La jeune fille morte en couches
Un cas de maternité précoce, souhaitée ou avortée, d’après les témoignages des sépultures1
p. 109-144
Résumés
L’article propose, dans une perspective d’anthropologie funéraire, l’analyse d’objets présents dans la sépulture thasienne d’une jeune fille, âgée entre 11 et 15 ans, morte prématurément et discute leur signification. Il montre comment le matériel funéraire informe sur la maternité d’un point de vue social et symbolique, en évoquant la douleur intense causée par la mort, par un accouchement non abouti et la disparition simultanée de tout espoir de progéniture dans l’avenir.
The paper examines the significance of objects uncovered in a Thasian tomb of a young girl, aged between 11 and 15 years, who died prematurely. Adopting an anthropological perspective on funerary context, the paper shows how the finds that evoke intense pain caused by death, the unfulfilled promise of giving birth and the loss of any hope for future offspring, inform our understanding of ancient maternity from a social and symbolic perspective.
Entrées d’index
Mots-clés : maternité, jeune fille, mort, corps, anthropologie funéraire
Keywords : motherhood, young girl, death, body, funerary anthropology
Texte intégral
1Comment repérer et caractériser la maternité dans le sens corporel, social, voire symbolique du terme à partir du matériel archéologique funéraire ? De quels types de motifs et d’objets disposons-nous en contexte votif ou funéraire, public ou privé, pour parler de la grossesse et de l’enfantement ? Jusqu’où peuvent nous conduire les hypothèses formulées à partir de l’analyse du mobilier accompagnant une jeune défunte ? Sans avoir la prétention de donner de réponse définitive, notre étude appréhendera les éléments constitutifs de ce mobilier comme un ensemble de signes structurant un discours autour de la personne ensevelie, utilisant ainsi une méthode déjà bien éprouvée par les spécialistes des images2. Il conviendra, dès lors, ici de situer ce que nous attendons comme information de l’archéologie funéraire par rapport à l’ensemble des sources archéologiques et des textes qui nous renseignent sur la question de la maternité en Grèce ancienne. Puis nous limiterons notre exposé au cas le plus complexe, celui d’une fille morte à l’âge de l’adolescence – selon nos catégories actuelles – tout en ayant probablement déjà acquis un statut de mariée. Nous nous appuierons pour cela sur l’exemple d’une sépulture thasienne dont l’étude conduit à proposer quelques hypothèses au regard des théories du corpus hippocratique.
La procréation, la parturition, la maternité et la représentation figurée de l’invisible dans le registre archéologique
2Alors que les sources médicales s’engagent dans un discours détaillé sur les questions de la parturition, à étudier dans son propre contexte et selon les règles de sa propre rhétorique, les autres sources écrites passent l’événement de la naissance des mortels sous silence en privilégiant le mariage dans la vie de la fille qui devient femme de citoyen3. Le constat est le même pour les stèles funéraires qui, à part quelques scènes de femmes mortes en couches4 et trois scènes d’allaitement seulement5, se limitent à représenter des images qui semblent montrer le nouveau-né présenté à la mère morte en couches. Les seuls supports figurés se référant à de rares images d’allaitement, ainsi qu’à d’autres sujets en rapport avec la maternité, toujours de manière codifiée, sont les figurines en terre cuite, toutes périodes grecques confondues, et les gemmes magiques datant de la période romaine et étudiées plus particulièrement par Véronique Dasen6. Chacun de ces domaines obéit à ses propres règles de « lecture », mais, comme pour toutes les images, il ne s’agit jamais d’une illustration de la réalité.
La grossesse et le potentiel de procréation
3Dans le domaine des figurines qui ont trait à la grossesse, sont connus deux exemplaires provenant de Thasos, dont un de l’Artémision (fig. 1)7, deux du sanctuaire d’Artémis Laphria à Calydon8, deux de Smyrne9 appartenant à la collection de Candolle, dont une figurine datant de la période hellénistique récente (fig. 2)10, ainsi que ceux provenant de la grotte d’Inatos dédiés au culte d’Eileithye en Crète11. La représentation du ventre de la femme enceinte se fait dans les cas thasien et calydonien par la figuration d’un ventre très volumineux et déformé. Dans le cas de la curieuse figurine de Smyrne (fig. 2), dont la technique de fabrication est décrite par Chantal Courtois, l’artisan arrive à jouer à la fois sur le volume du ventre de la femme, le nombril, les vergetures de la peau12 créées par la grossesse ou suggérant des contractions pendant l’accouchement et les plis du vêtement léger que la femme porte probablement, puisque le dessin se prolonge par des traits verticaux sur la jambe droite.
4Toutefois, le plus ingénieux de tout, si tel est le cas, est d’avoir suggéré l’invisible (l’embryon qui est caché dans le ventre) et l’anatomie du corps de la femme par des analogies formelles, des jeux de métaphores et de métonymies renvoyant à la sexualité et à la maternité. En effet, ces dernières relèvent du vocabulaire médical : le ventre (koiliê, nêdus), l’estomac (gastêr), le vagin (aidoion), les parties génitales (aidoia), le pubis (kteis) et la matrice (husterai, mêtrai). Ainsi, des jeux d’associations sont faits entre le gastêr, l’estomac, le ventre, le sexe, la matrice et le nombril. La bouche et l’orifice utérin sont désignés par le même terme stoma13.
5Une figurine en terre cuite de Délos (fig. 3), datée des IXe-VIIIe s. av. n. è. et trouvée dans le péribole du sanctuaire d’Héra, permet de visualiser l’association mentale faite entre le nombril et le sexe féminin, mis sous la protection des divinités14. Car le nombril, suivant la description aristotélicienne de la région antérieure du corps, est présenté comme la trace de la racine, ῥίζα, du ventre dans le corps maternel : « à la suite du thorax, toujours dans la région antérieure, se situe le ventre, γαστήρ, avec sa racine, l’ombilic (ταύτης ῥίζα ὀμφαλός)15. Cette perception originale du ventre comprend le souvenir du corps dont l’homme provient et donne au ventre et au nombril l’aspect convexe du rempli et de la fécondité. La bouche et l’orifice utérin sont désignés par le terme stoma attribué aussi, nous l’avons vu, à la bouche. L’omphalos qui désigne le nombril évoque le lien qui unit la mère au fœtus et, de manière plus générale, la région du ventre et le sexe16, voire le placenta, double de l’enfant et seul « organe » éphémère qui sort de la matrice et nourrit l’enfant par l’autre bout du cordon en étant enraciné dans la paroi de l’utérus maternel17. Ainsi, l’omphalos devient un point d’entrée du corps bien marqué, qui désigne le nombril, le cordon ombilical et une source de fécondité18.
6Il n’y a donc rien d’étonnant si l’on considère les similitudes entre l’effet des lignes convergeant vers le centre du ventre signalé par le nombril sur la figurine smyrniote lui offrant l’aspect d’un placenta côté fœtal19 et l’image que les coroplathes ont rendue par des incisions dans la figue en terre cuite du Thesmophorion de Thasos portant une extrémité ligneuse en forme de cordon ombilical entortillé (fig. 4) ou par les sillons et le nombril sur le gâteau faisant partie de l’ensemble des figurines accompagnant une fille morte de Thasos (fig. 5). Selon l’hypothèse que nous avions formulée, la figue thasienne représenterait les vertus du fruit et en même temps, indirectement, le placenta et le cordon ombilical ; le gâteau représenterait une figue, un placenta ou le gâteau plakous, terme qui devait signifier placenta même pendant l’Antiquité20. Il semble plus que probable que le créateur de la figurine de Smyrne a voulu jouer sur la polyvalence du motif et sur tous les niveaux précités : gâster, matrice, stoma, omphalos, y compris le placenta et le plakous. Enfin, toujours dans une volonté de représentation anatomique du ventre, porteur de l’enfant, l’artisan a pu vouloir représenter le nombril au milieu de la partie supérieure de l’abdomen décrit comme un nœud au milieu d’un filet que l’on appelle gaggamon21.
7Les termes donnés par Hésychius semblent trouver une définition chez Pollux (II, 169), pour qui le γάγγαμον serait l’entrelacement des fibres (νεύρων πλέγμα) qui entourent le creux du mesogastrion, l’omphalos, et la région qui l’entoure, le mesomphalion à l’image d’un filet (καθάπερ τὸ δικτυῶδες). L’idée du γάγγαμον/filet, dont le premier sens est celui de la pêche de poissons, n’est sans doute pas incompatible avec une métaphore du gastêr-utérus comme milieu aquatique dans lequel le fœtus se trouve comme un poisson dans l’eau. De ce fait, l’interprétation conduit à rappeler qu’Artémis, la patronne de la chasse et de la pêche, est aussi celle qui protège la mise au monde de tous les êtres vivants, dont tous ceux qui nagent comme les poissons. Il s’agirait, alors, d’un autre aspect de la fécondité et de la richesse de la nature qui serait suggéré par l’évocation de l’abdomen/filet. Cette volonté de l’artisan de mettre l’accent sur la structure et le contenu invisible et imaginé de cette partie du corps féminin ainsi que sur le potentiel de procréation que son ventre représente se comprend quand on sait que l’anatomie du corps humain et plus précisément de la femme ne sera connue qu’à partir du IIIe siècle av. n. è. après les dissections pratiquées par Hérophile à Alexandrie22. Jusque-là, toucher à l’intérieur du corps et surtout à ce qui concerne l’accouchement est considéré comme une souillure dont il faut se purifier23. Cette volonté d’observer le corps humain aussi quand il présente des particularités anatomiques, une caractéristique, pour les recherches médicales, de la période hellénistique à Alexandrie et en Asie Mineure, se retrouve d’ailleurs dans l’art de la statuaire et dans la production coroplathique de Smyrne.
8Plus tôt, à la fin du Ve siècle av. n. è., le coroplathe corinthien qui fabrique la poupée articulée accompagnant une jeune fille dans la sépulture de la nécropole Marti d’Ampurias (Emporion) (fig. 6)24 utilise une sorte d’« écorché », c’est-à-dire de modelé anatomique en relief, rappelant le rendu des muscles abdominaux des guerriers sur les vases grecs à figures rouges ; aussi met-il le ventre en évidence, attirant le regard sur cet invisible et signalant l’importance de la procréation de futurs citoyens dans cette colonie grecque. Cette image inhabituelle représentant l’abdomen sans peau, sous forme compartimentée, permet aussi un dernier rapprochement avec la carapace de la tortue. L’animal, étroitement lié à Artémis par le nombre important d’offrandes en terre cuite faites à ses sanctuaires (comme ceux de Thasos et Brauron) et le paysage qui les caractérise, est également associé aux petites et jeunes filles par lesquelles il est porté comme amulette25 et constitue aussi un jeu connu. Dans le cas de cette figurine, le ventre de la femme serait entendu comme une petite « maison » pour loger le fœtus en sécurité. Autant que la carapace, qui agit comme un bouclier pour protéger l’animal, le ventre de la femme devrait agir comme un bouclier26 pendant la gestation du futur citoyen. Il arrive pourtant que la carapace-maison évoque également une sorte de tombeau, puisque la tortue hiverne, fait qui l’associe entre autres à la mort ; dans ce cas, aucun nouveau membre de la colonie ne pourra naître du ventre de la petite défunte d’Ampurias. Aussi des carapaces de tortues deviennent-elles parfois en Grèce ancienne le contenant de sépultures d’enfants, comme à Akanthos27. Exactement dans le même but sont utilisées deux autres poupées articulées presque identiques à celle d’Ampurias et de fabrication toujours corinthienne provenant d’une cité du Pont-Euxin, Panticapée28 (fig. 7).
L’accouchement
9Hormis deux figurines chypriotes exposées au Musée archéologique national d’Athènes29, aucune représentation grecque d’accouchement n’était connue jusqu’à maintenant. Les premières figurines récemment publiées proviennent du sanctuaire d’Eileithyie à Inatos en Crète. La déesse pouvant délier le cordon ombilical y est vénérée pour la délivrance de la femme (fig. 8)30. Les figurines datent de la fin du IXe – début du VIIe siècles. Représentée assise en posture de parturiente à l’intérieur d’un vase plastique31 qui pourrait être censé contenir de l’eau, la femme est assistée par un autre personnage féminin (mortel ou divinité) qui se tient debout derrière elle. La mise en série de l’objet avec les figurines précédentes nous permet de distinguer, au niveau de la surface du ventre, des incisions régulières en forme de découpages circulaires et semi-circulaires ; une démarche abstraite pour attirer le regard vers cette partie prometteuse et invisible du corps qui va cependant de pair avec un détail naturaliste, inattendu et exceptionnel, le rendu du pubis sur une figurine de femme et non pas de façon fragmentaire comme sur un ex-voto anatomique32.
10Nous constatons ainsi que les références archéologiques relatives à la maternité, peu nombreuses et très souvent indirectes, utilisent un langage de signes polysémiques. Nous avons besoin de clés pour les lire, comme tout document historique, mais ce que nous proposons ne peut être qu’une hypothèse qui reste à valider. Pourtant, les dossiers commencent à se constituer peu à peu.
Le matériel des nécropoles et les sépultures de jeunes filles
11Pour les mêmes raisons, il est difficile de faire parler le mobilier qui accompagne les défunts, mères probables et enfants, que l’on retrouve dans les nécropoles. Le premier problème qui se pose est, tout d’abord, celui de déterminer si, dans les sépultures contenant deux individus, nous avons effectivement affaire à une mère et à son enfant. À cette question dont la réponse est variable en fonction des cités, des périodes et parfois des pratiques sociales des élites, seule une analyse de l’ADN mitochondrial ou du strontium, pourrait apporter une réponse33. Par conséquent, seules les femmes mortes en état de grossesse peuvent être considérées comme mères avec certitude et les cas sont vraiment exceptionnels34. Comme un très grand nombre d’enfants meurent en période périnatale et au moment du sevrage, la plupart des sépultures que nous trouvons contiennent des femmes enterrées seules ou des enfants enterrés seuls, sans que l’on puisse établir une connexion facile entre les sépultures des unes et des autres.
12C’est la raison qui m’a conduite à prendre la question par un autre bout concernant les mères, après avoir étudié un nombre suffisant de sépultures d’enfants et compris leurs particularités. Je me suis intéressée à ces jeunes filles ou jeunes femmes primipares dont parlent les textes en me demandant comment les repérer parmi les mortes des nécropoles que j’étudiais à Thasos. L’étude anthropologique prudente effectuée par Anagnostis Agelarakis donne rarement l’indication de femme ayant accouché quand il s’agit de très jeunes filles, car la formation du pubis peut être un indice trompeur, surtout quand il s’agit de primipares. Le critère que j’ai choisi est celui de l’âge, en me fondant sur les sources anciennes qui montrent que la plupart des filles étaient mariées entre 12-13 et 16 ans à peu près. C’est précisément sur ces jeunes filles, qui sont considérées presque toujours par les archéologues comme des jeunes filles non mariées, des aôroi korai, accompagnées par un mobilier souvent plus riche que les autres défunts, que j’ai porté mon attention. L’exemple que j’ai choisi de développer concerne la plus jeune d’entre elles.
La sépulture XVIII du terrain Soultou à Liménas de Thasos35
13Il s’agit d’une tombe à ciste contenant deux individus et trouvée dans un péribole funéraire appartenant à une élite de la cité thasienne des IVe-IIIe siècles av. n. è. (fig. 9).
Les défunts
14Dans un premier temps a eu lieu l’inhumation d’un jeune individu qu’on pense être âgé entre 12 et 13 ans d’après la maturation des dents. Il serait de sexe féminin si l’on considère la morphologie et les mesures crâniennes, car l’état de préservation des restes osseux ne permet pas un examen plus précis36. Le squelette appartient donc à un individu immature avec une morphologie anatomique gracile37 qui ne semble pas avoir souffert d’une maladie particulière. Il a dû avoir droit à une vie convenable et à une alimentation riche sans stress nutritionnel. Le seul désordre attesté chez lui se situe au niveau de la dentition et s’appelle le tubercule de Carabelli38. Il s’agit d’un renflement de la surface en forme de languette inscrite dans la ligne en arc qui se présente sur la face interne de la couronne de la première molaire d’adulte supérieure de l’individu, divisée en deux dans le sens de la longueur par le sillon médian. Cette languette enfle et devient un tubercule mamillaire qui se dégage et ressemble à un ergot greffé sur le corps de la dent. Cette cuspide surnuméraire est le résultat d’une anomalie qui peut être congénitale ou qui peut affecter l’organisme en phase de transition. L’intérêt qu’elle présente ici est de faire connaître les causes et les conséquences qu’elle aurait pu avoir sur l’ensemble de l’organisme dans l’Antiquité, puisqu’aujourd’hui elle semble ne pas causer de problèmes. La question qui va nous occuper est donc : quelle est la cause de la mort de cette fille ?
15Peu de temps après39 sont venues s’ajouter dans la tombe les cendres de la crémation d’un homme ayant entre 35 et 45 ans. Alors que le premier défunt était entouré d’un mobilier qui confirme son sexe féminin, comme nous le verrons dans le paragraphe suivant, le cahier de fouilles n’attribue pas de mobilier au second.
Le matériel de la tombe
16La tombe contient :
Des fragments d’un miroir en bronze40 évoquant les soins et la beauté féminine.
Un petit vase cylindrique en bronze appelé pyxis par le fouilleur41. Sa matière se prête à la conservation de produits cosmétiques, mais elle est aussi indiquée pour les produits de la pharmacopée.
Neuf lamelles en or portant des trous de perforation aux extrémités leur permettant d’être cousues sur un bandeau de matière périssable pour former une couronne à laquelle s’ajoutent neuf feuilles d’or et deux autres motifs décoratifs42. Les images sur les vases et la comparaison avec d’autres bijoux laissent penser à une couronne de mariée (fig. 10).
Un astragale naturel.
Un ensemble de six boules en terre cuite comportant un ou deux orifices43 (fig. 11) que le fouilleur interprète comme un hochet, en pensant que la fille n’avait pas été mariée. Des boules similaires ont été trouvées par Victoria Sabetai dans le bûcher funéraire T12 de la nécropole d’Akraiphia (Béotie) et récemment encore dans une autre sépulture de femme morte prématurément, ayant entre 18 et 25 ans (T 144, IVe s., toujours à Akraiphia). Les petites boules en terre cuite déposées entre les cuisses de la défunte étaient aussi au nombre de six et présentaient un diamètre de 0,5 à 0,8 cm44. Des boules en terre cuite de nombre et de taille analogues sont exposées dans une vitrine du musée de Mytilène45. De petites sphères en bronze trouvées en plusieurs exemplaires dans différents mobiliers funéraires sont, enfin, mentionnées dans les nécropoles de Locres46. Diégo Elia qui étudie ces nécropoles de Locres confirme aussi l’existence de boules de 1 cm de diamètre en plomb ; celles-ci se trouvent uniquement dans des tombes de femmes, toujours au nombre de six par sépulture47.
Une monnaie d’argent thasienne portant sur le droit la tête de Dionysos et sur le revers l’image d’Héraclès archer, remontant, selon Olivier Picard, aux IVe-IIIe siècles av. n. è., permet de dater la sépulture de cette période48.
Une pierre ponce de couleur bleu-gris49.
Des fragments d’une matière minérale de couleur obscure à l’extérieur, contenant des pigments rouge-ocre à l’intérieur. Il doit s’agir d’ocre de Thasos50.
Un clou.
Un anneau de bronze de 1,5 cm de diamètre probablement cassé volontairement.
Un bijou formant les trois quarts d’un cercle51 de 3 cm de diamètre (fig. 12). Il est fait d’un fil d’argent épais, torsadé, enroulé et aux extrémités aplaties ; aucune explication n’est donnée sur sa fonction. Sa forme renvoie à un bracelet à faire porter à un bébé. Mais sa matière non flexible et son ouverture très petite excluent toute possibilité de ce genre. Il doit être étudié en relation avec un deuxième objet conservé, oblong, de 2,5 cm de longueur, qui l’accompagne sur la photographie, de même facture et fait du même fil épais ; pointu d’un côté, il s’ouvre en fourche de l’autre où il présente une grande cassure. Ce deuxième objet, omis dans la liste de la publication de Marina Sgourou, figure bien dans les photographies des archives du Service (fig. 12) et fait partie du matériel de la sépulture qui m’a été communiqué par le fouilleur lui-même. Formait-il un grand chas d’aiguille de fibule ou d’une broche ? Un bijou analogue (fig. 13a)52, en forme d’oméga qui passe à travers le chas d’une aiguille pareille lui permettant de tourner, date de la période romaine et provient d’Augusta Raurica (Suisse, canton de Bâle). Il nous permet de comprendre le fonctionnement conjoint des deux objets formant une seule fibule. Des parallèles à l’objet semi-circulaire au fil torsadé et aux mêmes extrémités aplaties ont été trouvées à Akanthos sous forme de pendentif où les extrémités sont associées (fig. 13b)53 ; à Érétrie, deux pièces en or en forme de fer à cheval faisaient partie d’un trésor54 ; cette même forme se retrouve, accrochée à un fil et portée en baudrier avec d’autres amulettes par des figurines d’enfants accroupis de provenance chypriote55 ; à Maronée, on trouve également ce genre d’objet sous la forme de bracelets en bronze avec une fonction prophylactique dans des tombes de période protobyzantine situées dans des basiliques réutilisées comme nécropoles pour enfants56 ; mais l’objet devait exister à la période romaine dans l’espace grec, parce qu’on le trouve dans différents sites romains de l’Europe occidentale, comme par exemple à Augusta Raurica (fig. 13c). Il était porté comme bracelet au poignet d’une fillette morte à l’âge de 4 ou 5 ans, ensevelie dans une tombe à fosse vers 350 de n. è.57. Le même type d’objet a été trouvé dans une autre tombe romaine de Godmanchester, Cambridgeshire, en Angleterre. À la période byzantine, on retrouve le type sous la forme de bracelets et de collier pour fêter une heureuse naissance et comme objet prophylactique pour l’enfant58. Enfin, au début du XXe siècle, il apparaît en Kabylie algérienne en liaison avec des ornements locaux associés à la naissance. Ces derniers nous permettent de confirmer cette fois comment le type de fibule avec le fil torsadé en forme de cordon ombilical fonctionnait comme un ensemble avec la baguette oblongue : il s’agit, comme pour la fibule en oméga d’Augusta Raurica, d’une fibule qui passe à travers le chas formé par la fourche de cette aiguille qui la fixe sur un vêtement et qui lui permet de bouger, de tourner le long de la tige circulaire et d’être portée comme une lune, ainsi que j’ai pu le voir sur la tête d’une femme à Paris. En Kabylie, cet objet se transmettait de mère en fille dans le cas d’une grossesse, comme objet prophylactique59. D’après un autre témoignage provenant toujours de la Kabylie algérienne, cet objet s’appelle efsi(m) et les femmes le portent à l’issue d’une heureuse naissance. Le seul mot correspondant phonétiquement au terme que l’on m’a donné pour l’objet et pour sa fonction se trouve sous la forme du verbe efsi dans le dictionnaire des verbes kabyles et signifie délier, défaire ; se défaire, se délier, fondre60. Sans connaître la grammaire kabyle et savoir exactement comment se formulerait le substantif qui en dériverait, le sens de la délivrance à l’accouchement peut bien correspondre à ce type d’objet. Il s’agirait d’un signe se référant à la notion de délier l’utérus et délivrer la femme de l’accouchement, fonction qui dans le monde grec est attribuée à Eileithyie et à Artémis. Le port du même objet est attesté aujourd’hui dans d’autres régions berbères (Maroc) où il semble cependant avoir perdu sa signification.
Enfin, un grand nombre d’objets fragmentés en fer rouillé, plus ou moins aplatis et de longueur différente ont été enregistrés par les archéologues du Service archéologique de Thasos comme des ἐγχειρίδια, des couteaux ou des poignards61. Dans ce cas, ils sont probablement volontairement brisés et leur restauration permettra une meilleure appréciation de leur fonction.
Le lien de parenté entre les deux morts
17Influencée au départ par le fouilleur qui voyait chez ce jeune individu une korê aôros, future épouse d’Hadès, j’ai supposé qu’il devait s’agir d’une fille et d’un père décédé après elle. Or, ce genre d’association de défunts n’est pas du tout fréquente dans les sépultures doubles des nécropoles que j’ai étudiées (Thasos, Amphipolis, Abdère, Patras). De plus, la croyance, répandue aujourd’hui chez les archéologues, du mariage d’une aôros dans l’Hadès provient surtout de la fiction poétique et de la tragédie62 et pourrait refléter une croyance antique ; la phrase bien connue de Phrasikleia63 qui annonce au passant son destin de rester korê pour toujours puisqu’elle est morte avant de se marier prouve néanmoins le contraire, comme d’autres épigrammes funéraires disant que la fille ne se mariera jamais. Or, le matériel qui accompagne la fille dans cette sépulture évoque le mariage. Si ce mariage n’est pas prévu dans l’Hadès, a-t-il pu avoir lieu avant que la fille ne meure ? Quelles sont les indications que nous avons à notre disposition ? Et dans ce cas, à qui auraient pu appartenir les cendres de l’homme qui furent ajoutées dans la sépulture ? Compte tenu de l’écart d’âge entre les deux défunts, de l’âge de la fille, qui a dépassé les 12 ans, et de la couronne d’or contenue dans la tombe évoquant le mariage, ne pourrait-il pas s’agir plutôt d’un couple ?
18Pierre Brulé et bien d’autres spécialistes ont cherché l’âge indicatif auquel les filles se mariaient dans ces sociétés et ont justement montré qu’il était compris entre 11 ans et 14-15 ans64. De plus, l’âge considéré comme officiel pour le mariage à Thasos au IVe siècle av. n. è. se situe à 13 ans, pour les épiclères que l’on doit marier au plus tôt, selon une inscription étudiée par Jean Pouilloux65. Celle-ci comprend les décisions prises par la cité concernant les funérailles des morts pour la patrie et les règlements pour porter secours à leurs descendants. Dans ce document, la cité remettra aux filles une dot « quand elles auront 14 ans », ce qui se traduit par treize ans dans notre façon de compter, explique Pierre Brulé. Cette décision, qui vise évidemment à protéger les jeunes filles et, à travers elles, le patrimoine de leur père, est conforme aussi aux recommandations des auteurs hippocratiques concernant un mariage relativement précoce pour les filles à l’âge de la menarchê qui pour eux coïncide avec l’époque du mariage.
19Dans leur façon de concevoir le fonctionnement de l’organisme féminin, les menstruations surviennent ou bien ne surviennent pas et sont contenues à l’intérieur du corps en risquant de causer tous les problèmes que les fameuses Maladies des jeunes filles évoquent66. La recommandation est donc pensée dans la perspective d’un meilleur écoulement des règles, une fois l’odos ouverte grâce aux relations sexuelles qui épargneront à la jeune mariée de passer par de telles épreuves. Or, les sources ne sont pas unanimes sur l’âge du mariage. Hésiode propose que la jeune fille reste pubère pendant quatre années et qu’elle se marie la cinquième67. Pour Aristote, la question se pose autrement : à l’annonce de la maturité sexuelle, la fille devient vulnérable à cause de sa sexualité qui s’affirme. C’est pourquoi, elle a besoin de surveillance68 afin qu’elle arrive sans problème jusqu’au mariage, par lequel seulement elle produira des enfants légitimes. Car, d’après Aristote, elle ne doit pas se marier aussitôt après la menarchê. Elle devrait plutôt attendre, puisqu’un mariage précoce lui permet une conception plus facile, mais l’accouchement est très laborieux et pourrait mettre sa vie en danger69. L’idéal serait qu’elle se marie vers l’âge de 18 ans70, tandis que l’âge propice à une procréation sans problème et à la naissance du meilleur enfant se place à 21 ans (trois fois sept ans). Toutefois, les considérations du Stagirite restent très théoriques et il est plus que probable qu’on mariait les filles plus tôt, comme notre défunte.
20Concernant l’homme, il est généralement admis que, dans la plupart des cités, les hommes avant la trentaine n’étaient pas mûrs pour se marier et devenir maîtres de leur oikos. Hésiode conseille déjà cet âge pour le mariage de l’homme71, Aristote le pose à 37 ans72. Dans les deux cas, nous sommes loin des images sur les vases qui figurent les époux ayant un âge similaire et des romans postérieurs comme Daphnis et Chloé, à une exception près : les Lacédémoniens qui, à propos des garçons, affirmaient que les mariages à l’âge de la maturation biologique du corps permettent la mise au monde de rejetons d’une meilleure qualité73. Toutefois, la société thasienne n’était pas structurée comme la société spartiate. Ainsi, la réalité de la sépulture thasienne permet, d’après les sources, d’imaginer que le « monsieur » a épousé la jeune défunte ayant atteint l’âge de la menarchê, que celle-ci est morte peu de temps après, et que sa propre mort est survenue dans la quinzaine d’années qui a suivi le décès de la fille.
Raisons de la disparition de la jeune fille
21Cette nouvelle hypothèse change radicalement les paramètres intervenant dans les raisons possibles du décès de la fille à cet âge. En plus de toutes les maladies possibles générales ou propres à cet âge, il faut tenir compte désormais des problèmes gynécologiques auxquels on n’a pas pensé considérant la fille comme une korê aôros. Le jeune âge des filles et les problèmes que posent les grossesses précoces sont peut-être deux des raisons pour lesquelles les maladies des femmes prennent une place si importante dans le corpus hippocratique, si leurs auteurs entendent comme femmes les filles à partir de 11 ans74. Aussi la jeune Thasienne aurait-elle pu succomber des suites d’un problème gynécologique ou d’un moyen mis en œuvre pour le traiter. On sait à quel point, par exemple, les traitements hippocratiques contre la stérilité de la femme prévus pour provoquer l’arrivée des menstrues ont pu causer des problèmes de santé graves et des fièvres difficiles à maîtriser : quand « l’orifice [στόμα], se durcit et que les règles n’apparaissent pas, ni une grossesse, la fille est prise de fièvre douce […] il faut lui élargir […] l’orifice cervical par une sonde […] »75. Les risques d’inflammations et d’infections pour ces sociétés qui ignorent l’asepsie sont clairs quand on pense aux traitements des femmes qui ont l’orifice utérin « dur » et que l’on traite par des pessaires, des outils en étain ou en plomb à commencer par la sonde. Les hippocratiques admettent d’ailleurs que la « plupart des moyens énergiques ulcèrent le col [ἑλκοῖ τὸν στόμαχον] »76. Dans ce langage métaphorique et figuratif et dans une démarche par vertu sympathique, Hippocrate utilise même dans un autre passage77 le terme ἐρινεός, la figue sauvage, pour désigner cet orifice cervical qui se ferme, se durcit à l’examen et ne permet plus la réception du sperme en rendant la femme stérile : c’est qu’à la forme et à la consistance de la figue sauvage s’ajoute la notion de la stérilité qui la caractérise. La plupart des spécimens d’ἐρινεός donnent des fruits de maturation imparfaite78. L’ἐρινεός est donc à l’opposé de l’image de la figue symbole de la fertilité, de la reproduction, voire du placenta et des parties génitales de la femme que la petite figurine du Thesmophorion de Thasos représente (fig. 4). La jeune Thasienne ensevelie dans la sépulture du terrain Soultou représente-t-elle un cas où le vœu de conception exprimé par la famille de la fille n’a pas pu être exaucé79 ?
22De même, il est possible que la fille soit décédée des suites d’un avortement spontané, d’une forte hémorragie ou après un accouchement difficile. Qu’il n’y ait pas d’enfant dans la sépulture ne constitue pas une preuve pour l’une ou l’autre cause.
Les poignards
23Ce qui est également particulièrement intrigant, car fort inhabituel ailleurs, est la présence de fragments de poignards dans le matériel de la tombe. Ces outils auraient-ils joué un rôle quelconque comme instruments médicaux improvisés ? Avant le nettoyage et la restauration des objets, on risquerait cependant de les sur-interpréter puisque d’après leur aspect actuel ils ne correspondent pas aux outils médicaux conventionnels.
Les boules en terre cuite
24D’autres éléments du mobilier peuvent peut-être nous conduire dans le sens d’une grossesse souhaitée ou manquée. En effet, les six petites boules en terre cuite (fig. 11) rappellent un ex-voto en terre cuite étrusque représentant un utérus ayant au niveau du col six excroissances sphériques ainsi que d’autres petites boules (deux) incluses à l’intérieur d’un autre ex-voto en forme de matrice80. Gaspare Baggieri les interprète comme des représentations symboliques de fœtus ; je dirais plus simplement des œufs, puisque les Anciens doivent penser à des « œufs » humains sans savoir quelle forme ils pouvaient avoir. La comparaison avec les œufs des poules est fréquente quand il s’agit de parler du développement du fœtus81. Les œufs naturels ou les œufs en terre cuite se trouvent parfois dans des sépultures de jeunes femmes et d’enfants grecs ainsi que dans des sanctuaires de divinités courotrophes protégeant la naissance comme l’Artémis thasienne.
25Pourquoi ces objets ne seraient-ils pas déposés à leur place en exprimant un vœu de procréation, un substitut de fœtus ? Un article récent d’Antonietta Brugnone présente une petite boule inscrite trouvée à l’intérieur du temenos du Piano d’Himère82 que son auteur compare avec une autre provenant de l’Héraion di Capo Lacinio sans inscription, une deuxième portant la lettre E provenant du sanctuaire d’Asclépios d’Agrigente, ainsi qu’avec celles de Locres que je cite comme parallèles dans la liste du matériel de la sépulture thasienne. L’intérêt de la boule d’Himère, d’un diamètre de 2,1 cm, conservée à l’Antiquarium de la ville (H82, 51), est l’inscription qu’elle porte. Antonietta Brugnone restitue ΕΠΙΛΥΣΑΜΕ<Ν>ΑΣ, terme qu’elle met en rapport avec le verbe ἐπιλύειν signifiant délier, libérer, ouvrir, dénouer, manipuler, ainsi qu’avec le théonyme Ἐπιλυσαμένη d’une des Eileithyies83. Eileithyie est une divinité (ou un groupe de divinités) qui permet la délivrance des femmes pendant l’accouchement et qui agit en dénouant les liens, le nœud, qui gardent la matrice fermée. Dans une scholie aux Argonautiques d’Apollonios de Rhodes, elle porte l’épithète λυσίζωνος, celle qui délie la ceinture, épiclèse attribuée d’habitude à Artémis avec laquelle elle se confond souvent en Artémis Eileithyia. Dans ces cas, Artémis Eileithyia est la déesse qui vient en aide aux primipares84. Si la jeune défunte de Thasos a été enceinte, elle n’a pu être qu’une primipare. De plus, Antonietta Brugnone se demande si la petite boule a pu jouer un rôle dans un rituel divinatoire ou de cléromancie à Himère. De ce fait, avoir appelé Artémis Eileithyia au secours de la jeune fille à Thasos et avoir déposé des objets divinatoires ou exprimé simplement des vœux de procréation par le biais de ces objets qui seraient à mettre en rapport avec la déesse n’auraient rien de surprenant. Le culte d’Eileithyie associé même à Artémis est bien attesté à Thasos.
La fibule / bracelet
26Un autre élément que l’on pourrait ajouter à l’hypothèse formulée d’une grossesse mal terminée est le petit « bracelet »/« fibule » (fig. 12) mentionné dans la liste du matériel trouvé dans la tombe. Dans l’aire géographique de la Macédoine, de la Thrace et de Byzance où la continuité de certaines pratiques est démontrable, toutes périodes confondues, la présence de cet objet est en rapport avec la naissance et la petite enfance. Si nous supposons une grossesse mal terminée, c’est parce qu’en cas de survie de l’enfant un tel objet n’aurait pas eu sa place dans la sépulture de la mère. La constatation du bris va dans le même sens, certainement volontaire, de plusieurs autres objets qui font partie du matériel de la tombe : l’objet oblong appartenant certainement à la fibule, l’anneau en bronze, tous ces poignards cassés, la pyxis brisée. L’image que la sépulture reflète avec tous ces objets brisés montre un désarroi profond, un geste de désespoir plus accentué que d’habitude.
27Alors que la matière et la facture de la fibule sont nobles, le traitement de ses extrémités aplaties soulève des questions à propos de leur caractère inachevé, sachant que les ateliers de la région étaient capables de produire des bijoux parfaits. Qu’a-t-on voulu représenter par cet objet pourvu de telles extrémités et par tous les autres, qui suivent dans la série, chez lesquels cette imperfection se retrouve chaque fois aux extrémités. Il semble que tout l’intérêt réside dans la partie presque circulaire et torsadée et que les extrémités n’ont pas besoin d’être embellies mais sont rendues de manière simple, sans finitions ; elles suffisent en tant que telles. L’observation d’un cordon ombilical entortillé qui vient d’être ligaturé et coupé ne laisse pas le moindre doute dans le contexte de notre étude sur ce que cet objet représente, comme en témoignent les figures 14a et b. L’aplatissement des extrémités ne serait pas l’affaire d’une mauvaise facture, mais d’un effort de naturalisme pour rendre les extrémités du cordon après la ligature. La coupure de ce cordon étant d’une importance vitale pour l’enfant, dans l’Antiquité et dans les sociétés où les accouchements ne se passent pas à l’hôpital, elle est considérée avec la plus haute attention. Aristote explique, par exemple, le danger de mort qu’une hémorragie représente pour le nouveau-né au moment où la ligature est pratiquée. Dans la plupart des cas, on coupe le cordon quand le placenta est sorti et le rôle de la sage-femme est plus qu’important lors de cette opération risquée. Une sage-femme expérimentée est aussi capable de ranimer un enfant que l’on croit mort-né en pressant sur le cordon ombilical pour que tout le sang diffus à l’extérieur du corps (et vers le placenta) retourne vers le corps de l’enfant qui paraît exsangue85.
28Le bijou en argent dont la facture rappelle alors le cordon ombilical présente un dernier rapport avec la grossesse et symbolise le lien qui a relié la mère et l’enfant pendant des mois : sa forme de trois quarts de cercle ne représenterait-elle pas les dix mois lunaires que la grossesse dure d’habitude ? Dans une société où tout est signe, le cordon ombilical servirait comme objet prophylactique pour la mère comme pour l’enfant. Faire porter à l’enfant les restes de son propre cordon ombilical sous la forme d’une amulette cousue sur les vêtements – pratique connue dans plusieurs sociétés – lui garantirait de la force86. Porter la figuration du cordon comme bijou aurait sans doute le sens d’amulette pendant la grossesse ; elle symboliserait le dénouement du lien qui retenait l’utérus fermé, permettrait un accouchement heureux, constituerait un indicateur de fertilité future pour le couple suivant les nodosités du cordon et protégerait les enfants sous forme de bracelet. Par rapport à l’interprétation que nous avons donnée des petites boules en terre cuite, en les mettant en relation avec l’aide attendue de la part d’Eileithyie ou d’Artémis Eileithyie à la parturiente et l’issue de l’accouchement dépendant du sort, le port du cordon ombilical par la femme enceinte comme amulette va exactement dans le même sens, celui de la bonne issue de la parturition ; il dépend de l’action des mêmes divinités et de leur qualité de λυσίζωνος. Le terme efsi(m), signifiant délier, accordé au même type d’objet aux XIXe-XXe siècles dans la Kabylie algérienne, voire lointaine, atteste certainement des mêmes préoccupations pour la survie de la mère et de l’enfant à la naissance.
29Tout ceci n’est encore qu’une hypothèse construite à partir des éléments que cette sépulture offre à l’archéologue. Nous n’avons pas encore trouvé de texte qui la validerait, mais nous ne pouvons pas ignorer leur logique. Et quand nous observons le cordon ombilical suggéré au travers de l’extrémité ligneuse de la figue en terre cuite du Thesmophorion de Thasos (fig. 4), la probabilité que ce petit objet se réfère lui aussi à ce lien entre mère et enfant paraît encore plus forte, compte tenu des moyens que les Grecs utilisaient pour s’exprimer dans la figuration.
La pierre ponce
30Un autre élément présent dans la sépulture pour évoquer à la fois la toilette, le nettoyage de la peau et en particulier l’épilation, permettant de transformer le corps pubère de la jeune fille en un corps lisse et parfait, est la pierre ponce. Aussi, pour la jeune fille thasienne, cette pierre signalerait-elle à la fois l’apparition récente des poils dans la région pubienne, signe de sa maturité naissante et parallèle à la menarchê d’un côté, et la maîtrise de cette pilosité de l’autre dans le sens de la nature civilisée et de la construction de son genre. En outre, les Anciens ont fait des pierres et, en particulier de la pierre ponce, un signe de l’enfant à naître et de la maternité en puissance87 ; ce serait un signe de plus pour faire de la défunte une future ou jeune mère.
L’ocre
31Enfin l’ocre retrouvée à l’intérieur de la sépulture avait pour les Anciens des qualités cosmétiques et thérapeutiques : astringentes et calmantes pour les inflammations de la peau, dont elle était censée homogénéiser la surface afin de la rendre lisse88. Dioscoride évoquait ces vertus surtout pour la pierre, bleuâtre à l’extérieur, provenant de la Macédoine89. Tel est le cas de l’ocre thasienne qui provient des mines d’or et d’argent de Thasos.
Conclusion
32Même si des restes humains de mères et parfois d’enfants sont souvent présents dans les tombes et que nous arrivons peu à peu à saisir les traitements funéraires différents dont ils ont pu faire l’objet, les différentes dimensions de la maternité ne sont pas faciles à saisir directement à travers les données archéologiques des nécropoles. C’est certainement la tristesse et la douleur qui sont exprimées à travers le mobilier qui accompagne les restes osseux. Les objets parlent, en effet, du kosmos de la jeune mariée, mais offrent aussi des indices concernant l’intimité de la défunte, voire la déception de ses proches et d’elle-même, si elle a survécu un peu après un accouchement. Le vif désir de mettre un enfant sain au monde, sous la protection des divinités, s’accompagne parfois de gestes prophylactiques ou divinatoires. Ici ce souhait se traduirait par le bracelet-fibule, les boules en terre cuite, la pierre ponce, l’ocre. L’intérêt que cette approche présente est de suggérer qu’une partie de la population, celle des adolescentes, a plus de chances d’être morte à cause d’un accouchement précoce ou des suites d’un traitement maladroit qu’en raison d’une autre maladie. Si le squelette du défunt ne peut pas parler, le contexte de sa sépulture et les objets qui l’entourent peuvent parfois renseigner sur lui et permettre la formulation d’hypothèses sur l’histoire de son corps et de sa vie. La maternité dans la sépulture où la mère probable se trouve seule n’est sensible qu’indirectement, à travers le corps et les objets ; l’enfant est absent. S’il avait survécu, il aurait une autre histoire. Sinon il se trouve ailleurs avec les autres tout-petits dans des paysages et des sépultures spécifiques permettant aux mort-nés inachevés d’atteindre « leur lieu », leur destination finale, ou un retour hypothétique à un point d’origine qui puisse ressembler au milieu aquatique de la matrice90 suivant les croyances de la période.
33La douleur perceptible dans le matériel funéraire est à mettre en relation avec la méconnaissance par les Anciens de l’anatomie du corps féminin et avec leur souci de garantir la naissance d’enfants légitimes, ce qui les poussait à marier les filles très jeunes. Ce souci les a aussi poussés à représenter l’invisible, caché dans le ventre de la mère, à le protéger du mauvais œil, à mettre la future mère et l’enfant sous la protection des divinités en déposant l’image des femmes enceintes dans leurs sanctuaires et en demandant leur assistance au moment de la délivrance. Pour symboliser le souhait de procréation et pour attirer le regard et l’attention de la divinité invoquée sur le contenant magique qu’est le ventre de la femme enceinte, les artisans se sont fondés sur cette conception de l’intérieur du corps et ce vocabulaire que nous avons rencontré dans les sources médicales. Le résultat a donné l’autre image archéologique de la maternité celle qui paraît sur les figurines de femmes enceintes et les poupées articulées qui met l’accent sur les parties concernées du corps de la femme. À côté d’elle, il y a l’image indirecte de la maternité en archéologie que l’on trouve dans des ex-voto qui jouent avec les métaphores dans les images et dans une partie du mobilier funéraire.
Fig. 1 : Figurine de femme enceinte provenant de l’Artémision.

Musée de Thasos.
D’après Papaikonomou-Ioakimoglou 2011.
Fig. 2 : Figurine en terre cuite de femme fragmentée.

Musée d’art et d’histoire de Genève, inv. 024926.
Avec l’aimable autorisation de Chantal Courtois (cliché Ariane Arlotti).
Fig. 3 : Figurine en terre cuite provenant du sanctuaire d’Héra de Délos.

D’après Laumonier 1956, pl. 11, fig. 22.
Fig. 4 : Figurine de figue provenant du Thesmophorion.

Musée de Thasos.
D’après Papaikonomou et Huysecom-Haxhi 2009 (cliché de l’auteur).
Fig. 5 : Groupe de figurines

Tombe 59, terrain Myrôni, Liménas, Thasos (fouille M. Sgourou, S. Papadopoulos 2004.
Cliché de l’auteur.
Fig. 6 : Poupée articulée en terre cuite, provenance corinthienne.

Musée archéologique de Catalogne, Barcelone, inv. 922.
D’après Papaikonomou 2008, fig. 9 ; cliché Bonet-Cabrera.
Fig. 7 : Poupées articulées en terre cuite provenant de Panticapée.

D’après Silentyeva 1972, p. 30-55, en particulier p. 42.
Fig. 8 : Groupe de figurines en terre cuite à l’intérieur d’un vase plastique.

Sanctuaire d’Eileithyie à Inatos en Crète.
D’après Kanta et Davaras 2011, avec l’aimable autorisation de Mme A. Kanta ; droits réservés.
Fig. 9 : Peribole terrain Soultou.

D’après Sgourou, 2002, pl. 1b.
Fig. 10 : Éléments de couronne en or.

D’après Sgourou 2001, p. 343.
Fig. 11 : Boules en terre cuite.

Photo des archives du Service archéologique. Pour la publication, voir Sgourou 2001.
Fig. 12 : Ensemble de fibule-bracelet en fil d’argent épais torsadé et inflexible et de fibule-aiguille.

Tombe XVIII, terrain Soultou, fouille Ch. Koukouli-Chrysanthaki, M. Sgourou.
Musée de Thasos (cliché de l’auteur).
Fig. 13a : Fibule d’argent en forme d’oméga passée à travers une fibule-aiguille qui lui permet de la fixer sur le vêtement.

Diamètre : 5,7 cm, Ier-IIe s. de n. è. Musée romain d’Augusta Raurica, inv. 1983.36261
Droits réservés
Fig. 13b : Anneau en fil d’argent torsadé suspendu à un autre anneau beaucoup plus petit.

No 1202, pl. 101 c, provenant de la sépulture 1448 d’Akanthos, fin du Ve s. av. n. è.
D’après Kaltsas 1998.
Fig. 13c : Bracelet fait de fil d’argent (?) torsadé, flexible pour s’ouvrir et être porté au poignet

Les extrémités forment un crochet pour l’attacher, diamètre estimé : 5 cm. Musée romain d’Augusta Raurica
Cliché Sergio Martin.
Fig. 14a : Dessin du placenta humain face fœtale et face maternelle.

D’après le dictionnaire Larousse médical illustré, Paris 1924.
Fig. 14b : Placenta humain face fœtale et cordon ombilical.

Cliché de l’auteur.
Bibliographie
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Stratis, Varella and Vavelidis 2002 : I. Stratis, Evanghelia A. Varella and Michael Vavelidis, « Pigments from the Ochre Mines on Thasos Island », in Michalis Tiverios and Despoina Tsiafakis, Color in Ancient Greece. The Role of Color in Ancient Greek Art and Architecture 700-31 b. C, Thessalonique, 2002, p. 155-159.
Vérilhac 1978 : Anne-Marie Vérilhac, Παῖδες Ἄωροι, Poésie funéraire, Volumes I et II, Athènes, 1978.
Vérilhac 1985 : Anne-Marie Vérilhac, « L’image de la femme dans les épigrammes funéraires grecques », in Anne-Marie Vérilhac (dir.), La femme dans le monde méditerranéen, I, Lyon 1985, p. 85-112.
von Staden 1989 : Heinrich von Staden, Herophilus. The Art of Medicine in Early Alexandria, Cambridge-New York, 1989.
Walentowitz 2004 : Saskia Walentowitz, « L’enfant qui n’a pas atteint son lieu. Représentations et soins autour des prématurés chez les Touaregs de l’Azawagh (Niger) », L’autre. Cliniques, cultures et sociétés 5, 2, 2004, p. 227-242.
10.3917/lautr.014.0227 :Notes de bas de page
1 Je voudrais remercier profondément Jean-Baptiste Bonnard et Florence Gherchanoc pour m’avoir invitée à participer à cette journée d’études et à cet effort collectif, mais surtout pour la relecture attentive et les conseils précieux qu’ils ont apportés à ce texte. Mes remerciements chaleureux vont également vers Véronique Dasen et Chantal Courtois pour leur collaboration amicale.
2 Sur la méthode, voir par exemple, Careri, Lissarrague, Schmitt et Severi 2009.
3 Mehl 2009.
4 Dont une provenant notamment de Thasos : stèle fragmentaire de type attique, musée de Thasos [Inv. 1151 + 1170 + 1171 + 1172]. Hauteur du fragment droit : 1,72 m, fin du IVe siècle av. n. è. Devambez 1955.
5 Voir Bosnakis 2013.
6 Dasen 2007, pl. I.
7 Huysecom-Haxhi, Papaikonomou et Papadopoulos 2012.
8 Poulsen 1948, n° 2, p. 349, fig. 316 et 317.
9 Papaikonomou 2013. Nous tenons à remercier chaleureusement notre collègue Chantal Courtois de nous avoir permis la reproduction de l’image et de son commentaire provenant de son ouvrage : Chantal Courtois, La collection Beatrix Chapman de Candolle. Coroplathie de Smyrne et autres ateliers d’Asie mineure, sous presse.
10 Musée d’art et d’histoire de Genève n° d’inv. 024926. Corps acéphale sans jambes. Terre de couleur beige rose orangé (7,5YR7/4). Hauteur conservée : 6,3 cm. Tirée d’un moule bivalve au revers non détaillé. Chantal Courtois qui publie actuellement la collection voit dans les lignes convergeant vers le centre du ventre la volonté de souligner sa grosseur. Le nombril large est bien visible. Elle fait ainsi l’hypothèse d’un vêtement de contention pour soutenir le ventre ou d’une manière symbolique de souligner l’état de la grossesse et les contractions de l’accouchement.
11 Voir la figure 7, infra, et Kanta et Davaras 2011.
12 Simone Mollard-Besques interprétait ce type de corps féminin non comme étant enceint, mais déformé par de nombreuses grossesses ; selon elle, les motifs gravés qui ornent régulièrement la surface du ventre sont des vergetures (Mollard-Besques 1972, D 1143, p. 166, pl. 230 d, Smyrne, hellénistique récent).
13 Sur les différentes usages et significations des termes gastêr et stoma par rapport à la matrice, voir Sissa 1987, p. 76-93 ; Dasen 2008. Sur le sens métaphorique des termes gastêr, stoma, omphalos et racine (rhiza), voir Skoda 1988, § 4.106 : rhiza, gastêr et omphalos, p. 75 ; § 5.18, p. 90 : stoma ; § 5.150, p. 179 : stomachos et § 5.151, p. 179-180 : stoma. Sur la fonction matricielle de l’estomac (gastêr et nêdus) dans l’imaginaire mythique, voir Loraux 1989, p. 152 et n. 48 p. 348 sur l’imprécision du vocabulaire hippocratique entre ventre, estomac et matrice.
14 Voir Laumonier 1956, pl. 11 fig. 22.
15 Aristote, Histoire des Animaux I, 13, 493a16 ; Génération des Animaux II, 4, 470a33.
16 Voir Dasen 2008 sur la question de l’omphalos et du gastêr.
17 Aristote, Génération des Animaux, II, 4, 740a28-35. Voir Papaikonomou et Huysecom-Haxhi 2009 ; Papaikonomou 2013.
18 Voir Loraux 1989, p. 146 n. 15 (Athénée de Naucratis, Les Deipnosophistes VI, 245 d). Voir aussi le Cantique des Cantiques dans la traduction des Septante « ὀμφαλός σου κρατὴρ τορευτός μὴ ὑστερούμενος κρᾶμα », Kεφάλαιον Z 3, Athènes, 2001.
19 Voir les figures 14a et b où l’entortillement du cordon ombilical est bien visible.
20 Papaikonomou et Huysecom-Haxhi 2009.
21 Voir Hésychius γ 11 : s. v. γάγγαμον∙δίκτυον, καὶ τὸ περὶ τὸν ὀμφαλὸν τῶν ὑποχονδρίων. Pour Aristote, τὸ ὑποχόνδριον (ou ὑποχόνδρια au pluriel) est la partie supérieure de l’abdomen (Chantraine [1968] 1999, p. 1268) ; voir Skoda 1988, § 4.105, p. 74.
22 Voir von Staden 1989 ; Annoni et Barras 1993.
23 Voir Parker 2003 [1983], p. 32-73.
24 Inv. 922, Museu d’arqueologia de Catalunya, Barcelone. Voir Papaikonomou 2008, p. 703, fig. 9.
25 Voir Papaikonomou-Ioakimoglou 2011.
26 La première partie constitutive du terme tortue en allemand – Schildkröte – évoque le bouclier, Schild (voir Papaikonomou-Ioakimoglou 2011).
27 Voir Papaikonomou-Ioakimoglou 2011.
28 Voir Silantyeva 1972.
29 Chypre, début du Ve av. n. è., inv. 12205 et 12206 Musée archéologique national d’Athènes.
30 Voir Papaikonomou 2013 ; Bettini 1998 et Gabriella Pironti et Vinciane Pirenne-Delforge, dans ce même volume.
31 D’après la tradition anatolienne des figures humaines que l’on retrouve en Crète.
32 Sur d’autres figurines provenant du même sanctuaire, des traces de peinture ou des orifices produits dans la masse de l’argile permettent à l’artisan de mettre l’accent sur le ventre, le pubis et le vagin de la femme enceinte, ou bien sur l’émission d’un cri par sa bouche au moment de la parturition (Kanta et Davaras 2011, fig. 110, p. 110, fig. 112-113, p. 114-115).
33 Il y a deux sortes d’ADN au niveau de la cellule : l’ADN du noyau et l’ADN des mitochondries. Seul l’ADN du noyau du spermatozoïde est retenu au cours de la fécondation ; le cytoplasme, et donc les mitochondries, sont d’origine exclusivement ovocytaire. L’hérédité mitochondriale est donc maternelle puisque les mitochondries suivent une hérédité cytoplasmique. L’ADN mt passe de la mère à tous ses enfants. Tous les enfants de la même mère reçoivent le même ADN mt. Les hommes ne transmettent jamais leur ADN mt. Voir : http://medidacte.timone.univ-mrs.fr/learnet/webcours/genetique/mitochondrie/Chap3.htm
34 Voir l’hydrie contenant les cendres d’une femme enceinte avec enfant : Papaikonomou et Malamidou 2013.
35 Le matériel et les données anthropologiques de cette sépulture ont fait l’objet d’une publication des bijoux en 2001 par le fouilleur † Marina Sgourou qui nous a confié ce matériel et l’anthropologue Anagnostis Agelarakis, Professeur à Adelphi University, New York : Sgourou 2001.
36 Voir Agelarakis 2001, en particulier p. 357-358.
37 Voir Agelarakis 2001, p. 357-358.
38 Voir Jeanselme 1917 ; Hermans 2004.
39 La stratigraphie verticale et horizontale, la durée d’occupation de l’ensemble de l’espace fouillé, le mobilier des sépultures, le caractère aristocratique de ce péribole funéraire et les usages qui y correspondent par rapport à d’autres nécropoles thasiennes permettent d’estimer un écart maximal d’un quart de siècle entre les deux ensevelissements. Cinquante ans plus tard, on se serait déplacé vers une autre nécropole.
40 Sgourou 2001, p. 354, objet n° 47.
41 Sgourou 2001, p. 341 « containing cosmetics » (p. 354, objet n° 47).
42 Sgourou 2001, p. 340, objet no 46, p. 354, objets no 41-42, p. 341 et 47, p. 343, fig. 27 et 28.
43 Sgourou 2001, p. 354, objet no 50. Les dimensions des boules doivent faire entre 0,5 et 1 cm.
44 Sabetai 2012, en particulier p. 309 et 312.
45 Bien que leurs références n’aient pas été encore communiquées, elles sont approximativement de nombre et de taille identiques d’après l’appréciation visuelle que la vitrine nous a permis de faire par comparaison avec celles que nous connaissions déjà.
46 Voir Cerchiai 1982, en particulier p. 291.
47 Voir Papaikonomou-Ioakimoglou 2011, p. 502, n. 1468.
48 Sgourou 2001, p. 354.
49 Sgourou 2001, p. 354, objet no 49.
50 Stratis, Varella et Vavelidis 2002, pl. 31, fig. 1 et 2.
51 Sgourou 2001, p. 354, objet no 46 : « semi-circular, twisted silver wire ».
52 Fibule en argent, diamètre 5,7 cm, Ier-IIe s. de n. è., Musée romain d’Augusta Raurica, inv. 1983.36261.
53 Kaltsas 1998.
54 Kaltsas et al. 2010, cat. p. 110, cat. n° 452-459, Géométrique récent, musée d’Érétrie.
55 Voir la figurine d’enfant accroupi provenant de Kourion à Chypre, inv. 74.51.1 449 (Myres 1 463), New York, Metropolitan Museum of Art, d’après Merkouri 2010, en particulier p. 82, fig. 6.
56 Voir Papaikonomou-Ioakimoglou 2011, pl. 131, fig. 49 et pl. 140, fig. 50 pour la basilique paléochrétienne.
57 « Kinder ? Kinder ! Auf Spurensuche in Augusta Raurica », Exposition du musée du site romain d’Augusta Raurica, ouverte depuis le 13 mars 2013. Tombe à fosse excavée en 1909 au Kaiserfriedhof de Kaiseraugst. Le mobilier consistait en deux instruments musicaux pour rythmer la danse, une fibule portée au niveau de la tête et le bracelet porté au poignet droit. Voir : http://www.augustaraurica.ch/f/expo/begleitheft_ausstellungkinder-kinder_fr.pdf p. 16-17.
58 Voir Pitarakis 2009, en particulier p. 192 fig. 8 et 9, collier et bracelet d’enfant en alliage de cuivre, diamètre du bracelet 4,3 cm, collection Halûk Park, Istanbul.
59 Voir Papaikonomou-Ioakimoglou 2011, pl. 132, fig. 51 : fibule, Petite Kabylie (Algérie), début du XXe siècle (Epelboin, Frydman et Vitale 2005, p. 39).
60 Dallet 1953, p. 76.
61 Sgourou 2001, p. 354, objet no 52. Vus sur la photo, ils peuvent donner l’impression de clous mais les archéologues qui ont l’expérience de voir quantité de clous dans les sépultures font la distinction.
62 Voir Vérilhac 1978, en particulier vol. II, p. 157-160, « La mort avant le mariage » ; Vérilhac 1985 ; Rhem 1994.
63 Σῆμα Φρασίκλείας. κόρη κεκλέσομαι αἰεὶ ἀντί γάμο/παρὰ θεῶν τοῦτο λαχοῦσ’ὄνομα (ΙG Ι3 1261).
64 La bibliographie est riche sur l’âge au mariage et la différence d’âge dans les couples de l’Antiquité. Voir par ex. Brulé 2007, en particulier p. 74-76 ; Bodiou 2009. Parfois dans les épigrammes et ailleurs, cet âge est dépassé ; on y parle de filles de 16 ans, voire plus, disparues sans être mariées.
65 Brulé 2007, n. 18 : référence à Pouilloux 1954, p. 351, n° 141, 1.22 (texte repris dans le Nouveau choix d’inscriptions grecques, Institut Fernand-Courby, Paris, 1971, n° 19, p. 105).
66 Voir Hippocrate, Des maladies des jeunes filles 1 (Littré, VIII, 467-469). La bibliographie sur la question est énorme à commencer par Hanson 1990 ; King 1998 ; King 2002 ; Bourbon 2008a ; Bourbon 2008b.
67 Hésiode, Les Travaux et les Jours 698-700.
68 Aristote, Histoire des animaux VII, 581a31-581b19.
69 Aristote, Histoire des animaux VII, 582a16-26.
70 Aristote, Politique VII, 1335a6 (11)-9 (30).
71 Hésiode, Les Travaux et les Jours 695-697.
72 Aristote, Politique VII, 1335a 6 (11)-9 (30).
73 Xénophon, République des Lacédémoniens I, 6.
74 King 1998, p. 70, le suppose pour certaines jeunes femmes examinées par « Hippocrate » à Abdère et à Larissa à propos de rhinorrhagies. Néanmoins, il nous semble risqué de faire des parallèles avec les tombes examinées puisque les textes hippocratiques ne datent pas tous de la même période et que la sépulture en question doit être normalement postérieure aux visites médicales se référant à Thasos. En ce qui concerne les cas de problèmes gynécologiques ou autres examinés dans ce corpus, la plupart du temps on ne peut pas les considérer comme une source d’information pour une maladie connue à notre époque, mais comme un complexe de symptômes se référant à plusieurs problèmes de santé associés, où le fil rouge de la pensée suivie dans le récit est loin d’être proche de la réalité médicale acceptée aujourd’hui.
75 Hippocrate, Des femmes stériles 16.
76 Hippocrate, Des femmes stériles (Littré, VIII, 3, 217 p. 418-423) : ἐπὴν ὁ στόμαχος σκληρός [...] τῶν γὰρ ἰσχυρῶν φαρμάκων τὰ πλεῖστα ἑλκοῖ τὸν στόμαχον.
77 « [Si] l’orifice [στόμα] se ferme, il devient consistant comme une figue sauvage [γίνεται ἰσχυρὸν ὅπως ἐρινεόν] et si vous tâtez du doigt à l’intérieur, vous verrez qu’il est dur et contracté et il ne laisse pas entrer le doigt ; les règles ne se montrent pas du tout, la femme ne recueille pas la semence durant cette période… » (Hippocrate, Nature de la Femme XXXIX, 1, traduction Bourbon, 2008b).
78 Voir Juvénal X, 145 ; pour que l’on en obtienne des figues, συκῆ, on a recours à la caprification.
79 Outre les sociétés africaines par exemple où les mariages précoces sont monnaie courante, le problème de l’amenorrhée et des maternités précoces ne se limite pas à l’Antiquité mais perdure dans nos sociétés occidentales. Aussi les recherches continuent-elles à l’hôpital Arétaion d’Athènes, menées par le professeur Efthymios Deligeoroglou (voir par ex. Deligeoroglou and Tsimaris 2010) comme dans certains centres de recherche spécialisés en France.
80 Baggieri 1996, p. 68, fig. 69.
81 Sans pour cela vouloir dire qu’Aristote fait sortir les êtres humains d’œufs !
82 Voir Brugnone 2011.
83 Brugnone 2011, p. 78, note 9 ; cf. Hésychius, s. v. Ἐπιλυσαμένη∙ ἐλευθερία καὶ μία τῶν Εἰλειθυιῶν (ed. Latte, 1966, II, P. 162), n. 9 ; Hésychius, s. v. Ἐλευθώ∙ Εἰλείθυια καὶ μία τῶν Εἰλειθυιῶν (ed. Schmidt, 1867, p. 509, 591).
84 Voir Brugnone 2011, p. 80.
85 Voir Aristote, Histoire des Animaux VII, 10, 581a8-24. Au sujet de la coupure du cordon ombilical, voir aussi Gélis 1984.
86 Voir Gélis 1984.
87 Cf. Homère, Odyssée XIX, 163 ; Platon, République VIII, 545d ; Théophraste, Des Pierres 5 et 14.
88 Dioscoride, De materia medica V, 93, 1-5 : ὦχραν δὲ λημπτέον τὴν κουφοτάτην καὶ μηλίνην δι’ὅλου, κατακορῇ δὲ καὶ ἄλιθον καὶ εὔθριπτον, Ἀττικὴν δὲ τῷ γένει. Καυστέον δὲ καὶ πλυτέον καὶ ταύτην ὡς τήν καδμείαν. Δύναμιν ἔχει στυπτικήν, σηπτικήν, διασκεδαστικὴν φλεγμονῶν καὶ φυμάτων, καταστέλλει τε τὰ ὑπερσαρκοῦντα, καὶ τα κοῖλα πληροῖ σὶν κηρωτῇ καὶ πώρους θρύπτει (ed. M. Wellmann, Berlin, 1958).
89 Voir Dioscoride, De materia medica V, 74.
90 Voir Walentowitz 2004 ; Kallintzi et Papaikonomou 2010, en particulier p. 142-144.
Auteur
Post-doc, Université de Fribourg
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Des femmes en action
L'individu et la fonction en Grèce antique
Sandra Boehringer et Violaine Sebillotte Cuchet (dir.)
2013