1 Cette brochure fut écrite en juin 1918.
2 Friedrich von Schiller, Les Brigands, trad. par R. Dhaleine, Paris : Aubier, 1942, p. 101 (acte I, scène 2).
3 À Saverne, en octobre 1913, un officier allemand s’était montré méprisant envers les Alsaciens ; rapportée par la presse locale, l’affaire dégénéra en affrontements entre les militaires et la population civile. L’« incident de Saverne » provoqua dans les semaines suivantes une crise au sein du gouvernement allemand.
4 Dans un texte d’octobre 1917 qui est à plusieurs égards une première version de celui-ci, Bloch se montre plus explicite sur ce point : en encourageant l’Empire ottoman à se tourner davantage vers le Proche-Orient et à se résigner à la perte de ses territoires coloniaux de Grèce et d’Afrique, les Allemands, dit-il, cherchent en fait à se concilier la Grèce et l’Italie (Ernst Bloch, Kampf, nicht Krieg. Politische Schriften 1917-1919, éd. par Martin Korol, Francfort-sur-le-Main : Suhrkamp, 1985, p. 78).
5 Wilhelm Muehlon (1878-1944) fut le témoin des menées bellicistes du gouvernement allemand lors de la crise de juillet 1914 ; son journal de ces années-là, intitulé Die Verheerung Europas, parut en 1918 (L’Europe dévastée ; notes prises pendant les premiers mois de la guerre, trad. par J. de La Harpe, Lausanne/Paris : Payot, 1918). Exilé en Suisse en 1916, il s’efforça d’y unir les groupes pacifistes allemands. Bloch entretint avec lui une relation d’amitié (cf. Ernst Bloch, Briefe 1903-1975, Francfort-sur-le-Main : Suhrkamp, 1985, p. 216-247) et Muehlon lui apporta un soutien financier dans les derniers mois de son séjour en Suisse.
6 Theobald von Bethmann-Hollweg (1856-1921), chancelier de l’Empire allemand de 1909 à juillet 1917.
7 Traduction modifiée, établie à partir de la version française de cette lettre parue à la une de L’Humanité le 31 mars 1918 (document consultable en ligne : http://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k255235h/f1.item.zoom).
8 Allusion à Händler und Helden : patriotische Besinnungen [Commerçants et héros : réflexions patriotiques], ouvrage de 1915 dans lequel Werner Sombart établissait une distinction entre l’Angleterre, pays de culture marchande individualiste et hédoniste, et l’Allemagne en tant que pays de culture héroïque où l’individu se subordonne à la collectivité.
9 Ville polonaise où fut signé le 3 mars 1918 un traité de paix entre la Russie bolchevique et les Puissances centrales (Allemagne et Autriche-Hongrie). Pour prix de la paix, la Russie dut notamment renoncer à une grande partie de son territoire.
10 Guillaume II (1859-1941) fut de 1888 à 1918 le dernier empereur allemand et roi de Prusse.
11 La réforme électorale annoncée par l’empereur le 7 avril 1917 fut bloquée par le parlement prussien jusqu’en octobre 1918. Par ailleurs, à la fin de janvier 1918 eurent lieu dans toute l’Allemagne des grèves ouvrières massives qui avaient pour slogan « Paix et pain ! » ; ces grèves furent durement réprimées dès les premiers jours de février.
12 Paul von Hindenburg (1847-1934), militaire et politicien, chef de l’État-Major des armées de 1916 à 1918 et président de l’Allemagne de 1925 à 1934.
13 Erich Ludendorff (1865-1937), militaire et politicien, général en chef des armées allemandes de 1916 à 1918.
14 Elard von Oldenburg-Januschau (1855-1937), grand propriétaire agraire, lobbyiste actif et politicien conservateur, fut membre du parlement de Prusse de 1901 à 1910 puis du Reichstag de 1902 à 1912. Proche de Hindenburg, il fera partie de la camarilla entourant le vieux maréchal quand celui-ci deviendra président de la République.
15 Das Werk des Untersuchungsausschusses der deutschen Verfassunggebenden Nationalversammlung und des Deutschen Reichstages, 1919-1926, éd. par Eugen Fischer, Peter Pahn, Georg Granauer et al., vol. 6, Berlin : Deutsche Verlagsgesellschaft für Politik und Geschichte, 1925, p. 200.
16 Il s’agit des guerres qui ont libéré le territoire allemand de la domination napoléonienne (1813-1814). Sur ces guerres, voir infra, note 31.
17 Eduard Bernstein (1850-1932), théoricien de la social-démocratie, membre du Reichstag pendant la guerre.
18 À la suite de la loi sur les pleins pouvoirs du 4 août 1914, le Bundesrat était devenu de facto le seul organe législatif, le Reichstag se soumettant à son autorité et à celle de l’État-Major général des forces armées. Il reprit, à partir de l’été 1916, une part importante aux débats politiques et utilisa pour ce faire le cadre de la Commission du budget [Haushaltskommission], dans laquelle siégeaient des représentants des grands partis (Fortschrittliche Volkspartei, Nationalliberale Partei, Sozialdemokratische Partei Deutschlands et Zentrumspartei). Cette commission obtint à l’automne le droit de se réunir en dehors des périodes de session parlementaire. Par le biais de ses compétences budgétaires, elle étendit son contrôle à la politique étrangère et à la conduite de la guerre. De là lui vient l’appellation de « Commission principale ».
19 Voir Verhandlungen des Reichstags. XIII. Legislaturperiode. II. Session. Vol. 312 : Stenographische Berichte. Von der 148. Sitzung am 18. April 1918 bis zur 172. Sitzung am 11. Juni 1918, Berlin : Verlag der Norddeutschen Buchdruckerei und Verlags-Anstalt, 1918, p. 4787.
20 Allusion à l’ouvrage de Fichte intitulé Der geschlossene Handelsstaat [L’État commercial fermé], 1800.
21 Woodrow Wilson (1856-1924), président des États-Unis de 1913 à 1921.
22 Vorwärts [En avant], journal du Parti social-démocrate allemand, fondé en 1876.
23 Georges Clemenceau (1841-1929), président du Conseil des ministres français et ministre de la Guerre, de 1917 à 1920.
24 David Lloyd George (1863-1945), Premier Ministre du Royaume-Uni de 1916 à 1922.
25 Bloch restitue ici une opinion dénoncée par Muehlon dans son ouvrage Die Verheerung Europas. Dans son compte rendu de ce livre paru dans la Freie Zeitung du 15 juin 1918, Bloch reformule cette opinion plus clairement : « On s’en tient à des personnes et l’on croit, avec tout le sérieux du monde, d’abord qu’une issue favorable de l’offensive à l’ouest entraînerait la chute de Clemenceau et de Lloyd George, ensuite qu’avec le départ de ces hommes la guerre prendrait fin » (Ernst Bloch, Kampf nicht Krieg. Politische Schriften, op. cit., p. 263).
26 Le « parti patriotique allemand », qui exista de 1917 à 1918, avait une orientation chauvine et conservatrice.
27 « Eine„ vaterländische“Kundgebung Heidelberger Studenten », Deutsche Zeitung, n° 624, 11 décembre 1917, p. 3. Le principal auteur de ce texte est Ernst Toller.
28 Max Karl, prince Lichnowsky (1860-1928) était ambassadeur d’Allemagne à Londres en 1914 et fut témoin de l’attitude belliciste de l’Allemagne lors de la crise de juillet 1914. Il rapporta son expérience dans un mémoire intitulé Meine Londoner Mission [Ma mission à Londres], qui circula en 1917 et parut l’année suivante. Les « documents Muehlon » (la lettre déjà citée à Bethmann-Hollweg et divers autres textes) ont été publiés en annexe du mémoire de Lichnowsky et l’ensemble a été traduit en français dès 1918 (plusieurs éditions).
29 Frédéric-Guillaume Ier de Brandebourg (1620-1688).
30 En allemand contemporain, le mot « Kerl » peut signifier « gaillard », « individu », « lascar ».
31 Guerres de libération nationale menées contre la domination napoléonienne entre 1813 et 1815, après la défaite subie par Napoléon à Leipzig en octobre 1813, appelée « la bataille des Nations » [ « Völkerschlacht »]. Elles furent aussi le creuset de l’engagement politique des libéraux allemands, en sorte qu’on ne peut leur dénier un caractère démocratique et, quant au recrutement des troupes, populaire. D’où la remarque de Bloch.