voir Jean Pierre Dozon, La cause des prophètes…, op. cit.
125 Il a suscité également un vaste mouvement populaire dans la colonie voisine de Gold Coast et a été ainsi au départ d’importantes Églises prophétiques. Voir David A. Shank, Prophet Harris, the « Black Elijah » of West Africa, abrégé par Jocelyn Murray, Leyde – New York – Cologne, E. J. Brill, 1994.
126 Il s’est constitué, autour du martyre de Cheikh Ahmadou Bamba, toute une iconographie (comme on le sait, assez peu recommandée dans la religion musulmane) dont la plupart des thèmes font songer à la passion du Christ. Voir Allen F. Roberts et Mary N. Roberts, A Saint in the City: Sufi Arts of Urban Senegal, Los Angeles, UCLA Fowler Museum of Cultural History, 2003.
127 Le mouridisme s’est particulièrement implanté dans l’espace des anciens royaumes wolof et le kimbanguisme au sein du territoire du royaume du Kongo (spécialement dans sa partie intégrée à l’actuelle RDC), où, dans les deux cas, le souverain provenait de familles ou de clans détenant des attributs hors du commun. Voir Jean-Pierre Dozon, « Les ressorts politiques des innovations religieuses en Afrique subsaharienne : deux cas exemplaires au Sénégal et en République démocratique du Congo », in Silvia Mancini et Raphaël Rousseleau (dir.), Processus de légitimation entre politique et religieux, Neuchâtel, Alphil – Éditions universitaires suisses, à paraître en 2015.
128 Voir Walter Benjamin, Sur le concept d’histoire, traduction Olivier Mannoni, Paris, Payot & Rivages, coll. « Petite bibliothèque Payot », 2013.
129 Spécialement au Sénégal, en Guinée, en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Soudan, au Nigeria, dans les deux Congo, au Kenya, en Ouganda, en Zambie et en Afrique du Sud. Voir Terence Ranger, « Religious movements and politics en Sub-Saharan Africa », African Studies Review, vol. 29, no 2, 1986, p. 1-69.
130 Voir Jean Pierre Dozon, La cause des prophètes…, op. cit., et Joseph Tonda, Le souverain moderne…, op. cit.
131 Voir Eugenio d’Ors, Du baroque, traduction Agathe Rouart-Valéry, Paris, Gallimard, 1935.
132 Voir Donald Cruise O’Brien, « The shadow-politics of Wolofisation », The Journal of Modern African Studies, vol. 36, no 1, 1998, p. 25-46.
133 Les Baoulé, l’un des principaux groupes ethniques de la Côte d’Ivoire, ainsi répertoriés par l’administration coloniale, occupaient initialement le centre du pays mais ont fortement migré durant le xxe siècle dans toute sa partie forestière.
134 Voir Jean-Pierre Chauveau et Jean-Pierre Dozon, « Au cœur des ethnies ivoiriennes… l’État », art. cité.
135 Voir Jean-Pierre Chrétien, Le défi de l’ethnisme : Rwanda et Burundi, 1990-1996, Paris, Karthala, 1997.
136 Voir Walter Benjamin, L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, traduction Lionel Duvoy, Paris, Allia, 2012.
137 Voir Edward W. Said, Culture et impérialisme, traduction Paul Chemla, Paris, Fayard, 2000.
138 Voir Reinhart Koselleck, L’expérience de l’histoire, traduction Alexandre Escudier, Paris, Gallimard – Seuil, 1997.
139 Voir Johannes Fabian, Moments of Freedom: Anthropology and Popular Culture, Charlottesville, University Press of Virginia, 1998.
140 Voir Amadou Hampâté Bâ, L’Étrange destin de Wangrin ou les Roueries d’un interprète africain, Paris, Union générale d’éditions, coll. « 10/18 », 1973.
141 Voir Jean-François Lyotard, Le postmoderne expliqué aux enfants, Paris, Galilée, 1986.
142 Voir Arthur C. Danto, L’art contemporain et la clôture de l’histoire, traduction Claude Hary-Schaeffer, Paris, Seuil, 2000.
143 Voir Sidney L. Kasfir, L’art contemporain africain, traduction Pascale Haas, Paris, Thames & Hudson, coll. « L’univers de l’art », 2000.