Forme urbaine et présence à l’histoire
Habiter le passé de Bernalda
p. 235-251
Texte intégral
1La scène se passe à Bernalda, petite ville de la Basilicate, province de Matera1. Dans les années 1980, intellectuels, historiens locaux et hommes politiques s’emparèrent de l’histoire de la ville, en particulier du récit de sa fondation, et en firent un instrument qui illustrait et légitimait leur politique économique et culturelle, les reconstructions particulières de l’histoire qu’ils opéraient se traduisant presque aussitôt par des signes exposés dans l’espace public. Ce phénomène n’est pas exceptionnel, qui voit une ville réécrire son histoire, lancer une politique de développement et inscrire dans son décor urbain cette proposition qui relie passé et futur ; cependant le cas de Bernalda me semble exemplaire et j’en proposerai dans les lignes qui suivent une approche ethnographique qui questionne et nuance cette généralité.
2Bernalda est une cité d’environ 18 000 habitants2. Son économie repose sur l’agriculture, les petites industries à caractère artisanal et le tourisme, en expansion rapide au cours des dernières années. Le territoire est divisé en trois zones : un centre urbain très dense, une zone rurale parsemée d’établissements agricoles de moyenne étendue (entre vingt et cinquante hectares) et de propriétés nettement plus petites (d’environ quatre à cinq hectares), enfin, dans la plaine maintenant assainie, un littoral sur la mer ionienne où se construisent résidences et villages touristiques non loin d’un vaste site archéologique de la Grande Grèce : la colonie de Métaponte.
3Deux épisodes, à l’initiative du conseil municipal, ont récemment mis en évidence un nouveau rapport entre histoire, mémoire et politique. L’un a pris place dans la durée, il s’agit du réaménagement urbain de la fin des années 1980 ; l’autre, plus resserré, est la célébration, à partir de 1997, du cinquième centenaire de la ville. Ils partagent une même lecture de l’histoire : sans effacer 1497 comme date officielle de la fondation de Bernalda, aménagements et anniversaire visent, non sans débats publics, à établir et à officialiser un récit qui se situe loin en amont puisqu’il attribue la fondation de la ville aux colons grecs de l’Antiquité.
4Deux ensembles de questions se lèvent à ce propos. Comment, tout d’abord, cette fondation présumée a-t-elle été institutionnalisée et patrimonialisée ? Dans quel contexte ? En s’appuyant sur quelles forces et quels intérêts ? Un tel processus est incontestablement lié aux choix des administrations locales en matière d’économie touristique : le site antique de Métaponte est sur le territoire de Bernalda, l’administration communale a donc choisi d’introduire dans les rues et sur les places des éléments architecturaux et ornementaux qui rappellent et exaltent le lien entre la ville moderne et l’antique cité. Une telle réécriture de l’histoire, surtout lorsqu’elle est accompagnée d’une projection architecturale dans l’espace quotidien, constitue le terrain d’affrontement des factions en lutte pour le pouvoir local. Celles-ci, plutôt d’accord sur le choix du récit, se disputent en revanche le pouvoir d’institutionnaliser cette nouvelle origine. Comme Michel Giraud le démontre à propos des Antilles : « Conquérir l’autorité sociale pour consacrer les légitimités culturelles devient un enjeu capital pour les acteurs de la vie politique. Les politiques culturelles deviennent un terrain important de rencontres entre les forces en présence » (Giraud 1999 : 380). Quelle forme particulière cette conquête de l’autorité culturelle a-t-elle prise à Bernalda ? Comment a-t-elle modelé l’histoire des commencements ? Je me demanderai ensuite comment la population a réagi face à cette hellénité qu’on lui demandait d’endosser. L’a-t-elle admise uniformément sous le prétexte qu’elle était proférée par des intellectuels et historiens locaux ? Comment sa traduction sensible dans le décor urbain a-t-elle été vécue par le commun des habitants ?
Dessiner la cité
5Les livres d’histoire locale et le lieu commun oral font remonter la création de Bernalda à la fin du xve siècle lorsque Ferdinand d’Aragon fit don en sous-fief à Bernardino De Bernauda, noble originaire de Cosenza, d’une petite partie du territoire de Montescaglioso, village situé à environ vingt kilomètres3. La propriété, anciennement appelée Camarda, comprend une zone rurale et un groupe de maisons autour de l’église San Donato, ancien patron du lieu. Dès lors, l’histoire de Bernalda est fortement imprégnée du conflit avec Montescaglioso pour la fixation des frontières et des droits sur les territoires domaniaux. Cette lutte entre bourgs voisins a donné lieu à de multiples troubles mais aussi à une longue controverse judiciaire qui, de 1532 à 1978, a fait passer le territoire de Bernalda des 2 000 hectares originels aux 12 000 hectares actuels.
6Les premiers seigneurs firent transférer le centre historique sur un rocher à deux kilomètres environ de la première implantation. Rupture topographique que renforça le changement du nom du bourg et celui du saint patron, conformément à la volonté de la lignée féodale de les inscrire dans sa propre histoire. C’est, selon Filippo Ambrosano, en référence au nom du premier seigneur que San Donato, l’ancien protecteur, a laissé place à San Bernardino, tandis que le village prenait le nom de la noble famille : on passa, en deux siècles, de Camarda a Terra de Bernauda au xviie siècle, puis à Bernauda et enfin à Bernalda (D’Angella 1983 ; Tataranno 1991).
7Le centre historique du Bernalda actuel présente un dessin orthogonal ; sept rues horizontales et huit rues verticales organisent l’agglomération en îlots rectangulaires larges de vingt mètres et longs de trente-cinq. Selon Tataranno, historien local et conseiller municipal, c’est le premier seigneur qui imposa ce plan en échiquier évoquant les acropoles antiques. Les fouilles archéologiques du xixe siècle révélèrent, en effet, que le site grec de Métaponte était construit selon un modèle urbanistique analogue, dit hippodamien. L’hypothèse est cependant fragile puisque rien ne prouve que les premiers bâtisseurs du bourg ancien aient eu connaissance de Métaponte dont la structure urbaine ne fut découverte que trois siècles et demi plus tard. Il est vrai, toutefois, que quelques frontons et colonnes palatines étaient encore visibles à l’époque et furent réemployés dans la construction du nouveau bourg : on voit encore des marbres provenant des temples grecs insérés dans les façades des palais du centre historique de Bernalda comme linteaux de portes et comme balcons.
8Au xixe siècle, le bourg déborda du centre ancien ; de nouvelles maisons et des palais aristocratiques furent construits sur l’emplacement d’ateliers artisanaux. Cette expansion se fit autour d’un nouvel axe dénommé, au milieu du siècle, avenue de Métaponte, aujourd’hui avenue Umberto. Les élites locales, ici comme ailleurs, attachèrent alors une grande attention au décor urbain et aux espaces publics (McDonogh 1986 ; Amelang 1989 ; Farrell 1993 ; Benigno 1995 ; Iachello 1995). Pendant tout le xixe siècle les administrations communales réglementèrent l’hygiène des rues et des places et veillèrent à l’apparence extérieure de la ville. Bernalda fut même la première localité de la province à se doter d’un plan d’urbanisme : en 1911, la municipalité en confia le projet à l’ingénieur Murante, originaire de Pisticci. Ce plan, ainsi que celui de 1956, œuvre des ingénieurs Lacata et Mecca, conservait pour l’essentiel le schéma orthogonal originel.
9À la fin des années 1980, le conseil municipal, dominé par la Démocratie chrétienne, commande à trois architectes – issus respectivement de Matera, de Rome et de Bernalda – un nouveau plan d’aménagement de la ville4. Le programme de décoration urbaine prévoit d’introduire, essentiellement dans le centre historique, des éléments évoquant la Grèce antique. Sur la place San Bernardino, en face du château, on projette une colonnade semi-circulaire, inspirée des colonnes palatines, symbole de Métaponte. Dans le pavage de l’avenue d’Italie on pense intégrer des bas-reliefs inspirés de motifs découverts lors des fouilles, tel l’épi de blé, symbole métapontin5, et des profils d’hommes, grecs évidemment. D’autres bas-reliefs devraient décorer l’avenue Umberto, de la place Garibaldi jusqu’à l’église San Donato. Place Garibaldi, au carrefour de l’avenue d’Italie et de l’avenue Umberto, donc entre le centre historique et le faubourg du xixe siècle, on prévoit de planter des palmiers, eux aussi en demi-cercle, pour rappeler les colonnes de la place6. Un belvédère, au milieu de l’avenue d’Italie, ouvrirait la vue sur la vallée du Basento, du côté de la mer. Enfin, on pense restaurer quelques palais le long de l’avenue Umberto. Le projet ne connut qu’un début de réalisation : seuls furent plantés les palmiers de la place Garibaldi et fixés des médaillons à sujets grecs sur les bouches d’égout de l’avenue d’Italie. En effet, à la fin de l’année 1991, la municipalité fut dénoncée pour sa mauvaise gestion financière : un commissaire du gouvernement fut nommé à la place du maire, ce qui eut pour premier effet d’interrompre les travaux.
10La municipalité et ses architectes avaient donc demandé aux concepteurs du nouveau décor urbain de raccorder symboliquement Métaponte et Bernalda, afin d’inscrire sur le territoire communal une histoire continue de la cité qui irait de la Grèce antique jusqu’au présent. Agir sur le cadre de vie pour mettre le passé au cœur de la ville : tous les discours justificatifs sur les décors urbains puisent ainsi dans l’histoire du lieu, démontrant le lien constant entre architecture, pratiques politiques et réécriture de l’histoire (Herzfeld 1991 ; Koshar 1996).
11En 1991, une fois le conseil municipal dissout, quelques conseillers de la majorité sortante fondent le Cercle culturel Camardense, dont un des objectifs est de promouvoir les travaux sur le passé grec de Bernalda. Le maire sortant en explicite parfaitement les intentions :
Bernalda plonge ses racines dans la Grande Grèce... Mon idée était de commencer à marquer le territoire avec des images qui rendissent visibles les origines grecques à travers la liaison avec Métaponte. Nous avons cherché à tracer un itinéraire culturel qui de la place San Bernardino conduise à San Donato, où les éléments architecturaux constituaient une charnière historique entre Bernalda et Métaponte. Bernalda a des origines grecques. Ce que je dis n’est pas encore documenté avec précision mais un groupe d’étudiants y travaille. Il existe des documents qui prouvent ce que je dis. Je ne sais pas encore s’il s’agit de continuité culturelle ou démographique entre Bernalda et la Grande Grèce, mais c’est certain, nos racines sont là.
12Les documents dont parle le maire émanent de la longue controverse avec Montescaglioso7. En effet, la scène judiciaire se joua pour les deux parties, au fil des siècles, non seulement sur le plan du droit public et des usages locaux mais également sur celui de la refonte de l’histoire. Dans les salles d’audience, le conflit souleva la question des origines. Les deux camps firent remonter la fondation de Bernalda à des moments différents, chacun au nom d’une représentation de l’histoire qui justifiait ses positions. Les avocats de Montescaglioso affirmaient que l’ancienne Camarda fut constituée, autour de l’an mil, par les hameaux de Métaponte, territoire indépendant à l’intérieur du fief de Montescaglioso, ce qui fait que Bernalda n’a aucun droit sur le territoire de celui-ci. En revanche, pour ceux de la communauté de Bernalda, Camarda naquit comme sous-fief de Montescaglioso et acquit dès lors une identité politique qui légitimait ses revendications territoriales. Le discours des origines est depuis longtemps un instrument de la lutte entre les deux communes pour le contrôle de leur espace. Les exposés historiques faits dans l’enceinte du tribunal soutiennent habilement des intérêts économiques et des pratiques politiques qui s’exercent à l’extérieur puisque : « Toutes les constructions du passé sont socialement motivées et doivent être par conséquent comprises dans le cadre de confrontations » (Friedman 1992 : 841).
13Autre élément d’importance : les projets d’embellissement urbain qui produisent de nouvelles images de la ville, de l’espace et du territoire communal. La perception habituelle qu’en ont les habitants est essentiellement centrée sur la zone urbaine retranchée sur la colline. Inscrire l’hellénité dans le cœur de la ville c’est déplacer celle-ci toujours plus vers la mer. À la fin des années 1980, les plans d’occupation des sols favorisent la naissance d’infrastructures touristiques dans la zone littorale de Métaponte où surgissent complexes balnéaires et résidences. On approuve un projet de décoration du front de mer de Métaponte, inspiré de celui de Policoro8. Le maire, que nous avons déjà entendu, commente ainsi ce choix : « On voulait ouvrir une nouvelle ère pour la population de Bernalda. Il fallait la pousser à regarder vers la mer et non plus à lui tourner le dos, et grâce à cela arriver à un développement touristique dans lequel la mer serait le moteur de l’économie du village. » L’opération est désormais possible car, en 1978, le litige avec Montescaglioso a pris fin. Après cinq cents ans de procédure judiciaire, Bernalda voit ses frontières stabilisées ; la commune est alors souveraine sur son territoire, elle peut procéder à de nouveaux aménagements et surtout créer une nouvelle image du pays.
Fêter la fondation
14En 1997, dernière année de mon séjour à Bernalda, j’ai suivi les vicissitudes de la mise en place par l’administration communale – dont la majorité appartenait alors à la coalition de gauche, L’Ulivo (« L’Olivier ») – d’un comité chargé d’organiser jusqu’en 2000 les festivités pour le cinquième centenaire de la fondation de la ville9. L’investissement des hommes politiques dans cet évènement est à la mesure de son enjeu stratégique : c’est par cette célébration historique que passe une grande part de leur action politique et économique.
15On discute beaucoup dans les séances du conseil pour savoir qui fera partie du comité et surtout des sous-comités qui le composent. Les réunions des 24 et 27 juin 1997 seront entièrement consacrées à dresser l’organigramme. Le comité, comme on peut le voir sur le schéma, a une structure très compliquée ; il est divisé en deux sections, six sous-comités et trois présidents : le maire du village préside les célébrations ; le président de la province de Matera, représentant local du Parti démocratique de la gauche (pds), est président d’honneur ; le chef de groupe du pds au conseil municipal préside le comité. Chaque sous-comité a lui-même son président, flanqué d’un vice-président et de deux conseillers municipaux, les membres doivent en être désignés « à égalité, par la majorité et la minorité au sein du conseil municipal ». Cet organigramme déclencha un conflit aigu avec l’opposition politique, à la fois pour la maîtrise économique de l’initiative et pour la gestion des évènements culturels programmés sur trois ans. Le comité de réalisation doit, en effet, « prendre des contacts, souscrire des accords et des conventions, accorder des délégations, contacter les banques et l’administration ». Il conduit donc toute la gestion financière10. Les conseillers de l’opposition, relégués dans le sous-comité de représentation, sont exclus de tout contrôle du budget alloué au programme.
16Le sous-comité scientifique, qui compte quelques professeurs des universités de Bari et de la Basilicate, est chargé des initiatives culturelles, parmi lesquelles « le recensement des biens artistiques et culturels », « l’animation et l’esthétique du paysage », la création d’un musée des Arts et Traditions populaires et enfin la recherche sur « la vie et les costumes à la cour de Bernalda au xvie siècle ». Cette dernière initiative suscita d’énormes querelles : il s’agissait, en effet, dans l’esprit des organisateurs du cinquième centenaire, d’enrichir le défilé historique de la fête patronale d’une nouvelle dimension commémorative. L’opposition politique y dénonce aussitôt une concurrence avec le comité qui gère la fête patronale de San Bernardino. Le conflit entre les deux comités fait écho à celui qui oppose les deux paroisses de la ville au sujet de l’action sociale, conflit dont la coloration politique est évidente à tous : d’un côté, le Mouvement d’action catholique, plus proche de L’Ulivo, progressiste, et de l’autre Communion et Libération, dont le président est, en même temps, président du comité de la fête patronale et fondateur de la section de la cdu dans l’alliance des partis de droite. Ces derniers ne sont pas hostiles aux recherches historiographiques que promeut le comité pour le cinquième centenaire, en revanche son intromission dans la fête patronale les scandalise, elle constitue, à leurs yeux, une ingérence inquiétante dans l’espace rituel qu’ils gouvernent car, en contrôlant les rites autour de San Bernardino, ils gèrent de fait une grande partie de la politique culturelle de la ville, axée sur cette célébration, et déploient à partir de là leur action politique.
17Le désaccord entre comités porte donc sur le contrôle des traditions locales. La fête patronale est devenue au cours du temps l’occasion de transformer celles-ci, d’en créer de nouvelles et de définir, en l’inventoriant, le patrimoine de la cité. Le dernier jour de la fête, le plus important, n’est-il pas appelé « le jour de la tradition », explicitant le fait que les organisateurs exercent leur autorité sur sa définition et sa mise en scène ? Le cortège historique, clou de la journée, s’est, à la fin des années 1980, enrichi de plus de cent figurants vêtus de costumes médiévaux. Ce défilé, outre qu’il constitue une attraction touristique, est considéré par les organisateurs comme une représentation de la vie au château de Bernalda, qui leur semble tout à fait à sa place, en tant qu’image du passé, dans la « fête de la tradition ». Or, cette vie de château n’a jamais existé puisque les seigneurs du lieu ont toujours résidé ailleurs – à Cosenza au xve siècle et à Laterza au xviie siècle. Les membres du Comité pour le cinquième centenaire contestent, en outre, l’authenticité historique des costumes que portent les figurants (couleurs, tissus, modèles, ornements) et des objets qu’ils brandissent (armes et instruments musicaux). Leur proposition de recherche vise à éliminer du cortège des éléments étrangers à la « tradition », c’est-à-dire à l’histoire, et à redécouvrir celle-ci dans sa pureté.
18Mais il y a, au cœur de cette affaire, un paradoxe qui n’aura pas échappé au lecteur. Célébrer le cinquième centenaire en 1997 semble officialiser 1497 comme date de fondation du village, donc de construction du premier centre historique. C’est ce que proclament les banderoles et les affiches placardées dans les rues portant l’inscription « 1497-1997 – Ve centenaire de la naissance de Bernalda ». Or, dans tous les discours publics, y compris dans la manifestation inaugurale, les concepteurs soutiennent l’origine grecque de Bernalda et ne cessent d’en multiplier les preuves. En peu de mois, la question de l’hellénité, objet d’un discours ambigu et controversé en l’absence, à Bernalda même, de traces archéologiques probantes, est devenue un sujet de conversation quotidien. L’historien sérieux sait bien que les établissements grecs de Métaponte furent abandonnés bien avant que soit fondé le premier Bernalda, mais la contradiction est effacée unanimement ; nous sommes ici devant « une épistémologie de la présupposition, qui ne se construit pas sur des documents... mais qui constitue cependant une conception de l’histoire » (Bizzocchi 1995 : 213).
19Pour le cinquième centenaire a été créé un logo composé du blason de la ville et de celui de la famille De Bernauda ; ces deux emblèmes forment un nœud de ruban surmonté d’une couronne, le tout surplombé d’un tracé en silhouette du centre historique, avec en son centre, le château et l’église. Quelques conseillers municipaux ont demandé que ce nouvel emblème de Bernalda remplace définitivement le précédent ; d’autres que l’on crée un nouveau logo afin de prendre en compte les convictions récentes sur l’origine du lieu. Dans certaines occasions, notamment pour la manifestation d’ouverture, le nouveau logo, imprimé sur les tracts et affiches des célébrations, est associé à l’épi de blé, symbole de Métaponte. Il condense donc une narration dans laquelle « les éléments offerts par l’emblème varient entre un passé qui éclaire le présent, un présent qui éclaire le futur et la combinaison des deux » (Handelman & Shamgar-Handelman 1990 : 194).
20La principale preuve avancée par les tenants d’une origine grecque de Bernalda est une inscription qui aurait été placée au-dessus de la porte d’entrée du village et enlevée avant que celle-ci soit détruite, au xixe siècle. Aucune documentation écrite ne confirme la réalité de ce texte ; la seule source est un témoignage oral transmis par quelques habitants du lieu. Il se présente sous deux versions. La première ferait référence à la Grèce : « Amico passegger, fin qui arrivaste, bionda Camarda Greca e festeggiante trovi, se il passo affretti e vai più innante le mura di mia Madre, infrante troverai [Passant ami, jusqu’ici parvenu, tu as trouvé en fête la blonde Camarda grecque, si tu presses le pas et vas plus loin les murs de ma Mère dévastés tu trouveras] » ; tandis que l’épithète hellénisante disparaît de la seconde : « Amico passegger, fin qui arrivaste se vai più innante le mura di mia Madre, infrante troverai [Passant ami, jusqu’ici parvenu si tu vas plus avant les murs de ma Mère dévastés tu trouveras]. » Selon les uns la « Mère » désigne Métaponte, selon les autres il s’agit de Montescaglioso.
21En outre, les intellectuels locaux font de certaines pratiques rituelles, comme les lamentations funèbres, ou de recettes culinaires spéciales, telle la capriata, une soupe de céréales11, les survivances d’une antique culture grecque. Ne discutons pas la pertinence de leurs affirmations, en revanche soulignons leur place dans le discours historique qu’ils produisent. Leur histoire étant conçue comme continue, l’immobilité qui s’attache à la notion de « traditions » les autorise à voir en elles la preuve vivante des ascendances grecques. Conception essentialiste de la culture « qui occulte les ruptures et se fonde sur l’idée de maintenir la continuité, la fidélité à soi et l’identique » selon Philippe Mairot. Or, nous savons bien que les « racines », et les traditions, sont toujours en cours de redéfinition (Friedman 1994 ; Hall 1996), quand elles ne sont pas carrément inventées (Hobsbawm 1989). Les continuités culturelles, thème lié à une certaine idée de la culture, sont toujours des constructions visant des objectifs qui changent au rythme des intérêts en jeu (Herzfeld 1986).
22Lors de la cérémonie d’ouverture des célébrations, le président honoraire du comité12 lit un long rapport qui reconstruit l’histoire du village et soutient que les habitants de Bernalda ont toujours eu conscience de leurs origines grecques comme le démontre la fameuse inscription à l’entrée du bourg13. La disparition de l’épigraphe aurait coïncidé avec l’effacement des origines dans la mémoire collective. Amnésie liée à la bataille juridique qui opposa Bernalda à Montescaglioso, obligeant paradoxalement à oblitérer des origines dont la revendication était peu efficace dans ce débat (Kaplonski 1993).
23Dans cette perspective, le choix de l’année 1497 prend un sens nouveau. C’est la date de réorganisation de l’histoire de Bernalda autour d’un projet urbain qui sélectionne comme moteur de sa réécriture la définition des limites territoriales avec Montescaglioso. Certes, les origines grecques étaient culturellement prestigieuses mais fallait-il encore qu’une telle ascendance pût se rapporter à un territoire habité précis. Une fois victorieusement réglée l’affaire des frontières, elle pouvait revenir au premier plan grâce à l’archéologie ; temples, rues, maisons sont là sous les yeux de tous et sur ces traces peut se fonder une nouvelle mythologie de la genèse (Herzfeld 1986). Le programme des célébrations du cinquième centenaire valorise donc les fouilles de Métaponte et le musée d’archéologie à travers des conférences scolaires, des visites guidées, des projections de diapositives et des séminaires d’études.
24La place faite à l’archéologie par la commune est confortée par la politique régionale qui promeut désormais un tourisme culturel. En 1996, la région de la Basilicate a adhéré au projet interrégional, impliquant également les Pouilles et la Calabre, pour le développement des aires archéologiques du rivage ionien. Dénommé « Magna Grecia 2000 : itinéraires de civilisation », ce projet comporte protection, conservation et valorisation touristique du patrimoine archéologique de la Grande Grèce. Or, la zone de Métaponte est désignée comme la plus représentative de la présence grecque en Basilicate. Souhaitant profiter de l’aubaine, la municipalité de Bernalda s’emploie à insérer dans ce projet une grande part de son programme culturel associant aux fouilles archéologiques de Métaponte toutes les richesses historiques, artistiques et architecturales de la commune comme, par exemple, les masserie, les fermes fortifiées. Renouer avec l’origine aboutit donc, aujourd’hui, à une véritable refondation culturelle du territoire.
Habiter entre Grèce et Renaissance
25La population de Bernalda dans son ensemble est plus sensible à l’évidence d’une date de fondation (1497), liée notamment à la famille des premiers seigneurs qui ont laissé en héritage le château, le centre historique et le nouveau saint protecteur. La persistance d’un attachement actuel à cette date a été confortée par le livre de Dino D’Angella (1983) qui, en historien scrupuleux, a raconté, pièces en main, la genèse du bourg, à la Renaissance. Chacun connaît ce texte pour l’avoir lu ou en avoir entendu parler. Au fond, c’est sa thèse que proclame la banderole qui annonce l’évènement commémoratif : « 500 ans de la fondation du village 1497-1997 ». Cette origine-là est plus proche de la perception commune du temps historique, essentiellement scandé par une chronologie urbaine et architecturale : la ville qui se transforme rend sensible, évident, le mouvement de l’histoire. De plus, comme tous les discours sur Bernalda posent le problème des relations entre les différentes communes de la région, chacun se doit de proposer une définition du noyau primitif, situé sur la colline. Certes, les uns le nomment « centre historique », les autres « partie ancienne » de la cité mais une histoire localement recevable ne peut faire l’économie d’un récit polémique de sa fondation, proposition que la version grecque de l’histoire n’impose guère.
26Comparé à ceux des communes limitrophes, Montescaglioso et Pisticci ancrées dans l’immémorial, le récit établi et communément reçu fait apparaître Bernalda comme une « ville nouvelle », ce qui n’est pas sans avantages symboliques. Cette « jeunesse » fonde un discours sur sa « supériorité culturelle » par rapport aux villes alentour. Une « ville jeune » devient une ville « en mutation », « projetée vers le futur » et, surtout, « en avance sur son temps ». Dans cette version de l’origine, la ville se retrouve comme allégée du poids de l’histoire et de l’impératif d’une « conservation » ; elle est « moderne », inventive. Dans le discours commun et dans le sentiment des habitants, Bernalda est restée une ville où l’on innove alors que ses voisines sont attachées, condamnées presque, à perpétuer les « traditions ». D’ailleurs, ici, on utilise volontiers le terme plus neutre de « coutumes » pour désigner des pratiques collectives qui, quoique issues du passé, ont été modifiées dans le temps pour être adaptées à de nouvelles exigences. La tonalité du discours quotidien est donc aux antipodes de la conception que promeuvent les hommes politiques et les intellectuels locaux, maintenant attachés à l’idée d’une continuité historique sans faille, dans la très longue durée.
27Pour beaucoup d’habitants, c’est la forme de Bernalda qui concilie la perception de la commune et leur propre histoire : « Bernalda est une ville ordonnée, tout en carrés » ; « Bernalda est ordonnée comme un cahier quadrillé ». L’idée d’ordre renvoie à la régularité des formes, au décor urbain, à l’hygiène publique et s’associe à l’idée du « beau ». La rigueur géométrique du réseau des rues incarne pour eux la rationalité – et non l’antiquité prestigieuse du modèle – et fait logiquement du Corso Umberto le parangon de l’esthétique urbaine.
28En outre, les grands espaces publics du Corso Umberto, où ont été érigés les palais du xixe siècle, compensent la position périphérique et provinciale de Bernalda et lui confèrent une allure de ville. Il est fréquent d’entendre dire que Bernalda n’est pas un simple bourg, mais une « vraie ville », équivalente à celles des Pouilles voisines (Ginosa, Castellaneta, Martina Franca, Massafra). Bernalda est un « bourg des Pouilles », « le dernier bourg de la province de Tarante », et non le premier village de la Basilicate14. Ce sont surtout les habitants de la partie la plus récente de Bernalda, au-delà des remparts anciens, en particulier les plus jeunes et les actifs, qui soulignent cette similitude « incontestable » et « objective » avec les communes des Pouilles. « Le plan urbain est typique des Pouilles », comme le sont aussi le Corso, les larges rues, les jardins publics. Cette exception architecturale traduirait donc un esprit du lieu, une « mentalité », elle imposerait l’évidence que les habitants de Bernalda sont « ouverts », « avancés » et « modernes » comme le sont, selon eux, les habitants des Pouilles.
29En revanche, la plupart des résidents du centre historique nient toute continuité entre le modèle urbanistique local et les Pouilles voisines. Comme l’affirme une habitante : « J’ai entendu souvent les touristes dire, quand ils arrivent dans le centre historique, qu’il ressemble à un bourg des Pouilles par la forme des maisons et par la couleur blanche. Pour moi, Bernalda n’a rien à voir avec les Pouilles. » Aussi attribue-t-elle à un regard extérieur cette comparaison. Très souvent, en effet, les visiteurs suivent un circuit organisé qui les amène à Bernalda après les Pouilles et les villages de la province de Tarante : Alberobello, Castellaneta, Locorotondo. On leur avait annoncé une Lucanie plus « primitive », or l’architecture des maisons et la structure urbaine ne les dépaysent pas.
30Pour ceux qui reconnaissent dans Bernalda une ville des Pouilles, empreinte de modernité, le noyau urbain originel n’est qu’une « partie ancienne » et non un « centre historique », et la « vraie ville » culmine dans les quartiers du xixe siècle. On n’attend pas de la plus vieille église et du château qu’ils racontent l’histoire du village. Ce dernier, par exemple, fut successivement habité par deux familles nobles et une famille de propriétaires terriens venus de Pomarico qui n’ont laissé aucune trace importante dans l’histoire locale ; ensuite, divisé en appartements, il fut vendu à des familles dont certaines, étrangères à la commune, font aujourd’hui métier de marchands ambulants dans les rues de Bernalda ou sur la plage de Métaponte. Alors que, pour le bourg voisin de Valsinni, le château, à travers le destin tourmenté de la famille Morra, dont il fut le théâtre, s’impose plus que jamais comme le foyer de toute histoire15, rien de tel à Bernalda. Le château y est un monument vide, ancien mais non « historique ». « Il ne sert pas pour comprendre vraiment ce qu’est Bernalda », nous a-t-on dit.
31Cette histoire ou plutôt ce discours sur le passé entièrement voué à énoncer le caractère singulier du lieu et de ses gens, caractère aussi moderne que persistant, s’est révélé très fragile. Surtout lorsque la modernité administrative et économique d’aujourd’hui s’est fondée, pour une large part, sur une réécriture ou du moins une réorientation de l’histoire. À Bernalda, j’ai vu, quasiment en direct, au cours de mon enquête, les édiles se convertir à un récit nouveau – l’appelant de leurs vœux, le suggérant même – dans lequel le bourg ancien est d’autant plus historique que sa forme, tellement frappante, s’impose comme une des étapes de l’inscription continue de Bernalda dans l’espace. L’ordre urbain qu’atteste le découpage des rues porte à nous le filigrane ineffaçable de la pensée architecturale grecque dont Méta-ponte était l’expression volontaire et accomplie. Il est le signe d’un enchaînement sans rupture ; il cristallise une image de la ville parfaite et lui donne une origine à laquelle aucune de ses voisines ne peut prétendre (Boyer 1994). Le parcours touristique qui de Métaponte, maintenant ressurgi des champs de la plaine littorale, conduit au centre de Bernalda en passant par les fermes dispersées et les quartiers du xixe siècle, est conçu pour rendre sensible cette nouvelle vérité. Et celle-ci commence à s’imposer. Même si la majorité des habitants d’un lieu reste à l’écart des débats sur la réécriture de l’histoire, celle-ci n’en nourrit pas moins leur rapport au passé (Kilani 1992). Lors d’un entretien antérieur à ces remaniements profonds du récit local une femme m’avait affirmé que Bernalda « n’avait pas d’histoire ». Elle revint me voir d’elle-même, après l’affaire du cinquième centenaire, pour rectifier son propos : « L’histoire de Bernalda remonte aux temps de la Grande Grèce ; mais avant, ajouta-t-elle, je ne le savais pas. »
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Notes de bas de page
1 Ce travail s’inscrit dans une recherche plus ample, conduite de 1995 à 1997 dans le cadre d’un doctorat en ethno-anthropologie, sur les familles de notables locaux. Je me suis intéressée, plus particulièrement, aux constructions de l’identité des lignées aristocratiques et aux représentations qu’elles suscitent. Un autre aspect de l’étude concernait le rapport entre politiques urbaines et perceptions de la ville (Parisi 2002).
2 Les données se rapportent à l’année 1997.
3 Les historiens sont en désaccord sur la date précise de la donation qui, de toute façon, fut décidée dans la seconde moitié du xve siècle. D’Angella, un enseignant, proviseur du lycée de Pisticci (un bourg voisin), auteur d’un livre sur l’histoire de Bernalda, parle de l’année 1497. Tanzi, un historien du xviie siècle, avance la date de la concession à la première moitié du xve siècle et considère 1497 comme l’année où le comte Pirro del Balzo, seigneur de Montescaglioso, concède aux De Bernauda le droit de déplacer le site de la zone rurale de San Donato à la zone de l’actuel centre historique. Pour D’Angella, la donation est contemporaine du déplacement du site. Dans l’un et dans l’autre cas, 1497 est bien l’année de re-fondation de Camarda (ancien nom de Bernalda) sur un rocher delà vallée du Basento, à environ deux kilomètres de distance de l’ancienne implantation.
4 L’architecte originaire de Bernalda appartient à une vieille famille de propriétaires terriens du pays, qui a compté plusieurs maires de la ville au xixe siècle.
5 Lors de sa visite de la région, en 1889, le romancier anglais George Gissing associe Métaponte à « la célèbre Gerbe d’Or » que la ville offrait au temple de Déméter, à Delphes (Gissing 1997 :77). Le détail est sans doute emprunté à François Lenormant (1881-1884: 128).
6 Les palmiers sont de la même variété que ceux qu’on voit le long du Corso Umberto.
7 Dossier de la défense du collège des avocats Diamanti, Tumedei, Tommasi, Sardo, Cour d’appel de Rome, Section spéciale pour les droits civiques, Rome, 27 mai 1940.
8 Bourgade de la province de Matera à 40 kilomètres environ de Bernalda.
9 Les réunions du conseil municipal en vue de l’événement commencent dès l’année précédente : le 31 octobre 1996 est établi un calendrier des manifestations. Il est prévu un budget de 170 millions de lires (85 000 euros) dont 100 millions à la charge du budget de la commune de Bernalda et 70 millions à la charge de la région de la Basilicate. L’initiative est promue d’abord par un groupe d’intellectuels locaux, puis par de nombreux hommes politiques des partis de la majorité. Elle fut ensuite reprise par les administrateurs.
10 Les statuts ne prévoient pas de procédure de contrôle de ce comité. Seuls sont contrôlés les « travaux produits par le comité scientifique ».
11 Voir ci-dessus, dans la contribution d’Amerigo Restucci, la place que l’analyse du rite de la capriata a tenue dans l’anthropologie des Sassi de Matera, vers 1950.
12 Fervent défenseur de la thèse des origines grecques, il a tenté dès 1987 d’établir un jumelage entre la commune de Bernalda et Samo, terre d’origine de Pythagore, lequel a séjourné longuement à Métaponte ; jumelage inscrit dans le programme des festivités (voirie programme des activités du Ve centenaire de la ville de Bernalda, septembre 1996).
13 Le rapport ne fait référence à aucune source sur l’existence de l’inscription.
14 Dans les années 1960 se crée un comité qui rassemble plus de mille signatures pour demander le rattachement de Bernalda à la province de Tarante, donc à la région des Pouilles. Cette demande fut rejetée et le comité immédiatement dissout.
15 La grande poétesse du xvie siècle, Isabella Morra, y fut mise à mort sur l’ordre de ses frères pour avoir attenté à l’honneur familial. Aujourd’hui, un « parc littéraire » rappelle cette histoire et cette œuvre.
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