2. Le haut et le bas
p. 61-84
Texte intégral
C’était un « plus » comme on dit. C’était un truc qu’on pouvait raconter, qui ne pouvait arriver qu’à vous. Il n’y en avait pas tellement qui y passaient malgré tout. On en parlait beaucoup, mais il y avait la fierté d’avoir connu quelque chose que les autres n ‘avaient pas connu. Un peu comme les filles qui avaient leurs règles et celles qui ne les avaient pas encore. C’est plus de ce niveau-là. C’est-à-dire que ce n’est pas du mépris mais c’est que les autres connaissaient quelque chose que nous, on ne connaissait pas. C’est une expérience qu’elles avaient et que les autres n’avaient pas.
1En fait d’expériences singulières, tout à la fois dramatiques et violentes, certains enfants ont subi bien pire que les amygdalectomies et appendicectomies mais sans en retirer le même bénéfice quant à leur statut, à leur reconnaissance. De multiples fractures du bassin assorties d’un sérieux risque de paralysie obligèrent un jeune garçon à une très longue convalescence, dans une totale immobilité. Et c’est dans la plus parfaite indifférence que s’effectua son retour à l’école. Aucune curiosité ne sollicita le moindre récit. Aucune admiration. Aucune attention. Loin de faire cercle autour de lui pour écouter son histoire, on le traita en véritable « boulet ».Trop faible pour prendre part aux jeux, on laissa aux filles le soin de le distraire. Ne se souvenait-on pas d’ailleurs d’un détail croustillant et bien peu valorisant dont le rappel ne lui fut pas épargné : on lui avait posé un « petit tuyau pour faire pipi » ! Vingt ans plus tard, il ne reste rien de cette expérience. Les camarades l’ont oubliée ; plus étonnant encore, l’intéressé lui-même doit faire un réel effort de mémoire pour, finalement, ne rappeler que de vagues souvenirs. On serait tenté d’objecter qu’il n’y a pas là deux expériences parfaitement similaires : « simple plâtre » d’un côté, opération de l’autre. Peut-être manque-t-il à la première tout ce qui fait la valeur de la seconde : le sang, la douleur, le « massacre », la cicatrice. Certes, mais cet autre, lui, a connu deux opérations : une amygdalectomie à l’âge de huit ans et deux ans après, une nouvelle intervention à la suite d’une ostéomyélite. Quant à la douleur ressentie, la seconde n’a rien à envier à la première. « Je ne peux pas te dire comme j’ai eu mal. Tu ne peux pas l’imaginer. A hurler ! J’en ai déchiré les draps. Mais, bon, il fallait en passer par là sinon j’y restais. » Cependant, là encore, l’admiration des camarades n’est pas fonction de la gravité. Avoir frôlé la mort et vécu « un véritable martyre » ne lui ont valu, à lui aussi, qu’indifférence. « Qu’est-ce que tu voulais qu’ils en disent ? Ils s’en foutaient pas mal ! C’était à moi que c’était arrivé, pas à eux. » Indifférence que lui-même a cultivée : « J’en avais assez vu à l’hôpital. Je n’avais pas envie de le raconter. Je préférais l’oublier. » Il y a bien là des expériences « qui ne peuvent arriver qu’à vous » — leur extrême rareté en témoigne — mais elles n’apportent pas « le truc en plus ». C’est ailleurs qu’il faut chercher le sens des petites ablations enfantines, sens que n’éveillent pas d’autres interventions. D’une part, il s’agit non pas de « simples » opérations, mais d’amputations, de suppressions. D’autre part, ce n’est pas, semble-t-il, l’intervention elle-même, sa durée, sa violence, sa gravité qui font sens, c’est aussi et surtout son siège, la partie du corps, les organes qui sont atteints.
Les lieux du corps enfantin
2Difficile, à première vue, de poser une quelconque unité. Nez et gorge d’un côté, bas-ventre de l’autre, les opérations enfantines frappent deux lieux visiblement opposés. Or, faisant fi de leur situation, le langage trivial les confond, utilisant l’un pour désigner l’autre. « J’ai les boules », « tu me les gonfles », « tu me fous les glandes », ces expressions, accompagnées d’un geste qui désigne ouvertement les glandes du cou, font en fait clairement référence aux testicules, les plaçant dans une relation d’équivalence et parfois même d’échange. N’affirme-t-on pas que parfois, « elles remontent jusque-là » ? Plus que de simples métaphores il s’agit là d’une représentation du corps et des relations qu’entretiennent ses différentes parties, relations particulièrement sensibles dans certaines pathologies de l’adulte. Ainsi en est-il des oreillons qui changent de siège et de sens en fonction de l’âge du patient. On n’hésite pas à provoquer la contagion chez les plus jeunes, en une sorte de vaccination, car tout le monde le sait, « il vaut mieux les avoir quand tu es petit ». D’abord bénigne, l’affection s’aggrave au fil des ans.
Mes deux frères et moi, on les a eus en même temps. Mon petit frère, Roger, les a ramassés et carabinés même ! Tu ne voyais plus s’il avait un cou, tellement ça avait gonflé. Mais il n’était pas malade du tout ! Il courait partout, il sautait sur le lit, ma mère ne pouvait pas le tenir. Tandis que Jean-Louis, ça l’a mis complètement à plat. Mais on n’aurait pas dit que c’était grave parce que ça se voyait moins qu’à Roger. Lui est resté deux mois à traîner la patte. D’ailleurs, il ne mangeait plus, il avait maigri. Remarque que Jean-Louis était déjà plus âgé, il devait avoir douze ou treize ans. C’était la limite déjà.
3La proximité de la puberté explique cette difficulté à surmonter la maladie. En effet, personne n’ignore que « les oreillons, chez l’homme, c’est grave, enfin même chez les jeunes hommes, les adolescents aussi risquent gros ». On redoute ouvertement qu’ils n’entraînent la stérilité, point sur lequel savoirs commun et médical s’accordent parfaitement (Lambert 1951). En fait, ceux qui ont approché des adultes savent ce que les oreillons signifient à cet âge et pour ce sexe.
Il y a eu une épidémie d’oreillons dans la caserne ! La tuile quoi ! Parce que quand on fait le service, c’est formé déjà, on est déjà un homme. On devait rester au lit, en quarantaine, pour que ça ne s’aggrave pas. Bref, il y en a, pour faire les malins, qui ont profité de la permission pour sortir. Ils sont allés faire les hommes, draguer les nénettes. Et le lendemain, malades comme des chiens ! Pendant quelque temps, tu ne fais pas le malin. Tu ne risques pas de courir les jupons. Les filles sont tranquilles. Tu ne ferais pas de mal à une mouche. Heureusement après ça revient. Mais sur le coup... Mes deux copains, par contre, eux non, ce n’est pas revenu. Ils sont carrément impuissants. Ils ne peuvent plus rien faire. Ça ne marche plus. D’ailleurs, ils n’ont plus rien pratiquement. C’est que ça ne pardonne pas les oreillons, surtout à cet âge. Il y en a même un qui en est mort ! Et les deux autres, les pauvres, ils n’ont plus rien, c’est tout petit, tout ratatiné, sec si tu veux.
4Impuissance, destruction des organes génitaux, ces séquelles s’expliquent par le siège même de l’affection. Si chez l’enfant, la terminologie est encore nosographie, désignant la maladie par son siège, la gorge, les oreilles, ce n’est plus vrai chez l’adulte. L’affection du cou n’est que très secondaire. C’est ailleurs que frappe le mal.
Mon voisin les avait eus, je l’entendais hurler d’ici ! Des hurlements ! Ce qu’il faut bien voir, c’est que ça a des répercussions graves, chez un homme du moins, que ça n’a pas chez un enfant ou même une femme. Parce que les testicules gonflent, automatiquement, c’est logique. Croyez-moi si vous voulez, j’en ai vu un, le pauvre, les testicules étaient devenus gros comme des assiettes, des assiettes à soupe, vous m’entendez, pas des soucoupes encore. D’ailleurs, dans le lit, il était les jambes grandes écartées pour qu’elles aient la place. Deux gros melons. Alors forcément après, vous êtes impuissant, surtout quand ça devient comme ça. Tous les vaisseaux se détendent, éclatent. Et après quand c’est fini, les vaisseaux, les tissus, les chairs, tout est détruit, tout a séché. C’est le mot, c’est sec. Je lui ai fait la toilette, les bourses qui pendouillaient, il n’y avait plus que la peau qui entoure les testicules, plus rien dedans. C’est malheureux pour lui mais il n’avait plus rien dans le pantalon. La gorge, je vous dis, ce n’est rien. C’est surtout les testicules qui en prennent un sérieux coup.
5Si les femmes n’ont rien à craindre des oreillons, elles n’en sont pas moins soumises à d’autres relations parfaitement indiscrètes puisque manifestes pour un œil non expert. « Une boule grosse comme un œuf sur le côté du cou, bleue, violacée » devient l’indice d’« une infection des ovaires carabinée », « un mal à la gorge » persistant accompagné d’« amygdales qui avaient triplé de volume », le signe d’« une cochonnerie mal placée, des champignons ».
6Ces infections, ces oreillons affirment donc l’équivalence entre les glandes du haut et du bas ; également sensibles à la même maladie, elles réagissent de la même façon : gonflement et douleurs. Qu’une même maladie atteigne de manière semblable des organes aussi différents introduits entre eux une nécessaire similitude. Mais cette équivalence n’est pas simultanée. Elle se construit au fil du temps. Dans l’affection ourlienne, c’est entre glandes rhinopharyngées de l’enfant et testicules de l’adulte que s’établit l’analogie. Ces relations, la médecine les a depuis fort longtemps esquissées concernant l’appareil génital féminin d’abord1. Si elle utilise les « goûts » de la matrice, « attirée par les parfums et repoussée par les odeurs nauséabondes », la cure de l’hystérie s’appuie aussi sur ces liens privilégiés entre les différents lieux du corps (Charuty 1987 : 49-50). Et la terminologie ne fait que confirmer la relation à propos du sexe des femmes. Après l’avoir longtemps pourvu d’une bouche, on lui reconnaît encore des « lèvres », petites et grandes. Dans le symbolisme psychanalytique, le « vagin denté » confond définitivement les deux bouches, tout comme le langage trivial met en scène des femmes « gloutonnes » ou « gourmandes », des « croqueuses d’hommes. » Ne parle-t-on pas d’« appétit sexuel », expression plus spécialement associée à la sexualité féminine2 ? Enfin, les contes licencieux jouent de cette ambiguïté, explorant toutes ses possibilités, s’interrogeant pour savoir laquelle des deux bouches, celle d’en haut ou celle d’en bas, est la plus âgée3. Cette analogie, la médecine l’a étendue aux organes eux-mêmes. Il ne s’agit plus de métaphores mais d’anatomie et de physiologie. « Les relations des organes génitaux et de ceux de la poitrine ne s’expliquent point par l’anatomie : mais tous les faits de pratique l’attestent. Les maladies des aines et celles du poumon, l’état des testicules et celui de la trachée, ou du larynx, les affections de l’utérus et des mamelles, par la manière dont on les voit se produire mutuellement ou se balancer, ne permettent pas de méconnaître ces relations particulières4. » Mais Cabanis avoue ne pas pouvoir en donner une explication cohérente, rationnelle. Cette lacune, l’endocrinologie, dès le début de ce siècle, va la combler. Elle introduit une nouvelle compréhension du corps, placé non plus sous le seul empire des organes, notamment sexuels, mais soumis à l’influence de petites glandes disséminées dans l’organisme. Elle va offrir une grille de compréhension, une structure à ce que Cabanis avouait seulement pressentir, donnant des supports et des raisons biologiques à ces relations depuis fort longtemps explorées. En effet, son émergence — et sa diffusion extraordinairement rapide dans les représentations communes qui, nous l’avons vu, étaient toutes prêtes à l’accueillir — va permettre non pas tant de réorganiser le questionnement que de le créer, tout en essayant d’y répondre. Ainsi, c’est au terme d’un très long récit où Odette décrit l’ablation des amygdales qu’ont subie son mari et ses deux enfants, suivant le fil de sa propre réflexion, qu’est venue spontanément cette réflexion.
Maintenant, est-ce que ça a une incidence sur le comportement ? Je ne crois pas. Mes enfants se gênaient pas pour me dire : « Bon, té, hier soir, crac ! » Même, quelquefois, amener une fille à la maison. Alors, sur le plan sexuel, je ne pense pas que ça fasse quelque chose. Mais peut-être que sur certains êtres, effectivement, ça peut faire quelque chose. On dit que quand on vous opère de la thyroïde, ça n’agit plus du tout. Pendant quelque temps, certainement, oui mais je pense qu’au bout de six mois, un an, ça repart. Je connais des gens qui ont été opérés de la thyroïde et qui ne pouvaient plus rien faire pendant un an, un an et demi et puis au bout de deux ans, ça revient. Maintenant, les amygdales, ça a été prouvé qu’effectivement oui et je pense que c’est plutôt à la baisse. D'ailleurs, on en avait parlé avec le docteur et il avait dit : « Vous savez, on ne tient pas tellement à enlever les amygdales parce qu’on ne sait pas si ça ne jouerait pas. » C’est bien qu’il y avait quelque chose, que ça devait agir d’une façon ou d’une autre. Oui, ça joue, c’est sûr.
7Pour penser l’influence des amygdales sur la sexualité, un détour a été nécessaire. Mis en relation directe, le fait était impensable mais la thyroïde surgit qui donne forme et sens à ce qui, sans elle, est impensable, impossible à démêler pour notre témoin qui, sans y prétendre, fait écho à un savoir assez récemment affirmé5. C’est donc toute une compréhension de la physiologie enfantine, de la croissance du corps qui est mise en œuvre au cours de ces petites chirurgies. Compréhension qui s’appuie sur une vision du corps, de ses différents organes et de leurs relations particulières. Loin des rhumes et des angines, c’est toute une pensée de l’organe et de la croissance qui se met en place dans les esprits et dans les corps.
Les normes de l’enfance
8Si ces petites ablations sont plus fréquemment pratiquées aux premiers temps de la vie, c’est que, comme on me l’a souvent affirmé, « l’appendicite et les amygdales sont des problèmes de l’enfance et de la jeunesse. Ça ne concerne pas tellement les adultes et encore moins les vieux. » En effet, ces organes ne sont pas stables tout au long d’une vie. Mais si tout le monde leur reconnaît une tendance très nette à l’hypertrophie au cours de l’enfance, on ne s’accorde pas sur son sens. Pour certains elle s’inscrit dans le cadre d’une pathologie. « Usines à microbes », « porte d’entrée des virus », « réservoir permanent de germes » (Anonyme in Téléstar 1993 :10), elles s’infectent, grossissent, donnent lieu aux rhumes... Pour d’autres, le gonflement n’a rien de pathologique ; il serait un état fréquent chez l’enfant, inhérent à sa physiologie, indépendant de toute pathologie6. Comme c’est souvent le cas, ces deux conceptions ne s’excluent pas, elles se complètent. L’opinion la plus fréquemment admise est que ces glandes sont plus importantes chez l’enfant, par leur volume et par leur action. Leur vigueur naturelle est telle qu’il est vain de pratiquer l’opération sur des enfants trop jeunes car « elles repoussent à tous les coups ». La précocité de l’ablation ne créerait-elle pas un vide physiologique, une sorte d’impasse que le corps devrait sans cesse essayer de combler mais de manière de moins en moins active au fil des années ? En effet cette remarquable vigueur se révèle passagère ; « n’ayant plus aucune fonction importante à remplir (...), elle entre en régression » (Boutot 1927 : 38), involution qui advient dès l’âge de sept ans pour certains ou, le plus souvent, au moment de la puberté. C’est aussi ce qui se passerait pour les végétations, selon un récent article de vulgarisation, qui les qualifiait de « provisoires7 ». L’appendice connaît semblable phénomène. On n’a pas hésité à le mesurer pour en conclure que les « appendices infantiles, normaux, indemnes de lésions » sont plus « gros » que chez l’adulte, « deux fois plus gros » (Boulanger 1913 :12). Et encore, ne s’agit-il là que d’organe sain. Rappelons que sa pathologie, l’appendicite, est indissociable d’un accroissement du volume de l’organe. Logiquement, les crises sont plus spécialement attachées à l’enfance. « C’est vraiment à partir de cet âge (cinq ans) et jusqu’à douze ans qu’elle apparaît comme une redoutable affection et bien plus fréquente que chez l’adulte. » (Bérard et Vignard 1914 :690.) Cette évolution parallèle de l’appendice et des glandes rhinopharyngées n’est pas une exception. D’autres glandes, on le sait, la connaissent, le thymus par exemple. « Son volume augmente jusqu’aux frontières de la puberté, en moyenne jusqu’à l’âge de quatorze ans ; et (...) plus tard (il) s’atrophie rapidement. (...) La glande pinéale subit une involution histologique très rapide et, d’une certaine façon, parallèle à celle du thymus. Comme celui-ci, à partir de la puberté (...) l’épiphyse commence à dégénérer. » (Maranon 1945 :90-93.)
9Mais l’histoire de ces glandes, semblable à celle des petits organes que l’on supprime, n’a pas manqué de poser problème car elle s’oppose à une certaine perception de l’évolution temporelle du corps. La profonde tristesse que ressentit cette jeune femme lors de son trentième anniversaire parce que désormais « c’était fini, elle prenait la pente » est en tout point conforme à l’opinion des médecins qui considèrent que la vie peut être représentée sous la forme d’une courbe, ascendante jusqu’à trente ans, descendante ensuite : le corps se développe jusqu’à l’âge de la maturité puis commence « l’involution », qui concerne tant le physique que la psychologie8. Le cas de ces glandes est alors d’autant plus étonnant qu’elles entrent en régression au moment même où le corps fait preuve d’une remarquable effervescence. En effet, la puberté devient, sous la plume de Cabanis et de ses contemporains, un moment de véritable « explosion physiologique » qui « introduit dans le système une série nouvelle de mouvements », « les solides ont plus de ton, le stimulus répandus dans chacun des fluides (prennent) une activité plus considérable » (Cabanis 1802 :272-278). L’endocrinologue considère plus prosaïquement que les glandes « entrent dans une période d’hyperactivité constructive. » (Heller 1949 :54.) Les médecins se sont beaucoup interrogés sur le sens et les raisons de cette dégénérescence, sans y apporter de réponse satisfaisante, répétant inlassablement les mêmes observations. Toutes ces glandes « paraissent (...) avoir une activité limitée à la vie prépubérale et, par conséquent, opposée à la vie géni taie. » (Maranon 1945 :90.) D’ailleurs, ils l’avouent, « nous ignorons le mécanisme du phénomène. » (ibid. : 93.) Et la question de fond reste posée : qu’est-ce qui détermine cette disparition ? Quel rôle reconnaître qui expliquerait cette régression anachronique alors même que le reste du corps se développe ?

Glande unique mais énorme, le thymus (F), chez ce fœtus, est aussi volumineux que les poumons (G) (d’après Kulm, L’Encyclopédie Diderot et d’Alembert, « Anatomie »).
3. Jeune enfant, gros thymus
10Cette utilité, qu’ont en commun glandes rhinopharyngées, appendice et thymus, c’est dans les situations de crise qu’il nous faut la chercher, lorsque ces glandes ont persisté au-delà de la puberté, l’anomalie brossant alors un tableau de la normalité. « De ces relations inter-glandulaires, celle qui apparaît la plus constante et la plus claire est celle de l’hyperplasie du thymus dans l’insuffisance génitale : la castration expérimentale, ou la lésion spontanée des gonades, dans notre espèce, provoque invariablement l’hypertrophie du thymus. » (ibid. : 90-96.) Mais laissons là ces modernes médecins de Molière, empêtrés dans leur obscur jargon, face à des conclusions fort embarrassantes, pour nous tourner vers mes interlocuteurs. N’ont-ils pas fait semblables observations ? En effet, au travers de leurs récits, « l’hy-pogénitalisme », le blocage de la sexualisation est bien une des conséquences des amygdales et autres petits organes « laissés sans soins ».
Un être en devenir
11Un des symptômes des troubles amygdaliens est un blocage de la croissance physique de l’enfant. C’est bien parce que son fils « n’avait pas d’appétit », « était maigre comme un clou » que celle-ci a consulté un médecin. En effet, « ça gêne pour l’appétit, pour le développement d’un gosse. Un gosse, c’est dodu en général. Alors quand ils ne mangent pas, avant surtout, on pensait que c’étaient peut-être les amygdales9. » L’appendice est tout aussi nuisible. « Chantal était petite, maigre, elle ne mangeait pas. Ce n’était pas une gosse en bonne santé. Et puis d’un jour à l’autre, on l’a opérée. Et elle a poussé en un rien de temps. C’est fou ce que ça y a fait. » Bien qu’indispensables pendant les premières années de la vie, ces petits organes jouent avec le temps le rôle de barrière sur laquelle butte l’enfant, comme s’ils détournaient l’énergie nécessaire à sa croissance. Ainsi, Suarez de Mendoza, traitant des « résultats de l’opération » des végétations adénoïdes, à grand renfort de tableaux et de calculs, affirme qu’« aujourd’hui, presque tous les auteurs sont d’accord que la croissance, restée un temps stationnaire chez les enfants atteints de l’hypertrophie des amygdales palatines, repart plus vivement après l’ablation. (...) Un sujet opéré de tumeurs adénoïdes présente un mouvement de croissance presque triple pendant les quelques mois qui suivent l’opération » (Suarez de Mendoza 1906 : 194-197). Comme un ressort trop longtemps et trop fortement comprimé, l’enfant connaît alors une expansion sans précédent. Ce développement miraculeux ne veut pas dire uniquement grandir mais également acquérir des formes définitives, un corps sexué en somme. Et c’est bien ce qui se passe après l’opération. « Il paraît que j’ai fait une poussée de croissance après. J’avais grandi. Oh oui ! Grandi et grossi en plus. C’est de là que j’ai commencé à grossir. » Elle précise d’un geste, désignant hanches et fesses. En effet, il faut entendre cette métamorphose comme l’accès à l’état nouveau de fille « formée », de jeune fille qui a « des formes ». D’ailleurs, l’appendicectomie apparaît au travers de mes enquêtes comme une opération « de femmes », liée aux moments essentiels de leur vie. La puberté d’abord. Parmi mes interlocuteurs opérés de l’appendice, la plupart était des interlocutrices. Et toutes ont été opérées entre douze et quatorze ans. C’est à la ménopause que réapparaît l’appendicectomie. L’hystérectomie, la fameuse « totale », s’accompagne très souvent, je l’ai déjà évoqué, de l’ablation de l’appendice, sans raison apparente, simplement parce qu’ainsi les opérées « seront tranquilles ». Cette opération du bas-ventre, pratiquée à la puberté et à la ménopause, au début et à la fin du cycle menstruel, est étroitement liée à la vie sexuelle de la femme. Elle participe, voire préside, à l’élaboration du sexe féminin.
12Ces opérations, en supprimant ces blocages, ouvrent au corps la voie de l’âge adulte et de la vie sexuelle. Elles lui permettent tout à la fois de se transformer sous l’impulsion d’une sexualité naissante et d’affirmer cette même sexualité. A la suite de ces ablations, on devient vraiment homme ou femme. N’oublions pas que c’est à partir de sept ans que l’on commence à les pratiquer, mais que c’est aussi l’âge où l’on attribue aux enfants les tâches propres à leur sexe. Contemporains, ces deux faits relèvent du même souci.
13D’ailleurs la métamorphose qu’inaugurent ces petites ablations n’est pas uniquement — et sans doute pas essentiellement — d’ordre physique. Si le corps est concerné, l’esprit ne l’est pas moins. En effet, certain symptôme très fréquent de l’affection rhinopharyngée, la béance de la bouche, fait naître de graves doutes. « Benoît a été en avance pour marcher, même pour parler. C’est un surdoué, ce gosse. Et c’est bizarre parce qu’il a toujours la bouche un peu ouverte. Intelligent comme il est, c’est qu’il doit avoir les végétations ou les amygdales. » C’est qu’en effet, « avoir la bouche bée » n’est pas ordinairement associé à une intelligence fulgurante. « Quand on m’a dit que Pierre s’était marié et en plus avait un gosse, je suis tombée sur le derrière. Je ne l’aurais jamais cru, couillon comme il était ! Petit, il n’avait pas l’air malin, le pauvre. Bouche bée tout le temps, à gober les mouches, la langue entre les dents, toujours l’air de tomber des nues. Tu lui parlais, il ne te répondait pas, tellement il était timide. Bête mais bête à manger de la paille. A se demander s’il n’était pas un peu mongolien même, tellement il avait l’air idiot. » Inquiétude que ne font qu’accroître des « déformations significatives de la face » qui « se retrouvent au complet chez les dégénérés » (Suarez de Mendoza 1906 : 23) et « donnent au malade cet air étonné, hébété, inintelligent, stupide qu’on connaît sous le nom de “faciès adénoïdien” » (ibid. : 41-43), déformations telles que, selon Suarez de Mendoza, le visage de l’adénoïdien « ne présente plus aucune expression » (ibid. : 43). Que certains aient soupçonné 1’« hypertrophie (d’être) la cause de la débilité » (ibid : 22) n’est guère surprenant car, à un physique disgracieux, le végétant joint de profonds « troubles de l’articulation et de la phonation » (ibid. : 39). « Un enfant (...) avait l’habitude de dire (...) : “Baba, j’aibe bed bossieur, il d’est pas béchad, bais allod dous ad, je d’ai plus bal.” (Maman, j’aime bien Monsieur, il n’est pas méchant, mais allons-nous en, je n’ai plus mal.) » (ibid. : 38-39.) Ainsi le trouble vocal causé par l’affection adénoïdienne rend l’enfant incompréhensible pour tout autre que ses proches qui en ont l’habitude. Il semble régresser ou au moins végéter. Ce que semblent confirmer ses résultats scolaires. N’a-t-il pas des « difficultés à acquérir et à assimiler de nouvelles notions, surtout si elles sont abstraites, (un) défaut de mémoire (et une) difficulté à fixer l’attention10 » ?

« Melle X,... âgée de dix-sept ans et d’eux mois, a été amenée à notre consultation par sa mère. Prédominance des symptômes respiratoires et nerveux. La jeune fille est pâle, chétive, rabougrie, aplatie ; les yeux sont sans expression, les traits effacés, la mâchoire inférieure pendante et poussée en avant.
Ablations de végétations considérables.
Quelques mois après l’intervention, la transformation qui s’était opérée en elle tenait du merveilleux. Nous avons retrouvé une jeune fille resplendissante de santé, aux joues roses, au teint éclatant, aux yeux brillants et expressifs.
Actuellement, deux ans après l’opération, le changement est tel, que les personnes qui n’ont pas eu l’occasion de la voir pendant ce laps de temps, la reconnaissent difficilement » (Suarez de Mendoza 1906 : 110).
4. Les effets « merveilleux » de l’adénoïdectomie selon Suarez de Mendoza
14Voilà un bien inquiétant portrait, qui évoque irrésistiblement l’idiot de village, véritable souffre-douleur dont tout le monde se moque. Perspicace, Suarez de Mendoza n’a pas manqué de le noter, dès les premières pages de son ouvrage, comme pour mieux alerter ses confrères. Parmi ses patientes, « deux filles ont eu des troubles auriculaires intenses et des déformations de la face si accusées qu’elles sont devenues l’objet de toutes les risées » (ibid. : 2). Or, cet objet de toutes les risées qu’est l’idiot est un être en marge de la communauté parce qu’on lui refuse toute virilité sociale11 : il ne se marie pas, ne peut fonder un foyer, avoir des enfants issus d’une légitime union. Quelle fille normale oserait l’épouser ? Quels parents oseraient lui donner leur fille ? Ceci ne veut pas dire qu’il n’a pas de sexualité, elle est seulement mal orientée : on le dit, par exemple, incestueux, quand lui-même ne s’en vante pas, mettant ainsi en évidence son travers exhibitionniste. Et c’est bien cet avenir d’exclusion sociale qui menace l’enfant adénoïdien si l’on n’intervient pas.
15Ajoutons enfin que le problème adénoïdien est censé avoir des conséquences sur « les dents (qui), ne pouvant se placer régulièrement sur l’arcade alvéolaire rétrécie, s’implantent vicieusement, chevauchent les unes sur les autres, pointent en avant et en arrière, ou s’arrêtent dans leur développement (à tel point que) le profil de la face rappelle celui du bull-dog », ce qui n’exclut pas « une asymétrie de la figure. » (Suarez de Mendoza 1906 : 42.) Pour expliquer ce « prognatisme », les médecins évoquent les efforts particuliers que doit faire le « végétant » pour respirer. Or de semblables déformations apparaissent aussi chez le patient atteint de troubles appendiculaires12. Il semble difficile de leur reconnaître la même étiologie. C’est ailleurs qu’il faut chercher le sens de ces déformations. On sait l’étroite corrélation qui unit dents et sexualité (Loux 1981). Ce que stigmatisent ces déformations de la dentition chez les enfants souffrant d’appendicite ou d’amygdales hypertrophiées, c’est bien le risque d’une sexualité dévoyée ou inexistante.

a) Différents « faciès adénoïdiens » (Suarez de Menzoda 1906 : 84-108).

b) « Faciès adénoïdien avec dents surnuméraires » (ibid., 1906 : 4).
5. « Bêtes à manger du foin » : « Déformations de la face » dues à la présence des végétations adénoïdes
16Sans doute faut-il comprendre ainsi le rôle de l’alimentation carnée dans la crise appendiculaire qui « éclate souvent chez de gros mangeurs de viande, à l’occasion de repas trop copieux pris hâtivement ou goulûment, composés de trop nombreux plats de viandes épicées ou de gibier. » (Bérard et Vignard 1914 : 36.) Ce que confirme une mère qui étend l’accusation à « tout ce qui est trop ferme pour une fillette de cet âge, trop dur à mâcher », viande mais également cornichon, saucisson, etc. Or, s’intéressant à la différence sexuelle, les endocrinologues n’ont pas manqué de s’inquiéter de ces enfants qui présentent une « obésité pubérale », « un appétit vorace », de « mauvaises habitudes diététiques » que l’on peut comparer à un « gavage traditionnel » qui finit « par porter atteinte aux glandes endocrines » (Hernandez 1938 : 36). Or cette perturbation du rapport à la nourriture, cette inadaptation, que l’on retrouve également chez les appendiciques de Bérard, n’a pas manqué d’être éprouvée de la manière la plus inattendue, chez les coqs. N’est-on pas parvenu à les castrer en les nourrissant, eux aussi, de viande13 ? Même cause, même effet ? L’originalité même de l’expérience de Pézard plaide pour l’affirmative. Que l’absorption de viande, lorsqu’elle n’est pas adaptée, pour une quelconque raison, à l’organisme qui l’ingère, provoque la castration chez l’animal et l’appendicite chez l’homme ne laisse plus aucun doute sur le sens de celle-ci. Il peut d’ailleurs arriver que l’on confonde les deux. Dans un récent Guide médical pratique, dans un paragraphe consacré à la crise appendiculaire chez le garçon, on met en garde les mères contre une préjudiciable erreur de jugement. « Si votre enfant se plaint de douleurs au bas-ventre, il faut toujours penser à une atteinte des testicules. En effet, ceux-ci sont parfois mal attachés et peuvent tourner sur eux-mêmes, entraînant ainsi une occlusion des vaisseaux qui les irriguent. » (Morelle, Cabanès et Chevallier 1991 : 155.) Cette rotation des testicules, cet écrasement des canaux spermatiques dessinent les contours d’une castration qui ne dit pas son nom et à laquelle l’opération du bas-ventre s’apparente, par nombre de ses aspects.
17Si les petits organes de l’enfance ne régressent pas à la puberté, ils deviennent de véritables freins à la sexualité. En les supprimant, on lui ouvre la voie, on parfait le corps. On fait la femme, on fait l’homme.
18En marge des rhumes et des douleurs abdominales, c’est un discours sur la sexualisation du corps qui se développe. Sexualisation qu’ils semblent gouverner tout entière.
« Garçon manqué » et « gonzesse »
19Ce blocage est induit par leur nature même. On a largement insisté sur la liaison entre haut et bas, leur corrélation s’affirmant dans les cas pathologiques. Chez l’adulte, lorsque le haut gonfle, il le fait au détriment du bas, qui peut dans certains cas extrêmes s’atrophier. Or, chez l’enfant, cet état est permanent. Nous avons vu que l’enfance va avec l’hypertrophie des glandes de la gorge : amygdales, végétations et thymus. Dans le même temps on constate l’atrophie des organes génitaux, voire leur inexistence. Sans doute est-il plus exact de dire que la notion de différence sexuelle n’a pas de sens, période de flou sexuel, d’indifférenciation. Il est courant d’entendre dire à propos d’une fille un peu remuante qu’« elle est un vrai garçon manqué », stigmatisant en apparence des habitudes ou des goûts de l’autre sexe. Mais ce qualificatif semble bien injuste parfois. « J’étais une enfant très sage, très calme. Je n’ai jamais grimpé aux arbres, ni joué aux petites voitures. J’étais tellement calme qu’il m’est même arrivé, lors d’un de ces interminables repas de famille, de m’endormir à table et de tomber de ma chaise. On disait même que j’étais si calme qu’on pouvait me donner des œufs à couver. Et pourtant on disait aussi que j’étais un vrai garçon manqué. » Peut-être une certaine vision du corps féminin, qui « possède autant de caché dedans que les hommes découvrent à l’extérieur » (Paré 1633 :764), sous-tend-elle cette accusation. Mais sans doute faut-il y voir aussi l’allusion à une potentialité, qui pourrait peut-être s’accomplir avant la puberté, si ce n’est dans le corps et les organes génitaux, du moins dans les « habitudes ». Dire qu’elle est un garçon manqué, c’est dire en même temps qu’elle est une fille bien peu réussie, qu’elle n’est ni l’un ni l’autre parce qu’un peu des deux à la fois. A l’inverse, dans les cours d’école, se trouvent toujours quelques « gonzesses », garçons timides et frêles, n’ayant que peu de goût pour « la bagarre et le football », rélégués avec les filles auxquelles leur attitude les apparente. Et cette ambivalence enfantine n’a pas échappé à la médecine du xixe siècle.
Dans la première enfance, (les différences entre les deux sexes) restent confondues sous des apparences extérieures qui sont à peu près les mêmes pour l’un et l’autre. (...) La même confusion semble régner dans les dispositions morales des enfants de l’un et l’autre sexe. Les petites filles participent à la pétulance des petits graçons ; les petits garçons, à la mobilité des petites filles. Les appétits, les idées, les passions de ces êtres naissant à la vie de l’âme, de ces êtres encore incertains, que la plupart des langages confondent sous le nom commun d’enfants ont, dans les deux sexes, la plus grande analogie14.
20Elle est la conséquence de l’inertie des organes sexuels, à laquelle met fin la puberté. « Testicules et ovaires ne sont pas les seules glandes qui à cet âge entrent dans une période d’hyperactivité constructive. Toutes les glandes sont en sommeil sauf une, le thymus, qui "passe la main" pourrait-on dire puisqu’il entre en régression. Il a suffi à tout, semble-t-il, durant le demi-sommeil du système glandulaire, mais, dans cette ère révolutionnaire, il laisse chaque glande prendre l’empire de son domaine. » (Heller 1949 : 54.) On ne saurait être plus clair : tant que testicules et ovaires ne fonctionnent pas, c’est le thymus qui leur supplée, qui occupe leur fonction, leur place. Il fait fonction d’organe « unisexe » tant que les vrais organes génitaux ne sont pas encore en action. En fait, la sexualisation de l’enfant, ou plus exactement son indifférenciation sexuelle, ne vient pas des organes génitaux proprement dits, qui sont « en sommeil » mais de leurs « satellites » : glande pinéale, thymus mais aussi glandes rhinopharyngées et appendice. Et c’est bien comme tels qu’ils sont pensés, comme de véritables organes génitaux.
Un sexe éclaté
21Une petite fille, qui revenait affolée de l’école, s’installa devant un miroir, scrutant le fond de sa gorge. A ses parents, étonnés d’un tel intérêt, elle expliqua : « Rémi est allé à la clinique parce qu’il avait des boules dans la gorge. Ils les lui ont coupées. » Le récit ayant atteint son but, elle redoutait de devoir subir le même sort et voulait savoir « si elle avait des boules comme Rémi. » Ce qui déclencha les rires, ce n’est pas tant la crainte, bien compréhensible, de la fillette que l’incongruité de la terminologie. Jouant de l’ambiguïté du terme, on lui assura qu’elle n’avait rien à redouter. On ne saurait faire ablation de ce type de « boules » sur une fille. Pour le thymus, l’association est tout aussi claire mais il faut aller la fonder ailleurs, dans le règne animal. En effet, si « aux hommes les médecins l’appellent thymus, aux veaux on l’appelle le ris de veau » (Furetière 1694 : 587). Mais les ris de veau n’en restent pas moins fort mystérieux. Même si l’on croit savoir qu’il s’agit de « glandes par là, vers les reins », voire même « du cou », les commentaires grivois les assimilent toujours plus ou moins explicitement à des testicules. Les deux origines ne s’excluent pas mais au contraire renforcent la dimension éminemment sexuelle du thymus. Ceux qui ont déjà pratiqué la castration le savent : chez les jeunes animaux, ces glandes ne sont pas dès la naissance placées dans le scrotum. Elles restent quelques mois encore à « l’intérieur » du corps, mais on ne sait trop où, avant de « descendre » dans les bourses. Que les ris soient à la fois glandes du cou et testicules est bien conforme à la mise en place de la sexualité. Et cette « migration », cette « descente », nécessaire à la sexualisation de l’animal, n’épargnent pas non plus les enfants. « Mon fils est né avec un seul testicule, l’autre n’était pas descendu. Mais le médecin m’a dit de ne pas m’inquiéter, que ça arrivait très souvent. Normalement les deux descendent en même temps, avant la naissance. Mais il arrive qu’il y en ait un qui se bloque. Et c’est ce qui s’est passé15. » Le testicule, le « vrai » ne serait-il pas d’abord un organe, si ce n’est du haut, du moins du milieu du corps ? Il suffit de s’intéresser au comportement de quelques « infirmes ». « Un testicule peut rester toute la vie dans l’abdomen sans porter préjudice à l’exercice de la faculté génératrice. On remarque même que les sujets qui présentent cette disposition sont plus enclins aux plaisirs de l’amour, et s’y montrent plus infatigables. Cette énergie vénérienne devient plus grande encore chez ceux qui portent les deux testicules dans l’abdomen. » (Furetière 1820 :39.) La fonction de l’organe est en quelque sorte décuplée par la position particulièrement favorable qu’il occupe. Et le corps est tout entier parcouru par d’intenses relations qui associent toutes ces glandes. Bien qu’ils soient situés à des points différents de l’anatomie, appendice et amygdales semblent ne former qu’un seul et même organe. Le vocabulaire savant les a d’abord confondus, l’organe du bas-ventre étant parfois qualifié d’« amygdale iliaque ». Mais ce n’était pas trahir la nature puisque, au début de ce siècle, microscope à l’appui, on affirme que « l’appendice doit être considéré (...) comme l’homologue abdominal de l’amygdale » (Delacour 1904 :187). En somme, ces deux organes n’en forment qu’un, éparpillé dans le corps, comme « en morceaux ». Tout à la fois preuve et conséquence de cette unicité : « l’identité pathogénique des troubles rhinopharyngiens et appendiculaires. » (ibid. : 183.) Non seulement les symptômes de l’une et l’autre affections seraient identiques16 mais l’une entraînerait fréquemment l’autre, le végétant étant un appendicique en puissance17. C’est aussi cette unicité de l’organe qu’affirment les oreillons, unicité clairement sexuelle. Certains médecins ont en effet observé, parmi leurs conséquences immédiates, des crises d’appendicite (Donnely et Oldham 1933 ; Serr 1922). Peut-on affirmer plus clairement l’équivalence entre amygdales-appendice-végétations d’une part et testicules d’autre part ?
22Mais, plus encore que des équivalents sexuels, ces glandes sont pensées comme des organes essentiels pour la sexualité où elles joueraient un rôle véritablement actif, positif ou négatif. « A la puberté, les amygdales favoriseraient le développement des seins. Certains auteurs anglais et italiens ont même prétendu que l’ablation des amygdales porterait préjudice à la sexualité, entraînerait la stérilité. Korsch provoqua une diminution du volume des amygdales hypertrophiées par des injections d’hormones mâles. » (Barbezat 1952 : 7.) Ce type d’expériences, l’injection d’hormones, « mâles » ou « femelles », n’est pas rare ; elles seront même une tentative généralisée lorsqu’il sera question des organes qui nous intéressent, de leur rôle, de leur sens. A l’inverse, au cours de ses expériences pour le moins étranges, Retterer n’hésite pas à comparer le « tissu conjonctif » des testicules greffés à celui des amygdales, évoquant ainsi une nature commune (Retterer 1925). Cette orientation des recherches ne laisse aucun doute sur l’imaginaire médical de ces glandes, véritablement traitées comme des organes génitaux, au point de leur en donner le nom. Ne s’est-on pas livré à une Étude de la bourse pharyngée18 ?
Bistournage et autres
23Supprimer les amygdales et l’appendice, c’est donc supprimer les vecteurs de la sexualisation enfantine, c’est en somme castrer. Or les ablations que subissent les enfants et les porcelets destinés à l’engraissement sont souvent synonymes. Aux enfants trop curieux qui s’inquiétaient de savoir quel sort on faisait subir aux porcelets, qui justifiât leurs cris stridents, on expliquait que « ils étaient opérés de l’appendicite ». De même, lorsqu’un enfant était opéré d’une hernie inguinale, affection très proche de l’appendicite, le castreur de cochons pratiquait alors sur le petit malade une semi-castration (Fabre-Vassas 1983). A l’inverse, être opéré de l’appendice peut parfois s’apparenter à une castration, au moins temporaire, surtout lorsqu’elle intervient sur des adultes. S’inquiétant de l’absence de l’un des leurs, les joueurs d’une équipe de football apprirent la récente ablation qu’il venait de subir. On ne manqua pas de commenter l’événement, stigmatisant sa virilité nécessairement défaillante, partagée entre stérilité et impuissance. L’un d’eux craignait même qu’« ils se soient trompés de morceau en coupant19 ». L’amygdalectomie n’échappe pas à cette association. Lors d’une émission télévisée, on lança un « avis de recherche à l’encontre du chirurgien qui a opéré des amygdales » une célèbre artiste de music-hall. Propos accueillis par des rires nourris de l’assistance qui a immédiatement saisi l’allusion. La célébrité de cette artiste n’est pas tant due à ses prestations scéniques qu’à une tenace réputation : on l’a longtemps soupçonnée de n’être qu’un transsexuel. Parlant de l’ablation des amygdales, c’est évidemment à l’autre opération que l’animateur faisait clairement référence. Valant castration, l’amygdalectomie était explicitement rendue responsable de son passage de l’état d’homme à celui de femme. Analogie que reflètent les techniques utilisées. « Sous le nom de bistournage, on désigne un mode de castration consistant à tordre sans le déchirer, le cordon testiculaire, jusqu’au degré nécessaire pour amener l’oblitération complète des vaiseaux spermatiques et, par suite, l’atrophie de la glande séminale20. » « Bistournage » que l’on pratiqua sur les amygdales de ce petit garçon. « J’ai l’impression qu’ils les ont pincées et après, avec un truc, ils ont tourné pour les couper. » N’est-ce pas aussi cette rotation, cet écrasement des vaisseaux que Morelle, Cabanès et Chevallier redoutent que l’on confonde avec une crise appendiculaire ? Mais le plus remarquable est bien que cette méthode était aussi celle utilisée durant l’antiquité pour castrer les jeunes garçons, liant ainsi les trois opérations. « L’enfant (...) étant placé dans un bain, on lui froisse peu à peu les testicules entre les doigts, pendant le temps nécessaire pour en meurtrir la substance et en détruire l’organisation. Ou bien l’on tord le cordon spermatique, jusqu’au point d’intercepter le cours des liquides destinés à la nutrition des parties et le testicule ne tarde pas à se durcir et à se transformer en squirrhe. » (ibid. : 122.) De même, ces ablations ne se pratiquent pas à n’importe quel moment de l’année. « On opère au printemps et à l’automne. Avant la chaleur ou avant le froid. La chaleur, je ne sais pas pourquoi. Pour qu’ils boivent moins peut-être. Mais l’automne, c’est pour éviter qu’ils ne s’enrhument trop tôt. Les rhumes arrivent en principe en hiver, alors pour qu’ils soient bien cicatrisés avant l’hiver, on le fait à l’automne. » L’explication donnée n’est guère convaincante ; elle-même s’y empêtre. Remarquons pour le moment21 qu’il existe un souci symétrique en matière de castration animale : le printemps et l’automne « sont les saisons les plus favorables en ce sens qu’on évite ainsi les excès de chaud et de froid, également défavorables à la guérison de l’infection locale » (Gourdon 1860 : 235). C’est sans doute cette précaution vétérinaire qui explique la précaution médicale. L’amygdalectomie semble calquée sur la castration. Ne peut-on raisonnablement penser qu’au début au moins, la première s’est largement inspirée de la seconde ? La seule différence entre les deux serait la place de l’organe supprimé. Or, on a vu à quel point ils sont équivalents, voire synonymes dans le langage courant et dans les constructions des physiologistes. Ce que pratique le médecin lors de ces ablations n’est rien d’autre qu’une castration déplacée, symbolique. Son geste, à ce moment-là, s’apparente trop à la castration animale, et qui plus est humaine, pour ne pas être lui-même castrateur. Il modèle le sexe, un sexe qui à la naissance est flou. Pratiques comparables à ce que l’on trouve dans d’autres cultures, la circoncision et l’excision pour les plus connues. Un médecin malien interrogé à propos de cette dernière, loin de nier le caractère de mutilation de l’excision, retourne le propos et nous amène à nous interroger sur notre propre culture.
a) Serre-nœud pour polype utérin

« La pincette nommée serre-nœud pour lier les polypes de la matrice ».

« Le fil préparé »

« Comment on serre le nœud sur le pédicule du polype utérin, près de l’orifice de la matrice ».
Encyclopédie Diderot et D’Alembert, « Chirurgie ».
6a. Mêmes instruments, même geste ?
b) Serre-nœud transformé en amygdalotome

Porte-fil, anneau et fourchette dans leurs positions respectives.

Anneau mobile qui soutient l’anse.

Fourche servant à retenir la partie coupée de l’amygdale.

L’appareil prêt à fonctionnement
Marage s.d. 13.
6b. Mêmes instruments, même geste ?
Si la mutilation consiste à enlever un organe sain, oui, l’excision est une mutilation. Mais il y en a bien d’autres, bien entendu. Et dans ce pays notamment, si on considère des pratiques comme celle de l’appendicectomie, on se rend compte qu’au moins 40 % des appendicectomies sont faites pour rien. Ce sont donc des mutilations. On peut prendre l’exemple des amygdalectomies qui, tout le monde le sait, se faisaient régulièrement au printemps. On parlait alors de la cueillette des amygdales et des végétations, c’était aussi une pratique de même type22.
24Pour le médecin africain qu’il est, l’explication clinique ne suffit pas. Il la trouve ailleurs, par analogie avec une mutilation sexuelle pratiquée dans sa propre culture. Tant il est vrai que le regard de l’autre, de l’étranger, permet d’objectiver les coutumes, d’en saisir la réalité nue, sans que s’interpose un discours justificatif.
25Façonnage du sexe, suppression de l’indétermination enfantine, ces opérations n’en restent pas moins énigmatiques. On ne peut manquer, en effet, de relever un paradoxe : il faut castrer pour faire le sexe. On a insisté sur l’importance de l’analogie entre le haut et le bas. Mais sur quoi se fonde-t-elle ? Enfin, il est important de constater que malgré leur fréquence remarquable, tous les enfants ne connaissent pas ces ablations. Ce rite n’a pas le caractère inévitable qu’il peut avoir dans d’autres sociétés. Qu’advient-il à ceux qui ne l’ont pas connu ? En fait, ces opérations ne sont qu’une mise en pratique d’une pensée du corps, de son bon fonctionnement, de sa croissance. A travers elles, c’est un discours sur ce qu’il doit se passer au moment crucial où l’on sort de l’enfance.
Notes de bas de page
1 Organe instable, la matrice est sujette à divers déplacements, provoquant l’hystérie. La cure du mal de mare consiste alors à ramener l’utérus à sa juste place, le nombril, en utilisant conjurations, objets spécifiques dont la cassolette de mal de mare et odeurs les plus variées. Voir Charuty 1987.
2 « Le coït-consommation fait apparaître une initiative féminine, l’homme est alors consommé par "la boca d’en bas" (...), le sexe masculin est alors métaphoriquement nourriture. » (Fabre 1976 :66.)
3 « Trois jolies filles, trois sœurs, vinrent demeurer dans notre paroisse. Comme de juste, elles firent une visite au curé. Celui-ci, voulant savoir si elles avaient de l’esprit et s’il pouvait espérer en faire de bonnes congréganistes, leur fit passer un petit examen, l’une après l’autre. Il demanda à la première :
« Dis-moi, petite, tu as deux bouches, l’une en haut l’autre en bas : laquelle est la plus vieille ?
- Celle d’en haut. Monsieur le curé.
- Et pourquoi cela ?
- Parce qu’elle a des dents, tandis que l’autre n’en a pas. » A la même question, la seconde répondit :
« Celle d’en bas, monsieur le curé.
- Et pourquoi cela ?
- Parce qu’elle a des moustaches tandis que l’autre n’en a pas. » Et la troisième répondit :
« Monsieur le curé, c’est celle d’en haut.
- Et pourquoi cela ?
- Parce qu’elle est depuis longtemps sevrée, tandis que l’autre demande toujours à téter. »
Le curé leur dit : « Je suis content de vous avoir dans ma paroisse. Ce sera un vrai plaisir de vous confesser, et vous me ferez trois bonnes congréganistes. » (Perbosc 1987 : 10.)
4 (Cabanis 1802 : 274-275). Tous les physiologistes ont affirmé ces relations et à défaut de pouvoir les expliquer, souvent les ont-ils illustrées des exemples les plus surprenants. On « a vu les premiers embrassements d’un mari jeune et vigoureux déterminer l’engorgement et la suppuration des glandes du cou, les empressements du mari augmentaient toujours leur tuméfaction. (...) On ne peut refuser une certaine justesse à (cette) remarque, en comparant le cou du taureau avec celui du bœuf, le cou de l’homme voluptueux adonné aux femmes avec celui de l’homme insensible aux charmes de la beauté. Les artistes connaissent ces particularités : ils se gardent bien de donner à l’effrénée Messaline le cou arrondi et élancé de Lucrèce ou de Virginie, et jamais ils ne représenteront l’actif et sobre Jules César ou le sévère Caton avec le cou épais et charnu des Lucullus et des Vitellius. » (Polinière in Dictionnaire des sciences médicales 1820, 46 : 37.)
5 « Le corps thyroïde (par exemple) est le type de glande féminisante. Les phases de l’activité sexuelle de la femme coïncident, en effet, avec des stades d’hypertrophie et toutes les maladies de cette glande sont plus fréquentes chez la femme que chez l’homme. (...) La morphologie et le psychisme de la femme coïncident avec le travail thyroïdien. » (Hernandez 1938 :14.)
6 « Jusqu’à l’âge de 7 à 8 ans, les amygdales sont souvent énormes ; elles se rejoignent souvent sur la ligne médiane et leur seule présence gêne à la respiration. » (Marage sd : 5-8.)
7 « Elles ont la particularité d’être provisoires et disparaissent vers 7-8 ans. » (Anonyme in Téléstar 1993 :10.)
8 Un avatar moderne de cette perception, que j’ai trouvée dans tous les traités sur les âges de la vie, concerne la sexualité. « La plupart des gens conçoivent le graphique de la vie sexuelle comme une ligne droite brisée. Au départ, la ligne monte en flèche à un niveau élevé : c’est la puberté et le premier âge adulte. Puis, de ce zénith, une autre ligne droite descend progressivement sur la trentaine et la quarantaine, pour retomber à pic à son niveau zéro aux abords de la cinquantaine. Cette conception populaire de la courbe de la vie est en partie fondée sur les modifications hormonales des hommes et des femmes. » (Galier 1973 :55.)
9 Souvent, l’opération n’a eu d’autre justification que cette croissance freinée. (Cohen-Salmon 1994.)
10 « Dans la plupart des cas, on a pu noter que les bons élèves respiraient par le nez, avaient la bouche fermée et n’étaient point atteints de végétations adénoïdes. Par contre, le plus grand nombre des mauvais élèves ne pouvaient pas respirer librement par le nez, avaient la bouche toujours ouverte, surtout la nuit, et ils étaient atteints d’une affection quelconque du côté du nez, du naso-pharynx et de l’oreille. » (ibid. : 52-53.)
11 (Charuty 1985 ; Xanthakou 1989). On peut aussi citer l’exemple du tétaïre, cet homme adulte qui parcourait les villages du plateau du Somail, pour téter les femmes qui avaient trop de lait. Considéré comme un idiot, on le disait père de l’enfant de sa sœur et circonstance aggravante, il le reconnaissait volontiers. (Cabrol 1991.)
12 « Ces stigmates consistent en certaines anomalies congénitales qui frappent soit le squelette de la face, soit l’appareil de la vision. La voûte palatine est en ogive ; les dents sont souvent mal placées, mal orientées, et on peut quelquefois constater une dislocation (...) qui est si connue chez le végétant. (...) Il n’est pas rare de rencontrer des appendiciques chez lesquels les deux incisives latérales supérieures font totalement défaut et ne sont jamais apparues. Les canines sont au contact direct des incisives médianes. » (Delacour 1904 :177.)
13 « L’expérience de Pézard sur la castration alimentaire (...) consiste dans la production d’un état franchement hypogénital, chez le coq, en le nourrissant trop abondamment avec des aliments nuisibles (régime carné). » (ibid. : 36.)
14 Cabanis 1802 : 317-318. Tous les Traités sur la puberté, au xixe siècle, présentent l’enfant comme un être sans sexe, absence à laquelle l’adolescence doit remédier. (Ponchet 1805 ; Pichard 1811.)
15 Polinière. dans son article Puberté rappelle ce fait et semble y voir une anomalie fréquente. Mais pour lui, c’est au moment de la puberté que s’effectue la descente. « Lorsqu’un des testicules est descendu dans le scrotum à l’époque ordinaire, c’est-à-dire pendant la gestation, on voit le second venir le rejoindre au moment du travail de la puberté. » (Polinière in Dictionnaire des sciences médicales 1820,46 :39.)
16 « Il est impossible d’établir (chez certains malades) une distinction quelconque entre ceux des symptômes qui se relient à la lésion rhino-pharyngienne et ceux qui appartiennent à la lésion de l’appendice, le processus étant unique. » (ibid. : 184.)
17 « Nos observations nous permettent d’établir que la muqueuse du nez et du pharynx n’est jamais normale chez l’appendicique. (...) Nous pouvons en dire autant de l’amygdalite qui a été signalée comme cause indirecte de la crise appendiculaire. » (ibid. : 183-184.)
18 Tissier 1886. A propos de cette polysémie des termes médicaux, voir Laqueur 1992. Polysémie particulièrement évidente dans cette représentation de l’ouverture du pharynx où l’on reconnaît plus volontiers les organes génitaux extérieurs de la femme.
19 La même erreur est le prétexte d’une histoire drôle. Deux chirurgiens, après un repas copieusement arrosé, doivent pratiquer l’ablation de l’appendice sur un jeune homme. Mais, l’alcool aidant, le scalpel dérape et ce sont les testicules qui font les frais de la maladresse, réparée in extremis par une judicieuse greffe de pommes de terre.
20 Gourdon 1860 :119. De même, le « serre-nœud pour fibrome »et le» serre-nœud » pour les amygdales présentent de troublantes analogies.
21 Nous verrons au chapitre 9 ce que ce souci révèle de la physiologie et de ses variations en fonction des saisons.
22 « L’Afrique accusée ». Émission écrite et réalisée par J.P. Zirn. Diffusée le 5 avril 1991 sur FR3.
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