1 Après un séjour en 1970, où un laissez-passer lui permet de circuler en totale liberté sur les territoires de l’OLP, Jean Genet publie dans le magazine Zoom, en 1971, « Les Palestiniens », texte qui accompagne des photographies prises par Bruno Barbey dans les camps palestiniens. C’est en commentant la position de Theodor Herzl (1860-1904), l’un des fondateurs du Mouvement sioniste à Bâle en 1897, sur la présence palestinienne dans les territoires qui deviendront Israël, qu’il convoque la figure du fantôme.

2 Nous avons nous-même, pour différents motifs, sacrifié à cela (Barbe, Chauliac & Tornatore 2015). Le lecteur notera qu’il s’agissait alors davantage de délibération que de participation (ibid.). Pour une critique d’un point de vue généalogique, lire Kebir (2015 : en particulier le chapitre 5).

3 Loin donc d’une chose ou d’un bien, matériel ou immatériel, qui ne sont que le résultat de ce rapport, marchandises ou peut-être embrayeurs d’émancipation.

4 Nous empruntons cette image du banquet à René Char (1983 : 206).

5 Rappelons que, ayant pris la place, en 2007, du musée des Arts africains et océaniens (MAAO) qui succédait lui-même au musée des Colonies, la CNHI occupe le Palais de la Porte dorée, à Paris, initialement érigé pour l’Exposition coloniale de 1931 et dont le programme décoratif imposant (bas-reliefs en façade, fresques intérieures) exalte les vertus civilisatrices de la France coloniale.

6 « Lettre de mission du Premier ministre » (Toubon 2011 : 5).

7 Ainsi Howard S. Becker (2009 : 7-8, 21) : « Je n’ai jamais considéré que les sciences sociales détiennent le monopole de la connaissance sur ce qui se passe dans la société […]. Mes collègues – sociologues et autres spécialistes des sciences sociales – aiment bien faire comme […] si la connaissance qu’ils produisent sur la société était la seule “réelle” connaissance sur le sujet. Ils aiment bien prétendre aussi – c’est idiot – que leurs méthodes pour représenter la société sont les meilleures, voire le seul moyen de travailler correctement, ou que ces méthodes nous protègent de toutes sortes d’erreurs épouvantables qu’autrement nous ne saurions éviter. Ce discours est une forme typique d’abus de pouvoir professionnel. »

8 Le mot apparaît deux fois dans le rapport Toubon, une fois s’agissant de déplorer l’absence de sa prise en compte, l’autre pour nommer un programme de traitement politique des immigrés.

9 Mobilisation contre l’inauguration de la Cité de l’immigration, Paris, TéléSorbonne, 2011.

10 La remarque en est faite par Maryse Fauvel (2014), qui ne pousse cependant pas la comparaison à son terme. Lire aussi Pierre Birnbaum (2005).

11 Ce que fait d’ailleurs aussi, dans une autre visée politique, Michelet qui, dans une vision de la nation France comme une personne, met en avant l’importance de la mémoire en tant que principe constituant.

12 En mai 2007, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le Premier ministre François Fillon crée un ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du codéveloppement. En 2009 est initié un vaste débat public sur l’identité nationale. Le ministère de l’Immigration est supprimé en novembre 2010. (Note de l’éditeur.)

13 Voir rubrique « Infos », Terrain, n° 9, « Habiter la maison », p. 136.

14 « Un point de vue étroitement moderniste l’aurait considéré comme obsolète et décidé de sa casse et de son remplacement. Au contraire ici, les investisseurs parient sur cet outil qui est probablement le dernier de ce type en activité en France et l’un des derniers en Europe. » (Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France 1996 : 10).

15 Entretien avec le directeur de l’usine, 7 juillet 2009.

16 Mais peut-être l’auteur trouve-t-il là une sorte de contrepoint à son écriture des mondes sociaux disparus et des transmissions brisées. Dans un autre de ses livres Miette, paru en 1994, le narrateur est dépourvu de ressources propres à manipuler d’anciens outils agricoles comme on le faisait avant, et en vient même à les détourner des usages pour lesquels ils avaient été conçus. Sur la question de la mise en récit des vies muettes, voir Adler (2012).

17 Bertrand Hell (1992), dans le portrait qu’il dresse du chef-lamineur, fait l’impasse sur son parcours migratoire, l’assimilant à ce qu’ont vécu des milliers d’immigrés. Certes ! Pour autant, n’est-il pas constitutif aussi du parcours qui l’amène du Maroc à Syam ?

18 Selon l’expression de Bruno Latour (1999).

19 Sous le règne de Louis XIV, la Franche-Comté, province-frontière, est dotée d’un appareil militaire imposant, comportant la construction de nouveaux remparts et l’érection d’une citadelle. Vauban, architecte du roi, en est le maître d’œuvre : 195 hectares sont fortifiés, sur lesquels on peut voir aujourd’hui la citadelle, deux enceintes urbaines, l’enceinte de Battant, avec bastions et demi-lunes, et le fort Griffon, seconde forteresse, ainsi qu’une tour bastionnée, invention de Vauban.

20 Voir par exemple le film de Marc Perroud (2017).

21 Lire Derrida (1993).

22 Le propos est développé dans Barbe & Notteghem (2011).

23 Lire le paragraphe sur « Les immigrés et la crise du logement » (Gagnieux 2008 : 144-146).

24 Quant à ces critères, on se reportera à la Convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel (1972). Disponible en ligne sur le site de l’Unesco : http://portal.unesco.org/fr/ev.php-URL_ID=13055&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html [lien valide en octobre 2018].

25 L’évocation de ces trois Bisontins reprend des textes antérieurs : voir s. n. (2001) et Pinard (2003).

26 Abdel Ghezali, conseiller à la Citoyenneté et la Jeunesse, cosigne l’introduction avec le maire Jean-Louis Fousseret.

27 Le principe moral de charité réside en la vertu consistant à faire le bien d’autrui, sans que cela ne se confonde ou s’accompagne nécessairement avec/d’une parité de traitement en parité (Lenclud 2002 : 62).

28 À propos d’une situation similaire, voir Barbe & Sevin (2016).

29 Parmi lesquelles, pour n’en citer que quelques-unes, celles de François Perche et Jean-Paul Goux pour la littérature, Daniel Nowak et le Collectif Ero’ pour la photographie, Stéphane Beaud et Michel Pialoux pour les sciences sociales… dont nous avons parlé dans une exposition itinérante en 2017 : « Fragmenter / Recomposer. Voyages aux pays » (Barbe & Ailhaud 2011 ; Barbe & Ailhaud à paraître).

30 « Dans une ville ouvrière à 80 %, ce sont les cadres et les enseignants qui profitent exclusivement de tous les services culturels. Comment associer les habitants des grands ensembles à cet effort culturel ? » (Hurstel 2008 : 24). Jean Hurstel est alors directeur du Centre d’action culturelle. En 1968, il a mis en scène à Strasbourg La Cigogne, pièce de théâtre écrite par Armand Gatti.

31 Pour cela, voir Noël Barbe (2014).

32 Sur l’expérience de cette colonne et sa particularité, lire Abel Paz (2002). L’expérience n’est pas seulement militaire : là où la colonne gagne militairement, se met en œuvre une politique de transformation des rapports sociaux selon les principes du communisme libertaire.

33 Contrairement au groupe Medvekine, présent au même moment à Besançon et Sochaux. L’expérience de ce dernier est fondatrice du cinéma militant des années 1970, du moins de celui « qui a fait une large place à la parole et aux luttes ouvrières » (Blangonnet 2000 : 11). Ce groupe se constitue à Besançon (Rhodiacéta) et à Sochaux (Peugeot), après la réalisation d’un film de Chris Marker en 1967, sur la grève de la Rodhiacéta, À bientôt j’espère. Il regroupe des cinéastes et ouvriers qui s’approprient l’outil cinématographique (caméra, table de montage…), et s’inscrit dans une politique culturelle menée par la CGT et le PCF, dans une tension avec ces organisations. On se reportera, s’agissant d’acteurs directs de ce moment, à Bruno Muel (2000), Georges Binetruy (2000) et Henri Traforetti (2000), ainsi qu’à Romain Lecler (2013).