1 En principe, le mât fait, dit-on, 44 pieds anglais de hauteur, soit 13,41 mètres. Il est en fait plus haut.
2 Un rite de bienvenue lasa kusa (ou laskus) est célébré à cette occasion.
3 Le palais d’Hanumân Dhokâ, situé au centre de la vieille ville de Katmandou, a été le palais des anciens rois Malla à partir de la fin du xv e siècle. Les souverains Shah l’adoptèrent après leur conquête de la vallée du Népal en 1768-1769. Ils le délaissèrent pourtant en 1896 pour un palais qui avait été construit en 1847 par Jang Bahadur Rana à l’intention de son frère Rana Udipp Singh à l’extérieur de la vieille ville néwar, autour d’une fontaine (en néwari : hiti) dédiée au dieu Nârâyan (d’où son nom : Nârâyan Hiti Darbâr). C’est le roi Prithivi Bir Bikram Shah Deva qui entreprit ce déménagement. Le nouveau palais, de facture moderne, situé au bout de l’avenue actuelle de Darbâr Mârg, a été construit juste à côté par un architecte américain, Benjamin Polk. Il fut inauguré en 1970 lors du mariage du prince héritier Birendra. L’ancien site d’Hanumân Dhokâ reste un centre cérémoniel de première importance aujourd’hui, y compris pour la dynastie Shah. Les rois de cette lignée ont toujours été couronnés dans ce vieux palais, y compris Gyanendra, le dernier d’entre eux.
4 Ces huit signes de bon augure sont : les deux poissons dorés, le parasol, la conque, le diagramme heureux, la bannière de victoire, le vase d’eau sacrée, le lotus, la roue de la loi. Pour des listes légèrement différentes dans le monde hindou, cf. M. Stutley (1984 : 13). Les ashta mangala sont communs aux deux constituants de la religion néwar : hindou et bouddhiste.
5 Selon A. W. van den Hoek (2004 : 39), l’écorce de l’arbre qui a servi à édifier le mât est censé posséder des propriétés médicinales.
6 Ce sabre est le même que celui qui est échangé avec les danseurs masqués représentant la déesse Bhadrakâlî et Pacalî Bhairava. Sur cet échange rituel et sa signification pour la royauté, cf. G. Toffin (1993 : 67-72).
7 Pour une description plus riche en détails de l’érection de ce mât, cf. G. Toffin (1992 : 75-78). Et aussi A.W. van den Hoek (2004), qui présente quelques légères différences. Je m’en suis tenu ici à l’essentiel.
8 Les variantes sont très nombreuses. Selon l’une d’elles, Indra descendit sur terre le jour du Cathâh, le quatrième jour de Bhâdra, quinzaine claire – soit huit jours avant le début officiel de la fête. Malheureusement pour lui, cette date du calendrier lunaire est affectée d’une malédiction (sarâp) lancée par le dieu à tête d’éléphant, Ganesha : quiconque regarde la lune ce soir-là sera considéré comme un voleur. Ce que fit Indra. Le roi des dieux est du reste souvent appelé Cathâhdyah en milieu néwar. Cf. aussi les versions bouddhistes dans le chapitre 5.
9 On parle tantôt de jardiniers Gathu, tantôt d’agriculteurs Jyâpu. Les deux sont des castes néwar. Selon une autre version, Indra fut emprisonné au fond de la fontaine Maruhiti.
10 Une statue en bronze doré de Vishnu-Vishvarûpa, commandée par le roi Pratap Malla au xviie siècle pour célébrer l’Indra Jâtrâ, est sortie à l’occasion de la fête et exposée devant le poste de police qui est situé devant le palais d’Hanumân Dhokâ, à côté de la statue de Kâla Bhairava. Curieusement, la statue est vénérée durant l’année par un prêtre tantrique néwar Karmâcârya attaché à Hanumân Dhokâ. Tous les dieux sont réunis dans cette figure universelle, y compris Indra. Vishvarûpa est ici figuré avec trente-deux mains principales (Slusser, 1982 : 241).
11 À Katmandou, citons le temple édifié sur la place du palais royal d’Hanumân Dhokâ, à côté de l’endroit où l’on élève le mât d’Indra. Il date du xviie siècle.
12 Ces quartiers correspondent tous à des établissements d’agriculteurs Jyâpu.
13 Cf. U. Kölver, I. Shresthacarya (1994 : 277)
14 Cf. B. G. Shrestha (2002 : 253). Yãbâdyah vient peut-être de Yalambara, nom d’un roi Kirâta associé à Âkâsha Bhairava. Cf. chap. 4. Il y a pu avoir confusion entre les deux dieux Indra et Bhairava, exposés durant l’Indra Jâtrâ.
15 Information personnelle de Thakurlal Manandhar.
16 Ces éléments se retrouvent dans le village Jyâpu voisin de Theco (district de Lalitpur).
17 Les rencontres avec le Majipât Lâkhay des Ranjitkâr, un danseur masqué représentant un être démoniaque, ont longtemps été évitées car elles menaient souvent à des rixes entre les deux troupes de danseurs, agriculteurs d’un côté, imprimeurs sur tissu Ranjitkâr de l’autre (cf. chap. 6). À la fin des années 1990, les relations étaient pacifiées : le Majipât Lâkhay venait danser avec sa troupe dans le quartier Kilâgal des Jyâpu liés à Airâvata. Ils y étaient reçus cérémoniellement, on leur offrait à boire et à manger.
18 Une danse de l’éléphant d’Indra (Pulu Kisi) est également représentée à Bhaktapur, cf. R. Levy (1992 : 459).
19 Cf. aussi M. Slusser (1982 : 97). Une autre étymologie possible serait le mot yah, qui en néwari signifie « aimé, cher » (Toffin, 1992 : 81). Cette dérivation, moins lettrée que celle proposée par M. Slusser (d’après D. Vajracarya), est spontanément donnée par beaucoup de Néwar.