La lorraine
p. 103-112
Texte intégral
1Avant 1983, les données enregistrées en Lorraine sur l’architecture en terre et en bois sont succinctes, peu nombreuses et dispersées. Cette relative absence ne signifie pas que ce type de construction n’existait pas dans la région mais elle révèle de la part des archéologues une méconnaissance des vestiges laissés dans le sol par les structures en terre et en bois, lorsqu’ils ne subsistent qu’à l’état de traces. D’une part, dans les champs labourés, seule la présence de moellons, d’éléments architecturaux ou de céramique a permis jusqu’à présent aux prospecteurs de surface de parler d’établissements ; d’autre part, la plupart des fouilleurs considéraient qu’il ne pouvait y avoir à l’époque gallo-romaine que des habitats, tant à la ville qu’à la campagne, construits en dur (pierre, briques, mortier, terrazzo…). Ce qui était considéré comme remblai peut être interprété dans plusieurs cas comme les restes d’une architecture en terre et/ou en bois.
2Une relecture attentive des publications a mis en évidence le caractère fragmentaire des données. Si, dès 1965, à Grand, J.-Cl. Berçot1 avait émis l’hypothèse de l’existence d’établissements légers derrière l’amphithéâtre, aucun élément de structure n’y a été dégagé ; en revanche, l’architecture de terre est attestée en d’autres points de la Lorraine : elle est signalée pour un hangar dans l’officine de potiers de Mittelbronn par M. Lutz2 sous forme de « pisé », et elle était supposée au Pontiffroy (Metz) par G. Schlemaire qui, en 1974, écrivait : « Sur tout le site..., nous avons pu observer une couche de substructions correspondant à cette occupation du site ; les habitations devaient être en bois, comme c’est souvent le cas à cette époque, notamment à Scarponne (Dieulouard - 54) »3. Cependant, cette allusion à une architecture de bois à Scarponne n’a pas été retrouvée dans les comptes rendus que le responsable des fouilles, P. Billoret, à l’époque directeur des Antiquités historiques de Lorraine, a donnés dans Gallia4. A Metz (quartier de la Visitation), J.-J.Hatt notait, en 1957, la présence de fonds de cabanes de tradition celtique pour la période gallo-romaine précoce et parlait de constructions en bois5.
3L’analyse de ces publications montre qu’il n’existe aucune référence réelle (hormis dans les articles de J.-J. Hatt et M. Lutz) à des éléments de constructions en terre ou en bois : trous de poteau, cloisons en place, traces de torchis ou d’adobe, sablière... Il est vrai que les conditions de réalisation des sauvetages urgents en milieu urbain autrefois ne permettaient pas d’effectuer des études scientifiques véritables. Cependant, certains auteurs ont constaté la présence de couches d’occupation ne correspondant à aucune structure en pierre et ils en ont déduit que les bâtiments ne pouvaient être qu’en bois ou en terre. Aussi ne s’agit-il que de données négatives. Dans les campagnes, pour les établissements agricoles, les références font défaut. Il serait hâtif, au vu de ces données anciennes, d’affirmer que l’architecture de terre et de bois, en Lorraine, est un phénomène de chef-lieu de cité et de vicus, car des trouvailles isolées comme celle de Mittelbronn montrent une relation de cette architecture avec des structures artisanales en milieu rural.
4L’évolution des techniques de fouilles, une sensibilisation à l’architecture en terre et en bois depuis plusieurs années ont rendu les archéologues plus attentifs à ces questions. Le renouvellement des données en Lorraine s’est fait récemment à l’occasion de fouilles de sauvetage de grande envergure, en milieu rural, à Florange notamment, mais surtout en milieu urbain comme à Metz avec la fouille des sites des Hauts-de-Sainte-Croix, du Pontiffroy et de l’Arsenal Ney.
Les observations a Metz (Moselle) (fig. 1)
5Sur tous les sites messins où la présence d’architecture de terre a été démontrée, les stratigraphies observées ont révélé certains caractères communs.

● 1. Les sites messins. 1. Hauts-de-Sainte-Croix – 2. Pontiffroy – 3. Arsenal Ney – 4. Rue Marchant.
6En premier lieu, on remarque que l’ensemble des couches forme une épaisseur de 1 à 2 m qui peut s’élever à plus de 3 m comme aux Hauts-de-Sainte-Croix. Cette épaisseur résulte de l’étagement de strates correspondant à différentes séquences d’occupation et montrant une alternance de couleurs et de textures très variées où les pierres sont pratiquement inexistantes (fig. 2). Les strates elles-mêmes ont une faible épaisseur (1 à 30 cm) et se présentent en général sous la forme de superpositions lenticulaires pouvant atteindre jusqu’à 4 ou 5 m d’extension. Au Pontiffroy et aux Hauts-de-Sainte-Croix, ces couches ont pu être observées sur une cinquantaine de mètres de longueur.

●2. (p. 106) Metz. Les Hauts-de-Sainte-Croix, secteur 7. Coupe stratigraphique 02. Relevé L. Olivier.
7Les sols se reconnaissent à leur texture très compacte (gravier, terre, mortier, bois). Quant aux couches d’occupation, elles se différencient par leur sédiment de couleur verte, riche en matière organique ou par l’abondance de cendres et de charbon de bois. La destruction montre un aspect plus hétérogène. En effet, on rencontre des plaques et des blocs d’argile gris bleuté, des zones sableuses de couleur ocre, de la terre rubéfiée rouge ou brune, des traces de poutres calcinées et des fragments d’enduits peints. Il arrive également que l’on constate la présence de murs de terre encore en élévation. Dans la plupart des cas, les tuiles sont absentes ou peu nombreuses. Fréquemment, des couches d’abandon et d’égalisation formées de matériaux divers précèdent l’installation d’un nouveau sol.
8Les fouilles conduites à Metz permettent maintenant d’appréhender l’extension de la zone d’utilisation de la terre et du bois comme matériaux de construction. Bien qu’encore très ponctuelles, ces données se rencontrent de part et d’autre du bras oriental de la Moselle. En effet, la présence d’architecture de terre est attestée avec certitude au Ier s., au nord, sur la colline Sainte-Croix, oppidum supposé des Médiomatriques, au sud sur l’autre éminence de la ville (Arsenal Ney) distante de 700 m de la précédente, et enfin au nord-ouest sur le site du Pontiffroy, au-delà du bras de la Moselle, à 500 m environ des Hauts-de-Sainte-Croix et à plus d’un kilomètre de l’Arsenal Ney. On ignore si l’occupation était continue entre ces trois sites; mais si elle l’était –ce qui est vraisemblable– la ville en bois et en terre aurait eu une extension considérable au Ier s. de notre ère6.
■ Les hauts-de-Sainte-Croix
9Le site des Hauts-de-Sainte-Croix (fig. 2, p. 106) est au sommet de la colline qui domine le confluent de la Seille et de la Moselle à l’emplacement de la première installation humaine de Metz et du noyau urbain primitif. La construction d’un parking souterrain a révélé l’existence de témoignages d’architecture de bois et de terre sur plus de 3 000 m2, bien conservés sur une épaisseur d’environ 3,5 m sans oblitérations ultérieures massives7. Il n’est pas question ici de revenir sur la description des grands ensembles stratigraphiques relevés sur une longueur de 250 m.
10La chronologie du site est la suivante :
première occupation au Bronze Final II,
occupation continue de la période de La Tène finale à la fin du Ier s. de notre ère, caractérisée par une architecture de bois et de terre,
occupation à la fin du IIIe s.
11En outre, des ensembles médiévaux et modernes ont été observés, ainsi que des fosses de toutes les époques. Les conditions très particulières du sauvetage font que la fouille en aire ouverte n’a débuté qu’à la fin de l’hiver 1983-1984, ce qui explique le caractère lacunaire de la connaissance du gisement.
■ Structure 1
12Nous avons pu identifier et étudier sommairement, en stratigraphie, un mur d’habitat du Ier s. de notre ère. La pièce a été creusée dans le sol naturel sur une profondeur de 0,50 m. A la base du mur existe un solin de pierres sèches en calcaire bleu de 0,55 m de hauteur et de 0,30 m de largeur en moyenne. Des fragments carbonisés d’une sablière en chêne ont été observés sur le sommet des murets.
13L’examen de la couche de destruction permet de proposer une élévation en torchis. En effet, quelques fragments de terre crue rubéfiée présentent des traces de baguettes entrelacées. Le sol est en plancher. Il n’est visible qu’en stratigraphie. La toiture semble avoir été en matériaux périssables.
■ Structure 2
14Au nord du site, la base d’un mur de la première moitié du Ier s. a pu être coffrée et prélevée. Sa fondation est faite d’une sablière en chêne de 22 cm de largeur sur 5 cm de hauteur qui a été carbonisée lors de l’incendie de l’habitat. Elle repose directement dans une petite tranchée aménagée d’environ 5 cm de profondeur.
15Deux poteaux, fichés dans la sablière, ont été mis en évidence, espacés de 0,65 m. Leurs diamètres de 12 et 13 cm sont légèrement inférieurs à la largeur du mur qui est de 15 cm en moyenne. L’armature interne du mur est caractérisée par des baguettes de 2 cm de diamètre très rapprochées (2-3 cm) les unes des autres. Elles sont disposées verticalement sur une ligne centrée entre les poteaux. De nombreuses plaques de terre crue présentant des traces de clayonnage interne ont été mises en évidence dans la couche de destruction de l’habitat.
16Ce mur, conservé sur 30 cm de hauteur, était enduit sur les deux faces, lisses, d’une couche de mortier de chaux jaune d’épaisseur irrégulière (0,5 à 1,5 cm). De chaque côté se trouvaient des sols en terre battue qui se raccordent au mur, à la même hauteur, au sommet de la sablière.
17Les quelques fragments de tuiles présents dans la couche de destruction ne sont pas suffisants pour appuyer l’hypothèse d’une couverture faite avec ce matériau.
■ Structure 3
18Nous avons pu suivre en stratigraphie, sur 25 m environ, une couche de la deuxième moitié du Ier s. ap. J.-C. Une couche de destruction de 30 à 60 cm d’épaisseur, de couleur rouge, présente des blocs de terre crue parfois rubéfiée de forme rectangulaire. Aucune trace d’enduit n’a été remarquée. Le sol est de couleur verte en argile et sable damés ayant une épaisseur moyenne de 20 cm. De très nombreux fragments de tegulae et d’imbrices dans la couche de destruction suggèrent une toiture de tuiles.
■ Structure 4
19Au sud du site, deux pièces d’habitat organisées de part et d’autre d’un couloir ont été mises au jour. Cet ensemble date de la deuxième moitié du Ier s. ap. J.-C. Tous les murs sont en terre et en bois. Un solin en pierre sèche, ou constitué de fragments de tuiles liées au mortier, maintient une série de poteaux espacés de 0,45 m en moyenne. L’ossature de bois est hourdée de briques crues aux limites difficilement perceptibles (7,5 cm d’épaisseur pour 24 cm de largeur). Les deux faces des murs sont couvertes d’un mortier de chaux qui adhère à la paroi de terre grâce à des rainures en forme de chevrons. Le décor du couloir est constitué de panneaux blancs à filets d’encadrement intérieur rouges, séparés les uns des autres par des bandes rouges. La plinthe, de couleur orangée, est conservée en élévation sur 0,30 m. Contre le mur nord de chacune des pièces s’appuie un foyer de forme rectangulaire (0,75 x 0,45 x 0,15), construit avec des fragments de tegulae liés au mortier. Tous les sols sont en terre battue.
■ Pontiffroy
20Le site du Pontiffroy, au nord-ouest de Metz dans une zone péri-urbaine de Divodurum, est implanté sur la rive droite de la Moselle entre le cours principal et le bras oriental, sur le passage probable de la voie romaine Metz-Trèves par la rive gauche de la Moselle. Découvert en juillet 1983 lors de terrassements préliminaires à la construction d’un hôtel de Police, le site –aux alentours duquel des vestiges gallo-romains avaient déjà été découverts– a fait l’objet d’une campagne de sauvetage urgent en décembre 1983-janvier 19848.
21La séquence stratigraphique –de 2,50 m à 3 m de puissance– est caractéristique d’une occupation à architecture de bois et de terre sur environ 1 m de hauteur, établie sur la terrasse alluviale. Aucune structure antérieure au Ier s. ap. J.-C. n’a été rencontrée. Les niveaux d’architectures de terre du Ier s. ont été percés par des fosses postérieures des IIe et lll.e s.
22Dans le substratum sableux ont été reconnues les traces en négatif vraisemblablement de sablières de 20 cm d’épaisseur ainsi que des alignements de trous de poteaux profondément ancrés dans le sol et de piquets dont certains traversent la trace des sablières (structure 1). Directement sur la terrasse alluviale reposait une couche tourbeuse, contenant de nombreux fragments de planches, de baguettes ainsi que de nombreux clous. A l’intérieur de la structure, une fosse de 4 m par 3 m, profonde de 70 cm, a été dégagée, très riche en mobilier mais aucune trace de poteau n’a été décelée (cave9, grenier silo, fosse ?). Nous sommes sans doute en présence d’une construction en planches sur lesquelles a été plaqué le bousillage ; l’absence de tuiles laisse supposer un toit de chaume.
23En limite de fouille, perturbée par des murs de caves du XVIIe s., a été dégagée une sablière de chêne calcinée (40 cm d’épaisseur) avec départ de poteaux verticaux. Une masse argilo-sableuse jaune, contenant des fragments de bois, correspondait à un mur en torchis effondré. Un sol en terre battue, de 4 à 5 cm d’épaisseur, remontait en bourrelet contre la sablière, sans doute la fondation du mur extérieur de l’habitation. Trois états de foyer ont été reconnus ; au-dessus de ces soles ont été retrouvés des petits blocs d’argile rubéfiée constituant le négatif du treillis de baguettes entrelacées d’un mur en torchis. La toiture était en tuiles.
24Les structures 4 et 5 sont caractérisées par des solins dont les pierres sont liées à l’argile dans la première et assemblées à sec dans la seconde. Deux sols superposés en terrazzo butaient contre le solin de la structure 4.
25Des trois murs en terre crue de 20 cm d’épaisseur de la structure 6, un seul était préservé sur une hauteur de 20 cm et 18 cm de largeur et reposait sur une sablière en chêne de 10 cm de section. Un seul poteau vertical a été retrouvé sur les trois mètres de mur dégagé. De petites branches de noisetier, de 2 cm de section, entrelacées deux à deux et disposées en quinconce, étaient plantées sur la sablière (fig. 3, p. 107)10. Un sol en terrazzo a été construit avant la pose d’une plinthe d’enduit peint sur la paroi nord du mur. Au sud, un plancher ou coffre de bois calciné, placé 20 cm plus bas. Le sol de terrazzo est limité au sud par une planche de chant qui était fixée sur une sablière en chêne. Aucune couche de destruction de la toiture –charpente ou tuiles– n’a été retrouvée.

● 3. (Ci-dessus). Pontiffroy. Structure 6, base de mur.
26Au sud de la structure 6, une paroi en terre crue avec enduits peints des deux côtés a été observée et des traces de plancher carbonisé ont été repérées. La couverture était en tuiles.
27Les constructions en planches calfeutrées par du bousillage datent –sur le site du Pontiffroy– du début du Ier s., alors que celles en torchis font leur apparition dès Claude et perdurent jusqu’aux années 70. Le solin en pierre semble faire son apparition dans la deuxième moitié du Ier s. ap. J.-C.
■ Arsenal ney
28Le site se trouve sur une légère éminence au sud de la ville antique sur la rive droite de la Moselle. Il se situe dans un contexte archéologique très riche, comme l’ont montré les fouilles antérieures11.
29Un sondage au milieu de la cour de l’Arsenal a révélé la présence d’un établissement dont la couche de destruction consistait en strates de terre argilo-sableuse de 25 cm d’épaisseur en connexion avec un fossé rempli de pierres, creusé dans la terrasse alluviale de la Moselle. La structure des strates était la suivante :
30– une couche d’argile et de sable contenant des nodules et des plaques d’argile rubéfiée,
31- une couche plus meuble et plus sableuse dans laquelle se trouvaient des débris de paille et de bois ainsi que des clous,
32- une couche d’argile plus compacte, où des nodules de terre brûlée et des empreintes de baguettes en bois étaient visibles.
33L’occupation se situe au Ier s. ap. J.-C. jusqu’en 60- 70 environ. Il est impossible de dire si des constructions en pierre se sont implantées par la suite au-dessus de cet établissement en raison de l’arasement qu’a subi cette zone à l’époque moderne.
34Les observations ci-dessus permettent d’avancer l’hypothèse de la présence de cloisons en torchis qui se seraient effondrées. Les éléments de support ont laissé peu de traces. Cependant les pierres du fossé limitant l’établissement ainsi que la terre très meuble contenant des fragments de bois et de nombreux clous peuvent correspondre à un solin effondré surmonté d’une sablière. La cloison était constituée d’une armature en bois (baguettes et lattes) remplie d’argile mêlée à du sable et à des débris végétaux. Elle était recouverte d’enduits peints qui ont laissé peu de vestiges. La toiture était en tuiles. Trois foyers, dont deux en brique, reposaient sur un sol en terre battue, lui-même installé sur deux remblais successifs.
■ Rue marchant
35Le site est implanté dans une zone immédiatement périphérique au rempart urbain du Bas Empire, au débouché de l’axe présumé du cardo. Topographiquement, il correspond au versant nord-est de la colline Sainte-Croix, dominant le confluent de la Moselle et de la Seille.
36Les trois sondages de reconnaissance réalisés rue Marchant ont révélé la présence d’une séquence stratigraphique caractéristique d’une occupation à architecture de bois et terre du Ier s. de notre ère sur 0,90 à 1,20 m de puissance, établie sur le susbstratum marneux12.
37La structure reconnue dans le sondage 1 était marquée par un sol d’habitat, constitué d’une couche d’argile marneuse de 10 cm d’épaisseur en moyenne, rapportée et damée, surmontée d’un niveau de charbons de bois de 10 cm de puissance (couche d’incendie ?) à la base d’une lentille de nodules de calcaire blanchâtre décomposé, de 30 cm de puissance, recouverte d’une couche de limons argileux rubéfiés cuits en blocs, présente sur 10 à 50 cm. Aucun élément de mur ou de cloison en place n’était visible.
38La couche de limons argileux rubéfiés et cuits provient d’une destruction par incendie de murs en terre. La morphologie des éléments cuits paraît indiquer l’existence d’une structure de type clayonnage (présence d’empreintes de baguettes entrelacées).
39Le niveau de charbons de bois et la lentille de calcaire décomposé semblent provenir de l’effondrement d’une toiture. Dans ce cas, la couverture n’aurait pas comporté de tuiles. La présence du calcaire décomposé pose problème et serait peut-être à attribuer à des éléments entrant dans la composition d’une toiture en matériau organique.
Les observations dans le reste de la lorraine
■ Bliesbruck (Moselle)
40Situé sur les terrasses anciennes et moyennes de la rivière Blies, le site de Bliesbruck est fouillé depuis 1972. Les recherches13 ont mis au jour les restes d’une agglomération bâtie sur un plan orthogonal, d’une superficie de 15 hectares environ, dotée notamment d’un important ensemble cultuel et monumental, ainsi que d’un quartier à vocation artisanale. C’est à partir du Ier s. ap. J.-C. que le site prend une importance véritable.
41Les structures en matériau léger, datées de la deuxième moitié du Ier s., ont été fortement remaniées par les bâtiments en pierre qui s’y sont superposés dans le courant du IIe s. Il est donc impossible d’en préciser le plan, mais leur mode de construction a pu cependant être étudié en détail. Les murs, constitués de terre recouverte de mortier, reposaient sur une sablière assise sur un solin et possédaient une armature en clayonnage. Sur le sol en terre battue de l’un de ces bâtiments ont été retrouvés des foyers (creusés en cuvettes ou bien aménagés avec des tuiles ou des tessons écrasés) ainsi que des scories de fer qui permettent d’identifier celui-ci comme étant un atelier de métallurgiste. Les toitures, enfin, étaient constituées de tuiles que l’on a retrouvées écrasées sur les sols avec des fragments de poutres calcinées.
■ Saxon-Sion - « Côte de Sion » (Meurthe-et-Moselle)
42La butte témoin de Sion-Vaudémont constitue le point culminant des plateaux de la Lorraine centrale. Le relief forme deux éperons aménagés en enceintes, celui de Vaudémont au sud-ouest et celui de la « Côte de Sion », de plan subtriangulaire, au nord.
43Ce site connaît une forte occupation à l’Age du Bronze, durant lequel pourrait avoir été édifiée l’enceinte primitive. A La Tène finale, se développerait un important oppidum, celui-ci évolue vers un vicus gallo-romain, dont témoigne la quantité de substructions et de matériel archéologique découverts fortuitement. Les stratigraphies relevées en janvier 198414 ont permis d’isoler une structure à architecture de terre.
44Dans la paroi occidentale de l’excavation, une portion de structure à architecture de terre a été observée sur un niveau d’arasement de la couche La Tène finale qui surmonte une implantation Bronze final lllb (structure 1). Elle est datable du milieu du Ier s. ap. J.-C. et était recouverte par un remblai de grouine contenant des lentilles de couches de destruction de murs en terre associés à des niveaux de charbons de bois (deuxième moitié du Ier s.); elle paraît contemporaine d’une des caves à parement interne en petit appareil, creusée dans le banc calcaire, et observée dans l’angle sud-est de l’excavation. Un niveau de destruction de structures maçonnées à couverture de tuiles constitue la partie supérieure de la stratigraphie gallo-romaine, et se rattache, par un mobilier céramique épars, à la première moitié du IIe s.
45Seule une portion de structure, vraisemblablement l’angle interne d’un bâtiment, a été observée sur environ 1 m de longueur. Aucun élément de mur ou de cloison de terre conservé en place n’était visible. Le sol paraissait avoir été surcreusé d’environ 10 cm et était marqué par un niveau d’environ 5 cm, constitué de lentilles cendreuses et charbonneuses (foyer?), à la surface duquel a été recueilli le mobilier céramique avec un fragment de creuset et de petites esquilles de bronze totalement oxydées.
46Le sol était scellé par une couche de destruction de 20 cm d’épaisseur présentant des blocs de limon argileux rubéfié, en connexion avec quelques fragments de tuiles. Il est cependant difficile de conclure à une couverture de tuiles, car le niveau stratigraphique paraît avoir été arasé lors de l’étalement ultérieur de la couche de remblai de grouine. La morphologie des blocs de terre rubéfiée laisse supposer des parois de clayonnage (négatifs de baguettes entrelacées).
■ Florange (Moselle)
47Le site gallo-romain de Florange/Daspich (Moselle)est connu depuis le XIXe s. par de nombreuses découvertes fortuites qui ont permis de l’identifier comme un important vicus situé sur la voie Metz/Trèves.
48Bien qu’une occupation quasi continue soit attestée depuis La Tène finale jusqu’au IVe s., les fouilles actuelles15 ont surtout mis en évidence des fours et des dépotoirs de potiers, datés du IIe s. (jusque vers 160), et une structure matérialisée par des trous de poteaux que son mobilier situe dans la première moitié du IIIe s. Ce bâtiment ne nous paraît cependant pas en relation avec les structures de l’atelier, la production de céramique ayant semble-t-il cessé à cette époque sur le secteur.
49Les structures, orientées nord/sud (c’est-à-dire parallèlement à la voie romaine qui passe à quelques dizaines de mètres de là, et à un fossé contemporain fouillé à proximité immédiate), sont représentées par deux alignements parallèles de poteaux délimitant un espace légèrement trapézoïdal (largeur sud : 3,58 m ; largeur nord : 4,08 m ; longueur : 9,20 m). Les poteaux, à l’intérieur de ces alignements, ne respectent pas un écartement constant, mais font cependant face à ceux de la rangée opposée. La présence, dans le coin nord-est, d’un poteau redoublé, pourrait correspondre à une phase de réfection ou à une consolidation lors de la construction. Les fosses de creusement sont de formes diverses, le plus souvent proches d’un plan ovalaire ou quadrangulaire, mais on notera cependant l’absence, dans tous les cas, de pierres de calage. Les poteaux, lorsqu’ils sont décelables à l’intérieur de ces fosses (dans cinq cas seulement) possèdent une section rectangulaire ou bien ovale. Les poteaux de section ovale, de forte taille et placés dans l’alignement oriental, auraient pu faire supposer une extension des structures dans cette dernière direction, cet alignement pouvant correspondre alors à un support de faîtière. Cependant, le décapage de la zone située à l’est n’a apporté aucun élément susceptible de confirmer cette hypothèse. L’existence de cloisons, qui n’ont laissé aucune trace dans un sol par ailleurs fortement lessivé, reste problématique.
50L’intérêt d’une telle découverte est évident, quand on sait qu’il s’agit de l’exemple le plus complet mais aussi le plus tardif que l’on connaisse actuellement en Lorraine en ce qui concerne les structures légères. L’impossibilité de déceler les parois pose cependant un problème que seule une étude approfondie de la répartition du matériel, ainsi que la recherche d’éléments de comparaison, permettra peut-être de résoudre.
■ Corny-sur-Moselle, rue de la fontaine (Moselle)
51Ce gisement fait partie d’un important vicus gallo-romain s’échelonnant du Ier au IVe s. et établi sur une basse terrasse de la Moselle (+ 10 m) à proximité d’une voie longeant la rive droite16.
52La fouille de sauvetage entreprise par la Direction des Antiquités de Lorraine17 a permis de reconnaître plusieurs phases d’occupation. A la base se trouve une couche de La Tène finale sur laquelle se sont superposés deux niveaux gallo-romains, le premier étant daté de la première moitié du Ier s. et le second de la deuxième moitié du Ier s. de notre ère. Les niveaux supérieurs étaient constitués de cabanes et d’une cave en pierres sèches d’époque médiévale.
53Le premier niveau d’occupation gallo-romain intégrait des structures de terre à l’intérieur d’une construction en petit appareil, renforcée de place en place par de gros dés rectangulaires en calcaire. Les structures en terre, qui suivaient l’orientation générale, étaient constituées d’une paroi externe et de deux parois internes perpendiculaires. La cloison externe, qui se trouvait dans le prolongement de la façade de la construction de pierre (la jonction ayant cependant été détruite par une fosse de récupération médiévale) était constituée d’un solin de pierres et de tuiles non maçonnées surmonté d’une sablière matérialisée par une trace plus sombre entre les deux placages d’enduits. Le remplissage de cette paroi, dont la largeur variait entre 16 et 18 cm, était constitué d’un limon brun clair. Il n’a pas été possible de reconnaître des indices d’armature en bois. Les enduits, qui descendaient jusqu’au solin sur la façade extérieure, étaient constitués de deux couches de mortier. La première, épaisse de 1,5 cm et de couleur beige, présentait des traces pouvant correspondre à l’empreinte de baguettes verticales ou à des cannelures d’accrochage. Elle était enduite d’une seconde couche de mortier blanc, sommairement lissée, recouverte de peinture blanc-crème. Les deux parois internes étaient construites suivant le même principe, la seule différence notable étant l’absence de solin.
54Dans la surface reconnue, ces cloisons matérialisaient trois pièces. La première, délimitée sur un de ses côtés par un mur en pierre, était large de 1,60 m - le sol n’ayant pu être observé car il avait été bouleversé par un surcreusement médiéval. La seconde, large de 3,60 m, possédait un sol en argile jaune épais de 2 cm qui venait buter contre la base de la cloison. Seul l’angle nord-est de la troisième pièce a été reconnu. Le bâtiment se prolongeait dans la parcelle voisine, ce qui empêche de préciser ses autres dimensions.
55Le niveau d’occupation était recouvert sur l’ensemble de la surface fouillée d’une importante couche de tuiles18. Bien que ce niveau recouvre les pièces en structures légères, il est possible qu’il provienne uniquement de l’effondrement de la toiture des parties en dur. L’imbrication de murs de terre à l’intérieur d’une architecture en pierres constitue l’originalité de l’édifice découvert à Corny et peut être rapprochée d’exemples connus dans la vallée du Rhône.
Conclusions
56En moins d’une année, la documentation archéologique régionale sur les structures d’habitat gallo-romain à architecture de bois et de terre a été entièrement renouvelée, et chaque nouvelle opération apporte pratiquement de nouveaux témoignages de la présence de ce type de construction. Au-delà d’un constat d’existence, plusieurs questions se posent maintenant pour cet ensemble de données archéologiques, étroitement dépendant de l’état et des préoccupations de la recherche, en attendant de disposer d’un nombre suffisant d’observations qui permette de structurer l’image de ce « nouveau » type d’architecture domestique : peut-on caractériser l’architecture de bois et de terre en Lorraine, et comment envisager les rapports, dans l’organisation spatiale et la chronologie, des diverses catégories technologiques qui la composent ? Quelle est sa place dans les structures de l’occupation du sol, et en particulier dans la physionomie des relations ville-pagus du Haut Empire ? Enfin, quelle signification archéologique accorder au phénomène régional de l’architecture de terre, par rapport aux schémas traditionnels de la romanisation ?
57Aucun plan complet d’architecture de bois et terre n’a encore pu être observé en Lorraine. Cependant, et malgré un nombre d’observations encore très limité, les caractéristiques technologiques de ce type de construction paraissent relativement bien définies.
58Les structures à architecture de bois et de terre découvertes paraissent en premier lieu déterminées par des supports sur sablières de bois (huit cas attestés, quatre cas probables) ou sur solin (cinq cas attestés). L’association solin-sablière a été observée seulement dans deux cas, et peut-être à l’Arsenal Ney de Metz, mais paraît généralement probable dès lors qu’il existe un support sur solin (sur cinq cas de solin, deux associations sont attestées, trois probables). En l’état actuel des données, il est difficile de déterminer si, dans ces constructions de type Schwellenbau, les poteaux constituant l’armature des parois reposent sur la sablière, ou la traversent, de manière à ancrer la structure dans le sol. Quoi qu’il en soit, les dispositifs à sablières correspondent principalement à des murs à remplissage de clayonnage (quatre cas observés, deux probables), de même probablement que les supports à solin et sablière associés. Six cas d’adobe sont attestés aux Hauts-de-Sainte-Croix et au Pontiffroy à Metz, un est probable. Dans deux cas, ils sont associés à des supports sur solin, les autres exemples sans certitude sur la nature des éléments porteurs, probablement constitués par des sablières. En revanche, sur les six exemples d’adobe, trois sont en connexion avec des enduits de mortier, dont deux à enduits peints. Les structures à clayonnage ne présentent que trois exemples à revêtement et enduits peints, dont deux à mortier de terre. Le pisé n’est observé nulle part, ni à Metz, ni en Lorraine.
59Les parois en bois et terre sont associées principalement à des sols de terre (quinze cas attestés), de gravier damé (trois cas : sols extérieurs ?) ou éventuellement de bois (quatre cas : planchers internes ?). Les éléments d’aménagement intérieur sont surtout constitués par des foyers (quatre cas attestés, un probable). Une seule structure a indiqué l’existence probable d’une cave à l’intérieur du bâtiment.
60La nature des couvertures est difficile à déterminer, mais paraît, en règle générale, avoir été en matériaux périssables. La tuile n’est observée que dans quatre cas, et probable dans deux. Elle ne semble pas spécifique à ce type particulier de construction, adobe ou clayonnage.
61Malgré un nombre réduit de cas observés, le phénomène de l’architecture de bois et de terre est partout bien situé au Ier s. de notre ère, et paraît, a priori, centré sur la première moitié du siècle où il semble occuper une place prépondérante dans les types de construction domestique. Au stade actuel d’étude préliminaire des sites récemment découverts, il n’est pas possible de dégager des schémas de périodisation des types de structures relevées, car le caractère très ponctuel des observations ne permet pas de faire la part des éléments liés à la fonction ou au statut des bâtiments, et à leur place dans les différentes phases d’organisation de l’habitat. Ainsi, le rôle joué par la tuile dans les couvertures, attestée à Corny-sur-Moselle, à l’Arsenal ou aux Hauts-de-Sainte-Croix à Metz, est-il encore très difficile à cerner au regard d’une évolution chronologique. En revanche, les témoignages concordent pour établir un passage vraisemblablement général à l’architecture de pierre dans le courant de la première moitié du IIe s. ou à la fin du Ier s. de notre ère. Ce caractère pourrait être à mettre en relation, sur le plan régional, avec la chronologie de l’occupation que fournit la masse des habitats ruraux à structures appareillées, attestée, dans l’ensemble, seulement à partir du dernier quart du Ier s. ou de la première moitié du IIe s., et, dans la Gaule du nord-est, à une généralisation de l’architecture de pierre commençant aux alentours de l’époque flavienne. Les problèmes de continuité de l’architecture de bois et de terre au cours des IIe-IIIe s. sont encore difficiles à établir. Il se pourrait que des exemples tardifs, comme celui du bâtiment à trous de poteaux de Florange, bien que non en relation avec l’officine de céramique de Daspich, soient liés à des structures rattachées à une vocation artisanale (hangar, local de stockage?) et qu’ils cessent de présenter les caractères propres aux constructions du Ier s., marquées par des armatures sur solin ou sablière.
62La récente multiplication des observations d’architecture de terre en Lorraine fait ressortir le caractère non spécifiquement urbain de ce type de construction, puisqu’il est actuellement reconnu à la fois dans le chef-lieu de cité des Médiomatriques et dans des agglomérations rurales comme Corny-sur-Moselle, Bliesbrück ou Sion. La documentation fait encore défaut pour les établissements ruraux de type villa, mais il est très vraisemblable que cette situation est liée et à l’état de la recherche qui a privilégié dans ce domaine les structures maçonnées comme spécifiquement gallo-romaines et aux conditions de conservation des gisements, pour l’essentiel recensés en zones cultivées, où ils ont été soumis à une forte érosion agraire19.
63Quoi qu’il en soit, les sites à architecture de terre actuellement reconnus en Lorraine sont pour la plupart associés à des activités artisanales de métallurgie du bronze ou surtout du fer, association vraisemblablement conditionnée en partie par la structure des fonctions économiques de ces agglomérations dans le Ier s. régional. S’il est encore difficile de préciser si la présence de l’architecture de bois et de terre est liée ou non à la situation de quartiers à vocation spécifique dans l’organisation de chacun des espaces construits, le nombre de cas observés à Metz-Divodurum et leur chronologie toujours située dans le Ier s., nécessitent de réviser complètement le schéma de la morphologie urbaine du chef-lieu de la cité des Médiomatriques au début du Haut Empire, et par là de s’interroger non seulement sur la physionomie de la ville, mais aussi sur la structure de ses fonctions économiques et socio-politiques. L’image actuelle serait celle d’une vaste agglomération de bois et de terre, établie de part et d’autre du bras oriental de la Moselle, pour laquelle la généralisation des structures maçonnées apparaîtrait à partir de l’époque flavienne ou au début du IIe s.20. Ce schéma paraît correspondre à une évolution d’ensemble, bien mise en évidence dans l’architecture des implantations rurales de type vicus ou villa du domaine rhénan21, jusqu’au Bade-Wurtemberg22.
64Dans ce contexte, il est vraisemblable que les premiers témoignages régionaux d’architecture de bois et de terre soient à différencier des exemples romanisés attestés en vallée du Rhône, en milieu de type urbain. Les structures observées en Lorraine, en effet, se rattachent au type du Schwellenbau, qui se développe à partir de La Tène finale dans les oppida du nord-est, comme Etival-Clairefontaine, dans les Vosges, ou surtout bâle-Munsterhügel23. Ce dispositif, à poteaux implantés sur sablière, ou, plus souvent, traversant le support, paraît connaître une grande expansion au cours du Ier s. de notre ère, et concerne les implantations rurales et les constructions agglomérées aux premières installations militaires du Limes, comme Xanten, Vindonissa ou encore Oberaden24.
65C’est peut-être dans le cadre d’un ensemble du nord-est de la Gaule, englobant les vallées du Rhin et de la Moselle jusqu’au Palatinat, que doit être située l’évolution de l’architecture de bois et de terre du Ier s. régional. Il s’agit visiblement ici d’une zone culturellement cohérente aux Ier-IIe s. de notre ère, marquée principalement par un registre typologique de la céramique centré sur la Rhénanie25, par des schémas architecturaux communs, en particulier dans le domaine des villas26 et en général par une évolution architecturale homogène du Ier au IIe s. Ce domaine d’extension, qu’il conviendrait de préciser vers l’ouest, paraît d’ailleurs directement hérité des circuits de diffusion culturelle mis en place à partir du second Age du Fer, et principalement de La Tène finale. Aussi, et pour le secteur géographique qui nous intéresse ici, la question du lien de l’architecture de bois et de terre à une introduction de la romanisation, ou au contraire à une perduration du fonds indigène, ne paraît pas devoir se situer au centre du problème : c’est en effet plus l’impact de la tradition académique attachée à l’archéologie classique27 qu’une démarche purement archéologique qui contribue encore à poser la romanisation comme une rupture culturelle décisive, à valeur historique, rupture introduisant de nouveaux modèles de culture et de société à côté desquels ne pourraient subsister que des survivances d’ampleur locale. Ne serions-nous pas confrontés, à l’inverse, à un problème de définition des critères archéologiques d’une évolution des faciès régionaux de la fin du second Age du Fer au cours du Ier s., dans laquelle la romanisation correspondrait plus à la superposition progressive de nouvelles structures socio-politiques qu’à un bouleversement culturel fondamental ? L’architecture de bois et de terre que nous découvrons maintenant largement en France - comme celle des Pays-Bas, de l’Allemagne, de la Suisse, ou encore de la Grande-Bretagne - peut, en ce sens, constituer l’amorce d’une nouvelle approche des cultures régionales du Ier au IVe s. de notre ère, et l’amorce d’une archéologie gallo-romaine dont le caractère « classique » ne serait pas fatalement contradictoire avec la démarche méthodologique de l’étude des périodes chronologiques voisines, de la Protohistoire récente et du Haut Moyen Age.
Notes de bas de page
1 BILLORET (R.). — Informations archéologiques : circonscription de Lorraine. Gallia, 24, 1966, p. 302.
2 LUTZ (M.). — L’Officine de céramique gallo-romaine de Mittelbronn (Moselle). Gallia, 17, 1969, p. 108.
3 SCHLEMAIRE (G.). — Fouilles de sauvetage au Pontiffroy à Metz en 1973, cave S. 1. Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de la Lorraine, LXXIV, 1974, p. 19.
4 BILLORET (R.). — Informations archéologiques : circonscription de Lorraine. Gallia, 26, 1968, p. 374 ; BILLORET (R.). — Informations archéologiques : circonscription de Lorraine. Gallia, 28, 1970, p. 284.
5 HATT (J.-J.). — Informations archéologiques : circonscription de Strasbourg. Gallia, 16, 1958, p. 324 ; HATT (J.-J.). — Dix ans de fouilles en Moselle. Archeologia, 70, 1974, p. 38.
6 Pour la connaissance générale de Metz antique, cf. : FREZOULS (E.) ... [et al.]. — Les Villes antiques de la France I. Belgique 1. Strasbourg, 1982, pp. 235-350. LEFEBVRE (Cl.) et WAGNER (P.-E.). — Metz antique. Remarques sur la connaissance de l’organisation spatiale du fait urbain. In : Les Villes de la Gaule belgique du Haut-Empire, Actes du Colloque de Saint-Riquier, 22-24 octobre 1982. Revue archéologique de Picardie, 1984, 3-4, pp. 149-169.
7 Le chantier de sauvetage a été dirigé en juin-juillet 1983 par Claude Lefebvre et à partir d’août 1983 par Ph. Brunella. La parcelle voisine avait été explorée par J.-J. Hatt en 1957-1958.
8 Direction : M.-D. Watton, ingénieur à la D.A.H.L. Équipe de fouille : V. Blouet, C. Dreidemy, J.-C. Ducamps, O. Faye, M. Fleck, L. Gebus, F. Heller, S. Jacquemot, P. Mervelet et L. Olivier, conservateur des Antiquités historiques.
9 Cf.: CONSTANTIN (C.), COUDART (A.), DEMOULE (J.-P.). — Villeneuve-Saint-Germain/Les Grandes Grèves : les bâtiments de La Tène III. Revue archéologique de Picardie, numéro spécial, 1982, p. 199.
10 Dessin de L. Olivier, conservateur à la D.A.H.L.
11 Après un premier sauvetage urgent dirigé par P. Brunella en 1981, une autorisation de sauvetage programmé permet à D. Heckenbenner (en collaboration avec C. Lefebvre et le groupe universitaire messin de recherche archéologique) d’explorer le site de manière systématique depuis 1983.
12 Une série de sondages ont été effectués en mars 1984 sous la conduite de L. Olivier, conservateur à la D.A.H.L. ; une campagne de fouilles doit s’ouvrir dès l’été 1984.
13 Nous tenons à remercier J. Schaub et J.-P. Petit, responsables de la fouille, qui nous ont communiqué les éléments nécessaires à la rédaction de cette note. Voir aussi : SCHAUB (J.), PETIT (J.-P.). — Dans l’Antiquité, Bliesbruck en Moselle, bourgade gallo-romaine. Sarreguemines, 1984, pp. 24-25.
14 Ce sont des travaux d’édilité qui ont conduit récemment L. Olivier, conservateur à la D.A.H.L., à entreprendre une fouille de sauvetage.
15 Des travaux de la SOLLAC ont conduit L. Olivier (D.A.H.L.) et J.-P. Legendre à réaliser une fouille de sauvetage en 1984, qui a permis de dégager des structures sur 8 000 m2. La fouille a été réalisée par une équipe composée de I. Boehm, M. Fleck, C. Dreidemy, L. Gebus, P. Mervelet (vacataires) et H. Morabito, M. Seilly (bénévoles).
16 Cette donnée n’a pas encore été publiée à ce jour.
17 Nous tenons à remercier le propriétaire M. Villers ainsi que Mme-Blouet qui, par leur diligence et leur gentillesse, ont permis de mener à bien cette fouille. Ont participé de façon suivie à la fouille : V. Blouet, I. Boehm, M. Fleck, F. Heller, J.-P. Legendre, M. Milutinovic.
18 Parmi ces tuiles, près d’une trentaine de tegulae portent l’estampille OPTATUS POLLAE SER (vus), encadrée de deux palmettes, dans un cartouche rectangulaire. De telles estampilles, découvertes à Corny, ont été publiées par : GUILLAUME (J.). — Cahiers Lorrains, 4, nouvelle série, octobre 1972.
19 Sur la présence de superstructures en terre établies sur solins, actuellement arasées par les cultures, cf. : AGACHE (R.), BREART (B.).— Atlas d’archéologie aérienne de Picardie : La Somme protohistorique et romaine. Amiens, 1975; AGACHE (R.).— La Somme pré-romaine et romaine. Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, XXIV, 1978, pp. 263-266.
20 FREZOULS (E.) ... [et al.].— Les Villes antiques de la France I. La Belgique 1. Strasbourg, 1982, p. 339. HATT (J.-J.). — Résultats historiques et perspectives nouvelles ouverts par les fouilles stratigraphiques dans le nord-est de la Gaule. In : Thèmes de recherches sur les villes antiques d’Occident, colloque interne du C.N.R.S., no 542, Strasbourg, 1971. Paris, 1977, p. 220. LEFEBVRE (CI.) et WAGNER (P.-E.). — Metz antique. Remarques sur l’organisation spatiale du fait urbain. In : Les Villes de la Gaule Belgique du Haut-Empire, Actes du Colloque de Saint-Riquier, 22-24 octobre 1982. Revue archéologique de Picardie, 1984, 3-4, pp. 149-169.
21 CUPPERS (H.). — Les Trévires et Auguste Trevorum. In : La Civilisation romaine de la Moselle à la Sarre. Paris, 1983, pp. 24-27.
22 FILTZINGER (P.), PLANCK (D.), CAMMERER (B.). — Die Römer in Baden-Wurtemberg. Stuttgart, 1976, pp. 535-562.
23 DEYBER (A.). — Les Structures d’habitat laténien des peuplades préromaines du nord-est de la Gaule : point des connaissances, problèmes et directions de recherches. In : Les Structures d’habitat à l’Age du Fer en Europe tempérée. L’évolution de l’habitat en Berry, actes du colloque de Châteauroux, 1978. Paris, 1981, pp. 94-97 ; BERGER (L.), FURGERGUNTI (A.). — Les Sites de l’« usine à gaz » et de la colline de la cathédrale à Bâle. In : Les Structures d’habitat à l’Age du Fer en Europe tempérée. L’évolution de l’habitat en Berry, actes du colloque de Châteauroux, 1978. Paris, 1981, pp. 173-186.
24 PETRIKOVITS (H. von). — Die Ausgrabungen in der Colonia Ulpio Traiana bei Xanten : die Ausgrabung der Kernsiedlung und der Uferanlanger (1934-1936). Bonner Jahrbücher, 152, 1952, p. 41 et suiv. ; Jahresbericht der Gesellschaft Pro Vindonissa. — 1972, 25. ALBRECHT (C.). — Das Römerlager in Oberaden und das Uferkastell Beckinghausen an der Lippe. Il, 1, Dortmund, 1938, p. 19 et suiv.
25 GOSE (H.). — Gefässtypen der römischen Keramik im Rheinland. Köln, 1978.
26 Bâtiments à pièce centrale, ouvrant par un auvent, qui évolue en portique à partir de la fin du Ier s. (villas à galerie-façade) avec extension symétrique des ailes latérales. Sur la typologie des villas du nord-est à pièce centrale : LE GLAY (M.). — La Gaule romanisée. In : Histoire de la France rurale. T. 1, Paris, 1975, pp. 216-217.
27 SCHNAPP (A.). — Archéologie et tradition académique en Europe aux XVIIIe et XIXe s. Les Annales, 5-6, 1982, pp. 760-777.
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