La ville parrain. Parrainages politiques dans le Saint-Empire moderne
p. 37-52
Texte intégral
1Aux yeux des historiens, le parrainage est avant tout une variante des relations de patronage1. Parmi les patriciens de Francfort, entre autres, il était courant d’accepter d’être parrain d’enfants issus de toutes les couches sociales de la ville d’Empire : les autres familles patriciennes, mais aussi les pauvres. Dans ce dernier cas, la famille de la jeune mère recevait en général des denrées alimentaires et du vin, et le nourrisson un gobelet d’argent. Idéalement, le lien était maintenu au-delà du baptême. Après quelques années, le parrain offrait au filleul le plus souvent des vêtements et, avec un peu de chance, se souvenait de lui au Nouvel An et lui donnait une petite somme d’argent2. Les transferts matériels directs occupaient donc une place prioritaire dans ces relations de parrainage asymétriques entre patriciens et habitants plus modestes, tandis que dans celles qui existaient au sein des cercles les plus huppés il s’agissait avant tout d’entretenir des réseaux et du capital social3. Cette forme de « parenté artificielle » ne se résumait pas à un don ponctuel, mais fondait une relation durable qui ouvrait au filleul des perspectives sociales4. Ce qui n’empêchait pas, dans ces milieux déjà aisés, d’espérer des cadeaux. Chez les Uffenbach et les zum Jungen, deux familles patriciennes, ces obligations et gratifications liées au parrainage étaient si diversifiées que l’on en tenait des registres spécifiques5. Ainsi, même le plus modeste des présents ne risquait pas de tomber dans l’oubli.
2Conçu comme un outil de relations clientélaires, le parrainage n’était toutefois pas mis en place uniquement entre des personnes et des familles ; il existait aussi entre le conseil d’une ville, en tant que corps politique, et les maisons nobles et princières voisines ou plus lointaines. Les maires et conseillers de la ville devenaient alors les Gevatter (du latin compater, signifiant littéralement « co-père ») d’un rejeton de haute lignée aristocratique ou princière6. Ce phénomène est attesté pour une grande variété de cités du Saint-Empire à partir de la fin du xvie siècle : non seulement des villes d’Empire, mais également celles qui aspiraient à se voir reconnaître le statut d’immédiateté (comme Brunswick, Hildesheim ou Münster). Dans cet article, je souhaite montrer que l’établissement du parrainage d’un conseil de ville sur un enfant de prince constituait une pratique éminemment politique – et non une simple bizarrerie d’un passé révolu, comme le pensait l’historiographie du xixe siècle7. Les relations fondées par ce type de parrainage peuvent donc à bon droit être considérées comme des parentés politiques. Il s’agit ici d’étudier quel intérêt il pouvait y avoir à mener ce genre de politique. Je procéderai en trois parties : la première resitue rapidement les parrainages dans les recherches récentes sur le patronage et la parenté ; la seconde présente trois exemples de parrainages établis par les villes d’Empire de Francfort, Brunswick et Aix-la-Chapelle ; enfin, je développerai des réflexions plus générales sur les dimensions politiques de cette pratique.
Les parrainages dans la culture prémoderne de la parenté
3Dès la fin des années 1980, on a commencé à parler du Saint-Empire moderne comme d’une configuration de patrons et de clients, faisant dès lors du patronage une modalité de l’alliance politique parmi la noblesse, ou un moyen d’exercer une influence et de structurer les partis au sein de la Diète8. Mais les parrainages ne peuvent être entièrement subsumés sous ce genre de relations de patronage que l’on pourrait qualifier de purement fonctionnelles, ou d’orientées vers la réalisation de buts matériels. Ils procèdent plutôt de cette culture de la parenté dans laquelle on a vu, ces dernières années, un élément central de ce qui fait société et fabrique la stabilité à l’époque prémoderne9. Les stratégies familiales étaient au premier chef des stratégies politiques dans la société des nobles et des princes du Saint-Empire10.
4Ces dimensions familiales et parentélaires de la structuration et de la mise en réseaux du politique reléguaient à première vue des acteurs comme les villes d’Empire au second plan, car ils n’étaient naturellement pas en mesure d’intervenir sur le marché matrimonial et étaient donc exclus des liens familiaux habituels, agnatiques et cognatiques. Si l’on considère le champ politique de l’Europe moderne non comme un « système d’États », mais comme une société des princes tissée de liens de parenté, alors les éléments républicains avaient de sérieux problèmes pour s’y intégrer11.
5Toutefois, la parenté à cette époque ne constituait justement « pas un fait biologique [...], mais une manière de penser les relations sociales12 ». Dès le haut Moyen Âge, les parrainages furent considérés comme une parenté spirituelle (cognatio spiritualis)13. Le baptême ne faisait pas seulement des compères les garants de l’acte sacramentel lui-même. Le rituel les transformait bien davantage en « parents de leurs filleuls, avec toutefois des inflexions différentes en fonction des contextes culturels14 ». L’instrument du parrainage permettait à des entités comme les villes d’Empire de jouir d’une possibilité d’insertion dans les structures parentélaires socialement construites, et jamais purement biologiques, de la société des princes, et donc de participer, ne serait-ce qu’à la marge, aux processus d’échange. Quels intérêts les villes cherchaient-elles à promouvoir ? Quelles pratiques mettaient-elles en œuvre, et avec quelles « inflexions » ? C’est ce que je vais désormais examiner en m’appuyant sur trois exemples révélateurs : Francfort, Brunswick et Aix-la-Chapelle.
Les parrainages comme pratique politique : Francfort, Brunswick et Aix-la-Chapelle
Participer à la société des princes : Francfort-sur-le-Main
6Le 15 décembre 1719, le conseil de la ville d’Empire de Francfort-sur-le-Main reçut du landgrave Ernest Louis de Hesse-Darmstadt un document de chancellerie en bonne et due forme. Ce prince y faisait savoir aux conseillers que son héritier et l’épouse de celui-ci venaient de donner naissance à un fils. Par dilection particulière envers Francfort – un « membre voisin et protestant du même Cercle » – on souhaitait prier le conseil d’accepter d’être parrain du prince nouveau-né15. La lettre avait été apportée par le chancelier de Hesse-Darmstadt, Wilhelm Ludwig von Maskowsky. Le conseil de Francfort fit bon accueil à cette demande et envoya le 15 février 1720 deux de ses membres le représenter aux festivités du baptême. Après leur retour, on leur fit obligation de rendre des comptes par écrit – pas seulement sur les cadeaux qu’ils avaient emportés à Darmstadt avec eux, mais aussi sur le traitement cérémoniel qu’ils y avaient reçu. On les avait d’ailleurs logés aux frais de la cour du landgrave dans une auberge, où un carrosse de la cour, avec laquais, était venu les prendre pour les conduire au château – et même jusque dans la seconde cour (la cour intérieure) du château, directement devant les degrés de l’escalier. Ils y avaient été accueillis par le chancelier Maskowsky, qui leur avait en outre assuré qu’à l’avenir les envoyés de Francfort recevraient toujours le même traitement. Les deux Francfortois forent ensuite reçus en audience par le landgrave et par le prince héritier, puis admis à manger à la table du prince. On fit alors venir l’enfant, et les deux envoyés le prirent dans leurs bras et l’embrassèrent. Après la cérémonie, on leur donna des lettres de réaccréditation (Rekreditiv) et l’on prit congé d’eux. La relation se termine par la description des cadeaux offerts par les parrains : deux médaillons d’or sertis d’argent, d’une valeur de 1200 reichstalers. Le décompte comprenait aussi l’obole versée aux deux trompettes de Darmstadt qui se chargèrent de présenter le cadeau pendant les festivités16. Quelques semaines plus tard, le conseil reçut un autre écrit du landgrave, dans lequel il exprimait ses remerciements pour l’acceptation du parrainage, la participation à la cérémonie et le cadeau.
Gravure du château de Darmstadt, vers 1738. Hessisches Staatsarchiv Darmstadt, D\R 4\D 4 Nr. 337/60.

7Cet épisode hessois permet de présenter les caractères généraux des parrainages « politiques » ainsi que quelques aspects particuliers. Par exemple, la règle voulait que l’on sollicite les parrains, sous la forme d’un écrit à la rhétorique très élaborée. Cette lettre revêtait déjà une grande signification par elle-même. Elle montrait en effet qu’aux yeux du landgrave, au moment de choisir les parrains de sa petite-fille, non seulement ses pairs de l’aristocratie d’Empire mais également le corps municipal d’une ville pouvaient entrer en ligne de compte. Cette invitation écrite à accepter le parrainage ne traitait pas Francfort autrement que les autres parrains de haut lignage. C’est pourquoi elle possédait une valeur intrinsèque : témoignant d’un acte de reconnaissance sociale et étant donc source de capital symbolique, elle fut ajoutée à la collection d’invitations du conseil à diverses festivités de cour17. La coutume voulait que de telles invitations ne fussent pas simplement envoyées par la poste, mais confiées à un messager particulier. Comme l’écrit Julius Bernhard von Rohr, expert en matières cérémonielles, « plus élevé est le parrain, plus l’on choisira des ministres éminents pour faire l’invitation18 ». Il n’était également pas rare que la relation présentée au conseil ne dise pas un mot du baptême proprement dit, qui avait probablement eu lieu, accompagné d’un sermon, dans la chapelle du château. Tout ce que les membres du conseil purent lire sur la cérémonie concernait exclusivement le traitement cérémoniel réservé à leurs envoyés.
8Celui-ci permet également d’apercevoir les circonstances particulières qui firent que la cour de Darmstadt reçut les délégués de Francfort comme s’il s’était agi de diplomates. À l’instar des envoyés de princes européens, ils furent logés aux frais de la cour (defrayiert). Conformément aux règles du cérémonial diplomatique, on les mena en carrosse dans la cour intérieure du château, au pied des degrés – en quelque sorte la version locale de l’escalier des Ambassadeurs, au château de Versailles. L’art baroque de construire les châteaux se calquait sur les distinctions les plus fines du protocole19. Lorsque, à partir de 1714, celui de Darmstadt fut rénové de fond en comble sous la direction de l’ingénieur général Louis Remy de la Fosse, l’installation d’une double cour, extérieure et intérieure, répondit avant tout aux nécessités de la distinction politico-sociale : l’entrée en carrosse dans la cour intérieure et jusqu’au pied de l’escalier menant vers la salle des audiences et des cérémonies était un signe de très haute considération (ill. page précédente). Les invités francfortois notèrent précisément cette marque de faveur, car ils étaient de cette manière traités comme des diplomates, à qui le droit des gens attribuait ce cérémonial. Il en allait de même des audiences accordées ensuite ainsi que du repas à la table du landgrave.
9Aux yeux du corps de ville, tout cela était d’autant plus remarquable, et un succès d’autant plus grand, que la diplomatie des villes d’Empire ne pouvait en général s’effectuer que dans des conditions très difficiles : dans la mesure où la logique de la société d’ordres interférait constamment avec les interactions entre villes et princes, celles-ci ne pouvaient s’établir sur un pied d’égalité. Les villes libres d’Empire manquaient du prestige nécessaire pour être reconnues au sein de la société des princes européens comme des acteurs jouissant des mêmes droits que les autres. On disputait même pour savoir si des villes pouvaient nommer des diplomates, en raison non seulement de leur déficit en autonomie et en souveraineté, mais aussi du fait qu’il manquait à des communes bourgeoises la dignité sociale que dans le monde nobiliaire on jugeait indispensable pour déléguer des envoyés extérieurs20. L’asymétrie sociale entre princes et villes d’Empire était particulièrement sensible à la Diète de Ratisbonne. Les diplomates des villes y étaient en permanence exposés, en raison de leur infériorité sociale, à des humiliations et des attitudes condescendantes21. Or, l’interaction cérémonielle des diplomates et des princes n’était pas qu’une ornementation superficielle. Elle formait au contraire un indicateur crucial de la considération politique mutuelle et de l’acceptation sociale. La communication symbolique, pour la diplomatie, revêtait une fonction bien particulière, celle d’un altimètre enregistrant avec précision les gradients de statut politico-social22. Il faut avoir cet arrière-plan en tête pour comprendre pourquoi le conseil francfortois tenait tant à interpréter le traitement reçu par ses délégués lors des fêtes de baptême à Darmstadt comme un cérémonial diplomatique particulièrement réussi. Aux yeux de la cour de Hesse, il s’agissait sans doute avant tout de se montrer aimable envers un invité généreux et certainement pas de donner droit à ses prétentions en matière de droit des gens. À ceux du corps de ville francfortois au contraire, les honneurs reçus à Darmstadt formaient un épisode heureux de sa politique du statut, étant donné l’inégalité de traitement qui le menaçait sur tous les théâtres officiels de la diplomatie.
10Cette appréciation du conseil était aussi due au fait que la demande de parrainage était toujours couplée à une invitation de représentants de la ville à une fête de cour. Même lors des mondanités du baptême, les membres du conseil avaient reçu certaines marques de considération. Leur statut de parrain en faisait – du moins le temps de cette cérémonie – une partie intégrante du monde très fermé de la société aristocratique. Sur le plan de la communication symbolique, les parrainages mobilisaient donc un répertoire en contraste total avec la façon dont les représentants des villes d’Empire étaient malmenés à la Diète, où les attendait de la part des envoyés des princes un degré maximal d’arrogance et d’exclusivisme social.
Le baptême et le statut : Brunswick
11Le 26 janvier 1645, le conseil de la ville de Brunswick fut invité par Christian II d’Anhalt-Bernburg (1599-1656) à accepter le parrainage de sa fille Marie. La lettre faisait apparaître une titulature qui mérite attention. Elle était en effet adressée aux « honorables et très honorés seigneurs, maires et conseillers de la louable ville d’Empire et de la Hanse de Brunswick23 ».
12Il est incontestable que Brunswick appartenait à la Hanse. Mais une ville d’Empire ? Les ducs de Brunswick-Wolfenbüttel auraient à coup sûr élevé de véhémentes protestations contre une telle titulature, et en 1645 personne n’aurait pu vraiment dire si la ville arriverait à faire prévaloir sa liberté d’Empire au congrès de paix qui se déroulait en Westphalie. En tout cas, le statut politique de la ville de Brunswick, de la fin du Moyen Âge jusqu’à sa soumission en 1671, était tout sauf clair24. La ville essayait sans cesse de s’émanciper des ducs de la dynastie Welfe et de se faire reconnaître comme ville immédiate d’Empire. Tandis qu’à la fin du xvie siècle et au début du xviie elle fut fréquemment contrainte – et parfois par la force – à prêter hommage aux ducs, son conseil pouvait d’un autre côté faire valoir qu’elle avait été plusieurs fois conviée à participer aux Diètes et qu’elle avait également payé différents impôts d’Empire25. Dans ce cas, en effet, le règlement des impôts ne signifiait pas seulement une perte de capital économique, mais aussi, et dans le même temps, l’acquisition d’un capital symbolique. Car seules les villes immédiates d’Empire s’acquittaient d’impôts d’Empire. Recevoir d’un prince le titre de ville d’Empire, voilà qui ne pouvait donc qu’être particulièrement agréable au conseil attaché à sa politique traditionnelle d’émancipation.
13Toutefois, un post-scriptum tout personnel dévoilait la raison pour laquelle le prince Christian II avait envoyé son invitation à parrainage, assortie d’une telle flatterie – il avait grand besoin d’argent :
« Ces messieurs pourraient me faire une faveur grande et agréable si, en raison de la nécessité à laquelle de notoriété publique, et pas par ma faute, je suis réduit [...], ils me faisaient tenir une somme assez importante d’argent, à leur convenance26. »
14En effet, l’Anhalt-Bernburg avait eu beaucoup à souffrir de la guerre de Trente Ans. Les passages de troupes et les quartiers qu’elles y avaient pris avaient entraîné une considérable désertification. Christian II était donc sincère en se plaignant auprès du conseil de Brunswick d’être « totalement [...] ruiné27 » par les dernières batailles entre les armées suédoises et impériales menées sur son territoire. Il ajoutait qu’il n’était même pas nécessaire que les représentants du conseil entreprennent le complexe et périlleux voyage jusqu’à Bernburg. L’argent pouvait être également livré à Halberstadt ou Quedlinburg, « en silence et en secret (d’une manière compatible avec nos réputations réciproques) ». « En silence », afin que ces messieurs du conseil ne puissent craindre qu’« une telle gratification » leur soit « préjudiciable ». Pourtant, ils devaient eux aussi tirer un bénéfice de ce don. Le prince proposait de s’entremettre auprès de l’empereur et des états d’Empire en faveur des intérêts de la ville et de son désir de liberté d’Empire.
15Le conseil de Brunswick a certes accepté d’être parrain, mais il n’a en fait envoyé aucun représentant à la cérémonie du baptême et est resté très mesuré en ce qui concerne le cadeau. Il n’est pas possible d’affirmer que le conseil a effectivement versé de l’argent au prince. Ce qui n’empêcha pas Brunswick de se hisser, même virtuellement, parmi les participants de l’illustre compagnie rassemblée pour les festivités. Christian II était parvenu à convaincre un personnage aussi important que l’impératrice Maria Anna, épouse de Ferdinand III, d’être la première marraine et de donner son prénom à la petite princesse. Sur la liste protocolaire des parrains, telle qu’elle fut envoyée plus tard au conseil de la ville de Brunswick, figuraient en outre Marie-Éléonore, veuve du roi de Suède Gustave Adolphe, l’archiduc Léopold Guillaume d’Autriche, Jean Georges, prince héritier de l’électorat de Saxe, Magdalena, épouse du prince héritier du landgraviat de Hesse-Kassel ou encore Jean Maurice de Nassau-Siegen, lieutenant-général des Pays-Bas. Brunswick venait en dix-septième position – mais devant la ville d’Empire de Ratisbonne. Aucun de ces parrains n’était venu en personne à la cérémonie. Ceux de la haute noblesse avaient été représentés par des membres de la maison d’Anhalt-Bernburg, les villes en revanche l’avaient été par des conseillers caméraux du prince. Cette présence par procuration n’avait toutefois rien d’inhabituel et ne nuisait pas au prestige28. Que la présence soit réelle ou déléguée : en tout cas, Brunswick s’était retrouvée, à l’occasion de ce baptême, être pleinement actrice d’une pièce éminemment aristocratique. En un temps où la liberté d’Empire était considérée comme un statut social et une qualité équivalant à la noblesse, ce n’était pas un mince succès pour une ville comme Brunswick qui aspirait à l’autonomie29.
16Comme à Francfort, les parrainages d’enfants de princes formaient à Brunswick une tradition déjà assez ancienne. Et au même titre que sur les bords du Main, on conservait avec le plus grand soin les relations et les correspondances qui s’y rapportaient. La raison d’être de ces collections dépassait largement le simple souci de la conservation et de l’archivage à long terme. Les documents relatifs aux « parrainages de la ville de Brunswick » ne servaient pas seulement à garder en mémoire les précédents et la valeur des cadeaux afin de s’en inspirer pour l’avenir. Ils constituaient également des trésors de capital symbolique, les preuves matérielles d’une intégration dans le monde aristocratique30.
17La collection portait témoignage des parrainages par Brunswick depuis 1616, date à laquelle le duc Alexandre de Schleswig-Holstein-Sonderburg avait sollicité à cet effet les « nobles » et « honorables » maires et conseillers31. En 1639, ce fut le tour du comte d’Empire Johann Martin zu Stolberg et du comte Albrecht Friedrich zu Barby und Mühlingen32. Le duc Adolphe Frédéric de Mecklembourg-Schwerin pria le corps de ville de Brunswick d’être parrain de son fils Henri Guillaume en 1653, et le duc Frédéric de Wurtemberg (-Neuenstadt) en fit autant en 1658 pour sa fille Sophie Dorothea33. En 1664, le duc Adolphe Guillaume de Saxe-Eisenach et le duc Christian de Schleswig-Holstein-Glücksburg effectuèrent la même démarche34. Cependant, dans la majorité des cas répertoriés depuis 1616, l’invitation venait de ducs de la dynastie Welfe, y compris de ceux qui étaient en conflit avec la ville au sujet de son autonomie. Ce qui n’empêcha pas Auguste II, le savant duc de Brunswick-Wolfenbüttel, fondateur de la bibliothèque de Wolfenbüttel, de choisir la ville de Brunswick à quatre reprises, en 1627, 1633, 1636 et 1639, pour parrainer ses enfants. Aucune norme n’obligeait à ne choisir comme parrains d’enfants princiers que de libres états d’Empire, mais c’était une coutume habituelle, si bien que les invitations faites en ce sens à la ville de Brunswick par des ducs Welfes étaient un véritable fait politique, un maillon de plus dans la longue chaîne de ses efforts (qui restèrent finalement vains) pour obtenir la liberté d’Empire tant souhaitée. Dans ce contexte, les façons obligeantes que déployait la cour de Wolfenbüttel pour recevoir et traiter les envoyés de la ville de Brunswick n’étaient pas uniquement le signe de l’acceptation sociale de représentants bourgeois dans une société aristocratique, elles fournissaient également l’indice d’une volonté, présente même chez celui qui était l’adversaire le plus acharné de la liberté d’Empire de la ville, de ne pas la traiter comme une simple sujette. Alors qu’en règle générale, lors des baptêmes princiers, le corps de ville de Brunswick se faisait simplement représenter par des conseillers locaux, il envoyait en revanche des délégués issus de ses rangs (généralement le syndic de la ville35 et l’un des deux bourgmestres) quand l’invitation venait de ducs de la maison welfe de Brunswick. En 1670 encore, le conseil put se croire admis dans la meilleure société lorsque ses représentants lui rapportèrent que les parents princiers – Ferdinand Albert et Élisabeth Sophie de Brunswick-Wolfenbüttel-Bevern, une lignée secondaire des Welfes – s’étaient grandement réjouis du cadeau du « très noble » et « très considéré conseil » (et l’auteur du registre d’ajouter « ha.ec erant verba illustrissimi », montrant l’importance qu’il attachait au fait que le duc avait qualifié le conseil de corps aristocratique), ou qu’eux-mêmes avaient été autorisés à participer au jeu lors d’une mascarade organisée à la cour.
18Pourtant, une seule année plus tard, Brunswick fut contrainte à la soumission par une intervention militaire ; et les documents sur les parrainages, si soigneusement compilés, semblèrent dès lors ne plus être que le souvenir d’un temps révolu, celui où Brunswick était traitée comme une ville d’Empire.
Le filleul et le grand-juge : Aix-la-Chapelle
19La pratique des parrainages princiers est connue surtout pour les villes d’Empire protestantes (alors que nous n’avons aucune source à ce sujet pour la catholique Cologne), et ce n’est pas un hasard. Certes, le recours aux parrains n’était pas un marqueur de la différence confessionnelle. Pour autant, l’insistance de Luther sur le maintien du baptême des nouveau-nés, et la conception qu’il se faisait en même temps de ce sacrement comme acte de répudiation consciente du démon – un acte, toutefois, que le nourrisson ne pouvait assumer en personne – rendirent indispensable la présence de parrains chargés de professer leur foi en lieu et place du baptisé36. Néanmoins, la pratique du parrainage est également attestée au xviiie siècle, de manière sporadique, dans le monde politique impérial du côté catholique. Plus encore que chez les protestants, elle apparaît comme totalement déconnectée de sa fonction spirituelle première. Ce sont au contraire ses aspects matériels et sa capacité à faire réseau qui dominent. L’exemple qui suit en est une excellente illustration.
20En 1742, le conseil de la ville d’Empire d’Aix-la-Chapelle ne montra d’abord qu’un enthousiasme mesuré lorsque le comte d’Empire Philipp von Hohenlohe-Bartenstein (de la branche catholique des Hohenlohe-Waldenburg-Schillingsfürst) le pria d’être parrain de son fils Christian Ernst37. Le conseil envoya bien ses compliments et accepta l’invitation. Mais il se dispensa de faire un cadeau.
21Cependant, après que le comte d’Empire eut été nommé en 1746 grand-juge de la Chambre de justice impériale – un poste non seulement extrêmement prestigieux, mais aussi et surtout très influent –, un intérêt nouveau se fit jour pour une réactivation du lien créé par le parrainage38. C’est que le conseil était alors embourbé dans différents procès. Parmi ses adversaires figuraient aussi bien des corporations ecclésiastiques autonomes présentes en ville ou le siège des échevins (un tribunal jouissant de l’immédiateté d’Empire) qu’une partie des membres de sa propre bourgeoisie39. Rien d’étonnant donc à ce que l’on gardât le secret sur la reprise des relations avec le filleul, membre d’une maison qui était désormais celle du juge suprême. Un truchement aussi direct qu’informel vers l’entourage du grand-juge était disponible en la personne du jésuite Nütten qui était à la fois en contact étroit avec les Hohenlohe, et un parent du secrétaire de la ville d’Aix-la-Chapelle, Albert Osterlender. C’est d’ailleurs lui qui au départ s’était entremis pour le parrainage du jeune comte par la ville40. Le secrétaire Osterlender pria donc en juin 1749 son cousin le père Nütten de s’informer du cadeau considérable qui pourrait être agréable à la famille comtale, des moyens et du moment pour le faire parvenir, et surtout de la façon dont on pourrait jeter un voile pudique sur le fait que les édiles d’Aix ne se préoccupaient soudain de leur filleul – entretemps âgé de sept ans, tout de même – que parce que son père était devenu grand-juge de la Chambre de justice impériale. Car là étaient bien sûr le sens et le but de tous ces efforts. La correspondance entre les deux cousins dura près d’un an, et « on y vit apparaître sans fard le désir de gagner à la ville la faveur du puissant prince41 ». On soupesa plusieurs prétextes possibles pour expliquer une affection si tardivement éclose : il était jusque-là trop tôt pour connaître les goûts du petit prince (on songeait alors à lui offrir un cheval) ; ou encore : un enfant trop petit ne pouvait pas encore apprécier les chefs-d’œuvre des orfèvres.
22Dès septembre 1749, le père Nütten fut en mesure de faire une proposition concrète pour un cadeau approprié : « Un présentoir à confiserie en argent, bien travaillé, pour une table d’environ 16 personnes, car dans une certaine mesure on en manque encore à la cour42. » Cependant, par mesure de discrétion, on ne confia pas l’ouvrage à un orfèvre du cru, mais à Philipp Adam Benz, à Augsbourg. Le « plat de ménage en argent », qui fut finalement confectionné, coûta au conseil 300 reichstalers43. Les membres du conseil qui avaient été mis au parfum trouvèrent pourtant que c’était encore trop peu. Après qu’on eut brièvement évoqué l’idée d’y ajouter une dague plaquée or, Nütten proposa d’offrir à Hohenlohe-Bartenstein 200 ducats supplémentaires – « quod maneat sub rosa », c’est-à-dire en sous-main. Selon lui, le grand-juge était en effet un peu gêné financièrement « à cause des grosses dépenses faites pour le trousseau du second prince44 ».
23On ne chargea ni un membre du conseil ni le syndic de la ville de remettre le cadeau et la douceur additionnelle – les deux parties étaient bien trop soucieuses de ne pas éveiller l’attention – mais plutôt le père Nütten. Bien que le jésuite agît dans l’ombre, il ne laissa toutefois pas d’adopter en matière cérémonielle le même comportement que celui qu’aurait eu un diplomate officiel délégué par Aix-la-Chapelle. Après qu’on lui eut confié l’argent et le cadeau, il se mit en route pour Wetzlar, où il fut enfin reçu en mai 1750 par le grand-juge. Il en fit une relation tout à fait dans le style de celle qu’auraient rédigée en pareille circonstance les envoyés de Francfort et de Brunswick – enregistrant en détail les modalités de la réception, de la remise du cadeau, et de l’accueil fait à celui-ci par le récipiendaire. Il réserva un sort particulier aux ducats d’or supplémentaires. Lorsque Nütten annonça ce petit extra, lors d’une conversation seul à seul, le grand-juge commença par se récrier : « C’est trop, c’est trop ! », mais cessa toute résistance lorsque le jésuite, alors que le « confiturier » était admiré en public, lui glissa les ducats discrètement dans la poche, de telle sorte que personne, dans l’entourage de Hohenlohe-Bartenstein, ne s’en aperçut. Il s’agissait incontestablement d’une tentative de le soudoyer. Mais ce qui était en jeu ne relevait pas uniquement de la corruption en vue d’influencer le cours des procès45. En effet, ce sont des dividendes sociaux que produisit immédiatement l’investissement dans les riches cadeaux, sous la forme de signes et de gestes valorisant la ville d’Empire d’Aix-la-Chapelle. Ainsi, le grand-juge couvrit de louanges la lettre du secrétaire Osterlender qui accompagnait les présents. Il y vit l’expression d’une très grande compétence en matière de cérémonial de chancellerie :
« C’est, dit-il, un écrit charmant, charmant, où il y a tout ce qu’on pourrait s’attendre à trouver jamais dans une telle lettre. Et il continua encore à souligner l’habileté de la plume aixoise, en trouvant de telles expressions que (sans dire de flatteries) j’ai senti mes yeux se remplir de soulagement et j’ai ressenti tout au long de mon séjour un plaisir peu commun à voir qu’en raison de ses hommes habiles ma patrie urbaine se voyait attribuer tant de louanges [...] et je peux assurer que la ville d’Aix-la-Chapelle, avec son présent, a recueilli un grand honneur et retire plus que ce que l’on s’était imaginé46. »
Les parrainages politiques : des rituels de relations extérieures, d’échange et de corruption
24Aux yeux de l’archiviste Wilhelm Mummenhoff, qui a édité en 1917 les rapports sur le cadeau un peu douteux que la ville d’Aix avait offert à son filleul, toute cette affaire était très suspecte : « L’impuissance intérieure et la déréliction qui ont précédé la dissolution de l’ancien Empire allemand ne sont nulle part mieux visibles que dans les étranges relations qui régnaient alors entre ses différents membres. » Il entendait par là avant tout les « égards témoignés envers la parenté » au « détriment de l’État allemand ». « Les villes d’Empire auraient dû dans ce domaine constituer une louable exception, dans la mesure où elles n’avaient pas à prendre en considération de telles motivations47. » Mais les recherches récentes sur les politiques de la parenté ont ici fait apparaître un tableau fort différent. Elles mettent en valeur les fonctions et les effets des relations de parenté, qui stabilisent et dynamisent la société prémoderne. Quant à cet article, il souhaitait montrer dans quelle mesure les villes d’Empire, elles aussi, pouvaient au moyen du parrainage être intégrées dans les réseaux parentélaires, toujours socialement construits, de la société des princes. Il a permis de dégager trois niveaux de signification, étroitement liés entre eux : les parrainages peuvent être décrits comme des rituels des relations extérieures, comme des échanges entre capital économique et capital symbolique, et enfin comme des instruments de corruption.
25Lorsque le conseil d’une ville d’Empire acceptait d’être parrain d’un enfant princier, il s’ouvrait la possibilité de participer aux rituels d’honorabilité de la société nobiliaire, dont les communes bourgeoises étaient ordinairement exclues. À l’instar de tous les acteurs politiques dans la société européenne des princes, les villes accordaient une importance primordiale aux rituels et au cérémonial. C’est à travers eux que les prétentions à un statut politico-social étaient formulées, acceptées, ou refusées48. On a vu dans le cas francfortois que l’invitation à être parrain a permis d’établir entre la ville et la cour princière des relations extérieures qui, en temps normal, n’auraient pratiquement pas pu exister en raison des asymétries sociales dans la société d’ordres : à tout le moins, les parrains venus de Francfort furent reçus à la cour du landgrave comme s’ils possédaient le rang et le statut de diplomates. Les festivités du baptême, en effet, étaient également une réception à la cour assortie d’un cérémonial diplomatique. En parrainant un enfant princier, une ville d’Empire se donnait toujours les moyens de glaner les signes et les gestes de la considération sociale. On réserva aux envoyés de Francfort les mêmes marques d’honneur qu’aux invités de sang bleu ou à leurs représentants. Accepter ce parrainage et la création d’une parenté artificielle qui allait de pair conférait donc aux délégués bourgeois un rôle social qui leur garantissait de ne pas être traités comme de simples sujets49. C’était, surtout pour les villes situées dans la zone grise s’étendant entre la liberté d’Empire et la soumission territoriale, une stratégie qui à leurs yeux portait les plus grandes espérances de succès sur la voie qui devait les mener au statut de ville d’Empire – c’est ce que nous a montré l’exemple de Brunswick. Au milieu du xviie siècle, de nombreux cas de parrainage sont attestés non seulement pour Brunswick, mais également pour plusieurs de ces villes dites « autonomes » comme Hildesheim et Münster. Cette stratégie s’est finalement avérée être un échec – mais c’est une autre histoire.
26Les relations de parenté politique, comme les autres, ne reposaient pas simplement sur une sympathie mutuelle. Du côté des princes, l’intérêt matériel était évident : on attendait des villes, outre un cadeau de baptême qui était déjà, le plus souvent, considérable, une gratification supplémentaire. Ce n’est pas un hasard si Brunswick a été sollicitée pour être parrain avant tout par les princes dont le territoire avait été dévasté pendant la guerre de Trente Ans. Sous cet angle, les petites attentions cérémonielles réservées aux villes équivalaient presque toujours à une considération sociale rétribuée, c’est-à-dire un échange entre capital économique et capital symbolique50. Les villes en étaient d’ailleurs elles aussi parfaitement conscientes, si bien qu’elles ne mettaient pas toutes les invitations à parrainage sur le même plan. Si la famille princière ne semblait pas être d’un lustre suffisant ou s’il s’agissait même de noblesse médiate, les invitations n’étaient pas refusées, mais le cadeau demeurait modeste. Du reste, il arrivait que les exigences matérielles de leurs hôtes exaspèrent les représentants des conseils. Par exemple, Heinrich Bergmann, bourgmestre de Brunswick invité à un baptême en 1670 au château de Bevern, observa en hochant la tête la façon dont la mère de l’enfant, la duchesse Élisabeth-Sophie, s’intéressait en priorité à la table où étaient disposés les cadeaux et au présent donné par la ville : une bourse remplie de pièces d’or. C’était pourtant un beau succès pour la cité, car le conseil de Brunswick avait éclipsé les cadeaux de tous les autres parrains. Car à la suite de la duchesse les autres invités soupesèrent également le sachet dans leurs mains et « se dirent l’un à l’autre : voyez, messieurs les envoyés de Brunswick offrent une bourse bien pleine d’or51 ».
27Cette pluralité de significations attachée aux cadeaux est également perceptible, pour finir, dans le cas du parrainage d’Aix-la-Chapelle pour le fils du grand-juge. Les correspondances secrètes ne font pas mystère de l’intention que nourrissaient les « initiés » au sein du conseil de ville : celle d’influer sur le cours des procès où ils étaient engagés, entre autres ceux qui les opposaient à leurs propres concitoyens. Et pourtant, même dans ce cas, il s’agissait de bien plus que de soudoyer le juge, et toute l’activité de don et contre-don dans l’entourage du grand-juge de la Chambre de justice impériale ne peut se réduire à de la corruption au sens moderne du terme. La manière dont le jésuite Nütten, qui jouait dans cette affaire un rôle d’intermédiaire, transmit le cadeau est en elle-même déjà révélatrice. Il ne lui importait pas seulement de donner les 200 ducats en cachette, mais aussi de faire bonne figure au nom de sa « patrie urbaine » – et d’en être immédiatement récompensé par le très noble grand-juge sous la forme de gestes de reconnaissance sociale.
28Il ressort de tout ceci que les parrainages donnaient aux villes d’Empire l’accès à un large spectre de possibilités. Cette pratique sociale que les recherches sur le patronage nous ont permis de bien connaître se retrouve aussi dans les relations extérieures des villes, ainsi que dans les rapports des villes d’Empire entre elles ; j’y vois le signe que le Saint-Empire ne constitue pas un « État-Empire complémentaire », mais plutôt une société des princes reposant entre autres sur des fictions de parenté.
Notes de bas de page
1 Ellwardt 2006.
2 Sur le parrainage comme moyen de subvenir aux besoins existentiels : Labouvie 2000.
3 Dauser 2008, p. 359, à partir de l’exemple des Fugger à Augsbourg.
4 Sur le parrainage comme variante du patronage : Pfister 1992, p. 56.
5 Schnapper-Arndt 1915.
6 Il existait toutefois une autre variante : le conseil pouvait en tant que corps devenir parrain d’enfants issus des couches les plus démunies de la population de la ville. Il s’agissait alors d’une forme sélective d’assistance aux pauvres : Dinges 1991 ; Dinges 1988.
7 Voir par exemple Beyschlag 1851.
8 Press 1988.
9 Quelques références représentatives de ce domaine de la recherche : Duhamelle 1998a ; Jussen 1991 ; Sikora 2004 ; Sabean et al. 2007 ; Hohkamp 2007a ; Johnson et al. 2013.
10 Sur ce point, déjà : Weis 1981 ; Kunisch 1982.
11 Trexler 1991, p. 279-280.
12 Jussen 2001, p. 40 ; une formulation similaire dans Jarzebowski 2006, p. 17 : il est nécessaire de concevoir la parenté non uniquement comme « grandeur biologique », mais également comme un « concept extensible de relations qui s’interpénétrent, se recoupent, se renforcent ou s’affaiblissent réciproquement selon les besoins, et qui comportent des potentiels et des prétentions différenciés ».
13 Jussen 1991, p. 36 sq. Sur l’ethnologie du parrainage jusqu’au cœur de la modernité voir les travaux fondamentaux d’Agnès Fine : Fine 1994 ; Fine 1997.
14 Fertig 2012, p. 61.
15 Institut füt Stadtgeschichte Frankfurt am Main (désormais ISG), Bestand « Nachbarliche Beziehungen » (désormais NB), Nr. 101, sans pagination. Il s’agit d’une collection de correspondances et de relations sur les Invitationes zu Leich Begängnissen, Hochzeiten und Gevatterschaften den Anno 1565 usque 1786 item, gratulationes.
16 ISG, NB, Nr. 101 : « Loco Relationis. Kurtze Nachricht wegen der Darmstädter Raise als das pettergeschenk überbracht worden, in specie das künfftige Ceremoniel beftreffend] », sans pagination.
17 Plus de détails sur ce point dans Krischer 2006a, p. 106 sq.
18 Rohr 1733, p. 181.
19 Une étude récente sur ce point : Krems 2014.
20 Krischer 2009.
21 Krischer 2008 ; plus généralement, sur la fonction de la Diète comme lieu de communication : Friedrich 2007.
22 Stollberg-Rilinger 1997 ; Stollberg-Rilinger 2008b ; Stollberg-Rilinger 2011a ; Stollberg-Rilinger 2011b ; Köhler 2011 ; Windler 2013.
23 Stadtarchiv Braunschweig (désormais StA B), B IV 2d, Nr. 36 : Gevatternschaften der Stadt (1616-1670), fol. 54v.
24 Au milieu du xviie siècle, de nombreuses villes connaissaient cette ambiguïté du statut entre liberté d’Empire et soumission à la juridiction d’un territoire (Rostock, Stralsund, Essen, Magdebourg, Lemgo, Herford, Soest, Minden, Münster, Erfurt, Mayence, Hildesheim, Osnabrück, Brême, Hambourg), voir Schmidt 1959 ; Schilling 2004, p. 39-46.
25 Hassebrauk 1906. Sur l’hommage comme cérémonie du pouvoir : Holenstein 1991, p. 16-17 ; Brademann 2006.
26 StA B, B IV 2d, Nr. 36 : Gevatternschaften der Stadt (1616-1670), fol. 54.
27 StA B, B IV 2d, Nr. 36 : Gevatternschaften der Stadt (1616-1670), fol. 54 ; sur Christian II, qui tenait un diaire très détaillé : Herz 2005.
28 Krischer 2006a, p. 224-225.
29 Toujours fondamental sur ce point : Schmidt 1959.
30 Sur les dimensions symboliques des écrits urbains : Blattmann 1994.
31 StA B, B IV 2d, Nr. 36 : Gevatternschaften der Stadt (1616-1670), fol. 3.
32 Ibid., fol. 34 et 43.
33 Ibid, fol. 78.
34 Ibid, fol. 108 et 122.
35 Sur le rôle du syndic dans les relations extérieures des villes : Krischer 2010a.
36 Luther 1523 ; Hocker 1568.
37 Pour les développements qui suivent, je m’appuie entièrement sur les descriptions et les éditions de Mummenhoff 1917.
38 Loewenich 2014.
39 Mummenhoff 1917, p. 221. Goecke 1888 ; Veltman 1899 ; Ritscher 1999-2000 ; Köhler 1985.
40 Mummenhoff 1917, p. 219.
41 Ibid, p. 220.
42 Cité selon Mummenhoff 1917, p. 222.
43 Mummenhoff 1917.
44 Ibid.
45 Les multiples aspects du don et du contre-don dans l’entourage du grand-juge de la Chambre de justice impériale Hohenlohe-Bartensetin, aspects que l’on ne peut justement réduire uniquement à la conception moderne de la corruption, sont également mis en valeur pour ce personnage par Loewenich 2013 ; plus généralement, sur l’évolution des manières de concevoir la corruption : Engels 2014.
46 Mummenhoff 1917, p. 226-227.
47 Ibid, p. 218.
48 Voir désormais également Sternberg 2014.
49 Indravati 2016 souligne également, pour les villes d’Empire, les liens qui existent entre les relations extérieures et la défense du statut politique et social.
50 Bourdieu 1983 ; plus généralement : Krischer 2006a, p. 106 sq.
51 StA B, B IV 2d, Nr. 36 : Gevatternschaften der Stadt (1616-1670), fol. 140.
Auteur
Westfälische Wilhelms-Universität, Münster
(1974) a obtenu son doctorat en 2005 et son habilitation en 2015 à la Westfälische Wilhelms-Universität de Münster. Il enseigne au département d’histoire de cette université. Ses recherches portent sur l’histoire des villes d’Empire, la criminalité politique et le parlementarisme anglais. Parmi ses publications : « Das diplomatische Zeremoniell der Reichsstädte, oder : Was heiβt Stadtfreiheit in der Fürstengesellschaft », Historische Zeitschrift, 281, 2007, p. 1-30 ; Reichsstädte in der Fürstengesellschaft. Politischer Zeichengebrauch in der Frühen Neuzeit, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 2006.
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