1 Ces tendances ne sont toutefois pas aussi prononcées en Europe de l’Est et dans les pays en développement, où plusieurs enquêtes, comme celles du Baromètre de confiance Edelman (Edelman, 2008), d’Eurobaromètre (2007) et autres suggèrent un regain de confiance dans les médias. Certains pensent que cette tendance reflète un changement de ce que recouvre le terme « médias » (c’est-à-dire une confiance dans l’introduction d’Internet et des nouvelles technologies des médias). Il est également possible que le manque de confiance dans les institutions gouvernementales incite à rechercher des sources alternatives d’information. De plus, les choses sont en train de changer pour la génération Internet.
2 Une enquête d’Eurobaromètre (2007 : 54) montre que les Européens disent avoir plus confiance dans la radio (66 %) et dans la télévision (56 %) que dans la presse écrite (47 %) ou dans Internet (35 %).
3 Selon le classement trafic d’alexa.com en juin 2008.
4 Lors d’une présentation publiée après sa mort, en 2004, Postman soutenait que la surabondance de sources d’information a porté atteinte à l’autorité des institutions sociétales comme la famille, l’Église, l’école et les partis politiques, qui avaient traditionnellement le rôle de portiers (gatekeepers) ainsi que la fonction de décider de l’ordre des priorités. Submergés par l’information, les individus d’aujourd’hui sont moins équipés pour identifier les processus démocratiques et y participer. Toutefois, l’image d’une société instruite prenant part, dans le passé, à la démocratie délibérative semble plus proche du mythe que de la réalité. Ainsi, dans son livre important, Se distraire à en mourir (2010), Postman a dépeint la société coloniale américaine au XVIIIe siècle comme une société composée de lecteurs actifs dont la culture se fondait sur la presse écrite. Sans vouloir porter atteinte aux contributions importantes de Postman à l’analyse des rapports entre les médias, la culture et la démocratie, cette représentation nostalgique désigne clairement des segments de la population instruits et propriétaires, c’est-à-dire les hommes blancs instruits. D’ailleurs, les Afro-Américains n’avaient pas la permission de lire. Quant aux données que Postman fournit sur le taux d’alphabétisation de l’ensemble de la population, les historiens ont montré que leur échantillonnage avait été biaisé, les adultes plus âgés, les hommes et les personnes riches y étant surreprésentés. Herndon (1996), après avoir corrigé cette surreprésentation à partir de données issues de l’État de Rhode Island et de différentes sources de signatures, a trouvé que le taux global d’alphabétisation de l’ensemble de la population de la Nouvelle Angleterre au milieu du XVIIIe siècle était de 67 % chez les hommes et de 21,7 % chez les femmes. Dans les colonies du Centre et dans celles du Sud, le taux d’alphabétisation était plus faible. À la fin des années 1870, 20 % de la population adulte et 80 % de la population afro-américaine étaient illettrés (Cook, 1977 ; Murrin et al., 2006). En d’autres termes, idéaliser la culture du passé et penser que la démocratie délibérative s’est perdue révèle souvent d’un biais nostalgique et élitiste.
5 Pour plus d’informations sur cette tendance au Canada, voir aussi Trimble et Sampert (2004). Pour en savoir plus sur ce phénomène en Australie, cf. Denemark et al. (2007).
6 Le 28 mai 2008, une interview entre Cooper et une journaliste de CNN fut diffusée dans le cadre de l’émission « Anderson Cooper 360 » que la CNN consacre en soirée à l’actualité. Cette interview concernait un ancien porte-parole du président Bush, Scott McClellan, selon lequel la presse était coupable de ne pas avoir mené l’enquête qui s’imposait à la suite d’allégations de désinformation de la Maison Blanche concernant la guerre en Irak. À la surprise de Cooper, la journaliste lui relata sa propre expérience, lui révélant que des cadres supérieurs de CNN lui avaient demandé de soutenir la version des faits de Bush. Elle suggéra qu’ils lui avaient donné cette directive parce qu’ils pensaient que la forte cote de popularité dont jouissait alors le président Bush permettrait à CNN de bénéficier de bons indices d’écoute.
7 Atwater a été conseiller de Reagan et de Bush père avant de devenir président du Comité national du Parti républicain. Il est notamment l’auteur d’un spot publicitaire dévastateur sur le meurtrier Willie Horton qui contribua à la défaite de Dukakis. Atwater est mort en 1991.
8 Rove est un personnage haut en couleur qui n’a pas reculé devant les coups bas au cours de sa carrière. À ses débuts, alors qu’il était engagé dans la campagne électorale d’un sénateur républicain de l’Illinois, il fit semblant de se porter volontaire pour un démocrate nommé Alan J. Dixon, qui voulait se faire élire trésorier de l’Illinois (et qui devint sénateur plus tard). Ayant mis la main sur le papier à lettres à en-tête de Dixon en s’introduisant dans son bureau, Rove rédigea un prospectus promettant « de la bière gratuite, de la nourriture gratuite, des filles et du bon temps pour rien » avant d’en distribuer mille exemplaires dans une commune, dans un concert de rock et dans une soupe populaire, ainsi qu’à des ivrognes rencontrés dans la rue : la foule se pressa dans les bureaux de Dixon (Purdum, 2006).
9 Ainsi, en 2008, Morris monta vote.com, un portail qui demandait aux électeurs de voter sur certaines questions et d’envoyer le résultat de leur vote par courriel aux législateurs qui travaillaient dessus.
10 En fait, les fonctions politiques s’accompagnent également d’avantages financiers importants aux États-Unis. Toutefois, le niveau de la compensation financière issue de la politique que la loi prévoit aux États-Unis et dans la majorité des démocraties des pays de l’Ouest est faible par rapport aux privilèges et aux indemnités dont jouissent les politiciens italiens, quelles que soit leur affiliation politique, ainsi que l’ont récemment révélé deux journalistes italiens dans un livre qui a fait beaucoup de bruit (Rizzo et Stella, 2007).
11 La campagne électorale d’Obama étant d’une grande importance en ce qui concerne le thème ce livre, je l’analyse en détail au chapitre V.
12 Les recherches montrent que lors des référendums le vote des gens dépend souvent de qui soutient (ou rejette) les propositions en question (Aronson, communication personnelle, 2008).
13 Après la mise en lumière de cette affaire, le Pentagone mit 8 000 pages de documents ayant trait aux activités de ces analystes dans le domaine public, à l’adresse Internet suivante : http://www.dod.mil/pubs/foi/milanalysts/. De plus, en mai 2008, une démocrate siégeant au Congrès, Rosa L. DeLauro, et 40 de ses collègues adressèrent une lettre à l’inspecteur général du ministère de la Défense, lui demandant d’ouvrir une enquête sur « cette campagne de propagande qui cherch[ait] délibérément à tromper le public américain ».
14 Certaines des données présentées dans cette analyse viennent des sources Web fiables citées ci-dessous. D’autres sources sont référencées dans le texte. : http://www.fapmc.ru, http://www.freedomhouse.org, http://www.gdf.ru, http://www.hrw.org, http://www.lenta.ru, http://www.oprf.ru, http://rfe.rferl.org, http://www.ruj.ru, http://sp.rian.ru
15 Le contrôle de la presse papier est une tradition bien établie en Russie. Quand Lénine a pris le pouvoir en 1917, une de ses premières mesures a été de nationaliser les réseaux téléphoniques et télégraphiques, et la production du papier d’impression.
16 Ce blog disait : « Ce serait une excellente idée de construire un four crématoire comme il y en avait à Auschwitz sur la place centrale de chaque ville russe et d’y faire brûler un flic fourbe une fois par jour ou, mieux encore, deux fois par jour » (cité par Rodriguez, 2008).
17 Les travaux de Waisbord (2004b) soulèvent des questions de définition. Dans quelle mesure la révélation d’instances importantes de corruption, comme le contrat d’armement argentin, permet-elle de parler de « scandale » quand le public reste indifférent dans l’ensemble à cette information ? Devrait-on établir une distinction entre les scandales médiatisés qui sont centrés sur l’élite, et ceux qui le sont sur l’opinion publique ?