1 En 2006, environ 12 000 personnes habitaient dans le camp d’Amboko. La plupart sont arrivées en 2003, après avoir fui les violences qui ont touché le Nord de la Centrafrique. Deux autres camps, Gondjé et Dosseye, ont été ensuite construits à proximité de Goré pour accueillir les victimes des coupeurs de route.
2 Les violences qui affectent le Nord de la Centrafrique depuis la prise du pouvoir de François Bozizé ont été interprétées comme les manifestations d’une extension du conflit du Darfour. La crise centrafricaine est cependant plus liée à celle du Tchad qu’à celle du Soudan (Debos, 2008 :225-241 ; Marchal, 2009).
3 Entretiens, N’Djamena, 2005 et 2006.
4 François Bozizé est également soutenu par les présidents Joseph Kabila (République démocratique du Congo), Denis Sassou-Nguesso (Congo-Brazzaville) et Omar Bongo (Gabon). La France ne désapprouve pas. François Bozizé est d’ailleurs passé par la France avant de revenir au Tchad pour organiser sa rébellion (International Crisis Group, 2007b : 16).
5 La collaboration entre le rebelle Jean-Pierre Bemba et le président Patassé, qui craint des mesures de rétorsion de la part de Kinshasa, n’a alors rien d’évidente : l’alliance aurait été conclue à la suite d’une entreprise d’intimidation menée par les hommes du premier.
6 Selon le rapport d’ICG, les quatre cinquièmes des combattants seraient tchadiens International (Crisis Group, 2007b : 16.)
7 Sur « le pouvoir familial » sous François Bozizé, ibid. : 17.
8 François Bozizé avait promis à Abakar Sabone le ministère de la Défense. Une fois installé au pouvoir, le président aurait cependant jugé son ancien allié gênant : il aurait préféré l’isoler en nommant des « petits chefs » musulmans de la rébellion à des postes de « chargés de mission » à la Défense (ibid.)
9 Sur l’historicité du banditisme de grand chemin et des razzias dans le bassin du lac Tchad, lire Roitman, 2005.
10 Il dirige le Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ), un groupe armé membre de la coalition de l’UFDR.
11 Selon le témoignage d’un ex-libérateur (un rebelle centrafricain d’origine tchadienne), fait prisonnier à N’Djamena lors de l’attaque du Front uni pour le changement démocratique (FUC) en 2006, des ex-libérateurs qui avaient sollicité l’aide du Soudan ont été enrôlés dans la rébellion tchadienne. Les Soudanais leur auraient fait comprendre qu’ils n’obtiendraient leur appui qu’à condition qu’ils s’engagent dans un premier temps aux côtés des Tchadiens. S’il est certain qu’il y a eu des contacts entre les insurgés du Nord-Est centrafricain et les rebelles tchadiens basés au Soudan, il est difficile de mesurer l’ampleur de leur collaboration (déclarations des prisonniers de guerre du FUC aux autorités tchadiennes, N’Djamena, avril 2006, documents consultés par l’auteure).
12 Les noms des personnes interviewées ont été modifiés. Tous les entretiens cités ont été menés en septembre 2006 dans le camp de réfugiés d’Amboko.
13 Cours élémentaire 1re année. En Centrafrique comme dans la plupart des pays d’Afrique francophone, le CE1 est la troisième année de l’école primaire.
14 Au moment de leur engagement, ils donnaient le nom d’un proche qui devait recevoir leur prime en cas de décès.
15 La quatrième classe de l’enseignement secondaire.
16 Pour une réflexion sur la distinction entre la pauvreté et la vulnérabilité, lire Guichaoua, 2007.
17 Les autres sections sont nommées « Intervention rapide », « Forces patriotiques, mouvement de libération du peuple centrafricain », mais aussi « Saoulard ».
18 La violence infligée à autrui peut être vécue par leurs auteurs comme une violence subie. À propos d’une guerre très différente, Christian Ingrao explique que des membres des Einsatzgruppen, qui ont participé à des exécutions dont les procédures n’avaient pas été précisées et organisées, avaient vécu ces mises à mort « sur le mode du traumatisme de la violence infligée » (Ingrao, 2003 :28).
19 Le rapport d’ICG précise que « peu de violences gratuites ou de viols sont signalés » (International Crisis Group, 2007b : 17).
20 Après la victoire de François Bozizé, le colonel Marabout, l’un des chefs des libérateurs tchadiens et six cents de ses compagnons sont en effet envoyés à Moussoro. L’opération vise à les neutraliser pour quelques mois (Boisbouvier, 2004).
21 Des primes ont été versées dans plusieurs villes du Tchad où vivaient des ex-libérateurs (entretiens, N’Djamena, Moundou et Goré, septembre 2006).
22 Dans la rébellion, Francis Bozizé jouait déjà un rôle clé : il s’occupait notamment des questions logistiques (Bendjo, 2003).
23 À l’exception de ceux qui n’ont pas touché la prime de 1 million de francs CFA. Certains ex-combattants n’apparaissaient pas sur les listes ou étaient absents le jour où l’argent a été distribué à Goré. Les malchanceux crient à l’injustice et dénoncent les rusés qui auraient empoché « leur » argent.
24 Selon le ministère centrafricain des Mines et de l'énergie, « la production de diamant, en majorité artisanale, fait vivre près de 50 000 artisans-chercheurs et quelque 160 collecteurs agréés. Elle relève en grande partie du secteur informel » (document en ligne : http://www.rcainfo.org/Economie/Economie-res-mine.php, consulté le 15 juin 2009).
25 David Keen montre le rôle de la honte ressentie par les rebelles dans les violences commises en Sierra Leone (Keen, 2005, chapitre 4).
26 « Extreme poverty and lack of opportunity maintain the continuum of war and peace in Liberia » (Utas, 2005 : 151).
27 Selon l’expression de Rémy Bazenguissa-Ganga et Patrice Yengo La « popularisation de la violence » renvoie à une « diffusion progressive des pratiques de violence ». Dans le contexte de la reprise de la guerre civile au Congo-Brazzaville en 1998, qui a suivi le retour au pouvoir de Denis Sassou-Nguesso, ce processus correspond à quatre étapes : « la constitution de la rue brazzavilloise en acteur politique autonome, l’apparition des milices et le contrôle des quartiers sud et sud-ouest, la montée en puissance des originaires des villes secondaires et des villages, l’invasion des territoires ennemis et le ratissage de Bacongo » (Bazenguissa-Ganga et Yengo, 1999 :186).
28 « a reaction to marginalization, exclusion and as an alternative to despair » (Vlassenroot, 2006 :64).
29 Voir également le numéro spécial de la revue Africa Development, vol. 22, no 3-4, 1997.