1 On trouve aussi ce type de fécondation dans les mythes de Rotuma (Howard 1985 : 48).
2 Notons que dans une société hypergamique comme celle de Tonga, l’attribution d’une grossesse imprévue aux œuvres divines devait arranger bien des choses et bien des gens !
3 D’après Gifford, les Tongiens voyaient dans la lune une sorte d’arbre énorme au-dessous duquel Hina battait le tapa (Gifford 1924 : 181).
4 Cette connaissance, c’est aussi celle que possède une autre Hina dans une sorte de « Orphée et Eurydice » (non tragique) tongien : un chef jaloux de la préférence d’Hina pour un autre homme le rue. Hina va trouver sa grand-mère, reine du Pulotu, et ramène finalement son bien-aimé dans le monde des vivants (Gifford 1924 : 183).
5 L’idée d’une « consubstantialité » entre le sperme et les os n’est pas propre à la Polynésie. A ce propos et sur le Transfert de l’« essence » paternelle voir F. Héritier (1989 : 107-115).
6 Selon F. Helu, la « ligne de sang » est postulée seulement pat la théorie de la transmission maternelle des substances. Notons cependant, que dans la théorie de la transmission partagée des substances — la mère Transmet le sang et le père les os — le sang s’arrête pareillemenr aux garçons et se perpétue par les filles.
7 Oliver (1974 : 140-142) ; Langevin-Duval (1979 ; 186). A Wallis comme à Furuna, l’enfant est censé formé à parts égales des substances maternelles et paternelles.
8 En tongien, le sang se dit toto et il n’existe pas, à ma connaissance de terme spécial désignant le sang menstruel. Ta’ataa est l’équivalent de toto mais n’est utilisé que pour la famille royale. Pour désigner les règles, on utilise le mot fakakeleke.
9 L’idée qu’une copulation n’est pas suffisante et qu’un pouvoir « divin » doit intervenir pour provoquer une fécondation est attestée pour Wallis et Futuna. On la trouve aussi aux Marquises (Kirkpatrick 1983).
10 Aujourd’hui, les campagnes en faveur de la santé publique ont fait pénétrer l’idée de la surveillance du poids pendant la grossesse.
11 A Wallis, les jeunes accouchées doivent être « bien rondes et bien blanches ». On y trouve encore l’idée qu’il faut manger pour compenser la perte du placenta. Aux Marquises, « le placenta est dit pu henua \ interrogés à propos de ce terme, les informateurs expliquent que le placenta est en effet la terre de l’enfant (henua) qui l’entoure et le nourrit » (Kirkpatrick 1983 : 127). En Polynésie, le placenta et le « pays » sont souvent désigné du même terme : fonua, à Tonga, fenua à Wallis, à Futuna et à Samoa ; henua aux Marquises, à Tahiti, aux Tuamotu.
12 Des prohibitions alimentaires identiques existent à Wallis et Futuna.
13 Cette poudre est appelée enga à Tonga, lega à Wallis et ama à Futuna. Dans cette dernière société, la préparation du ama à partir de la plante ago (Curcuma longa) donne lieu à une séquence rituelle très complexe.
14 Le curcuma est peut être aussi associé à l’idée d’une protection contre les esprits — la poudre agirait d’une part en maintenant le corps chaud, d’autre part grâce à ses propriétés olfactives, l’odeur du curcuma déplaisant aux esprits — comme l’incitent à le penser et la tradition orale tongienne (Gifford 1929 : 185) et des informations données par une guérisseuse wallisienne.
15 Ces interdits sont à peu près identiques à Tonga, Wallis et Futuna.
16 Sans doute un médecin traditionnel ayant reçu une formation hospitalière complémentaire.
17 Fale uo à Wallis, fale uvo à Futuna.
18 Pour les premières règles de la fille du Tu’i Tonga, un grand katoanga avait lieu, avec des dons en nourriture et en koloa, apportés par l’ensemble des Tongiens (Gifford 1929 : 187).
19 Une source du siècle dernier fait cependant mention de l’existence de ces huttes menstruelles en Polynésie orientale (Laval 1938).
20 Sorte de décoction, composée du jus d’une jeune noix de coco, d’huile de coco et de feuilles odorantes.
21 A Wallis et à Futuna, l’équivalent de tevolo est le terme temonio, « démon ».
22 A Tonga, il existait différents termes pour désigner d’une part les dieux Coma), d’autre part les esprits des chefs (taumatie) et ceux des roturiers (mou). Quant au vocabulaire relatif aux « apparitions », il montre une distinction entre les fantômes, ou revenants — désignés du terme général de tu’u — et les manifestations des dieux ou des grands chefs, sous une forme ou une autre, nommées fa’ahikehe ou ‘orna (Williamson 1933,1 : 357). Enfin, l’esprit du Tu’i Tonga ainsi que celui de la Tamaha (fille aînée de sa sœur) avaient droit à l’appellation spéciale de lakoifie (Gifford 1929 : 327).
23 On trouvait la même idée, il y a un siècle et demi, à Wallis (Bataillon 1841 : 8)
24 A Wallis et à Futuna, les sites funéraires royaux sont particulièrement redoutés. Ceci explique les difficultés rencontrées par les archéologues lorsqu’ils fouillent ce type de site.
25 Elles se manifestent surtout chez les jeunes filles célibataires entre 14 et 25 ans (Futa Helu, communication personnelle).
26 . Il est intéressant de noter que le verbe « désirer », en tongien manako, est formé à partir du mot mana, ce qui pourrait impliquer que, dans la pensée tongienne, le désir est d’ordre surnaturel.
27 Voir à ce propos l’étude de Parsons (1983).
28 Même dans les sociétés où le tissu consensuel paraît sans faille, il existe dans l’interface des représentations — émanant des différents groupes sociaux — des éléments de discontinuité, voire des lignes de rupture qui font que toute société est toujours lourde de potentialités — qu’elle réalise ou non — et qu’elle est donc, par définition, changeante.
29 On retrouve des idées voisines à Futuna où la survie ordinaire consistait en renaissances et morts successives au terme desquelles on rejoignait un état proche de la nature (Smith 1892A : 40 ; voit aussi Burrows 1936 : 104).
30 Cette pratique est d’ailleurs attestée pour Futuna (Smith 1892 : 40) comme pour d’autres sociétés de Polynésie : Niue (Williamson 1933, 2 : 92), Rotuma (ibïd., 94) et Samoa (ibid., 1 : 322).
31 Cet écart dans les conditions de la survie est moins marqué à Futuna où les courageux guerriers roturiers morts au combat pouvaient accéder au paradis des chefs.
32 En dehors de leurs intrusions dans le monde des vivants, les esprits des morts sont censés vivre de façon autonome. Selon un informateur wallisien, les vaillants guerriers d’autrefois, morts depuis des siècles, réitèrent toujours les hauts faits de jadis. Les Wallisiens âgés savent bien qu’on ne doit pas construire sa case n’importe où, car les chemins par lesquels les femmes de jadis s’en allaient à la cueillette des fleurs à colliers existent toujours et elles n’ont pas cessé de les emprunter, surtout la nuit. Quiconque construit sa case sur un de ces parcours risque d’y voir apparaître un inquiétant désordre nocturne.
33 Cette idée existe encore aujourd’hui — et pas uniquement chez les plus âgés — à Wallis et à Futuna. Elle existait aussi, semble-t-il, à Samoa (Williamson 1933, 1 : 320).
34 Fenua à Wallis et Futuna.
35 On est là très près des idées défendues par M. Douglas dans Purity and Danger (1976).
36 Cf. le terme protopolynésien tupuna qui sert à désigner les ancêtres dans nombre de terminologies de Polynésie.
37 Un cas observé montre que la parenté maternelle peut, lors de funérailles, être honorée en place de la parenté paternelle mais il s’agit d’un cas très particulier : lors des funérailles du chef roturier de Taoa, c’est sa parenté maternelle qui a été honorée car le titre de chef circulant dans la parenté maternelle de Maka, celle-ci ne peut pas être réduite au rôle subalterne de cuisinier.
38 On peut remarquer que l’atteinte à l’intégrité physique que représente par définition l’opération de la circoncision est le fait du seul parent masculin qui n’est pas, vis-à-vis du circoncis, en situation de rivalité. En Nouvelle-Guinée, chez les Ankave, la communauté de sang que sont censés partager un garçon et son oncle maternel permet de les associer tous deux dans les épreuves initiatiques où leur sang est susceptible de couler (Bonnemère 1996 : 349-350).
39 L’expression de la reine Salote — kete taba, « un seul ventre » — pour désigner un homme, sa sœur et les enfants de cette dernière, est à rapprocher de cette interprétation.