Les concours des cités à l’époque de Pindare : Panhelléniques et chrêmatites ?
p. 125-148
Résumés
Le présent article se propose d’étudier la nature et la place des concours des cités grecques par l’intermédiaire de plusieurs athlètes loués par Pindare et Bacchylide — leur parcours faisant état de l’importance considérable de certaines compétitions dans les cités. L’examen approfondi de ces agônes et des prix qui y étaient remis fait apparaître le caractère proprement panhellénique de ces célébrations et apporte ainsi des éléments supplémentaires sur la nécessité de reconsidérer les distinctions entre concours « stephanites » et concours « chrêmatites » dès l’époque classique.
The point of this article is the study of the nature and place of the greek cities contests. The itineraries of some victors lauded by Pindar and Bacchylides show the significant importance of these competitions held in greek cities. Such an analysis of these agônes and the prizes rewarded bring out the existence of panhellenic festivals such as Olympia and Delphi, and the need to reconsider the differences between «stephanites» and «chrematites» contests as early as classical time.
Entrées d’index
Mots-clés : concours, épinicie, parcours d’athlètes, prix, inscriptions
Keywords : competition, festivals, epinikia, athlete, prize, inscriptions
Texte intégral
1Le phénomène agonistique, trait caractéristique de l’hellénisme, sa diversité, son ampleur, ainsi que son extraordinaire longévité, a suscité très tôt l’intérêt des chercheurs. Ainsi, les questions relatives à la nature des concours, aussi bien dans les cités que dans les sanctuaires panhelléniques, leur différence de statut, stephanite ou chrêmatite1 ont conduit à de nombreuses études sur les différents concours, athlétiques, hippiques et musicaux, pour toutes les périodes. Toutefois, la répartition chronologique et géographique de la documentation littéraire, archéologique et surtout épigraphique a souvent conduit à une sélection des types de concours, des périodes et des zones géographiques étudiées. De fait, c’est principalement pour la période hellénistique que la richesse de la documentation épigraphique permet d’envisager la quasi-totalité du monde grec, ainsi qu’une plus grande variété de concours2.
2En revanche, concernant la période classique, les travaux traitant de la vie agonistique se cantonnent pour la plupart aux agônes stephanites des sanctuaires panhelléniques, ou bien aux concours athéniens, très bien documentés pour la période et donc largement étudiés3. C’est là délaisser une grande partie de la vie agonistique des périodes archaïque et classique. Toutes les cités du monde grec organisaient en effet des compétitions périodiques de nature à attirer des concurrents et des spectateurs au-delà de leurs propres citoyens ; toutefois, ces concours n’ont eu ni la même renommée ni la même postérité que les Panathénées ou les grandes Dionysies à Athènes. Nombre de ces compétitions sont pourtant bien attestées par les sources, principalement littéraires4, mais également par quelques témoignages archéologiques qui permettent de compenser pour bonne part la faiblesse de la documentation épigraphique. En dépit de l’existence de cette documentation, ces concours de cités n’ont pas beaucoup suscité l’attention des chercheurs et les études les plus complètes sur ce point se révèlent déjà anciennes5.
3L’étude des parcours de quelques champions connus par les odes de Pindare, ainsi que l’analyse de la répartition des quelques objets de prix de concours6 permettent de poser la question du type de fréquentation de ces compétitions, et ce faisant celle de leur statut et de leur nature. La confrontation des sources entre elles reste le plus sûr moyen d’approfondir notre connaissance de la vie agonistique des cités à la période classique, ainsi que de la variété et la multiplicité de ces compétitions. Cette vitalité agonistique dans les cités implique cependant une distinction par rapport aux concours de la periodos, et je reviendrai ici sur certains éléments de cette distinction, qui repose en premier lieu sur la nature du sanctuaire, puis en second lieu sur la nature des prix décernés bien plus que sur le type de fréquentation. En dehors de la nature du sanctuaire, un concours se définit en effet à partir des prix et des récompenses qui y sont décernés (objets de prestige, périssables ou symboliques), plutôt que par sa fréquentation ou même sa renommée. Les cités développent ainsi différentes stratégies pour attirer à elles le plus grand nombre de concurrents, et parmi eux les plus populaires et les plus appréciés du public. Pour ce faire, elles comptent notamment sur l’ancienneté de leurs agônes, ainsi que sur leur réputation, mais aussi sur la qualité des prix remis aux vainqueurs.
Quelques itinéraires de vainqueurs
4Les épinicies de Pindare permettent de dresser une liste de cités qui accueillent des concours et de mesurer ainsi leur rayonnement dans l’ensemble du monde grec7. De même, le recensement des compétiteurs victorieux et l’étude de leur parcours mettent en évidence des itinéraires athlétiques loin d’être identiques les uns des autres. Par ailleurs, les athlètes loués par notre poète ne triomphent pas dans toutes les cités organisatrices de concours. Entre les lieux de victoires possibles et les cités effectivement parcourues par les athlètes des différences notables apparaissent qui ne semblent pas être nécessairement le fruit du hasard. On distingue des parcours « internationaux », lorsque les participants ne viennent pas de Grèce continentale, et des parcours « régionaux » pour les concurrents qui ne quittent pas la péninsule grecque.
A/ Les parcours internationaux
5Parmi un vaste ensemble, je ne retiendrai, pour leur exemplarité, que trois cas au sein de trois types d’épreuves : course de chars, course en armes et pancrace.
6Xénocrate d’Agrigente fut vainqueur à la course de chars à deux reprises, une première fois en 490 à Delphes, c’est l’occasion de la 6e Pythique ; une autre fois à l’Isthme peut-être en 476 ou en 472, la 2e Isthmique commémorant de manière posthume cette seconde victoire. Cette composition s’inscrit dans une logique dynastique, à la mort de Xénocrate en 472, son fils Thrasybule, pour lui rendre un dernier hommage, passe commande de cette ode auprès de Pindare8. Dans cette dernière ode pour Xénocrate le poète évoque d’autres participations et d’autres victoires. Ainsi, le vers 20 de la 2e Isthmique semble faire allusion à une victoire obtenue à Athènes, victoire qui a pu être obtenue lors des Panathénées, mais rien n’est certain sur ce point :
Dans la brillante Athènes, il obtenu la faveur glorieuse des fils d’Érechthée, et n’a pas eu à blâmer la main, habile à conduire le char, de l’aurige, Nicomaque9.
7Xénocrate ne semble pas avoir participé à de nombreuses compétitions en dehors de l’Isthme, de Delphes et d’Athènes. Est-ce là le fruit du silence de Pindare sur d’éventuelles défaites de Xénocrate, ou bien peut-il y avoir d’autres raisons pour une si faible participation à des concours hippiques ? Les raisons financières doivent être exclues comme motif de non participation. En revanche, les risques encourus par les chevaux lors de longs voyages sont une raison suffisante à la limitation du nombre de participations à des compétitions trop éloignées de la cité. En effet, les dangers inhérents à de longs voyages obligeaient à multiplier l’effectif des chevaux engagés. Toutefois, le nombre ne fait pas pour autant la qualité des bêtes et leurs aptitudes ne sont pas les mêmes. Il n’était sans doute pas facile de trouver beaucoup de bons coureurs que l’on puisse remplacer d’un attelage à un autre et d’une course à l’autre. Les chances d’assurer la victoire ne sont pas proportionnelles à la quantité de chevaux engagés dans les courses. Les tyrans siciliens ont probablement préféré assurer la participation de leurs équipages à des concours stephanites, au plus grand prestige, ainsi que dans les cités qui recevaient un très large public, plutôt que de multiplier les sorties et les risques de blessures pour leurs chevaux.
8Télésicrate de Cyrène fut vainqueur en 474 à Delphes dans la course en armes. Pindare célébra cette victoire dans la 9e Pythique. Avant cette date, Télésicrate avait déjà été victorieux dans plusieurs concours épichoriques à Cyrène. Toutefois, le poète évoque d’autres chants composés pour célébrer des victoires antérieures10. Thèbes, Égine et Mégare y sont mentionnées comme ayant vu et entendu ces chants. Ces derniers sont considérés comme les témoins des victoires de Télésicrate dans ces trois cités. Bien qu’originaire de Cyrène et devant faire d’importants frais de déplacement, il participe à davantage de compétitions que Xénocrate et semble s’y engager plus volontiers. Toutefois, la nature de l’épreuve, l’hoplitodromie, dans laquelle il est vainqueur à plusieurs reprises demande nettement moins d’investissements matériels et financiers que les déplacements des chevaux pour les courses. Une plus grande aisance dans les déplacements permet certainement une participation à un nombre plus élevé de compétitions.
9Dans le même ordre d’idées, Diagoras de Rhodes, vainqueur à Olympie en 464 en tant que pankratiastês, et en l’honneur de qui Pindare compose la 7e Olympique, participe et triomphe à un nombre encore plus élevé de concours. En plus des concours épichoriques où il fut victorieux à Rhodes, notamment aux Tlapolémaia, Diagoras remporta de très nombreuses victoires dans les cités avant de triompher dans l’ultime concours que représente Olympie11. La liste de ses triomphes est imposante : Athènes, Argos, Thèbes, Pellène, Égine, Mégare. Ces cités sont explicitement nommées par Pindare aux vers 81-86. Cependant, il mentionne de manière plus vague l’Arcadie et la Béotie, pour lesquelles il ne précise pas le nom des concours, sans doute à dessein, en raison du grand nombre de compétitions proposées dans ces régions. Toutefois, pour la Béotie, on peut songer à des concours se tenant à Orchomène, où des épreuves en l’honneur de Minyas avaient lieu12, ainsi que pour les Charites13. À Thespies se tenaient également les Érôtideia et les Hérakleia14. À Délion15, ainsi qu’à Lébadée16, avec les Trophônia, des compétitions étaient aussi organisées lors de célébrations religieuses. En Arcadie17, la question de l’identification précise des agônes reste également difficile, mais il est possible d’avancer quelques noms plus que probables comme les Aleia de Tégée18, les Lykaia du Mont Lycée19, ou encore les Koreia de Cleitor20. Il semble que Diagoras ait ainsi profité de son passage en Grèce continentale pour faire le tour du plus grand nombre de cités dans lesquelles des concours21, de plus ou moins grande renommée, accompagnaient les fêtes religieuses et dans lesquels il pouvait s’inscrire et remporter des victoires ainsi que des prix qui lui conféraient des signes distinctifs et commémoratifs de ses exploits hors de son île.
B/ Les parcours régionaux
10D’autres vainqueurs présentent cependant des parcours plus régionaux. Tout en accumulant les voyages en Grèce continentale, leurs déplacements constituent moins que pour les cas précédents un périple athlétique.
11Xénophon de Corinthe fut vainqueur à Olympie la même année que Diagoras, en 464, mais dans les catégories du stade et du pentathle. La 13e Olympique de Pindare lui est consacrée. Son parcours est sensiblement le même que celui de Diagoras22. Toutefois, son profil est plus local dans la mesure où il se présente presque exclusivement dans les concours de Grèce continentale, et donc sans avoir à prendre régulièrement la mer pour s’y rendre. Il concourt ainsi à Marathon, Argos, Thèbes, Pellène, Égine, Sicyone, Mégare, Éleusis, et en Eubée. Le texte se fait une nouvelle fois plus vague lorsqu’il évoque « toutes celles [les victoires] que < dans les vallons > d’Arcadie l’autel souverain de Zeus peut attester »23. Comme Diagoras, Xénophon a sans doute participé aux Aleia, aux Koreia, ainsi qu’aux Lykaia du Mont Lycée auxquelles l’autel de Zeus fait ici sans nul doute référence.
12Toutefois, Xénophon se rend également en Sicile, « les villes opulentes sises sous la crête sublime de l’Etna »24, mais cette participation constitue une exception dans un ensemble de concours qui ne l’éloignait guère de sa cité d’origine. Cependant, cette mention de la Sicile rappelle ici les liens étroits que Corinthe entretenait encore avec cette île et dont beaucoup de cités étaient d’anciennes colonies corinthiennes. Dans cette perspective, la participation à des concours prenait alors un caractère particulier entretenant les relations entre la métropole et ses filles. Après une telle énumération de triomphes et d’honneurs reçus par Xénophon, Pindare termine son ode sur l’idée de modestie que Xénophon doit cependant conserver. Ces victoires sont avant tout le signe de la présence divine et le poète rappelle que celle-ci n’est jamais totalement et définitivement acquise. Pour Pindare cette énumération témoigne de l’action des dieux et du caractère éphémère du succès, mais pour nous elle est aussi l’expression explicite et vivante de la diversité et de la profusion des concours de nature panhellénique dans les cités.
13Hérodote de Thèbes quant à lui fut vainqueur à la course de chars en 468 et la 1re Isthmique en garde le souvenir. Dans cette ode, il est question de six couronnes remportées. Avait-il concouru dans plusieurs catégories de courses, attelées, à deux ou quatre chevaux, ou encore des courses à cru ? Il est difficile de savoir s’il s’agit de couronnes remportées lors d’un seul et même concours ou bien déjà acquises lors de compétitions précédentes. Le poète rappelle néanmoins qu’avant de triompher à l’Isthme les chevaux d’Hérodote furent, en premier lieu, vainqueurs à Thèbes25. Outre Thèbes, Pindare mentionne un nombre important de victoires dans d’autres cités. Ainsi, nommant Minyas il fait explicitement référence à Orchomène de Béotie, puis suivent encore des victoires à Éleusis, en Eubée, sans plus de précisions, mais on peut penser aux Amarynthia, pour lesquelles on sait qu’une longue procession de chars avait lieu avant les fêtes en l’honneur d’Artémis26. Il nomme aussi Onchestos, où se trouvait un célèbre sanctuaire en l’honneur de Poséidon, et pour lequel de célèbres courses de chars se déroulaient27. Enfin, il évoque les Protésileia de Phylacé en Thessalie où des concours hippiques étaient organisés28. Hérodote participe donc à un grand nombre de compétitions, mais il faut aussi remarquer que ces épreuves restent cependant assez proches de Thèbes. Son parcours prend donc une coloration régionale, mais cela correspond davantage à un choix personnel de l’éleveur, qui ne dépend pas de la nature du concours, mais bien plutôt de celle de l’épreuve, ici la course de chars.
C/ Des concours panhelléniques ?
14Les cités énumérées dans les odes de Pindare proposent donc à tous les Grecs de participer à des célébrations religieuses dans lesquelles des compétitions prennent place. Leur nombre important et les occasions multiples qui sont offertes à tous les participants, athlètes et propriétaires de chevaux, ainsi que les différents parcours qui ont été présentés ici nous conduisent de la Thessalie à la Grèce centrale, de l’Attique au Péloponnèse, dont l’Arcadie et l’Argolide, mais aussi en Eubée et à Égine ou encore à Cyrène, en Sicile et à Rhodes. Nombreuses sont les cités qui accueillent des athlètes en provenance de tout le monde grec, et on peut estimer entre 20 et 25 le nombre de cités ou de sanctuaires dans lesquels se tiennent de manière certaine des concours de type panhellénique. Quant au nombre de concours eux-mêmes, malgré les difficultés qui existent entre ceux qui sont véritablement attestés dès la période archaïque, ou bien encore ceux dont l’accès est réservé aux seuls citoyens de la cité, il est difficile d’arriver à un chiffre sûr. Toutefois il est possible d’évaluer leur nombre entre 35 et 40. Certes, nous sommes loin du foisonnement des époques suivantes, mais cela contraste avec l’idée, encore largement répandue, qu’en dehors des quatre concours de la periodos n’existaient des concours ouverts à tous les Grecs qu’à Athènes et Argos, lors des Panathénées et des Héraia, ou bien dans quelques sanctuaires comme Éleusis et Épidaure. Les athlètes étaient nombreux et les concours multiples ; ils avaient un caractère véritablement panhellénique puisqu’ils rassemblaient des Grecs de tous les horizons. Toutefois, et contrairement aux concours des grands sanctuaires, ils sont de nature chrêmatite, on y remet des prix, des objets de valeur, c’est en cela qu’ils présentent une différence majeure avec les quatre concours de la periodos.
15Par ailleurs, les itinéraires des athlètes témoignent de plusieurs différences, principalement entre ceux qui viennent de loin, des îles ou de l’autre côté de la Méditerranée, et ceux qui sont originaires du continent. Ces différences ne sont cependant pas liées à la distance, mais bien davantage aux disciplines dans lesquelles chaque compétiteur concourt. Pour des participants comme Xénocrate, Télésicrate et Diagoras, les parcours sont différents parce que la nature des épreuves est différente. Diagoras de Rhodes présente un parcours exemplaire, dans la mesure où il participe à un très grand nombre de concours. Celui de Télésicrate de Cyrène est moins riche en compétition, mais il triomphe tout de même dans plusieurs cités de Grèce continentale. En revanche, Xénocrate d’Agrigente et son attelage ne fréquentent pas beaucoup d’hippodromes en dehors d’Olympie et d’Athènes. L’un des arguments consisterait à dire que l’attelage de Xénocrate ne fut pas victorieux dans d’autres cités. Néanmoins, une autre raison peut être avancée. Il paraît plus probable que cela relève des différentes stratégies de la part des athlètes et des éleveurs en fonction des disciplines dans lesquelles ils concourent. Le prestige qui découle de la victoire à la course de chars apparaît probablement suffisant aux vainqueurs, et triompher dans un grand sanctuaire permettait d’accéder à la notoriété la plus importante qui soit. Tandis que pour un athlète il était nécessaire d’affirmer sa place et sa supériorité, non seulement dans les sanctuaires panhelléniques, mais aussi dans toutes les cités du monde grec. Pour ce type d’épreuves une seule victoire dans un des concours de la periodos ne paraît pas suffire à faire la réputation d’un athlète. Un autre élément d’explication pour ces différences de participation tient aux conditions matérielles des déplacements. Il est matériellement plus facile à un athlète de prolonger son parcours sur le continent et dans les cités, que pour les propriétaires de chevaux de faire voyager au moins un équipage sur les routes montagneuses de la péninsule grecque. Ce ne sont pas tant les dépenses qu’entraîne le déplacement d’un équipage qui posent problèmes aux Siciliens, mais bien davantage les risques d’un trop grand nombre de déplacements pour les chevaux29. Les chevaux de compétition sont très fragiles. On ne peut pas s’en servir pour le transport, ils ne devaient rien porter, mais on ne devait pour autant pas les faire monter sur des chariots pour les protéger, il était peu raisonnable de leur faire parcourir de longues distances, par exemple depuis Olympie jusqu’à Onchestos à travers les montagnes. De fait, à moins que ce ne soit par bateaux, moyen de transport qui devait encore être le plus sûr pour éviter les blessures et les accidents, il ne devait y avoir que peu de déplacements des équipages siciliens. Par conséquent, les propriétaires d’attelages devaient limiter et restreindre davantage les compétitions et leur participation plutôt que de concourir dans de nombreuses cités30. Il faut aussi remarquer que les propriétaires d’attelage du continent ne se déplacent pas énormément eux non plus. Ils développent même une stratégie que l’on pourrait qualifier de « locale ». Hérodote de Thèbes, par exemple, ne couvre pas de grandes distances avec son équipage. Il se rend en Thessalie pour concourir aux Protésileia et peut-être aux Pétraia31, va à Onchestos où les épreuves équestres ont une grande réputation, mais il ne semble pas voyager très loin au-delà de ce périmètre. Là encore les déplacements pour les chevaux restent très restreints. C’est en ce sens que les parcours des propriétaires et des chevaux peuvent être considérés comme « locaux », mais non les concours. En revanche pour un athlète comme Xénophon de Corinthe, là encore, l’énumération de victoires et de cités parcourues est plus importante, la mobilité est plus grande. La recherche de renommée et de notoriété, la quête de reconnaissance sont plus difficiles et moins immédiates qu’elles ne le sont pour une victoire acquise dans une épreuve hippique. En effet, les disciplines athlétiques sont « mangeuses » d’hommes, ils sont beaucoup plus nombreux à concourir que dans les épreuves hippiques, et de ce fait ont besoin de se faire connaître davantage par une participation plus large et plus importante.
Les prix des concours
16Les sources littéraires nous renseignent peu sur les prix remis dans les cités. Pindare mentionne rarement les objets qui symbolisent la victoire des athlètes. On apprend brièvement que des phiales d’argent sont remises à Marathon32 ou bien encore à Sicyone33, que des trépieds et des bassins étaient décernés à Thèbes, Argos ainsi qu’en Arcadie34. Comme pour confirmer les dires du poète, les fouilles archéologiques ont mis au jour certains de ces prix permettant ainsi d’envisager, lorsque le contexte archéologique le permet, la diffusion de ces objets par les vainqueurs, et ainsi la renommée d’un concours en particulier.
A/ Les prix des Héraia d’Argos
17Les Héraia d’Argos sont le concours qui a donné le plus grand nombre de prix de bronze recensés à ce jour. Plusieurs objets de bronze ont en effet été retrouvés et portent des inscriptions qui attestent leur origine35.
18Le lébès de « la tombe d’Aspasie »36 a été retrouvé à Athènes avec tout un ensemble d’objets précieux dans une tombe qui n’est pas datée. Cet objet de bronze était conservé dans un vase de marbre blanc conçu pour le protéger. L’ensemble du matériel reste toutefois homogène, et le lébès est facilement datable et identifiable grâce à l’inscription qu’il porte, ainsi que par le style de la gravure. Il est daté des années 440. L’inscription est la suivante37 :
[η]έ[ρας]Ἀ[ρ] γε [ί] ας ἐμὶ τȏν ἀϝέθλον
Je suis le prix d’Héra Argienne38
19Le reste du matériel de la sépulture date également des environs du dernier quart du Ve siècle, l’ensemble du matériel constitue un groupe d’objets chronologiquement homogène. Dans la tombe, le prix a fait l’objet de nombreuses attentions, ce qui suggère qu’il a très certainement servi à recueillir les cendres du défunt. Des feuilles de myrte en or d’une exécution très fine y étaient également conservées. Leur présence associée au lébès fait directement référence aux Héraia pour lesquelles une scholie à Pindare nous apprend que des feuilles de myrte étaient remises aux vainqueurs :
τὸ δὲ ἆθλον, ἀσπὶς χαλκῆ
οἱ δὲ στέφανοι ἐκ μυρσίνης
Le prix était un bouclier de bronze, des couronnes de myrte39
20Le prix, objet de valeur et de prestige, prend ici une dimension symbolique supplémentaire dans la mesure où il s’agit d’un objet lié à la purification et le fait qu’il a contenu par la suite les cendres du défunt augmente cette dimension symbolique et religieuse notamment autour de la purification de la souillure que constitue la mort. Cette valeur est par ailleurs relevée par la présence des feuilles de myrte en or qui accompagnent le défunt et qui apportent un témoignage supplémentaire en ce sens, le myrte étant lié aux rituels funéraires. Il est probable que la couronne de myrte originellement en feuillage a été consacrée par le vainqueur à la divinité de son choix, et que la couronne d’or se substitue ainsi à la couronne initiale40. Ces pratiques révèlent la place importante qu’avaient le concours et la victoire dans la vie des athlètes, les prix devenant ainsi un signe distinctif et surtout identitaire dans leur tombe. Cela démontre aussi la renommée et le prestige qui découlaient d’une victoire aux Héraia. La valeur sociale et matérielle que les objets — les chrêmata — apporte est explicitement exprimée ici dans la conservation et l’utilisation qui est faite de l’objet en question.
21Un autre prix des Héraia, le trépied de Vergina a été retrouvé dans l’une des tombes royales en Macédoine, probablement celle de Philippe II41. Ce trépied est incisé et porte une inscription caractéristique des concours des Héraia :
Πὰρ hέρας ̓Αργείας ἐμὶ τȏν ἀϝέθλον
Je suis parmi les prix qui viennent de chez Héra Argienne
22Le trépied, par le style de l’inscription ainsi que celui de sa facture, est daté des années 460-450, tandis que le reste du mobilier de la tombe est postérieur d’environ un siècle42. Le trépied, comme objet de victoire et de prestige, a suivi le parcours traditionnel des objets de grande valeur : conservation et transmission parmi les biens patrimoniaux, comme c’est le cas pour de nombreux objets, dont la généalogie peut être donnée ; parcours des objets de prestige dont on connaît bien des exemples, ainsi dans l’Iliade43. Ce trépied a sans doute contribué à consolider le prestige et la renommée familiale, à enrichir le trésor dynastique ainsi qu’à asseoir de façon définitive la réputation et le statut d’une famille aristocratique aux ambitions dynastiques. De plus, dans le cas de la dynastie macédonienne, il y a par l’intermédiaire d’un prix des Héraia la volonté de montrer, de raviver et d’affirmer un passé familial et dynastique et les liens héréditaires entre les familles. Les rois macédoniens, les Argéades, se considéraient en effet comme des Argiens44. La participation et la victoire à des concours dans les cités sont autant d’occasions de montrer leurs liens familiaux ancestraux, et ainsi leur appartenance à une communauté spécifique. Pour cela les concours des cités apparaissent tout aussi légitimes et symboliques que ceux des grands sanctuaires.
23L’hydrie de « Sinope » a été retrouvée dans une tombe de la nécropole de la cité ; elle porte l’inscription connue et typique des Héraia, mais aussi celles de concours en l’honneur des Dioscures à Phénéos45 :
Πὰρ hέρας ̓Αργείας ἐμὶ τȏν ἀϝέθλον
Je suis parmi les prix qui viennent de chez Héra Argienne
’Εκ Φενεȏν ἄεθλα πὰρ Δ[ι]οσκόροιν
De Phénéos je suis le prix des Dioscures
24Comme pour les précédentes, la première inscription appartient au groupe des prix des Héraia et date de la première moitié du Ve siècle, sans doute les années 470-46046. La seconde inscription n’est pas datée avec précision par les éditeurs, mais les seules comparaisons possibles, tant au niveau de la graphie que de la langue, appartiennent à la fin du Ve siècle. Dans ce cas, il semble que le Phénéate vainqueur à Argos, n’ait pas conservé personnellement son prix. Il l’a consacré, mais cela ne veut pas dire qu’il ait renoncé au prestige de l’objet. En l’exposant ainsi à la vue de tous dans le sanctuaire, il se plaçait lui-même sous les regards des dieux, de ses concitoyens et de tous les visiteurs du sanctuaire. Il y a un déplacement, un glissement du prestige de l’objet à son propriétaire, qui par le geste de la consécration fait aussi preuve d’une grande piété. Selon toute vraisemblance, la consécration s’est faite dans le sanctuaire des Dioscures, où l’hydrie aura pu être de nouveau employée comme prix. Il est aussi possible de formuler une autre hypothèse. Le vainqueur a pu faire don de son prix pour honorer les Dioscures, pour rehausser le prestige de la compétition ou bien parce que l’on manquait de prix à remettre. Il aurait ainsi agi comme évergète généreux soucieux du prestige et de la renommée de sa cité, augmentant d’autant son propre prestige47. Il y a ainsi un emploi successif de l’objet de prix qui correspond assez bien à l’idée que peuvent avoir les Grecs de l’accumulation de la valeur d’un objet48. Plus il circule, plus sa valeur est grande et plus elle rejaillit sur les concours dans lesquels il est finalement remis49. Pour une petite cité comme Phénéos c’est l’occasion de remettre un prix d’une très grande valeur symbolique et matérielle. Le prestige des concours de la cité gagne ainsi en réputation et en renommée. Phénéos se plaçant ainsi dans une sorte de filiation avec Argos et les Héraia. Cet exemple témoigne du poids symbolique, mais aussi matériel des prix, de leur rôle attractif dans les concours des cités, de l’importance de leur caractère chrêmatite.
25Les Héraia d’Argos sont bien connues par nos sources50, elles jouissent d’une réputation importante, ce que prouve leur fréquentation. Les lieux où des prix des Héraia ont été retrouvés tendent à montrer le caractère et le statut véritablement panhellénique de ce concours. Par ailleurs, la plupart de ces prix ont été retrouvés dans des tombes, ce qui suggère que les vainqueurs ne consacraient pas nécessairement leurs prix dans les sanctuaires, et qu’ils pouvaient les conserver de façon patrimoniale, c’est notamment le cas du trépied de Vergina, ou bien qu’ils s’en servaient comme d’urne cinéraire. Ces objets sont le symbole de leur gloire et de leur réputation. Il y a dans ce cas une volonté de conserver, d’entretenir la mémoire de leurs actions passées et pour certains de transmettre cette gloire, comme un capital symbolique qui permet de s’appuyer sur la gloire des ancêtres pour en tirer profit dans le cadre d’une stratégie dynastique. La transmission de l’objet s’inscrit dans une tradition familiale d’athlètes ou de grands propriétaires, et sert à la renommée de la famille tout entière.
B/ Inscrire les prix, une pratique commune
26La seconde inscription portée par l’hydrie de Sinope a permis de révéler l’existence d’un culte des Dioscures à Phénéos, ainsi que les concours qui se tenaient en leur honneur. Seuls le prix et la découverte archéologique permettent l’attestion de ce nouvel agôn. Cette observation laisse entrevoir le grand nombre de concours dont nous ne connaissons pas encore l’existence pour les périodes archaïque et classique faute d’évidences archéologiques. La vitalité et la diversité de la vie agonistique des Grecs à cette époque nous échappent donc en partie. Deux autres exemples de prix de concours inscrits le prouvent encore.
27Une hydrie retrouvée dans le trésor de Votonosi en Épire51. Il s’agit d’une hydrie en bronze datant du Ve siècle et qui porte une inscription attestant que cet objet a été remis lors des Hérakleia de Thespies :
[h]ερακλέος ἐκ Θεσπίας
Je suis d’Héraklès de Thespies
28Si, pour Thespies, la tenue des Érôtideia et des Mouseia est assurée par les sources littéraires et épigraphiques52, celle des Hérakleia n’est attestée que par la découverte de cette hydrie. Le trésor, quant à lui, présente une relative homogénéité ainsi qu’un très bon état de conservation. Il s’agit peut-être d’offrandes issues d’un sanctuaire, mais le trésor n’a pas été trouvé dans un sanctuaire, ni même à proximité. Peut-être s’agit-il de la prise d’un voleur ou bien d’un trésor familial que l’on aurait cherché à protéger. En l’absence de contexte archéologique précis il est difficile de donner l’itinéraire exact de l’objet. Toutefois, il y a tout lieu de penser que le vainqueur d’une épreuve aux Hérakleia de Thespies était épirote et qu’il aura rapporté son prix chez lui. Peut-être l’aura-t-il consacré dans le sanctuaire de sa cité ou bien conservé dans le trésor familial. Ce prix des Hérakleia, pour être ainsi mis à l’abri avec d’autres objets de prestige, possédait donc une importante valeur marchande et monétaire. Par ailleurs, ce prix a circulé, agissant comme un symbole particulier, un objet spécifique à la valeur élevée.
29Une hydrie des Protésileia de Phylacé a été saisie au port du Pirée en 1897, le contexte archéologique et la provenance de cet objet sont par conséquent inconnus53. Il aurait été impossible de l’identifier si l’hydrie n’avait porté l’inscription suivante sur la lèvre :
[ε]χς̣ Αἰαιίας τᾶς Φθίας ἔλθον πὰρ Προτεσίλ[α]
D’Aia de Phthia je viens de la part de Protésilas.
30L’origine de l’objet ne fait dès lors plus de doute, il s’agit d’un prix des Protésileia de Phthiotide. Aia désigne ici la Colchide, Médée par exemple est parfois appelée ainsi, mais aussi l’île de Circé et la Thessalie54. Par ailleurs, Protésilas avait un sanctuaire dans sa ville natale de Phylacé55, intégrée par la suite à Thèbes de Phthiotide. Cette hydrie vient confirmer l’existence des concours évoqués par Pindare dans la 1re Isthmique :
Et j’y ajoute encore, Protésilas, l’enceinte où les hommes d’Achaïe t’honorent à Phylacé56.
31Cette découverte permet aussi d’assurer le témoignage de la scholie de ce vers qui précise que les concours de Protésilas avaient lieu à proximité, dans le voisinage de la cité de Phylacé, ajoutant qu’il s’agit d’un concours funéraire, epitaphios :
τελεῖται δὲ τῷ Πρωτεσιλάῳ κατὰ τὴν Φυλάκην ἐπιτάφιος ἀγών
Un concours funèbre se déroule en l’honneur de Protésilas à proximité de Phylacé57.
32Le style de l’hydrie est typique du premier quart du Ve siècle, Erika Diehl la date même des années 480-46058. La 1re Isthmique composée pour Hérodote de Thèbes date, quant à elle, de l’année 468. En l’absence d’indications précises sur la provenance de l’hydrie, on pourrait imaginer qu’elle ait servi d’urne cinéraire à Hérodote de Thèbes, cité où elle aurait très bien pu être trouvée avant d’être saisie au Pirée, tout cela restant pure spéculation.
33Cette corrélation entre les sources littéraires et l’archéologie tend à confirmer la diversité et le nombre des concours, ainsi que leur caractère panhellénique. Par ailleurs, le fait qu’un nombre relativement important de prix ont été retrouvés incite à penser qu’ils faisaient l’objet de soins particuliers et qu’ils revêtaient un caractère symbolique suffisamment important pour servir tant dans les rites funéraires qu’à des fins patrimoniales et dynastiques.
Que faire des modèles panhellénique et chrêmatite ?
A/ Le modèle panhellénique
34Les catégories — modèle panhellénique et modèle chrêmatite — dans lesquelles nous cherchons à faire entrer les concours ne correspondent pas aux réalités et aux habitudes des Grecs en la matière pour la période classique. Le terme même de « panhellénisme » ne recouvre aucune réalité dans les sources littéraires lorsqu’il s’agit de concours. À aucun moment le terme n’apparaît chez Pindare pour parler des concours, pas même pour les grands sanctuaires. Il n’y a qu’une exception chez Bacchylide dans la treizième épinicie, et le contexte ne permet pas de déterminer de quel concours il s’agit, car il vient à la suite d’une énumération de victoires dans plusieurs cités ainsi que dans les grands sanctuaires59. Les deux auteurs présentent des concours dans lesquels tous les Grecs viennent concourir sans marquer de distinctions entre ceux des cités et ceux des quatre sanctuaires communs. Ainsi, ce qui apparaît dans les deux cas pour la nature des concours c’est précisément que tous les Grecs concourent ensemble, que ce soit dans une cité particulière ou dans un grand sanctuaire. De fait, le terme de « panhellénique » ne se comprend que pour parler des sanctuaires, lorsque ces derniers sont gérés par une amphictionie, un conseil commun. Les distinctions entre les concours des cités et ceux de la periodos existent. Elles reposent sur la renommée, le prestige, mais aussi l’audience de ces compétitions, leur plus grande fréquentation ; toutefois ces différences ne sont pas institutionnalisées. C’est la raison pour laquelle les concours panhelléniques apparaissent sous deux formes : dans les sanctuaires communs, avec le plus grand prestige ; dans les cités où la fréquentation est plus ou moins grande selon la réputation du concours, dont une partie est fondée sur la qualité des prix qui sont décernés. Ces derniers jouent en effet un rôle essentiel dans la renommée et la fréquentation de ces compétitions.
35Le terme de « local » quant à lui est trop ambigu pour parler des concours des cités, car il peut en effet porter sur une fréquentation plus ou moins grande, ou sur une renommée plus ou moins régionale. Toutefois, il peut aussi porter exclusivement sur la nature des participants : que le concours soit ainsi réservé aux citoyens d’une cité, dans le cadre des compétitions civiques ; ou bien à ceux de plusieurs cités d’une même région, dans un cadre fédéral. Ainsi, l’expression « concours locaux » ne me semble convenir et devoir être employée que dans le second cas, c’est-à-dire une participation restreinte aux citoyens d’une cité ou aux membres d’une confédération. Toutefois, ce n’est qu’à partir d’une réflexion sur les échelles de participation et de fréquentation des concours qu’il est possible de mieux cerner les distinctions entre ces derniers. La question des échelles de participation dans les compétitions rejoint celle de l’identité grecque, de la reconnaissance et de l’appartenance à un groupe spécifique. Une première échelle, la plus étroite, est celle de la cité, la deuxième, un peu plus large, celle de l’appartenance à une ethnie, un groupe spécifique de Grecs (Doriens, Ioniens, Béotiens, Thessaliens…), la troisième échelle, étant celle de l’appartenance au monde grec, qui à ce stade fait intervenir la notion de panhellénisme, mais seulement par opposition à l’étranger, au Barbare. Ces échelles jouent sur la fréquentation et la participation des concours pour la période classique. Il faut toutefois remarquer que certains concours peuvent conjuguer ces deux aspects, être ouverts à tous les Grecs et réservés aux seuls citoyens de la cité organisatrice. C’est le cas par exemple des Panathénées tous les quatre ans. Dans ce cas les inscriptions elles-mêmes présentent les listes de vainqueurs comme s’il s’agissait d’un seul et même concours ayant une seule et même nature60, alors que les épreuves semblent avoir un statut totalement différent les unes des autres. Les listes enregistrent des vainqueurs issus de toute la Grèce pour des épreuves musicales et sportives, mais à la fin apparaissent des épreuves de régates, de courses, à cheval ou aux flambeaux, qui sont enregistrées par tribus et ne peuvent donc concerner que des citoyens athéniens. Dès lors quel statut donner à un tel concours ? Il faut ainsi reconnaître que, dans une même cérémonie, plusieurs types de compétitions peuvent se superposer, et les échelles être multiples. C’est ce qui rend délicate la question de l’identification des concours, de leur caractère proprement civique, fédéral ou confédéral, ou bien de leur nature panhellénique. En effet, les sources de cette période rendent difficile cette identification des échelles de participation, dans la mesure où aucun texte, littéraire ou épigraphique, ne présente nettement la nature de chacun des concours dans les cités ou les sanctuaires. En revanche, les prix qui sont décernés dans ces compétitions et les pratiques qui leur sont liées, consécration ou conservation patrimoniale de l’objet, permettent d’affiner, si ce n’est de distinguer, ces échelles de participation et donc de nature des concours.
B/ Le caractère chrêmatite des concours
36Ce qui fonde les différences entre les concours, c’est à la fois l’échelle de la communauté à laquelle ils s’adressent et la nature des prix, le fait que l’on y remette exclusivement ou pas des couronnes. Celles-ci sont d’un usage fréquent dans les cités, que ce soit pour la prise de parole ou l’octroi d’honneurs ; dans les concours, elles sont décernées à tous les vainqueurs. Pindare évoque à plusieurs reprises celles que les athlètes ont remportées à chacune de leur victoire, à Athènes61, à Sicyone62 ou encore à Argos où des couronnes de myrte étaient remises :
τὸ δὲ ἆθλον, ἀσπὶς χαλκῆ
οἱ δὲ στέφανοι ἐκ μυρσίνης
Comme prix, un bouclier de bronze, et des couronnes de myrte63
37En un sens tous les concours en Grèce sont stephanites, mais ils n’acquièrent ce statut spécifique que lorsqu’ils sont exclusivement récompensés par une couronne, sans l’ajout d’autres prix. Ceux-ci interviennent comme autant de signes distinctifs de la cité. Ils la représentent lorsqu’elle cherche à se parer, à s’orner par des objets de valeur qui lui permettent d’attirer à elle participants et concurrents pour les épreuves. Les prix doivent être suffisamment réputés pour pouvoir servir au prestige de la cité. Les concurrents reçoivent, par l’intermédiaire du prix, une partie du capital symbolique de la valeur de la cité et du concours. Les listes de vainqueurs sont tenues et la notion d’enregistrement prend une place importante. Ces listes permettent d’inscrire la victoire dans une histoire, le vainqueur dans un groupe singulier. La mise à jour de ces listes permet d’entretenir le souvenir et la commémoration. Ainsi, dans la 7e Olympique en l’honneur de Diagoras de Rhodes, Pindare rappelle que des tables de pierre permettent d’entretenir le souvenir des vainqueurs64. Le souci de tenir à jour les listes des vainqueurs est constant dans toutes les cités depuis la création des concours, ce qui montre bien la volonté de faire du concours, par le registre, un élément important aussi bien dans la vie de la cité que dans celle des concurrents.
38La distinction entre concours se fait bien plus sur la nature du prix que sur son statut et sa renommée, son ouverture plus ou moins large. Ce qui fait la renommée des concours de la periodos, outre leur ancienneté et le prestige de leur fondation, c’est aussi le fait que seules des couronnes y sont remises. L’absence de prix de valeur marchande permet de rendre à la couronne tout son caractère symbolique. C’est un moyen de rapprocher le vainqueur des héros et des dieux. Dans ces concours, il n’est plus besoin de biens matériels comme les chrêmata remis dans les cités. Dans la cité, l’athlète est un homme qui a des besoins matériels qui se donne à voir, assure sa position sociale, alors que dans un sanctuaire il cherche à se rapprocher des dieux, des héros, sans besoins sensibles. De fait, ce n’est qu’à son retour chez lui qu’il reçoit des doreai, des cadeaux, de l’argent, des honneurs de routine, et qu’il entre à nouveau dans la course aux prix.
Conclusion
39L’étude des sources littéraires jointe à celle des sources archéologiques conduit à remettre en cause les distinctions traditionnelles, trop systématiques entre concours « panhelléniques » et stephanites d’une part, « locaux » et chrêmatites d’autre part. Une lecture attentive des sources oblige à nuancer plusieurs points. Elle révèle tout d’abord la diversité des concours du monde classique, leur multiplicité, leur foisonnement dans toute la péninsule grecque. Le développement de la vie agonistique de la période hellénistique est réelle, notamment grâce à la (re)découverte, la (re)fondation de concours en Asie Mineure, mais ce développement ne paraît plus dès lors être une réelle innovation de la période, mais s’inscrit bien davantage dans la continuité de celle qui la précède. Ensuite, la distinction entre concours « panhelléniques » et concours « locaux » doit être réévaluée au profit d’une vision peut-être plus fine de ce que pouvait être le « panhellénisme » grec à la période classique, et la manière dont il s’exprime par la présence de citoyens venus d’autres poleis dans quasiment tous les concours des cités. Dans ces conditions, il semble nécessaire de restreindre l’emploi de l’expression « concours locaux » au seul cadre civique ou exclusivement fédéral. Enfin, les prix sont un véritable attrait pour les athlètes de tout le bassin méditerranéen, contribuant ainsi à l’expression du caractère panhellénique des concours des cités. C’est sur la remise de ces prix de valeur, avec des couronnes, que repose la distinction entre les concours, ceux de la periodos et ceux des cités. La couronne, quand elle est remise seule, est alors le prix ultime, mais cela ne dévalue pas la valeur des objets remis dans les autres cités. La présence même de Grecs venus de l’autre côté de la mer Égée, comme Diagoras de Rhodes, dans de petites cités d’Arcadie ou même à Thespies ou Orchomène, ou bien à Pellène, plaide en faveur d’un panhellénisme vivant pour tous les concours des cités. Cela implique également la nécessité d’annoncer de tels événements. On imagine mal comment un athlète comme Diagoras, pour reprendre ce parcours exemplaire, se déciderait à quitter Rhodes dans l’intention de se présenter à des épreuves sans avoir aucune idée d’un itinéraire précis, sans savoir quand ont lieu précisément les cérémonies et les compétitions, ni dans quelles cités. Les différences de calendrier entre les cités et les régions sont réelles et complexes, un tel cheminement à travers la Grèce oblige de suivre un calendrier précis des compétitions, tout du moins de savoir à l’avance la tenue des célébrations et des concours qui les accompagnent. Il semble donc qu’en dépit du silence des sources sur ce point, l’existence de théores soit à envisager65. Le phénomène agonistique apparaît pour les cités comme une activité importante de la vie religieuse, mais aussi économique. C’est la raison pour laquelle ce phénomène est aussi riche et diversifié à la période classique. De plus, la recherche du prestige et de la gloire, aussi bien du point de vue des compétiteurs que de celui des cités, correspond encore une fois à la conception agonistique de la culture grecque. De même, la mise en jeu de prix reflète la puissance de la cité, sa richesse. Et c’est là encore un autre niveau de compétition, un agôn symbolique et politique entre les cités.
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Notes de bas de page
1 Selon Chantraine 1999, p. 1275, le terme chrêmata peut désigner les « biens, richesses », pour conduire également à l’idée de « trésor », de choses précieuses. En ce sens les concours des cités ont un caractère chrêmatite, car ils sont une source de richesse pour les athlètes victorieux. C’est dans cette perspective que je parlerai ici de concours chrêmatites et de chrêmata, et non pas dans l’idée d’objets dont on a besoin et dont on se sert, même si les prix décernés sont symboliquement des objets à valeur fonctionnelle et utilitaire, notamment dans le cadre de rites religieux.
2 Il faut rappeler ici le rôle pionnier des travaux de Louis Robert, parmi sa foisonnante bibliographie concernant les concours, je retiendrai surtout son « Discours d’ouverture » : Robert 1984, p. 35-45. À sa suite, on peut aussi évoquer les travaux de Wörrle 1988 et aussi 2000, p. 558-563 ; Strasser 2001, p. 273-305 ; 2003, p. 251-299 ; Pleket 2004, p. 77-89 ; Slater & Summa 2006, p. 275-299.
3 Pour les concours dans les sanctuaires panhelléniques dans la vaste bibliographie qui en traite je retiendrai notamment Valavanis 2004 ; Nielson 2007. Pour les concours athéniens : les Dionysies voir notamment Pickard-Cambridge 1962, passim ; 1968, passim ; Wilson 2000 et 2007. Pour les Panathénées : Neils 1992 et 1996 ; Bentz 1998 et 2001.
4 On recense notamment chez Pindare une quarantaine de concours, et chez Bacchylide une dizaine de compétitions sont évoquées en dehors des sanctuaires panhelléniques.
5 À l’exception notable de deux ouvrages sur les concours mentionnés dans les œuvres de Pindare, Ringwood 1927 qui inventorie ces concours et fait un bref descriptif de leur nature et du contenu des compétitions, et Kramer 1970 qui répertorie lui aussi les concours dans lesquels les athlètes loués par Pindare ont remportés des victoires. En dernier lieu voir également les quatre appendices donnés par Larmour 1999 à la fin de son ouvrage, p. 171-192.
6 Les objets de prix de certains concours, lorsque leurs provenances sont bien attestées, permettent de connaître la réputation et la fréquentation d’un concours.
7 Cet inventaire a été dressé plusieurs fois, le livre de Nilsson 1995, constitue de ce point de vue l’ouvrage le plus complet dans la mesure où il y présente les différents cultes qui sont rendus aux dieux et les différents types de manifestations, tels les concours qui peuvent accompagner ce culte, en ce sens l’ouvrage de Nilsson 1995 offre un répertoire des concours offerts aux dieux. L’ouvrage de Ringwood 1927 quant à lui se fonde d’abord sur l’attestation de concours avant de s’interroger sur la divinité à qui ils sont offerts. L’ouvrage de Kramer 1970 ne recense que les concours attestés dans les épinicies de Pindare.
8 Privitera 1982, p. 27-31.
9 Pindare, Isthmiques II, 18-21. Traduction CUF, Aimé Puech, 1923.
10 Pindare, Pythiques IX, 90-92.
11 Pindare, Olympiques VII, 77-87.
12 Pindare, Olympiques XIV, 19 ; Isthmiques I, 11 et 56 ; Schachter 1986, p. 143
13 Pausanias, IX, 35 et 38 ; Schachter 1981a, p. 141-144.
14 Pour les Érôtideia : Schol. Pindare Olympiques VII, 153 e-154 c. Voir aussi P. Stengel, Real Encyclopedie, s.v. « Érôtidia », VI, 1, col. 548, 1907. Pour l’attestation des Hérakleia voir aussi St. Fiehn, Real Encyclopedie, s.v. « Thespeia », s.v. « Herakles », VI, A 1, col. 50, 1936. Pour la distinction entre les deux concours à Thespies Pausanias, IX, 31, 3 ; Schachter 1981a, p. 216-219
15 Pindare, Olympiques VII, 83 ; Schol. Pindare Olympiques VII, 153 a.
16 Pindare, Olympiques VII, 85 ; Schol. Pindare Olympiques VII, 153 e, 154 a, b, c ; Schachter 1994, p. 66-89.
17 Ibid.
18 Pausanias, VIII, 47, 4. Voir aussi Jost 1985, p. 374.
19 Pausanias, VIII, 2, 6 ; 38, 7. Voir aussi Jost 1985, p. 267-268.
20 Schol. Pindare Olympiques VII, 153 a ; IG VII, 47. Voir aussi Jost 1985, p. 42, p. 388.
21 Une question se pose cependant quant à la période et la durée sur lesquelles toutes ces victoires furent accumulées. S’il est certain que c’est avant 464 et la victoire olympique, il reste cependant impossible de savoir en combien de temps Diagoras remporta tous ces succès.
22 Pindare, Olympiques XIII, 106-112.
23 Pindare, Olympiques XIII, 107-108, traduction CUF, Aimé Puech, 1922.
24 Ibid., 111, traduction CUF, Aimé Puech.
25 Pindare, Isthmiques I, 52-63.
26 Strabon, X, 1, 10. Knoepfler 1988, p. 387.
27 Hymne Homérique à Apollon, 229-239 ; Pindare, Isthmiques IV, 19-23 ; Apollonios de Rhodes, III, 1244 ; Pausanias, IX, 37, 1 mentionne les fêtes de Poséidon à Onchestos ; Schachter 1986, p. 219-220.
28 Schol. Pindare Isthmiques I, 11 c, l. 19 ; Philostrate, Héroicos 294 ; G. Radke, Real Encyclopedie, s.v. « Protesilaos », XXIII. 1 col. 937, 1957. Hydrie du Musée National, MN 13792. Cf. Lamb 1929, p. 163 et p. 183.
29 Antonaccio 2007, p. 268‑269.
30 La question du transport des chevaux devait poser d’importants problèmes dans l’Antiquité comme cela reste encore le cas de nos jours. On peut sur ce point remarquer le silence des historiens au sujet de la façon dont les chevaux eux-mêmes sont transportés pour les compétitions, voir notamment Vigneron 1968, p. 190-191 sur les compétitions où il n’aborde pas la manière dont les chevaux sont amenés. À ce propos, on peut aussi remarquer que dans le dernier quart du XIXe siècle, en France, de très nombreuses courses hippiques se développèrent en province, notamment en Normandie et dans l’Ouest, grâce uniquement à l’avancée des lignes de chemins de fer. De nombreux hippodromes furent construits, mais toujours situés à proximité des gares : Deauville, Enghien, Nantes, La Baule. La fragilité des chevaux de course reste un problème crucial pour les participations à des compétitions.
31 Pindare, Isthmiques I, 38 ; Bacchylide, Épinicie XIV. 10-11 ; Apollonios de Rhodes, III, 1244.
32 Pindare, Olympiques VII, 82 ; IX, 89 ; XIII, 110 ; Pythiques VIII, 79.
33 Pindare, Olympiques XIII, 109 ; Néméennes X, 43.
34 Pindare, Olympiques VII, 82-84 ; IX, 88, 95-96 ; XIII, 108 ; Pythiques IX, 79 ; Néméennes IV, 19 ; X, 23, 47-48 ; Isthmiques V, 32.
35 L’étude la plus complète reste encore celle d’Amandry 1980, 211-256, mais voir aussi Amandry 2002, p. 29-32 où il nuance certaines de ses positions antérieures et reconsidère l’idée d’un second usage d’un objet consacré dans un sanctuaire.
36 Smith 1926, p. 253-257, fig. 3, pl. 14 (SEG XI, 330 ; Jeffery 1990, n° 43, p. 170 propose une datation plus large 450-425 ; Amandry 1980, p. 216 et p. 251 ; Robert 1981, n° 265).
37 Smith 1926, p. 256. Les dimensions du lebês sont les suivantes : hauteur : 31,11 cm ; diamètre : 41, 27 cm.
38 Voir notamment Amandry 1980, p. 211-213 ; Charneux 1987, p. 207-223.
39 Schol. Pindare Olympiques VII, 152 c.
40 Sur l’usage de la consécration des couronnes de feuillage sur les autels des héros par les athlètes victorieux voir Pindare, Olympiques IX, 112 ; Néméennes VIII, 13-16 ; Néméennes V, 53-54, cf. Currie 2004, p. 58.
41 Andronikos 1979, p. 365 (ph.) et 1980, p. 15 (Amandry 1980, p. 251 ; Robert 1981, n° 265) ; cf. Charneux 1985, p. 370-371 ; Kritzas 1989, p. 161.
42 Les dimensions du trépied ne sont pas données dans la publication.
43 Achille déjà rappelle l’histoire de plusieurs des prix qu’il met en jeu, dans les différentes épreuves des Patrokleia : le cratère d’argent remis à Ulysse lors de sa victoire à la course de vitesse, Iliade XXIII, 740 sq. ; le poignard et les armes de Sarpédon remis à Ajax et Diomède, Iliade XXIII, 798 sq. Sur la question de la valeur, de la transmission et de la circulation des objets voir Gernet 1968, p. 121-179
44 Sur les origines argiennes des rois de Macédoine, Hérodote, VIII, 137 ; Thucydide, II, 99, 3 et V, 80, 2.
45 Akurgal & Budde 1956, p. 12-15 (SEG XXX, 1456 et XXXIX, 1365) ; cf. Amandry 1980, p. 212 ; Kritzas, 1989, p. 161-166 (Dubois 1990, n° 424). Les dimensions de l’hydrie ne sont pas données dans les publications.
46 Diehl 1964, p. 23-25 et p. 216, n° B 77, qui concerne le groupe auquel appartient l’hydrie d’Ankara.
47 Le terme d’évergète renvoie ici à la pratique et à ce que représente l’évergétisme, c’est-à-dire à l’accomplissement de bienfaits en faveur de la cité, et non pas à l’institution telle qu’on la connaît à partir de la période hellénistique.
48 Sur ce point voir l’article toujours fondamental de Gernet 1968, p. 121-179
49 Dans les Patrokleia les objets décernés par Achille ont tous un passé qui les rend d’autant plus attractifs pour les concurrents. Les prix transmettent la force et la vaillance de leurs précédents propriétaires. Voir aussi Papakonstantinou 2002, p. 61.
50 Dans le cadre des concours je renvoie notamment à Pindare, Olympiques VII, 83 ; XIII, 107 ; Néméennes X, 22. Voir aussi K. Ziegler, Real Encyclopedie, s.v. « Heraia », VIII, 1, col. 416-418, 1912.
51 Petsas 1952, Chron. p. 9-10, n° XVII ; Vocotopoulou 1975, p. 749-754 (ph). Cf. Amandry 1970, p. 619, note 77 et 1980, p. 211-212 ; (SEG XXX 541). Le diamètre de la lèvre de l’hydrie est compris entre 0,13-0,14 m.
52 Pausanias, IX, 31, 3. Roesch 2007, fasc. IV, pour les concours des Érôtideia. période hellénistique : n° 186 et n° 187, pour la période impériale : n° 188-193.
53 Athènes, MN 13792 ; cf. Diehl 1964, p. 31-32 et p. 218, répertoriée B115 dans son catalogue, Athènes MN 13792 ; Amandry 1971, p. 617 ; Amandry 1980, p. 212, n° 4 (II) Kritzas 1989, p. 163, n° 14. Les dimensions ne sont pas données.
54 Liddell, Scott, Jones, Greek-English Lexicon, s.v. αἶα.
55 Philostrate, Héroicos 148. G. Radke, Real Encyclopedie, s.v. « Protesilaos », XXIII. 1, col 937, 1957.
56 Pindare, Isthmiques I, 58-59, traduction CUF Aimé Puech 1923.
57 Schol. Pindare Isthmiques I, 83.
58 Diehl 1964, p. 31-32 et p. 218 ; Athènes MN 13792
59 Bacchylide, Épinicie XIII, 165.
60 IG II² 2311 ; 2316 ; 2317. Voir aussi Neils 1996, p. 16 et Whitehead 2002 p. 175-186.
61 Pindare, Olympiques XIII, 38-39.
62 Pindare, Néméennes IX, 51.
63 Schol. Pindare Olympiques VII, 152c.
64 Pindare, Olympiques VII, 86.
65 Sur la question des théores et des théorodoques voir notamment Perlman 2000.
Auteur
Centre Anhima – UMR 8210
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