Chapitre XVIII. La population du Congo
p. 487-506
Texte intégral
1Joint à une politique financière de pénurie et à un système économique déplorable parce que fondé sur la contrainte, le sous-peuplement de l’Afrique équatoriale fut une entrave majeure au développement du pays. Le problème de la main-d’œuvre fut, avec celui de l’impôt, le souci principal de l’Administration et des entreprises. Or la colonisation du Congo eut pour effet de restreindre une population déjà très insuffisante en imposant au pays une somme de travail disproportionnée à ses moyens : recrutements intensifs, salaires faibles, rations insuffisantes, travaux excessifs favorisèrent la propagation d’une série de catastrophes démographiques — dispersion des groupements, épidémies, famines — qui aboutirent au résultat inverse de celui que l’on avait recherché : en 1930, le Congo était enfin doté de quelques équipements de première nécessité (chemin de fer, routes, chantiers forestiers). Mais il était exsangue. Une partie de sa population connaissait probablement un niveau de vie inférieur à celui dont elle jouissait trente années auparavant.
I. LE PROBLÈME DE LA MAIN-D’ŒUVRE
1. Les recrutements
2Le besoin en travailleurs avait favorisé l’apparition d’entreprises de recrutement spécialisées, qui n’étaient pas sans rappeler de fâcheux précédents ainsi qu’en faisait foi ce prospectus d’une entreprise de Mayumba :
« Prix courant sans engagement pour l’année 1911 d’exportation de travailleurs.
Pour donner satisfaction aux désirs exprimés par plusieurs clients, nous avons l’avantage de vous communiquer un nouveau tarif applicable pour l’année 1911 qui, nous l’espérons, vous donnera satisfaction.
Par travailleur exporté, nous percevons une somme fixe de 35 francs comprenant : notre commission, les rations données à l’homme avant l’embarquement, l’impôt, le permis d’embarquement, le coût de l’engagement devant l’Administration, les frais de recrutement, d’embarquement au départ, de débarquement au retour, de correspondance, port de lettres, télégrammes.
Les hommes réclamant toujours un mois de solde au moment de l’engagement et l’habitude étant de le leur donner, nous leur verserons en argent une avance de un mois, dont nous vous débiterons au prix coûtant.
Comme par le passé, nous déclinons toute responsabilité pour les délais de livraison, les hommes malades ou trop faibles, ces gens étant engagés devant l’Administration locale qui a soin d’éliminer les non-valeurs.
La modicité de notre tarif ne nous permet pas non plus de répondre des cas de désertion, ou des accidents qui pourraient se produire, soit devant vous, soit devant l’Administration, notre rôle cessant une fois l’homme embarqué. »1
3Un véritable trafic de travailleurs s’était, en effet, organisé. Certaines Sociétés dissimulaient à peine leur recours à l’esclavage. Ainsi la Cie des Sultanats conseillait-elle, dans le livret imprimé d’instructions destiné à ses agents, de faire acheter par chacune de ses factoreries « un certain nombre [de femmes] pour les libérer. Celles-ci pourront être spécialement employées au potager, aux plantations, et à la préparation de la nourriture du personnel noir »2.
4D’autres pratiquaient ce commerce en grand. La C.F.C.O. fut convaincue d’organiser sur son territoire le ramassage des hommes valides et, « surprenant leur bonne foi », de les ramener au poste transformé en agence et de les vendre ensuite aux autres commerçants sans tenir compte de la réglementation en vigueur : de janvier à mars 1911, elle procéda à cette fin à 226 engagements3.
5En 1921, la S.H.O. s’efforçait, de la même façon, de recruter par la force en pays Bandjabi une centaine de bûcherons pour la Société Anonyme Industrielle du Bas-Ogooué (S.A.I.B.O.) : les ouvriers rassemblés à Mbigou révélèrent que l’agent recruteur, protégé par deux tirailleurs, leur avait seulement parlé d’un portage jusqu’à Mouila. La Société n’en protesta pas moins vivement contre l’attitude de l’administrateur :
« Au lieu de leur expliquer pourquoi on les engagerait [...], on leur dit qu’ils étaient libres de retourner chez eux et que personne ne les forçait à s’engager.
Il faudrait bien peu connaître les indigènes, M. le Gouverneur, pour savoir ce qui devait en résulter : tout le monde partit. »4
6La S.H.O., par une « conception féodale des droits du concessionnaire », prétendait en effet conserver sur son territoire le monopole du recrutement de travailleurs dont elle n’utilisait qu’une partie pour ses besoins propres : « Maîtresse de la main-d’œuvre disponible [...], libre de la répartir à son gré aux conditions qu’il lui plaira, [elle s’assurait] une source appréciable de profit par le trafic [au sens commercial du mot] des indigènes. »5
7Cependant, dès l’origine, l’Administration avait entendu préserver son droit de regard sur l’utilisation des travailleurs. En raison du manque de bras, l’émigration fut précocement entravée. Primitivement, l’Africain qui voulait quitter le pays devait se munir d’un passeport coûteux de 100 frs. En 1904, l’émigration fut radicalement interdite « sous quelque prétexte et motif que ce soit »6. On tenta même, avec un succès inégal, de recourir à l’importation de main-d’œuvre : les Kroumen servaient traditionnellement de pagayeurs et de manœuvres, les miliciens étaient généralement originaires du Sénégal. On attira des travailleurs du Dahomey, d’Accra, de Monrovia, de Sierra Leone. L’acclimatation, à la fin du xixe siècle, de condamnés annamites et chinois transportés à Libreville se solda par un échec. Ils furent rapidement décimés. Les rares survivants, libérés mais astreints à la résidence fixe, s’adonnèrent à des travaux de jardinage.
8En 1900, l’Administration avait commencé par réglementer le portage. Les maisons de commerce devaient faire viser par l’administrateur de la Région la feuille de route de leurs convois, avec un état nominatif des porteurs et les conditions d’engagement du chef de caravane7. Dans les régions dépourvues d’autre moyen de transport, la concurrence était vive entre le secteur public et le secteur privé. Dans le moyen Chari, l’Ouhamé-Nana revendiquait l’usage des Mandja situés sur sa concession ; sur l’Ogooué, la S.H.O., qui affirmait « les droits supérieurs de la société primant les prérogatives du Gouvernement colonial sur la question des moyens de transport » (Loango, porteurs indigènes et piroguiers), suscita à ce propos les pires ennuis à l’administrateur de la circonscription8. La pénurie toujours plus grave de main-d’œuvre face aux exigences croissantes des travaux publics (routes et voies ferrées) et des chantiers forestiers imposa, surtout au Gabon, un contrôle plus strict des enrôlements, subordonnés à partir de 1921 à une autorisation préalable portant sur la région du recrutement et sur le nombre d’individus qui ne pouvait « en aucun cas excéder le tiers de la population valide mâle, ayant atteint l’âge adulte, vieillards et enfants exclus »9. En 1925, une circulaire du Lieutenant-gouverneur rappelait les prérogatives de l’administrateur sur la répartition de la main-d’œuvre et prévoyait, pour chaque Africain engagé dans sa subdivision d’origine, un congé de deux mois sans solde à consacrer aux cultures vivrières. Mais rien n’était prévu pour ceux utilisés hors de leur circonscription10.
9D’une façon générale, l’état des engagés laissait fort à désirer :
« D’où provient cet état de misère physiologique [...] ? Les indigènes engagés sont presque tous jeunes, des adolescents non encore formés... Il serait utile d’instituer, au départ du port où ces manœuvres sont embarqués, une visite médicale qui assurerait à l’engagiste que les opérations de recrutement, auxquelles le colon n’assiste généralement pas en personne, ont été faites dans de bonnes conditions. »11
10Les abus n’en continuèrent pas moins de sévir jusqu’à la fin de la période :
« Je sais que les recruteurs ne sont habituellement pas les employeurs, et qu’une seule chose leur importe : livrer des hommes vivants. L’humanité n’est pas leur défaut dominant. »12
2. Contrats et salaires
11Théoriquement, tout emploi de longue durée (de trois mois à deux ans depuis le décret du 4 mai 1922) était garanti par un contrat inscrit sur le livret de son titulaire. En fait, le nombre des journaliers échappant à tout contrôle fut toujours prépondérant. Quant aux contrats, ils étaient l’objet de nombreuses irrégularités. La Société conservait généralement entre ses mains le livret, sous le prétexte d’ailleurs assez justifié que l’engagé ne savait où le garder13.
12Les contrats n’étaient guère visés par l’administrateur. Les clauses n’en étaient pas respectées : il n’était pas rare qu’un Africain, croyant s’engager pour une année, se trouvât en fait expatrié deux ans ou davantage, soit que l’employeur fît courir le point de départ du contrat seulement à partir de l’arrivée sur le chantier et déduisît de la durée de l’engagement les absences diverses de l’ouvrier, soit même qu’il considérât, sans le consulter, que le travailleur acceptait de renouveler le contrat à son expiration. Le salaire était payé en marchandises et non en argent, les acomptes n’étaient pas versés, malgré les stipulations contraires, et la ration distribuée n’était pas celle prévue à l’origine. Enfin des amendes très élevées (de 5 à 30 ou 40 frs, équivalant au salaire de quinze jours à un mois de travail ou davantage) étaient infligées pour désobéissance, retard dans l’exécution d’un ordre ou d’un travail, vol présumé, etc.
13Malgré la courbe ascendante des offres d’emploi, les salaires ne suivirent pas, au moins jusqu’en 1925. Compte tenu de l’inflation, ils eurent même tendance à se dégrader. Ceux d’après-guerre ne devaient guère dépasser les sommes allouées à la veille de la colonisation, à une époque où les premiers Blancs s’étaient montrés plus généreux que les colons leurs successeurs. Brazza, en 1885, payait ses hommes de 10 à 50 frs par mois, ou de 100 à 200 frs par an, à une époque, rappelons-le, où le caoutchouc était encore acheté 2 ou 3 frs (or) le kilo, contre 1 fr seulement vers 192014.
La main-d’œuvre au Congo1.
14Au Moyen-Congo, à la veille de la guerre, on comptait parmi les travailleurs recensés environ un ouvrier permanent pour dix journaliers. Mais la durée moyenne du travail de ces derniers ne cessait de s’allonger :
15Jusqu’à la guerre, la plupart des documents faisaient état de salaires mensuels de 10 à 15 frs pour les manœuvres ou coupeurs de bois15, de 40 frs environ pour un traitant (20 à 100 frs pour ceux de la S.H.O., selon leur aptitude à faire des affaires)16. Mais le paiement en marchandises rendait à peu près impossible l’évaluation de la somme effectivement versée. Toutefois, les salaires de l’Administration étaient nettement plus élevés que ceux du commerce. L’ouvrier permanent au service de la colonie aurait reçu en moyenne une vingtaine de francs par mois, et le journalier un peu plus de 70 centimes par jour :
16Après la guerre, les salaires se maintinrent encore plusieurs années au même tarif. En 1922, la C.F.H.C. payait ses travailleurs de 20 à 25 frs par mois à Mossaka, et seulement 15 frs dans l’intérieur17.
17La seule tentative de l’Administration couronnée de quelque succès fut d’imposer progressivement le paiement en numéraire et de fixer chaque année pour les Africains loués par contrat, en sa qualité de « tutrice des indigènes »18, une rétribution minimum qui fut d’ailleurs automatiquement comprise par les employeurs comme un salaire maximum. Nous avons vu dans le chapitre précédent comment celui-ci, encore très bas dans l’Oubangui-Chari-Tchad éloigné des centres du commerce (15 à 20 frs par mois en 1924-1925), s’éleva progressivement à une quarantaine de francs au Moyen-Congo, et même à 50 frs au Gabon19. Bien que cela fût encore très peu, la somme commençait enfin de représenter, chez des populations dont on s’efforçait en même temps de stimuler les besoins, une incitation suffisante au travail, si mal encouragé jusqu’alors. En même temps, une première réglementation des contrats d’apprentissage se préoccupait de faire acquérir aux travailleurs une formation professionnelle20.
18Cette évolution apparut seulement à l’extrême fin de la période. Auparavant, le recrutement et le travail forcés furent la règle pour une part importante des engagés, dont nous avons évoqué, à propos de l’exploitation forestière, le nombre excessif, surtout au Gabon, confronté au potentiel humain du pays.
3. L’aggravation du problème de la main-d’œuvre
19Il est très difficile d’évaluer le nombre de travailleurs touchés avant la première guerre mondiale. Les témoignages concordent cependant pour faire remonter à la période 1915-1917 le renforcement des mesures autoritaires de recrutement. Elles visaient, à court terme, à approvisionner en hommes les colonnes dirigées sur le Cameroun, mais surtout à encourager la production, dans un premier temps au nom de l’effort de guerre, maintenue ensuite dans le cadre de la promotion économique du pays.
20Au moment où la route du Moyen-Chari venait enfin d’être ouverte aux véhicules automobiles, les opérations militaires conduites aux confins du Gabon et de la Sangha furent l’occasion du dernier appel massif de porteurs. Les populations de la région côtière du bas-Ogooué et, dans une moindre mesure, de l’intérieur, durent inlassablement fournir la main-d’œuvre nécessaire aux transports. En décembre 1915, la colonie avait déjà fourni approximativement 30 000 hommes. Elle envoya encore à Douala 700 hommes de janvier à mars 1916, et à Oyem 463 porteurs permanents et près de 3 000 occasionnels. De l’avis même du Lieutenant-gouverneur, on avait « dépassé de beaucoup la limite qui, en temps normal, paraissait à peine pouvoir être atteinte », alors même que l’on devait y ajouter le recrutement de 500 tirailleurs destinés à la Défense Nationale21.
21Devant l’ampleur de l’effort à fournir, la colonie s’était vue dans l’obligation de se substituer aux entreprises privées pour assurer le transport et le ravitaillement des troupes. Or, avant cette date, si l’on excepte l’exigence de l’impôt et, localement, l’organisation du portage au Moyen-Chari, les administrateurs ne s’étaient généralement intéressés à la main-d’œuvre que pour viser les permis sollicités par les agents recruteurs. A partir de 1915, en revanche, fut élaboré un Programme d’intensification de la production dont ils étaient appelés à devenir les maîtres d’œuvre22. Une circulaire préconisa l’organisation, par les chefs de subdivision, de chantiers de cueillette des produits désignés comme stratégiques (caoutchouc, palmistes, ricin, etc.), sous la surveillance d’agents désignés par l’autorité, chefs ou, à défaut, interprètes ou gradés de la garde régionale23. En cas de refus, l’Africain se mettait dans « le cas du contribuable qui refuse d’acquitter son impôt ». Une coalition des villageois constituait un « trouble politique » passible de l’internement prévu au Code de l’Indigénat. Les gardes, qui « devaient agir en principe seulement après avoir reçu les ordres formels des chefs de subdivision », furent habilités à procéder à des arrestations immédiates en cas de flagrant délit.
22Les premiers résultats se firent sentir aussitôt : dans l’estuaire du Gabon, des villages qui s’étaient jusqu’alors adonnés seulement au commerce des bois, en crise depuis le début de la guerre, préparèrent du caoutchouc. Dans les Bacougnis et le Kouilou, d’importantes caravanes de palmistes furent acheminées vers la côte24.
23L’effort fut maintenu après la guerre avec les cultures obligatoires organisées autour des villages-centres créés par l’Administration. Les premières instructions prescrivant de regrouper les campements disséminés en brousse remontaient à 191125. Mais l’Administration était encore paralysée par le problème toujours non résolu des « réserves indigènes ». L’abandon du principe des réserves, qui coïncidait avec le recul du système concessionnaire, permit à l’Administration de prendre en main le problème rural. Les premiers regroupements instables eurent lieu à partir de 1914 au Moyen-Congo. Le long de la route Ouesso-Liouesso, le chef Couangala accepta de s’installer avec sa famille sur les bords de la Kandeko au début de l’année. A la fin de 1915, le village comptait 200 cases regroupant divers clans jusqu’alors dispersés en brousse. De la même façon, sur la route Makoua-Liouesso, un village Moye de 250 cases fut édifié26. Le mouvement ne cessa dès lors de s’amplifier. Après la guerre, on s’efforça de substituer aux petits groupes traditionnels des chefferies administratives confiées, à un niveau territorial supérieur, aux chefs considérés comme les plus « actifs » et les plus « dévoués »27.
24Le rassemblement des villages le long des grands axes de circulation permettait de mieux organiser l’économie du pays, et facilitait surtout le contrôle des populations : recensements, perception de l’impôt, organisation des marchés hebdomadaires, levée des travailleurs, cultures obligatoires et prestations. Celles-ci furent également organisées à cette époque, par l’arrêté du 7 avril 1915 qui commença d’entrer en vigueur en 1918. Leur but était d’assurer des travaux d’intérêt local (entretien des rues de village, débroussaillement des abords, aménagement des postes, construction des paillottes abritant les marchés et les gîtes d’étape) en accord avec les chefs de groupe ou de village. Fixées primitivement à sept jours par an, elles furent portées à un maximum de quinze jours en 192528. En même temps, le ravitaillement des prestataires, abandonné jusqu’alors aux femmes de leur village, fut prévu pour ceux qui étaient employés à plus d’un jour de marche (30 km) de leur résidence. Malgré sa durée limitée, l’obligation, s’ajoutant aux recrutements imposés par le chemin de fer, fut très impopulaire29. Son application laissait fort à désirer : dans les Bakongos, par exemple, l’administrateur de subdivision transmettait aux chefs traditionnels la nature des travaux à effectuer, mais les laissait recruter eux-mêmes les travailleurs comme ils le jugeaient utile. Un garde régional surveillait sur le chantier l’exécution de la tâche. Mais les chefs de villages assumaient l’organisation du travail et le remplacement éventuel des travailleurs : aucun contrôle n’était donc exercé sur le nombre de journées fournies par chacun, et tous les abus étaient possibles30.
25Dans certaines régions, l’obligation était lourde. Ce fut le cas pour le réseau routier de l’Oubangui-Chari, porté de 1918 à 1925 de 340 à 4 000 km par le Gouverneur Lamblin, et surtout pour le projet de prolongement de la voie nord-sud destinée à relier Brazzaville à Ouesso puis à Bangui. Paradoxalement, la C.F.H.C., dont c’était le territoire, se fit le champion de la défense des travailleurs en réclamant un usage plus modéré de la main-d’œuvre prestataire, tandis que celle-ci, pour échapper aux opérations de recrutement forcé, se réfugiait dans les centres agricoles et forestiers de la concession dirigés par des Européens. Le mouvement avait commencé dès 191731 ; mais en 1928, le conflit était toujours aigu32. A cette époque, l’essor de l’okoumé et le drame du chemin de fer avaient déjà depuis plusieurs années achevé de désorganiser la main-d’œuvre.
II. LE RECUL DÉMOGRAPHIQUE
1. Les épidémies
26Aux méfaits du régime concessionnaire proprement dit — localisés surtout aux confins du Moyen-Congo et de l’Oubangui-Chari — s’ajoutèrent donc sur l’ensemble du territoire ceux de la contrainte du travail aggravée par la guerre et ses séquelles.
27A partir de la première guerre mondiale, en effet, se développèrent de véritables catastrophes démographiques, épidémies et famines, avec une vigueur probablement inconnue jusqu’alors, si l’on excepte les ravages provoqués par la maladie du sommeil depuis la fin du siècle précédent.
28En 1898 avait débuté dans le Niari une terrible épidémie de maladie du sommeil « déclenchée par le passage répété des porteurs loango, qui répandaient et renouvelaient les germes, dans des conditions propices au renforcement de leur virulence, elle ne s’éteignit, vers 1912, qu’avec l’abandon de la voie de portage »33. En une quinzaine d’année, la maladie détruisit probablement plus de la moitié de la population de la plaine et, favorisée par le développement des communications, se propagea le long des grands axes avec le déplacement accru des hommes contaminés. Leur arrivée au Gabon y importa la maladie : en 1904, un cas était signalé à Ndjolé parmi les travailleurs loango de la S.H.O.34 Puis elle gagna la région des lacs où elle sévit toujours à l’état endémique35. Sur le Congo, elle s’attaqua d’abord aux populations Boubangui dont nous avons évoqué la décimation. Elle se propagea d’autant plus aisément qu’il n’existait, en dehors de Brazzaville, que deux formations sanitaires seulement, à Ouesso et à Makoua — encore la seconde fut-elle supprimée au moment de la guerre par manque de personnel36. Le « camp de ségrégation » de Brazzaville abritait en moyenne 65 malades au début du siècle. En 1911, sur 426 Africains hospitalisés, 94 étaient morts de la maladie du sommeil et, sur 8 661 examinés en 1913, 300 malades furent détectés. Les « isolés » étaient d’ailleurs passés à 300 en 1915. C’était une goutte d’eau dans la mer : la trypanosomiase suivait partout en amont une progression ascendante, surtout dans la basse Mossaka, l’Ibenga-Likouala et la haute Sangha, en amont de Ouesso où l’on avait isolé, à Nola, 130 malades — la basse Sangha étant encore, curieusement, indemne37 :
« Ici c’est un village entier qui, en quelque temps, paie son tribut à cette affection, là c’est une population qui fuit devant la maladie et qui va semer plus loin l’infection, trainant des malheureux déjà malades ou d’autres ayant la maladie en incubation. Plus loin c’est un groupe que l’on ne retrouve plus, mais des cadavres d’indigènes sans sépulture donnent la clé du mystère. »38
29Les rives du Congo et de l’Oubangui entre Bonga et Bangui, non encore atteintes en 1911, furent à leur tour contaminées dans les années suivantes39. La maladie commença d’y régresser vers 1925 seulement, à la suite d’un sérieux effort de l’assistance médicale en A.E.F. (658 000 individus examinés en 1924, 787 000 en 1925). Mais, après une accalmie jusqu’en 1928, l’appauvrissement général provoqué par la grande crise entraîna une recrudescence de l’affection, car le progrès des campagnes de dépistage, nul depuis quelques années et décisif seulement à partir de 1930, ne suffit pas à expliquer la remontée des chiffres :
30Seul le Moyen-Congo était, à cette époque, presque entièrement couvert par les équipes mobiles du service de prophylaxie. La moitié seulement de la population du Gabon et de l’Oubangui-Chari — alors proportionnellement la plus atteinte — et une proportion infime de celle du Tchad, beaucoup moins menacée en raison du climat, avaient été examinées.
31La maladie du sommeil, dont l’essor avait coïncidé avec la mise en place du régime colonial, commençait à peine sa première phase de régression quand, en 1919, l’épidémie de grippe qui sévissait en Europe gagna à son tour l’Afrique40. Elle atteignit une telle acuité que l’Administration tenta d’interdire, pendant une certaine période, la communication entre les villages pour en éviter la propagation41. La maladie aurait fait plus de 35 000 morts en pays Bakongo, et entraîné dans les circonscriptions militaires du nord de l’Ogooué la disparition de 10 % de la population42. Ses effets furent d’autant plus considérables qu’elle semble avoir sévi partout. Les survivants, affaiblis, devinrent à leur tour la proie de la variole, qui avait de tout temps provoqué de violentes épidémies, généralement localisées aux grands axes de communication : dans la basse Ngounié en 1864-1865, dans l’Ogooué en 1876, dans le pays Bakongo en 1888, à nouveau en basse Ngounié en 1897-1898, chez les Mandja en 1905, dans la vallée du Niari en 1912, 1918, 1925, dans le Como en 1922, sur le plateau Koukouya en 1925, etc.43
32Aucune indication ne permet malheureusement de se faire une idée des pertes encourues dans leur ensemble. Mais nul doute que leur recrudescence n’ait répondu à la première phase coloniale — 1890-1920 — et qu’elle n’ait contribué à achever de désorganiser une vie traditionnelle d’autosubsistance déjà très dégradée.
2. Les famines
33La population, grevée par une mortalité en hausse, eut, dans le même temps, à satisfaire les exigences accrues de la colonisation. Soit que les adultes en âge de travailler fussent drainés vers les grands chantiers, soit que les conditions du recrutement eussent provoqué la fuite des villages, soit enfin que la politique des regroupements autoritaires de campements disséminés jusqu’alors en brousse et que la pratique des cultures obligatoires d’exportation eussent contribué à désorganiser le rythme vivrier, de nombreuses régions avaient atteint un niveau tel de sous-peuplement qu’elles furent incapables de maintenir l’équilibre fragile de l’autoconsommation. Des famines éclatèrent. Certaines avaient assurément existé localement bien auparavant. Depuis l’occupation française, quelques zones particulièrement défavorisées, comme celles situées aux abords de la route des portages du Chari, avaient connu ce phénomène. Mais il atteignit, à partir de la guerre, une ampleur jusqu’alors inconnue, y compris dans les régions les plus réputées pour leur abondance en vivres : en 1919, le manioc vint à manquer chez les Batéké de la haute Alima. En avril, le Père supérieur de la mission de Lékéti parlait de famine et le mois suivant les Mbochi de l’Alima commencèrent, eux aussi, à souffrir de la disette dont les effets se firent sentir jusqu’à la fin de l’année. Les missionnaires durent renvoyer une partie de leurs élèves : « Ce qu’il y a de plus fort, c’est qu’on leur fait descendre du manioc alors qu’ils en manquent eux-mêmes. Mais ils se laissent faire car ils gagnent ainsi le pata de l’impôt. »44
34Dans le pays Fang, les signes avant-coureurs de la famine remontaient également à 191845. La crise reprit en 1921, et les premiers décès survinrent fin 1922. Ils s’étendirent progressivement à tout le pays Fang et le long de l’Ogooué et de la Ngounié. Un témoin de Ndjolé nous décrivait les cadavres qu’il se souvenait avoir vus le long des pistes dans son enfance46 . Un autre, de Lastourville, évoquait également les scènes désolantes de fuite et d’épuisement auxquelles il avait encore assisté quelques années plus tard47.
35Dans le pays décimé, le calme revint progressivement à partir de 1927. Mais, pour être d’une virulence exceptionnelle, la grande famine du Woleu-Ntem, prolongée dans tout le pays Fang, ne fut pas un cas isolé. Et malgré la phrase optimiste du Gouverneur général Antonetti en 1928 : « Depuis trois ans, fait nouveau dans son histoire, aucune famine n’a sévi en A.E.F. »48, les rapports des administrateurs locaux citèrent encore longtemps des cas alarmants de disette :
« La situation agricole est [...] aujourd’hui, plus que jamais, le principal souci [...]. S’agit-il des terres de l’intérieur ? Là nous savons qu’il n’y a rien eu de fait en 1928, que des gens cette année sont morts de faim. »49
36Gilles Sautter a montré comment la famine, qui s’atténua seulement après 1925, n’était pas seulement redevable à des causes accidentelles (absence de saison sèche en 1924, déprédation des animaux, etc.), mais bien à une rupture de l’équilibre alimentaire résultant de l’intervention coloniale, qui exagéra le prélèvement simultané de vivres et de travail. La crise de 1930, en interrompant brutalement la plupart des transactions, ôta aux habitants la possibilité de remédier par le commerce à la pénurie de vivres locaux :
« C’est sur le prix payé au producteur que la baisse se fit le plus lourdement sentir. Le pouvoir d’achat de l’indigène se réduisit dans des proportions que les crises antérieures n’avaient jamais connues. »50
37La famine menaçait à nouveau un peu partout51. Les dangers commençaient heureusement d’être réduits par l’attention enfin portée par l’Administration aux plantations villageoises. Mais l’équilibre ne fut guère rétabli avant 1936.
III. LE BILAN DÉMOGRAPHIQUE
38Un des problèmes les plus souvent posés, et les plus difficiles à résoudre, est de déterminer si la population congolaise a décru sensiblement du fait de la colonisation. G. Sautter a montré récemment qu’en dépit de la montée apparente des chiffres, redevable exclusivement aux progrès des dénombrements administratifs, la population était restée, au mieux, stationnaire entre 1920 et 1930.
39Rejetant les données officielles, « hautement fantaisistes », qui précédèrent la première guerre mondiale, G. Sautter en conclut cependant, comme nous avons précisément tenté de le montrer — que la période 1900-1930 formait un tout, et que la stagnation de la population entrevue par les premiers recensements était bien antérieure à 1920. Nous ajouterons, malgré les réserves que doivent inspirer les chiffres disponibles, que le recul nous parait indiscutable, au moins jusque vers 1925 — époque de la mise en place des premières mesures sanitaires efficaces56.
40Pour cette période reculée, le Moyen-Congo apparaît comme le seul pays où des recherches chiffrées puissent être menées avec un minimum de précision.
41Le Gabon, en effet, ne commença guère d’être correctement administré avant la décennie 1920-1930. Plusieurs régions, telles que le Woleu-Ntem, le pays Awandji et les confins du haut Ogooué avec la zone limitrophe du Congo, restaient encore à peine contrôlées. Il n’y eut pas avant cette époque d’estimation scientifiquement valable de la population. Mais nul doute que le seuil de sous-peuplement, constamment dénoncé par les contemporains, n’ait été déjà franchi : en 1915, le Lieutenant-gouverneur signalait la régression des habitants, malades, « débauchés » et alcooliques. Il notait surtout le trop faible nombre des enfants — à supposer même qu’un certain nombre eût échappé aux recensements : 2 182 pour 10 382 adultes dans la Circonscription de Bongo (Setté-Cama), 4 246 pour 21 395 dans l’Estuaire. La population du Gabon, qui avoisinait alors 400 000 habitants, a vraisemblablement perdu au moins une dizaine de milliers d’individus de 1933 à 1955. L’évolution, qui remontait à la fin du xixe siècle, sinon auparavant, résultait effectivement d’une mortalité considérable chez l’adulte, jointe à une natalité réduite, et aggravée d’une mortalité infantile extrêmement élevée57.
42En Oubangui-Chari, les chiffres sont également difficiles à déterminer. Les premières estimations officielles remontaient aux années 1920. Encore le chef de la colonie soulignait-il, à cette date, leur caractère hautement hypothétique, compte tenu de l’imperfection des dénombrements effectués à l’aide des renseignements recueillis au cours des tournées ou fournis par les chefs de populations mouvantes qui franchissaient volontiers les frontières du Cameroun ou du Soudan anglo-égyptien.
43Le tableau ci-dessous permet tout au plus de constater — à supposer que les chiffres de 1920 soient acceptables — la diminution quasi générale de la population dans toutes les circonscriptions répertoriées, sauf pour les zones d’accès difficile dont les habitants avaient encore manifestement échappé au recensement (Haute- Kotto, Haut-M’Bomou et Ouham-Pendé). Si l’on excepte ces trois cas, la population serait passée, en une dizaine d’années, précisément dans la région affectée par le régime concessionnaire, de 480 000 à 360 000 habitants. Voilà qui corrobore les témoignages des contemporains sur les contraintes exercées dans le pays par les intérêts privés, au premier chef par la Cie Forestière Sangha-Oubangui58.
44Au Moyen-Congo, les statistiques officielles publiées par le Ministère des Colonies attribuaient en 1906, tout à fait arbitrairement, une population de 3 millions d’habitants (contre 10 millions à l’ensemble du Congo français, dont 3,6 millions recensés).
45L’année suivante, le Dr Cureau, tablant sur une densité moyenne de deux habitants au kilomètre carré, arrivait à l’évaluation plus raisonnable, mais encore purement a priori, de 800 000 habitants seulement. La première tentative d’estimation objective, tirée en 1909 des comptes rendus des administrateurs, ramenait le chiffre de la population totale probable à 721 000 habitants. Le nombre des hommes adultes était estimé à 226 000, les hommes effectivement imposés, d’après les rôles de capitation, atteignant 126 324.
46Certes, la baisse générale des effectifs dans les diverses circonscriptions jusqu’en 1923 n’est pas très significative, compte tenu des incertitudes concernant les premiers chiffres. Il faut noter cependant la chute brutale affectant le Bas-Oubangui (Ibenga-Motaba-Likouala), qui correspondit assurément à un phénomène réel : celui de la quasi-désertion du pays sous l’effet du régime de la Cie Forestière et de la maladie du sommeil. Dans l’ensemble, il est loisible de constater, dès cette époque, que la répartition de la population était, dans ses grandes lignes, analogue à celle décrite une cinquantaine d’années plus tard par G. Sautter59 : les régions les plus denses étaient la zone attractive de Brazzaville, le Bakongo et la Bouenza, enfin la Likouala-Mossaka. Les surfaces aujourd’hui désertées étaient déjà très peu peuplées : pays Batéké (sauf le plateau Koukouya) et Moyenne-Sangha. Il est enfin remarquable de noter, dans la dernière décennie, la stagnation de la population qui, sauf dans la Bouenza-Louessé, resta partout inchangée ou en légère régression entre 1923 et 193360.
47Compte tenu du caractère approximatif des estimations, il est hasardeux de vouloir leur faire dire davantage. Les chiffres avancés se contentaient en effet de regrouper les renseignements fournis par les administrateurs en tournée, et de généraliser au kilomètre carré les densités observées sur plusieurs itinéraires et dans certaines régions mieux connues que les autres. La répartition entre hommes, femmes et enfants était également établie par comparaison avec les chiffres fournis par les recensements des villages « très soumis »61.
48Jusqu’à la guerre, l’incertitude resta grande, en raison du nombre des habitants non recensés qui continuait de faire l’objet de supputations arbitraires62.
49En admettant la valeur du nombre des individus non recensés — soit que, dans les régions soumises, les villageois eussent réussi à dissimuler une partie de la population au contrôle de l’Administration, soit qu’il s’agît de zones encore impénétrées — on aurait assisté, en quelques années, à une chute de la population de près du tiers — de 800 000 environ avant-guerre à seulement 587 000 en 1921. Certes, il est probable que le chiffre des 600 000 non recensés était fortement surévalué. Il n’en reste pas moins qu’entre 1914 et 1925 le recul fut sensible, et que le redressement de la situation fut ensuite extrêmement lent.
4. L’éveil de la population
50Gilles Sautter soulève, à propos des épreuves traversées par le Woleu-Ntem entre 1920 et 1926, la question de savoir pourquoi les Fang n’avaient pas davantage résisté. Il invoque à ce sujet la responsabilité d’« une intervention administrative beaucoup trop lourde [qui] avait abouti à dérégler les rythmes de la vie villageoise, et bloquer le mécanisme délicat où tout se tient. Quelque chose comme une mise au point mort en avait résulté, une démission collective devant les forces perturbatrices. »63
51En 1927, Gide avait été, de la même façon, frappé de l’hébétude des populations Baya :
« Quantité d’insignifiants petits villages — si l’on peut appeler ainsi des groupements de quelques cases misérables [...]. Et cette absence d’accueil, à notre arrivée, de sourires et de saluts à notre passage ne semble point marquer de l’hostilité, mais la plus profonde apathie, l’engourdissement de la bêtise [...]. Quand on tend à quelque enfant un sou neuf, il s’effare [...]. L’idée qu’on puisse lui donner quelque chose ne saurait l’atteindre... »64
52Mais cette apathie, dénoncée à l’époque par les administrateurs en poste au même titre que la « paresse » de populations à la fois si mal et si durement incitées au travail, fut loin d’être la règle. Au contraire, le Congo fut, tout au long de son histoire coloniale, le champ de révoltes incessantes ; la « pacification » ne fut que très tard un fait accompli dans certaines zones jusqu’alors impénétrées, telles que le pays Awandji ou le pays Baya. A plus forte raison fut-elle chèrement acquise auprès des populations nomades du Tchad.
53Nous avons déjà évoqué, à partir des années 20, les mouvements de résistance d’inspiration messianique qui se dessinèrent un peu partout et prirent dans certaines régions (Bakongo, Baya) une ampleur remarquable. Mais c’est dans les villes et dans les zones les plus anciennement liées à l’Europe qu’apparurent les premières manifestations organisées à coloration politique. Dans ces régions, l’enseignement, malgré ses insuffisances, commençait de donner ses premiers résultats : à l’issue de la période étudiée, en 1934, les missions comptaient un peu plus de 9 000 élèves65, et les écoles publiques, encore inexistantes à la veille de la guerre (il existait seulement en 1910 à Libreville une école du soir, de 18 h 30 à 19 h 30)66 en formaient 6 50067. Sur ce dernier total, une vingtaine d’écoles « urbaines » étaient animées par 33 instituteurs européens, tandis que 119 Africains tenaient les 72 écoles de village. Sur le littoral gabonais surtout, où l’exploitation forestière donnait une vive impulsion à l’économie du pays, se développait, bon gré mal gré, un salariat dont la rupture avec le milieu traditionnel favorisait l’ouverture à des problèmes nouveaux. Les autorités s’inquiétaient d’une opposition naissante.
54Jusqu’alors, dans les régions les plus soumises, les réactions de mécontentement avaient pris la forme d’une résistance passive à tendance conservatrice. Les administrateurs se plaignaient surtout de l’« inertie » des populations, et dénonçaient l’influence hostile des vieillards détenteurs des traditions, des « fétiches » et de la richesse. Les premiers symptômes d’une agitation de type moderne survinrent au lendemain de la première guerre mondiale. Ils se développèrent parmi quelques centaines d’« évolués », M’Pongwé, Sekiani et parfois Fang à Libreville, Galoa à Lambaréné, N’Comi à Port-Gentil, surnommés les Boundjou vouco (les « Blancs-noirs ») par les gens de l’intérieur. Ces hommes, qui avaient reçu les premiers rudiments de la lecture et de l’écriture, généralement dans un établissement missionnaire, qui connaissaient le français et parfois l’anglais et vivaient à l’européenne, s’impatientaient de n’être toujours que des « indigènes » soumis à la tutelle de l’Administration coloniale. Leur opposition s’exprima d’abord par des pétitions adressées au Gouverneur. La tradition en était ancienne ; elle remontait au moins au xixe siècle. En 1902, à la suite du départ du Commissaire général Grodet imposé par les concessionnaires, les habitants de Libreville avaient protesté par ce canal contre l’aggravation des mesures prises par son successeur pour assurer la perception de l’impôt68. Depuis la mission de Brazza, ils n’avaient jamais laissé échapper l’occasion de rédiger quelque supplique chaque fois que passait un haut fonctionnaire chargé d’inspecter la colonie. L’inspecteur Frézouls avait ainsi reçu, en 1910, une plainte circonstanciée contre l’Indigénat, l’absence d’état-civil africain, le manque d’écoles laïques et le poids des impôts. La lettre révélait déjà une ébauche d’organisation, car elle était signée collectivement des « délégués de la population gabonaise », tous hommes apparemment instruits, commis de l’Administration ou employés de commerce, à l’exception d’un artisan forgeron69.
55A la suite de la guerre se constitua à Libreville, sous l’égide de J.B. N’Dendé, une section indigène de la Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen. D’abord limitée au territoire de la commune, l’activité du groupement s’étendit en quelques années à la totalité de la circonscription. Les adhérents des villages, groupés en sous-sections, venaient chercher les mots d’ordre à la ville. A Port-Gentil, où se trouvaient également en contact des Gabonais de toute origine au service des différentes maisons de commerce, le chef de l’agitation était Ogoula, qui servait d’intermédiaire à autour de lui une dizaine de jeunes N’Comi qui manifestaient périodiquement leur opposition par l’envoi de lettres de protestation. Leur but restait d’assurer le mieux être de la population sous l’autorité française. Mais l’Administration s’impatientait de leur « ingérence constante » visant à entraver son action « par tous les moyens et sous les prétextes les plus divers », notamment par des demandes d’explications réitérées à chaque occasion de mécontentement, et dans certains cas par le refus d’obtempérer aux ordres70.
56Ce courant demeura très limité jusqu’à la fin des années 20. Le Code de l’Indigénat permettait d’en entraver très vite les effets, et l’Administration locale réclama rapidement « quelques exemples sévères [...], quelques punitions disciplinaires — allant jusqu’à l’internement pendant quelques années — » susceptibles de le désamorcer à plus long terme71.
57Il n’en marquait pas moins le début d’une ère nouvelle. Une des premières conquêtes du mouvement fut d’obtenir, en 1927, une ébauche de réforme de la justice prévoyant une collaboration effective des « notables indigènes »72. Au Congo, la résistance prit des formes religieuses avant d’être politique, sous l’influence du messianisme bakongo, qui ne cessa de se manifester depuis les années 1920. Le plus célèbre mouvement fut celui de Simon Kimbangou, apparu au Congo Belge en 1921, et favorisé par les séquelles de la première guerre mondiale et la crise sur les produits coloniaux de 1921-1922. Le culte défini par le nouveau Messie ne se déclara pas, à l’origine, hostile au régime colonial. Mais les thèmes implicites de protestation et de révolte contenus dans ses prédications entraînèrent l’adhésion rapide de disciples radicaux qui provoquèrent de multiples incidents à caractère xénophobe73. Arrêté le 14 septembre 1921 et condamné à mort, mais grâcié et déporté au Katanga à la fin de l’année, Kimbangou devint, de ce moment, le symbole de la résistance. Du côté français, les premières manifestations, limitées à la région de Boko située en face du principal foyer kimbangiste, furent stoppées rapidement par l’Administration coloniale qui déporta au Tchad les trois principaux agitateurs. A la suite de troubles qui se prolongèrent de décembre 1923 à mai 1924, le mouvement fut paralysé par la répression. Après une lente reconstitution il reprit seulement à la fin de 1929 et s’épanouit parallèlement à la crise économique, qui accéléra la cristallisation de tous les mécontentements. Mais l’Église restait profondément marquée par ses origines messianiques.
58Le mouvement d’André Matswa, Mukongo de la région de Brazzaville, extirailleur de la guerre du Rif (1924-1925), s’affirma plus tôt comme l’expression d’une opposition au régime colonial. C’est à Paris qu’il fonda, en 1926, l’Amicale des Originaires de l’A.E.F., dont le succès foudroyant parmi le groupe Bakongo de Brazzaville, puis à Libreville et à Bangui, inquiéta d’autant plus vivement les autorités qu’il glissa bientôt vers l’action politique. Le rapport de 1928 signalait que « des manifestations se produisent sur les chantiers publics où les travailleurs, à plusieurs reprises, ont déserté le travail » et que « des Européens sont menacés ». En 1929, on estimait à 13 000 le nombre des membres résidant en A.E.F.74
59La répression s’abattit sur le mouvement dès 1929. André Matswa, condamné à Brazzaville, sous le prétexte d’un trafic d’argent, en avril 1930, fut déporté au Tchad et mourut en détention en 1942. Dès lors, il devint un héros mythique semi-divinisé, rejoignant Simon Kimbangou, mais aussi symbolisant la lutte des premiers « évolués » avec lesquels il avait travaillé en Europe. Certes, leur action était encore embryonnaire, puisque Matswa soutenait « le mirage de la citoyenneté »75. Mais le succès immédiat de ce thème dans les campagnes et les manifestations de Brazzaville en 1930, à l’occasion de son procès, révélaient la sensibilisation de l’opinion congolaise et les prémices d’une prise de conscience.
60Il serait évidemment du plus haut intérêt de suivre, à travers les rapports politiques, les témoignages sur l’évolution de l’opposition. Ce travail vient d’être rendu possible, depuis que nous avons terminé cet ouvrage, par l’ouverture des archives de la période. On y trouvera sans doute les traces d’une presse locale peu à peu diversifiée, ailleurs pratiquement introuvable, où commençaient de s’exprimer les premiers représentants notables des mouvements à venir76.
61Ces quelques éléments n’en apparaissent pas moins, une fois encore, comme autant de signes révélateurs de l’importance décisive de la décennie 1920-1930 dans l’élaboration progressive des structures économiques et politiques de la dernière phase coloniale.
Notes de bas de page
1 Berthelot du Chesnay et Cie, entreprise de cultures industrielles (cacao, kapok, kola, ricin, maïs et bananes). Mayumba, 20 oct. 1910. Mission Frézouls, 1910, Aix, 3 D.
2 Instructions au personnel des Sultanats, livret imprimé, 58 p., s.d., Conc., XXIV(2)-A(4).
3 16 pour Bruchard, 40 pour Rousselot, 15 pour Vecten, 12 pour Thomas, 11 pour la Cie Commerciale du Fernan-Vaz, 6 pour Sajoux, 40 pour Jeanselme, 15 pour Brandon, 71 pour son propre établissement de Mayumba. Gabon, Rapport sur les sociétés concessionnaires, 1910, Libreville, 13 mars 1911, Aix, 8 Q.
4 F. Coton, directeur général de la S.A.I.B.O., au Lieutenant-gouverneur du Gabon, Eshira (Bas-Ogooué), 17 déc. 1920, et Lieutenant-gouverneur à G.G.A.E.F., Brazzaville, 31 mai 1921, Conc., XXV-A.
5 G.G.A.E.F. à M.C., Brazzaville, 31 mai 1921, Conc., XXV-A.
6 Arrêté du G.G., 29 juil. 1904, supprimant « la délivrance du permis d'embarquement aux indigènes du Congo français qui voudraient s'engager dans les colonies étrangères ». Gabon, Rapport d'ensemble, 2e sem. 1904, [359], p. 23.
7 Arrêté du 20 déc. 1900, Libreville, J.O.C.F., 1e r janv. 1901. Le contrôle du recrutement par l'Administration fut théoriquement instauré par l'arrêté du 1er oct. 1904.
8 Plainte circonstanciée du capitaine Fabiani, administrateur de la Région de l'Ogooué, au Lieutenant-gouverneur du Gabon, Maniumba, 28 sept. 1907, Arch. S.H.O.
9 Arrêté du G.G.A.E.F., Victor Augagneur, Brazzaville, 17 févr. 1921, J.O.A.E.F., 1er mars 1921.
10 Circulaire du 15 juil. 1925.
11 Moyen-Congo, Rapport général, 1915, Aix, 4 (2) D.
12 Administrateur de la Circonscription des Adoumas (Lastourville), Rapport du 2e trim. 1929, Arch. Koula-Moutou, Gabon.
13 Par exemple : la C.F.C.O. inspectée par Cercus, 1906, Aix, 8 Q, et les résultats de l'inspection de Loisy auprès des travailleurs loango employée au Gabon, Brazza 1905-1.
14 Coquery-Vidrovitch [80], pp. 210 et 238.
15 15 frs par mois pour les coupeurs de bois de la C.F.S.O. (Mary) plus une ration de 10 à 15 frs ; 15 frs par mois pour les travailleurs permanents de l'Al-Ké-Lé, plus une ration de 10 à 12 frs. Moyen-Congo, R.G., S.C., 1913, Aix, 8 Q. 10 à 30 frs par mois pour les hommes de la Société des Plantations de Mayumba ; 50 centimes par jour (soit 10 à 15 frs par mois) pour les ouvriers de Sargos et Ancel, Moyen-Congo, Rapport annuel, 1915, Aix, 4 (2) D. 15 frs par mois le manœuvre au Gabon, Rapport sur les sociétés concessionnaires du Gabon, 1914-1915, Arch. Domaines, Pointe-Noire. La Société Forestière de Ndjolé créait des embarras à sa voisine la Cie du Fernan-Vaz en offrant 20 et jusqu'à 30 frs par mois. Gabon, Rapport sur les sociétés concessionnaires, 1910, Libreville, 13 mars 1911, Aix, 8 Q. Dans le Haut-Oubangui où les salaires étaient inférieurs en raison de l'éloignement des centres de commerce, « un tirailleur coûtait en tout douze à quinze francs par mois ». Capitaine Mahieu, Commandant de Région, à Brazza, Mobaye, 2 août 1905, Brazza 1905-I.
16 Traitant de l'Al-Ké-Lé : 40 frs par mois plus une ration hebdomadaire de 3 frs. Moyen-Congo, R.G., S.C, 1913, Aix, 8 Q. Sur la S.H.O. : capitaine Spies, commandant la Circonscription de l'Ofooué-Ngounié, au Lieutenant-gouverneur du Gabon, Mouila, 28 nov. 1912, Arch. S.H.O.
17 Rapport annuel de la C.F.H.C., 1922, Aix, 8 Q. Cf. aussi, sur la région de Moanda (Congo-Brazzaville), Rey [312] (paru quand le présent ouvrage était sous presse).
18 Article 5 du décret du 4 mai 1922 fixant le régime du travail en A.E.F., J.O.A.E.F., 1922, p. 262.
19 Arrêtés publiés au J.O.A.E.F. : Tchad, 17nov. 1928, p. 1234 (30frs) ; Oubangui-Chari, 6 nov. 1928, p. 1228 (25 à 35 frs) ; Moyen-Congo, 13 nov. 1928, p. 1208 (35 à 45 frs) ; Gabon, 20 sept. 1928, p. 1202 (40 à 50 frs).
20 Arrêté du 13 sept. 1926, réglementant le contrat d'apprentissage dans les colonies J.O.A.E.F., 1926, p. 635.
21 Gabon, Rapport annuel, 1916, Aix, 4 (1) D.
22 Circulaire du 13 févr. 1915.
23 Circulaires du 12 déc. 1915 et du 4 nov. 1916, Gabon, Rapport annuel, 1916, op. cit.
24 Ibid.
25 « Il apparaît comme une nécessité impérieuse de créer des centres importants de population. Vous devrez donc vous attacher à faire comprendre aux indigènes l'intérêt qu'il y a pour eux à se grouper et à renoncer à leur traditionnelle méthode de dispersion. » Circulaire du Lieutenant-gouverneur du Gabon, Libreville, 10 janv. 1911, Mission Frézouls, 1910, Aix, 3 D.
26 Moyen-Congo, Rapport annuel, 1915, op. cit.
27 Moyen-Congo, Rapport politique, 1923, Aix, 4 (2) D.
28 Dix jours annuels au Moyen-Congo, avec un rachat possible de 50 centimes par jour, arrêté du 6 oct. 1922, J.O.A.E.F., 5 nov. 1922, pp. 528-529. L'arrêté du G.G. du 7 janv. 1925, portant réorganisation du régime des prestations, exigibles de tous les hommes adultes à l'exclusion des infirmes, des femmes, des enfants de moins de quinze ans et des vieillards de plus de soixante ans, prévoyait de les consacrer uniquement aux travaux d'intérêt général (hygiène, routes, ponts, bâtiments administratifs, etc.), J.O.A.E.F., 1925, p. 74. Le rachat, maintenu à 50 centimes au Tchad (J.OA.E.F., 1926, p. 673), fut porté au Moyen-Congo de 0,75 à 1,50 fr (ibid., 1926, p. 707) et au Gabon de 1 à 2 frs (ibid., p. 697).
29 « La prestation est, d'ores et déjà, fort impopulaire et sa généralisation serait difficile. » Inspecteur Picanon, Rapport sur le Bas-Ogooué, 1919, Aix, 3 D.
30 Ibid.
31 Le Supérieur de la Mission de Boundji écrivait le 17 oct. 1917 à l'évêché de Brazzaville que « beaucoup [...] sont déjà partis travailler chez les Blancs, n'aimant pas rester dans leurs villages où l'on est constamment ennuyé pour le paiement de l'impôt et pour la production de travail chaque mois ». Cité par Mazenot [304], Chap. VIII.
32 Rapport Laperge, Brazzaville, 19 mars 1929, Conc., LI(7)-C(9).
33 Sautter [117], p. 624. G. Martin, Lebœuf et Roubaud, Rapport de la mission d'études de la maladie du sommeil au Congo français, 1906-1908, Paris, 1909, 721 p.
34 [359], p. 49.
35 On y avait à nouveau détecté neuf cas en 1965.
36 Moyen-Congo, Rapports annuels, 1911 et 1913, op. cit.
37 Ibid., 1911.
38 Ibid., 1915.
39 On n'y comptait, en 1911, pas plus de cinq à huit sommeilleux sur mille. Ibid, 1911.
40 Drs Huot, Marzin, Ricau, Grosfillez, David, « L'épidémie d'influenza de 1918 1919 dans les colonies françaises (suite). 2e Groupe de l'A.E.F. », Ann. Méd. et Pharm. Col., XIX, oct-déc. 1921, pp. 443-478.
41 Cie du Kouango Français, compte rendu annuel à l'Assemblée générale des actionnaires, 1919, Arch. Crédit Lyonnais.
42 Chiffres cités par Sautter [117], p. 968.
43 Ibid., pp. 753 et 968-969. Brazza 1905-I. Gabon, Rapport politique, 1922, Aix, 4 (1).
44 Lettre du Supérieur de la mission de Lékéti à l’évêché, 10 oct. 1919, cité par Mazenot [304], Chap. VIII.
45 « La famine règne en grand sur tout mon territoire », administrateur du poste de Médègue, 4e trim., 1918, cité par Sautter [117], p. 859. Sur l’ensemble de la famine au Woleu-Ntem, voir cet auteur, pp. 859-864.
46 Pasteur Paul Mengome, témoignage recueilli en oct. 1965.
47 Le Rév. Mac Donald Fairley, missionnaire presbytérien américain, était arrivé en 1930 dans le pays. Il évoquait, comme une des causes de la famine, les ravages d’un parasite du bananier — fait dont nous n’avons cependant trouvé la confirmation nulle part ailleurs.
48 Antonetti [61].
49 Circonscription des Adoumas (Lastourville), rapport du 2e trim. 1929, Arch. Koula- Moutou, Gabon.
50 S.H.O., compte rendu annuel à l’Assemblée générale des actionnaires, 1930, Arch. S.H.O.
51 Notamment dans la Ngounié. Circonscription des Adoumas, 2e trim. 1929, Arch. Koula-Moutou, Gabon.
52 Après addition du Haut-Ogooué.
53 Déduction faite de la Lobaye, de la Mambéré-Sangha et de la Kadeï-Sangha.
54 D’après le Rapport économique de 1923, Aix, 4 (2) D.
55 Déduction faite de la Haute-Sangha et du Haut-Ogooué.
56 Formations sanitaires au Congo français*.
*Annuaire statistique de l’A.E.F. [12], p. 54.
57 Dr Georgelin, « Notes médicales sur le Gabon. Les facteurs de dépopulation », Ann. Méd. et Pharm. Col., 1920, pp. 58-64.
58 Gide [165] ; Homet [172].
59 Voir les cartes de densité de la population jointes à son ouvrage [117], h.t.
60 La différence de 30 000 habitants en Bouenza-Louessé s’explique au moins partiellement par le progrès de l’administration dans la zone refuge des Monts du Chaillu assez tardivement pénétrée.
61 Moyen-Congo, Rapport annuel, 1911, op. cit., pp. 45-50.
62 Moyen-Congo, Rapports annuels, op. cit.
63 Sautter [117], p. 863.
64 Gide [165], p. 179.
65 Annuaire statistique de l’A.E.F. [12], p. 71.
66 Mission Frézouls, 1910, op. cit.
67 Dix Africains seulement fréquentaient alors un établissement secondaire. Annuaire statistique de l’A.E.F. [12], pp. 69-70.
68 Voir p. 121.
69 Boumba et Kénamy, écrivains au Secrétariat général ; Tambani, écrivain aux Domaines ; Révigné, commis des postes ; Auleley et N’Dinga, employés au câble ; Adibé et Bouma, employés à la S.H.O. ; Kidney, employé de Woermann ; Wando et Rapontyombo, traitants ; Ongomo, forgeron. Libreville, 7 déc. 1910, Mission Frézouls, 1910, op. cit.
70 Gabon, Rapport politique, 1922, op. cit. Les villages d’Owendo et de M’Bolenzork- Donghila furent pour cette raison punis d’une amende en 1922.
71 Ibid.
72 Décret du 29 avr. 1927, promulgué en 1928, accompagné de deux brochures d’instructions sur les détails d’application. Antonetti [61].
73 Balandier [62], p. 427 sq.
74 Ibid., p. 397.
75 Ibid., p. 399.
76 On ne trouve par exemple, aux archives de Dakar, que les journaux d’émanation française, tels que L’Étoile de l’A.E.F., d’inspiration pro-belge (Première année : 1928, tiré à mille exemplaires). Arch. I.F.A.N., Dakar. Le fonds SLOTFOM de presse d’opposition Outre-Mer conservé rue Oudinot et dorénavant ouvert jusqu’en 1940 devrait contribuer à combler cette lacune.
Notes de fin
1 Moyen-Congo, Rapport général, 1911 à 1915, op. cit.
2 Moyen-Congo, Rapports annuels, 1912, 1913 et 1915, Aix, 4 (2) D.
3 Annuaire statistique de l’A.E.F. [12], p. 62.
4 Annuaire statistique de l’A.E.F. [12], p. 62.
5 D’après Sautter [117], p. 984.
6 Oubangui-Chari, Rapport politique, 1920, Aix, 4 (3) D.
7 Annuaire statistique de l’A.E.F. [12], p. 35.
8 V. notes p. 503.
9 A partir de 1915, l’Alima fut fondue dans la Circonscription des Batéké.
10 En 1921, la majeure partie de la Circonscription des Bakongo fut confondue avec celle du Pool. Le reste constitua une fraction de la Circonscription du Chemin de Fer.
11 Déduction faite des terres cédées au Cameroun par l’accord de 1911 avec l’Allemagne.
12 D’après les Rapports annuels du Moyen-Congo, op. cit., et l’Annuaire de l’A.E.F. [12]. La colonne 1911 n’a été laissée qu’à titre de témoin, pour montrer le caractère approximatif et généralement exagéré des premières estimations. Les variations des limites et des appellations des circonscriptions — dont nous avons indiqué les principales — rendent, en fait, à peu près impossible une confrontation satisfaisante des diverses régions, et ce tableau ne vise qu’à fournir un ordre de grandeur.
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