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Conclusion

p. 69-70


Texte intégral

1La série des Museum Photographs apparemment évidente soulève de nombreuses questions concernant notre rapport à l’histoire de l’art, aux œuvres, à leur statut dans nos musées, et interroge le spectacle muséal qu’offrent nos musées aujourd’hui. Elle est le produit de la vision originale de Thomas Struth qui joue à la fois le rôle d’un metteur en scène et celui d’un documentariste. Le sujet est non seulement premier mais sert aussi de prétexte à la mise en scène du spectacle muséal. Struth, en exploitant tous les niveaux de la dialectique des choses (rapport visiteurs/œuvres, rapport peinture/photographie, rapport passé/présent, rapport documentation/théâtre), montre ainsi les nombreuses facettes demeurées cachées dans la relation que les hommes entretiennent avec les objets esthétiques.

2Les Museum Photographs doivent être considérées comme des œuvres dialectiques et ouvertes dans le sens d’Umberto Eco. Le spectateur est libre de les interpréter de multiples façons selon ses connaissances et selon ses désirs. Leur aspect et leur signification demeurent ainsi ouverts, au même titre que les tableaux dans l’image.

3Malgré cette ambiguïté, le témoignage culturel que constitue cette série est évident. On pourrait rapprocher la démarche de Struth de celle d’un conservateur savant qui, comme l’a défini Thierry de Duve, met en valeur un patrimoine en le conservant culturellement : « Un patrimoine ne se conserve (je ne parle pas de sa conservation physique mais de sa conservation culturelle) que tant qu’il est capable de susciter sa ré-interprétation, sa ré-vision à travers les lunettes du présent. […] Car cela devrait être clair aujourd’hui : les avant-gardes artistiques sont – et ont toujours été – conservatrices, non dans le sens politique, mais dans le sens que leur fonction sociale effective est de conserver une tradition, en la maintenant vivante, non de la détruire110. »

4La série des Museum Photographs peut en ce sens être interprétée comme une œuvre avant-gardiste qui renouvelle significativement une tradition en la réinterprétant.

Notes de fin

110 De Duve, 1987 (note 63), p. 404.

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