Conclusion
p. 97
Texte intégral
1Dans cette conclusion nous préférons, après avoir rappelé la contribution que ce travail apporte à l’histoire de la végétation, envisager les nombreuses perspectives que l’anthracologie ouvre à l’archéologie. Les résultats anthracologiques obtenus sur le site d’Unang dans le Méditerranéen supérieur sont cohérents avec ceux observés dans les sites du Languedoc, à savoir 4 épisodes de l’évolution de la végétation au Postglaciaire : le premier correspond à la végétation prénéolithique à Genévriers et Pins sylvestres ; le second à la fin du Mésolithique avec la chênaie caducifoliée ; le troisième voit, avec l’apparition du Buis et du Chêne vert, l’installation des populations néolithiques et leur action de déforestation très bien marquée dans la phase 4 où culminent les pourcentages du Buis et du Chêne vert. En allant plus au nord, vers les Alpes, hors du domaine méditerranéen (cirque de Choranche) des modifications à ce schéma apparaissent. La végétation prénéolithique à Pins et Genévriers est remplacée au Mésolithique par la chênaie caducifoliée enrichie d’éléments européens ; à partir du Subboréal, le Hêtre accompagné de l’If se développe. Le Buis et le Genévrier traduisent une ouverture tardive du milieu (Subatlantique). A 25 km plus à l’est, le gisement des Sarrasins présente une stratigraphie contemporaine et comparable à celle de Coufin 2. L’anthracologie comme la palynologie sont en accord pour montrer un développement de la hêtraie‑sapinière au Subboréal, accompagnée de l’If et suivie d’un regain de la chênaie à feuillage caduc, révélant ainsi une exploitation historique des terres.
2Cette étude a permis en plus d’apporter quelques précisions sur l’origine et la diffusion de 3 essences importantes dans l’histoire de la végétation : l’If, le Hêtre et le Sapin. Ce travail aura atteint son véritable but, s’il a convaincu le lecteur de l’utilité de l’étude des charbons en archéologie. Il y aurait peu à dire si cette démarche se contentait d’identifier des fragments charbonneux et si nous n’avions pas prêté attention aux questions qui ont surgi sans cesse, mêlant phénomènes humains et hypothèses naturelles. Au fur et à mesure que ce travail progressait, la nécessité de suivre une ligne de conduite s’est ressentie ; son élaboration permettrait de « récupérer » les informations trop souvent égarées entre la découverte sur leterrain et le passage sous le microscope. L’anthracologie traite les fragments charbonneux comme de véritables témoins, au même titre que les silex ou les os. Elle les interroge en ayant pris les mêmes précautions, mais l’enregistrement de ces vestiges, exploités par l’anthracologue, est du domaine de l’archéologue.
3En définitive, l’anthracologie n’en est qu’à ses débuts et ceux‑ci sont prometteurs. Naturellement, elle se doit, comme toute discipline, d’améliorer sans cesse son outil méthodologique afin de mieux discerner quelle est la part respective de l’Homme et de la Nature dans son objet d’étude. Ainsi le problème de la fragmentation des bois au feu est‑il actuellement examiné afin de mieux saisir sa portée sur la composition des diagrammes et de comprendre et peut‑être corriger des distorsions consécutives. La représentativité des essences serait alors mieux perçue et l’interprétation finale affinée. Lorsque peu à peu les pièces de ce vaste puzzle seront réunies, elles permettront de contrôler les nombreuses hypothèses émises et de faire des bois brûlés une source de témoignages et d’informations privilégiées sur les aspects des modes de vie passés.
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