Terminologie de parenté proto-océanienne : continuité et changement dans les langues kanak
p. 69-100
Texte intégral
1La reconstruction de l’histoire culturelle des sociétés sans traditions écrites s’appuie essentiellement sur deux disciplines complémentaires : l’archéologie, d’une part, et la linguistique comparative, d’autre part. Les archéologues, en mettant au jour des assemblages in situ, donnent des renseignements concrets sur un certain état de la culture matérielle des populations concernées en même temps que des datations précises. Par contre, des pans entiers de cette culture ancienne, notamment dans le domaine de l’organisation sociale, leur resteront inaccessibles et ne pourront être partiellement restitués que par le biais de vocabulaires reconstruits par les linguistes à l’aide de la méthode comparative historique.
2Cette méthode, qui s’appuie sur un postulat – celui de la régularité du changement phonétique à l’intérieur d’une même langue –, fut d’abord brillamment appliquée au début du xixe siècle aux langues indo-européennes qui avaient l’avantage de posséder de longues traditions d’écriture pouvant étayer les hypothèses de reconstruction. Elle eut aussi ses pionniers dans l’aire austronésienne. Le plus fameux d’entre eux fut sans conteste le linguiste allemand Otto Dempwolff qui, dès 1938, publiait quelque 2 200 reconstructions lexicales attribuables à la langue commune ancienne. Depuis Dempwolff, ces reconstructions ont été corrigées et enrich i es au fur et à mesure du développement des recherches linguistiques dans la famille austronésienne. Des raffinements dans la classification de ces langues en groupes et en sous-groupes ont aussi été apportés. Une synthèse de tous ces travaux est présentée dans l’introduction à l’ouvrage Comparative Austronesian Dictionary (Tryon 1995).
3A l’intérieur de cette vaste famille linguistique, qui s’étend de Madagascar, à l’ouest, jusqu’à l’île de Pâques, à l’est, et de Taiwan, au nord, jusqu’au Pacifique Sud, les langues de Nouvelle-Calédonie et des Loyauté se situent dans un sous-groupe oriental – le groupe océanien – aujourd’hui solidement établi sur la base d’importantes innovations communes partagées, il y a environ quatre mille ans, par l’ensemble des langues comprises dans cette entité. Il s’agit d’un groupe important puisqu’il englobe près de cinq cents langues, soit presque la moitié de toutes les langues austronésiennes. Sont incluses dans ce groupe toutes les langues austronésiennes parlées en Mélanésie, en Polynésie et en Micronésie, à l’exception du palau et du chamorro, tous deux apparentés aux langues des Philippines.
4L’application de la méthode comparative a permis aux linguistes de proposer la reconstruction en océanien commun (ou proto-océanien) d’une terminologie de parenté que nous confronterons aux terminologies relevées dans les langues kanak pour examiner de quelle façon elle y est reflétée.
5Notre objectif n’est pas ici de traiter de la parenté en Nouvelle-Calédonie d’un point de vue typologique en essayant de déterminer l’évolution possible de tel système vers tel autre1. Notre propos se limitera à l’aspect linguistique du problème et nous essaierons de répondre aux questions suivantes : que retrouve-t-on du vocabulaire ancien dans les langues actuelles ? Quels changements s’y sont produits et quels processus évolutifs peut-on relever ?
6Mais auparavant, nous présenterons rapidement les langues de Nouvelle-Calédonie et les principaux groupes que l’on peut y distinguer.
Les langues kanak et leur classification
7Le nombre de langues inventoriées en Nouvelle-Calédonie est assez variable selon les auteurs. Maurice Leenhardt, en 1946, en dénombrait trente-six ; mais, dans cet inventaire, il incluait, outre les langues nobles de Lifou et de Maré, des variétés de langues très proches les unes des autres qui ont été regroupées par la suite par les linguistes (Haudricourt et al. 1979) comme des formes dialectales d’une même unité. C’est le cas, notamment, des sept langues parlées dans la région de Voh-Koné (voir carte p. 84).
8Sans entamer une discussion sur l’opposition entre langue et dialecte, soulignons simplement que, d’une façon générale, l’homogénéité linguistique n’est jamais parfaite et qu’en Nouvelle-Calédonie en particulier, le fractionnement linguistique est très important. De village à village, à l’intérieur d’une même langue, on observe des variations plus ou moins importantes. Il n’y a pas un seul nemi, il y en a au moins deux, celui de la région de Témala (côte ouest) et celui de la région de Hienghène (côte est). A l’extrême nord, le yuanga comporte au moins trois variantes : celle de Bondé, celle des Paimboas et celle de Gomen du bord de mer. De la même façon, à l’extrême sud, le numèè de Goro diffère notablement de la variante de l’île des Pins qui porte d’ailleurs un nom spécifique, le kwênyii, etc. On peut dire qu’aujourd’hui, les linguistes (Haudricourt et al. 1979) sont à peu près d’accord pour chiffrer à vingt-huit le nombre des langues mélanésiennes parlées en Nouvelle-Calédonie, ce qui est déjà énorme en regard du nombre de locuteurs.
9Maurice Leenhardt (1946) proposait de façon impressionniste une classification de ces langues en trois groupes : langues des Loyauté, langues du nord jusqu’au paicî inclus et langues du sud. Haudricourt (1971) répartissait les langues de la Grande Terre en cinq sous-groupes : extrême nord, nord, centre (incluant les deux langues tonales cèmuhî et paicî), sud et extrême sud (incluant les deux langues tonales drubea et numèè). Il apparaît aujourd’hui, sur des critères linguistiques assez solides, que ces cinq sous-groupes peuvent être regroupés dans deux grands groupes primaires : les langues du nord d’une part (jusqu’au paicî inclus) et les langues du sud d’autre part, ce qui confirme en quelque sorte la classification que proposait Leenhardt de façon intuitive (voir carte).
10On utilisera donc ici une classification en trois groupes principaux : langues des Loyauté, langues du nord (incluant extrême nord, nord et centre-nord) et, enfin, langues du sud (incluant sud et extrême sud). Nous verrons que la distribution des termes de parenté présentés en annexe recoupe assez bien cette classification.
11L’entité Loyauté est bien établie. En ce qui concerne les langues de la Grande Terre, on peut dire que les langues du nord et celles du sud ont des caractéristiques typologiques symétriquement inverses. Les langues du nord ont conservé les consonnes finales et ont des systèmes de voyelles assez simples. Les langues du sud, en revanche, très usées sur le plan morphologique, ont perdu les consonnes finales et ont développé des systèmes de voyelles plus complexes.
12En revanche, par rapport au système consonantique proto-océanien, les langues du sud se montrent plus conservatrices que celles du nord où tous les anciens points d’articulation ont bougé (Haudricourt 1971 ; Rivierre 1993 ; Ozanne-Rivierre 1995). Entre les deux groupes, nord et sud, on a une langue charnière, le paicî, qui partage les caractéristiques typologiques des langues du sud (perte des consonnes finales et riche système de voyelles) mais qui se rattache génétiquement aux langues du nord en partageant avec elles certains changements dans les points d’articulation des consonnes.
13Après ces préalables un peu ingrats, mais nécessaires, concernant la classification des langues kanak, voyons maintenant de quelle façon le vocabulaire de la parenté reconstruit en proto-océanien est actuellement reflété dans les différents groupes considérés.
Les termes de parenté reconstruits en proto-océanien
14Le premier linguiste à s’être intéressé de façon systématique au vocabulaire de la parenté dans le domaine océanien et à proposer un ensemble de termes reconstruits pour ce groupe linguistique fut probablement le linguiste allemand Wilhelm Milke dans son article de 1938, reformulé de façon plus détaillée en 1958. La terminologie de parenté proto-océanienne proposée par Andrew Pawley (1981 : 284), et reproduite ci-après (tableau 1), s’en inspire largement.
15Comme on peut le voir dans le tableau 1, cette terminologie comporte douze termes de parenté consanguine et trois termes d’alliance. On y retrouve les distinctions communément attestées en Océanie entre « père et frères de père » (*tama) d’une part et « frère de mère » (*matuqa) d’autre part, entre « mère et sœurs de mère » (*tina) d’une part et « sœur de père » (*aya) d’autre part. De même, à la génération d’ego, on a une distinction entre « aîné » et « cadet » de même sexe – toutes distinctions que l’on retrouve dans les langues de Nouvelle-Calédonie.
16Une autre caractéristique importante de cette terminologie est l’existence de termes « réciproques » ou « englobants » qui ont plusieurs référents correspondant à des niveaux de génération différents2. C’est ainsi que le terme *tumpu en proto-océanien renvoie tout aussi bien aux grands-parents qu’aux petits-enfants et que le terme d’alliance *puƞao désigne tout à la fois les beaux-parents, le gendre et la belle-fille. Nous verrons que dans les langues kanak, nous retrouvons cet usage de termes englobants mais que, selon les langues, ils peuvent rassembler des niveaux de génération différents.
17Tableau 1. Termes de parenté reconstruits en proto-océanien
A) Consanguins | Proto-oceanien (poc) |
Génération + 2 | |
grands-parents | *tumpu (voir petits-enfants) |
Génération + 1 | |
père, frère de père | *tama |
mère, sœur de mère | *tina |
frère de mère | *matuqa |
sœur de père | *aya (?)3 |
Génération 0 (génération d’ego) | |
germain de même sexe (aîné) | *tuqaka/*tuka4 |
germain de même sexe (cadet) | *taji5 |
frère (d’une femme) | *mwaqane |
sœur (d’un homme) | *papine |
Génération – 1 | |
enfant | *natu |
enfant de sœur (ego masculin) | *(qa)lawa |
Génération – 2 | |
petits-enfants | *makumpu/*tumpu (voir grands-parents) |
B) ALLIÉS | |
Génération +1 | |
beaux-parents | *puƞao (voir gendre, belle-fille) |
Génération 0 (génération d’ego) | |
époux | *qasawa6 |
épouse de frère, époux de sœur | *ipar |
Génération – 1 | |
gendre, belle-fille | *puƞao (voir beaux-parents) |
18Sur le plan du vocabulaire lui-même, on constate aussi que si les termes océaniens sont bien reflétés aux Loyauté et dans le groupe nord de la Grande Terre, il n’en va pas de même dans les langues du sud, morphologiquement plus usées et où un important renouvellement lexical s’est produit. C’est ce qui apparaît clairement dans les listes de termes de parenté et d’alliance présentées en annexe où les reflets des formes proto-océaniennes sont soulignés. Ce sont ces listes que nous allons maintenant brièvement commenter.
Reflets des termes océaniens de parenté dans les langues kanak
19Les langues kanak7, comme toutes les langues du monde, disposent, parallèlement aux termes de référence, d’un jeu de termes d’adresse davantage marqués tant au niveau de la forme que de l’emploi (comme en français « père »/« papa », « oncle »/« tonton », etc.).
20Nous verrons que, bien souvent, en Nouvelle-Calédonie, ces termes d’adresse ont fini par se substituer aux anciens termes de référence, occultant donc dans certaines langues l’apparentement de leur terminologie avec celle de l’ancêtre océanien.
Les consanguins
poc *tumpu « grands-parents », pnc *tumbu- (Annexe, tabl. 1)
21Aux Loyauté, le terme océanien *tumpu est reflété par kibe- en iai d’Ouvéa. Dans les langues du nord, *tumpu est partout reflété, à l’exception des deux langues tonales, cem et pac, où les termes ao et gèè (référence et adresse) correspondent clairement aux termes d’adresse pour « grand-père » et « grand-mère » (hao et gèè) attestés dans les langues voisines. La substitution du terme d’adresse au terme de référence n’est pas complètement aboutie en pac, puisque la forme nyimu (reflet régulier de *tumpu dans cette langue) apparaît encore dans les discours coutumiers pour désigner le grand-père (Bensa, comm. pers.).
22Dans les langues du sud, seul le terme tûû- attesté en ken (île des Pins) pour désigner le grand-père semble correspondre à l’étymon *tumpu. Ce terme de référence est d’ailleurs un terme englobant puisqu’il désigne à la fois le grand-père, l’oncle maternel et le beau-père (Leblic & Rivierre s.d.).
poc *tama « père et frère de père », pnc *tama- (Annexe, tabl. 2)
23Le terme océanien *tama « père, frère de père » est bien reflété dans les trois langues des Loyauté (iai kame-, deh kem, neg cecen), de même que dans l’ensemble des langues du nord, à l’exception du cem et du pac. Dans ces deux langues, le terme d’adresse caa (aujourd’hui référence et adresse) a, là encore, supplanté l’ancien terme de référence. Notons toutefois qu’un reflet de *tama est encore attesté en cem sous la forme cème- dans le mot composé pahê-cème-n désignant la tante paternelle (litt. « sœur de son père », voir infra).
24Dans les langues du sud, seule la forme têê-, attestée dans l’extrême sud en dub, est un reflet plausible de l’étymon *tama. On notera aussi que le terme cica, référence et adresse en ken (île des Pins), correspond au terme d’adresse utilisé en iai d’Ouvéa et que de toute évidence, il y a eu emprunt de ce terme en ken.
poc *tina « mère, sœur de mère », pnc *tina- « mère » > proto-nord *tna- (Annexe, tabl. 3)
25Aux Loyauté, le terme océanien *tina est reflété en iai (hinye-) et en deh (thin).
26En proto-nord, il y a eu développement d’une initiale postnasalisée par chute de la voyelle non accentuée (pnc *tina > proto-nord *tna-). Les formes /tne-/, /thê-/, /thâ-/, /cê-/, /câ-/, /nya-/ attestées dans le groupe nord en sont issues. La forme d’adresse la plus courante dans ce groupe nord est nyaanya« maman » dont la forme courte (nyaa, nyââ) sert à la fois de référence et d’adresse en cem et en pac.
27Dans le groupe sud, le terme de référence ne- en dub est un reflet possible de la seconde syllabe de l’étymon *tina.
poc *matuqa « frère de mère » (Annexe, tabl. 4)
28Comme le fait remarquer Blust (1980 : 212), le terme océanien *matuqa reconstruit par Milke (1958) pour l’oncle maternel dérive d’un terme austronésien *tuqa S signifiant « mûr, mature, vieux ». On peut penser qu’il avait au départ le sens très large de « parent d’une génération supérieure à ego » avant de se restreindre à celui d’« oncle maternel » dans de nombreuses langues austronésiennes.
29Dans les langues polynésiennes en tout cas, il a gardé le sens de « parent » au sens large et, bien souvent, il signifie « vieux » (ppn *matua). En fidjien, le terme matua n’a que le sens restreint de « mûr, mature ». Il en va de même en iai d’Ouvéa aux Loyauté où le terme metu (reflet de *matuqa) signifie « mûr, mature ».
30Dans aucune langue kanak, *matuqa n’est reflété avec le sens d’« oncle maternel ». Par contre, dans les langues du sud, on pourrait se demander si les formes mörua en aje et mwâtoa en xac qui signifient « grand-père » ne sont pas des reflets de l’étymon océanien *matuqa désignant l’oncle maternel. Mais l’hypothèse la plus probable est qu’il s’agit d’un héritage indirect à partir du terme polynésien matua « vieux » que l’on trouve, par exemple, en fagauvea sur l’île d’Ouvéa.
31Aux Loyauté, le terme pour « oncle maternel » est un mot composé avec le terme « mère » (iai ma-hinye-n, deh maa-thin).
32Dans l’extrême nord, le terme nel hwâlirii- est clairement emprunté aux langues voisines. Il provient du mot composé hwanhiri qui désigne globalement « les maternels » dans plusieurs langues du nord (nem et jaw par exemple), et qui signifie littéralement « entrée sacrée ». Il est remarquable que le terme d’adresse à l’oncle maternel dans les trois Loyauté (iai, deh hmiihmi, neg hmihmi) dérive lui aussi d’un terme hmi qui signifie « sacré ».
33En cem, c’est par une métaphore, a-c i m e-n « endroit de sa croissance », que l’on désigne l’oncle maternel. Notons enfin que dans la plupart des langues du nord, comme dans beaucoup de langues mélanésiennes (Chowning 1991 : 65), les termes de référence pour « oncle maternel » (yal hola-, cac, jaw, nmi, fwa, pap poone-pam poona-) sont des termes englobants qui s’appliquent aussi au neveu.
poc *aya (?) « sœur de père » (Annexe, tabl. 5)
34Chowning (1991) conteste la validité de la reconstruction d’une forme *aya, proposée par Blust (1980), pour désigner la tante paternelle. Pawley (1981) reprend la proposition de Blust mais fait suivre prudemment cette reconstruction d’un point d’interrogation. Le terme *aya ne semble reflété dans aucune langue kanak.
35Dans les langues du nord, le terme de référence pour la tante paternelle est souvent un mot composé avec le terme « père » (ex. nem paa-tnau-, cem pahê-cème- « sœur de-père »), sauf dans l’extrême nord où, curieusement, le terme âlô « sœur du père » (référence et adresse) signifie aussi « enfant » dans le sens de « jeune personne ».
36Notons aussi que dans certaines langues du sud, le terme de référence pour la tante paternelle (xac chää et dub trôô-) est un terme englobant qui désigne aussi les neveux et nièces d’un ego féminin.
poc *tuqaka/*tuka « germain de même sexe (aîné) », pnc *tuka- (> ply *tukka- et pcl *ttuka-) (Annexe, tabl. 6)
37Les formes *tuqak a et *tuka reconstruites en proto-océanien pour désigner l’aîné de même sexe qu’ego sont toutes deux reflétées dans les langues océaniennes. L’existence d’un doublet en proto-océanien n’est donc pas à exclure.
38En proto-néo-calédonien (pnc), incluant les langues de la Grande Terre et des Loyauté, les règles de correspondance semblent impliquer la reconstruction d’une forme *tuka. En proto-loyaltien (ply), il y a eu redoublement de la seconde syllabe produisant une gémination de la consonne intervocalique *tukka (< *tukaka) dont les formes iai tuha-, deh tixe- et neg tok sont le reflet. Dans ces trois langues le terme « aîné de même sexe » signifie aussi « chef ».
39En revanche, les reflets attestés dans les langues de la Grande Terre (kum khiiya-, nel khia-, yal chia-, cac chii-, nmi hie-, pij hia-, langues de Voh-Koné siya-, cem cuö-, pac ciè-, xac chéa) indiquent qu’il faut reconstruire en proto-Grande Terre (pcl) une consonne forte à l’initiale provenant d’un ancien redoublement de la première syllabe *ttuka (<*tutuka < poc *tuka).
poc *taji « germain de même sexe (cadet) », pnc *tasi (Annexe, tabl. 7)
40Le terme océanien *taji pour désigner le cadet de même sexe correspond à *tasi en proto-néo-calédonien (pnc) où les phonèmes proto-océaniens *j et *s ont fusionné. Cet étymon est bien reflété aux Loyauté où il désigne aussi les « sujets » (iai kei-, deh jin[Èin], neg cel).
41Il est bien reflété aussi dans les langues du nord (kum, nel kaari-, cac celi-, jaw cali-, nmi, fwa, pij tali-, pap jali-, pam et langues de Voh-Koné jati-) sauf en cem et en pac où les formes cié- et jii- ne peuvent être un reflet régulier de l’étymon *tasi.
poc *mwaqane « frère (d’une femme) », pnc *mwane (Annexe, tabl. 8)
42Aux Loyauté, le terme océanien est reflété en iai par manyi-n avec le sens général de « germain de sexe opposé ».
43Sur la Grande Terre, dans les langues de l’extrême nord, pnc *mwane est reflété par mwala- mais en yal, par exemple, cette forme est aujourd’hui complètement désuète. Aucun reflet n’est attesté dans les autres langues du nord à l’exception du cem où Rivierre dans ses enquêtes de 1960 relevait le terme mwane- avec le sens de « grand frère » mais, déjà sentie comme un archaïsme à cette époque, cette forme ne semble plus du tout utilisée aujourd’hui.
poc *papine « sœur (d’un homme) », pnc *papine > proto-nord, *papme- (Annexe, tabl. 9)
44poc *papine provient du mot proto-austronésien (pan) *binai/ *ba-binai qui signifie « femme ». Il a d’ailleurs gardé ce sens en proto-polynésien (ppn *fafine) et dans de nombreuses langues mélanésiennes. Son extension sémantique à « sœur (homme parlant) » en proto-océanien est confirmée par les reflets attestés dans plusieurs langues océaniennes et, notamment, dans les langues du nord de la Nouvelle-Calédonie.
45On a vu que la forme *tina- « mère » avait donné la forme tna « sa mère » en proto-nord par chute de la voyelle i non accentuée. De la même façon, *papine « sœur (d’un homme) » a donné en proto-nord la forme *papme-, encore attestée en nem dans le mot composé kaa-papme-n désignant le couple « frère et sœur ». Les formes paama- (kum, nel), paaphâ- (pij), vaavhê- (fwa) des langues voisines en dérivent clairement, de même que le terme cem pahê- « sœur (d’un homme) ». On peut donc reconstruire *papme en proto-nord (< POC *papine) avec ce même sens.
46Pas de reflet dans les langues du sud, mais on observera que le terme pour « sœur » d’un ego masculin en xac signifie également « femme, femelle ».
poc *natu « enfant », pnc *natu- (Annexe, tabl. 10)
47Le terme océanien *natu « enfant » est reflété dans les trois langues des Loyauté (iai noko-, deh nekö- et neg tene- (métathèse)). Il est aussi reflété dans toutes les langues du nord jusqu’au paicî inclus, sauf en kum et nel dans l’extrême nord où la forme pwaxi- correspond au terme pwei- attesté en pap dans le groupe nord. Ce terme pwei- dérive lui-même du verbe pwec « naître » dont l’étymologie proto-austronésienne est *potu « sortir, apparaître ».
48Ni l’étymon océanien *natu « enfant », ni l’étymon austronésien *potu « apparaître » ne sont reflétés dans les langues du sud.
poc *(qa)lawa « enfant de sœur (homme parlant) » (Annexe, tabl. 11)
49Le terme océanien *(qa)lawa n’a pas de reflet dans les langues kanak. A. Chowning (1991) souligne à juste titre qu’en Mélanésie, l’oncle maternel et le neveu sont souvent désignés par le même terme. On a vu ci-dessus que c’était le cas dans la plupart des langues du nord. Mais parallèlement au terme englobant attesté en jaw, nmi et fwa (poone-), on trouve aussi, dans certaines langues du nord, des métaphores construites à partir du verbe cim « pousser, croître » pour désigner plus particulièrement le neveu (nmi, pij, pam, pap ka-cim « celui qui pousse », cem a-cim ko-n « celui qui pousse sur lui »). Dans l’extrême nord, les termes khola- (kum, nel), hola- (yal), référant au neveu, signifient aussi « le bout (de quelque chose) ».
50On notera enfin que dans les langues du sud, en xac et dans les deux langues de l’extrême sud, dub et ken, les neveux et nièces d’un homme sont désignés par le même terme que les petits-enfants (xac xèrè, dub xee-, ken xéé-).
51Cette assimilation n’est pas faite pour les neveux et nièces d’une femme. On a vu précédemment qu’en xac et dub, une femme désigne par le même terme ses neveux et nièces et sa tante paternelle.
52Cette dissymétrie semblait exister aussi à date ancienne en aje où Maurice Leenhardt (1935) notait que le terme n e m u i, aujourd’hui restreint aux neveux et nièces d’une femme, était autrefois un terme englobant désignant aussi bien la tante paternelle que les neveux et nièces d’un ego féminin. Il semble qu’il y ait là une caractéristique ancienne commune aux langues du sud.
poc *makumpu / *tumpu « petits-enfants », pnc *pambu (Annexe, tabl. 12)
53Aucune des deux formes reconstruites en proto-océanien pour désigner les petits-enfants n’est reflétée dans les langues de Nouvelle-Calédonie. Néanmoins, les correspondances régulières que l’on relève entre les formes attestées aux Loyauté et dans les langues du nord autorisent à proposer la reconstruction d’une forme *pambu- en proto-néo-calédonien (pnc).
Les alliés
54Les trois termes d’alliance reconstruits en proto-océanien sont reflétés dans les langues kanak.
poc *qasawa « époux », pnc *qasawa- « époux »/ *qqasawa « se marier (femme) » (Annexe, tabl. 13)
55Le terme proto-océanien *qasawa « époux » est reflété sous deux formes dans les langues kanak : une forme nominale signifiant « époux » et une forme verbale, avec une consonne forte à l’initiale résultant d’une ancienne réduplication de la première syllabe, correspondant au verbe « se marier » (pour une femme).
56Aux Loyauté, les deux formes sont reflétées en iai (aeââ- « époux »/haeâ « se marier »). Elles sont aussi reflétées dans la plupart des langues du nord (nel, yal aroo- / haroon, jaw, nem, fwa kaloo- / haloon, pap kaloo- / xhaloon).
57En cem et dans plusieurs langues du sud, la forme nominale pour « époux » a été remplacée (parfois par le terme signifiant « homme »), mais l’étymon est préservé dans la forme verbale « se marier » (cem atèn, xac xöyö, tir hayo).
poc *puƞao « beaux-parents, gendre, belle-fille », pnc *puƞao- (Annexe, tabl. 14)
58Dans plusieurs langues de Nouvelle-Calédonie, comme en proto-océanien, le même terme est employé pour référer aux affins des générations + 1 (beaux-parents) et – 1 (gendre et belle-fille). C’est le cas en iai d’Ouvéa, aux Loyauté, où le terme ûngo- reflète l’étymon poc *puƞao avec ces multiples valeurs. C’est aussi le cas dans les langues du nord où il semble qu’ une forme à initiale postnasalisée soit à reconstruire pour la proto-langue. C’est ce que suggèrent les formes pmwaa-, phwââ-, mwaa-, moo- attestées dans différentes langues du groupe impliquant la reconstruction d’un terme proto-nord *pmwao (< pcl *puƞao < pnc *puƞao).
59L’étymon océanien *puƞao n’est pas reflété dans les langues du sud. On notera seulement que dans les langues de l’extrême sud (dub et ken), les termes pour « beau-père », « belle-mère », « gendre » et « belle-fille » sont distincts. Dans ces langues, « beau-père » et « oncle maternel » sont désignés par le même terme tûû- qui réfère aussi au « grand-père » à l’île des Pins (ken) comme on l’a vu précédemment. De la même façon, « tante paternelle » et « belle-mère » sont désignées par le même terme (dub trôô-, ken yéyé).
poc *ipar « épouse de frère, époux de sœur », pnc iva- (Annexe, tabl. 15)
60Ce terme est reflété aux Loyauté (iai ûe-, deh ie) et dans les langues du nord de la Grande Terre où son sens est souvent réduit à celui de « belle-sœur (femme parlant) » (ex. nmi ive-, pam iva-, cem iè-).
Conclusion
61Au terme de cette étude des reflets océaniens dans les vocabulaires de parenté kanak, la première remarque qui s’impose est que les termes reconstruits en proto-océanien (poc) sont remarquablement conservés en proto-néo-calédonien (pnc), l’ancêtre commun aux langues kanak de la Grande Terre et des Loyauté. Sur quinze termes reconstruits en poc, onze sont reflétés dans l’un ou l’autre groupe des langues de l’archipel (et même douze si l’on admet que poc *matuqa « oncle maternel » est reflété dans les langues du sud par les termes mörua et mwâtoa signifiant « grand-père » en aje et xac (voir annexe, tabl. 1).
62La seconde remarque que l’on peut faire est que les langues des Loyauté et celles du nord de la Grande Terre sont infiniment plus conservatrices sur le plan du vocabulaire que les langues du sud où seulement cinq ou six reflets sont clairement identifiables. Cela tient peut-être aussi à l’extrême usure de ces langues du sud sur le plan syllabique, qui rend souvent difficile l’identification des mots apparentés, mais cela pose aussi des questions qui mériteront d’être approfondies.
63Enfin, en ce qui concerne les processus de renouvellement du vocabulaire de parenté, il apparaît clairement que le plus commun est le remplacement des termes de référence par les termes d’adresse.
64Cette substitution du terme d’adresse au terme de référence est un phénomène banal dans les langues du monde. Il faut tout de même souligner son extraordinaire accélération dans les langues kanak et l’urgence qu’il y a à relever avec le plus grand soin ces terminologies de parenté avant que certains termes soient complètement tombés en désuétude, comme c’est le cas, par exemple, dans plusieurs langues du nord, pour les termes désignant les germains de sexe opposé (voir annexe, tabl. 8).
65Certaines homonymies malheureuses, comme dans le cas de tne-nen nmi qui signifie « sa mère » mais aussi « sa crotte », expliquent certainement que la forme nyaanya ne-ek « sa maman » soit la seule forme vraiment utilisée aujourd’hui. Mais, dans bien des cas, la substitution est en cours sans qu’une motivation de ce type puisse être invoquée. Il est remarquable que les informateurs de J.-Y. Wedoye, dans son étude comparative de 1989, lui aient systématiquement donné les termes d’adresse, de préférence aux termes de référence, pour illustrer ses diagrammes de parenté.
66Mais d’autres processus peuvent aussi contribuer au renouvellement du vocabulaire de la parenté.
67En premier lieu, les emprunts. En nmi, par exemple, il n’est pas rare de rencontrer au détour d’un récit l’emprunt français papa ne-ek pour désigner « son père » au lieu des termes nmi de référence ou d’adresse. On a vu que le terme d’adresse cica « papa » attesté en iai des Loyauté avait été emprunté en ken, à l’île des Pins, où il était devenu terme de référence et d’adresse. De la même façon, le terme nel whâlirii- « oncle maternel » (voir annexe, tabl. 4) résulte de l’emprunt d’un terme générique hwan-hiri désignant les utérins dans les langues voisines. Les échanges matrimoniaux et la circulation des femmes favorisent évidemment ces emprunts entre langues.
68On peut aussi avoir création de termes nouveaux par dérivation ou composition. En pap par exemple, dans les langues du nord, on a remplacé le terme océanien *natu désignant l’enfant biologique par le terme pwei- dérivé du verbe pwec « naître » (voir annexe, tabl. 10). Quant au terme pour « oncle maternel », il est formé avec le mot « mère » aux Loyauté (voir annexe, tabl. 4), de même que le terme « tante paternelle » est un composé comportant le mot « père » dans la plupart des langues du nord (voir annexe, tabl. 5).
69Mais des métaphores plus subtiles peuvent aussi se développer comme dans les langues du nord où, à côté du terme englobant poone-n référant aussi bien à l’oncle qu’au neveu, on utilisera des métaphores comme kave-n « sa trace » ou ka-cim ne-ek « sa pousse » (nmi) pour désigner plus particulièrement le neveu. De même en cem, l’oncle désignera son neveu par l’expression a-cim ko-ng signifiant littéralement « celui qui pousse sur moi » (mon « rejeton » en quelque sorte).
70L’usage de métaphores pour éviter de désigner directement quelqu’un, maintes fois signalé par les anthropologues, a certainement pu contribuer à la disparition de certains termes de référence. Ainsi en paicî, parallèlement au terme de référence panîaa « tante paternelle », on trouve différentes métaphores comme köaa « être de la forêt », duéé « esprit », ou encore ilö « marmite », pour désigner cette parente avec laquelle on est dans des relations assez libres (Leblic s.d.) ; de même, pour évoquer sa sœur avec laquelle il est en relation d’interdit, un homme pourra utiliser, à côté de la métaphore näigé « chemin, route », renvoyant aux relations d’alliance, l’expression wârâ-âboro, littéralement « contenant d’être humain », qui valorise la femme en tant que génitrice. Les relations d’évitement, ou au contraire de parenté à plaisanteries, jouent certainement un rôle dans l’évolution des terminologies de parenté dans ces sociétés où les systèmes d’attitude sont très complexes et très codifiés.
71L’utilisation de certains termes d’adresse dans des contextes particuliers peut aussi favoriser l’évolution des vocabulaires de parenté. Ainsi, dans les deux langues du centre-nord, pac et cem, un père pourra s’adresser à son fils en l’appelant ao « grand-père » et, conséquence logique, s’adresser à son petit-fils en l’appelant caa, soit « papa » (Bensa, comm. pers.).

1. Les langues de Nouvelle-Calédonie et des îles Loyauté.
72L’existence de ces termes englobants, chevauchant les générations, n’est pas propre aux langues de Nouvelle-Calédonie. Le phénomène est fréquent dans toute la Mélanésie.
73Il existe aussi dans les langues indo-européennes. Ainsi en latin, le terme avunculus, qui désigne l’oncle maternel, dérive de avus « grand-père », et signifie littéralement « petit grand-père ». É. Benveniste (1969) proposait d’expliquer par une règle de mariage entre cousins croisés ce chevauchement des termes (« le père de mon père » coïncidant avec l’oncle maternel de ma mère). Corrélativement le terme nepos qui signifie « neveu » a aussi très souvent, à côté de ce sens ancien, celui de « petit-fils » et pour Benveniste, cette dualité s’explique par le rapport homologue entre le nom de l’oncle maternel et celui du grand-père. De même que de avus « grand-père » (qui est l’oncle maternel de ma mère) dérive avunculus (mon oncle maternel), de même et corrélativement, je peux appliquer le même terme au fils de la fille de ma sœur (mon petit-fils) et au fils de ma sœur (mon neveu).
74On soulignera pour conclure l’intéressant parallélisme entre le cas indo-européen décrit par Benveniste et celui de l’île des Pins (ken) où le mariage entre cousins croisés est le mariage préférentiel et où le terme tûû- réfère à la fois au grand-père et à l’oncle maternel, de même que le terme xee- renvoie aussi bien au neveu qu’au petit-fils d’un ego masculin.
75Tableau 2. Abréviations des noms de langues et sources documentaires
Proto-Langues : | pan | proto-austronésien |
pcl | proto-Grande Terre (langues de la Grande Terre) | |
ply | proto-loyaltien (langues des Loyauté) | |
pnc | proto-néo-calédonien (langues des Loyauté et de la Grande Terre) | |
poc | proto-océanien | |
ppn | proto-polynésien |
76Ensemble des langues kanak : Leenhardt (1946), Wedoye (1989)
Loyauté : | iai | iaai | Ozanne-Rivierre (1984) |
deh | drehu | Sam (1980), Lenormand (1990) | |
neg | nengone | Tryon & Dubois (1969), Dubois (1978) | |
77Langues du Nord de la Grande Terre :
Extrême nord | kum | kumak | Haudricourt (1963) |
nel | nêlêmwa | Bril (1999) | |
yal | nyelâyu | Ozanne-Rivierre (1998) | |
cac | caaàc | Hollyman (s.d.) | |
Nord | jaw | jawe | Haudricourt & Ozanne-Rivierre (1982) |
nmi | nemi | id. | |
fwa | fwâi | id. | |
pij | pije | id. | |
pam | pwaamei | Ozanne-Rivierre (s.d.) | |
pap | pwapwâ | Ozanne-Rivierre (s.d.) | |
langues de Voh-Koné | Haudricourt (s.d.), Rivierre (s.d.) | ||
Centre-nord | cem | cèmuhî | Bensa & Rivierre (1982), |
Rivierre (1994) | |||
pac | paicî | Rivierre (1983), Leblic (s.d.) |
78Langues du Sud de la Grande Terre :
Sud | aje | ajië | Leenhardt (1935), La Fontinelle (de) (1971), Aramiou & Euritein (1995) |
tir | tîrî | Grace (1976), Osumi (1995) | |
xac | xârâcùù | Moyse-Faurie & Néchérö-Jorédié (1986) | |
Extrême sud | dub | drubea | Shintani & Païta (1990), Rivierre (s.d.) |
ken | kwênyii | Leblic & Rivierre (s.d.) |
Annexe
Reflets océaniens dans les terminologies de parenté kanak8
1. POC *tumpu « grands-parents », PNC *tumbu-
Référence | Adresse | ||||
Loyauté : | iai | kibe- | buba « gd-père, gd-mère » | ||
deh | qaaqaa « gd-père » (réf. et adr.) qaaqa « gd-mère » (réf. et adr.) | ||||
neg | pa/papa (réf. et adr.) | ||||
Langues du nord : | |||||
E. nord | kum | kibu- | hua « gd-père » / gee « gd-mère » | ||
nel | kibu- | hua « gd-père » / gee « gd-mère » | |||
yal | cebo- | wa « gd-père, gd-mère » | |||
cac | ciibu- | hwa « gd-père, gd-mère » | |||
Nord | jaw | cîû- | hua « gd-père »/thoena, gee « gd-mère » | ||
nmi | cniu- | hua « gd-père »/thoena, gee « gd-mère » | |||
fwa | sîû- | hua « gd-père »/thoena « gd-mère » | |||
pij | cimu- | hua/h a o « gd-père »/gee « gd-mère » | |||
pam | cîû- | hao « gd-père »/gee « gd-mère » | |||
pap | nyiu- | hao « gd-père »/gee « gd-mère » | |||
Langues | |||||
jibu- | hao « gd-père »/gee « gd-mère » | ||||
Centre-nord | cem | ao « gd-père »/gèè « gd-mère » (réf. et adr.) | |||
pac | ao « gd-père »/gèè « gd-mère » (réf. et adr.) | ||||
nyimu « gd-père » (dans les discours de coutume) | |||||
Langues du sud : | |||||
Sud | aje | mörua « gd-père » | |||
gèè « gd-mère » (réf. et adr.) | |||||
tir | [nũnũũ] « gd-père » | [nũnũũ] « gd-père » | |||
[nɔɔtә] « gd-mère » | [gɛɛ] « gd-mère » | ||||
xac | mwâtoa « gd-père » | nûnûû « gd-père » | |||
samwâsa « gd-mère » | gèè (Canala)/yaaya | ||||
(Nakéty) « gd-mère » | |||||
E. sud | dub | nrunru « gd-père » (réf. et adr.) | |||
pwîô- « gd-mère » | uwa « gd-mère » | ||||
ken | tûû-, pwèpoo- « gd-père » | pwéépwè « gd-père, gd-mère » | |||
nopwé- « gd-mère » |
2. POC *tama « père et frère de père », PNC *tama-
Référence | Adresse | ||
Loyauté : | iai | kame- | cica |
deh | kem | kakaa | |
neg | cecen | caca | |
Langues du nord : | |||
E. nord | kum | kââma- | caaya |
nel | kââmâ- | caaya | |
yal | caama- | caayo | |
cac | came- | caayo/caca | |
Nord | jaw | câu- | caaya/caayu/papa |
nmi | tnau- | taara/papa | |
fwa | thâu- | taara/taaru/papa | |
pij | tama- | taata/papa | |
pam | huva- | caaca/papa | |
pap | xhuve- | caaca/papa | |
Langues de Voh-Koné | camwa-/jamwa- | caaca | |
Centre-nord | cem | caa (réf. et adr.) | |
pac | caa (réf. et adr.) | ||
Langues du sud : | |||
Sud | aje | pevaa (réf. et adr.) | |
tir | [au-dɛ] | [paavaa/peva] (Méa) | |
xac | panèè- | paa/apaa | |
E. sud | dub | têê- | popwaa (< « papa ») |
ken | cica (réf. et adr.) |
3. POC *tina « mère et sœur de mère », PNC *tina- (> proto-nord *tna-)
Référence | Adresse | ||
Loyauté : | iai | hinye- | bai |
deh | thin | nenë | |
neg | hma/hmaien | nene | |
Langues du nord : | |||
E. nord | kum | axomoo- | nyanya |
nel | axomoo- | nyanya/nyaanya | |
yal | nya- | nyaajo | |
cac | ne- | nyajo/nyanya | |
Nord | jaw | cê- | nyaanya |
nmi | tne- | nyaanya | |
fwa | thê- | nyaanya | |
pij | thâ- | nyaanya | |
pam | cê- | nyaanya | |
pap | câ- | nyaanya | |
Langues de Voh-Koné | nya- | nyanya/nyaanya | |
Centre-nord | cem | nyaa (réf. et adr.) | |
pac | nyââ (réf. et adr.) | ||
Langues du sud : | |||
Sud | aje | pani- | nyanya |
tir | [au-nɛ] | [mwĩfwã]/[mwihã]/[tirii] | |
xac | mwînyè- | nyââ/anyââ | |
E. sud | dub | ne- | nyaa/momwaa (< « maman ») |
ken | nênôô-, kânènè- | nènè/nyââ |
4. POC *matuqa « frère de mère »
Référence | Adresse | ||
Loyauté : | iai | ma-hinye- (< hinye « mère ») | hmiihmi (< hmi « sacré ») |
deh | maa-thin (< thin « mère ») | hmiihmi id. | |
neg | hmi/hmihmi (réf. et adr.) | ||
Langues du nord : | |||
E. nord | kum | whatii- | |
nel | whâlirii-9 | ||
yal | hola- (= « neveu ») | ||
cac | poone- (= « neveu ») | ||
Nord | jaw | poone- | |
nmi | poone- (= « neveu ») | ||
fwa | poone- id. | ||
pij | poone- id. | ||
pam | poona- id. | ||
pap | poone- id. | ||
Langues de Voh-Koné | voona- | ||
Centre-nord | cem | acime- (< a- « place » et cim « pousser, croître ») | |
pac | aunîaa (voir nîaa « neveu ») | ||
Langues du sud : | |||
Sud | aje | kaniaa (voir niaa « neveu » en paicî) | |
tir | [wɔřɔbә-] | ||
xac | pabwètè-, kaanèa | mwêê | |
E. sud | dub | tûû- | |
ken | tûû- (= « grand-père ») | pwépwé |
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Références bibliographiques
Aramiou, S. & J. Euritein. 1995. « Wordlist in Ajië », in D.T. Tryon (éd.), Comparative Austronesian Dictionary, Part 2-4, Berlin-New York, Mouton de Gruyter.
Bensa, A. & J.-C. Rivierre. 1982. Les chemins de l’Alliance. L’organisation sociale et ses représentations en Nouvelle-Calédonie (région de Touho, aire linguistique cèmuhî), Paris, SELAF, « Langues et cultures du Pacifique », n° 1.
Benveniste, É. 1969. Le vocabulaire des institutions indo-européennes. 1. Économie, parenté, société, Paris, Éd. de Minuit.
Blust, R.A. 1978. The Proto-Oceanic Palatals, Auckland, The Polynesian Society, « Memoir », n° 43.
– 1980. « Early Austronesian Social Organization: The Evidence of Language », Current Anthropology, vol. 21, n° 2, pp. 205-247.
Bril, I. 1999. Dictionnaire nêlêmwa-nixumwak-français-anglais (Nouvelle-Calédonie), Paris-Louvain, SELAF/Peeters, « Langues et cultures du Pacifique », n° 13.
Chowning, A. 1991. « Proto-Oceanic Culture: The Evidence from Melanesia », in R. Blust (éd.), Currents in Pacific Linguistics: Papers on Austronesian Languages and Ethnolinguistics in Honour of George W. Grace, Canberra, The Australian National University, « Pacific Linguistics », C 117, pp. 43-75.
Dempwolff, O. 1938. Vergleichende Lautlehre des austronesischen Wortschatzes. Band 3. Austronesisches Wörterverzeichnis (Kraus reprint : 1969, Nendeln, Liechtenstein).
Dubois, M.-J. 1978. Initiation à la langue de Maré, îles Loyauté, Paris, musée de l’Homme, microédition no 78 992 199.
Grace, G.W. 1976. Grand Couli Dictionary (New Caledonia), Canberra, The Australian National University, « Pacific Linguistics », C 12.
Haudricourt, A.-G. 1963. La langue des Nenemas et des Nigoumak (dialectes de Poum et de Koumac, Nouvelle-Calédonie), Auckland, Linguistic Society of New Zealand, « Te Reo Monographs ».
– 1971. « New Caledonia and the Loyalty Islands », in T.A. Sebeok (éd.), Current Trends in Linguistics. 8. Linguistics in Oceania, La Haye, Mouton, pp. 359-396.
– s.d. « Lexique des langues de la région de Koné ».
Haudricourt, A.-G. & F. Ozanne-Rivierre. 1982. Dictionnaire thématique des langues de la région de Hienghène (Nouvelle-Calédonie), Paris, SELAF, « Asie-Austronésie », no 4.
Haudricourt, A.-G. et al. 1979. Les langues mélanésiennes de Nouvelle-Calédonie, Nouméa, Bureau psychopédagogique de la DEC, « Éveil », n° 13.
Hollyman, K.J. s.d. « Dictionnaire caaàc-français (Pouebo et La Conception, Nouvelle-Calédonie) ».
10.3406/jso.1971.2334 :La Fontinelle, J. (de). 1971. « Parenté et comportement à Houaïlou », Journal de la Société des Océanistes, t. XXVII, no 32, sept., pp. 265-284.
Leblic, I. s.d. « Terminologie de parenté paicî et attitudes de respect ».
Leblic, I. & J.-C. Rivierre. s.d. « Terminologie de parenté en kwênyii (île des Pins) ».
Leenhardt, M. 1935. Vocabulaire et grammaire de la langue houaïlou, Paris, musée de l’Homme, Institut d’ethnologie, « Travaux et mémoires de l’Institut d’ethnologie », x.
– 1946. Langues et dialectes de l’Austro-Mélanésie, Paris, musée de l’Homme, Institut d’ethnologie, « Travaux et mémoires de l’Institut d’ethnologie », xlvi.
Lenormand, M.H. 1990. Le miny, langue des chefs de l’île de Lifou (îles Loyauté-Nouvelle-Calédonie), Nouméa, edipop.
Milke, W. 1938. « Die Benennungen der Geschwister in den austronesischen Sprachen Ozeaniens », Zeitschrift für Ethnologie, no 70, pp. 51-66.
– 1958. « Ozeanische Verwandtschaftsnamen », Zeitschrift für Ethnologie, no 83, pp. 226-229.
Moyse-Faurie, C. & M.-A. Néchérö-Jorédié. 1986. Dictionnaire xârâcùù-français (Nouvelle-Calédonie), Nouméa, edipop.
Osumi, M. 1995. Tinrin Grammar, Honolulu, University of Hawaii Press, « Oceanic Linguistics Special Publication », no 25.
Ozanne-Rivierre, F. 1984. Dictionnaire iaai-français (Ouvéa, Nouvelle-Calédonie), Paris, selaf, « Langues et cultures du Pacifique », no 6.
– 1995. « Structural Changes in the Languages of Northern New Caledonia », Oceanic Linguistics, vol. 34, n° 1, pp. 44-72.
– 1998. Le nyelâyu de Balade (Nouvelle-Calédonie), Paris-Louvain, selaf/Peeters, « Langues et cultures du Pacifique », no 12.
– s.d. « Lexiques pwaamei-français et pwapwâ-français ».
Pawley, A. 1981. « Melanesian Diversity and Polynesian Homogeneity: a Unified Explanation for Language », in J. Hollyman and A. Pawley (éds), Studies in Pacific Languages and Cultures in Honour of Bruce Biggs, Auckland, Linguistic Society of New Zealand, pp. 269-309.
10.1080/00223348408572489 :Pawley, A. & R.C. Green. 1984. « The Proto-Oceanic Language Community », Journal of Pacific History, vol. 19, no 3, pp. 123-146.
Plessis, F. 1995. Terminologie de parenté dans les langues austronésiennes. 1. Langues néo-calédoniennes et proto-océanien, Mémoire de drea de langues océaniennes (inalco).
Rivierre, J.-C. 1983. Dictionnaire paicî-français (Nouvelle-Calédonie), Paris, selaf, « Langues et cultures du Pacifique », no 4.
– 1993. « Tonogenesis in New Caledonia », in J.A. Edmondson and K.J. Gregerson (éds), Tonality in Austronesian Languages, Honolulu, University of Hawaii Press, « Oceanic Linguistics Special Publication », no 24, pp. 155-173.
– 1994. Dictionnaire cèmuhî-français, Paris-Louvain, selaf/Peeters, « Langues et cultures du Pacifique », no 9.
– s.d. « Lexique drubea ».
– s.d. « Lexiques haveke-français et bwatoo-français (langues de la région de Voh-Koné) ».
Sam L.D. 1980. Lexique lifou-français, Nouméa, CTRDP-Langues vernaculaires.
Shintani, T.L.A. & Y. Païta. 1990. Dictionnaire de la langue de Païta, Nouméa, Société d’études historiques de la Nouvelle-Calédonie.
10.1515/9783110884012 :Tryon, D.T. (éd.). 1995. Comparative Austronesian Dictionary, Berlin-New York, Mouton de Gruyter, Trends in Linguistics, Documentation 10 (5 volumes).
Tryon, D.T. & M.-J. Dubois. 1969. Nengone Dictionary. 1. Nengone-English, Canberra, The Australian National University, « Pacific Linguistics », C 23.
Wedoye, J.-Y. 1989. « Terminologies de parenté de la Grande Terre et des îles », Études mélanésiennes, Nouméa, no 27.
Wurm, S.A. and B. Wilson. 1975. English Finderlist of Reconstructions in Austronesian Languages (post Brandstetter), Canberra, The Australian National University, « Pacific Linguistics », C 33.
Annexe
5. POC *aya « sœur de père »
Loyauté : | Référence | Adresse | |
iai | tehii- | enge | |
deh | tresi moderne : treetre | treetre | |
(réf. et adr.) | |||
neg | cekin | enge | |
Langues du nord : | |||
E. nord | kum | âlô (réf. et adr.) (= « enfant (en général) ») | |
nel | âlô ” | ||
yal | âlô ” | ||
cac | anoc (Puebo), a-pe (Conception) | ||
Nord | jaw | paayau- (< câu-« père ») | |
nmi | paatnau- (N1) (< tnau- « père ») | peea | |
paanau- (N2) (< tnau- « père ») | peea | ||
fwa | parhâu- (< thâu- « père ») | peea | |
pij | padama- (< tama- « père ») | peea | |
pam | peea (réf. et adr.) | peea | |
pap | peea (réf. et adr.) | ||
Langues | |||
de Voh-Koné | vacamwa- (< camwa- « père ») | peea | |
nyapwana | |||
Centre-nord | cem | pahê-cème- (litt. « sœur de-père ») | |
pac | määpoo-/panîaa | määmû | |
Langues du sud : | |||
Sud | aje | pâniaa | |
tir | [šɔɔε-] | [panea] | |
xac | chää- (= « neveu, nièce (d’une femme) ») | panèa | |
E. sud | dub | trôô- (= « neveu, nièce (d’une femme) ») | |
ken | yéyé (réf. et adr.) |
6. POC *tuqaka/*tuka « germain de même sexe (aîné) » PNC *tuka- (> PLY *tukka- et PCL *ttuka-)
Référence | Adresse | ||
Loyauté : | iai | tuha- (= « chef ») | muma |
deh | tixe- (= « chef ») | mama | |
neg | tok (= « chef ») | mama | |
Langues du nord : | |||
E. nord | kum | khiiya- | |
nel | khia | hio | |
yal | chia | yho | |
cac | chii- | ||
Nord | jaw | hie- | hio (masc.)/hionga (fém.) |
nmi | hie- | maama (masc.)/hionga (fém.) | |
fwa | hie- | maama (masc.)/hiohâ (fém.) | |
pij | hia- | maama (masc.)/hionga (fém.) | |
pam | hia- | hio | |
pap | sie- | hio | |
Langues de Voh-Koné | siya- | maama/hiio | |
Centre-nord | cem | cuö- | maame |
pac | ciè- | ||
Langues du sud : | |||
Sud | aje | pariè | paxani (masc.)/dualè (fém.) |
tir | [au-šoo-] | ||
xac | chea | pasé (masc.)/sââmê (fém.) | |
E. sud | dub | teo- | |
ken | tëë- | mômwâ |
7. POC *taji « germain de même sexe (cadet) », PNC *tasi-
Loyaute : | iai | kei – (= « sujet ») |
deh | jin [ðin] | |
neg | cel/celuaien (= « sujet ») | |
Langues du nord : | ||
E. nord | kum | kaari- |
nel | kaari- | |
yal | cae- | |
cac | celi- | |
Nord | jaw | cali- |
nmi | tali- | |
fwa | tali- | |
pij | tali- | |
pam | jati- | |
pap | jail- | |
Langues de Voh-Koné | jati-/dua- (mav, hav) | |
Centre-nord | cem | cié- |
pac | jii- | |
Langues du sud : | ||
Sud | aje | pâdii |
tir | [au-ti-]/[awiri] (Méa) | |
xac | mûduè- | |
E. sud | dub | tii- |
ken | tii- |
8. POC *mwaqane « frère (d’une femme) », PNC *mwane-
Loyauté : | iai | manyi-/hani- « germain de sexe opposé » | |
deh | xa | id. | |
neg | isingen | id. | |
Langues du nord : | |||
E. nord | kum | mwala- « germain de sexe opposé » | |
nel | mwâla- « grand frère » | ||
yal | mwala- (archaïque) « germain de sexe opposé » | ||
cac | mwala- « germain de sexe opposé » | ||
Nord | jaw | – | |
nmi | – | ||
fwa | – | ||
pij | – | ||
pap | – | ||
Langues de Voh-Koné | – | ||
Centre-nord | cem | mwane- « grand frère (d’une femme ou d’un homme) » | |
pac | bèrè- « frère (d’une femme) » | ||
Langues du sud : | |||
Sud | aje | bééëri « germain de sexe opposé » | |
tir | [au-hεřε] « sibling of the opposite sex » | ||
xac | xötö « frère (d’une femme) » (= « mâle ») | ||
E. sud | dub | – | |
ken | – |
9. POC *papine « sœur (d’un homme) » (= « femme »), PNC *papine- (> proto-nord *papme-)
Loyauté : | iai | voir tabl. 8 | |
deh | id. | ||
neg | id. | ||
Langues du nord : | |||
E. nord | kum | paama- « sœur » (> a-vama-n « le frère et la sœur ») | |
nel | paama- « grande sœur » | ||
yal | |||
cac | evi- « sœur mariée » | ||
Nord | jaw | kaa-vaave-n « le frère et la sœur » | |
nmi | kaa-papme-n (N1) | id. | |
kaa-vaama-n (N2) | id. | ||
fwa | kaa-vaavhê-n | id. | |
pij | kaa-paaphâ-n | id. | |
pap | kaa-paape-n | id. | |
Langues de Voh-Koné | xa-vaapa-n | id. | |
Centre-nord | cem | pahê- « sœur (d’un homme) » | |
pac | näigé « sœur (d’un homme) » (= « route, chemin ») | ||
Langues du sud : | |||
Sud | aje | kürü [kɯrɯ] « sœur (d’un homme) » | |
tir | voir annexe, tabl. 8 | ||
xac | sê « sœur (d’un homme) » (= « femme, femelle ») | ||
E. sud | dub | – | |
ken | – |
10. POC *natu « enfant », PNC *natu-
Loyauté : | iai | noko- |
deh | nekö- | |
neg | tene- métathèse | |
Langues du nord : | ||
E. nord | kum | pwaxi- (voir pap pwei-) |
nel | pwaxi- | |
yal | nae- | |
cac | nei- | |
Nord | jaw | naai- |
nmi | nai- | |
fwa | nai- | |
pij | nai- | |
pam | nai- | |
pap | pwei- (< pwec « naître ») | |
Langues de Voh-Koné | nyai-/nyei- | |
Centre-nord | cem | nai- |
pac | näi- | |
Langues du sud : | ||
Sud | aje | o- « fils » / pûrûbwè « fille » |
xac | xuu- « fils » / nêêwâ- « fille » | |
E. sud | dub | dịị- « fils », noroo- « fille » |
ken | nịị- « fils », nôrô-/nêê- « fille » |
11. POC *(qa)lawa « enfant de sœur (d’un homme) »
Loyauté : | iai | nakaünyi- |
deh | utha | |
neg | anuen | |
Langues du nord : | ||
E. nord | kum | khola- |
nel | khola- (= « bout (de qqch.) ») | |
yal | hola- (= « bout (de qqch.) ») (= « frère de mère ») | |
cac | (a-voona « le couple oncle et neveu ») | |
Nord | jaw | poone- (= « frère de mère »)/kave- |
nmi | poone- (= « frère de mère »)/kave-, ka-cim | |
(< cim « pousser ») | ||
fwa | poone- (= « frère de mère »)/kave- | |
pij | ka-cim (< cim « pousser ») | |
pam | poona- (= « frère de mère »)/ka-cim (< cim « pousser ») | |
pap | ka-cim (< cim « pousser ») | |
Langues de Voh-Koné | xa-cim (< cim « pousser ») | |
Centre-nord | cem | a-cimko-n « son neveu » |
(litt. « celui-qui-pousse-sur lui ») | ||
pac | nîaa « neveu, nièce (d’un homme) » | |
nôôra « neveu, nièce (d’une femme) » | ||
Langues du sud : | ||
Sud | aje | pâmara- « neveu, nièce (d’un homme) » |
nèmui- « neveu, nièce (d’une femme) » | ||
xac | xèrè- « neveu, nièce (d’un homme) » | |
(= « petit(e)-fils/-fille ») | ||
chää- « neveu, nièce (d’une femme) » | ||
(= « tante paternelle ») | ||
E. sud | dub | xee- « neveu (d’un homme) » |
(= « petit-fils » et « gendre (d’un homme) ») | ||
trôô- « neveu, nièce (d’une femme) » | ||
(= « tante paternelle » et « gendre (d’une femme) ») | ||
ken | xéé- « neveu (d’un homme) » | |
(= « petit-fils » et « gendre (d’un homme) ») | ||
kânùù- « neveu (d’une femme) » | ||
(= « gendre (d’une femme) ») | ||
kânêê- « nièce (d’une femme) » | ||
(= « belle-fille (d’une femme) ») |
12. POC *makumpu/*tumpu « petits-enfants », PNC *pambu
Loyauté : | iai | ööbwi- |
deh | api | |
neg | abun | |
Langues du nord : | ||
E. nord | kum | paabu- |
nel | pabuu- | |
yal | paabo- | |
cac | pabu- | |
Nord | jaw | paguu- |
nmi | paguu- | |
fwa | paguu- | |
pij | paguu- | |
pam | paguu- | |
pap | paguu- | |
Langues de Voh-Koné | vabu- | |
Centre-nord | cem | pabu- |
pac | èrù- | |
Langues du sud : | ||
Sud | aje | oëri |
tir | [heře] | |
xac | xèrè (= « neveu, nièce (d’un homme) ») | |
E. sud | dub | xee- « petit-fils » |
(= « neveu » = « gendre (d’un homme) ») | ||
ken | xéé- « petit-fils » | |
(= « neveu » = « gendre (d’un homme) ») |
13. POC *qasawa « époux », PNC *qasao- « époux » / *qqasao « se marier (femme) »
Loyauté : | iai | aeââ - « époux, épouse » (hâeâ « se marier (femme) ») |
deh | föi « époux, épouse » | |
neg | cahman « époux » | |
Langues du nord : | ||
E. nord | kum | aroo- « époux » |
nel | aroo- « époux » (haroon « se marier (femme) ») | |
yal | aroo- « époux » (haroon id.) | |
cac | aloo- « époux » | |
Nord | jaw | kaloo- « époux » (haloon « se marier (femme) ») |
nmi | kaloo- « époux » (haloon id.) | |
fwa | kaloo- « époux » (haloon id.) | |
pij | kaloo- « époux » (haloon id.) | |
pam | katoo- « époux » (hatoon id.) | |
pap | kaloo- « époux » (xhaloon id.) | |
langues de Voh-Koné | xatoo- « époux » | |
Centre-nord | cem | aiu-hê-n (litt. « son homme ») (atèn « se marier ») |
pac | éa- « époux » | |
Langues du sud : | ||
Sud | aje | kui- « époux, épouse » (vi-öyö « mariage ») |
tir | [moo] « husband » (= « man ») (hayo « se marier ») | |
xac | kwèètö- « époux » (xöyö « se marier ») | |
E. sud | dub | kee- « époux » |
ken | kaa- « époux » |
14. POC *puƞao « beaux-parents, gendre, belle-fille » PNC *puƞao- (> PCL *puƞao- > proto-nord *pmwao-)
Loyauté : | iai | ungo- |
deh | tresi- (= « tante paternelle ») | |
neg | rabaian « beau-père, beau-frère » | |
cekin « belle-mère, gendre, belle-fille » | ||
(= « tante paternelle ») | ||
Langues du nord : | ||
E. nord | kum | moo- |
nel | moo- | |
yal | moo- | |
cac | moo- | |
Nord | jaw | pmwaa- / phwââ- |
nmi | pmwaa- | |
fwa | fwââ- | |
pij | phwââ- | |
pam | phwââ - | |
Langues de Voh-Koné | pwââ-/mwââ- (mak, vam) | |
Centre-nord | cem | mwaa- |
pac | tää | |
Langues du sud : | ||
Sud | aje | parhâ |
xac | chää- « belle-mère, belle-fille » | |
(= « tante paternelle » et « neveu, nièce (d’une femme) ») | ||
E. sud | dub | tûû- « beau-père » (= « oncle maternel ») |
trôô- « belle-mère », « gendre (d’une femme) » | ||
(= « tante paternelle » et « neveu, nièce (d’une femme) ») | ||
xee- « gendre (d’un homme) » | ||
(= « neveu (d’un homme) » et « petit-fils ») | ||
kanoro « belle-fille (d’une femme) » | ||
ken | tûû- « beau-père » | |
(= « oncle maternel » = « gd-père ») | ||
yéyé « belle-mère » (= « tante paternelle ») | ||
xéé- « gendre (d’un homme) » | ||
(= « neveu (d’un homme) » = « petit-fils ») | ||
kânëë- « belle-fille (d’une femme) » | ||
(= « nièce (d’une femme) ») | ||
kânùù- « gendre (d’une femme) » | ||
(= « neveu (d’une femme) ») |
15. POC *ipar « épouse de frère, époux de sœur », PNC *iva-
Loyauté : | iai | ue- « belle-sœur, beau-frère » | |
deh | ie « belle-sœur, beau-frère » | ||
neg | rabaian « beau-frère » | ||
Langues du nord : | |||
E. nord | kum | phalavu- « belle-soeur » | bee- « beau-frère » |
nel | falawu- « belle-soeur » | bee- « beau-frère » | |
yal | phalawa- « belle-soeur » | bee- « beau-frère » | |
cac | phalau- « belle-soeur » | kayaa- « beau-frère » | |
Nord | jaw | ie- « belle-sœur (d’une | phalau- « belle-sœur (d’un |
femme) » | homme), beau-frère (d’une | ||
femme) » | |||
nmi | ive- (N1) (id.) | falau- (id.) | |
fwa | ive- (id.) | vhalau- (id.) | |
pij | ive- (id.) | vhalau- (id.) | |
pam | iva- (id.) | falau- (id.) | |
Langues de Voh-Koné | iva- (mav, mak) (id.) | fathau- (id.) | |
cem | iè- « belle-sœur » | palèu- « conjoint de frère ou | |
de sœur » | |||
pac | dépè- « belle-sœur » | ||
Langues du sud : | |||
Sud | aje | – | |
xac | sââmê « épouse de frère » | ||
(= « sœur aînée ») | |||
E. sud | dub | vêê- « belle sœur » | vecii « beau-frère » |
ken | mûtué- « belle-sœur (d’un homme), beau-frère (d’une femme) » | ||
têê- « belle-sœur (d’une femme), beau-frère (d’un homme) » | |||
Notes de bas de page
1 Ce point de vue typologique est abordé par F. Plessis (1995) qui propose, à partir d’une comparaison des différentes classifications des germains d’ego dans l’archipel néo-calédonien, de reconstruire un système de type « iroquois » pour la société proto-néo-calédonienne (regroupant Grande Terre et îles Loyauté).
2 Il ne faut pas confondre ces termes « réciproques », référant à des parents ou des alliés de générations différentes, avec les termes duels désignant des couples de parents (ex. grand-père et petit-fils, oncle et neveu, frère et sœur, etc.) attestés dans les langues de Nouvelle-Calédonie comme dans bien d’autres langues mélanésiennes.
3 La forme proto-austronésienne *a y a proposée par Blust (1980) pour désigner la tante paternelle semble douteuse en proto-océanien. C’est pourquoi Pawley fait suivre ce terme d’un point d’interrogation. Chowning (1991) conteste lui aussi la validité de cette reconstruction.
4 Pawley propose *t u q a k a pour l’aîné de même sexe, d’après Milke (1958). Chowning (1991) cite, d’après Blust, la forme *t (o, u) k a en précisant que la forme *t u k a, reflétée dans plusieurs langues des Salomon, semble mieux convenir. L’existence d’un doublet en proto-océanien n’est pas à exclure.
5 Pawley propose *t a n s i pour désigner le cadet de même sexe. Mais aucune langue océanienne n’atteste de consonne prénasale intervocalique dans ce terme. Nous retenons donc la forme *t a j i proposée par Blust (1978), la consonne palatale austronésienne *– j – étant conservée en proto-océanien.
6 Pawley propose la forme *a n s a w a pour l’époux, mais les reflets attestés dans les langues de Nouvelle-Calédonie témoignent que l’initiale uvulaire du terme proto-austronésien *q a s a w a était conservée en proto-océanien.
7 Pour les abréviations des noms de langues, voir liste dans tableau 2, p. 85.
8 Les termes de parenté kanak qui reflètent l’étymon océanien sont en italiques dans les tableaux ci-après.
9 Hwâlirii « oncle maternel » en nel provient du terme hwan-hiri (jaw, nmi, fwa) désignant les maternels et qui signifie littéralement « entrée-sacrée ».
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Le triangle du XIVe
Des nouveaux habitants dans un vieux quartier de Paris
Sabine Chalvon-Demersay
1984
Les fruits de la vigne
Représentations de l’environnement naturel en Languedoc
Christiane Amiel
1985
La foi des charbonniers
Les mineurs dans la Bataille du charbon 1945-1947
Evelyne Desbois, Yves Jeanneau et Bruno Mattéi
1986
L’herbe qui renouvelle
Un aspect de la médecine traditionnelle en Haute-Provence
Pierre Lieutaghi
1986
Ethnologies en miroir
La France et les pays de langue allemande
Isac Chiva et Utz Jeggle (dir.)
1987
Des sauvages en Occident
Les cultures tauromachiques en Camargue et en Andalousie
Frédéric Saumade
1994