1 Voir à ce sujet l’article de Luc Boltanski et Arnaud Esquerre (2014).
2 Le concept exact en anglais est « authorised heritage discourse » (AHD).
3 Pour une discussion à ce sujet, voir Olivier Schwartz (2011), pour qui « la notion de “classe populaire”, prise en tant que catégorie sociologique, fait référence à des groupes qui se définissent par la conjonction d’une position sociale dominée et de formes de séparation culturelle ».
4 Je fais ici référence à un point soulevé par Jean-Louis Tornatore dans l’argumentaire du séminaire (voir le texte d’introduction du présent volume).
5 La notion de « réseaux d’attachements » est empruntée à Bruno Latour (2000), tandis que l’ajout du terme « patrimoniaux » fait référence à une démarche de compréhension du patrimoine par les attachements, proposée par Jean-Louis Tornatore (2010). On pourra également se reporter au préambule et à l’introduction d’un numéro que j’ai dirigé avec Bianca Botea, dans lequel nous développons une approche écologique des attachements (Botea & Rojon 2015).
6 Je m’inspire en particulier de la théorie non représentationnelle que défend le géographe Nigel Thrift (2008), ainsi que des travaux d’anthropologie écologique de Tim Ingold (2011).
7 Je reprends dans la présente contribution certains éléments discutés dans cet article écrit avec Michel Rautenberg. Je le remercie pour le partage de ses connaissances.
8 Ma traduction.
9 Dans le même ordre d’idée, Eran Fisher (2010) défend la thèse qu’un nouveau capitalisme s’est échafaudé avec l’émergence du numérique : l’« esprit des réseaux » (the spirit of networks), qui marque les sociétés post-industrielles, affaiblirait les luttes de classe en vue d’une « émancipation sociale » (contre l’exploitation) du fait du développement d’une idéologie de l’« émancipation individuelle » (contre l’aliénation), prônant l’expression personnelle et la créativité.
10 Ma traduction.
11 Ma traduction.
12 Voir par exemple, parmi les travaux en français, Denouël & Granjon (2011).
13 Ma traduction.
14 En dehors de sa déclinaison numérique, qui lui a permis de faire une entrée fracassante dans le vocabulaire courant, l’usage du mot « communauté » reste malgré tout, dans le contexte de la république laïque française, tributaire d’une connotation religieuse et ethnique suscitant une méfiance collective.
15 Ma traduction.
16 De nombreux commentateurs dressent le même constat. Lire par exemple l’article de Stefana Broadbent dans Horst & Miller (Broadbent 2013), ou bien encore Casilli (2010).
17 Sur la question de la démocratie patrimoniale et de la participation citoyenne sur les réseaux sociaux, on pourra se reporter à l’article de Manon Istasse (2017).
18 Ma traduction.
19 Entretien réalisé en anglais le 3 juin 2014 à Swansea (ma traduction).
20 Entretien réalisé en anglais le 3 juin 2014 à Swansea (ma traduction).
21 Ma traduction.
22 « Urbex » est la contraction de « urban exploration » (exploration urbaine), activité récréative qui consiste à pénétrer dans des lieux construits par l’homme, abandonnés, interdits ou difficiles d’accès, et qui ne sont pas censés être visités. Ce loisir dissident est généralement associé à la photographie qui permet de garder des traces des expéditions réalisées – nommées « infiltrations » dans le jargon. Je renvoie ici à d’autres écrits dans lesquels j’évoque la pratique de l’urbex (Rojon 2014, 2015a, 2015b). Pour approfondir ce sujet, voir Garrett (2014).
23 Entretien réalisé le 27 novembre 2013 à Saint-Étienne.
24 Ma traduction.
25 Le champ de la virtual ethnography, développé surtout depuis les années 2000 à partir de l’ouvrage de référence de Christine Hine (2000), a donné lieu à la conceptualisation de différents modèles plus ou moins convaincants au sujet de l’ethnographie (du) numérique. Ces « nouvelles méthodes » se sont dernièrement orientées vers le paradigme de la digital ethnography (Pink, Horst, Postill, Hjorth, Lewis & Tacchi 2015) promu entre autres par Sarah Pink.
26 Plutôt que de me positionner en faveur d’une ethnographie digitale ou numérique, je préfère me référer à l’« ethnographie multimodale » qui se veut une articulation réflexive des principes de l’observation participante à des méthodes de recherche numérique (Dicks, Soyinka & Coffey 2006). Cette proposition me semble plus à même de décrire la complexité du travail ethnographique dans notre monde contemporain hyperconnecté.
27 Ma traduction.
28 Ce sont désormais les « patrons molestés » que l’on spectacularise, comme si la situation des ouvriers licenciés s’était banalisée au point de devenir insignifiante.
29 Entretien réalisé le 19 novembre 2013 à Saint-Étienne.
30 La Comédie de Saint-Étienne y est installée depuis septembre 2017, sans qu’il ne soit rien mentionné explicitement sur son site internet au sujet de l’implantation de ce centre dramatique national dans l’ancienne usine de la Stéphanoise de construction mécanique. Il est simplement notifié que le « nouveau bâtiment » se trouve « sur le quartier créatif Manufacture-Plaine-Achille ». Comme souvent dans ce genre de projet de régénération urbaine, c’est l’image de marque qui prime. En l’occurrence, le fond (l’histoire du lieu et les mémoires ouvrières) a été complètement évacué au profit de la persistance de la forme (l’esthétique industrielle) qui abrite désormais une institution théâtrale avec sa propre histoire. Voir le site https://www.lacomedie.fr/ [lien valide en octobre 2018].
31 Sans ces blogs, je n’aurais sans doute pas pu découvrir l’existence de ces pratiques, qui s’affichent certes sur les réseaux sociaux, quoique de manière modérée, mais encore faut-il être « ami » avec les « bonnes » personnes, ce qui ne peut s’effectuer du jour au lendemain.
32 Les blogs délaissés ne sont pas sans faire écho aux usines désaffectées.
33 Entretien réalisé le 4 mars 2015 à Saint-Étienne.
34 La règle de base de l’exploration urbaine consiste à ne pas divulguer la localisation des sites pour éviter d’accélérer leur dégradation.
35 D’après Garrett (2015 : 77), l’exploration urbaine porte en creux une critique des modes traditionnels de gestion patrimoniale qui figent les lieux, les rendant par-là statiques et les empêchant de continuer à vivre leur histoire. Les sites patrimoniaux seraient ainsi inauthentiques aux yeux des explorateurs, contrairement aux lieux abandonnés, à l’instar des friches industrielles. Voir aussi Rojon (2014) et Arboleda (2016).
36 Je pense ici aux travaux d’Antoine Hennion (2004), qui emploie ce terme très juste pour parler de l’attachement chez de « grands amateurs » de musique. On peut ainsi « goûter » les friches, comme on goûte du vin ou de la musique.
37 Ma traduction.
38 Entretien personnel.
39 Au sujet des formes de collectifs favorisées par les pratiques d’autopublication sur les plateformes du « web social », voir notamment Cardon (2010).
40 L’acronyme Gafa a été créé au milieu des années 2000 à partir des initiales des entreprises Google, Apple, Facebook et Amazon. Il désigne sous un terme générique les principaux « géants du web » sur la base de caractéristiques économiques (structuration, volume d’affaires…) et technologiques (algorithmes, capacités de stockage…) communes. L’acronyme Gafam (ajoutant Microsoft à la liste) est également employé. D’autres modèles économiques et technologiques autorisent à parler de Natu (Netflix, Airbnb, Tesla, Uber). En Chine, on évoque BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi). [Note de l’éditeur.]