1.– Les écueils de la démarche archéologique
p. 213-231
Texte intégral
«Devotees of cognitive archaeology have not yet extracted traces of thought from relics. Not only are relics mute; they are also static.» (Lowenthal, 2000: 64)
1Les documents archéologiques ne parlent pas, ils ne portent pas d’étiquettes. Reconstituer à partir d’eux, et d’eux seuls, les mentalités du passé est une entreprise difficile, semée d’embuches. Pourtant les archéologues hésitent rarement à s’y lancer, persuadés qu’ils sont – et à juste titre – que l’entreprise est indispensable et qu’elle en vaut la peine. Jusqu’ici, cependant, les résultats se sont révélés fragiles et décevants. C’est que, en l’absence de strictes précautions méthodologiques, la subjectivité domine et les anachronismes fleurissent, au point qu’on en apprend plus, bien souvent, sur les archéologues eux-mêmes que sur les groupes humains dont ils sont supposés parler. André Leroi-Gourhan avait déjà noté que le comportement de l’homme préhistorique « serait à étudier, non en fonction des faits qui [...] sont parfois très minces, mais à travers des biographies de préhistoriens »1 (Leroi-Gourhan, 1964 : 3). Certains ont même construit des panthéons entiers, droit sortis de leur imagination et d’autant plus populaires que toute réfutation est, par définition, impossible.
2Un cas contemporain résume bien la situation. C’est celui d’une potière d’un village de Provence2. Elle fabrique naturellement de la poterie provençale, qu’elle vend aux touristes, et l’on peut imaginer que des archéologues du futur pourraient se fonder sur sa production pour étudier la poterie provençale de la fin du xxe siècle de notre ère. Ils seraient bien en peine pourtant d’imaginer qu’elle est en fait originaire de Boulogne-sur-Mer et d’en tirer les conséquences. Ils le seraient encore bien plus d’expliquer le motif du poinçon qu’elle utilise pour signer ses productions et qu’elle a acheté sur une brocante en Angleterre. Cet exemple édifiant donne une idée des difficultés auxquelles se heurte l’archéologie.
Le naufrage documentaire3
3C’est une évidence bien connue que la disparition – sans même parler de ce qui nous échappe totalement – de la majeure partie de ce qui a pu exister comme témoins matériels des civilisations du passé. Il est rarement possible d’évaluer la part de ce qui a pu disparaître lors d’un abandon, puis de ce qui a pu disparaître ensuite sous l’effet de phénomènes naturels, de l’érosion en particulier, ou encore de remaniements dus à l’homme. Mais il est clair que la perte est énorme et que nous n’apercevons, au mieux, qu’une infime partie de l’iceberg. On a beau le savoir, il n’est jamais confortable de garder cette situation, avec toutes les limitations qu’elle entraîne, présente à l’esprit.
4Le travail archéologique lui-même, de façon paradoxale, aggrave ces difficultés. Il n’y a pas si longtemps, une fouille faite au piochon et sans tamisage éliminait de fait les objets les plus petits, en particulier de nombreux fragments d’industrie lithique et osseuse, comme de nombreux tessons de céramique. Or des expériences de tamisage ont montré que la perte pouvait atteindre à ce stade un tiers du poids initial du matériel. Le tri au sortir de la fouille peut en outre éliminer tout ce qui ne paraît pas significatif à l’archéologue : fragments informes ou minuscules et, dans le cas de la céramique, tout ce qui ne permet de restituer ni une forme ni un décor. Dans le cas des niveaux du Néolithique Récent II de Dikili Tash (Macédoine grecque), on a pu estimer ainsi que, sur les 100 000 à 200 000 fragments de céramique trouvés à la fouille, il n’en restait alors que 22 000 environ (Demoule, 2004 : 67-68). Mais l’étude n’en a retenu qu’un tiers et l’analyse détaillée, à la fin, n’a porté que sur un tiers de ce tiers, soit 2 000 fragments. C’est dire qu’au bout du compte, l’étude publiée – indépendamment de ses mérites intrinsèques – repose sur 10 % de la céramique recueillie et conservée, qui elle-même correspond peut-être à 0,01-0,02 % de la céramique de l’ensemble du site.
5L’étude elle-même repose, bien sûr, sur les idées admises et les méthodes choisies : on conserve et on étudie ce qu’on connaît déjà et ce qui est supposé, a priori, apporter une information. On a longtemps considéré l’étude de la céramique néolithique, par exemple, comme celle d’une collection de tessons. Mais dès que l’on cherche à l’étudier comme des ensembles de vases produits et utilisés par des groupes donnés, dans des conditions définies, pour des usages identifiables ou non, d’autres approches s’imposent. C’est ainsi qu’en étudiant non plus une sélection, mais la totalité du matériel céramique retrouvé et en recherchant systématiquement tous les recollages possibles, on a pu reconstituer sur le même site de Dikili Tash non seulement un vaste ensemble de formes de vases complètes, mais une riche série de décors entiers. Le naufrage documentaire n’est pas évité : il est simplement limité par la collaboration étroite entre archéologues et conservateurs-restaurateurs et la validité des interprétations s’en trouve naturellement renforcée.
6Les publications elles-mêmes véhiculent en outre une information de qualité variable. C’est un lieu commun de déplorer, surtout au début d’une recherche, l’insuffisance des informations disponibles dans les publications existantes et il est bien vrai que les publications anciennes ne peuvent pas répondre aux questions nouvelles que nous nous posons aujourd’hui. Il n’empêche que souvent ces publications souffrent bien, en effet, d’un manque de cohérence et de précision qui ne reflète pas seulement l’insuffisance des moyens de l’époque, mais surtout l’absence d’intérêt des archéologues pour certaines catégories de vestiges : au moment même où les temples de l’Antiquité classique sont étudiés avec un luxe remarquable de détails et d’illustrations par des architectes et des archéologues à la compétence irréprochable, les vestiges d’habitat préhistoriques et protohistoriques sont traités par le mépris et publiés n’importe comment, ceci expliquant naturellement cela.
7Mais le pire du naufrage documentaire est à coup sûr dans le taux de publication des fouilles. Sans doute toute recherche scientifique s’accompagne-t-elle d’un pourcentage inévitable de déchet. Mais ici le déficit de publications atteint des proportions étonnantes. Les chiffres sont, il est vrai, variables d’une région à l’autre et d’une période à l’autre. Dans quelques cas, comme faire maya au Mexique ou Chypre entre 1935 et 1995, on peut estimer que 75 à 80 % des fouilles ont été publiées. Dans d’autres cas, comme en Israël, le pourcentage oscille entre 30 et 45 %. Mais certaines enquêtes plus vastes ou plus récentes donnent des résultats bien pires. En Israël, par exemple, sur 23 fouilles exécutées entre 1960 et 1980 et concernant les Âges du Bronze et du Fer, seules deux ont été publiées, soit 9 %. En Grèce, de 1945 à 1987, la Société archéologique d’Athènes a subventionné 213 fouilles, effectuées par 83 archéologues, et elle n’a vu paraître, en tout et pour tout, que 7 publications finales, partielles ou totales, soit une proportion de 3,3 % à peine. C’est ainsi encore que, selon une estimation bien informée, sur 80 sites du haut Moyen Âge fouillés en France, 2 seulement seront publiés, soit 2,5 %. Le constat est donc sans appel : les fouilles publiées sont une minorité et parfois une exception. Sans doute y a-t-il eu, depuis les années 1990, un début de prise de conscience et quelques tentatives, d’ordre essentiellement réglementaire et/ou budgétaire, pour remédier à cette situation. Mais partout l’explosion de l’archéologie de sauvetage d’une part, la concurrence entre équipes scientifiques de l’autre ont réduit ces efforts à néant et la situation tend nettement, aujourd’hui, à s’aggraver (Shanks, 1996, 1999 ; Hadjisawas & Karageorghis, 2000). Cette situation incroyable n’est pas seulement inadmissible, elle est aussi catastrophique pour la science : elle ajoute au naufrage un formidable déficit documentaire et elle fragilise à l’extrême toute hypothèse formulée sur la base du seul matériel connu et publié.
8Cette situation a des causes évidemment multiples : extrême lenteur propre au travail archéologique, insuffisance de moyens, exigences incessantes des diverses tutelles, incohérences dans la gestion du temps... Et la tentation est forte, assurément, de fouiller encore et toujours. « La main des préhistoriens », a joliment dit André Leroi-Gourhan (1964 : 38), « ne lâchait pas volontiers le grattoir pour la plume. » Mais on oublie trop souvent, en particulier, que pour une journée de fouille il faut compter quelque chose comme une journée d’enregistrement, trois journées de traitement du matériel et huit journées de préparation de la publication, soit 12 jours pour un, ou encore un an de travail pour un mois de fouilles... (Arlaud & Burnouf, 1994 : 12-13). La réduction de l’archéologie à la fouille, ce stéréotype indéracinable qui n’a que l’apparence de l’évidence, contribue ainsi à la stérilisation de la recherche dans le domaine.
Les textes : de l’absence à l’ambiguïté
9Les textes, on le sait bien, sont plus parlants que les vestiges seuls. Le cas idéal est, bien sûr, celui de Pausanias, qui, avec sa Description de la Grèce, nous fournit un état des lieux pour le milieu du iie siècle après J.-C. : à condition de le « nettoyer » des mythes qui l’encombrent, il fournit un excellent instrument de découverte et d’interprétation des vestiges antiques. Mais ce cas est exceptionnel et tous les historiens savent bien qu’en fait l’existence de textes est très loin de résoudre tous les problèmes et que parfois même elle peut les compliquer. L’Iliade et l’Odyssée nous décrivent la société « homérique », mais il est imprudent de se fonder sur elles pour étudier en détail la civilisation mycénienne. Les textes des auteurs antiques sont, comme les inscriptions, riches d’indications, mais les lacunes, les imprécisions, les incertitudes et les contradictions qu’on y rencontre rendent souvent compliquée l’identification des lieux, des dates et des personnages. Même un récit apparemment aussi factuel que la Guerre des Gaules, de César, a pu engendrer d’inépuisables discussions. L’exemple fameux d’Alésia n’est d’ailleurs pas seulement emblématique des problèmes de localisation ; il est aussi caractéristique des contradictions fréquentes entre les textes et les données de terrain, et du rôle essentiel qu’y joue alors l’imaginaire (Reddé, 2003). Toutes les cités et les villes qui ont voulu donner d’elles-mêmes une image flatteuse ont exalté leurs origines et se sont dotées de légendes de fondation qui mêlent sans retenue les réalités et les mythes (on en trouvera un panorama dans Fromentin & Gotteland, 2001).
10Mais pour l’écrasante majorité des périodes de l’histoire humaine, l’archéologue ne dispose d’aucun texte. Il lui est donc particulièrement difficile d’atteindre des domaines tels que la société, la religion, les symboles, l’art et plus généralement ce qui appartient à la pensée des hommes du passé. Les tentatives pourtant n’ont pas manqué et la limite est souvent floue entre ce qui est du domaine du vraisemblable et ce qui relève de la fantaisie pure.
11Le domaine de la religion est évidemment celui qui a suscité le plus d’hypothèses fragiles, au point qu’il est actuellement l’un des thèmes prédominants, voire la première clé interprétative, le « deus ex machina de l’historien embarrassé », dans bien des domaines de la recherche sur le passé. Les religions de la préhistoire sont ici en première ligne et l’art rupestre fournit le point de départ : les figurations, où certains voient des scènes de la vie quotidienne ou des scènes de chasse, correspondent pour d’autres à des scènes de culte. Et souvent, une fois l’idée lancée, la vérification n’est même pas esquissée. Mais des enquêtes faites en Australie par Peter Ucko auprès des Aborigènes ont montré que, là où l’on dispose d’un interlocuteur sachant quelle était la véritable signification des scènes – souvent des rêves, en l’occurrence-, les interprétations des archéologues se révèlent fausses dans 60 % environ des cas. En Afrique du Sud, dans les monts du Drakensberg, autour du Lesotho, des scènes qui paraissaient quotidiennes ont été « lues » par des Bushmen – qui vivaient là avant d’être repoussés vers le Kalahari par les Européens – comme des scènes de guérison et de chamanisme dans de nombreux cas (Saint-Blanquat, 1991). Fallait-il pour autant, comme l’ont fait Jean Clottes et David Lewis-Williams (1996), étendre en sens inverse cette dernière interprétation à l’art paléolithique de l’Europe ? Cela reste fort difficile à démontrer.
12La question des sanctuaires de Çatal-Hüyük (Anatolie, Néolithique ancien, VL millénaire av. J.-C.) est aussi une très belle illustration des problèmes rencontrés. Le premier fouilleur, James Mellaart, a voulu voir des temples ou des sanctuaires dans tous les endroits où l’on avait trouvé des figurines ou des représentations murales, en particulier de taureaux. Et l’on n’a cessé, à partir de là, de s’extasier sur le nombre et l’éclat de ces sanctuaires, de spéculer sur le nombre des membres du clergé, sur les surplus qu’ils entassaient dans les greniers des temples, etc. Mais, comme l’a dit depuis longtemps Jean-Louis Huot (1995 : 212), « il n’y a pas d’églises dans la ville de Çatal-Hüyük, car il n’y a ni églises ni ville ». Rien ne prouve que les endroits en question aient été des sanctuaires – il y en aurait autant que de maisons ordinaires et le village serait peuplé de prêtres ! – et l’on peut aussi bien admettre qu’il s’agit de simples sanctuaires domestiques, autant de fois répétés qu’il y a de foyers et ne nécessitant aucun prêtre, ou encore qu’il s’agit d’autre chose que nous ne savons pas identifier.
13Les figurines néolithiques, que l’on interprétait autrefois soit comme des jouets soit comme des représentations religieuses, ont été par la suite presque automatiquement assignées au domaine de la religion, qui restait ici la seule clé interprétative (Treuil, 2010). Dans les Balkans, les décors de la céramique néolithique ont fourni eux aussi à Marija Gimbutas la matière d’une infinie spéculation sur la religion néolithique (Gimbutas, 1989). Interprétant chaque série de traits comme une image de la pluie, ou encore chaque triangle comme celle d’un sexe féminin, elle a littéralement reconstruit un panthéon entièrement imaginaire, où le dieu de la pluie côtoie la déesse de la fécondité. Le résultat est clair : à la difficulté initiale qui naît des incertitudes normales de la recherche s’ajoute maintenant l’obstacle créé par les postulats automatiques qui la stérilisent. Le recul est d’ailleurs double : d’un côté, on n’arrive pas, puisqu’on n’essaie pas de le faire, à identifier réellement la ou les fonction(s) des figurines ou des décors, de l’autre on n’arrive pas non plus à identifier les témoins d’activités religieuses réelles.
14On pourrait multiplier les exemples... Ils montrent généralement que l’absence de textes conduit rarement à un constat d’ignorance ou à l’expression d’un doute prudent, mais plus souvent à la construction de stéréotypes nourris d’anachronismes et à l’empilement d’hypothèses fragiles. Ces stéréotypes sont dangereusement éloignés des observations ethnologiques sur les formes les plus anciennes des religions connues et curieusement proches des schémas véhiculés par les religions monothéistes. Ils n’ont donc que peu d’efficacité pour éclairer les mentalités du passé.
15D’autres clés interprétatives reviennent régulièrement, dans des contextes tout aussi peu maîtrisés. Le monde des symboles et du langage en est un exemple classique. C’est ainsi qu’Emmanuel Anati propose de voir dans l’art rupestre paléolithique une structure grammaticale – une syntaxe dans l’association des figures – et finalement une sorte de langage primordial, d’écriture avant l’écriture, qui serait identique sur tous les continents (Anati, 2000).
16La vallée des Merveilles suscite naturellement des interprétations de type analogue. Pour Henry de Lumley, les célèbres gravures rupestres du mont Bégo, dans le massif du Mercantour (100 000 gravures datées du Chalcolithique et de l’Âge du Bronze, IIe millénaire av. J. C.), représentent un langage codifié, transmis de génération en génération (Lumley, 2010). Émilia Masson, elle, est persuadée que le site est une sorte de livre de pierre, qu’il suffit de lire, et qu’il s’organise selon une conception dualiste de l’univers (ciel-terre, mort-vie). Elle interprète les gravures de la vallée de Fontanalbe comme des scènes naturalistes (le domaine des mortels, la vie quotidienne) et celles de la vallée des Merveilles proprement dite comme des scènes cosmologiques (le monde divin, trois générations divines successives comme dans Hésiode, le culte du soleil). Ce serait en somme la version indo-européenne de la Genèse (Masson, 2002)... Mais ces explications, qui restreignent très fortement le champ des possibles, confirment seulement qu’on est là en présence de symboles, qui restent à déchiffrer.
17D’autres interprétations font intervenir l’astronomie. On sait, bien sûr, que l’astrologie a été pratiquée par de très nombreux peuples et que l’astronomie a joué un rôle dans l’architecture égyptienne. Mais peut-on démontrer à coup d’alignements que les cercles de Stonehenge constituent un observatoire préhistorique, un calculateur astronomique, permettant de prévoir les éclipses de lune, ou un sanctuaire du culte solaire ? L’hypothèse de l’astronome Gerald Hawkins (1965), qu’une utilisation précoce de l’ordinateur avait parée d’une aura de scientificité, s’est aussitôt heurtée à la critique et paraît aujourd’hui excessive. Mais des découvertes comme celle du disque de bronze de Nebra (Allemagne), ou celle plus ancienne du disque de Trundholm (Danemark), viennent alimenter les spéculations sur la représentation du cosmos à l’Âge du Bronze. Loin de là, le disque de Phaistos, en Crète, est régulièrement enrôlé au nombre des vestiges d’une astronomie ou d’une astrologie protohistorique.
18Les mises en garde cependant n’ont jamais manqué. La plus classique est celle qu’André Leroi-Gourhan (1964 : 145-146, 148) a donnée à propos des religions de la préhistoire. Reprenant en détail les observations qui ont pu conduire à parler d’un culte des ossements, d’une religion déchiffrable à partir des pratiques funéraires ou d’un art à visée religieuse, il conclut qu’avant l’Homo sapiens, « il n’y a presque rien qui résiste à l’examen. Les documents sont mal adaptés au rôle qu’on voudrait leur faire jouer et les crânes de Sinanthropes, les mandibules et les ours des cavernes sont orientables vers de multiples explications, autres que celle de la pratique religieuse. » L’image de l’Homo sapiens est plus précise : « L’homme préhistorique, volontiers déguisé en sorcier cornu, se livrait dans les cavernes à des chasses mimées, recouvrant les parois de dessins de juments gravides et de bisons envoûtés, d’accouplements humains et animaux, de huttes, de boomerangs, de harpons, de pièges et de huttes à esprits... » Mais ce n’est là qu’une image « assez pauvre et simplette », faite d’affirmations « prises un jour à la source du possible et entraînées depuis dans le flot de l’indiscutable. »
19Plus récemment, c’est une exposition, présentée au musée romain de Lausanne-Vidy, qui s’est attachée à montrer, avec humour, les difficultés que rencontreraient des archéologues du futur pour comprendre notre mode de vie et les travers dans lesquels ils risqueraient de tomber. Elle a été l’occasion, en particulier, de rappeler cette évidence que tout objet archéologique est susceptible d’être questionné selon des problématiques cultuelles (Flutsch, 2003).
20La satire de David Macaulay (1979), en principe destinée à un public jeune (il s’agit en effet d’une bande dessinée), a pu être plus facilement ignorée que celle de Leroi-Gourhan, en raison justement de son côté humoristique et apparemment provocateur ; elle repose en fait sur une critique tout aussi aiguë des pratiques de l’archéologie. Découvrant les ruines d’un motel, un archéologue du futur trouve un défunt enterré dans un sarcophage poli (une baignoire), avec des trompettes à eau (la douchette), l’Urne sacrée (le W.C.) et le Grand Collier de cérémonie (la lunette), sans oublier le parchemin à pointe sacrée (le rouleau de papier hygiénique). La mise en garde est salutaire, car les archéologues, même s’ils ne veulent pas se l’avouer, se retrouvent souvent dans des situations tout aussi ridicules, à supposer pour leurs trouvailles des fonctions sans rapport avec la réalité.
21On pourrait emprunter à Macaulay bien d’autres scènes cocasses. On pourrait aussi rappeler qu’il y eut bien d’autres mises en garde, dont une moitié seulement émanait d’archéologues. Radicales comme elles l’ont toutes été, elles auraient dû susciter des interrogations et, pour tout dire, inciter à la prudence. Manifestement, cela n’a presque jamais été le cas et il faudra se demander pourquoi elles n’ont guère été entendues. Une première réponse est quelles ont été – fort commodément – jugées outrancières et qu’elles heurtaient de front des modes de pensée bien établis. Mais il arrive aussi, comme on le verra plus loin, que les archéologues soient plus influencés, inconsciemment, par les attentes concrètes du public que par les exigences abstraites de leur profession.
La perception du temps
22Une série de distorsions, rarement mentionnées, vient de la difficulté qu’il y a à se représenter des durées notablement plus longues que celle d’une génération, d’un siècle ou de quelques siècles. On sait en effet dater, aujourd’hui, la plupart des phases de l’histoire humaine et la chronologie préhistorique elle-même est établie dans ses grandes lignes. Dans ses grandes lignes, c’est bien le mot : l’acquis est solide, mais perd en précision à mesure que l’on remonte dans le temps. Les périodes reconnues sont aussi de plus en plus longues et l’on passe insensiblement de durées que l’on peut raisonnablement se représenter à des durées dont il est simplement impossible de se faire une idée. Un Paléolithique supérieur d’une durée de 20 000 ans se prête encore à une représentation plus ou moins pertinente, ainsi qu’à une fragmentation en périodes plus courtes dont la succession est à peu près établie. Mais un Paléolithique inférieur de plusieurs millions d’années est impossible à se représenter et l’on peut se demander avec quelque angoisse ce que peuvent réellement signifier, rapportées à cet abîme, l’apparition, la durée et la disparition d’un trait culturel quelconque. L’apparition des galets taillés, celle des bifaces, leur évolution ne peuvent être que des concepts globalisants, organisant pour nous de façon arbitraire, comme en une téléologie, une infinité de faits partiels échelonnés au moins sur des millénaires. Mais ces faits partiels sont restés, pour leurs acteurs, des faits isolés répartis à l’échelle d’une génération ou de deux, et n’ont jamais pu être reliés par eux à une chaîne évolutive qui les aurait dépassés.
23Les difficultés ne manquent pas même pour des périodes plus récentes. Ce qu’on appelle la « néolithisation » du Proche-Orient et de l’Europe est conçu comme une diffusion d’est en ouest de pratiques s et de techniques d’élevage soit portées par des « colons » eux-mêmes itinérants, soit adoptées de proche en proche par des groupes voisins. Mais quelle que soit la durée précise attribuée au processus, il est sûr qu’il se déroule sur plusieurs millénaires. On doit alors se demander quel sens peut bien avoir un phénomène de ce genre, étalé sur une pareille durée, et quelle conscience auraient bien pu en avoir les acteurs isolés. Avons-nous nous-mêmes conscience de faits de ce genre à notre époque ? De toute évidence non. Prenons-nous part à des faits de ce genre ? Probablement oui. Cela revient à dire qu’il s’agit de tendances générales très vagues, qui se manifestent à travers des faits historiques infiniment nombreux, infiniment divers et potentiellement contradictoires. Cela veut dire que les représentations que nous nous en faisons sont une fois de plus construites sur un modèle téléologique ou, ce qui n’est pas mieux, sur un modèle historique. La notion de « néolithisation » décalque ainsi, en réalité, celle de la christianisation du monde antique et celle de la colonisation du monde moderne. Elle ne reflète au fond que la difficulté qu’éprouve l’archéologie à appréhender des tendances profondes de l’évolution humaine, dès lors qu’elles s’inscrivent sur des millénaires.
La perception de l’espace
24La perception de l’espace pose aux archéologues d’autres problèmes, dont ils n’ont pas toujours conscience. Cela vient tout d’abord du fait que l’on confond souvent cadre administratif et limites historiques. L’archéologie préventive est naturellement gérée par des États et par des entités administratives régionales et locales. Bien entendu aussi, ces États et ces entités cherchent à utiliser l’archéologie pour justifier leur propre existence ou pour exalter le sentiment national, ou le nationalisme, de leurs citoyens.
25Il en résulte souvent que les résultats historiques eux-mêmes sont interprétés à l’intérieur de ces mêmes cadres. Les bibliographies, signe révélateur, s’arrêtent volontiers aux frontières. Les conclusions historiques se restreignent aux limites territoriales en vigueur. C’est ainsi qu’en France l’archéologie « départementale » est florissante. Mais les départements n’ont été créés qu’en 1790. Assurément il y a des cas où ces divisions correspondent à une réalité, au moins géographique. Mais c’est loin d’être toujours vrai. On a pourtant vu paraître une étude sur le Néolithique du Territoire de Belfort4 et l’on peut imaginer un jour un travail sur l’Âge du Bronze de la principauté d’Andorre. On a assisté au dépeçage de l’archéologie yougoslave et de l’archéologie soviétique. On assiste à la régionalisation croissante non seulement de la gestion, mais de la recherche archéologique elle-même dans des pays comme l’Espagne, l’Italie, la Grèce...
26Or ces cadres territoriaux sont récents et n’ont jamais cessé de varier dans le passé, si bien qu’il n’y a, en fait, aucun rapport nécessaire entre les frontières actuelles et les limites du passé. Les peuples ne sont pas restés les mêmes à travers l’histoire et leurs frontières ont toujours été mouvantes5. Il faut donc étudier le passé dans les limites du passé – ou tout au moins de la géographie – comme on étudie très spontanément le présent dans celles du présent.
27Tout cela repose sur un point commun, qui est l’anachronisme.
Les stéréotypes et les anachronismes
28L’archéologie a toujours recouru à l’anachronisme et elle a deux excuses pour cela. La première est qu’au xixe siècle, « il était de quelque urgence scientifique de démontrer par tous les moyens alors accessibles que l’homme préhistorique pensait » (Leroi-Gourhan, 1964 : 4) et le moyen le plus évident paraissait être alors de recourir aux « hommes sauvages ». La seconde excuse est que, dans bien des cas où l’archéologie découvre des réalités nouvelles, pour lesquelles elle ne dispose encore d’aucun élément de comparaison, le rapprochement avec le présent et même l’explication par le présent constituent une première voie d’approche.
29Mais ces excuses ne sont que des excuses et ne justifient en rien que l’on ait continué à « verser de pleines pages d’actuel pour colorer le passé » (Leroi-Gourhan, 1964 : 65), comme on l’a tellement fait. Les religions préhistoriques et protohistoriques sont pleines de prêtres, de fidèles, de cérémonies et de sanctuaires, alors même que rien de tout cela ne peut être démontré et qu’il existe, on le sait bien, des religions qui se pratiquent autrement. La Déesse Mère a été transposée bien au-delà des périodes – historiques – et des régions – Mésopotamie, Anatolie, Grèce, monde celtique et celto-romain – pour lesquelles son existence est assurée ou probable. La religion de la Crète minoenne doit beaucoup de ses traits à la religion chrétienne et à l’église orthodoxe qui la représente aujourd’hui en Grèce : on y trouve même une épiphanie et une ascension.
30Le problème n’est pas exactement, ou pas seulement, que l’on ait recouru à des anachronismes patents, il est qu’on ne les a plus guère remis en cause par la suite. « Ce qui est [...] extraordinaire, a fait remarquer André Leroi-Gourhan (1964 : 151), c’est que depuis cinquante ans ce folklore scientifique né dans l’urgence d’une démonstration n’ait jamais été soumis à révision, sinon pour en échanger une pièce indienne contre une pièce aïnoue jugée meilleure. » En d’autres termes, l’archéologie vit, dans une proportion variable, sous le poids des stéréotypes.
31Il ne faut pas non plus se faire d’illusions. Les stéréotypes sont d’abord des outils de régulation sociale (Grandière & Molin, 2003). Ces constructions, comme les mythes, font partie de l’outillage intellectuel de toute société, où l’on a besoin de schémas pour penser l’Autre, le Barbare, le passé, la norme, etc., tout en gardant la possibilité d’une adaptation souple à une nouvelle situation ou à une nouvelle perception. L’histoire et l’archéologie ne peuvent donc pas éviter les stéréotypes, elles doivent en revanche en limiter la durée, les remplacer à mesure qu’elles évoluent.
32L’archéologie, peut-être plus que d’autres sciences en raison de la nature même de ses documents, est encombrée de stéréotypes qui freinent ou même paralysent toute recherche indépendante. Jusqu’à Boucher de Perthes, les preuves de l’existence de l’homme préhistorique ne manquaient pas, elles se heurtaient seulement au stéréotype dominant, celui de la création divine. Jusqu’à Darwin, les preuves de l’évolution ne manquaient pas, elles étaient seulement occultées par le stéréotype dominant, le fixisme de Cuvier. Depuis le xixe siècle, l’archéologie n’est pas seulement contaminée par les anachronismes, fréquents dans le domaine des religions, elle est encombrée de schémas indéracinables comme les évolutions linéaires et les chronologies tripartites, le découpage en cultures qui ne reflètent que des modes céramiques (Jones, 1997 : 106-127), les explications universelles par la démographie ou l’économie, les mythes éternels comme l’âge d’or, les idéologies et la politique contemporaines qui exaltent l’ancienneté et la valeur des peuples, des États, des frontières, des régimes.
33La recherche du prochain paradigme est en même temps parfaitement observable dans toute une partie de l’activité archéologique, les colloques en particulier, et l’on pourrait croire qu’il y a là, justement, un moyen de compenser le poids des stéréotypes en les faisant se succéder à un rythme plus rapide. Il n’y a pourtant rien à gagner à pratiquer un relativisme même qualifié de postmoderne et il y a peu à attendre d’un fonctionnement où l’on se contente de substituer à une réponse la réponse contraire sans jamais envisager la totalité des autres réponses possibles ni remettre en cause la question elle-même (Testart, 2006 : 387-388). Il s’agit alors de simples phénomènes d’opinion, bien plus que de science ou d’histoire.
Les attentes du public
34C’est qu’il y a une opinion publique en archéologie. La discipline intéresse un public nombreux et souvent passionné, amateur de découvertes et de révélations. Et ce public est marqué par ce qu’il sait ou croit savoir. Il attend certes des révélations et des découvertes, mais à condition qu’elles confirment ce qu’il pense ou quelles infirment ce que pensent les « spécialistes » : il doit s’agir de mystères « consommables », compatibles avec la position de touriste, de spectateur ou de joueur qu’il occupe volontiers. C’est au point qu’on ne sait où est l’œuf et où la poule : tant de choses sont répétées parce que le public les attend, tant de choses sont attendues par le public parce qu’elles sont répétées... C’est ainsi que des pans entiers de la recherche archéologique se retrouvent prisonniers de leur opinion publique : les Minoens aujourd’hui ne peuvent être décrits que comme pacifistes, féministes, démocrates, écologistes avant la lettre ; on a certes le droit d’apporter des correctifs à cette image, mais il ne s’agit jamais que de nuances. Le public n’est pas prêt à admettre que, sur ces sujets en particulier, nous ne savons à peu près rien et que les vraies réponses sont hors de notre portée.
35Le public est sourd, en effet. Rien de surprenant à cela : il a bien été sourd, trop longtemps, à la dénonciation des crimes du stalinisme ou à celle des camps d’extermination nazis. Les chercheurs, dont on dit souvent qu’ils ne prennent pas la peine de s’adresser à lui, ont en fait bien du mal à se faire entendre dès qu’ils s’écartent du discours convenu ou des thèmes attendus. La civilisation égyptienne, les momies péruviennes, les découvertes sensationnelles, le folklore minoen et les fantasmes homériques se « vendent » bien, mais les découvertes d’apparence moins spectaculaire, les analyses en laboratoire, les travaux d’épigraphie et les résultats de recherches au long cours ont du mal à passionner les foules, alors qu’ils sont en fait souvent plus riches en nouveautés vraies. L’idée même de tenter de réfuter une idée reçue peut dans ces conditions être ressentie comme inutile, ce qui, bien entendu, n’exonère pas l’archéologue qui n’essaie pas de le faire.
36Le public attend en outre une confirmation de son identité de groupe, comme si la honte marquait toujours les gens sans identité. Il lui faut une terre, des ancêtres, des racines, un mythe national, une équipe sportive emblématique... Ainsi l’archéologie se retrouve-t-elle régulièrement impliquée dans des querelles nationales (Lowenthal, 2000 ; Demoule, 2005 : 243-245). Ainsi a-t-on pu souligner, parmi d’innombrables exemples, le rôle que les « lacustres » ont pu jouer dans la construction et la défense de l’identité nationale suisse (Kaeser, 2004).
37Le public veut enfin la Vérité et des réponses, pas des probabilités ni des doutes. Malgré les fantastiques progrès de la science – ou à cause d’eux –, celle-ci n’échappe pas à l’emprise croissante des idéologies de l’irrationnel. Au lieu d’être un objet de savoir et de réflexion, elle se transforme en simple mythologie et finit par faire l’objet d’un culte (Ortoli & Witkowski, 1998). Plus elle est présente dans la société et plus elle fonctionne, en fait, comme un mystère porteur d’une vérité révélée, qui finit par sédimenter, comme jadis la religion, sous forme de breloques et d’images pieuses. Au lieu d’apercevoir et de comprendre les tenants et les aboutissants d’une nouvelle théorie, on se contente d’en retenir quelques bribes, coupées de leur contexte, et de les adorer pieusement. Et naturellement, c’est souvent l’accessoire qui surnage dans ces conditions. D’où le culte des héros fondateurs, comme Archimède, Newton, Einstein, mais aussi Darwin, Schliemann et Evans... D’où la surabondance des mystères, particulièrement frappante en archéologie : origines des peuples, civilisations disparues, écritures non déchiffrées, villes englouties...
38Ces attentes variées du public – de publics divers – constituent donc bien, au bout du compte, un obstacle non négligeable à la connaissance des mentalités des gens du passé. Il n’est pas aisé, en effet, de lui tenir un discours d’adulte, encore moins de faire accepter des résultats un peu inhabituels.
Motivations culturelles et choix
39L’horizon est-il bouché ? Certainement pas. La « révolution néolithique » a d’abord été expliquée par des causes biologiques, démographiques, économiques... Devant l’impossibilité de prouver cela, Jacques Cauvin s’est orienté vers des causes culturelles, en accord avec la recherche historique et ethnologique, qui mettent aujourd’hui volontiers l’accent sur la notion de choix : les groupes humains de Syrie semblent avoir, les premiers, donné la préférence à un mode de vie sédentaire. Il explique ce changement d’attitude par une « révolution des symboles », qui se traduirait par la naissance des divinités. Sans doute symboles et divinités ont-ils dû exister depuis le Paléolithique ; sans doute ne peut-on prouver que les figurines néolithiques aient eu une signification religieuse. Au moins aperçoit-on une voie nouvelle : il est possible d’appréhender les mentalités du passé et leur évolution en s’appuyant sur l’idée de motivations culturelles et donc de choix. Cela est beaucoup plus compatible avec ce que l’on constate de nos jours dans l’étude des sociétés actuelles.
40Il est possible également de faire l’économie des nombreux filtres et miroirs déformants que la pratique archéologique elle-même introduit entre les témoins et leur interprétation et que nous venons d’analyser. Il est possible – et souhaitable – de repartir des faits – étudier les vestiges dans tout le détail nécessaire et mener s’il le faut une enquête longue et complexe – et de tâcher d’établir ce qu’ils peuvent signifier. Non pas tenter de valider à coups de rhétorique et de répétitions la première idée qui vient ou le dernier paradigme en vogue dans les derniers colloques. Mais toujours envisager plusieurs possibilités et valider seulement celle qui peut l’être par des faits, en évaluant son degré de probabilité au lieu de vouloir parler en termes de vérité ou d’erreur.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Bibliographie
Anati, Emmanuel, 2000, L’art rupestre dans le monde, l’imaginaire de la préhistoire, Paris, Larousse.
Arlaud, Catherine ; Burnouf, Joëlle, 1994, « Des ratios en archéologie urbaine ? », Nouvelles de l’archéologie, 55 : 12-13.
10.4000/books.editionsmsh.2898 :Bromberger, Christian ; Morel, Alain (dir.), 2001, Limites floues, frontières vives, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, coll. « Ethnologie de la France », cahier 17.
Clottes, Jean ; Lewis-Williams, David, 1996, Les chamanes de la préhistoire, Paris, Seuil.
Démoulé, Jean-Paul, 2004, in R. Treuil (dir.), Dikili Tash, village préhistorique de Macédoine orientale. I, fouilles de Jean Deshayes (1961-1975), vol. II, Bulletin de correspondance hellénique, supplément 37 : 63-270, Paris, de Boccard.
–, 2005, « L’archéologie dans la société : les responsabilités des archéologues », in J.-P. Demoule et al., Guide des méthodes de l’archéologie, Paris, La Découverte : 243-245.
Flutsch, Laurent, 2003, Futur antérieur. Trésors archéologiques du xxie siècle après J.-C., Gollion, Infolio.
10.4000/books.ausonius.6912 :Fromentin, Valérie ; Gotteland, Sophie (dir.), 2001, Origines gentium, Paris, de Boccard.
Gimbutas, Marija, 1989, The Language of the Goddess, Londres, Thames and Hudson.
Grandière, Marcel ; Molin, Michel (dir.), 2003, Le stéréotype, outil de régulations sociales, Rennes, Presses de l’université de Rennes.
Hadjisawas, Sophocles; Karageorghis, Vassos (dir.), 2000, The Problem of Unpublished Excavations, Nicosie, Department of Antiquities/Anastasios G. Levendis Foundation.
10.1038/200306a0 :Hawkins, Gerald, 1965, Stonehenge Decoded, Garden City (NY), DoubleDay (un jeu vidéo a repris aujourd’hui ce même titre).
Huot, Jean-Louis, 1995, « Des sanctuaires orientaux. À propos de quelques idées reçues », in Μ. M. Mactoux et E. Geny (dir.), Mélanges P. Lévêque, Paris, Belles-Lettres.
10.4324/9780203438732 :Jones, Siân, 1997, The Archaeology of Ethnicity. Constructing Identities in the Past and Present, Londres/New York, Routledge.
Kaeser, Marc Antoine, 2004, Les lacustres. Archéologie et mythe national, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes.
Leroi-Gourhan, André, 1964, Les religions de la préhistoire, Paris, Presses universitaires de France.
Lowenthal, David, 2000, «Archaeology’s perilous pleasures», Archaeology 53 (2): 62-66.
Lumley, Henry de, 2010, La montagne sacrée du Bego, Paris, Odile Jacob.
Macaulay, David, 1979, Motel of the Mysteries, Boston, Houghton Mifflin [trad.fr., 1981, La civilisation perdue. Naissance d’une archéologie, Paris, Deux coqs d’or],
Masson, Emilia, 2002, Vallée des Merveilles – Cimes et abîmes d’une recherche, Paris, À la recherche de notre passé.
Ortoli, Sven ; Witkowski, Nicolas, 1998, La Baignoire d’Archimède. Petite mythologie de la science, Paris, Points.
10.1002/9781118318140.wbra0056 :Reddé, Michel, 2003, Alésia. L’archéologie face à l’imaginaire, Paris, Errance.
Saint-Blanquat, Henri de, 1991, « Les Bushmen racontent l’art de leurs ancêtres », Sciences et Avenir (mai) : 95-99.
Shanks, Hershel (dir.), 1996, Archaeology’s Publication Problem, vol. I, Washington, Biblical Archaeology Society.
–, 1999, Archaeology’s Publication Problem, vol. II, Washington, Biblical Archaeology Society.
10.3406/bspf.2006.13439 :Testart, Alain, 2006, « Comment concevoir une collaboration entre anthropologie sociale et archéologie ? À quel prix ? Et pourquoi ? », Bulletin de la Société préhistorique française, 103 : 387-388.
Treuil, René, 2010, « Idoles et idéologie », in N. Papadimitriou (dir.), La Grèce dans le cadre culturel des Balkans aux V et IV millénaire av. J.-C., Athènes, musée d’Art cycladique : 54-65 (en grec).
Notes de bas de page
1 Rappelons que Jean-Claude Cardin, puis Ian Hodder, avaient inscrit l’étude de la pensée des archéologues au programme d’une archéologie cognitive (cf. Treuil, « L’archéologie et les sciences de la cognition », dans le présent volume).
2 Observations de l’auteur (2002).
3 Le terme est dû à Pascal Darcque.
4 Ainsi a-t-on pu lire, à propos d’un colloque sur la culture de Cerny : « Chr. Jeunesse et Pierre Pétrequin ont présenté une synthèse de l’évolution des styles céramiques au Ve millénaire dans le Territoire de Belfort » : Bulletin de la Société préhistorique française 91 (1994) : 360.
5 Sans parler des frontières culturelles (Bromberger & Morel, 2001).
Auteur
René Treuil (archéologie), professeur émérite à l’université de Paris-I – Panthéon-Sorbonne, archéologie et sciences de l’Antiquité, Maison de l’archéologie et de l’ethnologie (Nanterre).
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Informatique et sciences cognitives
Influences ou confluence ?
Catherine Garbay et Daniel Kayser (dir.)
2011