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Avant-propos

p. 173


Texte intégral

1L’histoire du dernier demi-siècle est celle d’une révolution invisible. Bien au-delà des injonctions de la pédagogie nationale, chacun s’autorise à manifester des formes d’attachement au passé qui expriment un parcours personnel et une sensibilité propre. Tous les jours de nouveaux objets sont élus qui suscitent la fièvre des amateurs et des collectionneurs. De multiples associations se cristallisent autour de ces passions salvatrices et restauratrices. Elles conjuguent le plaisir de toucher le passé et d’être touché par lui avec le sentiment d’une mission qui mobilise autour des plus infimes traces de ce qui fut. En inventant des objets d’affection, elles sécrètent de nouveaux savoirs. Or, dès les années 1960 en France, l’État a accompagné et encouragé cette conversion collective. Mais l’objectivité des critères d’un Inventaire, par lequel la nation se saisissait du local le plus infime, suffit-elle à conjurer ce qui apparaît en profondeur comme un nouveau rapport sensible de nos sociétés au temps que le mot « patrimoine » communément désigne  ?

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