5. Sépultures et coutumes funéraires au Haut Moyen Âge
p. 85‑91
Texte intégral
5.1. Introduction
1On ne peut manquer de reconnaître que le Haut Moyen Age breton est l’une des périodes les plus obscures de l’histoire de la province et que nous ne savons que fort peu de choses de ses moments les plus importants et de la migration bretonne en particulier. A l’extrême concision des récits des chroniqueurs francs1 correspond en effet une surprenante rareté du matériel archéologique2, que seules les villes de l’embouchure de la Loire ont livré en quelque abondance (Costa 1964).
2Certaines études récentes ont commencé, il est vrai, de lever l’épais voile de ces dark ages, de jeter quelque lumière sur ce demi‑millénaire d’histoire régionale. Les travaux de P.‑R. Giot nous ont permis de mieux connaître l’anthropologie des immigrants ainsi que certains aspects de leurs coutumes funéraires3, tandis que d’autres analyses renouvelaient notre connaissance des céramiques médiévales précoces produites en Bretagne ou importées des régions voisines4. Les recherches de L. Fleuriot, sans toujours emporter la conviction, permettaient d’autre part de situer les migrations bretonnes dans un contexte géopolitique plus large5 et de mieux comprendre les complexes problèmes des relations entre Armoricains, Bretons et Francs6. Bien que l’horizon historique ait été considérablement éclairci par les travaux des deux chercheurs rennais, de nombreuses questions –implantation des établissements ruraux, continuité de l’habitat, limites de l’établissement des Bretons– demeurent sans réponse définitive.
3Nous ne prétendons certes pas, dans ce qui suit, apporter une solution à des problèmes qui dépassent d’ailleurs le cadre de ce travail, mais plutôt essayer de comprendre, à travers l’étude de l’implantation des cimetières et nécropoles du Haut Moyen Age, de leurs cercueils et sarcophages et des coutumes funéraires des anciens Bretons, comment l’Armorique romaine était progressivement devenue Bretagne carolingienne.
5.2. Sépultures et habitat à l’époque mérovingienne
4L’étude de l’implantation des cimetières mérovingiens de Bretagne est sans doute l’une des clés de l’histoire de la région au cours de cette période, mais il y a bien sûr lieu, comme pour l’époque romaine, de distinguer entre nécropoles urbaines et cimetières ruraux.
5.2.1. Les nécropoles urbaines
5.2.1.1. Nantes
5Nous ne connaissons guère à vrai dire, des villes bretonnes du Haut Moyen Age, que Nantes et Rennes, toutes deux situées aux franges du monde breton et nous ne savons pratiquement rien d’Alet, Corseul, Carhaix, Quimper et Vannes, sinon que le christianisme s’y était implanté et qu’un évêque résidait dans certaines de ces cités7.
6Nantes, à la lisière du monde breton8, était toujours au Haut Moyen Age un centre commercial actif9 dont le port était bien protégé par la muraille du Bas Empire romain. Une magnifique ecclesia, commencée par l’évêque Eumerius, fut achevée par son successeur Félix (549‑582) et sa splendeur vantée par Fortunat (Fortunat, Carmina : III, 6‑7). Elle se dressait près de la porte Saint‑Pierre, mais à l’intérieur de l’enceinte urbaine (Durville 1912 : 222‑264). De l’autre côté du rempart, de part et d’autre de la route de Paris, s’étendait l’ancien cimetière romain dont l’utilisation se poursuivit à l’époque mérovingienne, comme le montre la découverte d’une épitaphe chrétienne dans les ruines de l’ancien couvent du Refuge10 et d’un certain nombre de sarcophages en calcaire coquillier et en ardoise près de la porte Saint‑Pierre (Durville 1912 : 232‑234) et dans les parages de l’ancienne église Saint‑André11.
7Au nord‑est de la ville, également le long de la route de Paris, se voyait la basilica beatorum martyrum Rogatiani et Donitiani que cite Grégoire de Tours en relatant un miracle survenu dans la ville de Nantes au temps de Clovis (Grégoire de Tours, De gloria martyrum: 60). Elle se serait dressée sur la tombe des Enfants Nantais, Donatianus et Rogatianus, victimes de la persécution de Dioclétien12. Les fouilles qui furent menées en 1872, lors de la reconstruction de l’église Saint‑Donatien, livrèrent des structures complexes (Cahour, Kerviler, Petit 1874) :
sous l’église encore debout en 1872 se trouvait une église plus ancienne, bâtie sur un plan et un axe semblables ; c’est à cet édifice que paraissent correspondre les très nombreux sarcophages de calcaire coquillier vus dans le cimetière ;
au nord de l’abside de cette église se dressait un monument encore plus ancien, comportant deux contreforts et des murs divergeant vers le nord ;
sous le sol de l’église primitive, on mit au jour une quarantaine d’urnes cinéraires remontant à la fin du ier s. ou au début du iie s. de n. è. ;
dans l’abside de l’église primitive, une fosse large d’1 m et longue de 2,5 m traversait la couche d’incinérations ; elle contenait 27 clous de fer ;
en divers endroits, à 2m sous le sol primitif, on découvrit des cercueils de planches épaisses ;
à l’ouest de la nouvelle église on mit au jour une tombe à coffre faite de tuiles à rebords ; des « cercueils de terre cuite en nombre infini » avaient été signalés dans le cimetière au début du xixe s.
8Il est probable que l’on puisse interpréter comme suit cet ensemble de structures. A partir du ier s. de n. è. et jusqu’au ive s. se dressait, à peu de distance de la voie antique se dirigeant vers Chateaubriant, une importante villa suburbaine dont les bâtiments s’étendaient vers le sud jusqu’à la chapelle Saint‑Étienne, bâtiment rectangulaire de 18 m sur 7,90 m reposant sur des fondations antiques. Vers l’ouest, les constructions d’époque romaine se poursuivaient sous l’actuelle place de l’Église, où furent découvertes, parmi des murs, quelques monnaies dont une de Constantin. On peut donc penser que cet établissement possédait son cimetière privé, en usage au moins dès la fin du ier s. de n. è., et qui se situait dans la cour de la pars rustica ou à proximité immédiate de la villa, et que ce fut dans ce cimetière que furent inhumées les dépouilles de Donatien et Rogatien. Selon Kerviler, les gros contreforts et les murs rayonnants mis au jour au nord de l’abside de l’église primitive correspondent à un mausolée édifié sous Constantin pour les martyrs, remplacé à la fin du siècle par une basilique cémétériale élevée sur le site même de l’inhumation (Cahour, Kerviler, Petit 1874 : 82). Bien que tout ceci soit extrêmement plausible, on ne peut guère le confirmer de manière parfaitement scientifique ; il n’en reste pas moins que cette première basilique fut considérée pendant tout le Haut Moyen Age comme un pèlerinage important et l’abondance des sarcophages mérovingiens qui se superposaient à proximité de ses murs prouve à l’évidence le désir de se faire inhumer ad sanctos (Maître 1893 a : 32‑35).
9Au nord‑ouest de Nantes, sur le coteau de Saint‑Similien, se dresse l’église du même nom dédiée à l’évêque Similianus qui était honoré comme confesseur à l’époque de Clovis (Grégoire de Tours, De gloria martyrum : 60). Elle fut dédiée au ve s., détruite par les Normands, relevée au xe s. puis remaniée à deux reprises aux xve et xixe s.13. Des fouilles menées en 1894 pour la reconstruction de l’édifice permirent de découvrir sous la nef les vestiges d’une église plus ancienne, paraissant d’époque mérovingienne : les murs de petit appareil dessinaient une nef de plan rectangulaire prolongée vers l’ouest par une abside semi‑circulaire (Maître 1896 : 175‑192 ; Lasteyrie 1896 : 500‑511). Dans le périmètre de l’édifice primitif, empilés sur trois étages, se trouvaient environ cent cinquante sarcophages14. Sous l’abside mérovingienne furent découverts quatre sarcophages de plomb dont le mobilier était composé d’une fiole de verre15. A proximité de l’église, des tombes anciennes avaient également été signalées, dont un caveau de briques contenant un sarcophage de plomb et une tombe composée de briques empilées. L. Maître note par ailleurs que « lorsque les déblais furent continués au nord de l’église, dans le terrain qui n’avait pas servi aux inhumations, les ouvriers mirent à découvert des substructions pleines de briques assemblées pour former des piliers semblables à ceux des hypocaustes, des tuiles faîtières, des briques façonnées en demi‑cercle, destinées à des colonnes, des fragments d’aire bétonnée, du ciment rougeâtre, des cendres, enfin tout ce qui accompagne les ruines de villas romaines » (Maître 1896 : 190). Au sud de l’église Saint‑Similien, mais dans le périmètre du cimetière du Haut Moyen Age, se voyait aussi une chapelle désaffectée, dédiée à saint Symphorien. De plan rectangulaire (11,50 m sur 7,15 m), elle avait conservé trois murs en petit appareil avec cordons de briques. Les fouilles pratiquées en cet endroit par L. Maître montrèrent des fondations soignées, au niveau desquelles fut découvert un petit bronze de Constantin (Maître 1893 a : 31). Selon le fouilleur, cette chapelle aurait été édifiée à l’intérieur des bâtiments d’une villa romaine.
10Les diverses trouvailles répertoriées par L. Maître, la situation de cet ensemble au bord d’une voie romaine, en un emplacement très semblable à celui de l’établissement de Saint‑Donatien, nous amènent à nous demander si nous n’avons pas, là aussi, une villa suburbaine dont dépendrait le petit cimetière à inhumation mis au jour sous l’église mérovingienne16. Les sarcophages de plomb découverts à Saint‑Similien sont certainement, en effet, d’époque romaine et leur dépôt paraît s’étaler sur tout le ive s.17. Il n’est donc pas impossible que cet établissement, occupé au moins dès la fin du iiie s., ait été la résidence de Similianus, évêque de Nantes dans la seconde moitié du ive s.18 et qu’il ait été inhumé dans le cimetière familial19, les tombes postérieures venant, comme nous l’avons vu dans le cas de Saint‑Donatien, s’agglomérer ad sanctos, à proximité de la tombe du saint évêque. Il n’est pas certain cependant que la chapelle Saint‑Symphorien ait servi au culte chrétien dès cette époque, ni qu’elle ait fait partie des bâtiments de la villa, bien que des cas semblables se rencontrent en assez grand nombre20.
5.2.1.2. Rennes
11A la fin de l’époque romaine, Rennes conserva son rôle de capitale administrative et religieuse, bien que la superficie de l’agglomération enfermée dans la muraille du Bas Empire n’ait pas dépassé 9 ha. Tout permet de penser que les nécropoles de la période précédente continuèrent à être utilisées au Haut Moyen Age. C’est le cas du cimetière signalé aux environs de la place de la Mairie et de la rue de Brilhac où furent également découverts des sarcophages en ardoise et en calcaire coquillier21, et surtout de celui qui s’étendait aux abords de l’actuelle Préfecture : saint Melaine, mort dans son monastère de Brain (Ille‑et‑Vilaine), y fut solennellement inhumé au vie s., et les chrétiens, selon Grégoire de Tours, élevèrent sur son tombeau une construction d’une hauteur prodigieuse (Grégoire de Tours, De gloria confessorum : III, LV) –la future église Saint‑Melaine–, autour de laquelle s’agglutinèrent les sarcophages des croyants désirant se faire enterrer ad sanctos (Decombe 1881 : 335‑341). Hors les murs, il faut également citer le cimetière du Vieux‑Saint‑Étienne, dans une zone mal connue22, et surtout celui du Vieux‑Saint‑Martin, dont l’origine remonte à l’époque romaine et où l’on continua à inhumer les morts d’une communauté suburbaine jusqu’au viiie s. environ23, à proximité de l’église du même nom.
5.2.1.3. Conclusion
12Notre connaissance des nécropoles urbaines de la Bretagne mérovingienne estàlafois précise et limitée. On peut constater d’abord qu’il n’y a pas modification de l’emplacement des cimetières urbains mais au contraire permanence de l’époque romaine à l’ère mérovingienne, ce fait s’expliquant autant d’ailleurs par des raisons purement pratiques que par une forte continuité culturelle (ou cultuelle) : on continua donc à inhumer les défunts à l’extérieur des villes, comme lors des siècles précédents. Cette règle –ou cette coutume– ne s’applique cependant pas aux enterrements ad sanctos, à ces inhumations placées près ou sur la tombe du saint dans l’espoir d’obtenir la protection de ce dernier et son intercession pour la rémission des péchés24. Les découvertes de Nantes (Saint‑Donatien et Saint‑Similien) et de Rennes (Saint‑Melaine) montrent bien l’extraordinaire engouement des populations des villes pour ce mode de sépulture25. Rappelons cependant qu’au Haut Moyen Age l’inhumation ad sanctos n’avait rien d’obligatoire (Young 1977 : 11) et que dès le viie s., comme nous le montre le quatrième canon du concile tenu à Vannes en 658, l’Église dut interdire d’ensevelir dans les édifices du culte pour des raisons d’hygiène.
5.2.2. Les cimetières ruraux
13L’étude des cimetières des campagnes pose des problèmes d’ordre très différent car, contrairement aux sites urbains, nous n’y avons aucune certitude d’une permanence de l’habitat et donc de la continuité des cimetières ; par ailleurs, à l’exception de celle de Plomeur/ Saint‑Urnel (Finistère) (Giot, Monnier 1977), aucune nécropole du Haut Moyen Age n’a été fouillée en Bretagne.
14Il paraît toutefois probable que, dans la partie orientale de la Bretagne tout du moins, l’implantation humaine ne fut pas bouleversée par les invasions et les troubles du Bas Empire. Seuls s’enfuirent sans doute ceux qui avaient les moyens d’échapper pour un temps aux menaces, alors que la grande masse de la population restait sur place, courbant l’échine devant le malheur, et continuait de vivre et de mourir comme par le passé26. L’évolution de la basse Bretagne paraît avoir été sensiblement différente, en raison de l’importance des apports humains et des modifications socio‑économiques qu’entraînèrent les migrations bretonnes27. Nous avons développé ailleurs l’hypothèse d’une rupture, dans la 2e moitié du ive s., du système des fundi centrés sur les grandes villae du Haut Empire et du passage à une économie très sensiblement différente (Galliou 1979b : 411) : il est de fait qu’aucune villa romaine d’Armorique occidentale ne paraît avoir été occupée au‑delà de la fin du siècle, et que les hameaux et villages bretons sont pratiquement toujours implantés à distance des ruines de ces établissements.
15L’examen de la répartition des cimetières ruraux de haute Bretagne montre que nombre d’entre eux se situent à proximité des églises des bourgs actuels –on citera en Ille‑et‑Vilaine les exemples de Chasne‑sur‑III et de Domagné, de Janzé, de Langon, de Moutiers, et en Loire‑Atlantique ceux d’Auverné, de Saint‑Marc‑en‑Coutais, de Remouillé, Saint‑Père‑en‑Retz, etc.– et nous avons dans deux cas au moins (Domagné et Langon) la preuve d’une permanence des cimetières, du Bas Empire au Haut Moyen Age.
16La localisation de ces cimetières permet de penser qu’ils relèvent, dans la majorité des cas, de fundi de tradition gallo‑romaine dont la toponymie a préservé le nom : ils paraissent, en général, antérieurs aux églises qui y furent établies28. Le maintien de l’église paroissiale dans cet emplacement paraît cependant avoir souvent cessé vers l’an mil, le bâtiment ancien étant alors transformé en chapelle cémétériale29 : on citera dans notre région les exemples d’Argentré‑du‑Plessis (chapelle Saint‑Pierre), Corps‑Nuds (chapelle des Trois Maries), Domagné (chapelle Saint‑André) et Saint‑Jean‑de‑Corcoué (chapelle Sainte‑Radegonde).
17Il est par contre bien difficile d’expliquer l’évolution de certains petits cimetières mis au jour en pleine campagne, à bonne distance de tout édifice consacré, église ou chapelle30, et que signalent parfois des toponymes révélateurs31 : sans doute desservaient‑ils des hameaux isolés et éloignés du centre des fundi où, pour des raisons de commodité on prit l’habitude d’élever les églises32. Ils paraissent en tout cas antérieurs au mouvement qui, à partir de la fin du VIIe s., amena les fidèles à enterrer leurs morts à l’ombre d’une église, souvent placée au centre de la paroisse (Salin 1952 : II, 12 ; Young 1977 : 11‑12). Nous connaissons encore plus mal les cimetières ruraux du Haut Moyen Age en basse Bretagne. Il est probable que nombre d’entre eux furent recouverts, au cœur des bourgs, par les cimetières paroissiaux modernes et comme l’on ne rencontre guère, dans notre région, de sarcophages de pierre (granit ou calcaire), la majorité des sépultures de cette époque à vraisemblablement échappé à l’attention des chercheurs. Il faut ajouter que les ossements enfouis depuis longtemps dans les sols argileux de la Bretagne n’ont guère pu résister à l’acidité ambiante. On ne s’étonnera donc pas que les cimetières ruraux les mieux connus de basse Bretagne se situent dans les dunes littorales où le calcaire contenu dans le sable a ralenti ou arrêté la dégradation osseuse. Les fouilles de P.‑R. Giot et J.‑L. Monnier à Saint‑Urnel en Plomeur (Finistère) nous ont fait découvrir la nature véritable d’un assez vaste cimetière33, desservant la paroisse de Beuzec‑Cap‑Sizun ou une trêve de cette dernière34, et dans lequel se dressait un oratoire, d’abord construit en bois puis en maçonnerie, mais paraissant postérieur aux débuts du cimetière, que l’on doit situer au ive ou au ve s. de n. è. (Giot, Monnier 1977 : 166‑167). Il est probable que des cimetières littoraux de type similaire, reconnus à Saint‑Clément en Quiberon (Morbihan)35, Trez‑Goarem en Esquibien (Finistère) (Le Men 1873 : 167‑168; id. 1875 : 128 ; Le Carguet 1883 : 34‑35), Lostmarc’h en Crozon (Finistère), etc., ont connu une évolution semblable à celle du site de Saint‑Urnel.
18Il faut ajouter à ce maigre bilan deux petits cimetières de type véritablement « mérovingien » à l’Île Lavret en Bréhat (Côtes‑du‑Nord) et Pléhérel (Côtes‑du‑Nord)36, ainsi que quelques sarcophages de granit conservés dans certaines chapelles du Morbihan et généralement considérés comme les tombeaux des saints éponymes. Seul le sarcophage inscrit de Lomarec en Crach paraît avoir été conservé in situ, la chapelle qui l’abrite ayant été élevée sur des édifices plus anciens37. L’inscription qu’il porte38 a été traduite : « est enterré ici le roi » par L. Fleuriot, qui voit dans ce sarcophage un tombeau princier du vie s.39.
19Cet examen des cimetières ruraux de Bretagne ne permet guère, comme on peut le constater, d’avancer de conclusions péremptoires quant au peuplement des campagnes bretonnes au Haut Moyen Age : il faudrait, pour ce faire, que nous puissions explorer ces sites au nom si révélateur de ar veret (le cimetière) qui se rencontrent au hasard des campagnes. Le peu que nous sachions de ces cimetières nous permet néanmoins de dire que les tombes y paraissent disposées selon un plan relativement régulier, la plupart des inventeurs signalant la disposition en rangées des sarcophages40 : on croit d’ailleurs distinguer des alignements semblables dans le plan de la partie dégagée du cimetière de Saint‑Urnel (Giot, Monnier 1977 : fig. 13). Dans un certain nombre de cas, ces inhumations paraissent ordonnées autour d’un monument à fonction cultuelle ; l’orientation est‑ouest, qui paraît généralisée au Haut Moyen Age (Young 1977 : 16‑24, avec des réserves), n’est pourtant pas toujours respectée41. Il faut ajouter que dans la plupart des cas, ces tombes ne devaient être marquées en surface que par un simple tertre gazonné, les véritables monuments, inscrits ou non, étant particulièrement rares42.
5.3. Sépultures et société au haut moyen âge
20Le passage de l’incinération à l’inhumation au cours du Bas Empire et la progressive disparition de la très ancienne coutume du dépôt funéraire sont les deux causes essentielles d’une « simplification » des pratiques rituelles en Bretagne au Haut Moyen Age. Rien ne différencie la plupart des tombes, sinon le réceptacle qu’elles utilisent, et encore ne sommes‑nous pas totalement certain qu’ils soient de véritables « signes extérieurs de richesse ». Notre approche des pratiques funéraires du Haut Moyen Age et de la société à laquelle elles renvoient ne peut donc être que très partielle.
5.3.1. Les types de tombes
21Il est probable que les tombes sans réceptacle –ou en « pleine terre »– constituèrent l’essentiel des sépultures des Bretons du Haut Moyen Age, mais nous n’en avons bien sûr connaissance que dans les circonstances les plus favorables. Ces tombes sans sarcophage sont attestées à Rennes/Saint‑Martin, à Nantes/Porte Saint‑Pierre où elles se mêlent aux sépultures à cercueil de pierre (Durville 1912 : 232), à l’île Lavret en Bréhat (Côtes‑du‑Nord), et bien sûr à Plomeur/Saint‑Urnel (Finistère) où elles constituent le seul type de tombe connu dans le cimetière (Giot, Monnier 1977). Les défunts, sans doute enveloppés dans des linceuls cousus (id. : 161), étaient déposés dans des fosses creusées dans la terre ou le sable, parfois parementées de pierres ou de morceaux d’os de baleine (id. : 156). Ce modèle de sépulture, extrêmement simple, a pu être utilisé pendant fort longtemps, et peut correspondre à des populations très pauvres (id. : 161).
22Les tombes avec réceptacle de pierre sont les mieux connues de ces sépultures médiévales et on peut sans doute les classer en trois groupes, selon le matériau utilisé pour leur confection.
23Les sarcophages taillés dans le calcaire sont particulièrement nombreux dans le sud du département d’Ille‑et‑Vilaine et en Loire‑Atlantique. La pierre utilisée est en général le calcaire coquillier –les faluns– des niveaux du Miocène et du Pliocène, que l’on trouve en abondance dans l’est de la Bretagne, l’Anjou et la Touraine. Ce matériau, qui paraît avoir été exploité dès l’époque romaine, est de taille extrêmement facile, mais tend à la longue à se déliter43. D’autres calcaires, probablement extraits des carrières de la vallée de la Loire, paraissent aussi avoir été utilisés dans cette partie de la Bretagne44.
24Les sarcophages découverts dans l’est de la région sont de type « mérovingien » classique : longs de 2 m environ, ils affectent une forme trapézoïdale allongée : le couvercle, en forme de toit ou légèrement bombé, est parfois décoré de stries, d’ornements géométriques simples ou de « croix à trois traverses »45. Aucun de ces cercueils n’est inscrit. Ils paraissent tous dater des VIe‑VIIe s.
25Les sarcophages de granit, de forme semblable, sont bien plus rares et ne se rencontrent que dans le Morbihan et sur quelques rares sites de l’Ille‑et‑Vilaine et de la Loire‑Atlantique46. Ceci n’a bien sûr rien de surprenant car le granit est de taille bien plus difficile que le calcaire. Ces sarcophages paraissent être contemporains des précédents.
26Si les réceptacles mentionnés ci‑dessus, scellés au mortier (cf. par exemple, Durville 1912 : 233), doivent bien être considérés comme des sarcophages, il n’est pas certain que les tombes protégées par des dalles d’ardoise entrent dans la même catégorie. Ces sépultures, bâties de six à huit dalles d’ardoise ou de schiste ardoiser formant coffre, rappellent bien sûr les tombes à tuiles du type I de basse époque romaine : elles paraissent très répandues en haute Bretagne, mais se rencontrent aussi dans le Finistère47. Il n’est pas impossible, comme l’a fait remarquer G. Durville (Durville 1912 : 232), qu’elles soient postérieures aux sarcophages de calcaire et de granit48, mais elles ne paraissent pas avoir dépassé le début du xe s.49.
27Bien que ces réceptacles ne puissent guère être qualifiés de luxueux, si on les compare aux superbes sarcophages de marbre du sud‑ouest de la France50, on ne peut cependant douter qu’ils correspondent aux tombes des classes les plus fortunées des villes et des campagnes, sur lesquelles nos renseignements sont malheureusement extrêmement réduits51.
5.3.2. Sépultures et pratiques funéraires
28Contrairement à ce que nous avions pu remarquer pour les tombes de l’époque romaine, il n’est pas rare que les sépultures du Haut Moyen Age breton aient été violées et réutilisées (par exemple à Nantes, cf. Durville 1912 : 232‑233), en dépit des lois fort strictes régissant le domaine funéraire (Young 1977 : 9) et des protestations de l’Église52. II est vrai qu’il s’agit dans bien des cas de sarcophages déposés près d’un lieu saint : le désir de se faire inhumer ad sanctos dans un espace déjà fort encombré a pu alors primer sur le respect dû aux défunts. Certaines tombes doubles53 peuvent d’ailleurs contenir le corps du mari et de la femme, selon une pratique recommandée par l’Église54. Les corps –pour autant que nous puissions le savoir– étaient allongés dans la tombe en décubitus dorsal55, la position des mains étant relativement variable56. S’il est probable qu’ils étaient ensevelis dans des linceuls, ceux‑ci devaient être cousus, car aucun sarcophage n’a, à notre connaissance, livré d’épingles ; comme le montrent certaines trouvailles ‑ hélas fort rares – les défunts devaient être inhumés habillés et parfois parés de leurs bijoux57. Les objets déposés dans les tombes sont en revanche extrêmement rares et l’on ne peut guère signaler qu’une hache de fer à Nort (Loire‑Atlantique) et des globes de cristal d’un pouce et demi de diamètre à Louvigné‑du‑Désert (Ille‑et‑Vilaine) : ce type d’objet, fréquemment placé dans les tombes depuis la période de La Tène, se rencontre aussi dans les sépultures du Haut Moyen Age58. Cette quasi‑absence de mobilier funéraire est d’autant plus surprenante que les régions limitrophes possèdent des cimetières à mobilier relativement abondant59.
29Lors de ses fouilles à l’évêché de Nantes, le chanoine Durville remarqua que certains sarcophages, au couvercle pourtant intact, étaient remplis de terre, et il en conclut que « dès le moment de l’inhumation, le cercueil était rempli de terre dans laquelle on déposait le corps » (Durville 1912 : 233). Il pourrait fort bien s’agir ici de la pratique attestée dans le sud‑ouest de la France depuis la Préhistoire, et consistant à placer dans la sépulture une certaine quantité de terre provenant d’un site différent de celui de la tombe (site sacré, foyer...).60. Le dépôt, dans un sarcophage de Saint‑Solen (Côtes‑du‑Nord), de branches de chêne placées sous le corps relève aussi très probablement de pratiques magiques.
5.4. Conclusion
30Il serait sans doute imprudent de s’appuyer sur d’aussi frêles témoignages archéologiques pour avancer des conclusions péremptoires quant à la société bretonne du Haut Moyen Age, mais il nous semble cependant que l’on peut déceler, en dépit de l’emprise normative du christianisme, les traces de pratiques « magiques » dénotant une mentalité bien peu différente de celle des païens des siècles précédents. La « légende de la mort », bien que plus tardive, est un excellent catalogue de ces terreurs instinctuelles et de ces peurs héritées d’une longue tradition, où un christianisme lénifiant ne parvient guère à masquer un « paganisme » extrêmement vivace. C’est bien là, à notre avis, qu’il faut chercher les traces d’une continuité culturelle, d’une permanence essentielle d’un monde fondamentalement rural, dont une religion agressive ne parvint jamais à vaincre les coutumes ancestrales.
31Il convient également de se demander à quelle réalité sociologique ou ethnique correspondent les différents types de sépultures mis au jour en Bretagne, si, en d’autres termes, l’absence ou la présence d’un sarcophage ainsi que le matériau constituant ce dernier dénotent un choix culturel ou une simple nécessité économique61. Comme nous l’avons vu plus haut, la ligne de partage entre tombes en pleine terre et tombes à sarcophages paraît, dans bon nombre de cas –et surtout bien sûr dans les sites où les deux types sont présents– suivre les contours de la société du temps, diviser pauvres et riches. Mais l’examen de la carte de répartition des sarcophages en Bretagne révèle aussi un phénomène d’une toute autre nature : il paraît en effet évident que les sarcophages de calcaire se rencontrent exclusivement en haute Bretagne, ou plus précisément à l’est d’une ligne courant de l’estuaire du Couesnon à Rennes, puis de Rennes à Mernel et à l’embouchure de la Vilaine62. A l’ouest de cette frontière ne se voient que quelques sarcophages de granit (fig. 31).

● Fig. 31 – Répartition des sarcophages du Haut Moyen Age découverts en Armorique. ▲. Granit ; ◼ calcaire/ardoise.
32Il est donc très vraisemblable qu’au‑delà du simple problème de la disponibilité locale du matériau de construction, cette répartition sous‑tende des phénomènes historiques relativement bien connus, et qu’elle caractérise une certaine forme de permanence, en haute Bretagne, des traditions funéraires romaines, le sarcophage mérovingien étant après tout dérivé de prototypes romains. On peut penser que ces sarcophages de calcaire correspondent à cette partie de la péninsule qui, aux vie‑viie s., n’avait pas été touchée par les migrations bretonnes : il y a en effet coïncidence presque parfaite entre la carte de répartition de ces tombeaux, celle des toponymes en « Guerche », et la limite orientale de la Bretagne bretonnante jusqu’au milieu du viiie s.63. Au‑delà de cette frontière, les rares sarcophages de granit du Morbihan, imités des prototypes de calcaire, paraissent correspondre à des sépultures de roitelets bretons désireux de suivre l’usage des cours romano‑franques.
33Il nous semble donc possible, au terme de cette brève étude, d’avancer l’hypothèse d’une correspondance entre les usages funéraires et les événements historiques, de suivre l’avance des Bretons vers l’est à l’aide des cartes de répartition de certains types de tombes64 : il y a, en effet, rupture au Haut Moyen Age entre une basse Bretagne bretonnante et une haute Bretagne gallèse (bien que sur le terrain les choses aient probablement été plus complexes), une césure dont les origines remontent peut‑être d’ailleurs à la Protohistoire et dont la Bretagne contemporaine ressent toujours les effets.
Notes de bas de page
1 Ces récits sont recensés par REINACH (S.). — Les Francs et la Bretagne armoricaine. Revue archéologique, 27,1928, p. 246‑ 253.
2 On en trouvera une liste succincte dans GIOT (P.‑R.) — Les Sites « protohistoriques » des dunes de Guissény (Finistère). Annales de Bretagne, LXXX, 1, 1973, p. 106, note 2. Il faut y ajouter, entre autres, les monnaies byzantines trouvées dans la région, cf. GALLIOU (P.). — Monnaies de bronze des VIe‑VIIe siècle découvertes ou conservées en Bretagne. Archéologie en Bretagne, 14, 1977, p. 17‑24.
3 Cf. GIOT (P.‑R.). — Armoricains et Bretons, étude anthropologique. Rennes, 1950 ; id. — Armoricains et Bretons, vingt ans après. Annales de Bretagne, LXXIX, 1, 1972, p. 101‑118 ; Giot, Monnier 1977:141‑171 ; id. — Les Oratoires des anciens Bretons de Saint‑Urnel ou Saint‑Saturnin en Plomeur (Finistère). Archéologie médiévale, VIII, 1978, p. 55‑93.
4 Cf. GIOT (P.‑R.). — Un Type de céramique antique inédit de Cornouaille et d’ailleurs. Annales de Bretagne, LXII, 1, 1955, p. 202‑213 ; id. — La Poterie onctueuse séricitique, B.S.A.F., XCVII, 1971, p. 109‑130 ; id. — Les Sites « protohistoriques » des dunes de Guissény (Finistère). Annales de Bretagne, LXXX, 1, 1973, p. 105‑127.
5 FLEURIOT (L.). — Les Origines de la Bretagne. Paris, Payot, 1980.
6 FLEURIOT (L.). — Recherches sur les enclaves romanes anciennes en territoire bretonnant. Études celtiques, 8, 1958, p. 164‑178.
7 Sur ces problèmes, cf. en particulier AUPEST‑CONDUCHÉ (D.). — Quelques réflexions sur les débuts du christianisme dans les diocèses de Rennes, Vannes et Nantes. Annales de Bretagne, LXXIX, 1, 1972, p. 135‑147.
8 Cf. Fleuriot, op. cit. note 5, carte no 6, par exemple.
9 C’est l’un des deux sites de Bretagne à avoir livré de la sigillée paléochrétienne grise, cf. PARENTEAU (F.). — Inventaire archéologique. Nantes, 1878, p. 44‑45, Sur les monnaies byzantines de Nantes, cf. P. Galliou, op. cit. note 2. On a également découvert à Nantes un sceat anglo‑saxon, cf. GALLIOU (P.). — A Propos de monnaies mérovingiennes. Archéologie en Bretagne, 18, 1978, p. 36.
10 Cf. C.I.L. XIII, 3136 ; Le Blant, Nouveau recueil, n° 21.
11 Cf. DURVILLE (G.). — Les Cercueils mérovingiens de la chapelle Saint‑André. B.S.A.N.L. I., 62, 1922, p. xxxv‑xxxvii et xlvi‑xlviii ; id., 63, 1923, p. 47‑94.
12 Sur ce point discuté, cf. PIÉTRI (L.). — Notice : Nantes. In : DUVAL (N.), PIÉTRI (C.) éd. — La Topographie chrétienne des cités de la Gaule des origines à la fin du viie. Paris, s.d., p. 62.
13 Cf. COUFFON (R.). — Essai sur l’architecture religieuse en Bretagne du ve au xe siècle. M.S.H.A.B., XXIII, 1943, p. 19.
14 On en verra quelques‑uns dans l’ouvrage de D. Costa (Costa 1964 : nos 221‑225).
15 L’une d’entre elles se trouve au musée de Nantes (no d’inventaire 903‑776).
16 Les quatre sarcophages de plomb découverts par L. Maître et le sarcophage exhumé dans les parages au xviie s.
17 Ce sarcophage découvert au xviie s. contenait un dépôt de sept à huit verreries et ceux mis au jour en 1894‑95, une fiole de verre.
18 Sur Similinus, cf. Piétri, op. cit. note 12, p. 62.
19 Rappelons que selon L. Maître, l’un des sarcophages a 1,90 m de long et un autre 1,30 m (tombe d’enfant ou d’adolescent). L’une de ces sépultures pourrait être celle de Similinus : rappelons en effet qu’à Bordeaux/Saint‑Seurin, les fioles que contenaient des sarcophages semblables auraient, selon R. Étienne (Étienne 1962 : 273‑274), renfermé du vin eucharistique.
20 L. Maître (1893 a) en donne un certain nombre d’exemples. On en trouvera d’autres dans : PERCIVAL (J.). — The Roman villa. London, Batsford, 1976, chap. 9. Rappelons que l’une des ailes de la villa de Lullingstone (Kent), avait été aménagée en chapelle et que les murs avaient été ornés de motifs chrétiens, cf. MEATES. — Lullingstone Roman Villa. London, H.M.S.O., 1970, p. 29‑33.
21 Cf. Decombe 1881 : 325 ; VILLERS (L. de). — Rennes et ses abords gallo‑romains. B.S.A.I.V., XXXVIII, 1, 1908, p. 317.
22 Selon Mme Aupest‑Conduché, « l’église Saint‑Étienne était construite au milieu d’un cimetière antique. Sa dédicace milite en faveur d’une fondation au ve ou vie siècle », op. cit. note 7, p. 141.
23 Les inhumations en terre libre du secteur du Castel‑Saint‑Martin sont de la période ive‑viie s. et on a signalé la découverte de sarcophages en calcaire coquillier dans la ruelle Saint‑Martin (Toulmouche 1847 : 302).
24 Cf. LECLERCQ (H.). — Ad sanctos. In : Dom CABROL, LECLERCQ (H.). — Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie ; MARIGNAN (A.). — Études sur la civilisation française, II. Paris, 1899.
25 Tous les rois mérovingiens, depuis Clovis, reçurent ce type de sépulture (Salin 1952 : II, 25).
26 C’est à la même conclusion qu’arrive GAUTHIER (N.). — Recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures à la Renaissance carolingienne, I. Première Belgique, Paris, 1975, p. 104.
27 Cf. L. Fleuriot, op. cit. note 5.
28 Cf. ROBLIN (M.). — Fontaines sacrées et nécropoles antiques, deux sites fréquents d’églises paroissiales rurales dans les sept anciens diocèses de l’Oise. Revue d’histoire de l’Église de France, LXII, 1975, p. 235‑251.
29 Cf. Roblin, op. cit. note 28, p. 246.
30 Par exemple : Chéméré, Frossay, Saint‑Nazaire (Loire‑Atlantique) (cf. annexe III du présent ouvrage). Il pourrait également s’agir d’un éloignement volontaire de la part de certaines communautés, ce phénomène étant attesté en Belgique, cf, Mertens 1976 : 5‑54 ; Rahtz 1977.
31 Le toponyme Martres (de martyres) est bien sûr le mieux connu (cf. A. Grenier, Manuel, première partie, L’archéologie du sol, les routes, p. 291‑300). Il a donné Merzer en breton (cf. La Martyre, Finistère, Limmerzel [ecclesia martyrum]) mais aussi sous sa forme française : Le Martrais (Muel et Talensac, Ille‑et‑Vilaine), La Martrée (Bruz, Ille‑et‑Vilaine) et Amanlis (id.), Le Martray (Tremeloir et Mur‑de‑Bretagne, Côtes‑du‑Nord), etc.
32 Cf, Roblin, op. cit. note 28, p. 249‑250.
33 Cf. Giot, Monnier 1977 ; id. — Les Oratoires des anciens Bretons de Saint Urnel ou Saint‑Saturnin en Plomeur (Finistère). Archéologie médiévale, VIII, 1978, p. 55‑93.
34 Cf. Giot, Monnier 1978, op. cit. note 33, p. 69‑70.
35 Cf. LAVENOT. — La Chapelle de Saint‑Clément en Quiberon. B.S.P.M., 1889, p. 16‑25.
36 Cf. GIOT (P.‑R.), MONNIER (J.‑L), — Les Stèles ornées du Vieux‑Bourg de Pléhérel. B.S.E.C.D.N., CV, 1976, p. 3‑8.
37 Cf. ANDRÉ (P.), BERNIER (G.), FLEURIOT (L.). — Le Sarcophage de Lomarec en Crach (Morbihan). Annales de Bretagne, LXXVII, 4, 1970, p. 630‑631.
38 On la lit : IRHAEMA*INRI.
39 André, Bernier, Fleuriot, op. cit. note 37, p. 652.
40 C’est le cas à Crozon/Lostmarc’h (cf. Éveillard 1975 : 36) et à Ploulec’h/Coz‑Yaudet (Côtes‑du‑Nord, cf. SAVIDAN (J.). — Fouilles pratiquées au Yaudet en Ploulec’h le 23 novembre 1935 et jours suivants. B.S.E.C.D.N., LXVII, 1935, p. 287‑295) par exemple.
41 Cf. par exemple à Nantes, où des sarcophages de calcaire coquillier sont orientés est‑ouest et des tombes à dalles d’ardoise nord‑sud (Durville 1912 : 232).
42 On remarquera que certaines tombes de la nécropole de Plomeur/Saint‑Urnel paraissent avoir été signalées en surface par un entourage de galets.
43 Des exploitations anciennes sont attestées à La Noë en Saint‑Grégoire (Ille‑et‑Vilaine) (Banéat 1973 : III, 422 : galeries et poteries romaines), ainsi qu’à Savenay (Loire‑Atlantique) (Maître 1900 : 427).
44 D. Costa cite la pierre de Chauvigny, le calcaire de Saffré et d’Arthon. Cf. COSTA (D.). — Nantes, musée Th. Dobrée. Art mérovingien. Paris, 1964.
45 Id. ; c’est un type bien connu dans l’art funéraire mérovingien.
46 Ille‑et‑Vilaine : Vendel ; Loire‑Atlantique : Nantes/Saint‑Similien (?) (Costa, op. cit. note 44, n° 225).
47 A Plomodiern par exemple : Sanquer 1975a : 78.
48 Dans un certain nombre de cas les sarcophages en calcaire coquillier, dépouillés de leur couvercle, ont été réutilisés et recouverts de dalles d’ardoises ; cf. par exemple, Maître 1900 : 416.
49 A Nantes le mur d’enceinte, reconstruit à la fin du ixe ou au début du xe s., recouvre certaines de ces tombes (Durville 1912 : 232).
50 Cf. entre autres : JAMES (E.). —The merovingian archaeology of south‑west Gaul. Oxford, 1977. chap. 2 et 3. (BAR).
51 On trouvera une première approche de ces problèmes dans : TONNERRE (N.‑Y.). — Le Diocèse de Vannes au 9e siècle d’après le Cartulaire de Redon. (Thèse inédite, Nanterre, 1976).
52 Cf. les recommandations du Concile de Mâcon (cf. Salin 1952 : II, texte 181).
53 Cf. en particulier à Nort : LEROUX (A.). — Les Sépultures du Moyen‑Age à Nort et Nozay (Loire‑Inférieure). In : Congrès archéologique de France, LIIIe session, Nantes, 1886. 1887, p. 175‑176.
54 Cf. James, op. cit. note 50, p. 184.
55 Certains corps sont couchés sur le côté : Nort (Leroux, op. cit. note 53, p. 175) ; Saint‑Solen (Côtes‑du‑Nord) (Gaultier du Mottay 1884 : 382).
56 Sur la signification de la disposition des mains, cf. Young 1977 ; 24‑30.
57 Rennes : bague au doigt ; Nort : bracelet et boucles d’oreilles de fil de bronze.
58 On connaît des objets semblables dans des contextes mérovingiens à Tournai (tombeau de Childéric), Herpes et Biron ; cf. Salin : IV, 96‑97 ; SCHRAMM (P. E.). — Sphaira, Globus, Reichsapfel, Stuttgart, 1958, p. 22‑24 ; LAUR‑BELART (R.). — Eine alamanische Goldgriffspatha aus Klein‑Hüningen bel Basel. IPEK, 12, 1938, p. 126‑138.
59 Par exemple : Machecoul, cf. BLANCHARD (M.). — Le Cimetière de Machecoul. B.S.A.N.L.I.1891, p. 108‑118 ; Saulges (Mayenne), cf. DIEHL (R.), BOISSEL (R.). — Nécropole mérovingienne de Saulges (Mayenne). Constatations faites en 1958. Annales de Bretagne, LXV, 1, 1958, p. 98‑123.
60 Cf. James, op. cit. note 50, p. 184.
61 Cette carte de répartition correspond aussi, en effet, à celle des gisements de faluns du Miocène.
62 On ne connaît qu’un seul sarcophage de ce type à l’ouest de cette ligne, celui de Saint‑Solen (Côtes‑du‑Nord, près de la Rance).
63 Cf. Fleuriot, op. cit. note 5, carte 11.
64 On pourrait même avancer le modèle suivant, bien hypothétique cependant : jusqu’au ve s., progression vers l’est jusqu’à la ligne Corseul‑Cléguerec‑Quiberon (tombes à tuiles, cf. supra, p. 51) ; jusqu’au milieu du viiie s., avance jusqu’à la limite définie ci‑dessus ; de 850 à 915 avance maximum (Fleuriot, op. cit. note 5, carte 11) caractérisée par les tombes à dalles d’ardoise qui paraissent se répandre à cette époque jusqu’au sud de la Loire (cf. Maître 1900 : 416).
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