1 Ayant déjà développé ma théorie des mouvements sociaux ailleurs, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de rentrer dans les détails ici. L’analyse des études de cas présentées dans ce chapitre permettra mieux de communiquer cette théorie que sa formulation abstraite. Je renvoie les lecteurs qui aimeraient en savoir plus sur ma présentation du contexte théorique de cette étude des mouvements sociaux à l’analyse que j’en ai faite dans Pouvoir de l’identité (Castells, 1999b). Pour une analyse des mouvements sociaux – compris au sens de « luttes symboliques » – se concentrant sur la mobilisation contre la guerre et sur le recours aux nouveaux médias au Royaume-Uni, voir Gillan, Pickerill et Webster (2008).
2 Le réchauffement climatique est une dimension du « changement climatique », et ces termes sont souvent utilisés de façon interchangeable. La Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique utilise le terme « changement climatique » pour parler des changements causés par l’homme et se sert de la notion de « variabilité climatique » pour évoquer d’autres changements (United Nations, 1992). On parle aussi de « réchauffement climatique anthropogénique » pour indiquer que ce changement est dû aux hommes.
3 Al Gore, qui fut l’élève de Keeling à Harvard, a écrit que le moment où il a vu la « courbe de Keeling » pour la première fois a changé sa vision du monde (Gore, 1992).
4 Ces résultats varient selon la formulation des questions et selon les sondages. Nisbet et Myers (2007) notent que, selon d’autres sondages, 65 % du public avaient « beaucoup » ou « un peu » entendu parler du réchauffement climatique en 1997, et que cette proportion était passée à 75 % au cours de l’été 2001, alors qu’elle était à 66 % en 2003, avant de remonter à 78 % en 2006 et à 89 % en 2007. Une autre enquête menée par le Programme sur les attitudes en politique internationale (PIPA Knowledge Networks Poll : Americans on Climate Change, 2004) à partir de critères d’évaluation différents montrait que 63 % du public américain avaient « beaucoup » ou « un peu » entendu parler du réchauffement climatique en 2004, et que ce chiffre était passé à 72 % en 2005.
5 Pour mon analyse du mouvement environnementaliste en tant que mouvement social, voir la seconde édition de mon livre The Power of Identity (Castells, 2004c).
6 Cette section se fonde en grande partie sur les recherches innovantes que Jeffrey Juris, qui fut mon étudiant à Berkeley et qui enseigne maintenant à la Northeastern University, à Boston, a menées dans le cadre de son doctorat d’anthropologie sur l’ethnographie des mouvements de Barcelone et de diverses autres manifestations. Entreprises avec le plein consentement des militants concernés, ces recherches ont donné naissance à un livre important sur le développement et sur le sens des mouvements sociaux contre la mondialisation des entreprises (Juris, 2008). Quoique cette section reflète naturellement mon interprétation de ses données, les conclusions que nous en tirons me semblent toutefois ne pas être très différentes. Pour ma propre analyse des mouvements contre la mondialisation des entreprises, cf. Castells (1999b, chapitre 2). Les autres sources utilisées dans cette section sont citées dans le texte.
7 Joseph Stiglitz est un professeur d’économie de l’université Stanford qui a reçu le prix Nobel d’économie en 2001 et qui a quitté son poste dans le gouvernement Clinton pour devenir économiste en chef de la Banque mondiale. Tombant en désaccord avec les politiques économiques de la Banque mondiale et du FMI, qu’il considéraient désastreuses (et qui se révélèrent l’être par la suite), il décida de démissionner de la Banque mondiale et d’accepter une chaire à l’université Columbia, afin de pouvoir se consacrer à écrire et à donner des conférences dans le monde entier, pour présenter sa critique concernant ces institutions et pour proposer des politiques alternatives qui puissent assurer la stabilité économique et l’équité sociale (cf. Stiglitz, 2002).
8 Sur une note plus personnelle, j’étais à Barcelone à l’époque, et je faisais partie des sceptiques au sujet de l’accusation que le gouvernement portait contre l’ETA, en partie parce que j’avais étudié Al-Qaïda et que ces attentats correspondaient à ce que je savais sur leurs tactiques. Je publiai donc un article dans La Vanguardia le matin du samedi 13, où je suggérais qu’Al-Qaïda était probablement impliqué, et où je révélais la stratégie de désinformation du gouvernement. Cet article, et sa deuxième partie, que je publiai une semaine plus tard dans le même journal, fut couronné d’un des prix les plus prestigieux du journalisme espagnol, le prix Godo – ce qui était assez extraordinaire pour moi qui ne prétends pas être journaliste.
9 Cf. http://www.elpais.com/audios/cadena/ser/Entrevista/hombre/promovio/concentracion/sabado/frente/Genova/elpaud/20040316csrcsr_4/Aes/
10 J’ai écrit cette section du livre entre avril et août 2008, à l’exception de sa conclusion, intitulée « Le jour d’après ». Je ne l’ai pas remise à jour parce que son objectif est analytique, et non documentaire, et doit le rester. Le résultat de l’élection présidentielle générale semble confirmer les tendances que j’ai identifiées dans cette étude de cas. Toutefois, du point de vue de ce livre, ce qui compte c’est le rôle du nouveau lien entre communication et politique contestataire qui s’est établi au cours de la campagne électorale d’Obama, qui fut la première campagne où l’usage d’Internet à des fins politiques joua un rôle décisif.
11 Depuis les années 1980, la convention d’investiture du Parti démocrate américain choisit son candidat pour l’élection présidentielle grâce à un système qui combine le vote (à partir des suffrages exprimés dans chaque district) de 2 000 délégués démocrates qui votent au congrès annuel de mise en candidature et celui de 800 super-délégués non élus qui sont issus des élites du Parti démocrate (comme des sénateurs, des membres du Congrès et des gouverneurs de divers États). Lors des élections primaires de 2008, Obama remporta le vote de 1 763 délégués et de 438 super-délégués, alors qu’Hillary reçut les voix de 1 640 délégués et de 256 super-délégués. Toutefois, le soutien des super-délégués, dont Obama bénéficia, lui donnant l’avantage, venait d’un mouvement d’appui à sa campagne électorale qui ne se développa qu’alors qu’elle touchait à sa fin et qu’il était devenu presque certain qu’il remporterait le vote des délégués.
12 Des millions de citoyens américains ne peuvent pas voter, que ce soit parce qu’ils ne sont pas inscrits sur les registres électoraux, parce qu’ils ne peuvent pas s’y inscrire comme il faudrait ou parce qu’ils ont été privés de leurs droits civils à la suite d’une inculpation judiciaire, ce qui affecte surtout les minorités. De plus, si l’on excepte les Émirats du Golfe, les États-Unis sont le pays où sévit la contradiction la plus extrême entre vivre dans le pays, y travailler et y payer des impôts, d’une part, et, d’autre part, participer à ses élections. Dans tous les États américains (sauf dans le Vermont et dans le Maine), des lois privent du droit de vote les personnes qui ont été inculpées d’un acte délictueux grave. Cette pénalité peut être permanente ou prendre fin lorsqu’elles ont pris des mesures complexes et souvent arbitraires leur permettant d’en obtenir la restauration. Selon le Sentencing Project, ces lois empêchent environ 5,3 millions de personnes de voter lors de chaque cycle électoral (King, 2006). De plus, à la suite de nouvelles lois promulguées en 2006 dans certains États, on ne peut voter que sur présentation d’une pièce d’identité établie par le gouvernement et munie d’une photographie ; or, cela affecte disproportionnellement la capacité de vote des pauvres, des immigrants naturalisés et des personnes âgées. Si l’on ajoute à cela le fait que 4 à 6 millions de votes environ ne sont pas pris en compte dans les urnes, à la suite d’erreurs technologiques ou humaines, le nombre d’Américains privés du droit de vote devient vraiment très élevé (CalTech/MIT Voting Technology Project, 2006 : 7). Être dans une société et ne pas avoir le droit d’y participer crée un décalage dont les implications pour la vie civique sont sérieuses. Cela dit, il faut bien reconnaître que, malgré sa bureaucratie, le système américain de la naturalisation reste le plus ouvert du monde à l’idée de transformer des immigrés en citoyens. La politique des États-Unis continue de vouloir faciliter l’accès à la citoyenneté : toutefois la masse des immigrés sans papiers – 12 millions de personnes environ – rend l’application de ce principe difficile.
13 Selon le Bureau américain du recensement, 126 millions d’Américains votèrent en novembre 2004. Il s’agit là d’un chiffre record au cours d’une année d’élection présidentielle. Environ 72 % des citoyens américains en âge de voter étaient inscrits sur les registres électoraux en 2004, selon le dernier recensement américain qui eut lieu en 2004. Toutefois, ce pourcentage ne reflète pas les inégalités démographiques de l’inscription électorale aux États-Unis. Quoique les immigrés naturalisés aient le droit de voter dans toutes les élections américaines depuis les années 1920, certaines des lois sur l’immigration qui ont été promulguées plus récemment ont rendu le vote de plus en plus difficile aux citoyens immigrés. Dans la plupart des États, on ne peut voter que sur présentation d’une pièce d’identité établie par le gouvernement et munie d’une photographie, ou d’un certificat de naissance. Cela a un impact disproportionné sur la capacité de vote des minorités et des immigrés naturalisés. En 2004, pratiquement 93 % des électeurs inscrits étaient nés aux États-Unis, et seulement 61 % des citoyens naturalisés étaient inscrits sur les registres électoraux, alors que 72 % des électeurs nés aux États-Unis l’étaient. L’âge est également un facteur important : 79 % des citoyens de plus de 55 ans étaient inscrits sur les registres électoraux en 2004, alors que seuls 58 % des 18-24 ans l’étaient. Les Américains blancs ont également plus tendance à être inscrits sur les registres électoraux (74 %) que les Afro-Américains (68,7 %), les Hispaniques (57,9 %) ou les Asiatiques (51,8 %). L’éducation constitue également un facteur important. Seuls 52,9 % des Américains sans l’équivalent du baccalauréat sont inscrits sur les registres électoraux, alors que 87,9 % des Américains ayant fait des études supérieures poussées le sont. De plus, seulement 48 % des Américains vivant dans des foyers dont le revenu annuel est inférieur à 20 000 dollars par an sont inscrits sur les registres électoraux, alors que 77 % de ceux qui vivent dans des foyers dont le revenu annuel est supérieur à 50 000 dollars le sont. Ces statistiques proviennent toutes du Bureau américain du recensement (cf. Holder, 2006).
14 Le « Super Tuesday » est le mardi du printemps d’une année d’élections primaires où ces élections se déroulent dans plus d’États américains que n’importe quel autre jour. Au printemps 2007, 24 États représentant plus de la moitié des délégués élus à la Convention nationale, décidèrent à la suite d’un vote de changer la date de leurs élections primaires pour qu’elles tombent le 5 février 2008. Cela donna naissance au « Super Tuesday » le plus important qui ait jamais eu lieu, jour que la presse populaire affubla avec un clin d’œil du sobriquet de « Super Duper Tuesday » (« Super-hyper mardi »).
15 Je m’appuie dans cette analyse sur la biographie d’Obama, sur des articles de presse et sur ma lecture des Rêves de mon père (2004), texte qui m’a donné comme à beaucoup d’autres un premier aperçu de la personnalité fascinante de Barack Obama.
16 Il n’était pas pauvre. On pourrait dire de sa famille qu’elle appartenait à la classe moyenne. Quoique son grand-père eût été un simple vendeur, sa grand-mère finit vice-présidente d’une banque locale d’Hawaï, à force d’en gravir les échelons. Toutefois, il passa trois ans dans un petit appartement d’Hawaï avec sa sœur Maya et sa mère, alors que cette dernière préparait un doctorat d’anthropologie. Ils vivaient alors tous les trois du maigre pécule que leur donnait sa bourse, et dépendaient parfois de bons alimentaires.
17 En ce qui concerne Bush et Kerry, ces sommes reflètent les fonds qu’ils levèrent jusqu’au 31 août 2004. Ces deux candidats ayant accepté de percevoir un financement public lors de l’élection présidentielle générale de 2004, ces sommes ne concernent que les fonds qu’ils levèrent lors des campagnes qu’ils menèrent dans le cadre des élections primaires.
18 Pour un compte-rendu à jour des contributions qu’Obama a perçues, voir le site de la Commission électorale fédérale sur le financement de l’élection présidentielle : http://www.fec.gov
19 Une enquête menée dans 24 pays par le Centre de recherches Pew dans le cadre de son Projet de recherches sur les attitudes mondiales (Pew Global Attitudes Project, 2008) de mars à avril 2008 montre que, dans tous les pays sondés, les personnes interrogées étaient plus enclines à penser qu’Obama interviendrait positivement dans les affaires mondiales que McCain, sauf aux États-Unis, où les compétences de ces deux candidats en matière de politique extérieure étaient jugées similaires, et en Jordanie et au Pakistan, où peu de personnes avaient confiance en l’un ou en l’autre. Obama était également mieux perçu que Clinton dans presque tous les pays, sauf en Inde (58 % et 33 %), en Afrique du Sud (57 % et 36 %) et au Mexique (36 % et 30 %).
20 Les sondeurs remarquèrent pour la première fois ce qu’on appelle « l’effet Bradley » en 1982, quand le maire noir de Los Angeles, Tom Bradley, perdit les élections au poste de gouverneur de la Californie contre son adversaire républicain, alors qu’il [Bradley] avait été très en tête dans les sondages qui avaient précédé ces élections. Les résultats de ces élections, ainsi que d’autres élections où se présentèrent des candidats noirs, montrent que, quelles qu’en soient les raisons, le soutien dont bénéficient les candidats noirs lors des sondages qui précèdent les élections tend à être supérieur au pourcentage des votes qu’ils obtiendront en fait.
21 Alors qu’il était étudiant de troisième cycle en sociologie à l’université de Chicago, Saul Alinsky se consacra à l’organisation syndicale des travailleurs et des résidents défavorisés de cette ville au sein de leurs communautés, afin d’améliorer leurs conditions de vie. Employé par plusieurs Églises de Chicago et d’ailleurs, pour consolider et mobiliser leurs programmes d’action collective, il créa la Fondation des zones industrielles et inventa une méthode d’organisation communautaire qui allait devenir une référence obligée pour des générations d’organisateurs communautaires à travers les États-Unis. Dans ce pays profondément divisé par la race, l’ethnicité et les classes sociales, il préconisait de souligner ce qui unissait les gens en tant que personnes. La stratégie qu’il déployait à cette fin consistait à trouver un problème concret qui se posait à une communauté et qu’elle considérait être important et à constituer une coalition entre les organisations locales qui existaient déjà pour qu’elles luttent ensemble pour résoudre ce problème. Ce problème résolu, il fallait ensuite en trouver un autre tout de suite, et ainsi de suite. Il pensait en effet que la seule ressource sur laquelle ces gens puissent compter était leur action collective : or, celle-ci ne pouvait se maintenir que tant qu’ils restaient mobilisés. Il se disait « radical », mais adoptait une attitude critique envers les prises de position idéologiques, et se méfiait des politiciens, les considérant plutôt comme les cibles sur lesquelles il fallait faire pression que comme des personnes habilitées à diriger le peuple. Il employait le mot « radical » au sens étymologique du terme, pour parler d’un retour aux racines : aux racines de la démocratie américaine, démocratie fondée sur des communautés autonomes et sur des individus libres. Il ne lui semblait pas devoir critiquer le système, qu’il s’agisse de l’économie de marché ou de la démocratie libérale. Sa critique touchait au déséquilibre qui existait entre le pouvoir des riches, qui savaient défendre leurs intérêts, et celui des citoyens, qui formaient un groupe fragmenté. Ainsi, en organisant les gens ordinaires dans le cadre d’une action collective, il entrevoyait la possibilité de restaurer l’équilibre entre le pouvoir des politiciens et des entreprises, d’une part, et, de l’autre, celui des citoyens. Il pensait que dans ces conditions la démocratie américaine fonctionnerait bien (cf. Alinsky, Reveille for Radicals, 1946). J’ai analysé la théorie et la pratique de l’organisation communautaire selon Alinsky dans mon livre, The City and the Grassroots (1983 : 60-65 et 106-137). Je pense qu’il ne serait pas excessif de dire que la voix d’Alinsky résonne dans l’esprit d’Obama, quoiqu’il ait naturellement choisi d’en reprendre les thèmes et les intonations qui coïncident avec sa propre conception de la politique. Il est également intéressant de noter qu’Hillary Clinton a travaillé aux côtés d’Alinsky en 1968 et qu’elle lui a consacré sa thèse de dernière année quand elle était étudiante au Wellesley College. Alors qu’elle était la Première dame des États-Unis, elle demanda à Wellesley de mettre cette thèse sous scellés : peut-être (il s’agit là d’une spéculation) parce qu’elle ne voulait pas que le Parti républicain s’en serve contre son mari et contre elle.
22 Cet extrait est issu d’un article publié dans The Huffington Post par Dreier, professeur à l’Occidental College.
23 Sauf remarque contraire, ces statistiques sont issues de l’enquête menée par le Centre de recherches Pew sur Internet et sur la vie américaine (2008), n = 2 251. Pour des résultats fondés sur la totalité de l’échantillon, il est possible d’affirmer avec 95 % de certitude que la marge d’erreur attribuable aux effets de l’échantillonnage et d’autres phénomènes dus au hasard est de plus ou moins 2,4 %. Pour des résultats fondés sur les utilisateurs d’Internet (n = 1,553), la marge d’erreur de l’échantillonnage est de plus ou moins 2,8 %.
24 Progiciel permettant à des individus et à des groupes de faire des dons aux candidats et aux mouvements démocrates de leur choix
25 Quelques semaines après que l’« Obama Girl » eut fait la Une des journaux, Taryn Southern, une parolière qui était également chanteuse et actrice, lança « Hott4Hill » sur YouTube pour « répondre » à la vidéo où chantait Ettinger. Toutefois, la vidéo Hott4Hill fit plus parler d’elle à cause de ces connotations lesbiennes qu’à cause d’autre chose.
26 C-Span est une chaîne publique américaine sans annonces publicitaires créée en 1979 et financée par les réseaux du câble aux États-Unis. Cette chaîne retransmet des procédures gouvernementales en direct et diffuse des émissions consacrées aux affaires publiques.
27 Ce site publiait dans son introduction une lettre de David Plouffe, qui déclarait : « Aujourd’hui, nous lançons un site Web qui va suivre toutes les attaques auxquelles le sénateur Clinton s’est livrée, puisqu’elle a déclaré que ça ne l’intéressait pas d’attaquer d’autres démocrates lors du dîner Jefferson-Jackson le 10 novembre. Nous vous demandons à tous de rester vigilants et de nous notifier immédiatement toutes les attaques provenant du sénateur Clinton ou de ses supporters dès que vous en êtes témoins afin que nous puissions rétablir la vérité de façon prompte et énergique. Ces attaques pourraient provenir de coups de téléphone, de tracts, d’affirmations publiées dans des blogs, d’articles distribués par la poste et d’annonces publicitaires à la radio et à la télévision. Certaines de ces attaques pourraient même être anonymes ou conçues pour l’être. Nous vous prions de bien vouloir nous informer par courrier électronique dès que vous voyez quelque chose de préoccupant en nous écrivant à l’adresse suivante : hillaryattacks@barackobama.com. Le sénateur Clinton a déclaré que ça l’amuserait d’attaquer Barack tous les jours, d’aujourd’hui à la fin des élections primaires. C’est pour cela que nous avons besoin que vous nous aidiez à mettre un terme à ces attaques, et afin que les électeurs et que les participants aux caucus puissent continuer de parler à Barack de leurs difficultés et de ce qu’ils espèrent pour l’Amérique. »
28 Tim Russert posa la question suivante au sénateur Barack Obama : « Vous avez dit que vous avez emprunté le titre de votre livre, L’Audace d’espérer, à un sermon du révérend Jeremiah Wright, qui dirige l’Église de la Trinité. Or, celui-ci a déclaré que [le dirigeant de la nation de l’Islam] Louis Farrakhan, « incarne la grandeur ». Dans le contexte du soutien à Farrakhan et des activités du révérend Jeremiah Wright, votre pasteur, que pouvez-vous faire pour assurer aux juifs américains que vos prises de position en ce qui concerne les questions touchant à l’État d’Israël sont consistantes et ne suggèrent en aucun cas que Farrakhan incarne la grandeur ? » En fait, selon un rapport publié par Media Matters le 3 mars 2008, Wright n’a jamais dit que Farrakhan incarnait la grandeur : c’est un autre membre du clergé de cette Eglise qui a dit cela.
29 Il est d’ailleurs intéressant de noter que, les Églises étant soumises au chapitre 513 du code des impôts des États-Unis concernant les organisations caritatives, il leur est en fait illégal de soutenir publiquement des candidats politiques. En d’autres termes, la légalité du témoignage de Wright était en fait douteuse. Voici ce que disait ce témoignage : Le R. P. Dr Jeremiah A. Wright, Jr., Pasteur en chef, Trinité de l’Église unie du Christ, Chicago, IL, et pasteur du sénateur Obama : « Je m’inquiète du système de santé, de la guerre en Irak, des taux de récidivisme de notre système de justice pénale, et de l’état du système éducatif de l’État de l’Illinois. Une grande partie des ressources allouées à des programmes d’aide sociale, comme ceux qui soutiennent les personnes qui vivent avec le virus du sida, sont aujourd’hui consacrées au financement de la guerre. Nous avons besoin de communiquer [...] Je soutiens Barack Obama à cause de la foi qu’il incarne – foi vivante, dont témoigne sa personne. Il s’adresse à toutes les communautés religieuses et même à ceux qui n’ont pas du tout la foi. Il est en train de construire une communauté où chacun a de la valeur. Une foi pareille ne se trouve pas tous les jours en 2007 et les hommes tels que Barack sont des perles rares. »
30 Chez les jeunes électeurs, Obama a remporté ces élections avec presque quatre fois plus de voix d’avance que celles que John Kennedy avait eues sur Richard Nixon. 66 % des électeurs de moins de 30 ans votèrent pour Obama, donnant 34 points d’avance à Obama sur McCain au sein de cette tranche d’âge. De plus, 60 % environ de tous les électeurs qui étaient de nouveaux inscrits sur les registres électoraux en 2008 avaient moins de 30 ans (CIRCLE, 2008).
31 Le 3 novembre 2008, l’Association nationale des secrétaires d’État des États-Unis (NASS) publia des résultats préliminaires sur le nombre des inscriptions électorales. Son rapport montrait une augmentation des inscriptions électorales dans 20 États. Toutefois, le nombre des inscriptions électorales sera sans doute plus élevé dans leur rapport définitif, les inscriptions électorales que leur rapport préliminaire prend en compte ayant eu lieu avant la date limite de ces inscriptions dans de nombreux États. Les résultats du rapport définitif ne sont pas encore publiés au moment où j’écris ce livre.
32 Obama gagna l’élection présidentielle de 2008 en remportant 365 votes du Collège électoral, alors que McCain en obtint 173. Obama reçut 69 456 898 millions de votes (52,87 % du nombre total des votes), alors que 59 934 814 millions d’électeurs (45,62 % du nombre total des votes) votèrent pour McCain. La participation des électeurs admissibles passa de 60,6 % en 2004 à environ 63 % en 2008, ce qui représente une augmentation de 2,4 % (Gans, 2008a). Mais ce pourcentage sous-évalue le niveau de la participation électorale, le nombre des inscrits sur les listes électorales étant passé de 143 millions en 2004 à environ 185 millions en 2008, augmentation qui est due en grande partie à la campagne électorale d’Obama. Il remporta plus de votes, en nombre absolu, que tous les autres candidats aux élections présidentielles américaines à ce jour (Ronald Reagan en reçut 54 455 472 en 1984). De plus, il provoqua le taux de participation électorale le plus important de l’histoire des États-Unis chez les jeunes. Enfin, le pourcentage des citoyens qui votèrent n’avait pas été si important lors d’une élection présidentielle depuis au moins 1964.
33 Selon les données de sortie du scrutin amassées par le National Election Pool (NEP), Obama battit John McCain au sein d’un éventail important de groupes démographiques, économiques et thématiques (données du NEP rapportées dans le New York Times, 2008). Il fut surtout soutenu par les électeurs de moins de 30 ans (66 % d’entre eux votèrent pour lui et 32 % pour McCain), par les électeurs qui votaient pour la première fois (69 % pour lui et 30 % pour McCain), par les Afro-Américains (95 % pour lui et 4 % pour McCain), par les Hispaniques (67 % pour lui et 31 %pour McCain) et par ceux dont le revenu annuel était inférieur à 50 000 dollars (60 % pour lui et 38 % pour McCain). Il remporta également la majorité des scrutins chez les femmes (56 % pour lui et 43 % pour McCain), chez les catholiques (54 % pour lui et 45 % pour McCain), et chez les juifs (78 % pour lui et 21 % pour McCain). Les citoyens dont le revenu annuel était supérieur à 200 000 dollars se montrèrent en majorité pour lui (52 % d’entre eux votèrent pour lui et 46 % pour McCain), alors qu’ils n’avaient été que 35 % à soutenir la candidature de John Kerry lors de l’élection présidentielle de 2004. Il fut également le premier démocrate depuis Bill Clinton en 1992 à remporter le vote masculin, quoique ce soit de justesse (49 % pour lui et 48 % pour McCain) En termes thématiques, Obama remporta les élections avec une marge d’avance importante chez les électeurs qui considéraient que la question la plus importante qui se posait concernait l’économie (53 % pour lui et 44 % pour McCain), l’Irak (59 % pour lui et 39 % pour McCain), le système de santé (73 % pour lui et 26 % pour McCain, et l’énergie (50 % pour lui et 46 % pour McCain). Par contre, McCain remporta les élections chez les électeurs qui pensaient que le terrorisme constituait l’enjeu principal de ces élections (86 % pour lui et 13 % pour Obama ; Pew Research 2008d). John McCain parvint également à conserver une marge d’avance au sein de certains groupes démographiques.
Obama fut battu par McCain chez les électeurs blancs (43 % pour lui et 55 % pour McCain), chez les plus de 65 ans (45 % pour lui et 53 % pour McCain), chez les protestants (41 % pour lui et 50 % pour McCain) et chez les habitants de petites villes et des zones rurales (45 % pour lui et 53 % pour McCain). Toutefois, les résultats obtenus par Obama au sein de ces groupes furent dans presque tous les cas meilleurs que ceux des candidats démocrates lors des cycles électoraux des élections présidentielles précédentes. Ainsi, Bill Clinton, en 1996, fut le seul autre candidat démocrate à avoir égalé les résultats obtenus par Obama chez les électeurs blancs depuis 1972. Non seulement il remporta également les élections dans tous les États qui avaient voté pour Kerry en 2004, mais il obtint la majorité des scrutins dans 9 des États qui avaient soutenus le candidat républicain lors des élections présidentielles de l’an 2000 et de 2004, y compris dans les fiefs du Parti républicain que sont normalement l’Indiana, la Virginie, la Caroline du Nord, et la Floride.
34 Il s’agit là des montants en dollars officiels que la Commission électorale fédérale des États-Unis (FEC) a publiés le 24 novembre 2008 pour la campagne électorale d’Obama.
35 Déclaration faite par McCain lors d’une interview menée dans le cadre de l’émission « NewsHour » de Jim Lehrer le 21 février 2000.
36 Une enquête menée par l’université du Wisconsin dans le cadre d’un projet de recherche sur la publicité (University of Wisconsin Advertising Project, 2008) a montré que seules 26 % des annonces publicitaires de McCain étaient dénuées d’attaques négatives, alors que c’était le cas de 39 % de celles de la campagne électorale d’Obama.
37 En septembre 2008, McCain « suspendit sa campagne » pour retourner à Washington pour prendre part aux négociations qui avaient lieu au Congrès afin de renflouer le système bancaire américain. Toutefois, cette décision fut perçue par de nombreuses personnes comme une bévue politique, McCain s’attirant de nombreuses critiques pour avoir mis des bâtons dans les roues de ce projet de loi, au lieu de faciliter son adoption rapide. Une enquête menée en octobre par le Centre de recherches Pew (2008e) montre que seulement 33 % des personnes interrogées pensaient que McCain saurait mieux gérer l’économie qu’Obama. Or, le jour de l’élection générale, la majorité des électeurs déclarèrent que l’économie était leur priorité.
38 Le domaine crucial de la recherche sur les mouvements sociaux qui visent à façonner l’usage et la réglementation d’Internet et des autres réseaux de la communication est en pleine expansion, particulièrement au sein de la nouvelle génération des chercheurs en communication. Ainsi, ma doctorante Lauren Movius est en train de travailler sur les mouvements sociaux mondiaux qui visent à la démocratisation de la gouvernance mondiale d’Internet (Movius, à paraître). Une autre de mes doctorantes à l’École d’Annenberg pour la communication, Sasha Costanza-Chock, est en train de procéder à une analyse comparée des usages des nouveaux médias de la communication au sein de mouvements sociaux locaux, du point de vue de leurs pratiques locales et de leur réseautage mondial (Costanza-Chock, à paraître). En ce qui concerne les nombreux autres élèves de l’École d’Annenberg en train de travailler dans ce domaine, j’aimerais aussi citer tout particulièrement Russell Newman (2008) et Melissa Brough (2008). Parmi les pionniers de ce champ de recherches, on compte Downing (2000), Couldry et Curran (2003), Cardoso (2006) et McChesney (2008). Pour une perspective européenne sur cette question, voir Milan (2008). Pour une perspective chinoise sur les conflits sociaux liés à l’émergence de la société en réseaux en Chine, voir Qiu (2009).