Chapitre XIV. Les échecs
p. 311-340
Texte intégral
1Certaines Compagnies prirent rapidement conscience de l’inutilité de leurs efforts, et furent éliminées dans les premières années. D’autres végétèrent un peu plus longtemps, sans parvenir à réaliser de bénéfices, mais sans non plus connaître de pertes telles qu’une liquidation immédiate se fût imposée : tel fut le sort de la C.C.C.C.F., par exemple, qui, liée aux intérêts hollandais, disparut en 19141, ou de la Kotto qui obtint en 1918 une convention de résiliation sollicitée depuis la veille de la guerre.
I. UNE POLITIQUE BELGE D’OBSTRUCTION ÉCONOMIQUE ?
2Certaines, et non des moindres quant à la superficie, s’accrochèrent à une concession apparemment sans espoir, malgré un solde débiteur de plus en plus lourd chaque année. Un des cas extrêmes fut celui de la Mobaye, abandonnée à deux reprises (en 1902 et en 1906) mais remise en activité à chaque menace de déchéance. Le témoignage du seul agent sur place en Afrique révélait en 1903 l’état lamentable de la concession : à son départ d’Europe, le directeur lui avait affirmé que « rien ne manquait » en marchandises, vivres, matériel, médicaments, etc., et s’était engagé à lui envoyer sous peu un commis2. Sur place, il trouva le vide, et ne reçut jamais ni l’adjoint, ni les instructions, ni le ravitaillement promis. Le seul avis qu’on lui notifia fut de falsifier la comptabilité3. Quant à l’appui qu’il était censé trouver auprès du Crédit Commercial Congolais de Matadi, il lui fut refusé, la Société, malgré sa lettre de recommandation, n’ayant jamais eu affaire à cette maison. Le malheureux employé, à bout de résistance, dut finalement solliciter de l’Administration son rapatriement gratuit4. La conclusion s’imposait :
« J’ai été sciemment trompé [...]. Les quelques lettres que j’ai reçues de ma compagnie en Afrique ne sont écrites que pour me faire prendre patience [...]. Je suis la victime d’une combinaison financière quelconque qui n’a pas abouti en Europe. »5
3Cette « combinaison financière » n’était apparemment qu’une escroquerie. Le directeur, Arthur Roose, un Belge, fut en 1908 accusé d’avoir détourné 7 500 frs. Il fut éliminé en faveur de W. Guynet, qui ne parvint pas davantage à faire démarrer l’exploitation abandonnée en 19116. Il n’est pas exclu que le maintien de cette Société-fantôme ait pu représenter un moyen pour les milieux financiers belges (en l’occurence la Banque Africaine de Bruxelles) de parer au danger éventuel d’une concurrence française à l’État Indépendant. Car le cas de la Mobaye ne fut pas isolé. Le groupe Al-Ké-Lé, belge également, qui couvrait toute la rive droite du Congo comprise entre la Léfini et l’Alima (35 000 km2) se maintint jusqu’en 1929, malgré un solde constamment débiteur : l’ensemble parvint tout juste à résorber à l’extrême fin de la période les pertes accumulées durant les neuf premières années catastrophiques d’exploitation.
4On voit mal comment ces Sociétés, qui ne rapportaient rien à leurs actionnaires et, quoi qu’on en eût dit, fort peu à leurs administrateurs, auraient pu se maintenir sans l’appui de groupes voisins, évidemment intéressés aux affaires du Congo Belge. Quel avantage ceux-ci trouvaient-ils à prêter leur concours à des entreprises condamnées tant que les investissements consentis restaient inexistants ? En l’absence de manœuvres spéculatives apparentes, l’hypothèse demeure d’une volonté de « geler » le territoire, bien qu’aucun témoignage précis ne permette de l’affirmer.
II. LE VIDE GABONAIS : LE GROUPE DU VIVIER DE STREEL
5Il fut, en revanche, des cas où l’intention spéculative fut évidente. Nous avons, à plusieurs reprises, évoqué l’exemple des Sociétés gabonaises et le rôle joué dans leur élaboration et leur fusion par le Président-directeur général de la plupart d’entre elles, Du Vivier de Streel, qui avait su, dès l’origine, tirer parti de sa position privilégiée au sein du cabinet ministériel.
6Le tableau de la p. 314 permet de constater qu’à l’issue de dix années d’activité, une seule Société, la C.F.C.O., avouait un solde créditeur — d’ailleurs minime — de 58 000 frs, redevable jusqu’en 1905 à une prospérité factice acquise par la brutalité de ses méthodes d’exploitation. Les autres enregistraient des pertes qui variaient du quart de leur capital social (Littoral Bavili) à la moitié (Société des Factoreries de Ndjolé) ou aux trois-quarts (Setté-Cama) voire, pour un cas au moins, qui égalait ce capital (Haute-N’Gounié, perte de 1 million de francs). Or cette Société se maintint, sans augmentation de capital, jusqu’à la grande crise, avec des pertes qui atteignirent jusqu’à 1 300 000 frs7.
7Il va sans dire qu’aucune des Compagnies du groupe n’avait tenté le moindre investissement sérieux. En 1910, elles étaient en demi-sommeil. En un an, la Cie du Fernan-Vaz avait reçu, pour tout approvisionnement, mille francs de marchandises en février, deux chargements de pirogue en juillet et une caisse d’allumettes en novembre. Elle se consacrait à ses plantations d’Assenki, d’Asséné et surtout de Ninghé-Sika dirigées par trois agents de culture et un agent commercial8. La C.F.C.O. disposait, sur plus de deux millions d’hectares, de cinq agents européens et de deux comptoirs seulement, dont seul celui de Mayumba était quelque peu achalandé. La Cie du Setté-Cama avait quatre agents répartis dans trois factoreries. L’Ogooué-N’Gounié, dont un seul établissement était tenu par un Européen, limitait son activité au commerce des bois. La Haute-N’Gounié avait deux factoreries à Mouila et Sindara, gérées chacune par un Européen, et trois comptoirs de traitants sur la rivière. Elle utilisait seulement six pirogues en mauvais état. Enfin les Factoreries de Ndjolé, moins inactives, ne possédaient que six factoreries et une plantation à Ndjolé9.
8Malgré leur situation financière lamentable et leur inertie économique, les Sociétés gabonaises arrachèrent, la même année, à la colonie un accord avantageux, qui permit à la S.A.F.I.A. de survivre en monnayant les privilèges forestiers qui lui étaient accordés10. Il ne s’agissait pas d’une spéculation financière à proprement parler. Mais le groupe sut admirablement user des stipulations juridiques des contrats de 1899 pour revendre à l’État des territoires qu’il avait pourtant reçus non en toute propriété, mais à seule fin de les exploiter. Or son action avait abouti, au contraire, à paralyser l’évolution d’une région pourtant située à proximité du littoral, et auparavant ouverte au commerce concurrentiel dont les villageois se souvenaient avec une certaine nostalgie.
9Les Sociétés les moins dynamiques furent souvent les premières à revendiquer des indemnités compensatrices de l’État au nom de préjudices plus ou moins imaginaires. L’exemple le plus fameux, parce qu’à l’époque il provoqua un scandale au Parlement et parce que l’un de ses protagonistes, André Tardieu, occupa plus tard le premier rang de la scène politique, fut celui de la Ngoko-Sangha. Mais dans la même région, l’épisode de la Société d’Explorations Coloniales ne fut pas moins révélateur, puisque celle-ci réussit l’exploit de recevoir une indemnité pour une concession qui ne lui avait jamais été accordée.
III. LA POLITIQUE DES INDEMNITÉS : LA NQOKO-SANGHA
10La concession de la Ngoko-Sangha, qui consacrait, le 4 mai 1904, la fusion de la Ngoko-Ouesso et de la Sangha-Lippa-Ouesso, allongée de la haute Sangha (Bayanga) au Woleu-Ntem, était largement limitrophe du Cameroun. La frontière était alors déterminée par des lignes artificielles — méridiens et parallèles — dont on avait prévu la délimitation ultérieure sur le terrain11. Les incertitudes donnèrent lieu, entre-temps, à de fréquents incidents de frontière entre négociants français et allemands. La Sud-Kamerun Gesellschaft se montrait entreprenante. Dès 1900, elle prétendit avoir reçu, du Gouvernement allemand, l’autorisation d’établir des factoreries à l’embouchure de la Boumbé, située à plus de quinze kilomètres au-delà de la frontière d’après le croquis annexé au Protocole12. Elle se référait à une carte dressée par le docteur Plehn, directeur de la Société, pour fixer la frontière au sud de la N’Goko, et non pas au nord de cette rivière comme l’affirmait Mestayer, administrateur de la Compagnie française. Malgré un accord intervenu à Ouesso, au début de 1901, aux termes duquel les deux parties s’engageaient à respecter le statu quo13, d’année en année les incidents se succédèrent. En 1900 un détachement allemand fut convaincu d’avoir parcouru plus de cent kilomètres en territoire français14. Le 10 avril 1901, une factorerie française créée à Bomédali dans le territoire contesté fut repoussée par trois soldats allemands15. En octobre, les deux directeurs de la Süd-Kamerun, accompagnés du Commandant allemand, prétendirent supprimer la factorerie Émile Loubet — située pourtant à quinze kilomètres de la frontière — et arrêter son gérant. Ils confisquèrent une allège de la compagnie, dont la restitution fut subordonnée à une amende de 15 000 marks16. A la suite de la mission de délimitation Cureau (1900-1903), la Süd-Kamerun évacua en mai 1902 certains postes, mais y laissa des « clerks » chargés de drainer vers le Cameroun les produits récoltés17. En juin 1903, à nouveau, la Société allemande prit l’engagement d’évacuer les points occupés en territoire gabonais (N’Goko, N’Dongo, Matuli, etc.)18. Le pavillon français fut hissé à N’Dongo. Mais comme le poste fut aussitôt abandonné, les Allemands en reprirent possession. Chassés une nouvelle fois, ils n’en continuèrent pas moins à commercer dans la région19.
11Une nouvelle entrevue, à Moloundou, entre les représentants des deux Gouvernements et des Sociétés n’eut pas plus d’effet20. L’incident le plus vif survint en 1905 à Missoum-Missoum. Le poste, français, mais reconnu ultérieurement comme situé en territoire allemand (à trois kilomètres de la frontière), fut attaqué le 9 mai par les troupes allemandes21. Le chef de poste et quatre miliciens furent tués. Les travailleurs furent fait prisonniers. Quelques jours plus tard, deux administrateurs français furent accueillis au même endroit par des coups de fusil. L’incident, grossi par la presse, fit grand bruit22. Il détermina l’envoi d’une nouvelle commission mixte de délimitation dirigée, du côté français, de 1905 à 1907, par le capitaine Cottes23. Celui-ci établit que les maisons étrangères avaient spolié la région de 3 à 400 t de caoutchouc24. Il refoula les agents allemands de trente-cinq factoreries bien pourvues de marchandises, qui rayonnaient jusqu’à dix et douze jours de marche de la frontière, et remettaient des avances en marchandises aux chefs. Ceux-ci, à la saison de la récolte, fournissaient aux traitants africains installés tous les deux ou trois villages le caoutchouc évacué ensuite par des porteurs recrutés au Cameroun25.
12Dès l’origine, la Compagnie française avait fait état des dommages et intérêts auxquels elle estimait avoir droit26. Elle rejetait la responsabilité de son manque à gagner sur le Gouvernement, bien que le cahier des charges eût stipulé que le concessionnaire s’engageait « à ne réclamer aucune indemnité ni à la colonie, ni à l’État en raison des dommages qu’il pourrait éventuellement éprouver par le fait, soit de l’insécurité du pays, soit de l’émeute ou de la révolte des indigènes, soit de la guerre avec une puissance étrangère »27.
13D’année en année, la Ngoko-Sangha enflait le préjudice subi, évalué à 1 359 000 frs en 1902, à 1 500 000 en 190528. Le Ministère n’avait cessé de soutenir la Société auprès du Quai d’Orsay, afin de faire payer le Gouvernement allemand. Il crut liquider un double contentieux en autorisant le transfert à la Ngoko-Sangha de la compensation territoriale qu’il venait d’attribuer à la Société voisine d’Explorations Coloniales29. Ces 28 350 km2, dispensés de redevance pour dix ans, doublaient la concession (23 000 km2) qui engloba dorénavant le Woleu-Ntem jusqu’à la Guinée espagnole30.
14Bien qu’en échange la Société se fût engagée à renoncer aux deux recours introduits devant le Conseil d’État, elle exploita l’incident de Missoum-Missoum pour réclamer de nouveaux avantages31. La crainte de voir la presse, qui s’était emparée de l’affaire, envenimer les rapports franco-allemands déjà tendus à propos des affaires marocaines, incita le Département à tout accepter. La Société réclamait, cette fois-ci, l’attribution définitive d’une superficie équivalente à la zone des empiètements — soit 30 000 km2 sur un total de 52 00032. Un projet de décret fut même préparé sur ces bases, mais la discussion fut interrompue par une crise ministérielle33.
15L’époque était révolue de la politique des compensations territoriales étendues. La Société se rabattit sur une indemnité pécuniaire34. Elle mit à profit la nouvelle convention de délimitation du Congo-Cameroun (1908)35 pour chiffrer à nouveau les dommages subis, estimés à 8 500 000 frs, puis 12 675 000 frs — soit plus de quatre fois le capital de la Société. Enfin elle mit à exécution la menace de porter l’affaire devant l’opinion en adressant sa requête au Parlement36.
16Tout en reconnaissant qu’en droit la Société ne pouvait prétendre à rien, la Commission parlementaire jugea néanmoins équitable de l’indemniser d’un préjudice apparemment considérable. Le quantum fut laissé à l’appréciation d’une commission d’arbitrage. C’est alors qu’intervint officiellement André Tardieu37. Professeur à l’École des Sciences Politiques et chroniqueur diplomatique au Temps, il fut désigné par la Compagnie aux côtés du Gouverneur Merlin, représentant le Ministère38. La sentence conclut à l’attribution d’une somme de 2 393 000 frs, encore supérieure au capital versé39.
17Cette décision résultait, en fait, d’une combinaison diplomatique. Elle représentait le prix exigé par la Ngoko-Sangha pour participer au Consortium franco-allemand souhaité par les deux Gouvernements pour mettre fin aux conflits frontaliers40. Négocié avec Semler, Président de la Süd-Kamerun, membre du Reichtag et rapporteur du budget impérial des colonies, le Consortium prévoyait de confier la gestion de l’entreprise à un comité de négociants de Hambourg. Mais la crise du caoutchouc ralentit les pourparlers, devenus caducs à la suite de la révision des frontières de 191141.
18Il restait à trouver la somme. Pour éviter de porter le détail des transactions devant le Parlement, le Gouvernement avait décidé de la prélever sur le budget local de la colonie42. Mais celle-ci n’avait aucune disponibilité. Au moment précis où l’État s’efforçait de récupérer les terres grevées par le régime concessionnaire, la Ngoko-Sangha faillit ainsi bénéficier d’une nouvelle attribution. En échange de son acceptation de versements par annuités, à dater de 1914 seulement, elle reçut du Gouverneur général Merlin la promesse de 150 000 ha en toute propriété43.
19L’affaire échoua de justesse. La Commission du budget de 1910 avait inséré dans la loi de finances une clause nouvelle, stipulant que toute affectation supérieure à 100 000 frs devrait être examinée par le Parlement. Le scandale éclata. La Commission entendit tous les ministres intéressés, Tardieu, Henrotte (banquier et Président de la Société), et le capitaine Cottes. Elle conclut à des irrégularités certaines. Les débats se déroulèrent les 5 et 6 avril 1911. Jaurès réclama l’annulation de tous les compromis passés. Le rapporteur Viollette44 dénonça la convention : « Pas de Consortium. Donc, MM., et de la façon la plus fatale, pas d’indemnité. »
20La presse s’empara de l’affaire. Les partisans de la Ngoko-Sangha (Le Temps, L’Éclair, La France) soutinrent que, si l’on avait payé l’indemnité, Agadir aurait été évité. Ce fut la thèse de Tardieu qui, après avoir mené dans Le Temps la campagne en faveur du Consortium, voulut prouver que la malveillance du Parlement avait entraîné l’échec des accords de 1909 sur le Maroc45. Cependant, malgré un nouveau recours introduit par la compagnie en mai 1911, la question était en suspens lors de la déclaration de guerre. La concession, réduite des trois quarts en territoire français à la suite de la convention du 4 novembre 1911, fut affermée à la Cie Française du Haut-Congo, seule entreprise en mesure de l’exploiter, en raison de sa situation. Le Ministre entérina sa cession définitive en 191946. Quant au territoire momentanément passé sous domination allemande, il revint en 1922 à la Cie Congo-Cameroun47. Celle-ci abandonna ses droits trois ans plus tard à la Cie Forestière Sangha- Oubangui48. En échange de la renonciation à sa concession, elle lui cédait la faculté de choisir 15 000 ha pour cultures et plantations, et le monopole de l’exploitation du caoutchouc.
21Le scandale de 1911 avait mis fin aux prétentions de la Société. Si nous avons insisté sur le déroulement de son histoire, c’est qu’elle offrit un exemple parfois caricatural de ces manœuvres procédurières, dénoncées par les socialistes de l’époque, qui dénaturèrent à maintes reprises l’économie du Congo. La ténacité des dirigeants de l’entreprise à obtenir réparation suffit d’ailleurs difficilement à expliquer leur succès partiel. Quelle que fût l’ignorance des milieux politiques sur l’A.E.F., on comprend mal l’ardeur jamais démentie du Département des Colonies à soutenir la cause d’une Compagnie aussi inefficace sur le terrain. A supposer même que le Gouvernement se fût laissé abuser par les assertions réitérées de la Ngoko-Sangha, par ses volumineux mémoires surchargés d’évaluations incontrôlables et par l’importance prise localement par des incidents de frontière minimes, on comprend moins encore l’acharnement de la presse dans cette affaire ou les mobiles de certains parlementaires — notamment ceux de la Commission des Affaires Extérieures et Coloniales qui avalisa le principe d’une indemnité dont elle récusait catégoriquement le bien-fondé : il reste l’hypothèse, derrière cette affaire, d’un groupe de pression capable de soutenir le combat aussi longtemps. Le fait que le Président de la Ngoko-Sangha fût en même temps administrateur de la Banque d’Indochine, aux côtés de deux banquiers de moindre envergure49 et d’un important armateur50, serait un élément d’explication.
22Car le scandale effectif fut que la Société se révéla presque constamment une entreprise-fantôme. Les empiètements de la S.K.G. étaient légitimés par l’absentéisme français, aussi bien de l’Administration que du commerce. On peut d’ailleurs douter de leur portée économique, puisque la Société allemande, elle-même en piteux état, se saborda en 1910.
23Dans les premières années, un directeur actif avait créé plusieurs factoreries dans la zone orientale : Ouesso, Ngali sur la Ngoko, Ngoila à deux jours en amont et Sembé, point extrême de la navigation sur la Koudou. Enfin le poste de Rebulard, sur le Djouah, avait été abandonné à la suite de la rectification des limites entre S.H.O. et Ngoko51. En 1907, la Ngoko-Sangha employait une vingtaine d’agents secondés par des traitants assez bien rémunérés (jusqu’à 200 frs par mois). Mestayer estimait alors que son personnel africain était « le mieux payé, le mieux nourri, le mieux traité de tout le Congo français »52 — affirmation devenue caduque après la nomination de Gaboriaud, ex-administrateur, qui entreprit de réduire de façon draconienne les frais généraux.
24Le caoutchouc était apporté aux factoreries sous forme de boules pesant environ 650 g. Elles étaient payées en marchandises (machettes, poudre, etc.), au prix moyen de 75 centimes le kilo. La Compagnie, qui opposait un veto de principe à l’introduction du numéraire, avait en revanche développé dangereusement la vente des armes et des munitions : de 1900 à 1907, 10 745 fusils53, 200 000 capsules et 60 t de poudre de traite avaient été distribués. Ce commerce n’était pas étranger à l’accroissement des troubles en pays Bassangui entre Sembé et Djouah. Dès lors, le coup d’arrêt fut définitif. L’octroi du Woleu-Ntem ne fut guère suivi d’occupation. La Compagnie arguait de l’insécurité du pays. A la suite d’une campagne de presse lancée sur ce thème dans Le Matin, le Ministère donna l’ordre d’occuper militairement le pays54. On opta finalement pour une solution civile moins coûteuse. Malgré la création des postes d’Oyem, Bitam et Minvoul (juillet 1907) et l’envoi d’un nouveau renfort de 75 miliciens, le directeur de la Société dénonça à nouveau dans Le Matin l’arrestation par les Fang de deux agents. Il obtint la prise en main militaire du pays par 225 hommes et huit fonctionnaires répartis en cinq postes (Oyem, Nzork, Bitam, Minvoul et Alati)55.
25En principe, la Société entreprit alors des aménagements commerciaux. Elle déclarait en 1908 deux magasins sur la frontière allemande — Bitam créé en avril 1907 et Minvoul en octobre, reliés par un poste de traitant à Nébamem — et deux établissements jalonnant la frontière espagnole (Ayombem et N’kan Ayem sur le Woleu), plus une factorerie à Mévèbe, une à Amvan sur le haut Okano et une à Nzinga sur le haut M’Voung.
26En fait, la Ngoko-Sangha fut incapable de prendre la relève des commerçants allemands refoulés. L’aspect même des habitants, vêtus de pagnes d’écorce, démontrait que l’article européen était devenu introuvable56. Malgré les tournées fréquentes des fonctionnaires et la saisie périodique de marchandises étrangères, les relations commerciales clandestines étaient inévitables avec la dizaine de factoreries installées de l’autre côté de la frontière, qui fournissaient les denrées indispensables à la constitution des dots :
« Tous les indigènes déclarent porter leur caoutchouc sur le Ntem [...]. Certains chefs menacent de s’installer de l’autre côté [où] nombreux sont ceux ayant des liens de parenté ou d’alliance. »57
27Tous dénonçaient l’incurie du commerce français :
« Des blancs sont venus pour faire des affaires ; nous avons eu grâce à eux toutes les marchandises indispensables [...]. Tout à coup d’autres Blancs passent et chassent ceux qui nous apportaient des richesses. Que voyons-nous à leur place ? Rien. »58
28Sans être nulles, les activités de la Compagnie, centrées sur la Sangha, stagnèrent jusqu’à la guerre.
29Elle vécut surtout de l’amende de guerre de 400 t de caoutchouc imposée aux Fang de la Koudou révoltés en 190959. Mais, à l’époque même où la direction parisienne était sur le point d’obtenir une énorme indemnité, de nombreux postes, sur place, étaient quasiment abandonnés : « Nous ne possédons ni un gramme de sel, ni boîtes de conserves, à plus forte raison le vin et la farine qui sont un luxe inconnu dans ces parages depuis tantôt une année. »60
30En 1910, l’administrateur réclamait la mise en déchéance de la Société, dont les employés n’obtenaient même plus des habitants, « fatigués de toujours donner sans rien recevoir en échange », l’aumône d’un baton de manioc, tandis que les mesures prises contre le commerce allemand avaient fini par « soulever contre nous presque toutes les populations »61. On comprend dès lors l’indignation de Viollette devant les abus d’une « Compagnie qui ne vivait que de contrebande d’armes et de poudre, et dont la seule préoccupation était d’extorquer de la faiblesse des Ministères une indemnité supérieure à son capital même »62.
IV. UNE EXISTENCE SUR LE PAPIER : LA SOCIÉTÉ D’EXPLORATIONS COLONIALES
31Pour être moins connu, le cas de la Société d’Explorations Coloniales n’en fut pas moins exemplaire. En outre, l’absence d’un « scandale » permit à ses promoteurs, Lesieur et Guynet, non seulement d’obtenir une très vaste concession mais en dépit de l’absence totale d’exploitation, de prétendre poursuivre leur avantage jusqu’au lendemain de la première guerre mondiale.
32L’origine de l’affaire, longue et complexe, remontait à 1898. A. Lesieur, négociant français, adressait au Ministère des Colonies deux demandes de concession au Congo. Mais les territoires concernés passèrent en 1900 sous autorité espagnole, et le négociant allait consacrer vingt-cinq ans de sa vie à revendiquer auprès de la France et de l’Espagne des droits largement illusoires. L’imbrication des éléments politiques, diplomatiques et économiques de l’incident révélait surtout l’influence des milieux concessionnaires sur la Direction des Affaires d’Afrique, restée longtemps fidèle à un système que d’aucuns voulaient dès lors modifier, voire supprimer, en raison des conditions nouvelles qui s’imposèrent notamment au Quai d’Orsay au tournant du xxe siècle.
33Lesieur convoitait au sud le Fernan-Vaz, au nord le Woleu-Ntem. Les capitaux seraient, disait-il, exclusivement français et leur montant aussi élevé que « nécessaire, quelle qu’en soit l’importance » ; une Société se constituerait sous le nom de Société d’Études Pratiques du Congo Nord avec pour but de dresser une carte détaillée, de faire étudier sur plan des voies de communications et « les moyens pratiques d’une exploitation générale ». Puis une Société définitive serait créée pour exécuter le « vaste programme que comporte, en dehors de l’exploitation générale, l’étude et la construction d’une voie ferrée reliant la côte à la Sangha ». Lesieur fondait sa requête sur la connaissance qu’il avait de la région et sur l’achat des terres de 48 chefs indigènes, qu’il avait effectué en 1895 dans le Bénito ; en fait, le dossier complet de ces droits ne fut soumis au Ministère qu’en 1911 après plusieurs réclamations du Département63. Le Ministre répondit par un double refus64. Lesieur ne se découragea pas. Il présenta une carte modifiée accompagnée d’un dossier plus complet (le capital serait de 1 million) et moins ambitieux : il renonçait au Fernan-Vaz concédé à Izambert, à la rive de la Sangha et, dans une certaine mesure, à la zone du contesté franco-espagnol. Mais en dépit de ses efforts, il ne fit pas partie des 57 concessionnaires agréés65.
34L’affaire se situait d’emblée dans le cadre des rivalités impérialistes internationales ; ce n’était pas seulement un point de politique intérieure mais une question diplomatique, au moment où l’opinion européenne devenait attentive au problème de l’exploitation des colonies par le système des grandes concessions d’État.
35La situation n’était plus tout à fait la même qu’en 1893, date à laquelle l’État français avait pu, sans éveiller les susceptibilités du Cabinet de Madrid, accorder à Daumas une concession portant en partie sur les territoires revendiqués par l’Espagne66. Lesieur, à l’exemple des véritables concessionnaires, n’en créa pas moins une société anonyme, la Société d’Explorations Coloniales, à laquelle il céda les 48 terres acquises contre 1 400 parts de fondateur67.
1. Le rôle économique de la Société
36Le problème se pose cependant d’évaluer l’importance véritable de cette Société : s’agissait-il d’une puissance économique notable, son rôle était-il de premier plan sur la côte ?
37A l’origine, il semble que Lesieur ait considéré sérieusement son entreprise : la Société l’envoya en 1900 sur le terrain. Quelques résultats furent enregistrés : « Depuis juin dernier [...], notre Société, dans une contrée jusqu’alors exploitée par des maisons étrangères, dont l’action d’ailleurs est limitée à la côte, a établi des comptoirs et, malgré un retard provenant de la difficulté éprouvée dans le recrutement des porteurs », l’expédition se dirigeait en deux tronçons vers le haut Ivindo et ses affluents, embrassant dans son action le Muni et le Benito68. Les frais étaient importants puisque les dépenses avaient dépassé les prévisions — cas général de ces Compagnies coloniales formées sans documentation suffisante, dans l’espoir de gains immédiats et considérables.
38Mais le pays offrait des conditions peu favorables. Seule la côte, rocheuse, était fréquentée. Les rivières étaient nombreuses mais ne permettaient guère de remonter vers l’intérieur, car leur cours moyen qui franchissait des gradins montagneux était entrecoupé de rapides. L’arrière-pays, mal desservi, était mal connu. Du nord au sud les Monts de Cristal constituaient, parallèlement à la côte, une barrière nette bien que peu élevée. La végétation exubérante de ce pays des « rivières du nord » incitait les Européens à surestimer les ressources d’une région désavantagée par la pauvreté des sols et l’insalubrité du climat où, du 15 septembre au 15 mai, les pluies diluviennes et les orages incessants interrompaient toute activité. L’on ne comptait guère, sur une côte de 120 km de long, plus de 100 000 habitants entre la rivière Campo et le Gabon, réfugiés originaires du Cameroun, chassés de l’intérieur par les Fang qui les avaient acculés à la mer. Quant aux habitants de l’intérieur, ils étaient à peu près ignorés ; les Européens ne voyaient en eux qu’une gêne, une main-d’œuvre dont on ne pouvait faire que des boys, des cuisiniers ou des pagayeurs69. Ils se bornaient à déplorer que, par suite du sol médiocre et du climat malsain, on ne pût avec profit les employer ni au travail de la terre ni aux transactions commerciales. Aussi la Société ne dépassa-t-elle jamais le stade pionnier de ses premiers jalons. Dès 1900, les réticences espagnoles lui permirent à peine de subsister, et jamais elle ne put rivaliser avec les autres Compagnies qui opéraient dans la même région.
39Les entreprises les plus importantes étaient étrangères : les Sociétés anglaises Hatton & Cookson à Bata et sur la Muni, J. Holt à Bata et aux îles Elobey (où régnait également la maison allemande Woermann et Cie) supplantaient toutes les autres ; venaient ensuite quelques Compagnies allemandes dont le trafic d’exportation était actif sur la côte nord (Kuderling et Randad-Stein) ; la France suivait et ne l’emportait que sur l’Espagne, qui disposait seulement de la Société Espagnole et de quelques succursales sur la Kongoue, la Muni et à la pointe Moba. Toutes ces Sociétés se contentaient d’assurer un trafic côtier de faible envergure. L’exploitation du caoutchouc était favorisée au nord par l’absence de droits de douane et la faculté de se procurer armes et munitions prohibées. Il provenait surtout du bassin de l’Ivindo L’ivoire était en voie d’épuisement dans la Muni. La région était riche en palmiers à huile, mais aucune culture commercialisable n’existait encore. Le cacao ne fut — timidement — expérimenté qu’au début du xxe siècle, où l’on comptait 2 500 pieds à Bata, 2 700 à Bénito, 1 750 dans le Campo70. Les Européens regardaient plutôt le pays comme un terrain propice aux rivalités politiques et nationales que comme un champ d’expériences économiques.
40Lesieur n’échappait pas à la règle. Bien qu’il eût proposé un projet grandiose de voie ferrée, il est douteux qu’il l’eût jamais sérieusement envisagé, en raison de l’extrême faiblesse de ses capitaux. L’affaire eut très tôt des objectifs politiques plutôt qu’économiques, et la Société chercha comment exploiter l’incident diplomatique pour en tirer le plus grand avantage financier possible. Cette attitude fut facilitée par l’action personnelle de l’administrateur général de la Société, William Guynet.
2. Le rôle politique de la Société
41Guynet eut pour constant souci de souligner la responsabilité du Gouvernement. Son seul but, affirmait-il, était l’intérêt de la France71. Le commerce national ne possédant à la côte nord que des intérêts infimes, c’était « pour fournir à notre diplomatie des arguments qui, pour cette raison, lui font actuellement défaut pour [...] régler à son avantage le différend franco-espagnol » que son projet était conçu : acheter des territoires aux Africains, en faire ratifier les ventes par le gouvernement et les rendre ainsi français, ce qui lui permettait, « en patriote sincère et éclairé », de marcher dans la voie qu’il s’était tracée « d’accord avec le Gouvernement »72.
42Le Ministre des Colonies soutint la Société et l’assura, à plusieurs reprises, de son appui ; il n’est pas rare de rencontrer dans la correspondance échangée des phrases telles que celle-ci :
« Le Gouvernement français, désireux de faire preuve de bienveillance envers une Société dont il ne peut manquer d’approuver l’attitude, recherche comment il serait possible de reconnaître à la Société [...] la légitimité de sa situation présente et d’une extension éventuelle de ses droits. »73
43Aussi les deux parties s’entendirent-elles pour mettre au point un projet de convention destiné à pallier l’impossibilité d’obtenir un décret de concession en bonne et due forme : le but était de faire reconnaître les achats de terre opérés par Lesieur et d’obtenir une promesse de concession, ce qui supposait la mainmise française sur le territoire contesté, en d’autres termes une violation flagrante du statu quo tacitement conclu avec l’Espagne depuis 1891. Le Ministère transmit ce texte au Quai d’Orsay en l’accompagnant d’un chaud plaidoyer en faveur de Lesieur. Il précisait même les moyens pratiques de transgresser le statu quo (« J’ai décidé de ne donner aucune publicité à la convention ci-jointe qui serait [...] ratifiée par décret »74).
44Qu’il y ait eu parfaite unité de vue entre le Département et la Société, les textes en apportent la preuve. Mais il y eut également des ententes verbales. Une note manuscrite de 1912 évoquait des
« pourparlers verbaux, à la suite desquels l’entente s’est faite entre le Département et les intéressés [...]. Des conversations ont eu lieu, peut-être même des engagements ont été pris par le Gouvernement, dont il n’existe pas de preuves au dossier de l’affaire, mais dont M. Duchêne, alors qu’il était chargé du Bureau de l’Afrique, a pu avoir connaissance [...]. M. Duchêne, que j’ai cru pouvoir entretenir de cette question, m’a fait connaître qu’il était tout disposé, dès que le Ministre lui en aurait exprimé le désir, à lui faire part de son sentiment. »75
45Cependant, les Affaires étrangères, qui ne se souciaient guère de provoquer un incident diplomatique en faveur d’intérêts privés, firent substituer à cet accord compromettant un simple échange de lettres76. La société d’Explorations Coloniales n’en saisit pas moins l’occasion de souligner l’active bienveillance du Ministère ; malgré le refus officiel elle considérait que « l’accord verbal [...] intervenu avec M. le Ministre des Colonies laisserait subsister la pensée dominante du contrat [qui] ne pouvait que servir les intérêts de la France »77 . Une fois de plus le Département laissa passer sans la démentir cette assertion qui créait un précédent dangereux.
46Aux yeux de la Société, la responsabilité du Gouvernement français était désormais établie et tous les documents étaient utilisés de manière tendancieuse : à en croire Guynet, Lesieur était parti en Afrique sur les instances du Ministre qui, en 1898, « s’entend[it] avec lui afin qu’il accept[ât] de diriger une mission »78 ; la Société d’Explorations Coloniales, constituée « à l’instigation » du Gouvernement, aurait même poussé le dévouement jusqu’à hâter sa constitution afin de satisfaire le Ministre qui « avait insisté [...] pour son entrée en fonctions brusquée » — ce qui lui permettait de se référer à un décret de 1899 tout en justifiant l’absence de signature.
47Devant ces assertions qui avaient acquis la valeur des arguments souvent répétés et dont aucun des deux Ministres ne prit sérieusement la peine de vérifier l’authenticité, il parut légitime que le Gouvernement versât à la Société une indemnité pour le préjudice subi par sa faute, puisqu’il avait négligé de « prévenir de son changement subi de front et de son orientation nouvelle la Société d’Explorations Coloniales, à ce point que celle-ci, bien après le fait accompli, poursuivait encore en Guinée espagnole son entreprise d’acquisition »79. Le Département n’ignorait pas qu’il était joué, mais il dut reconnaître que « la convention du 27 juin 1900 [...] aurait dû contenir une réserve expresse en faveur des acquisitions territoriales effectuées par la société »80 ; puisque cette précaution n’avait pas été prise il s’inclina et, en 1905, la Société obtint gain de cause sous la forme d’une concession territoriale de deux millions d’hectares environ au Congo français ; elle la céda immédiatement à la Ngoko-Sangha contre 275 000 frs remboursables à ses actionnaires, sous le prétexte que l’absence d’accès à la mer lui interdisait de l’exploiter directement, en fait parce que dès cette époque elle avait abandonné toute activité dans la région81.
48Mais la Société ne se tint pas pour satisfaite. Elle réclama une nouvelle indemnité chaque fois que la situation internationale lui parut offrir une occasion favorable. Attentive à ne pas se faire oublier en 1911, au moment où la France cédait à l’Allemagne son droit de préemption sur la Guinée, elle rappela au Ministre des Colonies ses droits de propriété et par conséquent ses « droits de suite »82 . Puisqu’elle ne pouvait rien espérer du côté du Cameroun, elle demanda, oublieuse de la concession précédemment obtenue, « la compensation qui lui était légitimement due » de nouveau en A.E.F. ou, mieux, au Maroc83.
49Une concession en A.E.F. ? Le Ministre des Colonies consulta le Gouverneur général84 ; mais depuis le début du siècle et surtout à partir de 1910, les idées sur la mise en exploitation des territoires coloniaux avaient considérablement évolué. En revanche, le Maroc était une terre vierge qui offrait aux yeux du Ministre l’occasion rêvée de dédommager la Société aux moindres frais ; il soutint ce point de vue auprès du Quai d’Orsay. Poincaré répondit que rien ne permettait de « supposer que des concessions seraient accordées, sous une forme quelconque, à titre gratuit au Maroc » et en tous les cas qu’« il ne saurait être question de les accorder, à titre de faveur, à des personnes ayant l’intention d’en trafiquer au mieux de leurs intérêts »85. La Société eut alors recours aux manœuvres politiques et menaça de faire appel à l’opinion publique par l’intermédiaire du Parlement. Mais en dépit de ces tapageuses affirmations, la menace ne fut jamais mise à exécution, car le Parti colonial n’était pas à la Chambre assez fort pour soutenir cette cause obscure. Pour provoquer une crise sérieuse, il aurait fallu que Guynet pût présenter une preuve irréfutable de la collusion gouvernementale : il fit en ce sens une tentative en septembre 1912 où il vint au Ministère demander « qu’on veuille bien lui écrire [...] une lettre reconnaissant que la Société d’Explorations Coloniales a été engagée ou encouragée dans cette affaire par le Département des Colonies, et qu’elle a des droits à une compensation. Munie de cette lettre qui serait sans doute considérée comme une sorte d’engagement, la Société saisirait le Parlement. »86 Il ne fut évidemment pas donné suite à cette étonnante requête ; elle jette cependant une curieuse lumière sur les rapports étroits qui liaient la Société au Ministère.
50La menace d’un débat parlementaire ne laissait pas d’inquiéter le Gouvernement-d’autant que les deux Ministères n’avaient jamais été d’accord, ce que n’ignoraient pas les partisans de la Société, qui menaçaient d’exploiter publiquement cette mésentente. On envisagea donc, avec le même insuccès, un recours au Tribunal Arbitral de La Haye (1906)87, puis une confirmation des titres de propriété de la Compagnie par le Gouvernement espagnol (1910)88 . Une dernière tentative eut lieu en 1918 où, par l’abrogation de l’accord allemand de 1911, l’A.E.F. redevint limitrophe de la Guinée Espagnole. On s’aperçut, sur ces entrefaites, que la commission franco-espagnole de délimitation (non ratifiée) avait commis en 1901 un certain nombre d’erreurs89. Le Département saisit l’occasion de greffer sur ce problème diplomatique celui des intérêts privés de la Société qu’il s’obstinait à vouloir indemniser, en se ralliant à une transaction :
La France accepterait une rectification de frontière en faveur de l’Espagne en prélevant ce territoire sur la concession accordée en 1905 à la Ngoko-Sangha par la Société d’Explorations Coloniales ;
En échange, l’Espagne indemniserait la Société90.
51Mais les réticences du Quai d’Orsay, qui refusait de supporter la charge d’indemniser Guynet par le biais d’une concession faite à l’Espagne, fit échouer les négociations91 ; elles n’en traduisaient pas moins la ténacité procédurière d’une entreprise devenue depuis plusieurs années financièrement inexistante : sur un capital versé de 475 000 frs, environ 450 000 auraient été dépensés92 ; autant dire que la Société n’existait plus que sur le papier.
52Le 1er mars 1924, le Conseil d’administration se composait de 2 membres. La séance entérina la décomposition de la Société avec le départ de Guynet qui faisait admettre comme nouvel administrateur le baron Durrieu et, malade et âgé, se retirait pour raison de santé. Mais, dans l’espoir toujours renouvelé que toute chance de négociation n’était pas perdue, après avoir songé à liquider l’affaire, il avait préféré finalement s’entendre avec la Compagnie Forestière. Un contrat fut signé le 4 mars et transmis au Ministère des Colonies accompagné d’une lettre ultime de protestation : la Société d’Explorations Coloniales cédait à la Compagnie Forestière l’ensemble de ses prétentions sur la Guinée Espagnole, moyennant la moitié des avantages éventuellement obtenus93. Cependant, celle-ci, qui avait compris le caractère périmé des réclamations, ne tenta plus de grossir le dossier accumulé depuis le début du siècle. L’affaire fut oubliée.
Carte 20. Zone du conteste franco-espagnol, 1898-1900. (Source : Croquis de Lesieur, 1895 et 1898-1900, Conc. XXX.)
53Mais, durant près de ving-cinq ans, le Département des Colonies avait fait preuve d’une souplesse proche de la compromission, qui lui coûta de multiples démarches et faillit lui faire payer abusivement une double indemnité. Il est intéressant de noter à quel point il se trouva, dès l’origine, en désaccord avec le Quai d’Orsay. Par tradition, le premier était impérialiste et soucieux du prestige national ; il obéissait aussi à des impératifs économiques précis : ceux des hommes du Parti Colonial. Les milieux diplomatiques étaient soucieux de dépasser ce cadre étroit pour envisager le problème sous ses aspects les plus divers ; ils se préoccupaient des implications internationales du problème et ressentaient davantage une opposition qui se faisait de plus en plus vive. Pourtant, le Quai d’Orsay l’emporta seulement après la première guerre mondiale, lorsque l’opinion publique et parlementaire réussit à imposer les transformations exigées par les conditions nouvelles : malgré ses puissants appuis, la Société d’Explorations Coloniales n’obtint plus rien après cette date, qui marquait un tournant. Si l’apogée du système colonial se situe dans les années 30 — la fameuse exposition coloniale de 1931 en est le symbole —, les conditions économiques nouvelles avaient entraîné l’affaiblissement progressif puis la disparition des entreprises « pionnières » de la première période d’expansion ; seules subsistèrent celles qui avaient su adapter le vieux système de la troque aux conditions nouvelles, se concentrer, se renforcer, de sorte que devînt possible, par le développement de nouveaux circuits économiques, la mise en exploitation désormais impérative d’un territoire jusqu’alors resté en friche.
V. LE DÉMARRAGE TARDIF D’UNE FILIALE LEVER : LA COMPAGNIE PROPRIÉTAIRE DU KOUILOU-NIARI
54Seule la Cie du Kouilou-Niari fit durablement exception, parce qu’elle était soumise à un régime particulier, qui la mettait à l’abri de toute ingérence de l’État. La Compagnie, qui donna naissance à la Société commerciale aujourd’hui prospère de la S.C.K.N. (Société Commerciale du Kouilou-Niari), présentait le cas extrême d’une affaire restée absolument inefficace jusqu’aux années 1930, mais à laquelle l’État, dénué de tout moyen d’action, fut contraint d’accorder des avantages considérables pour récupérer en partie le territoire aliéné.
55Le passé de la C.P.K.N. présentait une analogie certaine avec celui d’une Société comme la Ngoko-Sangha : absence, plus caractéristique encore, de la moindre ébauche de mise en valeur, mais en revanche exploitation tenace de droits acquis sur des terres immenses dont elle n’était pas concessionnaire temporaire, mais bel et bien propriétaire. Sa seule activité fut de tenter, à plusieurs reprises, de monnayer chèrement la restitution de son bien, notamment à la faveur du choix du tracé de la voie ferrée Congo-Océan. Le sort de la Société aurait probablement été celui de ses pareilles et l’entreprise aurait disparu dans la débâcle de la grande crise si elle n’avait eu la chance d’être soutenue par des intérêts puissants — ceux de la firme Unilever — qui surent ensuite faire démarrer l’entreprise sur des bases nouvelles, comparables à celles de la Société du Haut-Ogooué. Voici donc un exemple de société-fantôme de la première phase coloniale devenue, à la faveur de mutations successives, mais grâce à l’héritage du passé, une réussite contemporaine.
56Constituée la même année que les sociétés concessionnaires, la C.P.K.N. résultait des efforts tentés antérieurement par Brazza pour substituer à la colonie défaillante des capitaux privés susceptibles de mener à bien la construction d’une voie de communication entre le Pool et la côte. Mais la Société d’Études et d’Exploitation du Congo Français animée depuis 1893 par Le Châtelier fut incapable de relier Brazzaville à Loango94. Aussi, en 1896, changea-t-elle son objet pour se transformer en une Société Industrielle et Commerciale du Congo Français qui se contenta d’exploiter les biefs navigables du Kouilou-Niari. En 1898, l’achèvement du chemin de fer belge acheva de ruiner l’entreprise. Le contrat de transport conclu avec l’État ne fut plus renouvelé95. La Société fut rachetée l’année suivante par le groupe des industriels du nord liés aux Belges qui gravitait autour de la Gratry-M’Poko et venait de constituer à cet effet la C.P.K.N., au capital de trois millions de francs entièrement souscrit par sept personnes96. Contre 1 300 000 frs payés comptant, la C.P.K.N. acquit la totalité des propriétés accumulées par Le Châtelier, définies à la suite d’une série d’échanges par la convention du 5 juin 189797. L’ensemble, très considérable, recouvrait, sur 25 000 km2, la majeure partie des bassins du Kouilou et de la Nyanga98.
57La Société n’était soumise à nulle obligation, sinon la redevance foncière, puisqu’à la différence des concessionnaires elle était propriétaire. Elle put donc, en toute impunité, laisser ses terrains en friche. Il y eut bien quelques timides tentatives. En association avec la Compagnie Hollandaise, la Société suscita en 1900 la Cie Agricole du Kouilou pour exploiter les plantations existantes99. Elle lança, en 1900-1901, une mission chargée d’établir la carte de ses propriétés au 1/200 000e, mais celle-ci se contenta de reprendre les travaux antérieurs de la mission Jacob sur la portion fluviale100. Il est vrai que le terrain n’était guère favorable. Les populations (Bakoumi, Bayaka, Bakouti et Bassangui), clairsemées, ne dépassaient pas 40 000 individus. Vivant dans la crainte du milicien et du collecteur d’impôt, elles désertaient les villages à l’approche des Européens, et ne se risquaient à sortir de la forêt qu’après leur passage. D’ailleurs, les produits de traite étaient rares : il n’y avait pas de caoutchouc — sinon quelques lianes — et plus d’ivoire. Les palmiers étaient peu denses. L’okoumé et les bois de teinture se trouvaient en abondance, mais leur évacuation posait des problèmes insolubles, puisque les seuls débouchés vers la mer, l’embouchure du Kouilou et la lagune de Conkouati, étaient battus par la barre. Vers l’intérieur, la barrière enchevêtrée des massifs n’offrait guère de route d’évacuation pour les produits, ni de centre d’exploitation favorable. En amont, un seul comptoir géré par un traitant, au poste de Leboulou sur le Kouilou, s’efforçait de drainer le caoutchouc vers les magasins de Ntima et de Kakamoeka. Mais l’unique moyen de transport était le portage, et la Société était contrainte d’importer ses travailleurs du Loango. Les marchandises étaient tout à fait insuffisantes, en quantité comme en qualité101.
58Le revenu principal provenait du racolage des caravanes de l’intérieur, de gré ou de force, car la Société revendiquait son droit de propriété sur les pistes, donc sur les marchandises qui traversaient son territoire. Ses agents dirigeaient les porteurs du haut pays vers les factoreries où ils échangeaient leur chargement contre des objets d’importation. Ce mode de commerce ne déplaisait pas nécessairement aux Africains, à qui il évitait de plus longs déplacements. Mais en les empêchant d’atteindre le rivage, la C.P.K.N. garantissait la médiocrité des prix que la concurrence n’aurait pas manqué d’élever. En détournant de cette manière les produits de la concession voisine de l’Ongomo, elle s’attira d’ailleurs de multiples difficultés avant qu’une fusion commerciale n’intervînt entre les deux Sociétés102.
59Au total, avec seulement deux factoreries rudimentaires à Bas-Kouilou et Kakamoeka tenues par quatre agents européens, la Société menait une existence au ralenti, avec l’exportation annuelle d’une vingtaine de tonnes de caoutchouc et de palmistes et des importations de marchandises qui n’excédèrent jamais 200 000 frs. Toute activité semblait abandonnée après la guerre :
60Un espoir était né cependant vers 1910. La société britannique Lever Brothers prit la direction effective de l’entreprise. La firme, déjà propriétaire de la marque Sunlight Soap, cherchait alors à étendre au Congo français la superficie de ses palmeraies. Lord William Leverhulme acquit pour 92 000 livres la totalité des actions mises en vente sur le marché de Londres par les industriels du nord103. En 1911 fut envoyée sur place une mission de reconnaissance commerciale composée de cinq Européens104. Des travaux furent ébauchés. Une fabrique d’huile fut installée à Kakamoeka. Une scierie mécanique fut créée dans le Mayumba. Des aménagements furent prévus pour les plantations de cacaoyers et de caféiers105. Mais l’essai apparut vite infructueux. Les premiers rapports avaient surestimé l’abondance des palmiers qui se présentaient seulement sous la forme de boqueteaux disséminés, hors d’état d’approvisionner une huilerie. La population, insuffisamment nombreuse, souffrait d’un pouvoir d’achat à peu près nul, faute de ressources d’aucune sorte. La Société démonta son usine qui fut transférée au Congo Belge. Dès 1913, elle orienta ses recherches vers d’autres sources possibles de richesse. Avec le concours de Taylor Sons, spécialisés dans la prospection minière, elle envoya une mission dont les conclusions furent défavorables106. Une nouvelle expédition107 n’en repartit pas moins en 1918 étudier le tracé du chemin de fer reconnu par l’ingénieur Wall en 1912 et aboutissant à Lekondé, à travers le territoire de la C.P.K.N.108
61La seule activité notable de la Société fut de monnayer son droit de propriété. Elle fit tout ce qu’il était en son pouvoir pour faire obtenir que le Congo-Océan traversât sa concession109. De la même façon, elle céda en 1925 à l’Administration, contre de nouveaux avantages territoriaux, la piste Kakamoeka-Kiabi qu’elle avait pourtant construite à l’aide d’une subvention coloniale110 . La même année, elle obtint d’avantageux échanges de terrains contre la promesse d’effectuer des constructions sur son domaine à raison de 500 000 frs tous les deux ans. Elle se faisait aussi promettre cinq lots de 2 000 ha le long de la voie ferrée, 10 ha à Loudima, 4 près de Pointe-Noire et un dans la ville111. Seule aboutit l’attribution du lot urbain de Pointe-Noire — le plus rentable112. Mais l’édifice construit, estimé à 550 000 frs par la Société, fut jugé ridiculement insuffisant par le Gouverneur113. Quant à l’immeuble prévu à Brazzaville, il fut un moment remplacé par le projet de construire à Bangui pour le compte de la S.E.D.E.C. (Société Anonyme des Huileries du Congo Belge, filiale belge de Lever). Mais à la suite de la crise, le projet n’aboutit pas114.
62Pour reconnaître les palmeraies susceptibles de se prêter à un échange de terrains, le Major Wallace était en 1925 reparti une troisième fois au Congo115 . Il parcourut toute la colonie jusqu’à Ouesso sur la Sangha, Bangui, et Fort-Archambault sur le Chari et profita de l’occasion pour solliciter divers permis de recherches minières au voisinage de la voie ferrée autour de Loudima et Mindouli. Mais les espoirs fondés sur le cuivre n’aboutirent pas. La C.P.K.N. laissa périmer ses droits pour s’apercevoir soudain que le Gouverneur général Antonetti, lassé de son inaction, avait accordé en juin 1927 la concession minière de la majeure partie de son territoire à Desouches, promoteur de l’Union Minière et Financière Coloniale, intéressé au même moment à diverses entreprises concessionnaires116. Desouches envisageait la constitution d’un syndicat minier — comparable à l’Union Minière du Haut Katanga — regroupant les intérêts en présence : le capital serait souscrit par sa Société (5 millions), la Banque de l’Union Parisienne (4 millions), la Cie Minière du Congo (mines de Mindouli, 3 millions) et l’Afrique Minière Équatoriale (groupe Mboko-Songho, 3 millions), auxquelles s’adjoindrait éventuellement la C.P.K.N.117 Les exigences de cette dernière firent échouer les négociations118. Malgré une nouvelle tentative, l’année suivante, pour fonder une Compagnie minière franco-britannique, l’affaire n’eut pas de suite... faute de minerai119.
63Bref, à la veille de la crise, on en était toujours au même point. La C.P.K.N. estimait ses investissements en Afrique à 48 000 livres (près de six millions de francs), ce qui était, en fait, bien peu, compte tenu de l’étendue de son territoire. Seule la médiocrité de ses activités lui évitait une aggravation de son solde débiteur, qui oscillait depuis 1925 entre 3 et 400 000 frs120. Bien que la Société se fût assurée le concours de l’ancien Gouverneur général Merlin, devenu Président du Conseil d’administration en 1928, elle suscitait par ses méthodes dilatoires l’irritation d’Antonetti121.
64Aussi celui-ci se montra-t-il favorable à l’absorption de l’entreprise par la S.E.D.E.C, filiale belge de Lever qui depuis quelques années multipliait ses activités commerciales au Congo français, à Brazzaville où elle occupait probablement la première place, à Bangui et à Madingou. Ce que le Gouverneur général refusait dorénavant à la C.P.K.N., il était prêt à l’accorder à la S.E.D.E.C. sous la forme de nouvelles concessions urbaines dans la capitale122. La seule condition imposée était que l’entreprise — qui aurait absorbé à la fois la C.P.K.N. et les établissements Hatton & Cookson de Pointe-Noire et de Libreville — présentât une raison sociale française (S.E.D.E.C.A.F. ou S.E.D.E.C. d’Afrique Française)123.
65Ces négociations importaient peu au groupe puisque « le capital de ces deux Sociétés appartenait en réalité aux mêmes actionnaires »124. Finalement, après que la S.E.D.E.C. et Hatton & Cookson se fussent partagé la location des divers établissements C.P.K.N., on adopta en 1936, au sortir de la crise, une solution transactionnelle : la C.P.K.N. fit place à une nouvelle Société, la Société Commerciale du Kouilou-Niari (S.C.K.N.) au capital d’un million réparti, par quarts, entre le Niger Français, la Nouvelle Société Commerciale Africaine, la Cie Française de la Côte d’Ivoire et la C.P.K.N., toutes relevant de la firme Lever125 . La nouvelle Société devint en 19S8 partie intégrante du Niger Français, branche française d’Unilever126.
66Dès la fin de la décennie 1920, la nouvelle organisation s’était manifestée par un renforcement des activités commerciales proprement dites aux dépens de la traite des produits, à peu près abandonnée. Tandis que le stock des produits congolais chutait en un an (1928/1929) de 600 000 à 100 000 frs, la valeur des marchandises importées passait dans le même temps de 300 000 à près d’un million de francs. Le personnel de Pointe-Noire et du Bas-Kouilou fut renforcé. Un nouveau magasin fut ouvert à Loudima127. Lever se montrait enfin décidé à larguer la majeure partie d’une concession stérile moyennant des compensations plus rentables. En 1939, la C.P.K.N. restituait à la colonie 2 millions d’hectares sur 2,5 millions, contre la reconnaissance de son droit de propriété sur six blocs totalisant 495 700 ha128. Cette superficie fut à nouveau réduite de 91 800 ha en 1949129, et finalement arrêtée à 159 800 ha en 1950130. Après un demi-siècle d’inactivité la Société, dont les opérations commerciales au Congo-Brazzaville et en République Centrafricaine avaient seulement commencé de prendre quelque ampleur après la seconde guerre mondiale, ne s’en trouve pas moins aujourd’hui à la tête d’un domaine relativement bien situé excédant 1 500 km2 — héritage direct de la première phase coloniale.
Notes de bas de page
1 La Société avait renoncé à sa concession, située tout entière dans le territoire cédé au Cameroun allemand, par un accord avec l’Allemagne du 26 févr. 1914, reconnu par la France en 1924. M.C. au Président de la Commision des Concessions Coloniales, Paris, 16 févr. 1921, Conc., XXX(1)-A.
2 Télégramme de Van Grunderbeck à Cosmidis, Southampton, 28 févr. 1903, Conc., XXVII-A.
3 Instructions, Bruxelles, 17 mars 1903, (signé, illisible, « un administrateur »), et réponse scandalisée de Cosmidis, Mowanda, 12 juin 1903, ibid.
4 Cosmidis à l’Administration du Cercle de Mobaye, Mowanda, 25 nov. 1903, ibid.
5 Ibid. Voir également : Rapport sur la Cie de la Mobaye, demandé par le Lieutenant-gouverneur du Moyen-Congo à l’agent Aristide Cosmidis, Brazzaville, 15 déc. 1903, 102 p. ms., Conc., XXVII-A.
6 Assemblée Générale ordinaire de la Société, 14 janv. et 30 déc. 1908, Conc., XXVII-A.
7 1 300 000 frs de 1924 à 1927. 665 000 frs seulement à l’issue de l’exercice 1928, grâce à une année bénéficiaire. Bilans annuels de la Société, Arch. Crédit Lyonnais.
8 Gabon, R.G., S.C., 1910, Libreville, 13 mars 1911, Aix, 8 Q.
9 Gabon, R.G., S.C., 1911, Aix, 8 Q.
10 Voir Chap. XI.
11 Protocole du 4 févr. 1894 entre l’Allemagne et la France, relatif à la délimitation des colonies du Congo français et du Cameroun, Conc., LII(2).
12 Laughelds, directeur de la Sud-Kamerun, 10 mai 1900. Mestayer au lieutenant Von Stein, administrateur allemand de la Sangha-N’Goko, 11 avr. 1901. Conc., LII(9).
13 Conférence du 14 févr. 1907 entre MM. Devos, représentant de la Société française, et Von Stein, administrateur allemand.
14 Remontant la rivière Koudou jusqu’à Moassi puis Allad.
15 Mestayer à Chaffaud, administrateur de Ouesso, 14 avr. 1901. Réponse de Chaffaud à Mestayer, 14 avr. 1901, Conc., LII(9).
16 Morrisson à l’administrateur d’Ouesso, 28 oct. 1901, ibid.
17 Morrisson à Mestayer, 7 mai 1902, ibid.
18 Accord du 17 juin 1903, ibid.
19 Chaussée, directeur-adjoint de la Ngoko au directeur de Sallmard, 9 nov. 1903, et Sallmard à l’administrateur d’Ouesso, 13 nov. 1903, ibid.
20 21 nov. 1903, ibid.
21 La position de Missoum-Missoum fut déterminée en juin 1905. Capitaine Cottes à M.C., 24 août 1906, Mission 107.
22 Le Petit Parisien, La Liberté et Le Temps, 22 août 1905.
23 Entrevue du 11 août 1905 entre le baron de Danckelmann, conseiller du Gouvernement allemand, et Albert Duchêne, Directeur des Affaires d’Afrique pl., Mission 107. Comptes rendus des travaux de la Commission, Mission 107. Rapport du capitaine Cottes à M.C. sur les empiètements allemands et la question commerciale, 9 mai 1907 : Missions de Délimitation Congo-Cameroun, Aix, 2 D. Sur les questions diplomatiques relatives aux délimitations de frontière entre Gabon et Cameroun et la chronologie des missions y afférentes, on consultera Mangongo-Nzambi [349], 3e vol. partiellement publié [350].
24 P.V. de l’entrevue du 26 août 1906 entre le capitaine Cottes et Chaussé, directeur de la Ngoko-Sangha, Ngoko-Sangha à M.C, 31 oct. 1906. Conc., LII(9).
25 C.G. à M.C, 24 juil. 1906, ibid.
26 Note du comte Mimerel à M.C, 23 juil. 1900 ; à A.E. 20 déc. 1900 et 9 janv. 1901. Ngoko-Sangha au C.G., 25 févr. 1900 ; au docteur Cureau, 11 avr. 1901 ; à M.C, 4 nov. 1901. Binger, Note pour le Ministre, 19 nov. 1906, Conc., LII-9.
27 Article 29.
28 Ngoko-Sangha à M.C, 5 févr. 1902, Conc., LII(4). Mémoire adressé par la Cie à M.C, jui. 1905, Conc., LII-2 et LII-4.
29 Voir p. 326.
30 Décret du 18 mars 1905. Voir le détail de cette affaire dans Coquery-Vidrovitch [154].
31 Mestayer à M.C, 12 juil. 1905, Conc., LII(4).
32 La Société demandait :
— 1 950 000 ha entre le Congo espagnol et la rive droite de l’Ivindo ;
— 5 parcelles de 10 000 ha au Gabon, entre la mer et la S.H.O. ;
— 1 000 000 ha au Gabon, à l’est de l’Ivindo.
Ngoko-Sangha à M.C, 6 janv. 1906, Conc., LII(9).
33 Janv. 1906. Rouvier, Président du Conseil et Ministre des Affaires Étrangères, fut remplacé par Léon Bourgeois qui refusa de substituer la responsabilité de la France à celle de l’Allemagne. Binger, Note pour le Ministre, 19 nov. 1906, Conc., LII-9.
34 Mémoire adressé par la Compagnie à la Commission des Affaires Extérieures et Coloniales de la Chambre des Députés, Paris, 20 juin 1908, Conc., LII-4. A dater de ce moment, les péripéties des démarches de la Société sont assez complètement analysées par Mangongo-Nzambi [349]. Nous nous contenterons d’en relever les principales étapes, en développant seulement les aspects non encore étudiés de la question.
35 Convention du 18 avr. 1908. Cottes [81].
36 Capital de 2 750 000 frs, dont seulement 2 320 000 souscrits. La Société réclamait 6 millions de francs de dommages proprement dits, 2 500 000 pour vols, plus une compensation pour la destruction des forêts et les torts moraux. Pétition de réclamation à la Chambre. Note sur les réclamations de la Ngoko-Sangha, Conc., LII-4. Note au sujet du règlement de l’affaire, juil. 1910, Conc., LII-9.
37 Député centriste à partir de 1914, Président du Conseil de nov. 1929 à déc. 1930. Un chercheur américain, Wallace E. Adams (Univ. de Tempe, Arizona) a entrepris une étude sur Le rôle d’André Tardieu dans l’affaire de la Ngoko-Sangha, 1908-1911.
38 Sous la présidence du Premier Président de la Cour des Comptes, Hérault.
39 Sentence arbitrale, 29 avr. 1910, Conc., LII-9.
40 L’idée du Consortium fut lancée en juin 1909. A.E. à M.C, 5 juin et 2 déc. 1909, Conc., LII-9. La Ngoko-Sangha écrivait, le 3 août 1909, au Ministère que son adhésion était « subordonnée à la décision que prendrait le Gouvernement sur la question de l’indemnité que la Commission [...] de la Chambre des Députés a reconnue due à la Cie ». Conc., LII-9.
41 Correspondance échangée entre Mestayer, administrateur-délégué de la Ngoko-Sangha, Semler et E. Roels, oct.-nov. 1910, Conc., LII-9.
42 M.C. à G.G.A.E.F., 3 juin 1910, Conc., LII-9.
43 Accord du 21 juin 1910. Note au sujet du règlement de l’affaire, juil. 1910, Conc., LII-9.
44 Maurice Viollette, député socialiste, futur Gouverneur général de l’Algérie en 1925, puis membre du cabinet Léon Blum, mort en 1960.
45 Tardieu [211].
46 M.C. à Ngoko-Sangha, 28 mars 1919. Note sur la Ngoko-Sangha, Mission 96.
47 Substituée à la Ngoko-Sangha par décret du 21 sept. 1922, Conc., XI-B(l).
48 Décret du 30 août 1925, approuvant la convention du 28 août passée avec la Congo- Cameroun et autorisant le transfert de la concession à la C.F.S.O., ibid.
49 E. Guët et H.G. Henrotte, de Henrotte et Muller (banque de la S.H.O., qui fit faillite en 1912).
50 Ed. de Sinçay, administrateur de la Cie des Chargeurs Réunis, des Chemins de fer de l’Indochine, etc.
51 Mission Ogooué-Ngoko du capitaine Dujour, 1907-1908, A.E.F., LII-3. Les péripéties du différend S.H.O.-Ngoko sont analysées par Mangongo-Nzambi [349].
52 Inspecteur Cercus, Rapport sur la Ngoko-Sangha, 1908, Conc., LII-9.
53 Dont 1710 à piston.
54 M.C, câblogramme du 13 janv. 1907 au Lieutenant-gouverneur du Gabon Noufflard, préconisant l’envoi d’un peloton de 110 hommes. Inspecteur Cercus, Note sur l’occupation du Woleu-Ntem, 24 avr. 1908, Conc., LII-(9).
55 Arrêté du 14 déc. 1907.
56 Administrateur Weber, Rapport du 4 juil. 1907, Conc., LII-9.
57 Rapport de l’administrateur Cortot, 27 avr. 1907, Bitam, cité par Note sur l’occupation du Woleu-Ntem, op. cit.
58 Déclaration d’un chef à l’administrateur Weber, Rapport de févr. 1906, ibid.
59 Compte rendu de l’Assemblée générale des actionnaires, 1909, Arch. Crédit Lyonnais.
60 Dumont, chef de la zone du Djadié, au lieutenant Barrau, Commandant le poste de M’Vahdi, 24 nov. 1908 et 11 janv. 1909, cité par Viollette [217], pp. 164-165.
61 Capitaine Debieuvre, 1er avr. 1910, ibid., pp. 169-170.
62 Ibid., p. 7.
63 Note impr. de 1898. Mémoire du 25 juil. 1911 et dossier photos et plans, Conc., X-3 et XLV.
64 M.C. à S.E.C., 31 août 1898, Conc., X-3.
65 M.C. à S.E.C., 24 nov. 1898, ibid.
66 M.C. à A.E., 8 mai 1899, Conc., XLV.
67 Société constituée par décret du 20 févr. 1899. On retrouvait au Conseil d’administration plusieurs personnes intéressées au Congo : le Belge Alexis Mols (administrateur de l’A.B.I.R. et de l’Ogooué-Ngounié) ; Lefebvre et Glorieux, industriels de Roubaix ; Van Minden, administrateur de la Cie Commerciale Française, et W. Guynet. Ibid.
68 Guynet et Glorieux à M.C, 10 mai 1900. Rapport du 24 avr. 1901 sur la mission de mai 1899 à avr. 1901, composée de 4 Blancs, 100 Sénégalais et 150 porteurs, Conc., XLV.
69 Note sur les territoires de la région située au nord du Gabon, annexe à la lettre A.E., 20 avr. 1910, ibid.
70 Les estimations mettaient en lumière la faiblesse des transactions sur ce rivage : 150 t de caoutchouc, 3 t d’ivoire, 100 t d’huile de palme et 200 t de bois sortaient de la Muni, du Campo et du Bénito. Ibid.
71 Lesieur à M.C, 16 oct. 1898, Conc., XLV.
72 Lesieur à M.C, 7 déc. 1893, ibid.
73 M.C. à Lesieur, 18 mai 1900, M.C. à A.E., 21 mai 1907, ibid.
74 M.C à A.E., 21 mai 1907, ibid.
75 Note pour le M.C, 7 juin 1912, ibid.
76 S.E.C. à M.C, 10 mai 1900, ibid.
77 Ibid.
78 S.E.C. à M.C, 23 juil. 1906, ibid.
79 S.E.C. à A.E., 30 déc. 1918, ibid.
80 Note pour le M.C, 7 juin 1912, ibid. La Convention du 27 juin définissait le Rio Muni espagnol.
81 Décret de concession et décret de cession, J.O., Lois et Décrets, 18 mars 1905.
82 S.E.C. à M.C, 5 déc. 1911, Conc., XLV.
83 S.E.C. au Président de la R.F., Poincaré, 18 févr. 1913, ibid.
84 M.C. à G.G.A.E.F., 6 mars 1912, ibid.
85 A.E. à M.C, 16 mars 1912, ibid.
86 Demande de R.V. de Guynet. Sont épinglés ensemble la carte de visite et le commentaire du chef de Cabinet, 30 sept. 1912, ibid.
87 A.E. à M.C, 20 nov. 1906 et 21 mai 1907, ibid.
88 A.E. à M.C, 19 sept. 1900 ; Ambassade à A.E., 27 mars 1902 ; M.C. à A.E., 21 mai 1907. A.E. à M.C, 15 oct. 1910, ibid.
89 Note pour le service du secrétariat et du contreseing, 17 nov. 1919. Modifications territoriales à prévoir à l’issue de la guerre 14-18, M.C. à A.E., 4 août 1919, ibid.
90 M.C. à A.E., 17 déc. 1919, ibid.
91 M.C. à A.E., 24 nov. 1919, ibid.
92 Note pour le M.C, 7 juin 1912, ibid.
93 Ibid.
94 Voir Chap. I.
95 Contrat du 5 juin 1897 venu à expiration en oct. 1898. J.O.E.F., 1er juin 1898, p. 13.
96 — Albert Motte, industriel de Roubaix, 1 200 actions de 500 frs.
— Henri Glorieux, industriel de Roubaix, 1 200 actions.
Jules Ritaine-Descamps, industriel de Tourcoing, 1 200 actions (concessionnaire de la Société de l’Afrique Française).
— Alexis Mols, industriel d’Anvers, 1 200 actions.
— François Nicol, 550 actions (concessionnaire de la Société de l’Afrique Équatoriale).
— Anselme Hartog Van Minden, négociant à Paris, 620 actions.
— Léon Lefebvre, industriel de Roubaix, 30 actions.
— Total : 6 000 actions.
Acte enregistré le 6 juin 1899 à Paris, Arch. Niger Français.
97 L’acte de vente fut signé le 13 juin 1899, Arch. Niger Français. Les actes précédents, outre la convention d’origine du 10 févr. 1893 (décret du 22 avr. 1893, B.O.C., p. 331), concernaient essentiellement :
— Une promesse de concession de 20 000 ha à Setté-Cama (délibération du Conseil d’administration du Congo Français, 3 mars 1894) ;
— L’octroi, pour trente ans, de la concession de territoires dans le Fernan-Vaz (décret du 30 juil. 1894) ;
— La concession définitive en toute propriété de :
4 ha à Loango,
10 ha au bas Kouilou,
4 ha 1 a 28 ca sur le Kouilou en aval de Kakamoeka,
52 ha 77 a 94 ca près de Mayumba,
30 ha près de Nyanga,
du bassin du Kouilou en amont de Kakamoeka et de celui de la Nyanga supérieure (arrêté du 7 mai 1894, approuvé par décret du 30 juil. 1894, J.O.C.F., 20 oct. 1894) ;
— Enfin la concession de 19 ha 32 a 98 ca sur le Kouilou (arrêté du 30 janv. 1896, J.O.C.F., 15 févr. 1896).
— En outre, la Société avait acquis la totalité des propriétés Hatton & Cookson dans la région, soit :
3 ha au bas Kouilou (rive gauche)
4 ha à Cangalonga —
4 ha à Kakamoeka —
Terrain Limba à Kakamoeka (Acte de vente du 5 déc. 1895). Arch. Niger Français.
98 Voir cartes 21 et 22, pp. 334 et 337.
99 Constituée le 5 juin 1900, avec un capital de 1 650 000 frs, pour exploiter 150 h sur les bords du Kouilou à Touba (rive droite), Mayumba (rive droite), Kakamoeka, Chicambo et Kulla.
100 C.P.K.N., Rapport annuel, 1912, Arch. Pointe-Noire, Eaux et Forêts.
101 C.P.K.N., Rapport général, 1911, Arch. Domaines, Brazzaville.
102 L’entente fut en vigueur du 1er juil. 1907 au 30 juin 1909, date à laquelle l’Ongomo, en déconfiture, fut rachetée par le colon gabonais Prosper Ancel. Inspection Laperge. Rapport fait par l’inspecteur Barthes sur l’Ongomo, 1er déc. 1928, Aix, 3 D.
103 G.G. Merlin à G.G.A.E.F., s.d. (1929), The United Africa C° Ltd. to the Executive Committee, 15 juin 1931, Arch. Niger Français.
104 Leur directeur, Brown, se noya à Conkouati, Merlin à G.G.A.E.F., s.d. (1929), ibid.
105 R.G., S.C, 1911, op. cit.
106 Mission du Major Wallace, 1913, Arch. Niger Français.
107 Dirigée par Wallace et le capitaine français Schnebelin, ibid.
108 L’ingénieur Wall, spécialisé dans la construction des chemins de fer en Afrique du Sud, avait été envoyé sur place avec quatre Européens, ibid.
109 Voir Chap. XIII.
110 Sur le détail de la convention conclue à ce propos avec l’État en 1918, voir p. 287.
111 L’accord prévoyait la cession de 10 ha de propriété dans le Kouilou contre 1 ha le long de la voie ferrée, ou de 5 ha contre 1 ha partout ailleurs. Échange de lettres des 23 et 31 oct. 1925 entre G.G.A.E.F. et C.P.K.N., Arch. Niger Français.
112 Il fut attribué par arrêté du 20 janv. 1927, J.O.A.E.F., 1927, p. 158. Une proposition d’échange du G.G. Antonetti (15 janv. 1927) prévoyait également l’abandon de 30 000 ha au Kouilou contre 2 ha 1/4 à Pointe-Noire et 2 ha à Brazzaville, le tout sous condition de mise en valeur en huit ans et d’édification d’immeubles d’une valeur de deux millions. Arch. Niger Français.
113 « M. Antonetti states that our building at Pointe-Noire is an insignificant and ugly building unworthy of the site he gave us. » S.E.D.E.C. à Lever House, 1er déc. 1928, Arch. Niger Français.
114 C.P.K.N., Note du 4 juin 1931, ibid.
115 La mission Blugger et Picard poursuivit à nouveau le même but en 1928. Ce fut elle qui étudia la concession des frères Tréchot. Arch. Niger Français.
116 La C.P.K.N. était détentrice du sol mais non du sous-sol de sa concession. Note (en anglais) datée de Léopoldville, 29 févr. 1928, Arch. Niger Français.
117 G.G. Merlin à Snelling, Paris, 6 juin 1928, et Desouches à G.G. Merlin, Paris, 20 oct. 1928, Arch. Niger Français.
118 La C.P.K.N. réclamait les deux tiers des parts de fondateur. Snelling à G.G. Merlin, Londres, 13 mars 1928 et G.G. Merlin à Desouches, Paris, 2 août 1928, Arch. Niger Français.
119 Snelling à G.G. Merlin, 25 janv. 1929, Arch. Niger Français.
120 Bilans de la Société (en francs courants)* Arch. Niger Français..
121 La proposition officieuse de Lever fut faite au G.G. Merlin le 13 mars 1928 : « J’aimerais à discuter avec vous [...] la question de la participation qui vous serait réservée personnellement dans la nouvelle organisation [...] : une solution raisonnable serait non seulement de vous réserver une place au Conseil d’administration, ce qui vous donnerait droit, automatiquement, aux tantièmes dus aux administrateurs, mais aussi de vous attribuer, dans ce but, un nombre de parts de fondateur. » Snelling (Lever House) à G.G. Merlin, Londres. Merlin entra, apparemment, en relations avec le groupe Lever en assurant la liaison avec Desouches. La demande officielle de la C.P.K.N. lui fut adressée le 2 nov. 1928. Sa nomination fut confirmée le 4 janv. suivant. Le G.G. Merlin défendit dès lors les intérêts de la Compagnie auprès du G.G. Antonetti, notamment dans une longue lettre de plaidoyer relatant l’histoire et les activités de la Société, s.d. [1927], Arch. Niger Français.
122 « Mon impression personnelle est qu’étant donné les difficultés que la C.P.K.N. va rencontrer, il vaudrait mieux que la S.E.D.E.C. absorbe la C.P.K.N. et laisse à la S.E.D.E.C. le soin de faire valoir les avantages que la C.P.K.N. peut penser posséder [...]. Je considère que les intérêts du groupe seront mieux servis en laissant la S.E.D.E.C. conduire les négociations. » S.T. Hitchon (S.E.D.E.C.) à Snelling (Lever House), Kinshasa, 15 juil. 1928, et à L. Genon (Lever, Bruxelles), Léopoldville, 1er déc. 1930, Arch. Niger Français.
123 S.E.D.E.C. à Thube (C.P.K.N.), Léopoldville, 11 avr. 1931, Arch. Niger Français. Hatton & Cookson fusionna effectivement avec la S.E.D.E.C. en 1933.
124 S.E.D.E.C. (Bruxelles) au général Grey (Lever House), 20 déc. 1930, Arch. Niger Français.
125 Répartition du capital (en francs) :
C.P.K.N. 250 000
Niger Français 250 000
Nouvelle Sté. Comm. Afric. 250 000
Cie Fr. de la Côte d’Ivoire 246 000
MM. Thubé, Deveaud, Lapage, Genon (admninstrateurs), chacun 1 000
La S.E.D.E.C. n’était pas actionnaire, afin que son chef comptable fût considéré comme un tiers non intéressé. Note sur la visite à Paris, 8 juil. 1936. La fusion S.C.K.N.-C.P.K.N. devint effective en 1951. Mais, la loi interdisant à une Société de posséder une partie de ses propres actions, les 28 370 actions S.C.K.N. apportées par la C.P.K.N. furent annulées par l’Assemblée générale des actionnaires du 31 déc. 1951, ce qui entraîna une réduction du capital correspondant. S.C.K.N., Historique (s.d.), Arch. Niger Français.
126 Fusion réalisée, selon l’Assemblée générale extraordinaire du 19 avr. 1958, par augmentation du capital social de 2 000 000 frs C.F.A. (ainsi porté à 995 720 000 frs C.F.A.) et création de 2 000 actions de 1 000 frs C.F.A. chacune, attribuées aux actionnaires du Niger Français. Le Niger Français, plus spécialement tourné vers le Sénégal, le Soudan et la Guinée, avait été fondé par Archibald Mac Gregor Mac Coll, négociant à Londres, en 1913, avec un capital initial de 1 100 000 frs (porté à 5 millions en 1924, 6,585 millions en 1925, 7,435 le 12 avr., et 30 millions le 24 avr. 1926). L’ancien G.G. Merlin présidait alors son Conseil d’administration. Arch. Niger Français.
127 G.G. Merlin à G.G.A.E.F., s.d. (1929), Arch. Niger Français.
128 Convention du 10 janv. 1939 entre G.G.A.E.F. et C.P.K.N. Lettre du Chef du Territoire du Moyen-Congo, 1er déc. 1948, Arch. Niger Français.
129 Avec promesse de rétrocession à la Société de 11 000 ha à l’achèvement de la piste Kayes - limite sud du Bloc 7, et de 10 000 ha à l’achèvement d’une scierie. Convention du 3 sept. 1949, Arch. Niger Français.
130 Convention du 31 mai 1950. Voir carte 23, p. 339.
Notes de fin
1 Bilans annuels des Sociétés, Arch. Crédit Lyonnais.
2 En 1905 fut décidée une distribution de 5 % des sommes versées par les actionnaires sur le montant libéré de leurs actions. Mais la mesure fut annulée l’année suivante à la suite de nouvelles pertes et des troubles accrus de la Nyanga.
3 Bénéfice de 24 000 frs, mais créance irrecouvrable de 231 000 frs sur le Comptoir Colonial Français en faillite.
4 Moyen-Congo, Rapports annuels, Aix, 4 (2) D. Bilans annuels de la Ngoko-Sangha, Arch. Crédit Lyonnais. Rapport Laperge sur la vérification des statistiques douanières, déc. 1928, Aix, 3 D.
5 R.G., S.C, 1909 à 1912, Conc., IV-9, C.P.K.N., Rapport 1921, Arch. Domaines, Pointe-Noire.
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