Nostalgie et patrimoine
Une esquisse de typologie1
p. 393-409
Texte intégral
« Un voyageur peut toujours revenir sur ses pas. Mais sur l’axe du temps, il n’y a pas de retour en arrière. Ce qui est perdu l’est à tout jamais. »
(Jankélévitch 1983.)
1La nostalgie est devenue une notion galvaudée dans le domaine des humanités et des sciences sociales (Davis 1979 ; Boym 2001). Entendue comme un lamento face à « ce qui manque dans un présent en plein changement […] » (Pickering & Keightley 2006 : 920) et à ce qui est « désormais inaccessible, simplement à cause de l’irréversibilité du temps » (ibid.), elle est souvent utilisée pour désigner tout état émotionnel lié au temps qui passe, se référant même à un passé qui n’a pas été vécu par les acteurs concernés. Michael Herzfeld (2007 : 175), par exemple, a introduit le concept de « nostalgie structurelle » pour décrire « ce regret mélancolique » d’un passé idéalisé qui se caractérise par « sa reproductibilité dans la succession des générations » (ibid.) et sert les alibis politiques et moraux d’aujourd’hui. Dans la même veine, Arjun Appadurai (2005 : 131) décrit sous le nom de « nostalgie en pantoufles », une propension chez les individus à pleurer ce qu’ils n’ont jamais perdu eux-mêmes. Cette « armchair nostalgia » se manifeste particulièrement au sein des champs patrimoniaux et touristiques (Dann 1998 ; Frow 1991 ; Graburn 1995), notamment par une angoisse, désormais commune aux experts du patrimoine et à de nombreux touristes, de perdre la diversité culturelle et les traces du passé face aux ruptures de l’histoire. Un trope de la disparition dont l’Unesco, bien que ses positions soient plus fragmentées qu’on ne puisse le penser, a contribué à la dissémination de par le monde, via ses experts internationaux et les fonctionnaires locaux.
2Dans cet article, je poursuivrai l’idée selon laquelle la nostalgie constitue une force patrimoniale majeure. Szilvia Gyimothy (2005) a, par exemple, montré comment, au Danemark, la mode touristique des « inns », sortes de gîtes campagnards, réactive des mémoires romantiques et patriotiques d’une nation rurale. De son côté, Maurizio Peleggi (2005) s’est intéressé à la consommation par les touristes d’une « nostalgie coloniale » en Asie du Sud-Est, via une analyse de la rénovation et de la fréquentation de grands hôtels de l’époque coloniale ; tandis que Tianshu Pan, un anthropologue chinois, a documenté l’émergence d’une nostalgie d’élites pour le Shanghai d’avant 1949, d’un engouement pour l’architecture coloniale destinée aux touristes et « totalement insignifiante dans la vie quotidienne des locaux » (Pan 2007 : 29). À partir de l’exemple de Luang Prabang, une ancienne ville royale du nord du Laos devenue site du Patrimoine mondial en 1995, je propose de dévoiler les investissements cognitifs et émotionnels multiples qui se jouent derrière cette notion ainsi utilisée de nostalgie. À l’instar de l’excellente étude de Cunningham Bissel à Zanzibar qui nous invite à localiser « les multiples brins de nostalgie en circulation » (Bissel 2005 : 235), les pages qui suivent feront apparaître une scène complexe dans laquelle des idées et des émotions liées à la préservation, la transmission et la perte sont diversement déployées par différentes catégories d’acteurs. Vestige menacé pour les patrimonialistes de l’Unesco, Oxford indochinois pour touristes occidentaux, ville damnée selon certains de ses habitants, bon investissement pour d’autres, lieu de pèlerinage bouddhiste, Luang Prabang constitue un hybride qui déploie une diversité de postures nostalgiques. L’ambition de cet article est de montrer le caractère protéiforme de ces attachements au patrimoine afin de proposer, en conclusion, une typologie de ces postures.
La scène patrimoniale
3En offrant son label « Site du Patrimoine mondial » à Luang Prabang en 1995, l’Unesco est venue s’inscrire dans la texture socio-historique complexe qui lui préexistait et qui est bien documentée (Stuart-Fox 1997). Luang Prabang est une ancienne ville royale. Son histoire est celle de la succession de rois depuis le xive siècle quand Fa Ngum fonda le royaume de Lane Xane sur un territoire alors occupé par des populations khmou (l’un des groupes ethniques du Laos) et, y installant la fameuse statue du Bouddha (le Phra Bang), adopta le bouddhisme theravada ; mais aussi celle d’une série d’invasions depuis le xve siècle par des pouvoirs étrangers, les Vietnamiens, les Birmans, les Thai, les Haw chinois et enfin les Français qui, en accord avec le roi, inventèrent les frontières actuelles du Laos et établirent un protectorat au Laos qui persistera jusqu’en 1953 (Ivarsson 2008). L’établissement du Parti révolutionnaire lao dans les années 1950 et 1960 mènera à la révolution communiste de 1975 et à la destitution la même année du roi Sisavangvatthana ainsi qu’à l’exil vers la Thaïlande, la France ou les États-Unis pour de nombreux habitants de la ville, considérés dès lors comme de possibles « royalistes ».
4C’est donc sur fond d’une histoire compliquée qu’intervient l’Unesco en 1995 qui, à la suite d’un long processus décisionnel impliquant de nombreux acteurs laotiens et français, inscrit lors de la conférence de Berlin la ville sur la Liste du patrimoine mondial. Très tôt, dans le cadre de la Convention France-Unesco, un projet de coopération décentralisée est initié entre la ville de Chinon en France et Luang Prabang (et ce, depuis que le député socialiste Yves Dauge, adjoint au maire de Chinon, a décidé d’aider à sa préservation). Depuis lors, les liens entre les institutions françaises de préservation et les officiels de Luang Prabang sont forts, Chinon apportant une coopération technique et un soutien financier continu. En fait, derrière le label Unesco, il y a aujourd’hui dans la ville une multiplicité d’acteurs institutionnels qui participent à sa préservation, depuis les experts de l’Unesco à Paris et à Bangkok jusqu’aux architectes, ingénieurs et autres consultants en culture et tourisme, basés à Luang Prabang (pour une courte ou longue durée), qui, sans être des employés de l’institution à proprement parler, sont financés par l’Agence française du développement, la Commission européenne ou l’Asian Bank for Development et travaillent en étroite collaboration avec l’Unesco. Depuis 1995, leur objectif commun est « de pérenniser l’authenticité et la valeur du site » (suivant la formule consacrée de l’Unesco), notamment par une série d’actions dans un périmètre qui correspond grosso modo à celui du centre-ville. Ces actions ont permis de dresser un inventaire du patrimoine concernant six cents onze maisons dont il s’agit d’empêcher la destruction, principalement des maisons sur pilotis dites « traditionnelles » et des maisons coloniales, bâties durant la période de la colonisation française. Ville religieuse, Luang Prabang contient aussi trente-quatre temples bouddhistes, toujours occupés par leurs moines, temples qui ont également été classés, ainsi que des espaces naturels et aquatiques faisant partie intégrante du paysage de la ville. Les architectes du patrimoine sont chargés de conseiller les propriétaires en matière de rénovation, de vérifier les nouvelles constructions dans le périmètre protégé (notamment leur superficie et le matériel architectural utilisé) et de dénoncer celles qui sont illicites ; mais aussi, plus généralement, de contrôler les investisseurs étrangers qui louent la plupart des maisons du centre-ville et les transforment en guesthouses et en restaurants. Portant sur la préservation et la restauration de monuments religieux et vernaculaires construits avant la Seconde Guerre mondiale, cette politique patrimoniale s’exprime via la Maison du patrimoine d’où sont distillées les politiques du siège parisien de l’Unesco, une structure nationale composée d’architectes laotiens et d’experts étrangers (français pour la plupart) qui veillent au respect du Plan de sauvegarde et de mise en valeur, établi en 2000 par des architectes français. De son côté, le bureau de l’Unesco à Bangkok a lancé ses propres projets de conservation dans la ville, mettant l’accent sur la préservation du patrimoine immatériel, en organisant, par exemple, des formations à la sculpture destinées aux moines pour qu’ils apprennent à restaurer leurs temples eux-mêmes (Unesco 2004).
Nostalgie et réflexivité bureaucratiques
5Les experts rencontrés dans les bureaux de Paris et de Bangkok, dont le rôle est de surveiller l’état de conservation du site de Luang Prabang, se caractérisent, avant tout, par leur attitude bureaucratique. Ainsi, alors que je l’interroge sur son travail, un anthropologue spécialiste du Laos, devenu fonctionnaire de l’Unesco, s’exclame-t-il : « Je suis un bureaucrate désormais ! » Le discours des experts véhicule la nostalgie institutionalisée qui fait partie de la philosophie même de l’Unesco, dans une rhétorique portant sur l’irréversibilité de la perte et sur les moyens d’y remédier, mais qui n’est pas liée à un vécu particulier. Ce discours résulte de la conjonction de quatre propositions principales :
- La ville de Luang Prabang est un lieu unique et ancien, dont l’authenticité se rattache à son passé pré-colonial et colonial.
- Son authenticité tient principalement à son charme. De fait, comme le souligne un fonctionnaire rencontré à Paris, « le patrimoine à Luang Prabang, c’est la vie, l’atmosphère, le calme, l’ambiance », un charme qui rappelle celui de Londres dont Georges Perec (1989 : 84) écrit qu’il « ne vient ni de ses monuments, qui n’ont rien de vraiment remarquable, ni de ses perspectives, généralement médiocres, mais de tout le reste, des rues, des maisons, des magasins, des gens ».
- Luang Prabang est un lieu fragile. Empreinte d’un darwinisme culturel héritier de la nostalgie des premiers anthropologues, la rhétorique alarmiste des experts met l’accent sur la menace imminente qui pèse sur la ville, victime d’une modernisation sauvage et, à entendre certains, « il est déjà trop tard ». L’introduction d’un rapport publié en 2004 est explicitement titrée « A special and fragile place » (Unesco 2004).
- Enfin, le tourisme est identifié comme la menace principale pour la préservation de l’esprit du lieu. L’afflux de touristes dénature le charme de la ville, où « l’on voit plus de touristes que de locaux dans les rues ». Depuis une dizaine d’années, de très nombreux hôtels, resorts et guesthouses ont vu le jour, un marché d’artisanat ethnique a été spécialement conçu pour les touristes, tandis que les restaurants et autres salons de massage fleurissent le long du fleuve Mékong et de la rivière Namkhan. Nombreux sont les habitants du centre-ville qui louent leur maison à des investisseurs étrangers et qui, désertant le centre-ville, se construisent de confortables maisons dans les banlieues de Luang Prabang.
6Nostalgie de bureaucrates pour un site dont ils ne partagent pas le vécu au quotidien, il s’agit toutefois d’un discours réflexif, même s’il se déploie dans les limites autorisées par l’appartenance bureaucratique. De fait, il existe des conflits entre bureaux et individus autour des modalités de la préservation à Luang Prabang, par exemple entre ceux qui se soucient de la sauvegarde du patrimoine immatériel de la ville et ceux qui souhaitent uniquement contribuer à la conservation du bâti et de l’environnement. Les catégories patrimoniales utilisées sont elles-mêmes contestées, comme celle d’authenticité « que l’on doit utiliser avec prudence », me confie l’un de mes interlocuteurs dans les bureaux parisiens de l’Unesco. Cependant, les fondations même de la mise en patrimoine ne sont pas discutées, l’Unesco étant inlassablement décrite comme une institution inoffensive, « qui n’a pas de pouvoir. On ne veut rien faire de mal. Nous, on propose quelque chose et ce sont les États-membres qui décident ». Derrière mots et conventions, se jouent aussi des scènes très personnelles, des histoires individuelles, des biographies. Par exemple, très tôt, on m’a désigné Luang Prabang comme étant « le » projet de tel fonctionnaire, formule d’identification pour celui qui a le plus contribué à sa reconnaissance patrimoniale. Pourtant, par delà ces mécanismes d’appropriation biographique, c’est toujours le calme, le regard éloigné et la désincarnation, une forme d’expertise froide et sans émotion (Boyer 2005), qui prédominent chez les experts rencontrés dans les bureaux de l’Unesco.
Les experts sur le terrain : une nostalgie revendiquée
7Bien différente est la tournure hautement émotionnelle que prend la préservation in situ. De fait, les experts rencontrés sur le terrain mettent à mal le stéréotype d’après lequel expertise et émotion constitueraient des dimensions incompatibles (Heinich 2009). Engagés à des degrés divers dans le processus de conservation sur place, et détenteurs d’un savoir historique et culturel approfondi de la région, ils déploient le thème nostalgique de la disparition du charme de la ville, tout en le combinant à un vécu qui le rend encore plus intense émotionnellement. Certains d’entre eux vivent depuis plus de dix ans à Luang Prabang et ils ont observé – mieux : « subi » – les changements récents que la ville a connus. Ils constituent ceux qui se mobilisent pour le patrimoine in situ, dans une société où la conscience patrimoniale de type Unesco reste limitée à quelques individus. La plupart du temps, leur ton est celui de l’indignation et de la dénonciation. À les entendre, Luang Prabang ressemblerait à « Disneyland » ou à « un zoo » ; la préservation de la ville serait « une catastrophe », « un échec », « un naufrage », « un désastre », « une horreur », face à laquelle ils conçoivent leur travail d’expertise patrimoniale comme une « lutte permanente » : « On a quand même réussi à garder quelque chose de plus ou moins authentique ici. Luang Prabang est plutôt réussi, mais c’est une lutte permanente. Moi ici, je suis un mercenaire ! » Pour d’autres, il s’agit même d’une « mission impossible ».
8L’exemple qui revient de manière lancinante dans leurs propos est celui de la cérémonie des offrandes matinales aux moines (Tak Baad), scène religieuse qui témoigne de la générosité quotidienne des habitants envers leurs moines et qui, mêlant aujourd’hui touristes et locaux, devient « un cirque touristique », « un zoo où les touristes nourrissent les moines comme des animaux. Pire, « le touriste est un prédateur », s’exclame un expert interviewé. Ici, le vécu au quotidien du tourisme renforce le sentiment d’une dénaturation inéluctable de la ville et d’une perte irrémédiable de son ambiance. Parallèlement, les locaux eux-mêmes constituent aux yeux des experts une menace majeure pour la bonne préservation de l’esprit du lieu. On retrouve le « désajustement » classique entre le regard expert et celui des habitants (Heinich 2009 : 76), que le premier qualifie avec insistance de « kitsch ». Le plan de sauvegarde et de mise en valeur interdit formellement, par exemple, les vitres, les fenêtres récentes, les pots de fleurs, la coupe des arbres, les barrières devant les maisons, la laque sur le bois, autant de choses dont raffolent mes interlocuteurs laotiens. De même, les habitants du centre-ville tendent à suroccuper leurs terrains (pour y construire guesthouses et restaurants), tandis que les autorités locales ont été amenées à vendre certaines habitations classées à des investisseurs privés et ce, à l’encontre des régulations imposées par l’Unesco. Dans les propos des experts sur le terrain, les résidents de Luang Prabang sont toujours décrits comme défaillants, « incapables de préserver leur propre héritage ». Leur est déniée toute compétence esthétique et patrimoniale, un phénomène similaire à celui décrit par Michael Herzfeld (1991) à Rethemnos.
9La posture de ces experts in situ est, cela va sans dire, antinomique de l’image stéréotypée de l’expert désincarné. À déambuler dans la ville, vous les verrez s’agiter, parfois irascibles, sur les chantiers, s’accrocher avec les touristes qui ne respectent pas les codes de conduite locaux, voire participer à certains rituels religieux. Loin de la retenue décrite par Nathalie Heinich chez les chercheurs de l’Inventaire général du patrimoine culturel en France, la mobilisation des experts rencontrés à Luang Prabang est active et corporelle, à tel point que certains de mes interlocuteurs décrivent ironiquement ces derniers comme « plus laotiens que les Laotiens eux-mêmes. Ils voudraient nous apprendre comment être laotien ». Leur nostalgie est vécue et assumée pour un Luang Prabang qu’ils ont connu pour certains avant même sa reconnaissance par l’Unesco – comme me l’indique l’un d’entre eux, « on a une nostalgie pour l’ancien Luang Prabang. Regarde, mon ancienne maison est devenue une pizzeria… ». Une nostalgie revendiquée qui se double d’un discours patrimonialiste sur la nécessité de résister à la perte et qui, de par leur intense attachement émotionnel et cognitif, fait de ces acteurs des médiateurs essentiels à la mise en patrimoine.
Une communauté de perte transnationale
10Tout aussi émotionnelle est la mobilisation des expatriés qui vivent à Luang Prabang depuis des années, mais aussi des intellectuels locaux et des Laotiens issus de la diaspora (notamment ceux qui reviennent s’installer définitivement au Laos après des décennies d’exil). Nostalgie assumée des expatriés français, canadiens ou allemands qui se lamentent de la disparition du Luang Prabang qu’ils ont connu jadis, quand « avant, il n’y avait que des embouteillages de vélos » et « une seule voiture pour toute la ville ». De leur côté, les exilés qui reviennent au pays se désolent de retrouver une ville qui a autant changé depuis qu’ils ont fui en 1975, mêlant une nostalgie pour le Laos pré-communiste et une conscience patrimonialiste acquise à l’étranger. Un Laotien qui vit en France et revient périodiquement à Luang Prabang s’inquiète que « tout disparaît. On perd notre culture. Luang Prabang a tellement changé depuis que je suis parti. Il y a des guesthouses partout. Et trop de touristes. Ils font n’importe quoi ici. »
11En effet, nombreux sont les expatriés et les Laotiens de la diaspora qui s’accordent à dénoncer les changements qui sont apparus depuis la consécration par l’Unesco et qui dénatureraient l’ambiance de la ville. Eux aussi, à l’instar des experts, usent d’un langage très véhément pour critiquer le tourisme qui rend la ville « immonde » et le risque corollaire de perte culturelle. Pour beaucoup, Tak Baad est aussi devenu la métaphore même de la perte culturelle, un prisme efficace à travers lequel décrire les transformations qui touchent la ville, avec ces touristes « choquants » qui viennent se livrer aux offrandes « sans rien y connaître ». Et l’indignation vire parfois au corps à corps : « J’ai failli me battre avec un touriste hier, qui prenait des photos des moines n’importe comment », s’exclame un expatrié français qui vit à Luang Prabang depuis dix ans et qui, de temps à autre, va photographier des touristes de près « pour leur faire comprendre comme c’est désagréable » (un point de vue qui n’est pas partagé par de nombreux moines, voir Suntikul 2009).
12En ce domaine, les initiatives personnelles de Laotiens ou d’expatriés sont légion, depuis ces campagnes de sensibilisation destinées aux touristes (les enjoignant notamment de respecter la tranquillité des offrandes matinales aux moines), jusqu’à la création d’un musée de la diversité culturelle au Laos ou encore aux projets d’échanges internationaux d’artistes. Un Laotien issu de la famille royale et qui a vécu en France pendant vingt ans a d’ailleurs créé un centre culturel pour transmettre les arts de la région, centre qui n’est pas destiné aux touristes, dit-il, mais bien « aux jeunes Laotiens pour qu’ils apprennent la culture authentique de Luang Prabang, le tissage, les danses, l’orfèvrerie, les arts de cour. Ici, dans mon centre, on apprend aux jeunes les bonnes manières et le bon comportement laotien ». Et de continuer : « Ce que l’on fait, c’est de la transmission ! » Allergique au synthétique, aux tissus en provenance de Chine et aux vases en aluminium, le directeur du centre souhaite produire « à l’ancienne », ce qui nécessite de « travailler avec les vieux artisans de l’époque royale ».
13De leur côté, certains fonctionnaires et élites locaux partagent le même souci de conservation et des inquiétudes similaires vis-à-vis de l’ampleur actuelle du tourisme, mais en mettant davantage l’accent sur des préoccupations qui touchent les Laotiens lettrés qui vivent à Luang Prabang. Je fais ici allusion à l’influence grandissante de la culture thaï au Laos (que ce soit à travers la télévision ou le tourisme) et la posture (qualifiée par certains de) « coloniale » de la France dans la patrimonialisation de la ville, un rôle dénoncé, par exemple, en soulignant que « trop de Français travaillent ici. Seuls des Laotiens devraient travailler à la Maison du patrimoine ». Soucieux de sauvegarder le patrimoine immatériel de la ville, l’un de ces fonctionnaires a ouvert un « Children Cultural Center » où les enfants de la ville apprennent des jeux et des instruments de musique traditionnels. Autant d’actions patrimoniales qui consacrent la destinée de Luang Prabang en tant que centre de préservation et de transmission culturelles, mais pour autant qu’elles n’aient pas trop de connotation royaliste. Comme le souligne ce fonctionnaire local, « maintenant on recommence à faire les rites d’avant, mais pas ceux liés à la royauté. Il y a des choses qu’on ne veut pas revitaliser ». Bref, avec les experts de l’Unesco, les expatriés, les Laotiens issus de la diaspora, les élites et fonctionnaires locaux, se dessinent les contours transnationaux d’une « communauté de perte », certes portée par des influences et des aspirations diverses, des investissements cognitifs et émotionnels contrastés.
Les touristes, nostalgiques en passant
14Luang Prabang jouit désormais d’une réputation internationale et attire un nombre grandissant de touristes euro-américains et asiatiques. Selon les statistiques locales du Bureau du tourisme, on serait passé de 62 000 touristes en 1997 à 260 000 en 2005. Loin d’être tous animés par la nostalgie (Caton & Almeida Santos 2007), les touristes possèdent des profils variés, depuis les backpackers américains en quête d’extase, les couples français en voyage de noces, les expatriés britanniques vivant à Bangkok, les Laotiens de l’étranger (ou d’autres provinces) en vacances et les touristes gay. Certains voyageurs, en majorité des routards occidentaux, s’arrêtent à Luang Prabang pour s’enivrer ensemble après une randonnée éprouvante « dans la jungle », tandis que la ville est aussi devenue une hétérotopie sexuelle pour des Occidentaux et des Asiatiques en quête d’expériences nouvelles avec des jeunes hommes laotiens (Berliner 2011). Lors des festivités du Nouvel An, de nombreux Laotiens issus d’autres provinces visitent Luang Prabang pour oindre les bouddhas les plus respectés du Laos, alors que les exilés de la diaspora profitent de l’occasion pour venir saluer les membres de leur famille restés après 1975. Pour ceux qui ont subi l’exil, Luang Prabang constitue bien souvent le déclencheur de mémoires nostalgiques d’avant 1975.
15Toutefois, pour la plupart des touristes de passage, Luang Prabang représente « une jolie petite ville traditionnelle » à visiter et « encore » préservée des assauts destructeurs de la modernité, entre « amusantes » influences coloniales françaises et mystique bouddhiste. La plupart des Occidentaux succombent à l’« esprit indochinois » qui l’habite, plongeant les touristes dans un passé idéalisé, qui rappelle à certains Marguerite Duras, l’ambiance indochinoise avec ses vieilles voitures, ses ventilateurs, ses couleurs feutrées et son mobilier en osier. En se promenant dans la ville, ils aiment aussi discuter avec les moines, une expérience décrite comme « charmante » et « pleine de respect mutuel » que les novices peuvent facilement tourner à leur avantage en obtenant l’adresse des touristes et souvent de l’argent ou des cadeaux. La plupart des Occidentaux mettent l’accent sur l’authenticité du lieu, comme cette touriste française qui s’exclame que « c’est la pure humanité, ici », ou ces bloggeurs qui écrivent à son propos : « La ville est un peu moins paisible mais les marchés et un repas copieux à 5 000 kips (0,4 euros !) nous confirment que le Laos conserve son âme authentique. » Certes, beaucoup se lamentent aussi sur ce qui est en train de disparaître, comme ces trois touristes hollandais devant un temple qui regrettent que les « locaux ne portent plus leurs vêtements traditionnels » et se réjouissent de visiter cette ville « maintenant » (« et pas dans dix ans »), avant que la modernisation et le tourisme ne détruisent tout. Tandis que la plupart des Occidentaux s’inquiètent de la possible perte de son ambiance, nombreux sont les touristes thaï qui affluent à Luang Prabang et cherchent dans la ville une image de la Thaïlande « d’il y a cinquante ou cent ans ». Destination peu onéreuse, elle constitue pour ces visiteurs un mélange de détente (faire une randonnée dans les environs ou un tour en speedboat sur le Mékong), de curiosité nostalgique et d’exotisme (observer la vie des Laotiens, souvent considérés comme « arriérés », ou manger de la baguette dans les restaurants français de la ville), et d’expérience religieuse (donner les offrandes matinales aux moines et oindre les bouddhas de la ville). Certes, les touristes asiatiques ne ressentent pas le même enchantement pour l’esprit indochinois que les Occidentaux. Pourtant, on sent que, malgré la diversité des profils des voyageurs, le plaisir ressenti en visitant Luang Prabang procède pour tous d’une forme nostalgique, bien que la ville soit aseptisée, avec ses routes rénovées, ses guesthouses propres et sa nourriture alléchante. Aussi bien chez les touristes euro-américains qu’asiatiques, cette nostalgie-là prend la forme d’un enchantement pour l’esprit d’antan, d’une glorification pittoresque du passé qui mélange atmosphère religieuse précoloniale et ambiance coloniale. Luang Prabang met en scène une imagination passéiste constamment renforcée par les touristes eux-mêmes, succombant au goût de l’ancien et du traditionnel, mais aussi par les compagnies touristiques, les restaurateurs et les hôteliers (français, thaïlandais, vietnamiens, chinois, singapouriens ou laotiens) qui offrent cette nostalgie pour un Laos d’antan comme une marchandise à consommer, posture que Peleggi nomme le « business de la nostalgie » (Peleggi 2002). Mais, malgré leur peur de voir disparaître la diversité culturelle, mêlée à une nostalgie pour un passé qui n’est pas le leur, les touristes occidentaux n’ont qu’un attachement très ténu au patrimoine de Luang Prabang. Ici, pas de mobilisation patrimoniale. Rarement de l’indignation. Juste, pour certains, une nostalgie « de passage » avant d’embrayer sur une autre activité touristique.
Fabriquer du patrimoine quand le sentiment de perte fait défaut
16De la nostalgie des experts, des expatriés, des Laotiens de la diaspora, et des touristes pour un monde déjà disparu ou en voie de disparition, j’en viens maintenant à me demander ce que pensent la plupart des habitants de Luang Prabang de cette impérative nécessité de résister à la perte. Sont-ils nostalgiques d’un passé où « il n’y avait pas d’embouteillages, si ce n’est des embouteillages de bicyclettes », un passé où les touristes étaient inexistants et les ruelles en terre ? Bien sûr, il faut prendre en compte la diversité de ces perspectives, celles de ceux à qui la muséification profite financièrement, celles des élites patrimonialisantes proches ou pas de l’Unesco ou encore celles des moines. Pourtant, il existe certaines perceptions communes autour de ce que signifie « moladok », le terme local pour désigner le patrimoine. « Moladok » est le mot que les Laotiens utilisent d’habitude pour se référer à l’héritage familial avec l’idée de « quelque chose qui doit être gardé et transmis entre les générations ». Depuis la reconnaissance par l’Unesco, le terme « moladok » a toutefois acquis une nouvelle signification à Luang Prabang, à savoir la préservation d’architectures vernaculaires et religieuses, mais aussi d’espaces aquatiques pour « le bien de l’humanité », une conception universaliste qui ne va certainement pas de soi pour nombre de mes interlocuteurs qui y voient avant tout les bénéfices du tourisme et ses implications économiques. Pragmatiques, les résidents ont, de fait, bien compris que patrimoine et tourisme sont intimement liés et que « si on arrête le patrimoine ou si on nous retire le label Unesco, les touristes ne viendront plus ».
17En effet, la grande majorité des habitants s’accordent à reconnaître que leur vie a très positivement changé depuis dix ans. Tous manifestent de la fierté à l’idée que leur ville soit reconnue internationalement et que des touristes viennent y dépenser leur argent. L’augmentation des ressources économiques est l’impact positif le plus souvent mentionné par mes interlocuteurs, l’« unescoïsation » ayant créé de nombreux emplois, bien que de manière inégale, aussi bien en ville que dans la campagne (depuis les propriétaires de guesthouses, les conducteurs de cyclopousses jusqu’aux producteurs d’artisanat ethnique). Aussi, beaucoup soulignent que les rénovations opérées par l’Unesco ont rendu la ville plus belle et plus propre et, qu’en aidant à la réfection des temples, « moladok aide le bouddhisme ». Bref, « la vie est meilleure depuis que Luang Prabang est une ville du Patrimoine » est une phrase que j’ai entendue des centaines de fois durant mes interviews et cela fait sens après tant d’années d’une histoire traumatique à Luang Prabang et au Laos, en général. À bien y regarder, ce genre de propos s’inscrit dans un discours partagé d’aspiration à la modernité qui, dans le contexte du Laos, n’est certainement pas nostalgique. Alors que les patrimonialistes regrettent un Luang Prabang d’antan, la majorité des habitants ne se lamentent pas de la disparition d’un passé idyllique qui aurait été meilleur, comme le souligne ce vieil homme quand il affirme que « les choses ont beaucoup changé ici, et c’est très bien ! ». « Le passé est le passé. Nous n’avons aucun regret. Avant c’était bien, maintenant c’est encore mieux », s’exclame un autre. De fait, les discours des résidents mettent en avant le désir de voir « encore plus de touristes et d’avions à Luang Prabang ». Dans un tel contexte, la reconnaissance de la ville par l’Unesco est plutôt associée aux changements rapides qu’en attendent les habitants qu’à la continuité espérée par les patrimonialistes. Les premiers voient dans la préservation une manière de prendre pied dans la modernité plutôt qu’une façon de s’en tenir éloigné, comme le souhaiteraient experts et touristes de passage. D’ailleurs, nombreux sont les résidents de Luang Prabang qui voient leur centre-ville classé avec ses vieilles maisons comme une relique à montrer aux générations futures. Si les gens soutiennent les politiques de conservation de l’Unesco, c’est aussi, disent-ils, « pour montrer à nos enfants et petits-enfants, mais on ne veut pas vivre là-dedans ».
18Les formes locales de la nostalgie prennent en effet une allure très différente de la nostalgie des patrimonialistes. D’abord, de nombreux habitants gardent secrètement des souvenirs nostalgiques de l’Ancien Régime, ainsi que des mémoires souffrantes de l’après-1975. Comme le souligne l’un de mes interlocuteurs âgés, « les gens ont beaucoup souffert ici. Luang Prabang a été une ville damnée après la Révolution. Maintenant, l’Unesco vient et veut en faire une jolie petite ville touristique. Les touristes ne le savent pas. Mais on a beaucoup souffert ici ». Bien des personnes âgées déplorent les transformations culturelles récentes, dénonçant par exemple les changements dans les habitudes vestimentaires et les coiffures féminines mais aussi les comportements des jeunes « qui, par exemple, ne se saluent plus en joignant les mains mais en se faisant la bise ». Certains regrettent une « sociabilité » ou une « mentalité » qui seraient celles d’autrefois : « Les gens ont moins de temps pour la famille et les amis parce qu’il n’y a que du business ici maintenant. » Tandis que d’autres pointent du doigt les conséquences néfastes du tourisme sur leur vie. D’aucuns critiquent aussi le comportement des moines qui, désormais, passent leur temps à traîner avec les touristes et dans les cafés internet. Il est toutefois intéressant de constater que cette nostalgie ne se rapporte pas vraiment à la perte irréversible des maisons, des temples et des rituels traditionnels que les experts de l’Unesco cherchent à conserver. Par exemple, j’ai été frappé, aussi bien chez les jeunes que chez les vieux, par l’absence relative de plaintes à l’égard de la disparition de Tak Baad. Certes, des personnes âgées et des élites patrimonialisantes, ainsi que certains leaders religieux (saathu) dont les temples se trouvent dans la zone touristique, s’inquiètent avec raison de voir Tak Baad reposer essentiellement sur les touristes et les étrangers qui vivent dans ces quartiers délaissés par leurs habitants. Je l’ai dit, Tak Baad est aussi devenue, petit à petit, un emblème de la perte à travers des campagnes de sauvegarde du rituel récemment lancées (principalement par des expatriés). Pourtant, la plupart des résidents de Luang Prabang insistent sur le fait qu’ils « continuent la tradition. La tradition ne change pas ». Pour une femme, « la coutume ne disparaît pas, même avec le tourisme. Les Laotiens conservent leurs traditions. Tak Baad ne va pas disparaître. C’est une tradition lao », tandis qu’un vieil homme déclare : « Même si les gens louent leur maison et quittent le centre-ville, je ne suis pas inquiet. Même avec les Occidentaux, la tradition lao va persister. Maintenant les Occidentaux vont d’ailleurs nous aider à préserver Tak Baad. » On pourrait multiplier les témoignages qui abondent dans ce sens.
Une typologie des nostalgies
19Grant Evans (1998) et, plus récemment, Colin Long et Jonathan Sweet ont montré, avec justesse, que la reconnaissance de Luang Prabang par l’Unesco s’inscrit dans une quête nostalgique « pour une Asie authentique, idéalisée et orientalisée » (Long & Sweet 2006 : 455). Par-delà la pertinence du constat, je voudrais, en guise de conclusion, affiner cette proposition en soulignant le caractère protéiforme des attachements nostalgiques et des investissements émotionnels et cognitifs que Luang Prabang met en jeu. Tout d’abord, afin de clarifier une situation théorique qui me semble trop floue, je propose d’opérer un distinguo entre deux postures nostalgiques, entre une nostalgie pour un passé que l’on a soi-même vécu (une endo-nostalgie) et une nostalgie « de seconde main » (on dirait « vicarious » en anglais), une exo-nostalgie, caractéristique des touristes occidentaux et des experts basés à Paris.
20En partant de ces prémisses, on peut considérer que Luang Prabang constitue une arène où se déploient : 1] la nostalgie bureaucratique des experts basés à Paris et à Bangkok, une exo-nostalgie caractérisée par un discours généraliste sur la perte ; 2] la nostalgie revendiquée des experts sur place. Il s’agit d’un discours exo-nostalgique ancré dans une connaissance historique et culturelle approfondie (une nostalgie pour une culture qui n’est pas la leur, pour le passé de ces autres qui ne se rendent pas compte de ce qu’ils perdent), combinée à un ressenti nostalgique pour la disparition du charme d’une ville qu’ils ont connue (endo-nostalgie). L’attachement cognitif et émotionnel est très fort, l’expert devient ici un militant ; 3] l’endo-nostalgie des expatriés, qui repose principalement sur le vécu et sur un attachement émotionnel intense à « leur » Luang Prabang du passé ; 4] l’endo-nostalgie des Laotiens de la diaspora qui, nés à Luang Prabang puis exilés, se lamentent de la disparition du Luang Prabang de leur enfance et qui, pour certains, ont acquis un discours patrimonialiste à l’étranger ; 5] l’exo-nostalgie des touristes, dont le discours externaliste sur la perte culturelle ne renvoie pas à leur propre passé historique, ni à leur culture, et ne produit aucune mobilisation, de par la nature même du tourisme ; 6] enfin, les diverses formes nostalgiques des habitants ordinaires de la ville, parfois des nostalgies royalistes, parfois le sentiment de perte de certaines valeurs, mais sans un discours de crise sur la nécessité de fabriquer du patrimoine et de la culture, si ce n’est pour les recettes du tourisme qu’ils procurent.
21Pourtant, ces postures nostalgiques et leurs effets pragmatiques ne permettent pas à eux seuls d’expliquer la transformation de Luang Prabang en un site patrimonial. Comme le rappelle très justement Daniel Fabre (2009 : 44), l’opération de surclassement par l’Unesco « met surtout en évidence à quel point ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui la culture est devenue la scène idéale, ou imaginaire, du politique lui-même ». À Luang Prabang, la création d’une communauté de perte transnationale coïncide, en effet, avec une nécessité politique nationale qui n’est absolument pas nostalgique. Comme Sweet et Long l’ont bien remarqué, le passé colonial, les maisons traditionnelles et les rites que l’Unesco contribue à préserver sont intimement liés à l’histoire royale de la ville. Grant Evans (1998 : 122) nous rappelle d’ailleurs qu’en 1975 les révolutionnaires ont immédiatement transformé le palais royal en un musée, avec l’intention de le dépolitiser et de garder ce passé sous contrôle. Aussi, la muséification nostalgique de Luang Prabang ne doit-elle pas nous faire oublier que mettre en patrimoine, c’est aussi, dans certains cas, anesthésier le passé et le rendre inoffensif au présent.
Bibliographie
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Notes de fin
1 Nota : des extraits de ce texte ont déjà fait l’objet d’une publication (Berliner 2010).
Auteur
david.berliner@ulb.ac.be
Anthropologue, professeur associé à l’Université libre de Bruxelles et membre du Laboratoire d’anthropologie des mondes contemporains, éditeur de la revue Social Anthropology/Anthropologie sociale.
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