Entre nécessité, volonté et réalité. Le ramassage des vers marins en baie de Sallenelles (1956-2000)
p. 159-174
Texte intégral
1Au milieu des années 1950, une industrie originale se met en place dans la baie de Sallenelles, située à quelques kilomètres de Caen : le ramassage et le commerce de la plouze, un ver marin très apprécié des pêcheurs. La plouze, appellation normande du Nereis diversicolor, est un ver rougeâtre qui vit enfoui à une dizaine de centimètres de la surface du sol et se déplace à la manière d’un mille-pattes1. Il est utilisé comme appât pour la pêche de loisir en bord de mer. Jusqu’aux années 1980, cette activité était exercée principalement par les ouvriers des industries de Caen et représentait une véritable manne. Aujourd’hui, la situation de cette activité est totalement transformée. Après vingt ans de crise économique, de chômage et de difficultés de tous ordres, cette activité est devenue, pour la plupart des ramasseurs, leur occupation principale en même temps qu’une simple entreprise de subsistance.
2Le premier objectif de ce texte, bâti sous la forme d’une chronique, est d’offrir des éléments pour comprendre l’émergence et la domination pendant près de quarante ans de ce mode informel de production : les structures et les compétences sociales mises en œuvre, le rôle joué ou plutôt non joué par l’État... Au cours des années 1980, ces pratiques se professionnalisent. Pourtant, le processus de légalisation, mis en place par l’État à partir de 1989 sous la pression des ramasseurs eux-mêmes, n’a pas abouti. Notre second objectif sera donc de comprendre les raisons de cet échec : les enjeux et les défis que la légalisation recouvre tant dans le domaine culturel que dans le domaine économique.
Aux origines de l’activité, les ouvriers ruraux des industries de Caen
3On trouve des plouzes un peu partout sur le littoral atlantique où elles vivent dans le milieu vaseux des estuaires. Effectué par les pêcheurs de ces zones pour leurs besoins propres, leur ramassage a donné lieu à un commerce actif dans la baie de Sallenelles à la fin des années 1950. Très rapidement, les plouzes sont expédiées (vivantes) dans toute l’Europe durant la période estivale et dans les pays méditerranéens uniquement (France, Espagne, Italie, Grèce) le reste de l’année. Le ramassage et le commerce de ces vers marins – à une échelle locale – étaient initialement pratiqués dans l’estuaire de la Seine. Mais, en raison de l’extension de l’industrialisation du Havre et d’une raréfaction des plouzes en ce lieu, cette activité s’est déplacée vers l’estuaire voisin de l’Orne. Un premier mareyeur du Havre ou, selon la désignation locale, expéditeur, s’est installé à Sallenelles dès 1955, bientôt suivi par un autre et par la plupart des anciens ramasseurs. Ces derniers ont cependant bien vite été remplacés par les habitants des communes qui bordent la baie. Les jeunes – lycéens et étudiants – et les ouvriers d’usine de la périphérie de Caen, essentiellement, ont rapidement repéré cette manne. Les plus entreprenants des ramasseurs – une douzaine depuis l’origine – sont devenus à leur tour expéditeurs2.
4Comment expliquer l’ampleur prise par ces pratiques productives ? La naissance de cette industrie à Caen au milieu des années 1950 est due principalement à trois facteurs : tout d’abord à l’extraordinaire abondance de la ressource, ensuite à un marché qui s’ouvre de plus en plus grâce au développement du tourisme (il s’agit uniquement de pêche de loisir), enfin à un contexte social et culturel bien particulier, celui de l’industrialisation des années 1950 à 1970. Même si la communauté des ramasseurs de la baie de Sallenelles représente, jusqu’aux années 1980, un milieu aux origines variées – elle rassemble des ouvriers, des lycéens, des étudiants, des petits pêcheurs et des pêcheurs à pied –, les pratiques de ramassage concernent majoritairement les ouvriers d’usine : des ouvriers ruraux presque uniquement qui effectuent ces activités après « leur journée » et durant leurs congés.
5En 1956, année où démarre l’exploitation des vers de vase, la population des communes de la région de Caen est encore en majorité rurale. Une tradition d’industries lourdes existe bien, inaugurée par les chantiers navals et la Société métallurgique de Normandie (la SMN) ainsi que quelques industries mécaniques. Mais la demande des industries caennaises concerne alors essentiellement une main-d’œuvre qualifiée et urbaine. La population des communes proches, elle, appartient encore au secteur de l’agriculture et de la pêche. Puis, à partir du milieu des années 1950, d’autres industries se créent. Beaucoup d’entre elles font partie de la politique de décentralisation industrielle mise en place dans les années 1950 et 1960. De grands groupes nationaux et internationaux de construction automobile (Renault Véhicules Industriels, ex-saviem, Citroën) ou d’industries électriques et électroniques (Jaeger, Moulinex, Radiotechnique, Blaupunkt) s’installent. La densité ouvrière des communes d’industries anciennes, situées au nord-est de l’agglomération caennaise, se renforce. La vie ouvrière s’organise autour de trois sortes d’espace : le Plateau, cité ouvrière construite par la smn ; les communes très fortement ouvrières de l’agglomération que sont Mondeville et Colombelles et enfin les communes plus contrastées de la zone de peuplement industriel et urbain (zpiu) qui comprend les communes situées dans un rayon de 20 kilomètres3. Dans ces cités et ces communes se façonne une culture ouvrière originale. La vie sociale est intense, construite autour de réseaux très denses de parents, d’amis, de collègues. Concernant les communes rurales de la zpiu, la population se transforme profondément mais la mutation est davantage sociale que démographique. Les hommes changent d’occupation mais bougent peu. Cette redistribution des forces sociales se fait presque insensiblement : un peu moins de paysans, un peu plus d’ouvriers. Elle se fait d’autant moins perceptiblement qu’une des principales caractéristiques de ces nouveaux ouvriers ruraux est de garder un lien très fort avec le travail de la terre et de s’associer de multiples façons avec les « véritables » paysans.
6L’ancrage, la densité et la cohésion de la population ouvrière de ces quartiers et de ces communes ont une incidence directe sur les pratiques d’économie informelle. Celles-ci sont de trois sortes : les opérations d’associations et d’échanges de compétences et de services dans la construction de maisons individuelles, la culture et l’élevage pour soi ou pour d’autres sur des terres qu’on possède ou qu’on loue et, enfin, les divers coups de main donnés aux agriculteurs contre rétribution en nature. Grâce aux réseaux d’appartenance professionnelle et territoriale qu’elle a entraînés, l’industrialisation des années 1950 à 1970 aura permis que se mette en place une véritable pratique locale de l’économie parallèle. Les deux très importantes firmes que sont la smn et la saviem ont, en particulier, profondément marqué la structure socioéconomique des communes environnantes. Par leur importance, par les réseaux dont elles sont directement à l’origine et par leur organisation interne (travail posté), ces entreprises ont contribué de façon notable au développement de telles pratiques.
Des rapports sociaux ambigus, entre travail indépendant et « salariat »
7La situation d’emploi et de rémunération des ramasseurs de vers est identique à celle des pêcheurs à pied. Ce sont des travailleurs indépendants, rémunérés au nombre de boîtes. Ce sont les expéditeurs qui fixent les commandes, soit le nombre de vers qui peuvent être ramenés. Les commandes varient en fonction de la saison mais aussi de la capacité des ramasseurs. Les meilleurs d’entre eux – ceux qui fournissent les plus beaux vers et les boîtes les mieux garnies – ou les plus fidèles ont des commandes plus importantes. Statutairement, la situation est simple : on a, d’une part, des fournisseurs indépendants et, d’autre part, des clients. Dans les faits, les rapports entre ramasseurs et expéditeurs s’apparentent beaucoup plus à ceux de patrons à salariés qu’à ceux de clients à fournisseurs. Les ramasseurs n’ont le plus souvent qu’un seul expéditeur comme client, qui exerce en outre une certaine direction sur le travail. Cette situation hybride, entre travail indépendant et salariat, est essentielle. Ce n’est qu’à travers elle que l’on peut comprendre la profonde dégradation des rapports sociaux qui auront lieu dans les années 1980 et les difficultés auxquelles se heurte la formalisation de ces pratiques économiques.
De 1955 aux années 1980, un commerce officiel qui s’appuie sur une économie informelle
8Jusqu’au milieu des années 1990, le ramassage des vers marins est une activité presque exclusivement non déclarée qui entre pourtant de plain-pied dans l’économie marchande. Le commerce des vers est en effet organisé par des expéditeurs qui ont pignon sur rue. La production peut être estimée de façon précise ; elle entre dans la comptabilité des expéditeurs. Le ramassage n’est pas clandestin ; il est pratiqué au vu et au su des principales autorités concernées : gendarmerie, Affaires maritimes, administration fiscale, etc. Jusqu’au milieu des années 1980, cette pratique génère aussi beaucoup d’argent : une semaine de ramassage, en pleine saison, équivaut environ à un mois de salaire ouvrier. La saison dure alors six mois, d’avril à octobre. Cette pratique ne possède donc pas deux des principales caractéristiques que l’on a coutume d’attribuer à l’économie informelle : clandestinité d’une part et faible rentabilité d’autre part4.
9Depuis les années 1960, une vingtaine parmi environ 200 à 300 ramasseurs ont cependant choisi de devenir des « professionnels », c’est-à-dire de faire de cette activité, jusqu’alors pratiquée entre-deux, leur activité principale. A partir de 1969, ces ramasseurs ont pu s’inscrire, comme les pêcheurs à pied professionnels, à la msa (mutuelle agricole) en tant que « travailleurs indépendants ». S’ils sont aussi pêcheurs embarqués – nous n’en connaissons cependant aucun exemple – ils peuvent également bénéficier pour cette activité du régime de l’enim (mutuelle des inscrits maritimes). Ces ramasseurs professionnels de la première heure travaillent le plus souvent en couple. Dans la plupart des cas, ils ont commencé l’activité lorsqu’ils étaient très jeunes et ont exercé plusieurs années sans être déclarés. C’est généralement la venue d’enfants et la nécessité d’une protection sociale qui les ont poussés à s’inscrire à la msa.
Les années 1980, professionnalisation et marginalisation des ramasseurs
10Au cours des années 1980, sous l’impact d’une série de bouleversements concernant notamment le marché de l’emploi, cette économie presque confidentielle et hautement rentable implose.
La dégradation des conditions d’exercice, l’apparition de la concurrence
11Tout d’abord, dès le début des années 1980, les industries de Caen, en particulier la sidérurgie et la construction automobile ainsi que les activités portuaires, connaissent de sérieuses difficultés. Après un ensemble de mesures de préretraites et de jours chômés s’ensuivent les licenciements « secs » et les fermetures. Un nombre de plus en plus important d’ouvriers, éjectés de l’industrie et des circuits traditionnels de l’emploi, viennent alors chercher dans les vasières ce qui est désormais non plus un complément à leur salaire mais leur revenu principal. Au cours de ces années, des problèmes dans l’exercice même de l’activité surgissent également. Les vers se raréfient en baie de Sallenelles, ce qui nécessite de la part des ramasseurs une grande mobilité. Les déplacements se réalisent en fonction de l’importance des commandes : en baie de Sallenelles pour une petite production l’hiver, le long du littoral de la Manche et de la Bretagne pour une plus grande production, enfin en baie de Somme pour les commandes très importantes de la période estivale. Au cours des années 1980, la baie de Somme devient le plus grand site d’exploitation des plouzes ainsi que le lieu d’une migration annuelle pour une centaine de ramasseurs normands. Parfois, dès le mois d’avril, mais surtout à partir du mois de juin, la quasi-totalité des ramasseurs professionnels s’y installe jusqu’à la fin du mois de septembre ou jusqu’à la mi-octobre.
12A cette première difficulté, liée à la raréfaction de la ressource, s’ajoute également un déclin du marché dû à la fois à une pêche amateur moins importante en Méditerranée et surtout à la concurrence des vers étrangers. En effet, si certaines entreprises de mareyage de la baie de Sallenelles sont spécialisées dans le commerce de la plouze, d’autres exploitent plusieurs variétés de vers marins. Certaines de ces variétés sont trouvées sur place, dans le sable, le long du littoral entre Courseulles et Cabourg. Mais la plupart – ce qui représente également le tonnage le plus important – est importée de l’étranger. L’importation a été impulsée par la société « Normandie appâts » au tout début des années 1980. Une dizaine de sortes de vers en provenance d’Amérique et d’Asie, notamment de Corée, est ainsi proposée à la clientèle et réduit de manière significative le marché de la plouze.
13Une concurrence sévère entre ramasseurs existe désormais. A partir de 1989, elle est encore augmentée par la production des pêcheurs à pied de la côte picarde. En effet, à la suite d’une grave crise de la coque (1985-1986), leur principale ressource, les pêcheurs à pied de la baie de Somme se sont lancés à leur tour dans le ramassage de la verrouille (nom local du Nereis diversicolor). Trente à quarante pêcheurs à pied picards vivent aujourd’hui partiellement ou entièrement de cette économie avec trente tonnes de vers ramassés entre les mois d’avril et d’octobre.
De la liberté à la soumission, le piège du statut de travailleur indépendant
14Si la montée du chômage ainsi que le caractère itinérant de la pratique entraînent la professionnalisation de l’activité, celle-ci se marginalise aussi face aux difficultés croissantes d’exercice. En raison de leur statut de travailleur indépendant, les ramasseurs subissent seuls en effet tous les aléas de la production5. Ils supportent ainsi seuls l’augmentation importante des coûts liée aux déplacements effectués de la Bretagne à la baie de Somme. Il arrive fréquemment, en période estivale, que ce soit l’expéditeur qui se déplace en baie de Somme pour chercher les vers. Mais, même dans ce cas, les frais de transport sont facturés aux ramasseurs. Aux déplacements, il faut également ajouter, toujours à la charge des ramasseurs, les frais de nourriture et les frais de logement : camping ou hôtel. Le renversement des rapports de force entre ramasseurs et expéditeurs se poursuit avec le déclin du marché. En raison de la baisse de la demande en plouzes, le prix de la boîte payée aux ramasseurs n’a pas augmenté depuis plus de dix ans. Ce sont aussi les ramasseurs qui endurent seuls les conséquences des contrôles fiscaux qui se sont multipliés au cours des dix dernières années. Les expéditeurs exigent de leurs ramasseurs qu’ils se déclarent mais ne participent en aucune façon aux nouvelles charges que cela implique.
15Certains expéditeurs ne se désolidarisent pas seulement de leurs ramasseurs mais jouent également de la concurrence qui existe entre eux, notamment avec les ramasseurs picards dont les frais sont moins importants et avec les ramasseurs non déclarés. Rappelons que l’importation des vers étrangers a également été entreprise à l’initiative d’un expéditeur normand. La dégradation des conditions d’exploitation et des rapports sociaux a profondément modifié les sentiments des ramasseurs vis-à-vis de cette pratique. Pour un nombre toujours plus grand d’entre eux, cette activité n’est plus l’expression d’une liberté mais l’expression des contraintes que la crise et les évolutions de cette pratique font peser sur eux. « Au début, ce travail, c’était le symbole de la liberté, maintenant, de la soumission. Maintenant, les gens cherchent la sortie. »
16Le statut de travailleur indépendant est aujourd’hui synonyme de précarité. L’évolution du marché de l’emploi et des conditions de travail est fortement dominée par la logique économique et la recherche du profit. Quant au contrepoids que pourrait apporter une action collective, il est rendu de moins en moins possible à cause de l’atomisation des relations sociales et, de façon concomitante, à cause d’une fracture et d’une rivalité grandissantes entre ramasseurs.
Les années 1990, la marche difficile vers la légalisation
La lutte contre le travail au noir, l’appel à l’État
17Toutes ces difficultés ont entraîné une rivalité entre ramasseurs qui s’est cristallisée autour du travail au noir. Les conflits autour de ce type de travail ne sont pas nouveaux. Ce qui est récent par contre, c’est cette cristallisation de toutes les difficultés autour du travail non déclaré et sa dénonciation aux instances judiciaires. Ces dénonciations – les premières apparaissent en 1989 – ont été suivies d’effet. Une série de contrôles fiscaux a eu lieu de 1989 à 1997 auprès des expéditeurs. Elle a obtenu des résultats : en 1997, le paiement des ramasseurs doit passer des espèces aux chèques ; des factures doivent être établies. Juste avant, en 1996, toujours à partir d’une dénonciation, une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet de Caen. Elle s’est close deux années plus tard par un classement sans suite ; cette économie étant entrée entre-temps dans un processus de légalisation.
18La question de savoir pourquoi l’État a toléré ces activités illégales pendant si longtemps se pose. Pourquoi n’est-ce pas lui le moteur du processus de légalisation mais les acteurs sociaux ? Cette tolérance qui correspond en même temps à un refus de l’État d’en contrôler l’exercice ne cache-t-elle pas en réalité la dénégation d’un métier véritable ? Pour répondre à cette question, il nous paraît essentiel de replacer ces activités dans l’histoire, celle des représentations et des rapports spécifiques entretenus avec les économies de prédation (chasse, pêche et cueillette) et en particulier avec les activités maritimes.
19Le discours porté par la population de la baie sur les ramasseurs de vers est généralement très négatif. Les ramasseurs seraient des individus « durs à la tâche » mais aussi « surtout préoccupés de chasse et de pêche », « instables », « rustres » et parfois mêmes « buveurs » et « violents ». « Ce sont des gens hors société. C’est un sale boulot. C’est un milieu pas très élevé. » On retrouve une même dévalorisation de tous ceux qui exercent une activité de prédation6. Pourquoi ? Il semble que la méfiance et la dépréciation portées à l’encontre de ces économies correspondent essentiellement à une vision normative de certains éléments qui définissent le travail. Ces activités soulèvent des problèmes d’ordre éthique. Ceux qui les pratiquent ne sont contraints ni par un temps ni par un espace donnés ni par un « patron ». Ils n’exercent aucun contrôle sur la nature qu’ils ne maîtrisent pas... En dehors des pêcheurs embarqués, ils n’ont besoin de posséder rien d’autre que des moyens de production généralement tout à fait dérisoires. Le caractère de pauvreté et de marginalité est fortement attaché à la représentation de ces activités. « Ce sont [les ramasseurs] des gens pauvres, bourrus, des marginaux. » En baie de Sallenelles, bien que le ramassage ait été et soit encore parfois très lucratif, et bien que beaucoup de gens s’accordent à dire qu’on peut y gagner de l’argent, la représentation d’une pratique exercée par des marginaux reste ancrée. « Ce sont des gens qui gagnent énormément [d’argent] mais qui dépensent tout. Ils n’achètent rien de valable. Ils claquent tout au café dans le jeu. L’argent leur brûle les doigts. » L’ensemble de ces représentations apparaît aux yeux de la population et à ceux de l’Administration comme autant d’éléments qui empêchent de considérer les activités de prédation comme un travail et une économie véritables. Cela entraîne une certaine acceptation de leur forme illégale qui prend assez logiquement sa place dans une série d’oppositions entre éléments normatifs et éléments hors normes du travail. A cette représentation particulière des économies de prédation, on doit ajouter, pour les administrations de l’État, une histoire du droit qui les place davantage sur le plan des droits acquis pour l’utilisation d’un espace naturel que sur celui de la légalité des ressources tirées de cet espace.
20On doit également ajouter les difficultés que représente pour certaines administrations la réglementation particulière du domaine maritime. Ainsi, « pour le ministère de la Justice, les atteintes à la pêche ne sont pas perçues comme aussi graves que celles qui se déroulent à terre7 ». A cela, s’ajoute encore la situation de « parent pauvre » dans laquelle se trouve la pêche à pied au sein de l’administration des Affaires maritimes. Pendant longtemps, le statut professionnel n’était pas à proprement parler oublié mais écarté pour protéger les pêcheurs embarqués ; la priorité était d’assurer aux marins pêcheurs un revenu complémentaire grâce à la pêche à pied. Depuis plusieurs années, la situation évolue : la nécessité d’un statut de pêcheur à pied s’impose progressivement bien que très inégalement selon les quartiers maritimes.
21Une autre question se pose : pourquoi le travail au noir est-il dénoncé seulement maintenant alors qu’il représente une part plutôt moins importante dans cette économie ? Il est évident que la professionnalisation ainsi que la période de concurrence intense et les multiples difficultés d’exercice qui marquent désormais l’activité rendent le travail au noir beaucoup moins supportable. Les frontières du légitime se déplacent selon des acceptions qui ne sont cependant pas toujours celles qui séparent le légal de l’illégal. Ainsi, plus que le travail non déclaré – les ramasseurs ne savent d’ailleurs pas toujours lesquels d’entre eux sont déclarés ou non –, c’est surtout le double salaire des usinards (les ouvriers d’usine et par extension tous ceux qui ont encore un emploi stable) qui est mis en cause. Les deux situations bien sûr se recoupent. Le discours des ramasseurs sanctionne d’abord chez les usinards une volonté déplacée, insolente, d’élever leurs revenus aux dépens de ceux qui en tirent leur unique subsistance.
22D’autres éléments expliquent que les conflits de ce type soient portés plus facilement devant la justice. Durant les dernières décennies, le monde ouvrier est atteint dans sa principale raison d’être : produire. Il l’est également dans son espace. Les transformations sont parfois brutales comme dans le cas de la cité smn-Plateau qui éclate littéralement à la fin des années 1980. Mais la plupart du temps, ces transformations sont lentes et insidieuses. Les transformations de l’espace social de la région caennaise sont communes à toutes celles des grandes villes : aménagement de grandes infrastructures (voies à grande circulation, périphériques, autoroutes), construction de grands ensembles de logements collectifs et plus récemment de lotissements pavillonnaires dans les communes rurales situées dans l’agglomération de Caen et juste au-delà. Dès lors, les liens sociaux des ouvriers se diffusent sur un territoire beaucoup plus vaste ; « une nouvelle carte des fréquentations et des pratiques » (scolarité, courses, loisirs...) apparaît (Flabbée & Frémont 1981 : 115-116). A cet éclatement de l’habitat ouvrier, s’ajoute aussi celui du recrutement des ramasseurs. La crise et l’apparition de cette activité comme palliatif au chômage ont des conséquences sur l’origine des ramasseurs qui viennent désormais d’horizons géographiques beaucoup plus diversifiés. En conséquence, les comportements ne peuvent plus être régulés par des moyens traditionnels liés notamment à l’interconnaissance. Les rivalités et les conflits sont sans doute plus importants aujourd’hui qu’auparavant mais surtout les contraintes qui fondent la cohésion sociale ne sont plus là pour les réguler. Le code des relations entre ramasseurs ne peut plus être fixé que par un arbitre externe, l’État.
23On doit également ajouter à ces bouleversements des changements d’ordre culturel. La crise et le chômage ont forcé un certain nombre d’ouvriers à exercer cette activité. L’univers de ces nouveaux ramasseurs demeure néanmoins celui de l’usine, celui du monde salarié. Leurs références au travail sont très différentes de celles des anciens ramasseurs professionnels : beaucoup plus conformes aux valeurs normatives du travail et de l’emploi, et moins indulgentes à l’égard du travail illicite.
Les enjeux et les défis de la légalité
24L’activité se professionnalise et se formalise. Pourtant, le nombre de personnes déclarées est loin d’augmenter dans les mêmes proportions. Depuis 1996, le nombre de cotisants à la msa a doublé – il est passé de six à douze – mais on estime le nombre de ramasseurs à environ une centaine l’hiver et à cent cinquante en saison. Cette situation de désaffiliation sociale, alors même qu’elle correspond à une période de professionnalisation et de « diabolisation » du travail illégal, permet de s’interroger sur la capacité des ramasseurs à parvenir ou à se maintenir dans la légalité. En effet, loin de se réduire à une peur de la répression ou à une protection sociale, la légalisation de l’activité recouvre aujourd’hui pour la plupart des ramasseurs un enjeu important en termes d’existence sociale. Derrière ces chiffres qui portent la marque de l’échec du processus de formalisation, se cachent en réalité les enjeux et les défis de l’acquisition d’une profession. La légalisation constitue à ce jour la première étape et la seule de ce processus de formalisation de l’activité, pour laquelle il n’existe aucun code du travail, aucun statut spécifique ni structure représentative. Son poids symbolique est immense.
25La légalisation comporte néanmoins un nombre important de défis. Le statut de ramasseur professionnel, inscrit à la msa, auquel chacun peut théoriquement accéder, exige des compétences professionnelles et des dispositions culturelles particulières. Les ramasseurs professionnels sont pris entre deux feux : entre leur volonté d’acquérir une profession véritable, de se détacher de l’étiquette de marginal qui leur colle à la peau et l’impossibilité, souvent, de se maintenir dans un cadre légal. Entre l’état de ramasseur professionnel non déclaré et l’état de ramasseur professionnel déclaré, se situe un véritable parcours du combattant8. Les commandes sont devenues déterminantes au cours des années 1990. Certaines années, elles ne sont cependant plus suffisantes pour faire face aux cotisations. Dans ce cas, deux possibilités s’offrent aux ramasseurs : arrêter l’activité et obtenir des emplois sociaux (type ces) ou intérimaires ou ne plus se déclarer. Cette dernière situation découle également du calcul forfaitaire des cotisations qui est pratiqué par la msa. Compte tenu de ces incertitudes, il est manifeste qu’être déclaré comme travailleur indépendant et payer des charges forfaitaires revient fortement à hypothéquer son revenu. Les ramasseurs professionnels qui « s’en sortent » malgré tout nous informent sur les compétences qui doivent être exercées :
Tout d’abord être mobile : prospecter de nouveaux sites et faire de longs trajets vers les estuaires de l’Atlantique, du sud de la Bretagne à la baie de Somme.
Être constant dans le travail et dans la qualité de la production : les boîtes doivent être suffisamment remplies et les vers en bon état. Rester fournisseur d’un mareyeur, ne pas perdre le marché exigent en effet de garder un contact permanent et d’être disponible à tout moment.
Enfin, devenir un « vrai » professionnel signifie calculer le prix de revient d’une marée en fonction du temps passé et des frais de déplacement induits.
26Autant d’expériences nouvelles, totalement contraires aux habitudes et aux dispositions d’un certain nombre de ramasseurs à temps plein, notamment parmi les plus anciens, peu prêts à abandonner leurs indépendance, leur lieu de vie, leur mode de production, peu disposés à s’engager dans le temps, à planifier, à calculer... Pour d’autres ramasseurs, l’abandon du travail déclaré est davantage dû à l’importance des contraintes administratives qu’à leur coût. La difficulté de la tenue d’une comptabilité, des déclarations aux différentes caisses, aux impôts etc., outre une sensation de contrôle que beaucoup de ramasseurs exècrent, est parfois suffisante pour rester ou retourner dans l’informel. En réalité, passer du statut de ramasseur non déclaré à celui de ramasseur déclaré correspond à un véritable « saut » culturel9. Dans ces conditions, il n’est pas surprenant qu’un grand nombre de ramasseurs professionnels ne soient pas disposés à intégrer les voies de la légalité.
27Pour les autres, l’enjeu est de taille. Jouer le jeu de la légalité est le seul moyen d’intégrer ou, plus souvent, de réintégrer le monde officiel du travail et une reconnaissance sociale. Beaucoup parmi les « nouveaux » ramasseurs (ceux que le chômage a amenés à exercer) ne s’étaient auparavant jamais livrés aux pratiques de travail entre-deux. Parce qu’ils étaient dépourvus du réseau de relations indispensable à ces pratiques ou parce qu’ils souhaitaient s’investir professionnellement dans l’usine et obtenir des postes plus valorisants, certains ouvriers préféraient effectuer des heures supplémentaires lorsque l’usine le proposait. La mise à l’écart de l’usine ou d’un autre travail a été vécue de manière dramatique, comme une exclusion. La première volonté de ces travailleurs a été de réintégrer au plus vite le monde salarié. L’exercice « au noir » de cette activité est, de ce fait, encore moins un choix. Ce n’est que lorsque les difficultés d’exercice de l’activité se font trop dures et/ou que les revenus sociaux baissent beaucoup que ces ramasseurs rejoignent les ramasseurs plus anciens dans leur décision de ne pas déclarer l’ensemble ou une partie de leurs revenus. Pour les ramasseurs professionnels plus anciens, qui ont fait de cette activité leur profession avant la crise, le travail au noir ne représente pas forcément une norme. Mais l’esprit de liberté et d’autonomie qui les a poussés dans cette activité se traduit par une attitude plus prompte à adopter cette pratique.
Conclusion
28Le travail au noir constitue un défi à l’État et aux corporations professionnelles. Pourquoi et comment réussit-il à se maintenir ? Notre objectif n’est pas de généraliser à l’ensemble des économies parallèles les observations qui ressortent de ces pratiques particulières, mais de dégager quelques points de réflexions remettant en cause certains caractères couramment admis concernant les conditions d’existence de ces économies face aux administrations fiscale et judiciaire.
29Le travail illégal semble s’être imposé ici en tant que réponse élémentaire dans un secteur nébuleux de l’économie. Il ne se situait pas dans une zone de « non droit » mais dans un marché et sous des statuts non précisés. L’économie informelle n’est donc pas toujours cette « taupe » souterraine que l’on imagine a priori, qui trouble le fonctionnement de l’économie officielle et de l’État. Son existence a longtemps été permise ; elle reposait sur des équilibres et surtout sur une formidable acceptation du corps social. Ce n’est que lorsque des tensions économiques et culturelles sont apparues, lorsque les équilibres sociaux se sont rompus que l’attention s’est portée sur ces situations informelles. La société civile a alors sommé l’État de fixer la loi, de capturer l’illicite. L’État est intervenu, non par un souci légal ou économique, mais pour rétablir la cohésion sociale. Cette intervention, peu motivée, ponctuelle et limitée, est cependant insuffisante pour permettre aux ramasseurs de maintenir un rapport de force équitable avec les mareyeurs et d’acquérir ou de conserver un statut de ramasseur « patenté ». Ainsi, aucun contrôle auprès des mareyeurs n’a été mis en place depuis 1997, aucune harmonisation avec le statut des ramasseurs picards n’a été établie, aucune charte ou représentation professionnelle n’a été encouragée. Ces activités représentent encore avant tout aux yeux des pouvoirs publics une économie marginale, géographiquement très limitée et finalement peu visible.
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Larrère, R. & M. de la Sourdière. 1985. Cueillir la montagne. Plantes, fleurs, champignons en Gévaudan, Auvergne et Limousin, Lyon, La Manufacture, coll. « L’homme et la nature ».
Le Ravallec, Y. & F. Lermier. 1974. « L’espace vécu des OS de la saviem de Blainville-sur-Orne. Essai d’épistémologie géographique. D’après une enquête effectuée auprès de 130 personnes et ménages », mémoire de maîtrise de géographie, Université de Caen.
Olivesi, R. 1996. Activités traditionnelles et évolution du milieu en baie de Somme et sur le littoral picard : pêche, pêche à pied et conchyliculture, mémoire de dess de géographie, Amiens, Université de Picardie.
Retière, J.-N. 1997. « Une indépendance sous contrôle, la professionnalisation de la pêche à pied », Annuaire du droit maritime et océanique, 15, p. 233-260.
Rieucau, J. 1985. « Pêche et communautés halieutiques comme approche des systèmes littoraux, de l’estuaire de la Seine à la baie de Somme », Bulletin de l’association des géographes français, 3, p. 225-239.
– 1986. « La société littorale et maritime en Manche et en Atlantique. Éléments d’une socio-géographie historique et contemporaine », Bulletin de l’Association géographique française, 3, p. 163-209.
Notes de bas de page
1 Prononcé plouze, on le trouve parfois également écrit pelouze. Dans chaque région, il porte un nom particulier. Dans les deux régions voisines que sont la Bretagne et la Picardie, le même ver est ainsi respectivement appelé gravelle et verrouille.
2 En 2000, il existait sept expéditeurs de vers de vase en baie de Sallenelles, répartis sur les communes de Ouistreham, Sallenelles et Ranville. Presque toutes les sociétés de mareyage sont des entreprises familiales de petite taille qui font travailler entre quatre et dix ramasseurs chacune. Une seule entreprise se détache par son importance : la société « Normandie appâts ». Elle occupe une cinquantaine de ramasseurs, c’est-à-dire près de la moitié des ramasseurs normands.
3 La cité du Plateau se partage entre les communes de Mondeville et Colombelles. La zone industrielle, sur laquelle sont implantées la plupart des industries, dépend également d’une troisième commune : Cormelles-le-Royal. Sur cette question de l’espace ouvrier caennais, voir en particulier Flabbée & Frémont 1981.
4 Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que les ramasseurs sont couramment désignés sous le terme de plouzmen durant ces années. Eux-mêmes parlent de leurs activités de ce temps-là en termes de business. Ce vocabulaire n’est pas sans rappeler bien sûr une certaine vision de la société américaine où beaucoup d’argent peut être gagné rapidement.
5 Sur ce thème, voir en particulier : Geistdoerfer 1987, Bidet 1988 et Gouzien 1997.
6 Larrère 1985 : 97 pour les activités de cueillette et, pour le milieu maritime, Geistdoerfer 1989 et Deschamps 1994.
7 Marchant, Guy : Le décret-loi — toujours en vigueur — du 9 janvier 1952 sur l’exercice de la pêche maritime ou l’histoire de l’adaptation du texte à des besoins objectifs nouveaux, communication présentée au colloque « Ils vivent avec le rivage. Pêche côtière et exploitation du littoral », île de Tatihou, 29/06-01/07 2000.
8 Cette situation n’est pas spécifique aux ramasseurs de vers marins. Elle concerne l’ensemble de la communauté des pêcheurs à pied. Cette problématique de la difficile professionnalisation des activités de pêche à pied a été traitée d’une manière très proche par Retière (1997).
9 Selon une expression de R. Olivesi (1996). Il ne doit toutefois pas y avoir malentendu. Les comportements de ces ramasseurs, parmi les plus anciens, ne signifient pas une inaptitude à s’adapter et à entreprendre. Ils désignent un acte de résistance par rapport au monde du travail de l’usine. L’activité de ramassage fait avant tout appel à des valeurs de liberté et d’indépendance. Elle correspond également à une volonté de gagner sa vie et de vivre de multiples manières. Ramasser et bricoler permet de rompre avec les tâches ordinaires, aliénantes et procure l’excitation de vivre de ces stratégies de la « débrouille ». Il s’agit avant tout d’un choix de vie.
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