Faire la guerre avec des mots
L’exemple des glandes plumbeae
At War With Words: the Case of the Glandes Plumbeae
p. 215-235
Résumés
La violence n’est pas seulement physique, mais aussi psychologique. La guerre se fait aussi avec des mots. Dans cet article, je m’intéresse aux inscriptions sur balles de fronde en plomb (glandes plumbeae), notamment d’époque romaine. La plupart consistent en des insultes, des sarcasmes et des invocations. Les balles de Pérouse, place assiégée en 41-40 av. J.-C., sont les plus connues. Quel est l’intérêt historique de ces inscriptions ? Elles forment un langage particulier utilisé par les soldats autour du bassin méditerranéen, de l’époque hellénistique à l’époque romaine. Elles nous informent aussi sur les représentations que les soldats avaient de leurs ennemis mais aussi de la guerre en général. Par exemple, les inscriptions avec contenu sexuel rappellent que la guerre s’envisage comme la domination physique exercée par des hommes sur d’autres hommes. En somme, j’étudie comment la violence guerrière se déploie à travers les mots.
Violence is not only physical, but also psychological. War is waged also with words. In this article, I focus on inscriptions on lead slingshots (glandes plumbeae), especially from Roman period. Most of these inscriptions consist in insults, taunts et invocations. Lead slingshots from Perugia, besieged in 41-40 BC, are the most famous. What is the historical interest of these inscriptions? They form a particular language used by soldiers around the Mediterranean Sea, from the Hellenistic period to the Roman period. Also, they give us information about representations that soldiers had of their enemies and war in general. For example, inscriptions with sexual content remind us that war deals with physical domination of men on others. In sum, I study how military violence is expressed through words.
Entrées d’index
Mots-clés : guerre antique, balles de fronde en plomb, sarcasmes, insultes, violence psychologique
Keywords : Ancient warfare, lead slingshots, taunts, insults, psychological violence
Texte intégral
« Je rêve d’une langue dont les mots, comme des poings, fracasseraient les mâchoires »
Cioran, « Pensées étranglées », Le Mauvais Démiurge.
Introduction
1La guerre a ses propres sons. Ces différentes sonorités sont présentes dans le langage courant. Ainsi, les balles « sifflent », les canons « crachent » leurs obus… Mais ne dit-on pas aussi – curieuse formulation – « faire parler la poudre » ? La guerre nous parle aussi et se mène avec des mots. Il serait absurde d’opposer nettement la guerre et ses sonorités brutales à la paix et ses mots : les mots sont aussi une arme redoutable. Ils font mal, blessent et tuent. Ainsi, l’affrontement physique se double d’une guerre des mots1. Qu’en est-il de cette violence verbale dans l’Antiquité ? Dans quelle mesure est-elle associée à la guerre ? Quelles sources nous permettent d’aborder ce phénomène ?
2Les mots ont toute leur place dans la violence guerrière. Mépriser l’ennemi et s’invectiver sont des manières comme d’autres de renforcer et de stimuler le moral des troupes2. L’utilisation des mots à la guerre démontre l’importance prise, dès l’époque antique, par la guerre psychologique3, et pose nécessairement la question de leur réception par l’adversaire. À la guerre, les mots servent encore à communiquer, mais il faut s’interroger sur les buts et les modalités de cette communication qui se développe non seulement entre deux armées, mais aussi au sein d’une même armée.
3Je m’intéresse à un aspect particulier de l’utilisation des mots à la guerre, l’association entre le mot et le projectile, à travers l’exemple des inscriptions sur balles de fronde en plomb, ou glandes plumbeae, qui ont suscité l’intérêt des chercheurs4. Aujourd’hui, les bases d’une « molybdénologie » sont jetées, avec, notamment, publications systématiques des fonds de musée, création de corpora, cartographie des distributions de projectiles, étude des contextes archéologiques5.
4Les glandes plumbeae sont surtout utilisées par les Grecs et les Romains. Leur utilisation se diffuse autour du bassin méditerranéen à l’époque hellénistique. Rédiger des inscriptions sur ces projectiles est également une pratique ancienne6, mais qui ne correspond pas nécessairement, sur le plan chronologique, à la période où ces armes commencent à être utilisées.
5L’exemple romain est intéressant7. Les Romains commencent à utiliser des glandes plumbeae au cours de la deuxième guerre punique (218-202 av. J.-C.). Or, l’habitude d’inscrire des mots sur ces armes connaît son apogée au ier siècle av. J.-C., avant de décliner rapidement au début de l’Empire. Les chercheurs admettent communément que le dernier exemplaire de glans inscripta romaine, trouvée à Vindonissa (Suisse), camp de la treizième légion, date de 45-468. On connaît toutefois deux exemplaires isolés datant de 1659.
6Les glandes inscriptae, sans être limitées aux guerres civiles, sont caractéristiques de celles-ci10. Dans une guerre civile, l’affrontement sur le champ de bataille se double d’un affrontement des idées, et les inscriptions sont indissociables des opérations de propagande politique11. Des guerres civiles ont éclaté sous le Haut-Empire (68-69 et 193-197). Pourtant, on n’a retrouvé aucune glans inscripta faisant référence à ces événements. Les armées romaines comptent toujours des frondeurs à cette époque. L’absence de glandes inscriptae ne signifie pas l’absence de glandes tout court. Si, contrairement à une idée longtemps répandue, les glandes plumbeae ne disparaissent pas sous le Haut-Empire, les Romains les utilisent moins que sous la République12. Pourquoi n’a-t-on trouvé aucune glans inscripta ? Les soldats ressentaient peut-être moins le besoin, sous l’Empire, de manifester leur appartenance à un groupe13. L’habitude d’écrire des mots s’est progressivement raréfiée, sans complètement disparaître, pour des raisons qui nous échappent partiellement.
7Les fouilles du site de Pérouse, ville d’Italie centrale assiégée par les troupes d’Octave entre 41 et 40 av. J.-C., ont mis au jour une quantité importante de balles de fronde, dont la plupart contenaient des inscriptions diverses. L’utilisation de ces glandes plumbeae est attestée dans les sources par Appien14. Assurément, les insultes ont rendu ces glandes célèbres15. Il est nécessaire de comparer ces inscriptions avec celles d’autres glandes du monde grec, d’époque hellénistique, mais aussi de l’époque de la Guerre Sociale en Italie (90-89 av. J.-C.). Pour le corpus de Pérouse, une mise à jour a été faite il y a quelques années16.
8Les glandes plumbeae sont des objets archéologiques de nature particulière17, parfois indispensables pour connaître des événements que les textes ne détaillent pas assez, d’où un nombre important de publications sur le sujet18. Bien entendu, toutes les glandes n’étaient pas inscrites, il est donc difficile de connaître la proportion des glandes inscriptae par rapport à celles qui ne le sont pas19. Dès lors, il faut se demander pourquoi les Romains et les Grecs rédigeaient des inscriptions sur ces projectiles.
9L’inscription, quand elle est présente, fait pleinement partie du processus de fabrication, puisque le texte est gravé dans le moule20, avant la création de la glans. D’ailleurs, la question de la fabrication du projectile est indissociable de celle de son utilisation21. C’est pourquoi le texte apparaît en relief, à l’exception de quelques exemplaires. Les inscriptions et les motifs ne sont jamais faits à la hâte, car à travers eux l’armée se voit elle-même, d’où une dépense d’énergie pour arriver à un beau résultat22. Qui concevait le moule et s’occupait de rédiger les inscriptions ? La plupart des moules étant en terre cuite, voire en pierre, ils devaient être fabriqués sur place. En effet, les Romains pouvaient fabriquer sur place leurs glandes plumbeae23, pourquoi ne serait-ce pas le cas pour les moules ? La forme des glandes la plus fréquente est celle en amande, mais d’autres formes existent24. C’est au commandant de décider du nombre requis de munitions pour un combat25, et donc d’encadrer les moyens de production. Il faut donc s’orienter vers l’idée d’une production centralisée26 et en série27, d’autant plus que le coût de fabrication de ces glandes reste peu élevé28. Pour la fabrication des moules et des balles, on pense à des soldats, du moins ceux qui devaient posséder les compétences techniques nécessaires. Certains ateliers de production étaient peut-être rattachés à une légion29. Compte tenu de certaines maladresses et fautes dans l’expression écrite30, les soldats eux-mêmes devaient rédiger les inscriptions. Le commandant avait sans doute un droit de regard et de modification sur certains contenus, notamment politiques, l’objectif étant de fédérer les soldats autour de slogans31. Peut-être se montrait-il plus permissif lorsque les soldats lançaient moqueries, insultes et sarcasmes. On utilise généralement l’insulte pour provoquer l’adversaire, mais dans les récits historiques, quand les auteurs rapportent cet usage chez les adversaires de Rome, c’est pour mieux mettre en avant leur manque de discipline32. Les soldats romains sont, finalement, des soldats comme les autres. Cette pratique n’est pas limitée à l’Antiquité33. Pendant la seconde guerre mondiale et la guerre de Corée, certains aviateurs faisaient inscrire des messages sur les bombes qu’ils larguaient34. Toutefois, les messages disparaissent quand les bombes explosent, tandis que le mot sur la glans plumbea demeure.
10Ces inscriptions peuvent être rangées en différentes catégories :
- Noms des commandants et généraux ;
- Noms d’unités militaires, cités et groupes ethniques ;
- Notions abstraites, comme des valeurs et des concepts35 ;
- Noms des « fabricants » de la glans36 ;
- Insultes, moqueries et sarcasmes.
11Les soldats à la fois d’époque hellénistique et d’époque romaine avaient recours à ces différents types d’inscriptions sur glandes, mais dans des proportions différentes. Je m’intéresse surtout aux inscriptions apportant un éclairage sur les liens entre la violence verbale et la guerre dans l’Antiquité, c’est-à-dire celles qui relèvent de la dernière catégorie. Les inscriptions de ce type, qui ont le plus attiré l’attention des collectionneurs, ne sont pas les plus fréquentes37, et s’employaient dans des situations précises. Elles sont le reflet d’un discours sur la guerre, par les soldats eux-mêmes. Quelques exemples pertinents nous éclairent sur les mentalités des soldats. Dans certains cas, les glandes donnent des informations plus précises que les sources littéraires. En effet, quand les auteurs anciens parlent des insultes utilisées par les soldats, ils ont recours à des termes généraux, peu satisfaisants (contumelium, maledictum…)38.
12Toutefois, ces inscriptions posent un double problème. Premièrement, il a fallu dès la fin du xixe siècle écarter les faux39. Certaines glandes, dont le contexte de découverte n’est pas toujours connu, suscitent la méfiance40. Deuxièmement, la lecture et l’interprétation étant parfois délicates, ce qui devait être une découverte remarquable n’est en fait qu’un nom propre. Par exemple, une glans d’époque hellénistique comporte sur l’avers l’inscription ΚΑΛΑ, et sur le revers l’image d’une guêpe. S’agit-il d’un sarcasme qu’on pourrait traduire par « Salut41 » ? Ce serait plutôt le génitif d’un nom macédonien, Kalas42. Ou encore, sur une glans du iiie siècle av. J.-C., un mot grec (παπαῖ) a été interprété d’abord comme une interjection « Aïe ! »43, avant d’être considéré comme un nom propre, fréquent en Asie Mineure44. Enfin, une glans trouvée à Xérokampos (Crète orientale), mais difficile à dater, comporte l’inscription Μόρα. Une première lecture a identifié ce mot comme la forme dorienne de μοῖρα45. D’après A. Kelly, ce pourrait être une injonction faite au projectile : « Au hasard !46». Cependant, il serait plus probable de lire le début d’un anthroponyme, présentant aussi une forme dorienne : Μο(ι)ρα(γένους)47.
13Il faut aller au-delà du simple plaisir de connaître ces insultes : les mots ont des implications sociales et culturelles48. Par rapport aux civils, les soldats jurent-ils en des occasions différentes ou utilisent-ils des insultes particulières49 ? La question ne doit pas être seulement « quelles sont ces insultes ? », mais aussi « pourquoi écrire des insultes ? ». Les inscriptions – tout comme les images – sur glandes sont une source incontournable pour connaître les motivations des soldats50, leurs mentalités, les représentations qu’ils avaient à la fois de l’adversaire, d’eux-mêmes et du phénomène guerrier51. Avec ces glandes inscriptae, le combat se fait trivial52. Parce qu’ils ont leur propre manière de penser la guerre, les soldats ont leurs propres mots pour dire la violence, mais aussi pour la créer. Cet article porte surtout sur des glandes d’époque romaine tardo-républicaine, mais des comparaisons avec l’époque hellénistique sont possibles, et même souhaitables. Les soldats de l’époque hellénistique utilisaient-ils les mêmes insultes que les soldats romains, ou y avait-il des différences dans le vocabulaire, et donc dans les comportements ? Écrire sur des glandes plumbeae était une pratique assez répandue, mais qui s’ancrait dans des contextes et événements précis et se manifestait de différentes manières en fonction des acteurs à l’origine de ces inscriptions.
14La question de l’écriture pose un double problème : l’objectif du mot et l’identité du destinataire. On pourrait s’attendre à ce que l’inscription soit conçue pour être lue par un soldat du camp adverse, mais ce n’était pas toujours le cas. Avec les glandes inscriptae, plusieurs modalités et niveaux de communication se mettent en place.
Soumettre l’adversaire
15Ces glandes inscriptae sont une source précieuse pour connaître la psychologie des soldats, mais aussi les représentations qu’ils avaient de leurs adversaires et de leurs corps53. La violence et la guerre sont des thèmes récents dans l’histoire du corps54. Quels étaient les buts de la plupart de ces inscriptions ? Soumettre l’adversaire, réaffirmer par le mot les rapports de force et de domination. Il y a plusieurs manières d’humilier et de mépriser un adversaire. Mais que se passe-t-il quand celui-ci n’est pas présent ou trop loin pour être vu ? Il faut l’imaginer soumis, humilié et sans défense. Le mot prend le relais des yeux. Sur une glans de Pérouse est écrit : Esureis/et me/celas « Tu meurs de faim et tu me le caches »55. L’auteur de l’inscription nargue les assiégés en les accusant de vouloir dissimuler leur état de faiblesse. Dans ce cas, les mots créent l’angoisse, car ils donnent l’impression aux assiégés que leur ennemi sait tout de leur situation. On pourrait dire la même chose d’une balle de fronde du musée de Brescia – datant probablement de la Guerre sociale : la légende peut se lire [tr ?]emas « Tu trembles », mais la lecture n’est pas définitivement sûre56. Les hommes n’aiment pas, dans le langage – qu’il soit imagé ou verbal –, être représentés en situation d’impuissance57. Sur une glans trouvée à Apsorus, une inscription menace les assiégés de destruction s’ils s’obstinent à défendre la place : Pertinacia/uos radicitu [s]/tol (l) et « Votre obstination causera votre perte ! »58.
16Certaines glandes plumbeae contiennent des images évidemment explicites, comme un phallus59, et même une scène d’accouplement60. L’épigraphie et la décoration des glandes peuvent très bien jouer un rôle symbolique et idéologique61. Notons d’ailleurs l’ambiguïté du terme glans, qui désigne aussi bien le projectile que l’organe génital masculin62. Mais c’est par le mot que les soldats font le plus preuve d’originalité. L’utilisation de mots à connotation sexuelle permet d’affaiblir l’adversaire aussi bien physiquement qu’émotionnellement63. Ce vocabulaire, toujours cru, joue sur les rapports de force et de domination entre les soldats. Le corollaire de cette domination n’est pas forcément la déshumanisation de l’adversaire, mais sa féminisation, qui apparaît comme un enjeu de domination symbolique64. Ainsi, sur une glans trouvée à Chypre et datant de la fin du ive siècle ou du début du iiie siècle av. J.-C. apparaît l’inscription κύε, que l’on peut traduire par « Tombe enceint avec ça »65. Ce mot renvoie à l’abus, à la domination sexuelle et militaire66 : pour les soldats, la guerre est assimilée à un viol67. L’époque romaine est la mieux documentée pour connaître cette utilisation particulière du langage. Voici les inscriptions les plus célèbres, issues du corpus des glandes de Pérouse68 :
- Laxe/Octaui,/sede (phallus)69 « Détends-toi Octave, assieds-toi » ;
- [S] alu [e]/Octaui/felas70 « Salut Octave, tu suces (?71) » ;
- Pet (o)/Octau [i] a (ni)/culu (m)72 « Je cherche le cul d’Octavien » ;
- Peto/[l] andicam/Fuluiae// (fulmen)73 « Je cherche le clitoris de Fulvia » ;
- L (uci) A (ntoni) calve/Fulvia/culum pan (dite)74 « Lucius Antonius le chauve, et Fulvia, ouvrez grand vos culs ! » ;
- L (uci) Antoni, calue,/peristi// C (ai) Caesarus (!) uictoria75 « Lucius Antonius le chauve, tu es foutu. La victoire est à Caius César ! » ;
- [P] at [hi] ce76 « Ouvre-toi » (?) ;
- Octauia (ne)// (phallus) // a (c) cip [e] (?)77 « Octavien, prends ça ! » ;
- Tra (n) se [i]/[cu] lum (?)78 « Traverse le cul ».
17Que signifie laxus ? (no 1) Il désigne quelque chose de relâché – et donc, par extension, de débauché79. Le mot peut aussi désigner des organes (ici l’anus) qui n’ont plus leurs proportions habituelles à force d’avoir servi80. Ici, c’est l’arrière-train d’Octave que l’inscription désigne. On peut comparer cette inscription au célèbre vase dit d’Eurymédon81, datant d’environ 460 av. J.-C. et représentant un « Oriental » dans une position grotesque de soumission, tendant sa croupe vers un homme qui82, verge à la main83, se dirige vers lui. La légende est la suivante : Εὐρυμέδ[ω]ν εἰμ[ὶ] κυβά[δε] ἕστεκα. L’inscription prend un sens obscène, puisqu’on peut la traduire ainsi : « Je suis Eurymédon, je me penche84. » Toutefois, on pourrait aussi lire Εὐρυμέδ[ω]ν εἰμ[ὶ] κύβ<δ>α δὲ ἕστεκα[ς], et donc traduire : « Je suis Eurymédon, et toi tu te penches85. » En tout cas, l’allusion sexuelle est communément admise86, et le vase est à mettre en lien avec la bataille de l’Eurymédon, remportée par les Athéniens sur les Perses dans les années 460 av. J.-C. La domination sexuelle renvoie à la domination militaire87.
18Quant au verbe sedere (no 1) il renvoie à une position précise : l’homme est un cheval que la femme monte88. On peut le traduire par « Plante-toi89 » : sede pourrait aussi s’adresser à la balle90. La représentation d’un phallus, jointe à ces mots, fait explicitement référence à la sodomie. Ce pourrait être une allusion aux rumeurs d’homosexualité et de caractère efféminé dont Octave était l’objet dans sa jeunesse91. D’après Suétone, Lucius, le frère de Marc-Antoine, l’accusait de s’être prostitué en Espagne92. C’est une accusation que l’on trouve souvent à Rome dans les discours d’orateurs : pour attaquer un adversaire, on l’accuse d’impudicitia, d’avoir prostitué sa jeunesse93. Or, c’est ce même Lucius qu’Octave assiège dans Pérouse. Les mêmes représentations de l’homosexualité masculine se retrouvent dans le théâtre athénien : l’être efféminé ne correspond pas à l’image de ce que doit être le citoyen selon la tradition, il est considéré comme inutile, juste bon à susciter le rire, discrédité politiquement et exclu de la cité94.
19L’insulte vise à délégitimer l’adversaire, mais aussi à le disqualifier sur le plan des valeurs morales romaines95 : comment un tel homme pourrait-il commander des soldats et gouverner des hommes ? Les conduites sexuelles s’envisagent toujours à travers l’opposition activité-passivité96. Celles qui sont considérées comme dégradantes sont jugées contraires à l’idéal de liberté des Romains, et donc à la loi, et le regard de la communauté joue un rôle important dans la réprobation de ces pratiques97. Le siège de Pérouse est l’occasion de reprendre non seulement ces vieilles accusations, mais aussi les codes de la masculinité comme construction politique et sociale, montrant ainsi la pertinence de l’association entre le mot et le trait. Cette accusation d’homosexualité est à comparer avec l’adjectif caluus (chauve), utilisé pour décrire Lucius Antonius (no 5). En effet, caluus est souvent associé à l’homosexualité passive98. Dans son catalogue des glandes plumbeae de Pérouse, L. Benedetti remarque que cet exemplaire est l’un des seuls où l’inscription est gravée, et non en relief (c’est le cas lorsque la balle est fabriquée dans un moule)99. C’est une donnée importante. L’inscription a sans doute été rédigée dans un but bien précis, comme si les partisans d’Octave cherchaient une réponse à ces glandes qui raillent l’homosexualité de leur chef. Ces glandes perpétuent une tradition littéraire remontant à l’époque grecque et développée par plusieurs auteurs romains : le lien entre sexualité et comportement militaire100.
20Ce lien ne porte pas seulement sur l’homme féminisé, mais aussi sur la femme comme objet de désir. Menacer de prendre la femme de l’autre, dans tous les sens du terme, relève bien entendu de cette violence verbale destinée à déstabiliser l’adversaire. Plutarque rapporte que les Teutons, en passant devant le camp de Marius, narguaient les soldats romains en leur disant que leurs femmes seraient bientôt à eux101. Une glans fait allusion à la landica de Fulvia (no 4), femme de Lucius Antonius, qui n’est pas à Pérouse au moment du siège. Le mot, très indécent dans la langue latine, désigne le clitoris102. On le trouve surtout en épigraphie103, tandis que les auteurs préfèrent l’éviter ou employer une périphrase104. Ces glandes plumbeae, par les mots qu’elles contiennent, nous renseignent aussi sur la formation d’un langage commun aux soldats105. Toutefois, C. Wolff se montre plus prudente et affirme que, finalement, les insultes utilisées par les soldats sortent peu de l’ordinaire. Compte tenu de l’origine des soldats, leur langage est proche du langage populaire106. Les lettres et les mots nous informent du niveau d’alphabétisation et de culture des soldats107. À Pérouse, le langage populaire y est très bien représenté108. Le phallus est un motif qui revient souvent, sous la forme de l’image109, mais également à travers la figure du fellator, incarnée sur une glans par Octave (no 2). Le verbe fellare est très fréquemment utilisé dans l’épigramme110. On peut également associer fellation et attaque politique. En effet, les Romains faisaient fréquemment le lien entre une bouche impure et la pratique du sexe oral111. Considérer Octave comme étant un fellator est un moyen de diminuer son aura politique.
21L’emploi du mot culus (no 3, 8) est curieux. L’inscription Peto Octauiani culum pose problème : si l’assiégeant fait face aux remparts adverses, un projectile ne peut logiquement pas l’atteindre dans le dos. C’est le cas uniquement si l’assiégeant est en fuite ou tourne le dos, et donc s’il renonce au siège. La ville, avec ses remparts, peut être associée à une femme dont il faut protéger la chasteté face aux assauts de l’extérieur112. Ces balles lancées par les assiégés visent à créer un climat d’insécurité également chez l’assiégeant, mais aussi à (tenter de) renverser les rôles : l’assiégeant-dominant peut devenir, à son tour, l’assiégé-dominé. Le mot culus renvoie également à la fornication et à la sodomie113 : dans les mentalités romaines, la pénétration vaginale se situe sur le même plan que pénétration anale114. La pénétration est associée à la soumission et à la domination, et la glans à un pénis qui pénètre violemment sa victime115. Fellation et sodomie sont pour les Romains des comportements sexuels jugés inférieurs à la figure priapique116.
22L’utilisation d’un tel langage, obscène, serait également un moyen de dépasser le sentiment d’anxiété et d’affirmer sa domination sur l’ennemi117. Et comme en temps de guerre il est difficile, voire impossible, de retenir ses émotions et d’agir comme des machines, les soldats se lâchent à travers des mots crus118. Et les mots, dans un tel contexte, peuvent avoir des conséquences psychologiques importantes119. Plus généralement, recourir à l’insulte permet d’augmenter le moral, par exemple à travers l’humour militaire120. Qu’est-ce qui est le plus important ? Se moquer avant de blesser, ou blesser plutôt que de se moquer121 ? Même si le projectile n’atteint pas physiquement sa cible, l’inscription qu’il porte atteint l’adversaire d’une certaine manière, à condition bien sûr qu’il ait l’idée de la lire. Dans ce cas, à défaut de blesser physiquement, la moquerie tient ce rôle. Le recours aux insultes, sarcasmes et autres propos moqueurs participe de la formation d’un climat d’insécurité généralisée122, et exacerbe la colère et la frustration des soldats qui sont la cible de ces mots.
Le problème du destinateur et du destinataire des mots
23Malgré l’apparente simplicité de ces inscriptions sur glandes, la question de l’identification non seulement du destinateur, mais aussi du destinataire des mots, reste complexe. Les inscriptions sur glandes plumbeae posent les bases d’une communication dont il convient de cerner les modalités et les acteurs.
24Quand il est inscrit sur la glans, le mot s’adresse-t-il à la cible ? Pas nécessairement. Celui qui fabrique la balle et celui qui l’utilise peuvent s’adresser au projectile lui-même123. Le mot, en augmentant les chances pour le projectile de faire mouche, joue un rôle performatif. Il tend à modifier le réel à l’avantage de celui qui écrit. Cela vaut aussi pour les symboles. Par exemple, quand les soldats font représenter un foudre sur les glandes, ils espèrent leur conférer un peu du pouvoir de cet élément naturel : le symbole n’est pas destiné à la cible, mais au projectile lui-même124.
25Quelques exemples d’inscriptions nous viennent du monde grec, à l’époque hellénistique :
- Αἰσίως « En espérant [que ça touche la cible] »125 ;
- Αἷμα « [Du] sang ! »126 ;
- Πυρί « [Au] feu ! »127.
26Le terme αἰσίως remplit là aussi une fonction performative, étant donné qu’un projectile n’atteint pas toujours sa cible. C’est également dans ce sens qu’il faut interpréter l’inscription ΕΥΣΚΑΝΟΥ, sur une balle de fronde trouvée à Corfou, et qu’on peut traduire par un impératif, « Enfonce-toi bien ! » (Littéralement : « Loge-toi bien ! »)128. Sur le revers de la glans apparaît un scorpion. Le parallèle entre le dard de l’insecte et la glans qui se plante dans la chair est évident. Non seulement le tireur espère que le trait touchera sa cible, mais aussi qu’il sera difficile à déloger129. Notons un autre « encouragement » adressé à un projectile : Βάσκε ἄν « Va ! », sur une balle trouvée à Chypre et datée d’entre la fin du ive et le début du iiie siècle av. J.-C.130.
27L’inscription faisant référence au sang (αἷμα) est particulièrement intéressante. Le tireur, par le mot, espère que le projectille fera jaillir le sang, preuve que le trait aura atteint son but. Cette idée contraste pourtant avec la description que donne Végèce des blessures causées par des pierres lancées avec une fronde. Selon lui, les armures ne sont d’aucune utilité, et ces traits tuent sans effusion de sang, en provoquant des hématomes131. Il semble que, pour les Grecs et les Romains, le plus important ait été une effusion de sang hors de la chair. Végèce fait référence aux pierres, mais les glandes plumbeae portent plus loin et vont plus vite132. L’hémorragie externe est possible si le projectile pénètre la chair, mais reste à savoir si un tel résultat est possible avec des glandes plumbeae133.
28Enfin, pourquoi faire référence au feu (πυρί) ? Dans son récit des combats entre Romains et Galates entre 190 et 189 av. J.-C., Tite-Live apporte une précision essentielle : les pointes de flèche et les aculei (pointes) des glandes plumbeae brûlent la chair des Galates : « Mais quand une pointe de flèche ou une balle de fronde a pénétré dans la chair et la brûle, sous l’aspect d’une petite blessure134 ». Peut-être le tireur espère-t-il que son adversaire se consume de l’intérieur. Ce pourrait être une allusion à une croyance répandue selon laquelle les glandes plumbeae s’embrasent quand elles fendent les airs135. Les exemples abondent dans la littérature antique136. Sur une glans de Samè (Céphalonie) datée de 189-188 av. J.-C., des chercheurs ont cru lire une injonction au projectile : Φαινέ(ας) « Qu’il brille ! ». Cette traduction aurait pu là aussi faire allusion à cette croyance. Cependant, il s’agirait plutôt du début d’un nom propre137.
29Le combat à distance, avec tout ce qu’il implique – entre autres, ne pas voir son adversaire – a contribué à modifier les rapports à l’ennemi et à la mort. Les insultes écrites sur des glandes participent d’un double phénomène : l’extension géographique du champ de bataille, et parallèlement – mais aussi paradoxalement – le rapprochement entre les soldats.
30Ce rapprochement concerne d’abord les soldats d’une même armée. Quand ces derniers font inscrire sur des glandes le nom de leur unité, ils participent au renforcement de liens de solidarité entre les combattants138, et assurent également la visibilité de leur participation à une structure militaire plus globale139. Quand ils font inscrire le nom de leur commandant, c’est pour affirmer des structures hiérarchiques et « construire des communications qui forment le pouvoir militaire »140. Les glandes sont aussi un moyen économique et rapide de diffuser le nom du commandant à l’échelle d’une armée tout entière141. Le mot est collectif, reflète l’état d’esprit de l’armée, ou du moins d’un groupe de soldats, et témoigne de « l’intention collective de violence »142. Le rituel de l’inscription serait plus important que le souci de savoir si le message sera lu ou non par un adversaire, et vise à augmenter le moral des troupes143, en tournant en dérision l’ennemi144. Ainsi, dans certains cas, si le message doit être lu, c’est d’abord par les soldats de l’armée qui est à l’origine de ces inscriptions. Le destinateur est à la fois destinataire.
31Mais ce rapprochement concerne aussi les soldats des deux armées adverses. Tout d’abord, quel est l’intérêt d’utiliser des glandes contre un ennemi qui ne comprend pas les mots qui sont inscrits145 ? C’est quand le message est compris qu’il en devient encore plus effrayant. L’ennemi est physiquement lointain, et pourtant si proche par la langue et les usages militaires. Ce rapprochement est brutal, placé sous le sceau de l’invective et de l’interpellation. L’inscription marque une présence hostile, l’affirmation face à l’autre146. Dans certains cas, le commandant est directement visé. Sur des glandes trouvées à Asculum et datées de la Guerre sociale147, on peut lire Feri Pomp (eium) « Frappe Pompée ! »148 ou encore Fer sal (utem)/Pom [peio] [f] er « Dis bonjour à Pompée ! »149. À travers le corps du général, c’est l’armée en tant que corps qu’on souhaite atteindre. Un projectile peut atteindre n’importe qui sur le champ de bataille, ainsi les propos blessants s’affranchissent de la hiérarchie militaire. Pour que l’insulte soit efficace, il faut que le projectile dispose d’une force de frappe150. C’est peut-être dans ce sens qu’il faut interpréter l’inscription AC (C) IPE « Prends ça ! », présente sur quelques glandes trouvées en Espagne et datant probablement des guerres césariennes151. Toute la force physique d’un coup se retrouve, grâce à la violence du mot, dans un projectile152.
32Mais dans le cas de l’inscription Peto Octauiani culum, abordée précédemment153, qui parle à la première personne ? Le tireur ou le projectile ? Plusieurs niveaux de dialogue se mettent en place : l’expéditeur peut s’adresser aussi bien au projectile qu’à son ennemi et le projectile lui-même peut prendre la parole et indiquer sa provenance154. Une inscription en osque provenant du Samnium imagine même une conversation entre un projectile et celui qui l’a reçu155. On peut donner la traduction suivante : « Qui es-tu ? – Je suis un projectile – Et d’où viens-tu ? – (C’est) Adius Aedinus (qui m’envoie). »
33Quand les glandes inscrites avec les noms des unités ou des commandants pénètrent dans l’enceinte de la cité en passant par-dessus le rempart, elles préfigurent et anticipent la présence physique de ces derniers. Les mots, écrits sur des supports solides qui font office d’armes et diffusés sur une échelle plus ou moins grande, participent de la prise de contrôle de l’espace156. Ainsi, même quand le projectile a été « consommé », c’est-à-dire utilisé, le message continue d’opérer, en affirmant la présence et l’hostilité de l’autre157. Dans la guerre antique, le contrôle du champ de bataille est synonyme de victoire. Mieux encore, quand l’inscription associe le nom du commandant à des qualités morales visant à le légitimer politiquement158, elle participe de la prise de contrôle des esprits des soldats ennemis. À Pérouse, Octave est nommé Octauus, ou Octauianus159, sur les glandes envoyées par les partisans de Lucius Antonius160, tandis que ses partisans le nomment Caesar sur leurs glandes161. Ce n’est pas étonnant, puisque, selon Suétone, Marc Antoine l’accusait de ne pas être l’héritier légitime, d’avoir acheté par ses complaisances l’adoption de César162.
34Pour résumer, les mots rapprochent dangereusement l’agresseur de l’agressé et mettent en place une proximité qui se substitue à la simple distance géographique. Il n’est pas nécessairement besoin de messages directement adressés à l’adversaire pour que la violence s’exerce163. La simple lecture, si elle a lieu, rend le mot violent, et donc efficace, effectif. La menace n’est pas physique, elle ne marque pas les corps, mais elle n’en est pas moins présente. Quand l’insulte écrite est envoyée en même temps que le trait, elle se sépare de son créateur et acquiert une existence autonome, qui est ensuite réactivée lors de la lecture du message164.
35L’inscription fonctionne comme « l’instrument d’une conversation embryonnaire »165. L’utilisation d’un langage parlé et populaire explique le recours à la forme de la conversation166. Pourtant, cette confrontation à travers les mots n’est pas un dialogue, car celui qui reçoit le trait est dans l’incapacité de répondre. De plus, quand le tireur s’adresse lui-même à son trait, tout dialogue est absent, et même impossible. Si la victime envoie à son tour une glans inscripta, il y a bien de peu de chances que celle-ci atteigne son agresseur. Quand plusieurs frondeurs des deux camps s’envoient des glandes inscriptae, ce n’est pas un dialogue entre les deux armées, mais une cacophonie violente qui double le chaos du champ de bataille. Ces projectiles ont un caractère anonyme, ils tombent au hasard sur leur cible, d’où l’expression « traits aveugles »167. L’utilisation des pronoms « je » et « tu » n’empêche pas la communication de rester globalement anonyme. En effet, le destinateur reste collectif, et non individuel, et même si le destinataire est, parfois, explicitement le commandant ennemi, son nom peut aussi désigner l’armée tout entière. En d’autres termes, les pronoms « je » et « tu », dans le cas des glandes inscriptae, ne sont pas individualisés.
Conclusion
36Le mot est un instrument de pouvoir, précisément parce qu’il peut être une arme, quand le contexte s’y prête. On ne saurait ni le détacher ni l’isoler des soldats qui le prononcent et s’en servent pour se donner du courage, dénigrer leurs adversaires, renforcer la cohésion des rangs ou affirmer leur propre valeur militaire168. À travers les inscriptions des glandes plumbeae de la fin de la République, mais aussi d’autres époques, c’est tout un pan de l’imaginaire culturel et social du soldat qu’il est possible d’aborder : les représentations qu’il a de l’adversaire et de son corps, la relation étroite qu’il établit avec son arme169, et plus généralement la violence du langage et du rapport à l’autre.
37Le mot complète la guerre quand tous deux ont le même but : dominer l’autre, à la fois physiquement et émotionnellement, et plus précisément construire des rapports de domination. Pour reprendre le propos de Cioran, cité en préambule, les mots, à défaut de fracasser les mâchoires, visent à affaiblir les esprits et les volontés. Surtout, en tant que sarcasmes, insultes et moqueries, ils exacerbent le climat de violence guerrière. Si cette violence est parfois contrôlée par le politique – la lutte entre les chefs en période de guerre civile est aussi une lutte pour le pouvoir et la légitimité, d’où la guerre des mots –, elle peut s’en affranchir, même temporairement, laissant aux soldats l’occasion d’exprimer leurs pulsions170. Le mot peut être une arme, mais il a lui-même besoin d’une arme comme support matériel pour le devenir. Plus un combat dure, plus il peut se gagner par l’usure, et plus la psychologie joue un rôle important.
38Il est regrettable que l’habitude d’inscrire des mots sur les glandes plumbeae ait disparu avec la République. Le langage des soldats, dont la violence est un élément constitutif, est devenu invisible – et donc illisible – lors du passage de la République à l’Empire, c’est-à-dire au moment où les soldats, après la période désastreuse des guerres civiles, ont été contraints à une obéissance fondée sur la maîtrise des émotions171, et donc de la parole. Ce pourrait être un élément d’explication de l’absence de glandes inscriptae pour les guerres civiles du Haut-Empire (68-69 et 193-197) : les commandants choisissent de limiter l’expression des soldats. Mais on voit mal comment, en période de guerre, les instincts de violence pourraient être entièrement bridés et contrôlés. On constate toutefois que, sous l’Empire, la parole des soldats n’a pas été supprimée, mais écartée. Restent d’autres témoignages, comme les papyrus et ostraka d’Égypte, ainsi que les tablettes de bois de Vindolanda, mais ils nous informent plus sur la vie quotidienne des soldats que sur la violence guerrière172.
Bibliographie
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10.1515/9783112352564 :Notes de bas de page
1 Stiebel 1997, p. 304.
2 Tuck 2005, p. 59 ; Tacite, Histoires II, 21, 3-4 (éd. H. Le Bonniec, Paris, Les Belles Lettres, 1989).
3 Kelly 2012, p. 301.
4 Ma 2010a, p. 427.
5 Ma 2010b, p. 166.
6 Pritchett 1991, p. 49.
7 Sur l’histoire de la fronde dans les armées romaines : Griffiths 1989, p. 255-279.
8 Griffiths 1989, p. 271, n. 73 ; Kelly 2012, p. 279.
9 Griffiths 1989, p. 271, n. 74.
10 Diaz Ariño 2005, p. 231 ; Borgies 2016, p. 454.
11 Moog 2007, p. 280.
12 Benedetti 2012, p. 33.
13 Naspi, Radaelli 2011, p. 6.
14 Appien, Guerre civile V, 36, 148 (éd. M. Étienne-Duplessis, Paris, Les Belles Lettres, 2013).
15 Benedetti 2012, p. 45.
16 Ibid., p. 47-100 pour le catalogue.
17 Ma 2010b, p. 166.
18 Diaz Ariño 2005, p. 221 : les glandes comme source indispensable pour connaître les guerres civiles en Espagne (79-72 av. J.-C. : guerre contre Sertorius ; 48-45 av. J.-C. : guerre contre les fils de Pompée).
19 Rihll 2009, p. 148.
20 Pour un exemplaire archéologique bien documenté : Poux 1999, p. 29-30.
21 Henry 1970-1971 (t. I), p. 15 : « La technique de fabrication et d’emploi de la balle forment un tout cohérent et sont nécessairement associés. »
22 Ma 2010b, p. 171.
23 Pseudo-César, Guerre d’Afrique XX, 3 (éd. A. Bouvet, Paris, Les Belles Lettres, 1997).
24 Rihll 2009, p. 154-156.
25 Tite-Live, XXXVIII, 20, 1-2 (éd. R. Adam, Paris, Les Belles Lettres, 1982).
26 Benedetti 2012, p. 44-45 ; Borgies 2016, p. 455.
27 Mangiameli 2012, p. 198, n. 195.
28 Henry 1970-1971 (t. I), p. 91.
29 Borgies 2016, p. 455.
30 Henry 1970-1971 (t. II), p. 66.
31 Borgies 2016, p. 455 ; Mangiameli 2012, p. 200.
32 Wolff 2014, p. 141.
33 Kelly 2012, p. 297.
34 Ibid., p. 292, n. 31.
35 Par exemple, on trouve les notions de ius, pietas ou encore fides sur des glandes datant de la guerre contre Sertorius : Diaz Ariño 2005, p. 221.
36 Ces inscriptions sont rares : par exemple, C. FABRICIVS FECIT (CIL, I, 711 = Zangemeister 1885, p. 84, no 116). Caius Fabricius est un primipile d’Octave : il faut plutôt le voir comme celui qui supervise la fabrication des glandes.
37 Ma 2010b, p. 167. Les légendes consistent surtout en des ethniques et des noms de commandants et d’officiers : Ma 2010b, p. 170.
38 Wolff 2014, p. 143.
39 Ma 2010b, p. 168, n. 67.
40 Ibid., p. 168.
41 Moog 2007, p. 280-282.
42 Ma 2010b, p. 169-170.
43 Tuck 2005, p. 59, no 21.
44 Ma 2010b, p. 169.
45 Kelly 2012, p. 294.
46 Ibid., p. 294, p. 303-304.
47 Avram, Chiriac, Matei 2013, p. 281.
48 Hallett 1977, p. 156.
49 Wolff 2014, p. 141.
50 Naspi, Radaelli 2011, p. 6.
51 Mangiameli 2012, p. 198.
52 Hallett 1977, p. 163.
53 Moog 2007, p. 281.
54 Allély 2014, p. 9.
55 Benedetti 2012, nos 35-36.
56 Henry 1970-1971, t. II, p. 112, n. 204.
57 Frontisi-Ducroux 1995, p. 118-119.
58 CIL, I², 2, 887. Henry 1970-1971, t. II, p. 111.
59 Ibid., p. 17 : « Dans l’esprit du frondeur, ce ne sont pas les qualités balistiques et meurtrières du projectile qui importent le plus. L’objet devient pleinement métaphorique […] le symbole phallique se situe au-delà du symbole essentiellement militaire. » Le phallus est un symbole à la fois de virilité, de puissance et de mort. Voir aussi Moog 2007, p. 280 ; Benedetti 2012, nos 29, 58, 71, 78.
60 Rihll 2009, p. 154.
61 Ma 2010b, p. 170. Voir aussi Cerchiai 1982-1983, p. 192 : les divers symboles et motifs visent à une exaltation érotique ou à une exaltation de la puissance de l’objet.
62 Rosen 1976, p. 124.
63 Adams 1982, p. 134.
64 Sur cette question : Goldstein 2001, p. 356-380.
65 Pritchett 1991, p. 46 ; Chaniotis 2005, p. 102 ; Kelly 2012, p. 293. En revanche, Ma 2010b, p. 167-168 dit du projectile qu’il est « étonnant » et émet des réserves sur son authenticité.
66 Moog 2007, p. 280.
67 Phang 2004, p. 221-222 : pour l’auteur, ces insultes, cet humour et ce comportement agressifs laissent penser qu’il existait au sein des armées romaines ce qu’on appelle aujourd’hui une « culture du viol ».
68 Les traductions en français sont personnelles. Je me suis efforcé de les faire coïncider au maximum avec le langage des soldats, qui est avant tout populaire et vulgaire, tout en prenant soin de les rapprocher d’expressions contemporaines courantes.
69 CIL, XI, 6721, 11 = Benedetti 2012, no 29. Voir aussi CIL, XI, 6721, 10 : Octau(i) / lax(e).
70 CIL, XI, 6721, 9a = Benedetti 2012, no 30.
71 L’ajout d’un point d’interrogation est volontaire de ma part, afin de coïncider avec les formulations et expressions que l’on trouve aujourd’hui. Cependant, le verbe fellare pourrait se rattacher à la glans elle-même : « Tu suces (la balle) ».
72 CIL, XI, 6721, 7 = Benedetti 2012, no 31.
73 CIL, XI, 6721, 5 = Benedetti 2012, no 32.
74 CIL, XI, 6721, 14.
75 CIL, XI, 6721, 13 = Benedetti 2012, no 33.
76 CIL, XI, 6721, 39 = Benedetti 2012, no 34 : le mot pourrait avoir deux significations. Soit il fait allusion à la passivité sexuelle, soit c’est un mot pour indiquer qu’une prostituée est « disponible ». Une telle insulte n’était pas nécessairement destinée au commandant. Dubreuil 2013, p. 387 : le mot est à destination des homosexuels passifs.
77 CIL, XI, 6721, 6 = Benedetti 2012, no 58.
78 CIL, XI, 6721, 35 = Benedetti 2012, no 61.
79 Henry 1970-1971, t. II, p. 109, no 182.
80 Hallett 1977, p. 155.
81 Pour un article très récent : Gerleigner 2016.
82 Gerleigner 2016, p. 170 : il pourrait s’agir d’un Grec de basse extraction sociale, voire d’un barbare.
83 Ibid., n. 23 : le pénis pourrait être assimilé à une arme.
84 Frontisi-Ducroux 1995, p. 118-119 ; Kelly 2012, p. 293.
85 Gerleigner 2016, p. 182-183 : l’identification du personnage qui prononce ces mots est en lien avec la disposition de l’inscription et la lecture de celle-ci.
86 Contra, Gruen 2011, p. 42-44.
87 Gerleigner 2016, p. 171.
88 Adams 1982, p. 165.
89 Henry 1970-1971, t. II, p. 109.
90 Hallett 1977, p. 151.
91 Wolff 2014, p. 146 ; Hallett 1977, p. 151. Les insultes portent souvent sur le comportement et les mœurs : Dubreuil 2013, p. 349.
92 Suétone, Auguste 68, 1 (éd. H. Ailloud, Paris, Les Belles Lettres, 2013).
93 Dupont, Éloi 2001, p. 86.
94 Cuniberti 2014, p. 230-231. Voir aussi Dubreuil 2013, p. 350 ; Richlin 1983, p. 92.
95 Wolff 2014, p. 146.
96 Walters 1997, p. 41. Le discours sur la sexualité est le même chez les militaires que chez les civils : Phang 2004, p. 221.
97 Dupont, Éloi 2001, p. 85 : « C’est donc la glorification ou la réprobation manifestées par les autres qui vont réguler tout ce qui chez l’homme ne relève pas de la loi, autrement dit sa vie morale, y compris en ce qui concerne ce que nous appelons aujourd’hui l’intimité. »
98 Benedetti 2012, no 33.
99 Mangiameli 2012, p. 198 : Les inscriptions gravées, et non en relief, forment environ 6 % des glandes du corpus de Pérouse.
100 Hallett 1977, p. 154. Voir aussi Borgies 2016, p. 455. Sur le lien entre domination sexuelle et conquête militaire, Ferris 2000, p. 55-60, emploie une expression particulièrement intéressante : « pornographie de la conquête ».
101 Plutarque, Marius 18, 3 (éd. É. Chambry, R. Flacelière, Paris, Les Belles Lettres, 2003).
102 Wolff 2014, p. 146.
103 Par exemple : CIL, IV, 10004 : Eupl(i)a laxa landicosa.
104 Adams 1982, p. 97-98.
105 Chaniotis 2005, p. 95 ; Kelly 2012, p. 297.
106 Wolff 2014, p. 148-149.
107 Henry 1970-1971, t. II, p. 66 : l’auteur parle d’un esprit « peu cultivé » et insiste sur « l’aspect populaire » d’un langage « parlé ». Pourtant, Phang 2004, p. 221 : les soldats devaient être suffisamment lettrés pour écrire ces mots crus et violents.
108 Henry 1970-1971, t. II, p. 70.
109 Le phallus apparaît sur trois glandes de Pérouse : ibid., p. 17.
110 Adams 1982, p. 130-134. Voir aussi Richlin 1983, p. 69 : le verbe est presque toujours utilisé à la deuxième ou troisième personne du singulier, et c’est toujours une insulte.
111 Bradley 2015, p. 136.
112 Chaniotis 2005, p. 103.
113 Dubreuil 2013, p. 387-388.
114 Walters 1997, p. 31.
115 Chaniotis 2005, p. 102.
116 Richlin 1983, p. 59.
117 Chaniotis 2005, p. 95 ; Richlin 1983, p. 76.
118 Chaniotis 2005, p. 95.
119 Kelly 2012, p. 273.
120 Ibid., p. 298.
121 Rihll 2009, p. 154.
122 Voir aussi Ma 2010b, p. 172 : « En effet, ces messages prosaïques et fonctionnels, répétés par centaines ou par milliers, deviennent une démonstration, à l’intention de l’ennemi, cible de la violence impliquée par le fer de lance, le foudre, le scorpion ; la manifestation d’une présence étrangère et insistante, la démonstration d’une efficacité et d’un aboutissement. »
123 Kelly 2012, p. 290.
124 Tuck 2005, p. 56.
125 SEG 35 [1985], 1472 : l’adverbe αἰσίως se traduit « heureusement, de manière propice » ; Kelly 2012, p. 291-292.
126 Kelly 2012, p. 292. Toutefois, Ma 2010b, p. 167 émet des réserves sur son authenticité.
127 Pritchett 1991, p. 46 ; Kelly 2012, p. 292.
128 Ibid., p. 293.
129 Ibid., p. 293.
130 Pritchett 1991, p. 46.
131 Végèce, I, 16 (éd. M.D. Reeve, Oxford, Clarendon Press, 2004).
132 Diaz Ariño 2005, p. 219, n. 3.
133 Rihll 2009, p. 162, n. 101 : en s’appuyant sur des tests balistiques, il avance l’idée qu’un trait lancé par un frondeur ne va pas assez vite pour transpercer la peau humaine. Selon lui, seule une glans tirée par une machine peut arriver à ce résultat. On objectera toutefois que certaines glandes étaient munies de pointes (aculei), et que même si le projectile ne pénétrait pas complètement la chair, il devait rompre le tissu épidermique. Voir Tite-Live, XXXVIII, 21, 11.
134 Tite-Live, XXXVIII, 21, 11 : Iidem, cum aculeus sagittae aut glandis abditae introrsus tenui uulnere in speciem urit.
135 Kelly 2012, p. 293.
136 Lucrèce, De Natura Rerum VI, 177-179, 306-308 (éd. O. Sers, Paris, Les Belles Lettres, 2012) ; Virgile, Énéide IX, 586-589 (éd. J. Perret, Paris, Les Belles Lettres, 2008) ; Ovide, Métamorphoses II, 727-729 (éd. G. Lafaye, Paris, Les Belles Lettres, 2015) ; Lucain, Pharsale VII, 512-516 (éd. A. Bourgery, M. Ponchont, Paris, Les Belles Lettres, 2002) ; Sénèque, Questions naturelles II, 57, 2 (éd. P. Oltramare, Paris, Les Belles Lettres, 2002) ; Stace, Thébaïde X, 531-536 (éd. R. Lesueur, Paris, Les Belles Lettres, 2003).
137 Ma 2010b, p. 169 ; Avram, Chiriac, Matei 2013, p. 290.
138 Ma 2010b, p. 172. Voir aussi Kelly 2012, p. 285.
139 Ma 2010b, p. 171.
140 Ibid., p. 173.
141 Diaz Ariño 2005, p. 231.
142 Ma 2010b, p. 171.
143 Kelly 2012, p. 298.
144 Tuck 2005, p. 59.
145 Diaz Ariño 2005, p. 231. Voir aussi Borgies 2016, p. 455.
146 Ma 2010b, p. 172 : « L’identité propre, déclinée dans un contexte de violence collective, constitue à elle seule un défi à l’ennemi ; elle personnalise et anoblit le combat à longue distance par jet de projectiles. »
147 Henry 1970-1971, t. II, p. 107-108.
148 CIL, IX, 6086, 9 ; CIL, I², 2, 857.
149 CIL, IX, 6086, 10. Il s’agit de Cnaeus Pompeius Strabo, le père de Pompée le Grand.
150 Kelly 2012, p. 299.
151 Diaz Ariño 2005, p. 229, n. 98.
152 Borgies 2016, p. 455 : « Le message percutant est à la hauteur du choc provoqué par la balle de fronde au moment de l'impact. »
153 Benedetti 2012, no 31.
154 Henry 1970-1971, t. II, p. 72-75 pour une présentation de ces différents niveaux de dialogue.
155 Ibid., p. 66-67.
156 Ma 2010b, p. 164 : « Dans le cadre de la poliorcétique, la fronde et les projectiles de plomb constituent un système optimisé (longue portée, aérodynamicité et compacité des munitions) visant au contrôle des flux humains, et donc des espaces, par l’application massive (ou la menace de l’application) de moyens hautement vulnérants, à des fins tactiques. »
157 Ibid., p. 172.
158 Diaz Ariño 2005, p. 226-227 (exemple de Sertorius).
159 Hallett 1977, p. 151 : S’agit-il d’Octauianus ou de la forme féminine d’Octauus pour faire allusion à l’homosexualité supposée d’Octave ? Voir aussi Naspi, Radaelli 2011, p. 7 : les deux lectures sont possibles, Peto Octavia(ni) culum ou Peto Octavia(i) culum.
160 Benedetti 2012, no 29-31, p. 58-59 ; Mangiameli 2012, p. 200, n. 204.
161 Benedetti 2012, no 3-8, p. 26-28.
162 Suétone, Auguste 68, 1.
163 Ma 2010b, p. 172.
164 Dubreuil 2013, p. 415 : « Les mots, une fois prononcés, ont leur propre vie qui, en l'occurrence, est une vie de destruction. »
165 Henry 1970-1971, t. II, p. 71.
166 Ibid., p. 76.
167 Polybe, XIII, 3, 4 : διὸ καὶ συνετίθεντο πρὸς σφᾶς μήτ’ ἀδήλοις βέλεσι μήθ’ ἑκηβόλοις χρήσασθαι κατ’ ἀλλήλων (éd. É. Foulon, R. Weil, Paris, Les Belles Lettres, 2003).
168 Dubreuil 2013, p. 428 : par l’insulte, le soldat affirme sa uirtus tout en reprochant à son adversaire d’en manquer.
169 Mangiameli 2012, p. 200 : les inscriptions montrent une certaine tendance à personnaliser l’arme, à lui donner une identité propre.
170 Dubreuil 2013, p. 428 : par l’injure, le soldat combat aussi sa propre sauvagerie langagière, en la crachant et en l'expulsant.
171 Phang 2008, p. 75 et 79.
172 Ce travail a bénéficié du soutien du LabEx Archimède au titre du programme « Investissement d’Avenir » ANR-11-LABX-0032-01. Je tiens également à remercier M. Pascal Montlahuc, de l’École Française de Rome, pour ses précieux conseils et certaines références bibliographiques qu’il a pu me communiquer au cours de mon séjour à Rome, en juillet 2017, dans le cadre d’une bourse doctorale.
Auteur
Université Paul Valéry Montpellier III - LabEx Archimède
benlefebvre01@hotmail.fr
Doctorant à l'Université Paul Valéry Montpellier III, EA 4424 – CRISES, LabEx Archimède
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