Chapitre 3. La Corrèze
p. 41‑65
Texte intégral
3.1 Introduction
1Géographiquement, le département de la Corrèze est le plus varié du Limousin. Il va du bas pays du bassin de Brive jusqu’au plateau de Millevaches et il est caractérisé par un climat varié.
2Sa superficie est d’environ 587 000 ha (ministère de l’Agriculture 1959). Pendant les dix dernières décennies, les changements principaux dans le paysage ont été l’extension des régions boisées aux dépens des landes, et celle des pâturages aux dépens des terres arables. Les régions boisées étaient passées de 41 000 ha en 1875 (Joanne 1875) à environ 108 000 ha en 1912 (Fage 1917). En 1952, les bois occupaient 130 000 ha et, actuellement, ils couvrent environ un tiers du département. Par contre, les terres arables sont en baisse : de 195 000 ha en 1875 (Joanne 1875 : 35), elles sont passées à 137 000 ha en 1952.
3Le xixe s. a vu se développer une littérature considérable sur l’archéologie, réelle et imaginaire, du département. Depuis cette époque, il existe deux sociétés très actives. Comme dans beaucoup d’autres domaines de l’archéologie régionale, le principal auteur d’études sur les oppida fut Philibert Lalande au xixe s., qui publia plusieurs synthèses (Lalande 1872, 1890a, 1890b). Elles formèrent la base critique pour les inventaires d’Imbert et de Mortillet (Imbert 1894a, 1894b ; Mortillet 1906). La liste du CEEPFA mentionne des sites dans 26 communes.
4A la fin du xixe s., Yssandon était le seul site où une occupation avait pu être mise en évidence pendant La Tène III, mais le début des fouilles au Puy du Tour, à Monceaux, pendant la première décennie de ce siècle, a révélé un oppidum comparable à ceux qui étaient connus ailleurs. Les travaux sur le terrain ont continué ; la contribution la plus impressionnante est due à Marius Vazeilles (Vazeilles 1936a, 1954, 1962 ; bibliographie complète in Lemaître 1974 : 17‑27). Cotton et Frere ont intégré ces travaux dans un contexte plus large et l’ont appuyé par des fouilles (Cotton 1961b). Les inventaires, les plans des sites et les synthèses ont progressé grâce à Couchard et à Lintz (Couchard 1968, 1970, 1973 ; Lintz 1979a, 1981b).
5A mon avis, la Corrèze est l’un des départements les mieux connus du centre de la France en ce qui concerne l’archéologie de l’âge du Fer. Une publication plus complète du Puy du Tour serait un grand pas en avant et, sur d’autres sites, des fouilles à une échelle plus grande que celles qui ont été faites jusqu’à maintenant seraient, également, d’une importance considérable.
3.2 Inventaire des sites
19 004 Albussac, Roche de Vic/Roc de Vic
6Malgré ses dimensions réduites, la Roche de Vie (fig. 5) est un des sites les mieux connus de la Corrèze. Déjà, pendant la première moitié du xixe s., il figurait parmi les reconstitutions fantaisistes (par exemple, Hugo 1836 : pl. xxxviii) et, depuis, il continue à attirer l’attention. Il consiste essentiellement en une petite enceinte de contour qui entoure une surface utilisable de moins d’un hectare, et qui profite d’un sommet isolé de gneiss résistant à l’érosion.

FIG. 5 – 19 004 Albussac, Roche de Vie : vue aérienne prise du sud‑ouest.
7Lalande a donné la première description détaillée, plus ou moins juste, du site (Lalande 1890b, 1890c). Il semblerait que la mention de « Rochadavit » dans un manuscrit de l’abbaye d’Obasine (= Aubazine) en 1191 concerne le village avoisinant plutôt que le sommet lui‑même. Vers la fin des années 1880, le site était utilisé comme carrière et Lalande put ramasser quelques objets dans le fossé. Comme il s’agissait essentiellement de lames avec un racloir en silex ou en jaspe, il pensa que la Roche de Vic, comme Catenoy dans l’Oise, était néolithique plutôt que gauloise. En 1894, Lalande a publié une autre communication fondée sur une correspondance avec Bial (Lalande 1894). Il y a énuméré plusieurs arguments qui, depuis, continuent à apparaître dans les études sur les enceintes de hauteur –sens religieux des sites, occupation temporaire ou permanente, etc.– et, en outre, a signalé les fouilles de Bial en 1865 aux alentours de la Roche de Vic, à l’époque de la Commission de Napoléon III. Bial prétendait qu’il existait de nombreux tertres sur les pentes de la colline, la plupart cachés par la bruyère touffue. Lalande n’y croyait pas, car il ne les a pas retrouvés. Bial prétendait avoir retrouvé « de nombreux tessons de poteries grossières noires mal cuites » dans un tertre fouillé en 1865 (Lalande 1894 : 608). Un autre exemple, qui semble être un tas d’épierrement, a été fouillé par Bial et sa famille en 1893. Ils n’ont rien trouvé.
8Bombal, dans un rapport à la Commission de la Société préhistorique française, avançait, de nouveau, l’idée d’anciens murs de clôture sur le site (Bombal 1908b : 360). Depuis, personne n’en a plus parlé. Quatre ans auparavant, ce même auteur émettait l’hypothèse qu’il y avait un souterrain dans l’enclos (Bombal 1904 : 77).
9Depuis la dernière guerre, les faits ont été réexaminés par Vazeilles et par Cotton et Frere (Vazeilles 1954 : 37‑38 ; Cotton in Brogan 1958 : 218‑222 ; Cotton 1961b : 45‑46). Couchard a étudié le site en détail (Couchard 1957 : 662‑675). Cotton et Frere signalaient que la Roche de Vic était la seule enceinte de contour dans leur étude, à l’exception des grands oppida tribaux (Cotton 1961b : 45‑46). Ils ont réduit la surface de 2 ha à 0,8 ha et ont donné un croquis du site.
10Couchard a signalé des sondages sur le site et en a publié un plan (fig. 6) (Couchard 1957 ; Couchard 1968 : 68‑71, fig. 19). Il proposait une datation essentiellement de l’âge du Fer pour la Roche de Vic, mais pensait qu’elle avait été habitée avant et après.

FIG. 6 – 19 004 Albussac, Roche de Vic : plan (d’après Couchard 1968).
11Le site se trouve sur la ligne de partage des eaux entre les bassins de la Corrèze et de la Dordogne. La fortification domine le terrain environnant, qui consiste en bois, pâtures, landes et marais, d’environ 60 m. D’après Lalande, le site a servi de carrière. En 1898, la démolition d’un « bâtiment très ancien », près de l’affleurement méridional du rocher, a donné plusieurs morceaux d’un récipient peut‑être en étain et plusieurs fers de lance en bronze qui ont été pris par un antiquaire de Clermont‑Ferrand (Couchard 1957). Au milieu des années 1950, on a trouvé un volumineux objet en fer dans le fossé.
12Depuis le xixe s., et surtout dans les années 1920, quand le chanoine Bouyssonie a inventorié le matériel mésolithique du Limousin, des objets en silex et en jaspe ont été signalés à la Roche de Vic et dans les alentours. Une source possible pour le jaspe a été trouvée au lieu‑dit Bout de la Côte à environ 5 km au sud (Couchard 1957 : 664). Par contre, il semble qu’il n’y ait pas de gisements de silex à moins de 100 km du site. Couchard a identifié des ateliers produisant du matériel mésolithique, y compris des microlithes géométriques, et du mobilier néolithique à moins de 1 km au nord‑est et au nord‑ouest du site.
13Les fouilles de Couchard en 1956 étaient limitées à 19 petits sondages, surtout dans la moitié sud du site (Couchard 1957 : 665 et fig. 3). Chaque sondage était de 0,40 m sur 0,40 m et la plupart étaient profonds de 0,40 m. Les trouvailles étaient limitées aux 0,25 m supérieurs de la stratigraphie ; la poterie se trouvait entre 0,15 et 0,25 m.
14Couchard propose une analyse statistique du matériel (Couchard 1957 : 668). Les détails importants sont :
– jaspe travaillé : 40 ;
– silex travaillé : 15 ;
– tessons : 240 ;
– ossements : 1.
15La plupart des poteries viennent de deux sondages –le no 4 (88 tessons) et le no 13 (77 tessons)– identifiés provisoirement comme fonds de cabane. La majorité de ces poteries sont grossières, à dégraissant de quartz, noires et à engobe rouge. La figure, comme le reconnaît Couchard, laisse supposer une datation à l’époque médiévale pour certains tessons, mais quelques lèvres ressemblent à celles de la fin de l’âge du Fer (Couchard 1957 : pl. 1, fig. 4, 667). En tout cas, il semble que la stratigraphie interne a été perturbée et il faudra une exploration des défenses pour clarifier la chronologie du gisement.
16Ces dernières sont la caractéristique la plus évidente du site et notre plan suit celui de Couchard avec quelques modifications (Couchard 1968 : fig. 19). Elles consistent essentiellement en un fossé en V, accompagné par endroits par un rempart en amont et une contrescarpe en aval. Elles relient les principaux affleurements rocheux et forment un enclos ovale d’environ 200 m (nord‑ouest/sud‑est) sur 105 m. La structure interne de la fortification n’est pas très claire. Cotton et Frere ont examiné une entaille dans le rempart et en ont déduit que la plus grande partie était en terre. Ailleurs, sur le côté ouest, il est possible de suivre des traces de ce qui a l’air d’être un mur en pierre sèche. Il se trouve, cependant, près d’une structure en pierre sèche vue par Couchard et qui, si l’on se réfère aux poteries qui lui sont associées, pourrait être plus tardive (Couchard 1957 : sondage 16, fig. 2). Il est donc possible que le rempart ait été modifié ultérieurement.
17Malgré le plan de Cotton et Frere, nous ne sommes pas convaincu que l’entrée originale ait été identifiée (Cotton 1961b : 46, fig. 13). A environ 20 m vers l’est de l’emplacement proposé par ces auteurs, il y a un endroit où le fossé n’est pas terminé, mais, comme le rempart continue plus loin, il est peut‑être plus prudent d’y voir le signe d’une construction en équipe par tronçons.
18Nous sommes donc loin de comprendre le site. Son altitude élevée, et les problèmes climatiques posés par sa situation, ont dû le situer dans un paysage qui était toujours marginal en termes d’agriculture.
19Récemment, Desbordes a de nouveau attiré l’attention sur la référence de 1191‑1192, mentionnée auparavant par Lalande, pour appuyer l’hypothèse d’une origine médiévale pour la Roche de Vic (Desbordes 1985 ; Lalande 1890b, 1890c). C’est certainement une possibilité, qu’une coupe dans les défenses pourrait confirmer. Néanmoins, il semble prématuré d’exclure les indices d’une utilisation à plusieurs époques.
19 014 Auriac, Puy de la Valette
20Ce site est le seul en Xaintrie où Lintz a signalé des tessons d’amphores du type Dressel 1 (Lintz 1979a : carte 3, no 12). La commune se trouve au sud de la vallée de la Dordogne et du matériel de La Tène III a été signalé sur les pentes d’un promontoire qui domine le confluent de la Dordogne et de la Luzège (Lombard 1977b : 183).
19 020 Beaumont, Seignolles/Segnolles/Ceignole
21Le village est situé sur une pente raide orientée au midi. Dans une source voisine, Boudrie a trouvé un tesson d’amphore, identifié par Lintz comme étant du type Dressel 1 (Boudrie 1964 : 90 ; Lintz 1979a : fig. 3, no 9). De telles associations entre tessons et sources ne sont pas inconnues en Corrèze et n’impliquent pas nécessairement un habitat, bien que ceci soit évidemment possible.
19 031 Brive‑la‑Gaillarde, Plateau de Ressaulier/Rechaulier
22Brive, qui occupe maintenant le lit majeur de la Corrèze, semble avoir été d’une importance certaine à l’époque romaine et après (Lintz 1981b : 61‑63, no 16 ; Desbordes 1978a ; 1978b : 52).
23Cependant, il n’y a pas de preuves définitives d’une occupation pendant l’âge du Fer, bien que Pérol ait suggéré que les plateaux de Ressaulier et de Bassalier, en bordure de la vallée entre la Corrèze et le ruisseau de Planchetorte, sud‑ouest de la ville moderne, aient pu être habités (Pérol 1934). On a signalé des trouvailles gallo‑romaines (des monnaies et des tuiles) à Ressaulier, mais aucune fouille moderne n’a eu lieu sur le site. Desbordes a identifié l’emplacement d’un gué possible sur la Dordogne et propose une origine à l’âge du Fer (Desbordes 1978a). On a trouvé du matériel de La Tène tardive dans la commune voisine de Malemort.
19 036 Chamberet, Le Montceix/Mont‑Cé/Cimetière des Gaulois
24Depuis les fouilles de l’abbé Joyeux au xixe s., le sommet du Montceix (alt. 729 m) est reconnu comme un site gallo‑romain important, qui a donné des structures et des monnaies allant de Claude à Constantin (Lintz 1981b : 91, no 130). Une étude d’une éventuelle utilisation antérieure ne peut pas se fonder sur les indications des fouilles.
25Le Montceix est une colline imposante qui domine les vallées au sud‑est, au sud et à l’ouest de plus de 200 m. Plusieurs des pentes raides au sud étaient boisées. La pente vers le nord est moins marquée mais descend tout de même de 100 m environ en 3 km. Il y a au moins neuf sources sur la colline. La surface du sommet est importante ; Lintz propose de 500 à 600 ha pour toute la colline, mais la fortification supposée couvre à peu près 10 % de cette surface.
26La source principale en ce qui concerne les défenses est Joudoux, qui a visité le site juste après que la colline fût largement déboisée par un incendie en 1971 (Joudoux 1972). Comme sur le site du Puy Chalard, qu’on a également proposé comme fortification de hauteur (Boudrie 1974, 1979), les fortifications sont constituées d’une série de terrasses, au nombre de cinq à l’endroit où le système est le plus complet, mais trois seulement au nord au‑dessus de Remeniéras. En l’absence de fouilles, il semble peu probable qu’elles représentent un système défensif et une interprétation plus plausible, au vu du développement de ces aires horizontales, serait qu’il s’agit d’un aménagement d’origine agricole.
19 049 Chasteaux, La Grèze
27Perol fut le premier à attirer l’attention sur La Grèze (Perol 1936 : 227‑228). Depuis, les publications de Couchard ont remplacé sa description (Couchard 1968 : 60‑61 ; Couchard 1973 : 320‑322). Le site se trouve sur un sommet dans la forêt de Couzage au sud de la vallée de la Couze et consiste en plusieurs éléments, dont la contemporanéité n’est pas prouvée. On peut noter des bases de cabanes en pierre sèche, un enclos à bétail, un tumulus et un petit coffre funéraire en pierre.
28La construction principale est l’enclos dont la plus grande dimension interne (nord‑sud) est de 67 m. Perol avait déjà noté qu’il n’était pas assez grand pour être considéré comme un ouvrage défensif. Il s’agit d’un mur en pierre sèche, large de 2 m en moyenne, à cause de son effondrement. Il n’y a pas d’entrée nette.
29Des sondages dans le mur par Couchard et Boudrie ont démontré qu’à l’origine il était large d’environ 1,6 m et était construit en pierres posées à plat ou de chant (Couchard 1973 : 322). Le peu de matériel tombé du mur confirme la suggestion de Perol qu’il n’a jamais pu être très haut. L’intérieur, pour autant qu’ils pouvaient le voir dans les bois, semblait archéologiquement vierge, ce qui a provoqué l’idée d’un enclos à bétail.
30D’autres éléments semblent représenter des sépultures : un cairn en pierre sèche fouillé par Lestrade dans les années 1920, recouvrait une sépulture à inhumation, peut‑être dans un sarcophage en pierre. Un deuxième (probablement recouvert d’un autre tumulus), récemment détruit par un bulldozer, fut repéré pendant les prospections de Couchard. Quelques tessons et ossements furent également recueillis ; les premiers dataient probablement de l’âge du Fer.
31Le site a été rattaché à un système pastoral transhumant, basé à la fois sur la vallée de la Couze et son affluent de la rive sud, le Sorpt, et sur les causses. En s’appuyant sur les inhumations et sur les quelques tessons recueillis, on a proposé une datation à l’âge du Fer, mais celle‑ci n’est pas certaine.
19 051 Chaumeil, Camp de la Monédière
32Cette enceinte minuscule est mentionnée pour la première fois par Vazeilles (Vazeilles 1954 : 34‑35 ; Couchard 1973 : 361). Elle est située sur une ligne de crête étroite entre deux ruisseaux qui coulent vers le sud dans des vallées à pentes raides. Ils se rejoignent à environ 0,5 km en aval pour former le ruisseau de la Douyge.
33Le site, en pente et orienté vers le sud, occupe une surface d’environ 35 m sur 10 m. Le côté nord, en amont, est plus fortement protégé, avec un rempart et un fossé extérieur ; ce dernier était large d’environ 10 m quand Vazeilles l’a vu. L’ouvrage a moins de 10 m de longueur, mais il est suffisamment large pour couper l’accès au faîte. Au sud, les défenses, marquées par un fossé, sont moins imposantes car la pente naturelle donnait elle‑même des avantages topographiques aux occupants de l’enceinte. Décrit par Cotton comme un camp de crête, il n’a pas été fouillé et n’a fourni aucune trouvaille de surface (Cotton in Brogan 1958 : 222). Ses dimensions réduites suggèrent une datation au Moyen Age.
19 052 Chavanac, Rié‑Grand
34Ce site se trouve dans une tourbière à la source d’un affluent de la Vézère, qui, elle, a sa source à environ 2,5 km au sud (Vazeilles 1952 : 30‑31). Il occupe une petite cuvette (alt. c. 890 m) à l’ouest du Puy Chavirangeas, près des sommets les plus élevés de la Corrèze (976 m au mont Bessou, à environ 5 km au sud‑est).
35Le matériel se limite à une petite collection de tessons, pour lesquels Lintz propose une datation à partir de la fin de La Tène III et pas plus tard que l’époque augustéenne (Lintz 1981b : 122, no 194). Une analyse pollinique de la tourbe dans laquelle reposaient ces tessons indique le chêne comme arbre prédominant, suivi du hêtre, du sureau et du bouleau. On a également trouvé une certaine quantité de pollens de céréales. Bien qu’on ne puisse pas exclure la possibilité que les pollens viennent de loin, il est probable qu’on ait cultivé des céréales dans les environs. Le site lui‑même ne peut pas représenter un habitat, mais il y en avait peut‑être un aux alentours. D’autres sources en Corrèze ont livré du matériel de la même époque comme, par exemple, à Espagne dans la commune d’Eygurande (Louradour 1972 : 29‑32).
19 058 Combressol, La Ville en Bois
36En 1973, on a signalé à la DRAH du Limousin la découverte de tessons hallstattiens dans une série de fosses, sans autres détails. Sur le même site (alt. c. 593 m) ont été trouvées des céramiques gallo‑romaines, notamment des céramiques sigillées du ier s. (Lintz 1981b : 100, no 143).
19 060 Condat‑sur‑Ganaveix, Le Puy Chatras/La Pélourie
37Couchard, Couchard et Lintz signalent la découverte de tessons, de silex et d’une hache en pierre polie et qualifient le site de « petit oppidum » (Couchard 1973 : 361). M. Lintz m’a décrit le site comme étant « au moins un habitat de hauteur » mais l’existence de défenses n’est pas nette. Il n’y a pas d’autres références aux poteries dans la littérature.
38Le site se trouve sur un sommet à l’est de La Pétourie, au‑dessus du confluent des ruisseaux du Bradascon et des Forges. Ils se jettent dans la Vézère un peu en aval d’Uzerche. La topographie semble convenir à un ouvrage défensif protohistorique, et ce gisement mériterait une étude supplémentaire.
19 070 Darnets, Le Châtelet
39Situé près des limites de Lamazière‑Basse et de Darnets, et bien qu’il soit quelquefois placé par erreur dans cette dernière commune, le célèbre Châtelet se trouve bien dans la commune de Lamazière. Le site, mal identifié par Vazeilles comme étant une motte (Vazeilles 1948 : 54), est en réalité également un éperon barré (Gallia, 33, 2, 1975 : 439).
40Comme le site de Lamazière‑Basse, ce petit gisement d’environ 60 m sur 50 m (renseignements de M. Guy Lintz) occupe un promontoire (alt. c. 560 m) sur la rive ouest de la Luzège dont il domine un méandre. Les défenses semblent limitées à un seul vallum à l’ouest : l’intérieur est sans traits distinctifs et aucune trouvaille n’a été signalée. Les deux Châtelet se trouvent à environ 5 km l’un de l’autre à vol d’oiseau et, entre les deux, la Luzège offre plusieurs sites topographiquement similaires. Le Châtelet de Darnets occupe un terrain maintenant déboisé en bordure de la forêt de Ventadour.
19 071 Davignac, L’Hort des Fades
41Signalé pour la première fois par Vazeilles, le site fut publié par Cotton comme étant une fortification de contour bien qu’il ait été exclu d’un article ultérieur (Vazeilles 1936a : 51 ; Cotton in Brogan 1958 : 221 ; Cotton 1961b : 221). La seule description publiée est celle de Vazeilles (1954 : 33).
42L’Hort occupe le sommet du Puy du Rocher (alt. 876 m), qui fait partie d’une série de sommets de plus de 800 m au sud‑ouest de Meymac. Il se trouve dans une plantation de conifères envahie par les broussailles.
43Il occupe moins de 0,5 ha sur le côté sud du sommet. L’enclos consiste en un rempart en pierres bas (haut en moyenne d’environ 1 m avec une hauteur maximale de 1,5 m) qui clôture une surface polygonale irrégulière. Les pierres, du granit, sont arrondies et aucun parement construit n’est visible. Une entrée possible existe peut‑être dans le côté sud‑est, sinon le circuit semble ininterrompu. A l’extérieur du mur, se trouvent des pentes courtes mais raides, sauf au nord.
44A l’intérieur, près de la bordure ouest, se dresse un tas de pierres d’environ 6 m de diamètre qui est associé à un rocher à bassins naturels. Au nord, juste à l’extérieur de l’enclos, se trouvent les fondations en pierre sèche d’un petit cabanon rectangulaire.
45Le contexte le plus plausible pour ce site de hauteur semble être l’agriculture transhumante, mais estimer l’espace de temps pendant lequel on a construit ces cabanes semblerait hasardeux actuellement.
19 076 Espartignac, Camp d’Espartignac/Camp de la Blanche
46Le site se trouve sur la rive sud de la Vézère, dont il domine un méandre, au nord‑nord‑ouest du village d’Espartignac. Il fut décrit pour la première fois par Vazeilles et assimilé par Cotton et Frere à leur groupe de petits camps rectangulaires, auquel il n’appartient sûrement pas (Vazeilles 1954 : 38 ; Cotton 1961b : 49, no 5). En fait, La Blanche est un promontoire fortifié qui surplombe la Vézère au nord et à l’est. L’axe principal du site, long d’environ 72 m, est orienté à peu près nord‑sud. La largeur moyenne du sommet est de 28 m mais il s’élargit légèrement vers la défense principale, longue d’environ 30 m, au sud. Ce rempart semble profiter d’une ligne de roche et domine l’intérieur du site de 5 à 6 m maximum. Des excavations dans le côté nord du rempart principal sembleraient marquer une fouille non signalée. L’ancien emplacement du fossé à l’extérieur du rempart est occupé par un chemin de terre. Pour les autres côtés, seul celui de l’ouest, où la pente est naturellement moins raide, semble avoir nécessité des défenses secondaires. On retrouve les traces d’un talus moins imposant, accompagné d’un fossé, mais qui ne rejoignent pas le rempart principal. Sur une grande partie de l’intérieur du site, qui est maintenant boisé, se trouvent des affleurements de la roche mère. A proximité du sommet, près de l’angle nord‑est du site, se trouve un petit dolmen, la Maison du Loup, dont l’authenticité a été mise en doute par Couchard (Couchard 1970 : no 199).
47Aucune trouvaille n’a été signalée à l’intérieur de l’enceinte. Bien que le site ne soit pas daté, il est assez près (environ 1 km) des Garennes, sur l’autre rive de la Vézère, où on a trouvé une quantité importante d’amphores. Il a un potentiel défensif considérable.
19 078 Estivaux, Camp de la Barrière/Camp du Moulin de la Peyrade
48Les descriptions les plus importantes du site sont celles de Brousse et de Couchard (Brousse 1920 : 73‑75 ; Couchard 1968). Bien que le site ait été décrit comme étant un tumulus (Joudoux 1979 : 181, no 70), il est, sans aucun doute, un éperon barré. Marque essaya d’incorporer ce site dans l’attaque d’Uxellodunum (= Uzerche ?), décrite dans BG, VIII, 35 (Marque 1917 : 190).
49Le site occupe l’extrémité du promontoire, dont le sommet à pentes raides surplombe la Vézère qui coule, à quelque 50 m plus bas, sur les côtés nord et ouest. Au sud, la vallée d’un affluent, le ruisseau de Cessac, rend l’accès difficile. Le côté ouest est défendu par un rempart important en terre et pierres, de 6 m de haut par endroits, qui existe encore sur environ 42 m. Un chemin d’accès a été ouvert à l’extrémité septentrionale (ceci avant 1920). Le rempart, orienté à peu près nord‑sud, était précédé d’un fossé dont il reste des traces. Hors tout, le promontoire est large d’environ 50 m et long d’un peu plus de 100 m, bien que l’on ne puisse pas définir exactement les limites occidentales, marquées par un chaos de gros rochers qui surplombe la Vézère. Le site est actuellement boisé.
50Brousse signale des trouvailles de surface : des objets en silex et en quartz, avec des retouches sur certains, et un anneau en bronze de 2 cm de diamètre (Brousse 1920 : 74). Une petite hache polie, en serpentine, avec un trou de suspension et décrite, donc, comme une amulette, a été trouvée à l’extérieur du camp (Brousse 1920 : 75). La poterie découverte à l’intérieur se limite à quelques tessons mal cuits et à dégraissant grossier (quartz).
51Brousse voulait à tout prix attribuer ce site au Néolithique, mais Couchard est, avec raison, plus circonspect en ce qui concerne l’importance des trouvailles (Brousse 1920 ; Couchard 1968 : 68). On ne peut pas considérer l’absence de fer, à laquelle Brousse attachait beaucoup d’importance, comme significative. Il vaut mieux considérer La Barrière comme non datée.
19 080 Eygurande, Espagne
52Vers le milieu des années 1960, un ensemble de matériel datant de la fin de La Tène était ramassé pendant le nettoyage d’une fontaine au fond d’une vallée (alt. c. 760 m) dans le sud de la commune (Louradour 1972 : 29). Mise à part la proximité de la fontaine, rien n’indique la nature du site. L’ensemble comprenait deux tessons d’amphores Dressel 1a, une imitation de campanienne, semblable à celle trouvée dans la coupe C du rempart du Camp de Charlat, Ussel (Cotton 1961b : fig. 10, no 9), des vases ovoïdes (Périchon 1977 : type 2), et d’autres poteries non tournées. Louradour et Lintz ne voulaient pas hasarder une proposition de datation précise, car ces objets ont pu s’accumuler pendant des années. Cependant, une datation au ier s. av. J.‑C. semble raisonnable.
19 096 Ladignac‑sur‑Rondelles, Le Château Port
53Le site occupe le sommet arrondi d’une colline isolée (alt. 329 m) entre le ruisseau de Ganette, qui coule vers le nord, à l’ouest, et la N120 à l’est. Le site aurait convenu parfaitement pour une enceinte de contour, et Couchard l’a décrit ainsi (Couchard 1970 : no 171). Une inspection en 1980 a montré, cependant, que ce n’était pas le cas.
54Le sommet de la colline est couronné d’une motte elliptique bien conservée ; l’axe principal, long d’environ 50 m, est orienté ouest‑nord‑ouest/est‑sud‑est. Le sommet de la motte domine le fond du fossé de 4 à 5 m. Le bord extérieur du fossé est marqué par une plate‑forme large d’environ 8 m et entourée d’un faible rempart qui semble intimement lié à la forme de la motte, et on ne peut pas le considérer comme un élément de défense distinct. Ce sommet boisé, étudié dans des conditions idéales en avril 1980, ne montre aucun autre signe de fortification et il devrait, donc, être éliminé de toute étude sur les fortifications de hauteur.
19 102 Lamazière‑Basse, Camp du Châtelet au lieu‑dit Le Bessades
55Vazeilles a plusieurs fois parlé de ce site (Vazeilles 1935, 1936a, 1936b, 1949a, 1949b, 1954 : 28‑32). Comme il se trouve près des limites de Darnets, on l’a parfois situé dans cette commune.
56Il occupe un promontoire (alt. c. 520 m) en surplomb sur un méandre de la Luzège qui, à partir du plateau de Millevaches, coule vers le sud environ 40 m plus bas pour se jeter dans la Dordogne. Le Châtelet se trouve sur la rive droite de la rivière (fig. 7) dans les champs du hameau de La Gane, sous le nom duquel il est parfois signalé. Le promontoire se termine par une crête étroite à pentes raides, qui est séparée du plateau sud de La Gane, à l’est, par un isthme étroit traversé par deux fossés précédant des bancs pierreux. Le côté nord du promontoire est très escarpé et aucune défense artificielle n’était nécessaire. En aval, vers le sud, au sommet du promontoire et légèrement en contrebas de son point culminant, se trouvent les ruines étalées d’un mur.

FIG. 7 – 19 102 Lamazière‑Basse, Le Châtelet : plan (d’après Vazeilles 1954).
57Les défenses principales se dressent face au plateau à l’extrémité orientale du site. D’abord, dans une zone large d’environ 15 m, sont creusés deux fossés séparés par un rempart en pierre qui domine le fond d’environ 2 m. A quelque 20 m en arrière se trouve la défense principale, qui consiste en un deuxième rempart en pierre (gneiss et granits) coupant l’isthme. Bien que le site occupe une surface totale d’environ 1,27 ha, la surface utilisable délimitée par cette défense principale (longue d’environ 20 m) est inférieure de moitié.
58Vazeilles signala des trouvailles de surface et fit quelques fouilles limitées. Il a retrouvé des pierres vitrifiées dans l’éboulis à l’extrémité orientale du mur intérieur (Vazeilles 1935) et a examiné de nouveau ce point pendant ses fouilles de 1945 et 1948. Nous résumons les principaux résultats de ces fouilles.
Le rempart intérieur
59Vazeilles a retrouvé d’autres gneiss vitrifiés, non seulement dans l’éboulis du rempart mais également à l’extrémité orientale du mur à l’extérieur, apparemment au‑dessus d’un mur en pierre sèche qui n’était pas altéré. Certaines pierres avait un volume de 0,5 m3. Les pierres vitrifiées les plus grandes avaient une dimension maximale d’environ 0,20 m. Des empreintes de bois brûlé ont pu être relevées. La vitrification semble être limitée à cette partie du site. Il est certain que les quelques pierres vitrifiées encore visibles en 1974 se trouvaient dans ce secteur.
Trouvailles à l’intérieur
60Les fouilles semblent avoir été limitées à une zone étroite le long de la face interne de ce mur. Mises à part les poteries, les trouvailles se limitaient à un petit morceau de cuivre et quelques fragments de fer rouilles, y compris des objets décrits comme « fiches » ou « clous », termes qui s’appliquent normalement à de grosses pointes utilisées dans un murus gallicus, même si le mot a un sens beaucoup plus large. Malheureusement, Vazeilles ne donne pas de dimensions.
61Il a retrouvé de « nombreux » tessons et les a comparés avec ceux de La Moutte à Sérandon. Des tessons (et d’autres objets) médiévaux manquaient. D’après Vazeilles, la plus grande partie du matériel se place entre l’âge du Bronze et La Tène III avec une prépondérance d’éléments hallstattiens. Un tesson grossier présente un cordon digité en applique. Les poteries de La Tène sont principalement des formes ouvertes lisses, grises ou noires. Deux tessons moins grossiers rappellent des formes campaniennes (Vazeilles 1954 : 10). Des tessons d’une amphore décrite comme Dressel 1 ont été trouvés en un endroit derrière le mur vitrifié. Le col mal cuit d’un vase dit gallo‑romain semble représenter la trouvaille la plus moderne parmi les débris.
Traces de structures à l’intérieur
62Elles semblent se limiter à un foyer associé à des galets derrière le rempart. Aucun contexte n’est donné pour les petites trouvailles.
63En 1958, Cotton proposa une interprétation complexe de ce site où elle envisagea deux phases défensives (Cotton in Brogan 1958 : 221). La première consistait en un mur du type Preist, vitrifié ultérieurement, suivi d’un murus gallicus. Tout ceci semble trop compliqué, et les meilleurs sites de comparaison sont de petites enceintes vitrifiées du Massif central, telles que le Puy de Sermus à St‑Geniez‑ô‑Merle et Escouailler, près de Mauriac dans le Cantal. Vazeilles a signalé que ce site, aussi, domine un confluent de la Dordogne, l’Auze (Vazeilles 1935 : 213).
19 108 Laroche‑près‑Feyt, Camp de Chabanas/de Chabannes/Tchabana
64Ce site (alt. c. 650 m) a été signalé par intermittence depuis le siècle dernier et mériterait une exploration plus approfondie (DAG, II : 452). La description la plus complète est celle de Longy qui le situe sur un plateau couvert de bruyère au‑dessus des gorges du Chavanon (Longy 1892 : 216‑217). Il se trouve à environ 500 m au nord‑est du village de Meymond.
65Le site est maintenant boisé et, par endroits, envahi par des ronces, ce qui rend impossible la vérification de certains détails. Longy décrit un rempart en terre, long de 100 m et haut de 5 m, avec un fossé, large de 4 m, contre le bord intérieur, et qui traversait la partie occidentale du plateau. Ce dernier est partiellement entouré par le Chavanon.
66A la fin du siècle dernier, on avait signalé, à l’intérieur du site, une source dans la partie sud‑ouest et une levée de terre circulaire au nord‑est, haute d’environ 1,5 m et de près de 14 m de diamètre. Les dimensions hors tout du promontoire sont de 300 m environ d’est en ouest et de 100 à 200 m du nord au sud. Longy a proposé de l’interpréter comme une construction des Anglais pendant la guerre de Cent Ans.
67Vazeilles a donné d’autres détails sur cette fortification, qui se trouve entre le Chavanon et son confluent la Miouzette (Vazeilles 1936a : 32). Des dimensions beaucoup moins impressionnantes sont proposées pour les défenses à l’ouest : un rempart haut de 2 m, large de 7 à 8 m, et interrompu par une seule entrée. Le fossé interne, large de 4 à 5 m, subsistait encore pour une profondeur maximale de 1,5 m. Il pensait que l’enclos circulaire, sur la bordure escarpée au nord‑est du camp, représentait un bastion dans une fortification qui couvrait plusieurs hectares.
68Au milieu des années 1950, Vazeilles signalait la trouvaille de quatre tessons de l’époque romaine tardive à l’intérieur de l’enclos circulaire, mais leur contexte dans ce « fond de cabane », peut‑être une tour à signaux romaine, n’est pas clair (Vazeilles 1954 : 34). Cotton a repris ce rapport (Cotton in Brogan 1958 : 222).
69En 1974, le site était envahi par les broussailles, mais il était possible d’observer les détails suivants. Le promontoire est coudé : il est d’abord orienté est‑ouest, puis il fait un angle droit et se dirige à peu près nord‑sud. Il est entouré au sud par la Miouzette et à l’est et au nord par le Chavanon. Les pentes au‑dessus de la rivière sont, par endroits, très raides.
70La défense principale, d’après Vazeilles, isole la partie haute (est‑ouest) du promontoire et elle est bordée par le fossé sur sa face interne. La partie nord‑sud du promontoire, légèrement plus basse, est bordée à l’ouest, à la rupture de la pente, par un système de rempart et de fossé triple orienté à 80° approximativement. Ces petits talus sont séparés par des bermes larges d’environ 10 à 15 m, et il semble qu’ils n’ont jamais représenté un potentiel défensif important, sauf s’ils étaient surmontés d’une palissade. L’estimation de 4 ha par Vazeilles pour la surface du site est peut‑être légèrement exagérée, mais elle est dans les normes (Vazeilles 1954 : 33). Des objets trouvés sur le site étaient dans sa collection personnelle et sont décrits comme étant des époques romaine tardive et post‑romaine (Dayras 1961 ; Cotton in Brogan 1958 : 222). Une origine protohistorique pour cette fortification n’est pas impossible.
19 113 Liginiac, Yeux
71Signalé par Lintz, ce site (alt. c. 600 m) se trouve sur la bordure orientale du lac artificiel de Neuvic, au‑dessous du niveau des hautes eaux (Lintz 1971b : 65). Il s’agit d’un tas de pierres irrégulier d’environ 3 m sur 10 m et haut de 0,50 m, qui ressemblait à un tas d’épierrement plutôt qu’à un cairn. Lintz a trouvé, mélangés aux pierres, vingt tessons, dont trois seulement étaient significatifs ; deux appartenaient à des vases non tournés ; il y avait également cinq tessons d’amphores. Il est certain qu’on ne peut pas dater cet ensemble de façon précise, mais une fourchette entre la fin de La Tène et Auguste semble probable. On peut comparer ce tas de pierres à ceux de La Forêt, commune de Maussac. Il indique, peut‑être, un habitat aux alentours.
19 117 Lissac‑sur‑Couze, Grotte de Puy Gérald/ des Contrebandiers
72Seule une publication préliminaire traite de ce site et je suis redevable à M. Yves de Kisch des renseignements supplémentaires qu’il m’a transmis (Gallia, 12, 1954 : 198).
73La grotte (alt. c. 180 m) se trouve sur le flanc nord‑ouest de la colline calcaire du Puy Gerald, à environ 30 m au‑dessus du ruisseau de Bancharel, un affluent temporaire de la Couze. Examinée avant la guerre de 1914, on la pensait archéologiquement stérile mais en 1952 on a retrouvé des tessons correspondant aux époques hallstattienne tardive et gallo‑romaine précoce. Ce matériel semble avoir été retrouvé à environ 2,5 m au‑dessous du sol de la grotte, sans autres précisions sur le contexte.
74L’ensemble a été divisé en deux séries que l’on croit chronologiquement disparates. Une grande partie des tessons n’ont pas été faits au tour et le dégraissant est en quartz ou en calcite ; la couleur après cuisson est plus ou moins rougeâtre. Le décor est limité à la fois quantitativement et qualitativement : seulement des impressions et des cordons digités. Bien qu’on trouve des parallèles pour certaines formes dans le premier âge du Fer du sud‑ouest de la France, d’autres comparaisons seraient toujours possibles dans des ensembles de La Tène III. L’autre série consiste en une poterie plus fine, normalement grise ou noire après une cuisson réductrice. Une datation vers le début de l’époque gallo‑romaine a été proposée pour cette partie du matériel (Gallia, 12, 1954 : 198, fig. 8), mais certaines formes existaient déjà pendant La Tène III, par exemple l’écuelle à bord rentrant. Plutôt que d’y voir deux époques différentes, la façon la plus simple de considérer ce matériel, apparemment rassemblé lors de la découverte, serait de le prendre comme typique des ensembles mélangés de la fin de La Tène et du gallo‑romain précoce, comme, par exemple, au Camp du Charlat à Ussel. Il est peu probable que la grotte fût choisie pour un habitat permanent.
19 123 Malemort‑sur‑Corrèze, Roumégoux
75Ce site fut signalé pour la première fois par Lalande, mais on a trouvé du mobilier pendant les travaux routiers sur la N 89 dans les années 1960 (Lalande 1881 ; Lintz 1969). Il comprenait des tessons d’une douzaine d’amphores, dont plusieurs lèvres suggéraient des Dressel 1a plutôt que des 1b, et un ensemble de poteries (Lintz 1969 : 60). La plupart de ces dernières étaient très fragmentaires, mais Lintz conclut que l’ensemble était au moins « de tradition gauloise ». Delage a publié le dessin d’une amphore Dressel la provenant de ce site (Delage 1938 : 139). Ce matériel fut trouvé en association avec des tegulae, des imbrices et trois fragments d’un tuyau d’écoulement en terre cuite. En se fondant sur cette association, on a proposé une datation vers la fin du ier s. av. J.‑C. plutôt que vers le début, et une occupation gallo‑romaine dans les environs permet d’appuyer cette hypothèse (Lintz 1981b : 63, no 17). Néanmoins, l’état extrêmement fragmentaire du matériel n’exclut pas la possibilité qu’une partie, au moins, de l’ensemble provienne d’un habitat plus ancien de quelques décennies.
19 128 Margerides, Les Pièces Grandes/La Chaux
76Nash a attiré l’attention sur ce site car on pourrait y voir un horizon de La Tène III (Nash 1978a : 278). Les monuments comprennent cinq structures importantes dont trois fana dans un enclos. La fonction du complexe semble avoir été essentiellement cultuelle. Sirat et Lintz ont publié des rapports provisoires (Sirat 1974 ; Lintz 1981b : 108‑111, no 164, fig. 10). Ces rapports ne donnent qu’un aperçu de la stratigraphie du site, mais son utilisation à la fin de La Tène III semble probable. En dehors des bâtiments en pierre, qui couvrent la période entre le ier et le ve s. ap. J.‑C., les auteurs ont très peu parlé de structures, bien que Lintz mentionne des trous de poteau à partir desquels il n’est pas possible d’identifier des plans (Lintz 1981b).
77Les données accessibles actuellement permettent plus une analyse du mobilier que de leurs contextes stratigraphiques. Le meilleur exemple d’une couche attribuable à La Tène III est sans doute le niveau qui passe sous la structure A4, elle‑même construite sur la ligne de l’enclos qui entoure les 3 fana (plan in Sirat 1974 : 85). De là viennent des tessons de La Tène III et un denier de la république romaine. Le bâtiment lui‑même semble avoir été utilisé au milieu du ier s. ap. J.‑C. (Lintz 1981b). Un matériel plus hétérogène fut découvert à l’extérieur de l’entrée est du fanum principal. On a identifié trois horizons principaux ; Lintz a qualifié le niveau inférieur d’« augustéen ». Seize monnaies celtiques sont en association avec des tessons dans la tradition de La Tène III (Nash 1978a). Dans les couches supérieures furent trouvés d’autres objets potentiellement laténiens, dont des fibules de Nauheim, bien qu’elles aient été associées à d’autres types plus tardifs (Lintz 1981b).
78On peut se demander si la présence de matériel de La Tène III est suffisante pour postuler une occupation du site différente de son utilisation cultuelle pendant les décennies immédiatement postérieures à la Conquête. Les monnaies ont été examinées plus haut.
19 130 Maussac, La Forêt
79On a trouvé du matériel associé à deux cairns irréguliers, pendant les travaux de reboisement sur le col (alt. c. 600 m) entre les sommets couverts par les forêts de Bonneval et de Ventadour, après que les deux cairns eurent été abîmés par les engins. Parmi les 50 tessons découverts, les types 1 et 3 de Périchon (Périchon 1977) –bol à bord rentrant et vase ovoïde– étaient majoritaires. Les décors étaient limités à des impressions digitées sur deux vases.
80Lintz a comparé l’ensemble à celui de la commune de Malemort (Corrèze), mais signale l’absence de tessons d’amphores (Lintz 1971a : 64 ; 1981b : 100, no 144). Le matériel de Maussac était associé à 5 kg de scories de fer, une hache néolithique en pierre et deux fragments de tegulae. Les scories pourraient indiquer une métallurgie domestique sur le site. L’ensemble suffit, peut‑être, pour suggérer une occupation possible dans la période de transition entre La Tène III et le gallo‑romain précoce. On trouve des cairns semblables dans les communes de Tarnac et de Liginiac (Corrèze).
19 132 Ménoire, Puy Châtellux/Chastellux
81Le site occupe un sommet (alt. 558 m) sur les plateaux vallonnés au sud de la Roche de Vic (commune d’Albussac). Il fut présenté par Lalande dans le Dictionnaire archéologique de la Gaule (Lalande 1890b : 103‑104 ; DAG, II : 188). La meilleure description est celle de Couchard, avec un plan (fig. 8) (Couchard 1968 : 72‑73).

FIG. 8 – 19 132 Ménoire, Puy Châtellux : plan (d’après Couchard 1968).
82Il se trouve à l’ouest de Ménoire dont il est séparé par la vallée du ruisseau de Ménoire. Lalande signala que ce site n’avait « rien de commun avec les véritables oppidums gaulois » (Lalande 1890b). La fortification prend la forme d’une enceinte de contour entourant le sommet arrondi de la colline et inclut de nombreux affleurements rocheux. Sur une très grande partie du tracé, les défenses sont limitées à l’escarpement naturel. Sur une partie restreinte, à l’est, elle est accompagnée d’un deuxième talus extérieur, ce qui donne un dénivelé d’un peu plus de 3 m par rapport à l’intérieur du site. Par endroits, sur le côté sud‑est par exemple, le bord extérieur du talus intérieur n’est pas net car il n’existe pas de changement de pente prononcé. Des défenses artificielles plus impressionnantes sont limitées à l’arc entre le sud‑ouest et le nord‑est. Là où elles sont le plus développées, elles consistent en un fossé, qui coupe un des accès au site, devant une plate‑forme (dont il est détaché) presque plate et large d’environ 8 m en moyenne. Le bord intérieur de cette plate‑forme est marqué par un fossé qui suit la base de la pente escarpée. Par endroits, le sommet de la pente est surmonté par les traces d’un petit rempart pierreux. Une interruption dans le tracé du fossé intérieur pourrait correspondre à l’entrée originale. Le sommet du rempart domine le fond du fossé d’un peu plus de 2 m.
83La caractéristique principale de l’intérieur du site est la présence d’affleurements rocheux. Elle est accompagnée au nord‑est d’un petit tronçon de rempart et de fossé qu’on peut difficilement expliquer en termes de défense. La surface clôturée a 45 à 50 m de diamètre, ce qui est extrêmement petit, même pour le Limousin. On n’a signalé aucun matériel sur le site et il n’est pas daté. Ce site ressemble beaucoup à la Roche de Vic, qu’on voit à environ 2 km au nord.
19 136 Meymac, Sous le Chemin du Bois
84On a signalé, près du village, des tessons d’amphores Dressel la (Lintz 1979a : carte 3, no 14). Il n’est pas certain que cette trouvaille soit en relation avec l’occupation précoce que Vazeilles croit avoir repérée à l’emplacement du Bourg (Vazeilles 1936a).
19 140 Monceaux‑sur‑Dordogne, Puy du Tour
Introduction
85Le Puy du Tour est le plus étudié des oppida limousins attribués à la fin de La Tène. Il a fait l’objet de deux séries de campagnes de fouilles : la première fois par Bombal qui, à partir de 1902, a travaillé de façon intermittente pendant la première décennie de ce siècle, et la deuxième fois par les Murat, qui ont fouillé entre 1954 et la fin des années 1960. Il semble que d’autres fouilles ont eu lieu entre les deux guerres, mais aucun rapport n’a été publié.
86Comme il n’existe pas de publication définitive sur ces travaux, il semble souhaitable de commencer par un survol des fouilles successives. Etant donné la dénomination de « major urban oppidum » qu’on a donné à ce site (Nash 1978b), il faut peut‑être signaler qu’il est peu probable que le nombre de journées de main‑d’œuvre pour la fouille ait dépassé 2 000.
87Le Puy du Tour est un sommet dominant le lit majeur de la Dordogne, qui coule environ 200 m plus bas, au sud‑ouest d’Argentat. C’est une butte témoin détachée des hauts plateaux qui’s’étendent vers le nord‑ouest. Vue de loin, la colline semble régulière mais une inspection plus minutieuse montre des zones de roche nue et une silhouette plus irrégulière.
88Le site domine le confluent de la Dordogne et de la Maronne, ce qui peut lui donner une certaine importance stratégique. Au nord‑est de la colline, les plateaux sont découpés par la vallée de la Sourigne, un confluent de la rive droite de la Dordogne ; au sud‑ouest, le ruisseau de Malefarge, qui traverse Monceaux, aide à isoler le promontoire où se trouve le Puy du Tour. L’eau sur le site provient de sources qui se trouvent, toutes, à l’extérieur de l’aire supposée défendue. Les Murat ont indiqué la plus importante sur leur plan (fig. 9) (Murat 1967 : 376‑377).

FIG. 9 – 19 140 Monceaux‑sur‑Dordogne, Puy du Tour : plan (d’après Murat 1967).
89En plus des rapports de fouille, divers auteurs ont attiré l’attention sur le matériel provenant du site. Hatt a noté les objets qui se trouvaient au musée d’Argentat en 1941 et les Murat ont republié les trouvailles faites jusqu’en 1953 (Hatt 1941 ; Murat 1967 : 369‑396). Malheureusement, les collections d’Argentat ont beaucoup souffert, surtout pendant la guerre, mais les petites trouvailles sont, néanmoins, nettement mieux connues que les séquences structurale et stratigraphique du site dont, à quelques exceptions près, on a très peu parlé. En 1957, Cotton a inclus cette fortification dans sa liste de celles qui avaient des défenses du type murus gallicus, mais son étude des fortifications des Lémovioes en 1961 n’ajoute que très peu de détails (Cotton in Wheeler 1957 ; 1961b : 43).
Les fouilles de Bombal
90En 1902, Bombal avait déjà découvert des poteries, des scories de fer et des silex au sommet du Puy du Tour. La même année, il pratiquait deux sondages sur son côté est. Le premier fut ouvert dans une dépression circulaire qu’il prenait pour une cabane gauloise et qui a donné quelques tessons. Le deuxième fut plus intéressant bien qu’il n’ait pas atteint le sol naturel. La tranchée traversait la terrasse supérieure et, dans une fouille d’environ 1 m2, a fourni des clous et d’autres débris en fer, des cailloux de la Dordogne et environ 4 kg de poteries. Parmi les tessons, il s’en trouvait un qui, d’après la description du décor, ressemble aux tessons ocellés connus, par exemple, au Mont‑Beuvray. Une fibule, apparemment en bronze, fut également découverte. Bombal a signalé l’existence de souterrains autour du fort, surtout un au Charlat à quelque 400 m au nord du Puy (Bombal 1904 : 83, no 14). Il est probable qu’ils datent du Moyen Age.
91Les fouilles de 1906 ont occupé 6 ouvriers pour une totalité de 90 jours de main‑d’œuvre, entre la fin juillet et le début septembre (Bombal 1906). Cette campagne, qui semble typique des fouilles de Bombal, donne une indication de l’échelle des opérations. Il a fouillé l’intérieur du site et les ouvrages défensifs mais il n’a laissé aucun plan. Les tranchées dans les défenses démontrèrent que ces dernières étaient construites surtout en terre, que Bombal estimait avoir été ramassée au sommet du Puy. Il y trouva une grande quantité de clous, et il a, avec pertinence, attribué la configuration des couches de terre des défenses au pourrissement d’une ossature en bois. Par la suite, il a dit que les clous furent trouvés en position verticale in situ (Bombai 1911b : 409).
92Sur les côtés est et ouest du sommet, Bombal a trouvé les traces d’une couche d’occupation scellée sous le rempart. Elle consistait surtout en douze trous de poteaux, de 0,30 à 0,35 m de diamètre et profonds d’environ 0,60 m, creusés dans la roche, et qui contenaient du charbon de bois. Un sol en argile rouge, trouvé à côté, semble confirmer cette interprétation.
93Il y avait de nombreuses indications d’un nivellement de la surface sur laquelle fut construit le rempart. A l’intérieur, sur les côtés nord, ouest et sud, on nota une tranchée, large de 0,60 m et profonde de 0,20 m, creusée dans la roche même. Sur le côté nord, elle était remblayée avec des galets de la Dordogne, qui auraient pu servir comme balles de fronde et qu’on trouvait fréquemment sur le site (Bombal 1906 : 409). Néanmoins, il est possible que cette tranchée fût en relation avec les défenses ; les dimensions auraient permis l’implantation de poutres verticales.
94Bombal signale l’absence d’un matériel identifiable comme romain tel que pierres sculptées, verre et tuiles à rebord. Il a trouvé environ 30 objets en bronze, surtout des bagues et des fragments de bracelets et de fibules. Parmi les objets en fer, il y avait une pointe de lance, des tôles qui, d’après Bombal, pouvaient appartenir à une cuirasse, des lève‑loquets (Déchelette 1914 : 1391, fig. 619) et une grande quantité de clous, longs de 0,05 à 0,30 m. En dehors des balles de fronde déjà mentionnées, les objets en pierre comprenaient, principalement, le tiers de la meta d’une meule rotative en granit et deux aiguisoirs usés (Bombal 1906 : 413). Il signala également la présence de charbon de bois et d’ossements d’animaux.
95Les poteries étaient nombreuses et hétérogènes, avec des tessons décorés. Quelques tessons, fabriqués à partir d’une argile micacée grisâtre, furent comparés à des poteries trouvées associées à un foyer dans un souterrain à Moustoulat, dans la même commune. Bombal n’a trouvé aucune trace de production de poteries sur le site, mais suggérait qu’un atelier ait pu exister tout près de là à La Borie, où on trouve une argile rouge qui ressemble à l’une de celles qui ont été utilisées sur le Puy (Bombal 1906 : 410). Par contre, les scories métalliques indiquent clairement qu’on travaillait le fer sur le site. Sur un point du côté est, il a trouvé plus de 1 kg de scories ressemblant aux restes provenant du fond d’un creuset.
96Les fouilles de 1906 donnèrent neuf monnaies, trouvées près des bords est et nord‑ouest du sommet. Deux, seulement, étaient près de la surface. Elles sont toutes des bronzes et Blanchet les attribuait aux Pictons (Blanchet in Bombal 1909). Les diamètres varient entre 15 et 19 mm ; cinq monnaies mesurent 16 mm (avers : tête imberbe à droite ; revers : cheval galopant, en haut, un oiseau).
97D’autres fouilles, en 1907, d’une soixantaine de journées de main‑d’œuvre, concernaient le côté est du sommet où Bombal avait remarqué les traces d’une occupation, décrites comme des « sols de cabanes » (Bombal 1908a). Plusieurs sols furent fouillés complètement et son rapport indique qu’il constata des différences stratigraphiques, mais il ne donne pas de détails. Des trous de poteau, semblables à ceux décrits auparavant, laissaient penser que les bâtiments avaient été généralement rectangulaires. Associés à un de ces sols, on trouva un meta et un tiers du catillus d’un moulin à bras ; quatre autres fragments de meules furent recueillis. Un foyer central dallé fut relevé en association avec un sol.
98Près de cette zone d’habitation, Bombal trouva des indications de tombes à incinération en amphores. Il a également trouvé d’autres fragments d’amphores dont deux étaient estampillés : HER et V Я. La poterie est de nouveau très hétérogène mais comprend plus de tessons décorés qu’en 1906.
99Les objets en bronze et en cuivre n’ajoutent rien aux découvertes précédentes. On a trouvé trois couteaux en fer (longueur des lames : 0,25, 0,22 et 0,10 m) et une autre pointe de lance à douille. Parmi les trois objets en verre, on remarque une perle verte et blanche.
100Neuf monnaies furent récoltées ; six étaient du type signalé pendant la campagne précédente. Les trois autres sont des bronzes arvernes à la légende MOTVDIACA (Bombal 1909 ; pour ce type, cf. Nash 1978a : 168‑169). Il semble qu’il a également trouvé des monnaies à la légende NERONCEN (cf. infra).
101Les fouilles recommencèrent en 1911, de nouveau sur le côté est (fig. 10) (Bombal 1911b). En 55 journées‑homme de travail, on enleva le remblai, profond de 1,5 m en moyenne, sur une surface de 25 m sur 6 m. L’irrégularité de la surface rocheuse dans laquelle furent creusés les trous de poteau a amené les fouilleurs à penser que les bâtiments avaient un étage et que le rez‑de‑chaussée était réservé au bétail ou à l’entreposage. Au moins 15 trous qui variaient entre 0,35 et 0,70 m de diamètre et 0,20 et 0,65 m de profondeur furent mis au jour.

FIG. 10 – 19 140 Monceaux‑sur‑Dordogne, Puy du Tour : en haut, plan et coupe de la structure A10 ; en bas, plan des trous de poteaux des cabanes gauloises (d’après Murat 1958 et Bombai 1911b).
Mobilier
102Parmi le petit mobilier, il y avait :
– Bronze : une applique avec une tête humaine (L = 36 mm) portant un chapeau ou un casque, avec un trou sous le nez pour la fixation ; 15 bagues ; des fragments de colliers, de fibules et de bracelets ; un bracelet en forme de serpent.
– Fer : un fragment de lame d’épée (longueur 0,27 m) et un couteau (longueur 0,12 m) dans le trou de poteau no 15 ; un autre couteau ; une petite faucille ; des bagues (diamètre maximal 37 mm) ; des scories de fer ; un bloc de scories contenait un bracelet en bronze.
– Poteries : très variées, elles étaient accompagnées de nombreux tessons d’amphores.
– Pierre : trois fragments de meules rotatives, sept aiguisoirs et de nombreuses balles de fronde.
Monnaies provenant des fouilles de 1911
103– Argent, poids 1,5 g.
Avers : tête à cheveux longs, à droite. Convexe.
Revers : cheval tourné à gauche ; au‑dessus, une tête coupée. Concave.
Attribuée aux Bituriges, mais elle ressemble aux monnaies dites des Lémovices (Colbert de Beaulieu 1955).
104– Bronze.
Avers : sanglier tourné à gauche ; au‑dessus, un croissant.
Revers : hippocampe, tourné à droite.
105– Six bronzes.
Avers : tête à droite.
Revers : cheval marchant à droite ; au‑dessus, un oiseau.
Blanchet les a attribués aux Pictons (Blanchet 1910).
106Au total, Jusqu’en 1911, les fouilles ont donné 26 monnaies, surtout dans la zone est du site.
107Dans l’ensemble, les premières fouilles démontraient l’importance potentielle du Puy du Tour, bien que Bombal ait senti qu’une grande partie du matériel datait d’avant la construction des défenses et représentait une occupation antérieure. La majorité du matériel fut déposé au musée d’Argentat, mais quelques balles de fronde, des poteries et des objets en fer furent laissés sur la colline. Il semble que les fouilles aient continué après la guerre de 1914‑1918, mais rien n’a été publié et une partie du matériel n’était pas déposée au musée (Murat 1965). En 1941, Hatt signala l’importance de la collection Bombal comme un ensemble attribuable à La Tène III et publia une grande partie du matériel le plus intéressant (Hatt 1941 : 13‑27).
Les fouilles des Murat : structures
108On a très peu publié sur ces fouilles, bien que le plan le plus récent semble indiquer une importante série de sondages à l’intérieur du site (Murat 1967 : 376‑377, fig. 1). Aucune recherche supplémentaire n’a eu lieu sur les défenses, et même leur emplacement est incertain car, d’après des recherches sur le terrain, certaines parties du tracé proposé par les Murat ne semblent pas satisfaisantes –au nord de la tranchée de Bombal, par exemple. Ils ont signalé des traces intermittentes de défenses extérieures –des murs en pierre sèche et des tronçons de rempart– dans des zones où il n’existe pas de falaises naturelles, mais rien n’était visible pendant les recherches sur le terrain. Un mur en pierre sèche que les Murat ont étudié au nord du sommet, servait à retenir la terrasse supérieure de la fortification. Il était haut de 1 à 1,2 m pour une épaisseur de 0,60 à 0,80 m seulement et était bâti sur une surface rocheuse nivelée artificiellement. Ces dimensions ne sont guère significatives d’une fortification. La colline, qui fut couverte de pâturages et de landes au début du siècle, est actuellement envahie par les broussailles.
109Plusieurs rapports, en commençant par celui de Murat en 1958, attirèrent l’attention sur la stratigraphie du sondage A10 (Murat 1958 : 89‑96). La couche I, composée de terre végétale, contenait des pierres, des tessons d’amphores et de la poterie fine, et était profonde d’environ 0,50 m. La couche II, une terre argileuse contenant de nombreux fragments de charbon de bois, fut subdivisée, en raison des trouvailles, en trois horizons : a, b, c. La couche IIa, comme la couche I, fut considérée comme un éboulis de pente. La couche III consistait en une argile durcie, peut‑être un sol d’habitation, et un foyer. La stratification interne de la couche II fut reprise dans Gallia, mais des trouvailles ultérieures dans la couche IIc ont suscité des doutes quant à l’intégrité de cette stratification (Fournier in Gallia, 12, 1954 ; Murat 1962 : 88). Même dans cette zone très localisée, elle devrait être abandonnée.
110Le bâtiment en A10 (fig. 10) consistait en un rectangle d’environ 10 m nord‑sud sur 2,5 m est‑ouest, défini par un mur bas en pierre sèche et creusé dans une terrasse. Une meule, au moins, fut trouvée en réemploi dans le mur. Le bâtiment était subdivisé en trois pièces, dont la plus méridionale, longue d’environ 5 m, semble être pourvue de deux entrées. La pièce centrale est la plus petite, et contient un foyer contre le mur est. Ce foyer mesurait 0,90 m sur 0,75 m et consistait en une couche d’argile durcie contenant des pierres et des tessons d’amphores. Contre la face interne du mur ouest de la pièce nord, se trouvent deux trous de poteaux, vraisemblablement pour les supports du toit.
111On a publié très peu d’autres détails sur les structures du site en dehors de ces rapports et quelques notes sur les sondages au sommet (près de la croix et de l’antenne radio) et sur la terrasse est, à quelque 8 m du sommet, au‑dessus de l’endroit où Bombal trouva la plupart de ces structures.
112Sur le sommet, les indices comprennent :
– deux fosses, creusées dans le rocher, d’environ 0,60 m de diamètre et profondes de 0,70 et 0,35 m ; elles se trouvaient respectivement aux points 01 et 02 (Murat 1958 : 96) ;
– une autre fosse, ou silo, à 10 m au sud‑ouest de la croix (Murat 1958 : 96) ;
– deux fosses, plus petites, fouillées près du bord extérieur de la plate‑forme supérieure (Murat 1958 : 96).
113Les Murat parlent d’autres fosses trouvées sur le sommet (Murat 1967 : 394). Elles contenaient des quantités de charbon de bois et des tessons de poteries communes ; elles correspondent vraisemblablement aux « citernes » signalées sur le plan de 1967.
114D’autres structures sur le sommet semblent limitées à un dallage de schiste bordé de pierres grossièrement équarries et alignées nord‑sud à environ 1 m à l’ouest de la croix (Murat 1958 : 96). Il existe, peut‑être, des traces d’un mur à environ 20 m à l’ouest de la croix. Au sud‑est de la zone A10, et en contrebas de la terrasse supérieure, les sondages marqués B semblent avoir donné des structures semblables à celles de la zone A10, bien que ces exemples supplémentaires paraissent être dans un mauvais état de conservation (Murat 1958 : 97‑98 ; Gallia, 29, 2, 1971 : 313 ; Murat 1984 : 39). Ces structures ont été comparées à d’autres dans le Midi, surtout à Montlaurès (Murat 1963 : 195). Fournier a signalé six structures semblables (Fournier 1965 : 50).
115Deux éléments seulement provenant, peut‑être, des défenses ont été décrits ; un bloc de pierre vitrifiée (Murat 1962 : 86) et un tas de pierres, d’environ 1,5 m de haut, en H6. Les pierres étaient prises dans l’argile sur une surface rocheuse grossièrement nivelée, mais l’endroit n’a pas été fouillé jusqu’au sol en place. A la base de ce tas furent trouvés des tessons d’amphores, des clous et une monnaie en bronze attribuée aux Bituriges (Murat 1958 : 97 ; 1962 : 86). Il semble que ces objets n’aient pas été scellés sous le tas de pierres.
116Bien que la plus grande partie du mobilier ait été publiée sans indication de provenance, on a suggéré qu’il pourrait indiquer une différenciation sociale sur le site et, récemment, un autre auteur a repris cette idée (Nash 1978a : 276). Par exemple, on a suggéré que les céramiques les plus fines proviennent de la plus haute terrasse du site et que leur présence en A10, entre autres points, est due à un glissement ultérieur (Murat 1962 : 88). De même, deux coupes en pierre, l’une en basalte et haute d’environ 0,08 m et l’autre en grès rose, viendraient du sommet du site, tout comme une bague en verre multicolore (Murat 1962 : 92, fig. 4, no 132). Ces trois objets sont attribués aux classes sociales supérieures.
117Le matériel provenant des silos de la terrasse supérieure, par contre, ne correspond pas à l’hypothèse d’une concentration de richesse. La structure 01, par exemple, n’a donné que quelques tessons d’amphores (Murat 1984 : 39). La rareté relative de céramiques décorées dans les fouilles de Bombal en 1906, sur la périphérie du site, pourrait, par contre, renforcer cette idée.
118Si les monnaies ne contredisent pas ce schéma, il faut noter que la grande majorité provient, soit des fouilles de Bombal, soit des sondages des Murat à l’extérieur du sommet. En d’autres termes, le matériel qui a été publié ne nous permet pas de juger cette hypothèse de façon satisfaisante.
Mobilier
119La première indication nette d’une chronologie sur le site est celle de Hatt dans son étude du mobilier provenant des fouilles du début du siècle (Hatt 1941). Il attribue l’essentiel de l’ensemble à La Tène III. Les travaux ultérieurs n’ont fourni que très peu d’objets qu’on ne peut pas assimiler à cette époque. Le matériel publié peut être résumé comme suit (Murat 1984 : 41‑42).
Pierre
120– De nombreuses balles de fronde, souvent en basalte, granit ou quartzite, provenant de la vallée de la Dordogne ; on a proposé d’autres utilisations pour certaines de ces pierres qu’on trouve toujours en quantités considérables sur la colline (Murat 1967 : 370).
– Aiguisoirs : cinq exemplaires en schiste dont un perforé (Murat 1967 : 370, fig. 2, no 1).
– Meules : la majorité des meules provenant des fouilles anciennes sont des moulins à bras, trouvés en 1907, bien qu’on ait signalé une meule dormante en grès rose (Murat 1967 : 372, fig. 2, no 2) ; toutes les meules trouvées avant la Première Guerre sont en granit ; l’une d’entre elles est pourvue d’un trou horizontal pour une barre (Murat 1967 : 372, fig. 2, no 3) ; au moins une meule en pierre volcanique a été signalée (Gallia, 12,1954 : 198).
– Silex : quelques pièces ont été récoltées.
– Haches en pierre polie : Vazeilles signale deux exemplaires (Vazeilles 1953).
– Verre : les quelques objets en verre récoltés sont des perles et des anneaux : une perle bleu pâle porte un décor en cercles gris‑bleu foncé, et le mieux travaillé des anneaux est décoré de lignes radiales (Murat 1967 : 382, fig. 8). Les Murat n’ont récolté que deux objets en verre (Murat 1984 : 42).
Fer
121Les objets en fer comprennent des outils, des armes, quelques éléments qui pourraient être des harnachements de cheval, des clous (Hatt 1941 : pl. 7), des anneaux, des chaînes et des morceaux de plaques de fer (Murat 1967 : 384, fig. 8). On a également trouvé des scories de fer sur le Puy, ce qui suggère une industrie métallurgique. Quelques objets ont été décrits comme étant soit des poinçons, soit des lingots ; les témoins d’un travail du fer semblent se trouver dans l’ensemble en dehors du sommet. Parmi les outils et les armes, on trouve :
– une lame de faucille,
– une serpette,
– une pointe de lance à douille,
– quatre couteaux (longueurs entre 0,11 et 0,38 m),
– six fiches à douille,
– une épée en fer dans un fourreau en bronze (longueur subsistante : 0,28 m).
Argent
122En dehors des monnaies, une seule bague de 15 mm de diamètre a été signalée ; elle est aujourd’hui perdue.
Bronze
123On trouve des objets en bronze coulé et en tôle. Les objets de parure comprennent des fibules, des bagues et des bracelets. Il y a également des morceaux de tuyauterie, et le fléau d’une balance suggère des mesures de précision (Hatt 1941 : pl. 4, no 1). Le seul objet d’art est un petit masque en bronze coulé (Hatt 1941 : pl. 1, no IX ; cf. supra). Parmi ces objets en bronze, les fibules semblent offrir la meilleure possibilité d’une datation précise ; on a trouvé les deux types suivants, attribuables tous les deux à La Tène III :
– pseudo‑La Tène II : par exemple, Murat 1962 : fig. 1, no 7 ;
– Nauheim : Hatt 1941 : pl. 1, no XII, pl. 2, nos VII et IX ; Murat 1962 : fig. 1, no 1 ; 1967 : fig. 10.
124A peu près la moitié des fibules des fouilles d’après‑guerre sont du type Nauheim ; quelques‑unes ont des arcs décorés. La majorité provient des zones d’habitation à l’extérieur du sommet (Murat 1984 : 42). Les scories de bronze indiquent l’existence de bronziers sur le site.
Céramique
125Dans son analyse des poteries du site, Hatt distingua les poteries montées à la main de celles, plus fines, montées au tour (Hatt 1941) ; les poteries grossières sont normalement de couleur noir brunâtre ; les grains de mica prédominent dans le dégraissant ; le décor consiste normalement soit en des motifs simples incisés, soit en cordons appliqués (par exemple, Hatt 1941 : fig. 6, no IX). Bien que ces motifs aient quelquefois des antécédents hallstattiens, les formes des vases sur lesquels on les trouve sont de la fin de La Tène. Il semble que la poterie grossière soit moins fréquente sur le sommet du Puy.
126Les céramiques plus fines –soit grises, soit blanc cassé– sont faites au tour et une datation vers la fin de La Tène semble appropriée (Hatt 1941 : pl. 5, nos I, IV, V). Elles semblent représenter une partie mineure dans le matériel des fouilles de Bombal mais dans les fouilles des années 1950 et 1960, la céramique fine représente environ 25 % des tessons (Murat 1984). Une grande partie du matériel publié par les Murat pourrait très bien dater des décennies autour de la Conquête (Murat 1967) ; les poteries peintes sont rares (Murat 1984 : 41).
Monnaies
127Les fouilles anciennes ont donné environ 40 monnaies, surtout des bronzes attribués à l’origine aux Bituriges. Il n’en reste que 7 (Murat 1967 : 390‑391) ; 3 des 6 monnaies trouvées par les Murat sont des types BN 4068 ou 4072 (Murat 1984 : 42) ; une monnaie des NERONCEN représente la découverte la plus septentrionale de ce type et suggère un contact avec la Narbonnaise. Trois monnaies à peu près identiques semblent avoir été trouvées en 1907, mais elles ont été perdues depuis (Desbordes 1985).
Importations provenant de la région méditerranéenne
128– Amphores : les découvertes principales sont des tessons d’une douzaine d’amphores républicaines III (Dressel la), surtout dans les couches supérieures des fouilles des Murat ; quelques tessons laissent supposer la présence d’amphores du type « Benoit Républicain I » ; on a trouvé au moins dix amphores dans les fouilles anciennes. Des tessons d’amphores furent réutilisés, par exemple dans le foyer de la structure A10. Bombai en a trouvé d’autres qui avaient servi de réceptacle pour des ossements incinérés, une utilisation qu’on retrouve au Mont‑Beuvray, mais les Murat n’ont trouvé aucune sépulture (Murat 1984 : 43).
On connaît deux marques sur les amphores : HER et V Я (Hatt 1941 : pl. 5, nos II, VII). On ne peut pas dire, d’après les dessins de Hatt, s’il s’agit des types la ou 1b (Hatt 1941 : pl. 6, n° VII). Deux marques d’amphores illisibles figurent dans les découvertes des Murat.
129– Campanienne et copies de campanienne : Hatt nota deux tessons parmi le matériel des fouilles de Bombai (Hatt 1941 : 17) ; deux autres tessons considérés comme des imitations ont été découverts en 1963 (Murat 1963 : 199).
Conclusions
130Les fouilles du Puy du Tour ont commencé il y a 75 ans, mais nous savons peu de choses sur le site. Il semble qu’il était entouré d’un murus gallicus semblable au type Avaricum, du moins dans un secteur, bien que les travaux plus récents n’aient pu le confirmer. Dans l’ensemble, le matériel date de La Tène III et, contrairement à ce que dit Fournier (1965), il y a peu de raisons pour supposer que l’occupation ait commencé au ve s. av. J.‑C. Il y a, cependant, quelques indications d’une activité pendant l’époque de La Tène II. Le mobilier caractéristique de l’époque gallo‑romaine manque (Fournier 1965 ; Lintz 1981b : no 66), ce qui indique que l’occupation n’a dépassé la Conquête que de quelques décennies au maximum. On trouve des produits et des influences structurales méditerranéens, mais l’emplacement du site au‑dessus du lit majeur de la Dordogne suggère qu’il n’était pas adapté à long terme au rôle d’un emporium sur la bordure sud du territoire des Lémovices. Les indices d’une occupation complexe, à la fois en termes sociaux et industriels, sont très séduisants mais doivent être éclairés par les fouilles ultérieures (Murat 1984).
19 140 Monceaux‑sur‑Dordogne, Puy Grasset/Granet, lieu‑dit Le C(h)astel ou Le Chastelou, au village de Raz
131Ce site, décrit par Rupin qui se référait à une lettre de Bombal, fut très abîmé pendant la construction d’une maison aux alentours de 1875 (Rupin 1893 : 197‑198). Il se trouvait sur le côté est du Puy Grasset, au‑dessus du village de Raz, mais en contrebas du sommet de la colline (alt. c. 350 m). La description semble être celle d’une motte médiévale plutôt que celle d’un ouvrage protohistorique mais quelques traces de vitrification étaient visibles dans les roches schisteuses du sommet de la motte. Les poteries et débris de fer trouvés pendant le nettoyage du site sont perdus.
132Le site Jouit d’une vue étendue sur la vallée de la Dordogne, vers l’est. Joudoux dit qu’il est délimité par un rempart à l’ouest, un fossé artificiel au sud et par la pente naturelle du terrain à l’est vers la Dordogne (Joudoux 1968). Le site semble, également, entouré de terrasses, mais leur rapport avec les défenses n’est pas clair. Joudoux signala, à l’intérieur du site, deux carrières de pierres pour la construction du rempart. Le petit mobilier semble limité à des fragments de brique, quelques tessons et du minerai de fer. Desbordes décrit l’enceinte comme vitrifiée et, sans doute, médiévale (Desbordes in Gallia, 35, 2, 1977 : 431).
19 146 Naves, Bâtiment du Crédit agricole
133Lintz signale que cette commune a fourni des tessons d’amphores Dressel 1 (Lintz 1979a : fig. 3, no 10). Le site le mieux connu dans la commune, partiellement fouillé pendant la première moitié du xixe siècle, se trouve entre Tintignac et La Geneste (Lintz 1981b : 79‑82, no 91). On l’a interprété comme un sanctuaire rural, avec un théâtre, un temple, et des structures annexes, mais les témoins d’une occupation permanente manquent. Comme à Margerides, au Puy de Jouer et sur d’autres sites semblables du Limousin, la possibilité d’une utilisation avant la Conquête ne peut pas être exclue. Antignac et Lombard ont signalé les résultats d’une fouille de sauvetage au village (Antignac 1977). On a identifié quatre fosses et un four (de potier) au‑dessous d’une couche hétérogène qui comportait des tegulae et des tessons attribuables à l’époque gallo‑romaine précoce, bien qu’une seule fosse ait été fouillée systématiquement. Le four renfermait une jatte carénée faite à la main (Périchon 1977 : type 5), dont la forme est déjà connue pendant la première période d’Aulnat, mais elle a perduré longtemps. La fosse fouillée était remplie de tessons d’amphores Dressel 1, et d’un nombre restreint de vases. D’après les figures, les deux amphores publiées par Antignac et Lombard sont des Dressel 1a (Antignac 1977 : 99). Des dépôts d’argile au fond de cette fosse semblent indiquer que sa fonction initiale était en relation avec le four, et qu’il fut ensuite utilisé comme dépotoir. Un as de Nîmes fut trouvé hors stratigraphie.
19 151 Noailles, Les Allées, près de La Fage
134L’occupation de cette grotte (alt. c. 240 m) fut signalée pour la première fois en 1958. On y a trouvé un matériel des époques des Champs d’Urnes, hallstattienne, laténienne et gallo‑romaine (Labrousse 1960). La fouille était très limitée mais suffisante pour démontrer que le dépôt était stratifié. Chronologiquement, le matériel le plus ancien semble être la céramique à légères cannelures, le « illed ware » de Sandars, qui est représentée par les restes de quatre vases (Sandars 1957). Il y avait également une petite quantité de céramiques graphitées (Labrousse 1960 : 63, fig. 4) et quelques poteries grossières avec un décor digité. Dans la typologie de Kimmig (1952‑54), cette céramique à légères cannelures devrait appartenir au CU 2 ou au CU 3, mais elle semble dans cette stratigraphie indifférenciable de la céramique graphitée. Ces deux types de céramiques sont connus dans des grottes du Lot : la céramique graphitée à Siréjol, Gignac (Couchard 1966) ; des objets métalliques de la fin de l’âge du Bronze et des céramiques graphitées à Roucadour, Thémines (Couchard 1969) ; des céramiques à légères cannelures à Escabasses, Thémines, et un vase graphité à La Fée, Thémines (Lorblanchet 1972). Il est donc possible que le site corrézien ait déjà été occupé au début du premier millénaire av. J.‑C. Des tessons appartenant à un vase très élaboré, attribué à La Tène III, furent également trouvés, et aussi une importante quantité de matériel gallo‑romain (Labrousse 1960 : fig. 5).
135Malgré la quantité de débris trouvés ici, une occupation permanente de la grotte semble peu probable. Par contre, il y a de nombreuses indications d’une occupation aux alentours (Labrousse 1960 : fig. 1). Du matériel gallo‑romain est signalé au sud du château de La Fage (Lintz 1981b : 61, no 15). Lintz a également identifié des tessons d’amphores Dressel 1, ce qui pourrait indiquer une occupation pendant La Tène III (Lintz 1979a : carte 3). Le site se trouve sur une pente exposée au nord à environ 2 km au sud du ruisseau de la Couze. On connaît également plusieurs monnaies dans cette commune.
19 158 Pandrignes, Camp du plateau des Saulières
136Le site occupe une ligne de crête (alt. c. 402 m), orientée nord‑ouest/sud‑est, dans une région de plateaux fortement vallonnés au sud du village de Pandrignes. Elle descend en pente raide vers la D29e à l’ouest et vers un affluent mineur du ruisseau de la Ganne et des prés à l’est. Le sommet est en pente douce vers le nord‑ouest ; cette pente devient plus prononcée à l’extérieur de la fortification au nord‑ouest.
137Couchard et collab. ont publié le seul plan existant de ce site (fig. 11) et une description relativement complète (Couchard 1973 : 323‑325). Le plan est reproduit ici (Couchard 1973 : fig. 7). Il a été modifié pour prendre en compte les éléments que j’ai remarqués pendant mes visites en 1975 et, surtout, en 1980. Il faut insister sur le fait que ce site se trouve dans une zone de bois clairsemés complètement envahie par des ronces et des bruyères, et, en conséquence, les remarques suivantes doivent rester provisoires. Les dimensions internes de cette fortification sont d’environ 70 m nord‑ouest/sud‑est et, en moyenne, d’environ 40 m nord‑est/sud‑ouest, mais c’est seulement aux endroits où le bord du sommet est défini par des affleurements de la roche qu’on peut délimiter facilement cette dernière dimension. Les défenses sont plus développées sur le point le plus facilement accessible, l’extrémité sud‑est ; sinon, les ouvrages artificiels sont limités à l’extrémité nord‑ouest de l’éperon. Dans la description qui suit, j’ai utilisé le système alphanumérique de Couchard.

FIG. 11 – 19 158 Pandrignes, Camp du plateau des Saulières : plan (d’après Couchard 1973).
138– Fossé extérieur (F1) : toujours nettement visible, bien que l’accès à travers ce fossé soit envahi par la végétation. Entre F1 et F2 se trouve un léger monticule, qui n’est pas marqué sur le plan de Couchard, et qui ressemble aux restes d’un rempart dans un état final de délabrement.
139– Fossé intérieur (F2) : bien que la discontinuité du F2 ne soit pas nécessairement d’origine, il est possible qu’elle représente l’entrée. Le F2 semble avoir été perturbé récemment. Aucun des deux fossés n’excède 5 m de large, ni 1 m de profondeur. Au nord‑est du camp, les extrémités du F3 se retournent vers l’intérieur du site.
140A l’intérieur de la fortification envahie par la végétation, les seuls éléments archéologiques visibles sont les deux monticules dont Couchard a publié un croquis. La disposition en forme de fer à cheval en B2 est un trou moderne ; on ne distingue pas grand chose dans la coupe en dehors de la présence d’une couche de roche‑mère pourrie.
141En deux endroits du côté est de la fortification au‑dessus du ruisseau, Couchard a identifié les restes fragmentaires d’un mur en pierre sèche entre les affleurements rocheux. En 1980, je ne pouvais pas voir le M2 de Couchard à cause de la végétation, mais il n’y avait aucun signe de mur en M1.
142L’espace habitable à l’intérieur de cette minuscule fortification est évidemment très limité. Bien que la pente entre les deux plates‑formes intérieures (P1 et P2) soit moins raide que ne le suggère le plan de Couchard, elle est largement suffisante pour interdire toute occupation de cette zone sans aménagements importants.
143Les fouilles étaient assez désordonnées. L’abbé Faurie, qui fut le premier à identifier le site, semble avoir trouvé des poteries et des objets en fer. Les fouilles de Vazeilles n’ont donné que des silex (Brunie 1953 : 15 ; Couchard 1973 : 323). Lombard a signalé les découvertes plus récentes (Lombard 1972b). Il a parlé de matériel hallstattien, sans autres précisions (Lombard 1972b ; 74). De plus, il semble qu’on a trouvé deux monnaies en bronze un peu avant 1972 (Lombard 1972a : 426‑427). Une des deux a été attribuée aux tribus du Centre‑Ouest et l’autre aux Sénons. Les fouilleurs n’ont pas noté de stratigraphies associées.
19 176 Rosiers‑d’Égletons, Le Pont‑Maure/Camp de la Guilhaumie
144Ce site fut signalé à la suite des fouilles limitées de Lucas‑Shadwell (Vazeilles 1936a : 27‑28). Dans ses publications des sites de la Corrèze, Cotton a, d’abord, décrit le site comme une enceinte de contour mais, ultérieurement, elle parle d’un petit enclos rectangulaire (Cotton in Brogan 1958 : 221 ; Cotton 1961b : 48‑49).
145Il se trouve sur un terrain boisé (alt. c. 595 m) à environ 350 m au sud‑ouest du croisement du Pont‑Maure. Ce terrain se trouve dans un creux car il est dominé au sud‑ouest par le sommet arrondi qui se dresse au nord du village de Terriou. Bien que cette zone soit drainée par le ruisseau de la Montagne qui passe près de Pont‑Maure, les environs du site sont marécageux. Vu sa situation au fond d’une vallée, l’ancienne interprétation du site comme une ferme était probablement erronée.
146Le site (fig. 12) a été décrit par plusieurs auteurs qui ont pu étudier les tranchées de Lucas‑Shadwell, qui étaient moins visibles en 1974 (Vazeilles 1954 : 37 ; Cotton 1961b : 48‑49, fig. 15, 16, 18). Les dimensions maximales sont d’environ 120 m nord‑nord‑ouest/ sud‑sud‑est et d’environ 60 m perpendiculairement. Il est bordé d’un simple talus, interrompu par une entrée, large de 4 m, sur le côté est, qui définit une plate‑forme, haute d’environ 2 m par rapport au niveau environnant. La surface close couvre environ 0,61 h.

FIG. 12 – Enceintes quadrangulaires de la Corrèze, plans : 19 256 Sérandon, La Moutte ; 19 199 Fenoulllac, Le Fort ; 19 176 Rosiers‑d’Egletons, Le Pont‑Maure (d’après Cotton 1961b).
147Cotton et Frere ont réexaminé une des coupes dans le côté nord du site (fig. 13) et leur étude fait ressortir deux détails importants : d’abord l’ancienne configuration de la limite du site, et le volume du remblai –surtout un sable jaunâtre– qui cache les éléments sous‑jacents (Cotton 1961b : fig. 16). On peut très difficilement expliquer par des moyens naturels le dépôt de tant de sable après le remblaiement, ou l’envasement du fossé. Derrière le rempart (no 3 sur la coupe de Cotton et Frere), cette couche a plus de 1 m d’épaisseur. De plus, elle semble avoir été déposée avant que le rempart ne s’affaisse, comme l’indique le pendage du sable vu en coupe. En outre, il semblerait qu’il n’y ait pas de couche d’humus sur la surface du rempart. J’en déduis qu’on a pu apporter du sable sur le site à une date peu éloignée de l’époque de son utilisation comme enclos rectiligne avec rempart et fossé.

FIG. 13 – 19 176 Rosiers‑d’Egletons. Le Pont‑Maure : coupe du rempart fouillée par Lucas‑Shadwell. 1 : terre végétale ; 2 : sable jaunâtre ; 3, 4 : sable orangé ; 5 : limon sableux de couleur foncée (d’après Cotton 1961b).
148Si cette hypothèse est admise, on se trouve devant deux groupes de problèmes. Le premier concerne la raison de la transformation du site, mais la présence des marécages pourrait fournir une explication. Le deuxième concerne le rapport entre cette hypothèse et les rares notes concernant le petit mobilier trouvé sur le site. Il est probablement inutile d’insister sur la faiblesse d’un argument basé sur cet unique indice.
149Les traces conservées semblent indiquer que le rempart était construit sur un terrain en pente douce. Large à la base de 3 m, sa hauteur au moment de son enfouissement était d’environ 1 m. Il y a une berme étroite entre ce rempart et le fossé externe, profond d’au moins 1 m et de largeur inconnue. Cotton et Frere ont noté que le fond du fossé était plat, mais leur coupe, qui montre qu’ils n’avaient peut‑être pas atteint la base de la couche no 5 (un limon foncé sablonneux), laisse ouverte une réinterprétation éventuelle. Bien qu’un angle subsiste sous le sable sur le bord intérieur du fossé (couche n° 4), le pendage de la couche supérieure semble plutôt raide pour une matière aussi meuble que le sable. Nous pouvons, donc, peut‑être, déduire des observations de Cotton et Frere, faites dans une tranchée inédite et fouillée 30 ans avant leur visite, qu’il est possible d’imaginer une utilisation de ce site plus complexe que celle qui a été proposée à l’origine. Le matériel récolté sur le site n’a Jamais été publié dans son ensemble et ne se trouvait pas parmi celui qui a été transféré du Château de Bity, la maison de Lucas‑Shadwell, au musée de Tulle (Cotton 1961b : 49, note 45 ; G. Lintz : comm. pers.).
150Tous les renseignements actuellement disponibles se trouvent dans la publication de Ward‑Perkins (Ward‑Perkins 1940 : 49, 54, 79‑81, fig. 22) ; parmi les détails les plus importants, on voit que :
– Lucas‑Shadwell a trouvé une riche série de mobilier stratifié ;
– les trouvailles incluent de nombreuses importations provenant du sud ;
– les pâtes que Ward‑Perkins acceptait comme laténiennes manquent ;
– le matériel publié par Ward‑Perkins provient de la deuxième phase d’occupation du Pont‑Maure et l’ensemble est typique des poteries fines grises du site.
151Il est évident que le problème principal réside dans l’absence de définition de « la deuxième phase de l’occupation » par rapport à la stratigraphie examinée supra, mais nous pouvons supposer qu’il s’agit de la couche de sable jaunâtre. Il est difficile d’évaluer les raisons avancées par Cotton et Frere pour suggérer que le matériel provenait surtout du fossé sur les côtés nord et nord‑est du site (Cotton 1961b : 49). L’impression laissée par l’ensemble dans l’état où nous le connaissons conduit à le dater d’après la Conquête (Ward‑Perkins 1940 : 79‑81, fig. 22). Les poteries consistent exclusivement en objets tournés, dans une pâte grise et dure qui prend une couleur noire brillante après polissage.
152Les formes suivantes sont représentées (fig. 14) (la numérotation est celle de Ward‑Perkins).
153No 1
154Vase avec plusieurs cordons. Périchon et collab. ont suggéré qu’un ensemble similaire, trouvé à l’institut St‑Joseph à Roanne, représente la reproduction en céramique d’un prototype en bois (Périchon 1977 : type 14). Ce décor semble typique de la première période de ce dernier site (Bessou 1976 : pl. 30, 31, 63). On a proposé une datation au deuxième quart du ier s. av. J.‑C., bien que la présence de certains objets, tels que des fibules en fer de La Tène II, et des tessons d’amphores gréco‑italiques, par exemple, pris individuellement, puisse indiquer une date initiale plus ancienne (Bessou 1976 : 62‑63). Une autre version, plus simple, de cette forme est également présente à Mainxe (Charente), dans un contexte de La Tène III. Pautreau l’a comparée à un pyxis attique (Pautreau 1976b : 774, fig. 2, no 5).
155No 2
156Semble représenter une forme élaborée duvase haut à piédestal identifié à l’Institut St‑Joseph (Bessou 1976 : 33), où la majorité des spécimens sont peints. D’après Bessou, cette forme est présente pendant la première période, mais elle continue, avec quelques modifications légères, jusqu’aux premières décennies ap. J.‑C. Le site de Champsemard, à Tournus, offre un autre parallèle, appelé « Jatte tournée à carène vive » (Perrin 1975 : 61, type 22 Ba). 70 av. J.‑C. serait la date initiale pour l’horizon correspondant.
157No 3
158Ce vase, qui n’a pas été étudié par Ward‑Perkins, serait assez semblable à la forme 261 de Périchon (Périchon 1977) qui est supposée représenter une copie des Drag. 44. Le vase de Pont‑Maure diffère, cependant, de la forme 261, à la fois par sa lèvre saillante et par l’angle de la panse, même si Périchon note qu’on trouve des vases ouverts de cette forme (Périchon 1977 : 40).
159No 4
160Cette forme est, géographiquement, beaucoup plus répandue que ne le suggère Ward‑Perkins ; elle existe en terre grossière et fine (Périchon 1977 : types 1, 1a). Elle se trouve parmi les rares formes dominantes dans le premier ensemble de Levroux mais elle continue par la suite (Buchsenschutz 1981b : 334).
161No 5
162Cette forme, souvent décorée, trouve un parallèle à l’institut St‑Joseph (Bessou 1976 : pl. 31). Ces dernières, cependant, sont normalement plus hémisphériques. La campanienne A –Lamb. 31– fournit une forme très voisine de celle‑ci (Périchon 1977 : type 203). Comme on a également proposé des prototypes en bois pour cette forme, une datation précise est actuellement peu sûre, même si Bessou suggère qu’elle atteint sa période d’extension maximum aux alentours de 50 av. J.‑C. (Bessou 1976 : 36‑37). Perrin a publié un vase de ce type avec un pied plus simple, provenant de Tournus (Perrin 1975 : pl. 5, 8). La forme liée à la céramique campanienne est le type 203 de Périchon (Périchon 1977).
163No 6
164Périchon et collab. disent que cette forme est rare (Périchon 1977 : type 29). Il est probable que ces vases en forme de seau avaient des prototypes métalliques. La forme se retrouve à Aulnat pendant la deuxième période de Périchon et à l’Institut St‑Joseph pendant la première (Périchon 1977 : 144‑145). Plus à l’ouest, on la retrouve sur des sites de La Tène III, tel que Muron en Charente (Pautreau 1976b : fig. 3, 8).
165No 7
166Cette forme semble être une variante soignée du vase ovoïde commun ; on trouve des vases semblables pendant la deuxième période de l’Institut St‑Joseph (Périchon 1977 : 166‑167, type 2g). On la retrouve également au Crêt‑Châtelard et à Gergovie dans le nord‑est du Massif central.
167No 8
168Une imitation de campanienne que Périchon et collab. décrivent comme étant la forme la plus fréquemment importée et imitée (Périchon 1977 : type 201).
169No 9
170Ce vase soigné, que Ward‑Perkins n’a pas étudié, ressemble beaucoup à deux formes greffées l’une sur l’autre. La partie supérieure ressemble à une jatte à carène anguleuse, une variante du type 5 de Périchon et collab., (par exemple, Périchon 1977 : 194‑195, type 5c). On trouve de tels vases composites à Levroux, dans une séquence datant d’après la Conquête.
171No 10
172Cette forme ressemble au no 6 en plus grand. On trouve des vases assez semblables au Mont‑Beuvray (Bulliot 1899 : pl. XXIV, 6,11,14).

FIG. 14 – 19 176 Rosiers‑d’Egletons, Le Pont‑Maure : céramiques (d’après Ward‑Perkins 1940).
173Bien que cette étude rapide traite d’un groupe de poteries qu’on ne peut pas considérer comme un ensemble clos sûr et qu’elle laisse de côté les décors (non reproduits par Ward‑Perkins 1940 : 81), elle semble intéressante pour deux raisons. Premièrement, même si, parmi les sélections éclectiques dans lesquelles on a cherché des parallèles, certaines formes se trouvent dans des contextes datant d’avant la Conquête, cet ensemble, s’il est fermé, peut très bien dater de quelques décennies plus tard. Plus important, cependant, il apparaît clairement que beaucoup d’éléments peuvent trouver des parallèles aussi bien vers le nord et l’est que vers l’ouest et le sud, directions dans lesquelles Ward‑Perkins a surtout cherché.
174Etant donné la topographie autour du site, il semble bien placé pour être inclus dans la série des Viereckschanzen.
19 191 Saint‑Cernin‑de‑Larche, Le Fournet
175Le site occupe l’extrémité d’un éperon en calcaire juste à l’est du hameau du Fournet. Vers l’est, il domine la vallée de la Couze, un affluent de la rive gauche de la Vézère, et les terres agricoles vallonnées de la bordure sud de la vallée de la Vézère vers le nord. Vers le sud‑est, le plateau monte en pente douce. Le promontoire (alt. 218 m), long d’environ 150 m, est bordé de falaises calcaires qui limitent l’accès, sauf au sud‑est, à des défilés étroits, dont un descend à partir d’une statue de la Vierge. Le plateau était en friche en 1975 et herbeux sauf pour quelques affleurements de dalles de calcaire ; de plus, le site est envahi, par endroits, par des arbustes.
176L’élément principal encore visible est un rempart (fig. 15, no 17) en pierres peu élevé qui barre, partiellement, le promontoire à quelque 50 m au sud‑est de la pointe. Il s’arrête à environ 10 m de la falaise sur le côté ouest et à un peu moins de la rupture de pente à l’est. Il est large de 3 à 4 m et relativement insignifiant. Couchard suppose qu’il représente le noyau d’une défense plus substantielle dont les parements ont été enlevés pour servir de pierres de construction, mais seules les fouilles pourraient confirmer cette hypothèse (Couchard 1968 : 64‑ 67). Ce rempart mis à part, les défenses sont limitées à quelques tronçons effondrés de murs en pierre sèche qui barrent certains des accès étroits dans les falaises. La plupart se trouvent au sud de la surface restreinte limitée par le rempart pierreux.

FIG. 15 – 19 191 Saint‑Cernin‑de‑Larche, Camp du Fournet : plan. 17 : mur en pierre sèche ; 18 : statue de la Vierge (d’après Couchard 1968).
177Toute description du site et de ses environs doit beaucoup au rapport de Couchard qui est basé sur une inspection détaillée, des ramassages de surface et des sondages limités (Couchard 1968 : 64‑67, plan). Il semble que les sondages antérieurs de Bouyssonie furent négatifs. Couchard nota les découvertes suivantes sur le site : une quantité importante de tessons (attribuables à des époques diverses), quelques silex travaillés et des fragments d’ossements calcinés. Les tessons incluent une anse caractéristique de la céramique chasséenne tardive et un matériel « hallstattien ». Certains silex semblent être néolithiques et le bout d’une hache en pierre polie fut également retrouvé.
178La majorité des structures supposées se trouvent à l’extérieur de la ligne de défense probable. Quelques‑unes semblent avoir fait l’objet de fouilles limitées qui ont confirmé leur existence. Les deux éléments en relation avec le rempart semblent lui être postérieurs. Bien que je reste sceptique quant à l’existence de certains de ces éléments, Je n’ai visité le site qu’une seule fois, par une journée de crachin, ce qui est loin d’être idéal pour la vérification des détails mineurs d’un site archéologique. La numérotation du plan suit celle de Couchard (Couchard 1968). Le commentaire suivant inclut tous les renseignements publiés concernant ces éléments.
179No 5
180Un terrain irrégulier et mamelonné qui représente, probablement, l’endroit où Bouyssonie a fait ses sondages. Ce pourrait être, aussi, un tumulus dans son dernier état de délabrement.
181No 6
182Une construction en pierre sèche, appuyée sur le rempart effondré.
183Nos 7‑12
184De légers creux, quelquefois bordés d’alignements de pierres (non vérifiés sur le terrain) et qui, à priori, représentent les fondations de maisons. On peut également penser que certains représentent des irrégularités de la surface du calcaire sous‑jacent. Dans le rapport (Couchard 1968), on ne dit pas s’ils ont été fouillés ou non.
185Nos 13‑15
186Des traces détectées par des indices phytologiques (elles n’étaient pas visibles au printemps 1975). Le no 13 fut, semble‑t‑il, l’objet d’un sondage positif. On peut noter que le plan du no 14 ressemble à des structures comme la Grange de la Cournille dans la même commune.
187En somme, Le Fournet est un site doté de possibilités défensives naturelles très importantes. Les trouvailles indiquent une occupation préhistorique à partir du néolithique, mais leur rapport avec le rempart effondré et d’autres indices structuraux n’est pas sûr.
19 191 Saint‑Cernin de‑Larche, La Grange de Cournille/Le Pied de la Cour/Le Roc Blanc
188Ce site se trouve vers le bord des plateaux boisés qui délimitent, au sud, la vallée de la Vézère à l’ouest‑sud‑ouest de St‑Cernin. Bien qu’on ait dit plusieurs fois pendant le xixe s. qu’il s’agissait d’un bâtiment ou d’un habitat, quelques auteurs, Imbert par exemple, l’ont identifié comme un enclos (Imbert 1894a : no 7). Couchard a revu les indices concernant le site (Couchard 1968 : 61‑63, plan, fig. 17).
189Décrit pour la première fois par Lalande, suivi par le Dictionnaire archéologique de la Gaule, il fut considéré comme un habitat probable (Lalande 1876 : 301 ; DAG, Il : 488‑489). Mortillet, qui visita le site en 1875, accepta cette opinion (Perol 1936). Perol fit des fouilles limitées qui donnèrent un éclat de silex et quelques poteries comparables d’après lui au matériel de l’âge du Fer local.
190Le plan et la description de Couchard indiquent une structure de 15,5 m sur 6,25 m, délimitée par un mur en pierre sèche avec un blocage de gravats, dont l’axe le plus long est aligné nord‑ouest/sud‑est. A environ 5 m de son extrémité nord‑ouest, une cloison plus légère la divise en deux pièces. Il se peut que ce mur soit secondaire, bien que chacune des deux pièces soit pourvue d’une entrée dans le côté sud‑ouest. L’élément le plus caractéristique du site est l’architecture du mur de clôture. Large de 0,70 m et conservé sur une hauteur de 0,50 m en moyenne, il consiste en deux parements séparés par un blocage de gravats et de terre. Les parements sont formés de dalles contiguës posées de chant ; les pierres du blocage, là ou elles sont visibles, semblent être posées de la même manière.
191Ce monument ressemble, évidemment, aux petites constructions en pierre sèche qu’on trouve dans plusieurs régions autour des massifs montagneux de la moitié sud de la France. Couchard, cependant, se réservait de se prononcer sur sa date de construction (Couchard 1968 : 61). Par la suite, en se basant sur les indications de la juxtaposition de sites semblables et de tumulus apparemment de l’âge de Fer, il acceptait Cournille et d’autres sites du causse corrézien comme datant de cette époque (Couchard 1974 : 72, carte 4). Pour confirmer cette hypothèse, des fouilles sont indispensables.
19 199 Saint‑Etienne‑aux‑Clos, Fenouillac/Le Fort
192Bien que publié initialement comme une « enceinte de contour » (Cotton in Brogan 1958), ce site minuscule se place, par ses dimensions, bien au‑dessous de la moyenne de la catégorie des petits enclos rectangulaires (fig. 12) à laquelle il appartient (Cotton 1961b : 47‑48, 50‑53). Il est situé dans un terrain boisé sur les plateaux vallonnés (alt. c. 750 m) à l’ouest des gorges du Chavanon où se trouve l’éperon barré de Fontjaloux dans la même commune.
193Vazeilles et Cotton et Frere ont décrit ce site (Vazeilles 1954 : 35 ; Cotton 1961b : 47‑48). Parmi les points saillants, on peut noter les dimensions réduites de la surface enclose (environ 0,3 ha), les angles vifs de l’enclos et le fait que le fossé n’est pas interrompu à l’endroit de l’entrée supposée dans le côté nord‑est. L’emplacement ne témoigne guère d’un souci de défense. Il n’a pas été fouillé et on ne connaît pas de trouvailles de surface. Vazeilles et Cotton et Frere ont proposé une datation à l’âge du Fer.
194A l’extérieur de l’enclos, en bordure du fossé, se trouvait un monticule haut d’environ 1 m pour un diamètre de 4 à 5 m. Bien qu’on l’ait décrit comme une motte, il semble être soit un tumulus, soit un élément semblable à ceux qu’a fouillés Lintz à Tarnac (Lintz 1979b). Le site est peut‑être une Viereckschanze.
19 199 Saint‑Étienne‑aux‑Clos, Camp de Fontjaloux/ A la Tour
195L’éperon barré de Fontjaloux (fig. 16), comme celui de Laroche‑près‑Feyt (Vazeilles 1954 : 35) occupe un promontoire (alt. 734 m) dominant les gorges du Chavanon, qui entoure le site au nord et à l’est, à quelque 160 m plus bas. Au sud, des pentes raides descendent vers l’un de ses affluents. L’accès le plus facile est par l’ouest‑nord‑ouest, à travers un léger ensellement qui semble un peu trop loin des défenses pour représenter un fossé. Le rempart, haut d’environ 4 m, qui barre l’accès à l’éperon, était probablement fait avec de la terre trouvée sur place. Il n’y a aucune trace d’un fossé. Sur la plus grande partie de son tracé, il est rectiligne mais les deux extrémités, au sud‑ouest et au nord‑est, sont incurvées, ce qui permet un accès par les bords de la plate‑forme supérieure du promontoire. Cotton et Frere ont noté que, par endroits, le rempart montre des indices d’un couronnement de pierre, peut‑être plus récent. L’intérieur ne présente aucune structure archéologique et le site n’a jamais été fouillé.

FIG. 16 – 19 199 Saint‑Etienne‑aux‑Clos, Fontjaloux : plan (d’après Cotton 1961b),
196Comme pour beaucoup de fortifications de ce type, les dimensions de la surface close ne sont pas sûres car elles dépendent de la rupture de pente qui est prise comme limite naturelle. Le promontoire couvre une surface de 2,22 ha ; avec les pentes supérieures, avant qu’elles ne deviennent trop abruptes pour une utilisation commode, la surface est d’environ 3 ha. Fontjaloux montre les résultats de l’abandon de la terre dans cette région. En 1954, Vazeilles décrivait le site comme étant en pâturage. En 1961, date du rapport de Cotton et Frere, aux bois sur les pentes vers le Chavanon s’ajoutaient des broussailles à l’intérieur du site et, en 1974/75, il était difficile d’en avoir une vue globale.
197En 1950, Vazeilles signala une sépulture à La Chapelle, près de Fontjaloux ; plus tard, il a publié des dessins des poteries qui l’accompagnaient (Vazeilles 1950a ; 1962 : 33). Les trois vases étaient montés au colombin ; leur couleur varie entre le marron‑ocre et le noir, avec un dégraissant grossier. Le plus haut (0,11 m environ), un vase caréné, avait « des cupules de trois à quatre millimètres de diamètre » au niveau de la carène.
198On peut envisager une datation à l’âge du Fer, mais antérieure aux influences de La Tène III dans la région. La Chapelle se trouve à l’ouest de Fontjaloux, à environ 1 km de l’éperon barré.
19 204 Saint‑Fréjoux‑le‑Majeur, La Croix‑Rouge
199Passien a signalé la découverte fortuite, en 1969, d’un ensemble de tessons de La Tène III et de débris d’amphores Dressel 1b (Passien 1970). Par la suite, Lintz a étudié l’ensemble et, bien que la destination du site ne soit pas sûre, il semble assez certain que ce n’était pas l’inhumation comme l’ont proposé Passien suivi par Nash (Passien 1970 ; Nash 1978a).
200La Croix‑Rouge est situé dans les bocages (alt. c. 700 m), sur un sous‑sol granitique, à environ 6 km au sud‑ouest du site de Fenouillac (commune de St‑Etienne‑aux‑Clos). Le site se trouve sur un terrain en pente douce à environ 0,5 km de la Dozanne, un cours d’eau mineur. Il n’y a aucune trace d’un enclos contemporain. Si vraiment le site représente un habitat, l’existence, dans les environs d’une source, d’une voie romaine et de trois tumulus non fouillés est peut‑être significative.
201L’ensemble fut trouvé à une profondeur de 1,50 m. Parmi les 21 tessons de poteries locales, les types 1, 2, 4, et 11 (« grande jatte à col rentrant ») de Périchon et collab., prédominent (Périchon 1977). La majorité semble être montée au colombin, bien que quelques tessons indiquent l’utilisation du tour lent. Trois tessons tournés montraient suffisamment de différences pour suggérer des importations (Lintz 1972 : nos 22‑24). Le col d’une amphore Dressel 1b fut également retrouvé. Même si, dans une grande partie de cet ensemble, Lintz voit des liens avec la tradition céramique locale, avec des antécédents hallstattiens, les tessons « d’importation » et l’amphore l’ont amené à proposer une datation tardive, peut‑être peu avant Auguste. Deux blocs d’argile avec des traces de clayonnage peuvent renforcer l’idée d’un habitat.
19 205 Saint‑Geniez‑ô‑Merle, Puy de Sermus/Vieux‑Sermus
202Rupin fut le premier à décrire des restes d’une fortification vitrifiée sur le Puy de Sermus (Rupin 1893 : 177‑198). Il commençait par une étude des travaux français et écossais sur la question controversée de la vitrification, prenant parti pour ceux qui pensaient qu’elle était un procédé de construction, destiné à renforcer le mur. Il nota que le site occupait un promontoire à pentes raides (alt. 496 m) relié par un isthme étroit au plateau granitique au nord‑ouest. Le site domine d’environ 200 m le cours de la Maronne, qui coule du nord‑est vers le sud (fig. 17). Il surplombe le confluent de la Maronne et du ruisseau de la Bedaine, un affluent de la rive gauche.

FIG. 17 – 19 205 Saint‑Geniez‑ô‑Merle, Puy de Sermus : vue aérienne, prise du nord‑est, du site et de la Maronne encaissée dans sa vallée.
203L’indice principal de fortifications consistait en un tronçon de mur vitrifié, haut de 1,5 m et long de 3 m, situé sur le côté nord‑ouest du site où l’accès était le plus facile. Rupin pensa que l’enclos original était probablement circulaire avec un diamètre d’environ 100 m. Il ajouta que le site était cultivé et que les travaux agricoles étaient en train de le détruire.
204En 1961, Cotton et Frere signalaient que le site était envahi par les broussailles et que les défenses consistaient en un mur en pierre sèche, long d’environ 300 m et haut d’environ 1,5 m (Cotton 1961b : 45). Ils ne pouvaient pas vérifier l’existence de l’ouvrage vitrifié signalé par Rupin. La surface de 4,85 ha qu’ils attribuent à l’enclos semble basée sur les dimensions données par Rupin pour tout le promontoire ; elle est, sans aucun doute, surestimée. Ils ont conclu que le site était probablement hallstattien (Cotton 1961b : 50). L’inventaire de Vazeilles ne parle pas spécifiquement du Vieux‑Sermus, mais Fournier, bien que n’ajoutant que peu de détails à la description de la localité, signalait quelques tessons, « dans la tradition hallstattienne », à l’intérieur du site (Vazeilles 1954 ; Fournier 1961 : n° A3).
205En 1974 et 1975, Lintz a fait quelques fouilles restreintes sur le site, qui était devenu terrain communal et avait été débroussaillé. Le plan qu’il a relevé montre que la zone probable d’occupation était limitée à un sommet ovale dont l’axe long, aligné nord‑sud, avait quelque 120 m de longueur (fig. 18). Ce sommet supérieur est large d’environ 50 m. A son extrémité sud, à moins de 2 m en dessous de la borne IGN du sommet, se trouvait une petite terrasse plate d’environ 30 m sur 25 m. Les défenses reconnaissables consistaient en deux tronçons de mur vitrifiés avec une pente artificielle à l’extérieur. Le plan indique le tracé probable de la ligne défensive.

FIG. 18 – 19 205 Saint‑Geniez‑ô‑Merle, Puy de Sermus : plan montrant l’alignement probable de la fortification. Les courbes de niveau sont placées tous les mètres (d’après Lintz 1976).
206Les deux éléments de mur vitrifié (fig. 19) –celui au nord‑est, identifié par Rupin, et un autre, encore plus court, situé au nord‑ouest– se ressemblent. Des inspections superficielles et des fouilles ont trouvé les altérations du granit les plus importantes, dues à la chaleur, sur la face externe du mur. Les dimensions moyennes des blocs n’excèdent que rarement 0,20 m. Par endroits, le rocher avait fondu, et on a trouvé des empreintes de bois. A environ 0,50 m derrière la surface du mur, les traces de chaleur indiquent une intensité moindre : les pierres sont simplement fendues et décolorées par le feu. A environ 1 m, ses effets sont à peine discernables. On n’a signalé aucune trace d’un parement interne.

FIG. 19 – 19 205 Saint‑Geniez‑ô‑Merle, Puy de Sermus : bloc vitrifié indiquant l’alignement du rempart.
207Une fouille sur le côté nord‑ouest a montré que le mur vitrifié était construit directement sur la roche, qui présentait quelques signes d’une vitrification superficielle (Lintz 1976 : fig. 2). Limitée à 22 m2, elle laissait supposer qu’il ne restait que peu de stratigraphie près du mur. En dessous de l’horizon végétal actuel, se trouvait une couche de terre anciennement arable qui reposait directement sur la surface pourrie de la roche sous‑jacente. Très peu épaisse (0,10 à 0,15 m), elle renfermait quelques petits tessons érodés.
208Ces poteries, qui ne comprennent pas de tessons tournés, sont subdivisées en deux grandes catégories. La première rassemble des poteries grossières, dont deux tessons décorés, l’un avec un cordon digité, l’autre avec des impressions ovales. Parmi les poteries les plus fines, on remarque surtout le col d’un vase à pâte foncée, de couleur orange à l’extérieur, avec un bord légèrement rentrant. La surface extérieure montrait des traces d’engobage et de brunissage. De plus, on a trouvé trois pierres, dont l’une en basalte présente des traces d’usure sur une face. Pour autant qu’on puisse dater la poterie, il semble que l’ensemble soit antérieur à La Tène III et qu’il appartienne à la tradition hallstattienne. Malgré les résultats peu prometteurs de ce sondage limité, il semble que des traces d’habitat ont pu subsister sur les pentes raides de ce petit site. Bien que les flancs est et ouest soient légèrement irréguliers, il n’y a pas de terrasses aménagées pour des maisons comme on en trouve souvent en Grande‑Bretagne. La terrasse inférieure, à l’extrémité sud du site, a peut‑être offert une zone d’habitation –comme les maisons du Wittnauer Horn, par exemple– et il est possible que ce secteur ait évité les dégradations dues à une exploitation agricole postérieure.
209Il semble discutable que les défenses aient jamais été plus élaborées que ne le laisse supposer leur tracé reconstitué. Il est fort possible qu’à l’origine on ait accédé au site par un des flancs de la colline ; ainsi, on évitait la nécessité d’une entrée dans la fortification. Etant donné la proximité de la roche à la surface et le manque d’indices, l’existence de fossés semble peu probable.
19 219 Sainte‑Marie‑Lapanouze, Cornecu
210Lintz a signalé des tessons d’amphores Dressel 1 dans cette commune, qui se trouve dans le sud‑ouest du département (Lintz 1979a : fig. 3, no 16). Des poteries de cette époque se trouvent au musée de Brive (réf. 50 143 11). Deux des communes avoisinantes –Liginiac et Margerides– ont également fourni des traces d’une occupation laténienne potentielle. Toutes les trois se trouvent au nord de Sérandon et de son petit enclos rectiligne.
19 232 Saint‑Pardoux‑le‑Neuf, Le Bonnefond/Sigale/Cigale
211Le village domine le ruisseau de Sarsonne, un affluent de la rive gauche de la Diège. Bien que les découvertes principales consistent en tegulae (Vazeilles 1959 ; Lintz 1981b), Lintz considère le site comme un habitat potentiel de La Tène III à cause des tessons d’amphores Dressel 1 (Lintz 1979a : fig. 3).
19 236 Saint‑Priest‑de‑Gimel, Enceinte de Brach
212La description de ce site est basée sur deux visites, en 1974 et 1980, et sur des renseignements inédits de Guy Lintz. Il se trouve sur un plateau boisé (alt. c. 540 m) à environ 1,25 km au sud‑est du croisement de la Gare de Corrèze et à 1,5 km au nord du ruisseau de la Montagne. Actuellement, on ne peut suivre qu’une partie du tracé au nord du chemin qui passe par les bois à partir des champs du plateau à l’ouest.
213Il ne subsiste que l’angle nord‑est d’une zone surélevée semblable aux autres petits enclos rectangulaires en Limousin (fig. 20) ; il est bordé d’une pente artificielle. En haut de cette pente se trouvent quelques traces minimes d’une levée de terre bordée d’un fossé étroit et peu profond. Cette zone domine les alentours d’environ 1,5 m. A l’est, le terrain est actuellement marécageux à l’extérieur. On peut suivre l’enclos, qui est visible surtout vers l’angle nord‑est et qui s’efface doucement vers le sud en direction du chemin des bois, sur environ 70 m. Au nord, on peut suivre la pente artificielle et le fossé sur environ 33 m avant qu’ils ne disparaissent dans une plantation sur la bordure est des champs du sommet. A l’angle nord‑est, l’intérieur du site domine le fond du fossé d’environ 2 m. Sur son bord extérieur, le fossé est délimité par une légère déclivité profonde d’environ 0,50 m. Ailleurs, les données sont moins impressionnantes : le fond du fossé se trouve entre 1,20 m et 1,50 m en dessous de la surface interne et sa largeur varie entre 1,20 m et 1,80 m.

FIG. 20 – 19 236 Saint‑Priest‑de‑Gimel, Brach, lieu‑dit Les Salles : croquis (d’après Lintz, Inédit).
214On ne connaît pas de trouvailles à l’intérieur du site, envahi par des broussailles, mais on a trouvé des tessons d’amphores Dressel 1 dans les champs labourés du sommet à l’ouest de l’enclos (Lintz 1979a). Ce dernier plateau est très grand et, comme il se trouve à peu près à la même altitude que le terrain environnant, semble mal adapté à la défense. Un habitat non fortifié semble probable et l’enclos pourrait représenter une Viereckschanze.
215Lintz a fait beaucoup de prospections sur le terrain dans cette zone et il a identifié beaucoup de tumulus ou de cairns sur les sommets avoisinants. Celui qui a été fouillé au Puy de Lafont, dans la même commune, est notable à cause de sa structure interne (Gallia, 31, 2, 1973 : 429‑432 ; Gallia, 33, 2, 1975 : 441‑442). On peut l’attribuer à la fin de l’époque hallstattienne.
19 250 Salon‑la‑Tour, La Frétille
216A La Frétille, entre la rive droite du ruisseau des Forges et le Puy Hardy, on a trouvé deux amphores et quatre vases pendant la construction du chemin de fer dans les années 1890 (Ducourtieux 1891). Les amphores semblent être des Dressel 1 et les poteries pourraient dater de La Tène III (Lintz 1979a : carte 3, no 7 ; Lintz 1981b : no 119). Ce matériel pourrait indiquer la présence d’un habitat.
19 256 Sérandon, La Moutte/Lou Lieyjou
217Ce petit enclos est mentionné pour la première fois par Vazeilles (Vazeilles 1936a : 60‑61). Il note les restes d’un parapet entourant une terrasse surélevée (fig. 21) et signale qu’on a trouvé des cendres et des débris de fer près de l’angle est. Il a comparé ce site à celui de Pont‑Maure et l’a fouillé en 1939 et, de nouveau, en 1949. Deux coupes, séparées d’environ 10 m, furent creusées dans le rempart ouest. L’étude de l’intérieur du site, sur neuf petites surfaces et tranchées, fut limitée pour l’essentiel à la partie est, près de la ferme de La Moutte, et à la pente est.

FIG. 21 – 19 256 Sérandon, La Moutte : plan. Les fouilles et sondages Vazeilles sont Indiqués (Vazeilles 1954).
218L’intérieur, qui est actuellement occupé par une plantation de résineux, était cultivé jusqu’au début de ce siècle. Il domine les environs de plus de 1 m. Vazeilles décrit deux entrées aux angles sud‑ouest et nord‑est de La Moutte ; cette dernière est marquée par un changement d’orientation du rempart. Etant donné le réseau de chemins qui entourent l’enceinte, et la nécessité d’un accès au site pour la culture, il est difficile de dire si ces entrées sont d’origine. L’eau jaillit d’une source à environ 40 m au sud‑ouest du site.
219Les rapports de fouilles de Vazeilles ne donnent que peu d’indications sur la stratigraphie du site (Vazeilles 1949c ; 1954 : 23‑28). Les deux coupes dans le rempart ouest ont fourni un matériel gallo‑romain. Dans l’une d’elles (tranchée 9), apparemment à faible profondeur car elle avait été endommagée par la charrue, il a trouvé une urne cinéraire gallo‑romaine en granit près d’un lot de poteries comprenant des tessons de sigillée. Il a daté cet ensemble au iie s. ap. J.‑C. (Vazeilles 1949c : 5). La tranchée 10 a fourni deux fragments de tuiles à rebord mais, là encore, leur position stratigraphique n’est pas notée.
220Il ne donne aucun détail sur la construction du rempart, mais on peut supposer qu’il était construit de la même terre mêlée à des morceaux de gneiss pourri que l’intérieur. Une fouille près du rempart sud et dans le rempart autour d’un rucher dans l’angle sud‑est du site a donné des tessons d’une poterie noire lustrée et un éclat qu’il dit provenir d’une hache polie en silex bleuâtre (Vazeilles 1949a : 17). Deux autres éclats d’un matériel identique furent trouvés à l’intérieur du site. De plus, mais provenant apparemment d’une zone de stratigraphie perturbée, il a trouvé quelques « pointes » en fer et un brunissoir en granit.
221Le matériel récolté à l’intérieur semble, pour l’essentiel, avoir été trouvé en surface dans les terres labourées ou, s’il était associé aux levées au sud‑est, près de la surface. Des poteries, décrites comme étant de type La Tène III, faites au tour avec de petites inclusions en quartz, furent trouvées dans des endroits non localisés. D’autres, faites à la main (dont plusieurs grands vases), furent également attribuées à une occupation laténienne. On a trouvé deux tessons, avec des cordons digités, mais d’une fabrication différente. L’un venait de l’intérieur et l’autre de la pente artificielle du côté sud, mais sans indication quant à sa position stratigraphique. Une poterie plus grossière, attribuée au Hallstatt, semble limitée à quelques tessons trouvés à une certaine profondeur dans la tranchée 5 du rucher (cf. plus haut) ou sur la pente sud du site (tranchée 6). Le matériel trouvé ici comprend une fusaïole.
222Les seules importations consistaient en des tessons de « plusieurs » amphores, dont au moins une Dressel 1b avec une lèvre haute de 4 cm (Vazeilles 1949c : 5). Ils ont été retrouvés à une faible profondeur sur la face externe du rempart sud. La fouille et les trouvailles furent signalées dans Gallia où il était reconnu que ces tessons « hallstattiens » pourraient bien être du « hallstattien prolongé », un concept à la mode à cette époque dans le sud‑ouest de la France, à la suite des travaux de Fabre (Gallia, 9, 1951 : 111 ; Fabre 1952).
223Les travaux ultérieurs sont limités à son inclusion par Cotton dans son étude des forts méridionaux des Lémovices. En 1958, elle suggéra que les courtes pointes en fer seraient suffisantes pour indiquer une enceinte de contour défendue par un muras gallicus (Cotton in Brogan 1958 : 221). En 1961, elle abandonna cette idée et proposa à sa place une ferme fortifiée avec les défenses les mieux conservées à l’ouest (fig. 12). Bien qu’il y ait actuellement quelques cultures autour de La Moutte et que le plateau sur lequel se trouve le site ne soit pas particulièrement élevé (600 m), le fait qu’on a trouvé une inhumation gallo‑romaine dans le talus de l’enclos suggère qu’on ne devrait pas oublier la possibilité d’une utilisation cultuelle.
19 261 Sornac, Camp du Clamoudeis/Clamondeix
224Vazeilles a décrit ce site comme un petit éperon barré placé entre deux vallées à pentes raides qui convergent près du village de Clamoudeix. Il est couvert d’un bois envahi par les broussailles. En 1974, Guy Lintz m’a accompagné sur le terrain (alt. c. 800 m) au sud du village, entre le Puy‑Brûlé et le Puy‑Chabrier où un informateur local avait situé le site ; nous n’avons rien vu. D’autres indications, fournies par Vazeilles et par Cotton, semblent, cependant, indiquer une origine médiévale (Cotton in Brogan 1958 : 221). Des structures étaient visibles à l’intérieur de ce qui semble être une toute petite enceinte ; des terrasses et des murs –appartenant probablement à un système agricole– furent notés sur la crête.
19 265 Tarnac, Plateau de Broussas/Puy Lagarde/Puy Besseau
225Ces collines, orientées sud‑ouest/nord‑est, du Puy Besseau, se situent sur le côté nord du bassin supérieur de la Vienne et ont été le sujet de beaucoup de recherches et de fouilles pendant ces dernières années. Une série de 27 cairns arrondis en pierre a été localisée sur les crêtes ; ils se trouvent tous au‑dessus de 780 m d’altitude. Leur diamètre minimum est d’environ 6 m et quelques‑uns sont accompagnés de tas d’épierrement. Ces derniers, moins réguliers, ont un diamètre maximum de 5 m. Les cairns les mieux documentés se trouvent sur le Puy de Broussas où 8 cairns sont accompagnés de 47 tas d’épierrement (Lintz 1979b ; 1980).
226La fouille de deux des cairns, situés sur une lande couverte de bruyère et d’une plantation de conifères, suggère que le groupe pourrait remonter à la fin de l’âge du Fer. Le no 21, légèrement endommagé, semble couvrir une inhumation allongée, détruite par l’acidité du sol. Le matériel datable est limité à un bracelet en bronze, pour lequel Lintz propose des parallèles pendant l’époque de La Tène I‑III, une collection de tessons atypiques d’un grand vase, et une datation au radiocarbone de 55 ± 135 av. J.‑C. (Ny‑499) (sans calibration). Le no 15, sur la pente ouest du Puy, avait environ 6 m de diamètre avant la fouille. Un tas d’épierrement représentait une adjonction secondaire à ce monument. Un tesson de céramique sigillée se trouvait au‑dessus du cairn principal. Une seule datation au radiocarbone sur du charbon de bois, dans un contexte primaire, donne 200 ± 85 ap. J.‑C. (correction MASCA : Ny‑552), une date confirmée par la céramique sigillée secondaire.
227Aucun des trois tas d’épierrement qui furent fouillés n’a donné une datation sûre. Deux, au moins, semblent relativement anciens car ils sont construits sur la roche naturelle. Le troisième s’est avéré essentiellement superficiel. Le secteur était reboisé au xviiie s., mais ces tas d’épierrement peuvent dater de n’importe quelle époque antérieure. Lintz a proposé une datation au Moyen Age (Lintz 1980 :108). Il n’y a pas de raison, cependant, pour que de tels tas d’épierrement –notoirement très difficiles à dater– ne soient pas contemporains des cairns. En fait, le no 15 n’est funéraire que par inférence. Vu les indications polliniques d’une culture de céréales en altitude à peu près à la même époque, à Rié‑Grand (commune de Chavanac), par exemple, on ne peut écarter complètement la possibilité d’une occupation agricole à environ 800 m d’altitude pendant l’âge du Fer.
19 265 Tarnac, Camp du Treich
228Le Camp du Treich occupe un éperon (alt. c. 680 m) qui donne sur la Vienne à environ 1 km au sud‑ouest du croisement du Trech.
229Le site fut signalé en premier lieu par Vazeilles qui le décrit comme un éperon barré, large de 18 m, dont l’accès était coupé par un double rempart et un fossé larges de 10 m chacun (Vazeilles 1936a : 20). La surface close était d’environ 4 ares (Vazeilles 1954 : 32). Le site fut fouillé par l’institutrice de la commune qui trouva près du sommet du rempart du bois carbonisé, attribué par Vazeilles à une palissade, des débris de fer (dont une lame de couteau) et des tessons dont quelques‑uns dataient du haut Moyen Age.
230Cotton a, de nouveau, décrit le site (Cotton in Brogan 1958 : 222). Les dimensions qui lui étaient attribuées sont erronées (Couchard 1973 : 359). Ce site minuscule trouverait facilement sa place dans un contexte médiéval. Vazeilles l’a comparé au site de Confolent dans la commune de St‑Pardoux‑le‑Vieux (Vazeilles 1936a).
19 275 Ussel, Saint‑Dézéry, près du village
231Lintz inclut ce site parmiceux qui ont fourni des tessons d’amphores Dressel 1 (Lintz 1979a : fig. 3). Le matériel semble limité à un tesson d’amphore et quatre tessons de poterie (Lombard 1975 : 79). Le site se trouve sur le plateau au sud‑est de St‑Dézéry et à l’est du ruisseau de la Dozanne, un affluent de la Diège. Il fait partie d’une série d’habitats ouverts potentiels de La Tène III au nord‑est d’Ussel où de nombreuses découvertes gallo‑romaines sont signalées (Lintz 1981b : 114‑117).
19 275 Ussel, Camp du Charlat/ du Pont‑Thabour
232En 1936 déjà, ce petit fort était exploité comme carrière. Les Anglais l’ont fouillé pendant les années 1950 (Brogan 1958 : 218‑220 ; Cotton 1961b : 31‑42) et depuis on a fouillé au fur et à mesure de l’avancement des travaux (Lombard 1968c ; Lombard 1970).
233Le site se trouve sur un plateau à quelque 40 m au‑dessus de la N682 et la rive droite de la Diège, à environ 2 km au sud d’Ussel. Des pentes raides constituent des défenses naturelles sur tous les côtés sauf au sud. La surface close semble avoir été de 1,3 à 1,4 ha à l’origine mais le site fut labouré au début de ce siècle (fig. 22).

FIG. 22 – 19 275 Ussel, Camp du Charlat : plan (d’après Cotton 1961b).
234La première indication d’une occupation à la fin de l’époque préhistorique fut la découverte d’une incinération à quelques centaines de mètres au sud du fort (Vazeilles 1950b). Des 11 vases trouvés sur une surface d’environ 1 m2, quatre avaient été faits à la main ; les autres, faits au tour, furent attribués au « gallo‑romain précoce » par Vazeilles. Les cendres se trouvaient dans un vase ovoïde à pâte fine gris clair ; d’autres formes, en gros comparables à celles du Charlat, ont été trouvées dans un contexte de la deuxième période à l’Institut St‑Joseph de Roanne ou au Bois du Cimetière au Crêt‑Châtelard (Périchon 1977 : 188‑191). Bien que les autres vases représentés soient très grossiers, leurs formes sont typiques de la fin de La Tène (par exemple, Périchon 1977 : types 1 et 4).
Les fouilles
235En 1957, date du début des fouilles au Charlat, l’exploitation d’une carrière avait déjà quasiment détruit une annexe en contrebas rattachée à l’extrémité nord du fort (Vazeilles 1954 : 36 ; Brogan 1958 : 218). Vazeilles avait déjà trouvé des tessons d’amphores Dressel 1 et des poteries dans la « tradition hallstattienne » dans la carrière à l’extrémité nord du site.
236Deux sondages ont été ouverts dans le rempart en 1957. Le premier se situait à l’extrémité ouest de la défense sud, la principale défense du site, qui avait encore une hauteur de 4 à 5 m. Une fouille partielle démontrait l’existence de deux éléments distincts dans la construction de ce rempart. Sur le côté nord, vers l’intérieur de la fortification (fig. 23), il se composait d’un amoncellement de sable et de gravillons, large d’environ 7 m et encore haut d’un peu plus de 2 m. Les fouilleurs ont trouvé des tessons d’amphore parmi le matériel incorporé dans ce rempart qui semble être construit sur un ancien sol. Un mur de pierres avait été plaqué contre la face externe, avec un parement extérieur bâti de pierres posées verticalement, calées dans une tranchée de fondation. Au moins une alvéole de poutre traversait cette face extérieure qui était conservée sur une hauteur de 11 assises environ (1,6 m) (Brogan 1958 : 219, coupe). Les pierres du parement avaient des dimensions maximales de 0,36 m sur 0,16 m et l’alvéole de poutre 0,13 m sur 0,13 m. Il n’y avait aucun signe de la présence d’un fossé.

FIG. 23 – 19 275 Ussel, Camp du Charlat : plan et coupe du rempart de la zone A (d’après Cotton 1961b).
237Les fouilles de 1959, plus vers l’est dans le rempart sud, donnaient une autre séquence de construction (Cotton 1961b : 36, fig. 4). Ce site C consistait en un sondage restreint dans un rempart massif en matériaux amoncelés, haut de 4,8 m et large de 5,5 m ; le côté interne de ce rempart empiétait sur une carrière préexistante. Aucun indice de l’existence du mur en pierre sèche ne fut signalé mais, vu les dimensions du rempart massif et celles du sondage, ceci n’est pas surprenant (Cotton 1961b : fig. 4).
238On a également repris les fouilles de 1957 (site A). Elles ont révélé une deuxième paroi en pierre, également avec des poutres, en retrait d’environ 1,3 m par rapport à la face externe et plantée dans les couches sableuses du rempart massif (Cotton 1961b : fig. 5‑7). Il n’y avait pas de traces de poutres verticales ou longitudinales. Une troisième coupe fut réalisée en 1959 dans la défense secondaire sur le bord nord‑est du plateau. Ici, le rempart consistait en un talus massif avec un noyau de pierres couvertes de sable et avec un parement en pierre sèche dont une grande partie s’était écroulée. Le rempart, construit sur un ancien sol d’occupation, est actuellement haut d’environ 2 m. Autrement, les fouilles semblent avoir été limitées à l’entrée, située à l’extrémité est du rempart sud, mais elles n’ont fourni aucun matériel (Cotton 1961b : 33).
239D’autres objets étaient trouvés sur le site vers la fin des années 1960, surtout près d’un rempart transversal qui isolait la fortification supérieure de son annexe au nord. En 1968, Lombard trouva deux fragments de fer, décrits comme une lame d’épée mais correspondant plus probablement à un fourreau, étant donné la protubérance visible sur un côté. L’inspection des déblais de la carrière a fourni des tessons d’amphores Dressel 1 et de poteries noirâtres, dont quelques‑unes étaient peutêtre faites au tour, et appartenant soit à La Tène III soit au Hallstatt prolongé.
240D’autres travaux en 1970 ont démontré que le « rempart transversal » était, pour l’essentiel, naturel (Lombard 1970), mais on a trouvé en surface du matériel provenant de l’exploitation de la carrière. En plus d’autres tessons d’amphores. Dressel 1, 42 tessons de poteries ont été recueillis, la moitié faites au tour, l’autre moitié à la main. Les céramiques montées à la main contenaient une quantité importante de dégraissant, le plus souvent en mica et quelquefois des grains de quartz. Elles n’étaient pas décorées sauf un « dolium » (Périchon 1977 : type 4) comportant des incisions sur le col. Certaines poteries, entre autres un vase fin fait au tour dans une argile jaune, datent d’après la Conquête, une impression confirmée par la présence de tuiles à rebord et un tesson de sigillée sur le site.
Mobilier
241Le matériel trouvé en 1957 et en 1959 représente le seul ensemble qu’on puisse associer à la fortification du site. (Toutes les références de figures renvoient à Cotton 1961b.)
Horizon d’occupation antérieur au rempart, site B
242– Un anneau en bronze, déformé par la chaleur (fig. 9, 2).
– Un grand et plusieurs petits clous en fer (fig. 9, 3‑4).
– Céramiques : col d’un vase grossier (fig. 10, 1) ; un rebord simple arrondi (fig. 10, 2) ; un tesson rouge passé au peigne (fig. 10, 5) ; un fragment de lèvre (fig. 10, 6) ; la base d’un vase à parois droites avec des moulures en relief (fig. 10, 7) ; un fragment de lèvre avec une moulure à la base du col (fig. 10, 11) ; un fragment d’une base semblable à celle de la fig. 10, 7 ci‑dessus. Le tesson no 7 semble être le vase le plus récent : je ne trouve aucun parallèle dans le centre de la France pour ce type de vase. A Rodez, Pajot et Vernhet le dateraient après la Conquête (Pajot 1976 : fig. 4, 13). La présence d’un parallèle au Mont‑Beuvray ne peut pas être considérée comme l’indice d’une datation ancienne (Bulliot 1899 : pl. XXIII, 3). Plus utile, peut‑être, est un vase semblable trouvé à La Croix‑des‑Sables, Mainxe, Charente (Pautreau 1976b : fig. 3, 5).
Matériel provenant d’une fosse derrière le rempart, site C
243Cette fosse semble être scellée par le pied du rempart ; on admet que les tessons d’amphores trouvés dans une couche (8) datent d’avant la construction du rempart.
– Tessons d’amphores (fig. 11, 5).
– Un fond tourné (fig. 10, 12).
– Un tesson tourné, de couleur chamois, décoré de deux lignes rouges peintes (fig. 10, 13).
Dans le rempart, site A
244Mis à part les tessons d’amphores, la découverte la plus importante est un tesson de campanienne A (fig. 10, 10). Il y a également un rebord concave d’une céramique fine rouge, avec un engobe externe ocre que Cotton et Frere comparent aux gobelets de terra rubra gallo‑belges (fig. 10, 3). On trouve cette forme à Gergovie (Ward‑Perkins 1940 : fig. 19, 4‑5).
Dans le rempart, site B
245– Tessons d’amphores et lèvre d’une écuelle à rebord rentrant (Périchon 1977 : type 1 ; Cotton 1961b : fig. 10, 81
Dans le rempart, site C
246– Tessons d’amphores, notamment une lèvre d’une amphore Dressel 1b (fig. 11, 2).
Sur l’ancien sol d’occupation sous le rempart, site C
247– Un bord d’écuelle à rebord rentrant (Périchon 1977 : type 1 ; Cotton 1961b : fig. 10, 4).
– Un tesson de lèvre en céramique grise lissée (Cotton 1961b : fig. 10, 9).
Matériel hors stratigraphie, site C
248– Fer de lance à douille (fig. 9,1).
249Tout en reconnaissant que la majorité de ce matériel était attribuable à La Tène III, deux objets incitèrent Cotton et Frere à proposer qu’il était peu probable que le rempart date d’avant Auguste (Cotton 1961b : 41‑42). Le premier était la lèvre apparentée aux formes en terra rubra et le deuxième le pied moulé en pâte gris pâle qui trouve des parallèles à Gergovie (Cotton 1961b : fig. 10 nos 3,12). On a dit que le premier tesson pouvait être une imitation de campanienne (Collis 1975a), mais, dans l’ensemble, il semble peu probable que cet ensemble précède de beaucoup la Conquête.
250Les défenses du Camp de Charlat sont intéressantes à cause de leur structure complexe, comme dans la coupe A : l’adjonction à un rempart massif d’un murus duplex avec des poutres transversales, semble inverser la séquence de construction habituelle à la fin de La Tène.
19 276 Uzercbe, « Uxellodunum » ou « Usercodunum »
251On justifie la prise en compte de ce site par le fait qu’il pourrait être l’Uxellodunum du dernier livre de La Guerre des Gaules. La ville actuelle occupe un promontoire (alt. 342 m) dans un méandre de la Vézère. Les environs de ce site furent étudiés pendant les années précédant la première guerre, à l’époque des fouilles de Luzech et du Puy d’Issolu (Viré 1913 ; Ducourtieux 1913). Les travaux ont continué pendant une décennie.
252Les recherches furent faites par Brousse et Lejeune et consistèrent en l’identification de sites, à l’extérieur de la ville, qui pouvaient montrer des traces d’ouvrages défensifs ; parmi les emplacements signalés se trouvent le Plateau du Cimetière, les Vignes, les Fargeas, le Puy Bouzou (Viré 1913), Ste‑Eulalie, Pieux et le Puy Grolier. Sur ce dernier sommet, à l’est de la ville, en plus de la découverte de poteries et de tuiles à rebord, on a prétendu avoir trouvé un ouvrage défensif encerclant la colline (Héron de Villefosse 1913). En tout, 27 tranchées furent creusées et les trouvailles incluaient des clous, deux pointes de flèches, un fer de lance et un éperon (Lejeune 1920 ; 63).
253Dans la littérature, on essaie surtout de démontrer que le site d’Uzerche correspond à la description donnée dans La Guerre des Gaules (Rivet 1971 : no 30) ; le résultat n’est pas très convaincant (Marque 1917, 1919, 1925 ; Lejeune 1920). Les trouvailles sur le site d’Uzerche même ne sont pas d’un grand secours, comme l’a reconnu Brousse, car elles consistent en monnaies romaines postérieures à 26 av. J.‑C.
254Malgré ceci, on ne peut pas nier que le paysage se prêterait à une fortification. La Vézère, large d’environ 40 m à cet endroit, est, cependant, très peu profonde en été (environ 0,60 m) et facilement guéable. Le col du promontoire est large d’environ 100 m et par endroits les bords sont très raides (Marque 1917).
255Il n’y a pas de preuves nettes d’une occupation du site de la ville pendant La Tène tardive, et l’étymologie exclut la possibilité d’une origine en Usercodunum. De tous les sites des alentours (Marque 1917 : 191), il semble que seul le Puy Grolier ait attiré l’attention depuis la réfutation par Viré des arguments en faveur d’Usercodunum (Viré 1928). Delage a signalé, sous toute réserve, que les clous trouvés sur le site en 1913 auraient pu faire partie d’une palissade (Delage 1938), mais rien n’a été ajouté avant l’étude de Bournazel qui identifia un mobilier du premier âge du Fer, ramassé par Brunie et resitué par Lombard (Bournazel 1981 : note 35).
19 276 Uzerche, Les Garennes
256A environ 3 km d’Uzerche, et au nord de la Vézère, le propriétaire du site a trouvé une station qui a donné à peu près 100 kg de tessons d’amphores Dressel 1 et quelques tessons de poteries de La Tène III (Gallia, 33, 2, 1975 : 442).
19 287 Vitrac‑sur‑Montane, Alas
257Les trouvailles en surface incluaient un anneau en fer et un ensemble de tessons hallstattiens, dont un engobé de graphite (Antignac 1975 ; Gallia, 33, 2, 1975 : 442). Bien qu’on connaisse des tumulus détruits par les labours pour ce lieu‑dit, il est possible qu’une partie de cette poterie ait été fabriquée sur place et la présence d’un habitat Hallstatt final, près des tumulus, n’est pas impossible.
19 289 Yssandon, Puy d’Yssandon et Puy de Chalard
258Le village actuel d’Yssandon se trouve au sommet (alt. 353 m) d’une ligne de faîte proéminente en calcaire, alignée ouest‑nord‑ouest/est‑sud‑est, qui domine les alentours de plus de 100 m (fig. 24). Les pentes de la colline, surtout à l’est, sont couvertes par des terrasses de culture. Le Puy de Chalard est une continuation de l’ensemble, à environ 50 m plus bas vers le sud‑ouest (alt. 304 m). La configuration de la colline suggère un site idéal pour une fortification de l’âge du Fer (fig. 25) mais une exploitation agricole pendant des siècles n’en a pas laissé de traces nettes. Il est possible que « les restes d’enclos concentriques » signalés par le Dictionnaire archéologique représentent autre chose que des terrassements antérieurs (DAG, Il : 784) mais, dans l’état actuel de nos connaissances, on ne peut pas l’affirmer de façon certaine. Toute la colline est en calcaire ; une partie de son sommet et la plupart de ses versants sont cultivées.

FIG. 24 – 19 289 Yssandon, Puy d’Yssandon et Puy de Chalard : vue aérienne prise du nord. Le Puy de Chalard est le petit sommet boisé à la droite de l’église.
259Trembleau de Rochebrune, suivi par Lalande, ont fourni les rapports anciens les plus importants (Trembleau de Rochebrune 1866a ; Lalande 1875). Le premier de ces auteurs semble être à l’origine de la description des enclos du Puy de Chalard. Trois alignements de murs en pierre sont signalés avec, semble‑t‑il une adjonction de ciment. D’après Trembleau, certaines de ces constructions étaient romaines. L’enclos intérieur clôture 0,25 ha d’espace utilisable. Il semble donc improbable que ce site, maintenant détruit, représente une fortification de la fin de l’âge du Fer.
260En plus de ces détails structuraux plutôt douteux, un certain nombre d’objets furent trouvés au xixe s. Les monnaies, qui proviennent des deux puys, ont été étudiées plus haut. Les autres objets de La Tène finale, publiés par Trembleau, sont les suivants :
– trois fibules en bronze, dont une, complète, ressemble à un schéma pseudo‑La Tène II (Trembleau de Rochebrune 1866a : no 1) ; on trouve des parallèles à Vienne, par exemple (Chapotat 1970 : pl. III) ; une autre, bien que tordue et sans ardillon ni porte‑ardillon, s’apparenterait au type de Nauheim ;
– un clou en bronze à tête convexe rainurée et avec une tige quadrangulaire : une perle en ambre et une autre en verre noir et violet ; une fusaïole en céramique et deux petits anneaux en bronze (Trembleau de Rochebrune 1866a : nos 4, 6, 7, 9,10).

FIG. 25 – 19 289 Yssandon, Puy d’Yssandon. Le Puy de Chalard est son extension vers le sud‑ouest. Les courbes de niveau sont placées tous les dix mètres.
261Lalande signale des « puits funéraires », sans autres précisions, et des poteries grossières (Lalande 1890b : 112). D’autres fossés de stockage étaient localisés dans les années 1930 mais le mobilier associé comprenait des tuiles à rebord, ce qui laisse supposer une datation à l’époque gallo‑romaine (Delsol 1936).
262Les monnaies méditerranéennes trouvées sur les deux puys suggèreraient une occupation assez longue. Il s’agit d’une drachme de Marseille, attribuée à la première moitié du ier s. av. J.‑C. et deux bronzes au crocodile de Nîmes (Lacroix 1882 : nos 1‑3). Il y a également une série importante de monnaies romaines, commençant par des monnaies républicaines du iie s. av. J.‑C. et allant Jusqu’au ve s. ap. J.‑C. (Lacroix 1882, 1887 ; Lintz 1981b : 67, no 30).
263Pour résumer, il semble probable que les puys d’Yssandon et de Chalard étaient occupés et, peut‑être, fortifiés pendant La Tène III. La surface utilisable –qui dépend de la distance sur laquelle on accepte de descendre les pentes avant de fixer les limites de l’occupation– pourrait être de l’ordre de 25 ha, ce qui est grand pour le Limousin. Les alentours sont fertiles mais le site est désavantagé par le fait qu’il se trouve assez loin de toute voie d’eau importante.
264NOTA BENE
265L’étude ci‑dessus comprend tous les sites connus dans le département au moment de la rédaction des données rassemblées pour la thèse, pour lesquels une utilisation comme habitat ou comme fortification pendant l’âge du Fer semblait très probable. Même parmi ces sites, certains sont à rejeter provisoirement faute de mobilier ou, dans certains cas, de tracés sûrs d’enceinte ou de toute autre structure. La carte (fig. 26) montre la répartition par commune des sites actuellement retenus. Depuis le xixe s. beaucoup d’autres sites ont été proposés comme forteresses celtiques ou oppida gaulois. Les sites suivants ont été considérés dans la thèse (Ralston 1983), où ils ont été rejetés soit en l’absence de données, soit parce que le mobilier connu ou les structures évidentes ne sont pas protohistoriques.

FIG. 26 – Corrèze : carte des sites pris en compte dans l’inventaire.
26619 009 Les Angles‑sur‑Corrèze, Puy du Merle
19 010 Argentat, La Fosse
19 013 Aubazines, « forteresses » diverses
19 016 Bar, Chastres
19 023 Beynat, deux « forteresses »
19 034 Saint‑Mathurin‑Léobazel, Belpeuoh
19 037 Chamboulive, Puy Chalard
19 039 Champagnac‑la‑Noaille, Camp de César
19 055 Chirac‑Bellevue, La Toire
19 057 Collonges‑la‑Rouge, Puy de Vézy
19 062 Corrèze, deux sites
19 075 Espagnac, Puy Lavialle
19 077 Estivals, Puy de l’Armée
19 083 Feyt, Brassey
19 085 Gimel‑les‑Cascades, La Rebière
19 107 Larche, Le Château
19 108 Laroche‑près‑Feyt, La Méouzette
19 129 Masseret, Camp de César et autres sites
19 136 Meymac, emplacement du bourg
19 140 Monceaux‑sur‑Dordogne, Le Moustroulat
19 140 Monceaux‑sur‑Dordogne, Puy Lagarde
19 145 Moustier‑Ventadour, Le Cingle
19 149 Neuville, Puy du Tour
19 189 Saint‑Bonnet‑les‑Tours‑de‑Merle,L’Hort des Reitres
19 201 Sainte‑Fortunade, Puy des Fourches
19 226 Saint‑Merd‑les‑Oussines, Les Cars
19 233 Saint‑Pardoux‑le‑Vieux, Confolent
19 237 Saint‑Privat, Puy Lagarde
19 238 Saint‑Remy
19 239 Saint‑Robert
19 256 Sérandon, Les Boysses
19 258 Servières‑le‑Château, Champ d’Astier
19 265 Tarnac, Pic de Murat
19 272 Tulle, Puy Saint‑Clair
19 273 Turenne, Les Horts
19 287 Vitrac‑sur‑Montane, camp rectangulaire
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