1 Maurice Mistre, La légende noire du 15e corps d’armée. L’honneur volé des Provençaux par le feu et par l’insulte, postface de Jean-Marie Guillon, La Bonnechère, C’est-à-dire éditions, 2009, p. 92-93.
2 Maurice Barrès, L’âme française et la guerre, t. I, L’Union sacrée, Paris, Émile-Paul Frères, 1915, p. 5 et 18. Barrès, qui était lorrain, considérait le programme de réconciliation franco-allemande que défendait Jean Jaurès comme une chimère effrayante. Jaurès venait de Castres, dans le sud-ouest de la France, une région qui n’avait pas subi vingt-huit invasions germaniques depuis Charlemagne, comme le Nord et l’Est. Cf. Georges Tronquart, « Barrès juge de Jaurès », Bulletin de l’Association Guillaume Budé, no 1, mars 1963, p. 99-113, ici p. 100.
3 D’une manière subtile, mais claire, Paul Valéry a attiré l’attention sur les différences qui séparaient Pétain de son prédécesseur, l’« illustre Foch » lorsque, après l’élection de Pétain à l’Académie française, il répondit au discours de remerciement de ce dernier. Paul Valéry, « Réponse au remerciement du maréchal Pétain à l’Académie française », dans id., Œuvres, t. I, édition établie et annotée Jean Hytier, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1957, p. 1098-1128.
4 Des « cibles rouges et bleues », écrit Jacques Cormery, alias Albert Camus, à propos de la bataille de la Marne, où son père est mort au tout début de la guerre. Albert Camus, Le Premier Homme, Paris, Gallimard, 1994, p. 70. Évoquer les pantalons rouges des Français tombés au champ d’honneur pendant la Première Guerre mondiale est devenu le topos de la culture de la mémoire. « Pauvres enfants de ma classe, avec vos pantalons rouges, fauchés en plein champ, à découvert, par les pontonniers allemands, ne comptez pas recevoir des jeunes Français d’aujourd’hui beaucoup plus qu’un haussement d’épaules. Vous aviez été parés pour le sacrifice », se plaignait François Mauriac dans la préface de ses Mémoires politiques, Paris, Grasset, 1967, p. 13.
5 J’ai pris connaissance de l’« affaire du XVe corps » au cours de l’exposition « La faute au Midi. Soldats héroïques et diffamés », organisée par l’historien français Jean-Yves Le Naour et présentée du 24 mars au 5 juillet 2014 au Centre aixois des Archives départementales des Bouches-du-Rhône à Aix-en-Provence. Dans le cadre de cette exposition, une bande dessinée parut sur ce thème avec des textes de Le Naour et des dessins de A. Dan. Plus loin, je m’appuie sur le « livre de réparation » de Jules Belleudy, Que faut-il penser du XVe corps, préface du colonel Gros Long, Menton, Imprimerie coopérative, 1921 ; Jean-Yves Le Naour, « La faute aux “Midis”. La légende de la lâcheté des Méridionaux au feu », Annales du Midi, vol. 112, no 229, 2000, p. 499-515 et Maurice Mistre, La légende noire du 15e corps d’armée. L’honneur volé des Provençaux par le feu et par l’insulte, postface de Jean-Marie Guillon, La Bonnechère, C’est-à-dire éditions, 2009.
6 Jules Belleudy, Que faut-il penser du XVe corps, préface du colonel Gros Long, Menton, Imprimerie coopérative, 1921, p. 139-140. Depuis 1916, l’historien Jules Belleudy (1855-1938), fondateur du journal Réveil du Midi, premier préfet dans les départements de l’Ardèche puis du Vaucluse, tente de réfuter la version de Joffre et les accusations de Gervais en s’appuyant essentiellement sur les témoignages des généraux et des hauts fonctionnaires. Maurice Mistre a poursuivi le travail de Belleudy et l’a complété en incluant, à l’aide d’un accès plus facile aux sources grâce à Internet, les rapports des « petits soldats » dans ses recherches.
7 Jules Belleudy, Que faut-il penser du XVe corps, préface du colonel Gros Long, Menton, Imprimerie coopérative, 1921, p. 141.
8 Général Messimy, Mes souvenirs, Paris, Plon, 1937, p. 354-355, note 2.
9 Le fait que la population du Midi ait boycotté le fromage frais de la marque Gervais, obligeant le fromager à déclarer publiquement que son entreprise n’avait rien à voir avec le sénateur du même nom compte parmi les éléments picaresques de l’affaire.
10 Messimy, qui avait interrompu sa carrière militaire pour faire de la politique, retourna à l’état-major général et fit carrière : capitaine au début de la guerre, il la finira en tant que général.
11 Isabelle Rimbaud, « Dans les remous de la bataille » (Journal de guerre) », Mercure de France, vol. 2, 29 août-3 septembre 1914, Mercure de France, no 435, p. 459-490 : le passage reproduit est celui qui fut supprimé par la censure dans Isabelle Rimbaud, Reliques, Paris, Mercure de France, 1921, p. 167, document en ligne, consulté le 23 août 2019 : https://archive.org/details/reliques00rimbuoft.
12 Paul Déroulède, Chants du soldat, Paris, Calmann-Lévy, 1885, p. 99-102.
13 Georges Liens, « Le stéréotype du Méridional vu par les Français du Nord de 1815 à 1914 », Provence historique, vol. 27, 1977, p. 413-431, ici p. 413-414. Liens rectifie le journal : le XVe corps appartenait à la 2e armée, les troupes qui reculèrent devant l’ennemi à Sarrebourg faisaient partie de la 1re armée.
14 Alphonse Daudet, Contes du lundi, Paris, Charpentier et Fasquelle, 1892, p. 77. « Les Francs à la bataille, les Provençaux à la Victuaille », cite Patrice Marcilloux, « L’Anti-Nord ou le péril méridional », Revue du Nord, vol. 87, nos 360-361, 2005, p. 648.
15 Jean-Yves Le Naour, « La culpabilité d’une ville en guerre. Marseille, 1914-1918 », dans Philippe Chassaigne et Jean-Marc Largeaud (dir.), Villes en guerre (1914-1945), Paris, Armand Colin, 2004, p. 208-216.
16 Jean-Michel Gaillard, Jules Ferry, Paris, Fayard, 1989, p. 575.
17 Albert Thibaudet, « La critique du Midi », La Nouvelle Revue française, no 105, juin 1922, p. 725.
18 Jules Belleudy, Que faut-il penser du XVe corps, préface du colonel Gros Long, Menton, Imprimerie coopérative, 1921, p. 220.
19 Charles Maurras, « Un soldat du XVe corps. Vie, mort et funérailles de Lionel des Rieux », dans id., L’étang de Berre, Paris, Librairie ancienne Édouard Champion, 1920, p. 309-342. Le livre est dédié à la gloire des morts, des blessés et des vainqueurs de la guerre.
20 Certains d’entre eux avaient été ses élèves et ce fut un honneur pour Bertrand de s’en souvenir sur les pages consacrées à Marseille et à la Provence. Louis Bertrand, Les pays méditerranéens et la guerre, Paris, La Renaissance du Livre, 1918, p. 262.
21 Jules Michelet, Introduction à l’histoire universelle, Paris, Hachette, 1831, p. 51.
22 Paul Valéry, « Réponse au remerciement du maréchal Pétain à l’Académie française », dans id., Œuvres, t. I, édition établie et annotée par Jean Hytier, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1957, p. 1125.
23 À ce sujet, voir Patrice Marcilloux, « L’Anti-Nord ou le péril méridional », Revue du Nord, vol. 87, nos 360-361, 2005, p. 647-672.
24 Patrice Marcilloux, « L’Anti-Nord ou le péril méridional », Revue du Nord, vol. 87, nos 360-361, 2005, p. 664. Voir Robert Lafont (dir.), Le Sud et le Nord. Dialectique de la France, Toulouse, Privat, 1971.