Les noblesses allemandes depuis la chute de la monarchie : état des recherches actuelles
p. 49-63
Texte intégral
1Depuis dix ou quinze ans, l’histoire sociale s’intéresse à l’étude de la noblesse allemande. Au début, cela était en rapport avec les discussions sur le caractère spécifique des Junker et sur la responsabilité historique de la Prusse dans les catastrophes de l’histoire allemande des XIXe et XXe siècles et plus particulièrement sur la Première Guerre mondiale, la chute de la république de Weimar et la prise du pouvoir par le national-socialisme.
2Dès le début a dominé l’étude du XIXe siècle et au fond on en est resté là jusqu’à aujourd’hui. L’histoire de la noblesse du XXe siècle est à peine entreprise, à condition qu’on entende par cette histoire plus qu’une reconstruction de ses positions politiques. Celles-ci sont connues depuis longtemps, mais naturellement pas dans tous leurs détails.
3La noblesse faisait partie des ennemis de la république de Weimar et ses représentants politiques contribuèrent de manière considérable à sa chute. Le soi-disant « gouvernement des barons », en fonction du 1er Juin au 17 novembre 1932, est un exemple significatif – même dans sa courte durée – de l’influence que la noblesse recouvrit pendant la phase finale, alors que le jeu des groupes démocratiques s’épuisait. Von Papen, sans importance comme chancelier du Reich, fut pourtant le personnage clé dans les années 1930, puisqu’il était à la fois le porte-parole de la grande industrie et celui des grands propriétaires fonciers ; ce fut lui qui obtint de Hindenburg la désignation de Hitler comme chancelier, avec l’intention de restaurer les pouvoirs perdus des élites de l’Empire.
4Tous ces faits sont connus depuis longtemps. Qu’on n’attende donc pas de nouvelles connaissances significatives sur ce sujet, ni sur la suite de cette histoire au cours du IIIe Reich. Ceux qui s’étaient alliés avec Hitler en 1933 essayèrent également de l’éliminer à partir de 1938. Ainsi la noblesse travailla aussi diligemment à la chute de Hitler qu’à la chute de la république, mais avec beaucoup moins de succès comme l’on sait. Si l’on s’en tient à l’Allemagne orientale, on peut dire que ces groupes ont payé leurs fautes au prix de leur disparition quasi totale : la plupart d’entre eux moururent au front ou sur la potence ; après 1945 leurs familles perdirent leurs propriétés et leur statut traditionnel.
5Mais cette histoire n’est pas encore l’histoire de la noblesse du XXe siècle. Il y a plusieurs raisons à l’état insuffisant des recherches dans ce domaine. D’abord, à l’Est les archives privées étaient totalement inaccessibles jusqu’à la chute du mur de Berlin ; on ne savait même pas qu’un nombre considérable d’entre elles avait survécu, transférées dans les archives d’État par les autorités communistes. Alors qu’à l’Est cette situation a totalement changé depuis 1990, à l’Ouest les archives – parce que privées – sont toujours plus ou moins inaccessibles, même pour les historiens nobles. Même la Deutsche Adelsgenossenschaft n’a pas l’intention d’ouvrir à la recherche ce qui reste de ses archives1. Pourtant toutes les sources ne sont pas inaccessibles et la quasi-totalité de la documentation imprimée contemporaine a survécu. Il faut admettre, par conséquent, que les historiens ne s’intéressent pas tellement à ces sujets. L’histoire sociale au sens large, s’occupant de la famille, des modes de vie, de la sociabilité, des rapports entre les sexes, etc., découvre à peine le XXe siècle, en particulier la noblesse. Exception faite de quelques mémoires intéressants, pour la plupart relatifs à l’outre-Elbe (Funck, Malinowski 1999), nous ne disposons pas encore actuellement de beaucoup d’études de détail. Mais cette situation défavorable devrait rapidement changer grâce à l’activité à Berlin d’une équipe de jeunes historiens, guidée par le professeur Reif et qui nous a présenté, il y a quelques mois, un premier aperçu de l’histoire de la noblesse allemande ainsi qu’un premier bilan de l’état de la recherche (Reif 1999). Tous ces travaux nous permettent au moins d’esquisser des réponses aux questions que nous posons ici.
6Avant de commencer, il est utile de se rappeler des faits essentiels pour toute histoire de la noblesse jusqu’en 1945, des données qui déterminèrent ses modes d’existence, sa conscience d’elle-même et son champ d’action. Tout d’abord, il faut constater qu’une noblesse allemande unique n’a jamais existé. La noblesse allemande était divisée en plusieurs fractions selon les régions, les confessions et le rang des familles à la fin de l’ancien régime, fractions qui segmentaient strictement, mais non pas de manière absolue, les titulaires de titres nobles.
7En même temps, il ne faut pas oublier les éléments qui ont soudé la noblesse comme groupe social cohérent : premièrement, le point de vue conservateur et (dès les années 1890) nationaliste, deuxièmement le domaine foncier qu’il fallait défendre contre des intérêts concurrents, troisièmement les liens étroits avec l’Église et la vie religieuse, quatrièmement enfin des facteurs culturels comme l’étiquette, le rôle de la nature, le scepticisme envers les sciences et même parfois envers les beaux-arts, la sociabilité, le mépris apparent de l’argent et de la rationalité monétaire. Tous les propos et toutes les attitudes de la noblesse du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest sont caractérisés par une mise à distance de plus en plus sensible des temps modernes.
8Tout cela fusionnait dans un monarchisme qui se distinguait clairement des positions monarchistes de la majorité du peuple. La noblesse ne rendait pas hommage à la monarchie uniquement par déconvenue pour la révolution ou pour quelque autre raison politique. Pour elle, et cela vaut surtout pour la petite noblesse, les monarques exerçaient la fonction de protection de sa position hiérarchique : c’étaient eux qui dirigeaient les carrières, qui étaient au centre de la société, qui veillaient sur les mœurs et les convenances de la noblesse ; c’étaient eux aussi qui avaient la haute main sur les moyens qui garantissaient ou même augmentaient prestige et richesse ; bref, c’étaient eux les garants de la conscience de la race et de la continuité de l’existence des nobles.
9Compte tenu de tout cela, on comprendra très bien le choc que la fin de la Première Guerre mondiale produisit notamment dans la noblesse. Ce ne fut pas seulement la défaite, mais aussi la fin honteuse de la monarchie, qui furent ressenties comme autant de catastrophes. En outre, la noblesse prussienne dut surmonter le fait que son monarque avait déserté, s’enfuyant à l’étranger d’où il avait abdiqué.
10Quel fut alors le comportement de la noblesse envers la république de Weimar ? En résumant, on pourrait dire qu’elle réagit différemment selon les circonstances personnelles, la position professionnelle et l’âge. Par contre, les différences régionales et confessionnelles jouèrent un rôle moins important.
11Les victimes immédiates de la défaite, de la révolution et de l’avènement de la république furent évidemment les fonctionnaires et surtout les militaires. En vertu du serment prêté à l’empereur, signifiant des rapports directs de fidélité, le devoir leur imposait de quitter le service immédiatement ou au plus tard au cours de la démobilisation. Ils devaient le faire même si l’on souhaitait formellement qu’ils continuassent leur service. Pourtant il s’agissait d’une décision individuelle, qui varia en fonction des circonstances personnelles et qu’il faut donc reconstruire selon les cas. Un groupe disparut presque complètement du personnel administratif ou militaire : la haute noblesse impériale (Standesherren, les princes médiatisés2) et les autres princes et comtes. Cette espèce de retraite, du point de vue matériel, n’avait aucun inconvénient, car ces familles disposaient presque sans exception de biens très importants. La « bureaucratisation », au sens de Max Weber, y était toujours l’exception. En revanche, il en allait différemment pour les « pourvoyeurs » classiques de jeunes officiers, c’est-à-dire les familles non titrées de la noblesse d’outre-Elbe. Le service en « tunique impériale » ne s’y faisait pas seulement par tradition et par goût, mais aussi par nécessité matérielle ; huit écoles régionales et l’école centrale militaire de Berlin-Grosslichterfelde en témoignaient. Or, non seulement elles furent liquidées, mais en même temps on diminua considérablement le corps des officiers, tout en leur faisant prêter serment à la République. Onze officiers nobles sur douze se retirèrent alors du service.
12Cette coupe nette toucha moins la noblesse du sud de l’Allemagne, qui déjà avant la guerre montrait moins d’intérêt pour le service militaire et avait souvent cédé le pas aux bourgeois. Toutefois, elle n’en partageait pas moins la réserve générale des nobles envers la république car, bien que vivant depuis longtemps à distance de l’État, elle n’était pas pour autant convertie aux nouvelles valeurs sociales et politiques.
13Dans les scandales politiques à partir de 1928-1929, où se montraient les effets du processus de politisation chez les jeunes officiers, la noblesse ne joua aucun rôle actif. Par contre le Deutsches Adelsblatt (ou DAB, hebdomadaire de l’Association nationale des nobles) ne retenait pas ses critiques. Ses commentaires attaquaient la république si radicalement que le ministre de la Guerre dut qualifier la Deutsche Adelsgenossenschaft (DAG) d’organisation ennemie de la Constitution et ordonner aux officiers de quitter ses rangs. Cette ordonnance révèle très clairement l’évolution politique de la DAG au tournant des années 1930, mais elle ne nous autorise pas pour autant à conclure que les officiers nobles partageaient cette position extrémiste. Constatons plutôt qu’à partir de 1925-1926, c’est-à-dire dès la stabilisation de la république, la Reichswehr retrouva de l’attrait pour les jeunes nobles, et leur pourcentage dans le corps des officiers augmenta sensiblement. Toutefois, la nouvelle génération ne partageait plus les points de vue politiques de leurs pères. Elle ne s’intéressait plus à une restauration de la monarchie. Naturellement, la démocratie n’était pas non plus son idéal. Elle était en réalité favorable à l’idée d’un régime autoritaire pour réparer les multiples défaites de 1918-1919. Cependant elle était formellement loyale envers l’État. En revanche, ceux qui s’étaient retirés du service étaient des adversaires implacables de la république et dédaignaient tous ceux qui la servaient. Les radicaux, nobles et bourgeois, étaient donc hors des cadres de la Reichswehr. Ils s’organisèrent dans des clubs aristocratiques ; un certain nombre d’entre eux rejoignirent même les unités paramilitaires nazies (SA – Sections d’Assaut) qui furent proscrites pour leur radicalisme par le gouvernement Brüning en avril 1932 ; mais von Papen, voulant s’appuyer sur les nazis, les autorisa à nouveau en automne de la même année.
14Du côté de l’administration civile, on retrouve une situation semblable. Avant 1918, la proportion de nobles était assez élevée parmi les hauts fonctionnaires, surtout aux postes stratégiques, c’est-à-dire ceux de gouverneurs régionaux et provinciaux (Regierungs- und Oberpràsidenten), de préfets de police et, à l’Est, de Landrdte. Plus élevé encore était leur pourcentage dans les chambres d’agriculture et dans les institutions de crédit agricole qui avaient un statut semi-étatique. La République les maintint d’abord en fonction jusqu’au putsch de 1920 et aux assassinats d’Erzberger et de Rathenau, ministres allemands, en 1921 et 1922. L’épuration qui sévit alors visait bien évidemment l’action politique de ces fonctionnaires et non leur qualité de nobles, mais ce furent pourtant eux qui furent le plus durement frappés. Quelques-uns d’entre eux furent d’ailleurs réhabilités après le coup d’État de von Papen contre le gouvernement de la Prusse en juillet 1932. Le changement politique que représentait le « gouvernement des barons » favorisa surtout la noblesse. La perspective d’une restauration de la monarchie ne pouvait servir de prétexte. Depuis 1918, elle n’était d’ailleurs plus d’actualité. À cette date, la droite allemande regardait vers l’Italie où un nouveau type de gouvernement, se nommant « totalitaire », s’était installé sans que les représentants de la tradition s’y fussent opposés.
15En Allemagne du Sud, les choses évoluèrent moins dramatiquement. La noblesse n’y avait jamais joué un rôle aussi important qu’en Prusse, ni dans l’armée ni dans l’administration civile. La dimension de l’épuration y fut donc relativement restreinte. Si la noblesse n’en dut pas moins enregistrer la perte quasi totale de son influence politique, ce ne fut donc pas la conséquence de « massacres » mais du changement constitutionnel. La suppression des Chambres hautes où les grands propriétaires avaient joui jusque-là d’une représentation privilégiée mit fin à leur domination, à l’exception de la Bavière.
16Si l’on dresse un bilan des conséquences immédiates de la révolution, le résultat varie selon les différents groupes sociaux. Dix mille nobles au moins furent licenciés3. Ils ne perdirent pas seulement une partie considérable de leur capital réel mais plus encore de leur capital social. C’est pourquoi ces « demi-soldes » tendirent à se radicaliser. Le grand nombre de mises à la retraite contribua à renverser la tendance à la professionnalisation qui était de toute façon plus faible dans la noblesse que dans d’autres groupes comparables. Peu de retraités réussirent à se créer une nouvelle existence et c’est pourquoi les mémoires sont remplis de récits d’hommes sans emploi qui, accompagnés de leurs femmes, rendent de longues visites aux châteaux de leur parenté.
17Il a déjà été question du fait que la loyauté envers l’État, dont la noblesse prétendait être le représentant classique, perdit beaucoup de sa valeur originelle. Aussi ne voulut-elle rien avoir à faire avec Weimar. L’élection de Hindenburg comme président de la République ne changea pas beaucoup les choses. Tout au contraire, les représentants de la noblesse avaient maintenant en lui un interlocuteur avec lequel ils pouvaient discuter des moyens d’abolir la démocratie et la république. Dans les années 1920, la majorité d’entre eux ne s’accommoda jamais du nouveau régime. Elle vécut dans un monde irréel comme le montrent très bien les uniformes de l’armée de l’Empire que les nobles aimaient toujours porter.
18Considérons maintenant la noblesse terrienne. Une famille sur trois ou quatre possédait un ou plusieurs biens. Le pourcentage de terres appartenant à la noblesse s’élevait à 11 % des terres labourables et à presque 18 % des forêts (Häbich 1947 : 156 et sq). Les provinces annexées par la Pologne mises à part, le profil social des grands propriétaires fonciers nobles et non nobles demeura identique. Bien que la Constitution de Weimar ait sanctionné la dissolution des fidéicommis rien ne changea puisque l’application de la loi constitutionnelle était l’affaire des Länder dont la plupart voulaient épargner les propriétaires des grands domaines (il faut savoir qu’en Prusse la majorité des fidéicommissaires n’étaient pas nobles). Seul le IIIe Reich, en 1938, mit fin au processus d’abolition (von Bar, Strieve 1981) mais la nouvelle loi ne changea pas grand-chose non plus parce que les familles modifièrent seulement la forme légale de leur qualité de propriétaires.
19L’histoire de la noblesse terrienne fait partie de l’histoire rurale tout court, dont nous laisserons de côté les détails. La crise commença après 1925 (Naber 1992 ; Reif 1994a). Les causes en furent la nouvelle contribution foncière, la faiblesse du produit net et le coût des intérêts. Ces conditions furent égales pour tout le monde. Cependant la situation de la noblesse fut sensiblement aggravée par le fait qu’en général les grands propriétaires nobles étaient de mauvais entrepreneurs. Ils pratiquaient la consommation somptuaire – une sorte de gaspillage sanctionné par la tradition – et leur formation professionnelle était mauvaise. Ces deux phénomènes étaient des éléments centraux du mode de vie noble et résistaient donc à tout effort de changement. Le propriétaire noble se considérait toujours comme le « seigneur » et non pas comme agriculteur ou gérant bien que, au Nord et à l’Est, la majorité dirigeât elle-même ses domaines. Seule une minorité avait fait des études d’agronomie. Au temps de l’Empire, ils préféraient en général s’investir dans la carrière militaire jusqu’au grade de capitaine, et ensuite effectuaient un stage agricole dans un grand domaine (de préférence bourgeois). Après 1918, la plupart d’entre eux n’avaient plus ni le temps ni les moyens nécessaires pour perfectionner leur formation.
20Pour lutter contre l’abolition des fidéicommis, les différentes noblesses foncières allemandes, à l’exception de celle de Prusse, fondèrent une série de groupes de pression régionaux. Il s’avéra tout de suite que ces organisations étaient trop spécifiques pour gagner, dans les circonstances politiques de Weimar, un degré satisfaisant d’influence. Seule la noblesse bavaroise changea ensuite de stratégie en collaborant avec le Bayerische Volkspartei, c’est-à-dire le parti conservateur catholique. Elle réussit à déléguer un nombre suffisant de ses représentants dans le conseil économique du parti et influença profondément, par ce stratagème, la législation agronomique du Land (von Aretin 1981). Les propriétaires des autres Länder par contre ne purent imiter ce modèle, soit parce que leur nombre était trop insignifiant, soit parce que la social-démocratie faisait partie du gouvernement du Land.
21Au Nord et à l’Est, la noblesse avait toujours lutté en commun avec la bourgeoisie terrienne (Gessner 1977 : 103-192). Depuis les temps de l’Empire, le Reichslandbund (RLB) était le porte-parole de leurs intérêts bien que la majorité des membres fussent des paysans. Quand le RLB, pendant la crise des années 1928 et 1929, avec l’aide de Hindenburg, lui aussi devenu propriétaire d’un grand domaine grâce à un don du patronat et du peuple allemand, fit adopter le plan de la Osthilfe (budget spécial pour aider les provinces orientales du Reich), favorisant uniquement les grands propriétaires, les paysans désertèrent en masse vers les organisations nazies. La mise en fonction de la Osthilfe causa de nombreux scandales menant à une crise politique générale quand le Reichstag installa une commission d’enquête dont déjà les résultats préliminaires firent apparaître des mesures illégales et inconstitutionnelles non seulement du fait des autorités ministérielles et des chambres d’agriculture mais même de celui du président de la République. Ce fut le moment ou le RLB décida définitivement, avec d’autres organisations et représentants de la droite, de faire cause commune avec les nazis pourvu que ceux-ci garantissent l’existence des grands domaines. À la fin de 1932, Hitler accepta et von Papen avec le RLB harcela Hindenburg pour qu’il nomme Hitler chancelier du Reich. Dans le gouvernement installé le 30 janvier 1933, le ministre de l’Agriculture était Hugenberg, le chef du Deutschenationalen Volkspartei (DNVP), le parti favori de la noblesse, tandis que son secrétaire d’État était un grand propriétaire noble de Poméranie, haut fonctionnaire du RLB. Du scandale de la Osthilfe personne ne parla plus.
22Tandis que l’ensemble des grands propriétaires fonciers favorisaient Hitler pour des raisons économiques, la noblesse en tant que telle, c’est-à-dire son organisation nationale, soutenait les nazis à cause de leur politique d’opposition au régime et de racisme. La DAG dont il a déjà été brièvement question connut son essor seulement après la chute de la monarchie. Avec ses dix-sept mille membres en 1925, elle attirait plus de la moitié de tous les nobles adultes. Mais maintenant c’étaient les déclassés qui dominaient l’organisation et qui la poussaient à une politique d’opposition fondamentale. Pendant des années, la DAG resta dans un dilemme : elle détestait le système démocratique tandis que Hindenburg était son président d’honneur et que la vieille génération et surtout la haute noblesse favorisaient une politique modérée. Le moment de la décision vint à l’occasion du référendum contre le plan Young organisé par l’extrême droite (et l’extrême gauche). La DAG s’allia avec le DNVP et les nazis et lutta contre le gouvernement et contre Hindenburg ! Plus spectaculaire encore fut son opposition à la réélection de Hindenburg en 1932, précédée par une révolte à l’intérieur du comité directeur où la génération des quadragénaires, radicale et raciste, prit le pouvoir.
23Il faut toutefois souligner – car, dans le passé, les historiens n’ont pas fait cette distinction – qu’en 1933, la noblesse en Allemagne était divisée. Ceux qui refusaient Hitler, c’étaient les princes médiatisés (Standesherren), une certaine partie de la vieille génération (c’est-à-dire les chefs de familles et des fïdéicommis) et les catholiques. Hitler était par contre soutenu par les jeunes, les déclassés et les protestants, attitude semblable à celle du peuple allemand pris dans son ensemble. Mais naturellement, le poids de la prise de position de la noblesse était relativement plus grand que celui des autres groupes sociaux.
24Malgré les avances faites au national-socialisme, la DAG n’eut pas le succès désiré. D’un côté une partie considérable de ses membres n’approuva pas la coalition avec les nazis - ne fût-ce qu’à cause du caractère plébéien du mouvement ; de l’autre côté les vrais nazis nobles reprochèrent à la DAG d’être arrivée trop tard. Aussi la DAG perdit-elle toute influence après 1933. Elle dut reconnaître son erreur d’avoir confondu les expressions nazies de « race », « élite » et « noblesse nouvelle » (Neuadel), avec son propre programme de rétablissement des privilèges d’une noblesse de sang.
25La noblesse en tant que telle n’intéressait pas Hitler, tandis que les grands propriétaires fonciers servaient essentiellement sa politique d’autarcie. Malgré leur propagande propaysanne lui-même, et plus spécialement Goering, responsable dès 1936 de l’économie, favorisaient surtout la grande propriété par toutes sortes de subventions directes ou indirectes.
26Si la noblesse terrienne pouvait être satisfaite du cours des choses après 1933, ses égaux moins fortunés, c’est-à-dire la majorité, ne l’étaient pas. La tendance déjà perceptible pendant la république de Weimar continua pendant le IIIe Reich, à savoir que pour cette majorité les chances se développaient plutôt en fonction de leur condition socioprofessionnelle qu’en fonction de leur ascendance noble. On peut donc soutenir l’hypothèse que l’histoire spécifique de la noblesse arriva alors à son terme. La raison n’en est pas, à vrai dire, telle ou telle décision politique mais l’évolution générale de la société. Cette évolution, bien-sur, fut accélérée par le national-socialisme, parfois intentionnellement, parfois involontairement. De plus Hitler, jusqu’en 1938, limogea ses partenaires conservateurs et priva ainsi les représentants de la noblesse des restes de leur influence traditionnelle. C’est pourquoi la résistance de la droite commença en 1938. On n’est donc pas surpris d’y trouver beaucoup de nobles car ils étaient toujours surreprésentés notamment dans les postes clés de l’armée mais aussi dans l’administration civile. Et pourtant les documents de la résistance ne comprennent pas de programme tenant compte des intérêts spécifiques de la noblesse, terrienne ou non. Ce silence démontre à quel point les conditions d’existence des nobles avaient changé et dans quelle mesure la noblesse s’en était rendu compte. De plus, ce furent pour finir la guerre et la fuite générale d’est en ouest qui entraînèrent, de manière fondamentale, le changement du mode de vie au sein de la noblesse.
27Il en avait été autrement auparavant, après la chute de la monarchie. La révolution, il est vrai, avait aboli nombre d’institutions réservées plus ou moins exclusivement à la noblesse – par exemple les Chambres hautes, les cours, les écoles de cadets et la plupart des ordres militaires. Mais pour la noblesse terrienne, les choses n’avaient pas beaucoup changé. En outre, la noblesse put compenser ses pertes dans une certaine mesure, grâce à la solidarité traditionnelle qui lui était propre. Il ne fallait renoncer ni aux valeurs spécifiques ni au mode de vie d’autrefois. Nous devrions pouvoir illustrer cette stabilité surprenante, dans les domaines de l’éducation, de la vie familiale et de la vie culturelle, dans toute la mesure où nos sources nous donnent les renseignements nécessaires.
28Même après 1918, l’éducation de la jeunesse noble se distinguait clairement de celle des élites bourgeoises à deux égards : l’éducation privée et la nette séparation des deux sexes. Bien que la Constitution de Weimar ne concédât l’éducation à la maison qu’en de rares exceptions, elle restait la règle au moins dans les châteaux en Allemagne orientale. Les enfants nobles fréquentaient à peine l’école primaire et étaient instruits par des précepteurs. Puisqu’on avait l’idée très précise, surtout à l’Est, que la ville faisait partie d’un autre monde et qu’on risquait d’y perdre le sentiment des valeurs nobles et terriennes, les fils, dans la mesure du possible, ne fréquentaient pas non plus les lycées d’État mais des internats où ils restaient entre égaux. Les parents essayaient par cette stratégie de transmettre les valeurs traditionnelles à la génération suivante ; pendant le IIIe Reich un motif supplémentaire fut le refus de s’adapter à l’éducation nazie.
29En ce qui concerne les jeunes filles, l’instruction privée était encore plus la règle. Pour elles, les diplômes étaient encore moins importants et nous pouvons deviner, par conséquent, à travers leur exemple, la valeur limitée que la noblesse attribuait au système scolaire et universitaire, cet instrument classique des aspirations bourgeoises. Étant donné qu’elles devaient, en cas de mariage bourgeois, quitter les rangs de la noblesse, il fallait leur inculquer les valeurs traditionnelles avec beaucoup d’insistance. On avait donc coutume de payer d’énormes sommes d’argent pour leur éducation, dont le but n’était pas de passer des examens mais d’apprendre ce qui était le plus important : des règles de conduite et une manière de penser spécifiques. Dès 1918, cette stratégie correspondait encore moins qu’auparavant aux exigences intellectuelles de l’époque, et on peut légitimement penser que la distance par rapport au monde réel s’était encore accrue par rapport à l’époque de l’Empire. Quelques nobles s’en rendaient compte, mais bien peu songeaient à protester. De réforme de la noblesse on ne parlait plus et cela déjà depuis des décennies (Reif 1994b).
30En revanche, noblesse et bourgeoisie étaient en parfait accord sur ce qui concerne la littérature et les beaux-arts. Ni l’une ni l’autre n’acceptaient l’art moderne issu de la contestation des traditions artistiques à partir du début du siècle. Les mémoires de Tisa von der Schulenburg (1983) nous montrent très précisément à quel point le contact direct avec les représentants du modernisme était rare. Malgré les résistances de sa famille elle devint artiste. Dans les ateliers et surtout au cours de soirées, elle découvrit un monde tout à fait différent, inconnu, qu’elle chercha à décrire avec des mots comme « gauche » et « juif ». Dans la noblesse on ne fréquentait ni l’une ni l’autre.
31Un autre fait non moins typique est qu’on chercherait en vain toute indication concernant le cinéma, le média qui représente d’une manière très précise la révolution culturelle du XXe siècle. Par contre il est question du théâtre et des concerts. Mais là aussi il faut bien nuancer. La noblesse ne fréquentait pas les théâtres privés où elle risquait d’assister à des spectacles naturalistes ou expressionnistes. Elle préférait donc ceux qui perpétuaient la tradition des théâtres royaux où le public était normalement à l’abri des provocations morales ou politiques.
32Nous ne savons pratiquement rien en ce qui concerne les bibliothèques de la noblesse et nous ignorons presque totalement ce qu’elle a pu lire à la fin du XIXe et au XXe siècle. Mais Theodor Fontane, qui a fait le meilleur portrait de la noblesse du Brandebourg, non sans traits critiques, bien sûr, s’est plaint de ne pas être lu par les « héros » de ses romans. On ne s’étonnera donc pas si les quelques remarques sur la lecture qu’on trouve dans les mémoires ne coincident pas avec les jugements des histoires littéraires de notre temps.
33Cette esquisse des valeurs des nobles resterait incomplète sans un aperçu de ce qu’était leur genre de vie. On a déjà mentionné le fait que l’importance accordée à la profession avait diminué pendant la république de Weimar. Par conséquent, leurs modes de vie étaient très différents de ceux des non-nobles qui pouvaient leur être comparés. Le service du roi était la raison d’être de la noblesse et non pas son gagne-pain. Même si celui-ci devenait très important, on cherchait à le dissimuler. Certes, la noblesse en Allemagne ne menait que très rarement la même vie que ses semblables anglais qui faisaient partie d’une leisure class. Pourtant, elle adhérait à une norme sociale pré-industrielle dont la manifestation la plus frappante fut une extraordinaire sociabilité.
34La sociabilité est la preuve de l’appartenance au groupe, en tant qu’elle constitue son espace vécu. Qui est ignoré d’une manière ou d’une autre en est ainsi comme deux fois exclu. Dans la noblesse, le contrôle social, essentiel à chaque société, a surtout lieu à l’occasion des réceptions.
35On peut distinguer différentes formes de sociabilité. L’invitation en est la variante ouverte, changeante, mais qui pourtant suit des règles précises. Ceux qui menaient grand train offraient des réceptions pour le thé et des soirées à jour fixe. Les propriétaires fonciers invitaient en plus à la chasse. On cherchait le plus possible à retrouver les mœurs de l’avant-guerre. Cela valait encore plus pour les bals qui respectaient, surtout en Prusse, la tradition de l’ancienne cour de Berlin. La raison en était tout simplement qu’ils jouaient le rôle de marché matrimonial, point névralgique de la société noble. Car, la liberté de choix de l’époux ou de l’épouse, que la noblesse avait dû accepter depuis longtemps, devait pourtant coïncider avec les principes du mariage conforme aux règles, d’où un système cérémonial raffiné qui assura, en fait, de très bons résultats jusqu’aux années 1960, comme nous le montrent les recherches généalogiques.
36Les sujets abordés par les nobles se limitaient à deux domaines qui servaient en même temps à la délimitation et à la cohésion sociales. L’un des deux concernait les situations familiales au sens le plus large du mot, donc la parenté, les mariages, la généalogie, etc. Bien qu’il s’agissât souvent de simples conversations, ce sujet était très important parce qu’il servait d’instrument de contrôle des normes et des mœurs de la noblesse. Le Gotha (le manuel de généalogie) était la source privilégiée en ce qui concernait le passé, tandis que les informations d’actualité étaient fournies par la conversation ou par les petites annonces du DAB. On sait que ces pages représentaient la fonction la plus importante de ce journal, alors que sa tendance politique – si intéressante pour les historiens – ne fut peut-être partagée que par une minorité des abonnés.
37L’autre thème n’était pas moins exclusif : un bourgeois ne savait pas s’entretenir correctement de chevaux ni de chasse. Il fallait être propriétaire terrien ou tout simplement noble pour se servir du jargon spécifique aux chasseurs et aux gentilshommes campagnards. Si ces conversations étaient exclusives du point de vue social, elles ne l’étaient pas du point de vue du sexe. C’est un préjugé tout à fait bourgeois que de croire que les hommes ne s’entretenaient pas des situations familiales ou que les femmes ne s’intéressaient pas à la chasse. La politique par contre était marquée d’un tabou : elle était réservée aux clubs.
38Ces clubs représentaient la seconde variante de la sociabilité noble, la forme institutionnalisée et réglementée, très répandue dans le Nord, tandis qu’au Sud la noblesse préférait ses associations régionales qui avaient une fonction assez différente, à l’exception de Munich où il y avait aussi des clubs politiques. Cette capitale était le centre social de la grande noblesse terrienne bavaroise : elle y possédait des palais et y passait, comme à Berlin, au moins la « saison ».
39Le Deutscher Herrenklub (DHK), fondé en 1924, fut le club le plus exclusif et le plus influent de toute l’Allemagne. Ses fondateurs, le comte Alvensleben et le baron Gleichen-Russwurm, voulaient y associer les élites sociales, politiques et économiques. Il ne s’agissait donc pas d’un club strictement aristocratique mais la noblesse y jouait un rôle très important sinon dominant. En dehors de Berlin, le DHK comptait dix-huit clubs analogues. Ses membres étaient souvent associés, parallèlement, à d’autres organisations, notamment au RLB et à la DAG, mais aussi au DNVP et à divers groupes d’extrême droite ; le club offrait d’excellentes occasions pour influencer la politique. C’est là que fut discutée et approuvée, sinon préparée, la chute de la république et ce fut aussi un des centres où l’on partagea l’illusion de tous les partisans de la tradition autoritaire prussienne, selon laquelle il serait possible de manipuler les nazis dans ce sens.
40L’institution munichoise analogue se nommait Gäa. Là aussi les grands propriétaires fonciers et le patronat se rencontraient pour discuter de la manière d’éliminer la république. Le secrétaire, le baron Redwitz, avait d’excellentes relations avec la presse de droite, avec les groupes de pression extrémistes et même avec Ernst Rohm du Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterparte (NSDAP), qui passait alors pour un monarchiste sérieux. Nombre de ses membres partageaient cette illusion. Cependant, le baron Erwein von Aretin, personnage central du mouvement monarchiste en Bavière et rédacteur politique du journal le plus renommé, réussit à convaincre le comité directeur du club qu’une collaboration avec le national-socialisme serait désastreuse (von Aretin 1955). À partir de 1929-1930, la Gäa se rangea du côté des adversaires de Hitler. Elle dut donc se dissoudre en mars 1933. En revanche, le DHK put continuer ses activités sous le nom de Deutscher Klub jusqu’en 1945. C’était dans ses salons que quelques-uns des conspirateurs du 20 juillet dînaient ensemble et apprenaient les informations secrètes en provenance du gouvernement et de l’armée.
41On a beaucoup discuté sur le fait de savoir quelle fut la césure la plus profonde dans l’histoire de la noblesse en Allemagne : 1945 ou 1918 (Rogalla von Bieberstein 1982). À mon avis la noblesse eut beaucoup plus de peine à surmonter le choc de la chute de la monarchie que celui de la fin de l’Allemagne, suivie, à l’est de l’Elbe, par la fuite ou par l’expulsion puis par l’expropriation. Une grande partie du peuple allemand réagit d’ailleurs de la même façon. C’est un point de vue apparemment paradoxal si l’on pense aux pertes matérielles de la noblesse orientale et à la perte de la position hiérarchique dans la société allemande liée au changement de système politique. Cependant, en 1945, la défaite totale fut reçue, notamment par celles des élites qui survécurent, comme une juste compensation des erreurs du passé. On acceptait donc son triste sort. De plus, dans le climat de restauration des années 1950 et 1960, c’est-à-dire avant 1968, on pouvait penser en être quitte avec la débâcle. La noblesse terrienne de l’Allemagne de l’Ouest avait essuyé des pertes matérielles minimes. Pour les autres, les indemnités payées par l’État, le réarmement, l’expansion continue des activités de l’État et le « miracle économique » offrirent de nombreuses chances tandis que la noblesse pauvre – surtout les veuves et les vieillards – fut assistée par une organisation d’entraide des associations de la noblesse allemande. En tout cas, les réfugiés reprirent pied et furent réintégrés dans la société bien que la structure socioprofessionnelle eût énormément changé. Pour trois raisons on se crut sauvé : d’abord la position élitiste traditionnelle put être conservée (des recherches empiriques l’ont vérifié) ; ensuite il fut par là même démontré que les valeurs traditionnelles avaient survécu à une catastrophe sans précédent ; troisièmement la conscience de race réduisit plus que jamais – à cause du sentiment général d’être menacé – les distances entre les divers couches et groupes régionaux de nobles (von Bredow 1981). Si jamais on a pu parler d’une noblesse allemande, c’est bien après la Seconde Guerre mondiale.
42Pour terminer cette étude, je voudrais ajouter tout de suite que cette dernière allégation n’est, à mon avis, plus valable pour le temps présent. Aujourd’hui la noblesse me semble en pleine désagrégation. Cependant ce n’est pas la faute des nobles car nous pouvons observer que tous les éléments de la société sont sujets à ce même processus et que la noblesse en est plutôt l’arrière-garde. La cause profonde réside dans la grande transformation sociale et culturelle que nous vivons depuis les années 1970. Il ne s’agit donc pas d’une sorte d’embourgeoisement de la noblesse, comme certains le disent, car la bourgeoisie, elle aussi, a disparu. Dans le premier numéro de l’année 1994 du Deutsches Adelsblatt, un journaliste protesta vivement contre l’esprit du siècle de la jeunesse noble : « La noblesse ne serait plus qu’un simple titre ? C’est impossible ! Etre noble doit bien en valoir la peine. » Je crains que ce monsieur ne se soit trompé.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Une des rares exceptions est Kleine (1978) qui a pu fouiller leur matériel.
2 « Le prince que l’on médiatise tombe sous l’autorité du prince territorial dans les États duquel il est enclavé et voit ainsi disparaître sa souveraineté » (Legoarant, s. d., Littré) « La médiatisation signifie à la fois la rétention du titre de prince et l’abandon de l’indépendance et de la souveraineté princières » (Cornhill Magazine, Aug. 1887, 202). Ce processus affecta ceux qui avaient été princes suzerains du Saint Empire romain germanique jusqu’en 1803, et intéressa l’Allemagne du Nord, l’Allemagne centrale et l’Allemagne du Sud [NDE].
3 Calculé d’après Hoyningen-Huene (1992).
Auteur
Institut für Geschichte, Technische Universität, Darmstadt
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