1 André Schaeffner, « Cinquantenaire de la Société française de musicologie (allocution du 26 janvier 1967) », Revue de musicologie, vol. 53, n° 2, 1967 : 103-109, ici 108.
2 Si ces deux termes sont à l’époque largement synonymes, les acteurs principaux de la discipline privilégient le terme « musicologie », qui s’est aujourd’hui imposé par rapport à « musicographie ».
3 André Pirro, « Pour l’histoire de la musique », Acta Musicologica, vol. III, fasc. 2, avril-juin 1931 : 49-52, ici 49.
4 Voir R. Campos, « Philologie et sociologie de la musique au début du XXe siècle… », art. cité, 2006.
5 L. Raphael, « Frankreichs Kulturwissenschaften im Schatten von Vichy-Regime und deutscher Besatzung », art. cité, 2004 : 625. Sur les liens étroits entre histoire de la musique et discours de vulgarisation dans l’époque fondatrice de la musicologie française, voir R. Campos, « Philologie et sociologie de la musique… », art. cité, 2006 : 37-38.
6 Beaucoup d’autres personnalités moins connues agissent alors aux marges de ce que l’on comprend aujourd’hui comme le champ musicologique : Robert Bernard est ainsi à la fois compositeur, pianiste et critique, mais également un acteur important du milieu musicologique à travers ses activités éditoriales. Il a par ailleurs publié, en 1930, un ouvrage sur Les tendances de la musique française moderne. Cours d’esthétique, chez Durand, et enseigne à la Schola cantorum. Guy Ferchault, autre critique important, est l’élève de Pirro et de Masson à la Sorbonne et donne lui aussi un cours d’histoire de la musique destiné à un public large, à la Schola cantorum (voir M. Chimènes, « L’Information musicale… », art. cité, 1997 : 93).
7 R. Campos, N. Donin et F. Keck, « Musique, musicologie, sciences humaines… », art. cité, janvier 2006 : 7-8.
8 Le groupe des membres de la SFM des années 1938-1944 n’est qu’un échantillon possible parmi d’autres, mais les archives de la Société contiennent de nombreuses informations concernant la formation, le métier, le sexe et le lieu de résidence d’une grande partie d’entre eux.
9 Leslie A. Sprout, « Les commandes de Vichy, aube d’une ère nouvelle ? », in M. Chimènes dir., La vie musicale sous Vichy, op. cit., 2001 : 157-181, ici 160.
10 Plan établi à partir de : Arthur K. Griggs, Paris for Everyman. Her Present, her Past & her Environs. With Forty-Eight Coloured Maps and Full Index, 5e édition révisée, Londres, Dent & Sons Ltd., 1938, repris par Anna Langenbruch, Topographien musikalischen Handelns im Pariser Exil. Eine Histoire croisée des Exils deutschsprachiger Musikerinnen und Musiker im Paris der 1930er Jahre, Hildesheim, Olms, à paraître (2013). Je remercie vivement Anna Langenbruch de m’avoir fait parvenir une copie de ce plan.
11 Pour l’idéologie de la Schola cantorum et ses liens traditionnels avec la musicologie française depuis sa création, voir Jürg Stenzl, « “Verspätete” Musikwissenschaft in Frankreich und Italien ? Musikforschung im Spannungsfeld von Nationalismus, Reaktion und Moderne », in Anselm Gerhard dir., Musikwissenschaft – eine verspätete Disziplin ? Die akademische Musikforschung zwischen Fortschrittsglauben und Modernitätsverweigerung, Stuttgart/Weimar, Metzler, 2000 : 281-305, ici 287-291 ; et Jane F. Fulcher, « The concert as political propaganda in France and the control of “performative context” », The Musical Quarterly, vol. 82, n° 1, printemps 1998 : 41-67, ici 42-47.
12 Il s’agit là du discours dominant. Bien que minoritaires, d’autres conceptions de la musicologie coexistent à cette époque, fondées entre autres sur l’abolition du paradigme purement philologique et des dichotomies amateur/spécialiste et musicien/chercheur. Voir par exemple La Revue musicale d’Henry Prunières, plus libérale, accessible à un public plus large et ouverte à la musique contemporaine, qui fut interrompue en 1939, ou une note d’André Schaeffner du 15 novembre 1935, contre le projet de fusion des bibliothèques musicales parisiennes pour créer une pure bibliothèque de recherche (F-BN, A 65/8, Musée du Conservatoire).
13 Des auteurs comme Julien Tiersot avaient ouvert la voie à ce domaine de recherches folkloriques en France à la fin du XIXe siècle déjà, mais c’est avec le MATP que se crée son cadre institutionnel, apportant les moyens financiers, techniques et logistiques nécessaires aux investigations scientifiques de terrain, à la conservation des résultats obtenus et à une systématisation du savoir folklorique musicologique.
14 Voir Laure Schnapper et Michael Werner, « Organisation et mutation des pratiques musicales au XIXe siècle. École des hautes études en sciences sociales », Revue de musicologie, vol. 86, n° 2, 2000 : 344-346, ici 345 ; R. Campos, N. Donin et F. Keck, « Musique, musicologie, sciences humaines… », art. cité, janvier 2006 ; et R. Campos, « Philologie et sociologie de la musique… », art. cité, 2006.
15 R. Campos, « L’analyse musicale en France au XXe siècle… », art. cité, 2009 : 378-381. Voir aussi R. Campos et N. Donin, « La musicographie à l’œuvre… », art. cité, 2005.
16 Sur les modèles de pensée des sciences humaines françaises voir Lutz Raphael, « Frankreichs Kulturwissenschaften… », art. cité, 2004 : 624-625. Parmi les exceptions les plus notables de la musicologie, mentionnons André Schaeffner, élève de Marcel Mauss à l’École pratique des hautes études et de Salomon Reinach à l’École du Louvre durant la Grande Guerre.
17 Norbert Dufourcq, Petite histoire de la musique en Europe, Paris, Larousse, 1942 : 5.
18 Le sommaire de la Petite histoire de la musique en Europe de Dufourcq est une illustration parfaite de cette mise en récit de l’histoire de la musique au fil de chapitres comme « La suprématie italienne. L’opéra et la monodie accompagnée au XVIIe et dans le premier tiers du XVIIIe siècle », « La suprématie allemande : de Beethoven à Wagner », ou « La suprématie française de Gounod et Franck à Fauré et Debussy ».
19 Fiamma Nicolodi décrit ce phénomène en France autour de 1900 : « Nationalistische Aspekte im Mythos von der „ alten Musik “in Italien und Frankreich », in Helga de La Motte-Haber dir., Nationaler Stil und europäische Dimension in der Musik der Jahrhundertwende, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1991 : 102-121, ici 110.
20 Amédée Gastoué, « La musicologie », Revue de musicologie, vol. 18, n° 62-63, mai-août 1937 : 55-57, ici 56.
21 Denise Launay, carte postale à Amédée Gastoué, 11 août 1939, F-SFM, SFM Correspondance 1939-1942 [Gastoué].
22 Sur le cursus musical à l’École des hautes études sociales, voir J. Fulcher, « The concert as political propaganda… », art. cité, printemps 1998 : 52-54 ; et R. Campos, « Philologie et sociologie de la musique… », art. cité, 2006.
23 François Lesure et Jean Gribenski, « La recherche musicologique en France depuis 1958 », Acta Musicologica, vol. 63, n° 2, 1991 : 211-237, ici 211-212.
24 Voir P. Potter, Die deutscheste der Künste, op. cit., 2000 ; ainsi qu’Elsa Rieu, « Pour une histoire sociale des discours sur la musique : l’exemple du développement d’approches sociologiques de la musique en Allemagne (1900-1930) », in Talia Bachir-Loopuyt/Sara Iglesias/Anna Langenbruch/Gesa zur Nieden dir., Musik – Kontext – Wissenschaft. Interdisziplinäre Forschung zu Musik, Francfort-sur-le-Main, Peter Lang, 2012 : 111-123.