1 À titre d’exemple, nous n’insisterons nullement ici sur son interprétation, bien connue, de 1789, où il saisit les continuités entre l’Ancien régime et la Révolution, mais en contraste avec Tocqueville, souligne davantage la nouveauté radicale de la dernière.
2 Hannah Arendt, Essai sur la révolution, Paris, Gallimard, 1967, p. 80.
3 Sur ce thème, voir Jacques Revel (ed.), Jeux d’échelles. La micro-analyse à l’expérience, Paris, Gallimard-Le Seuil-Éditions de l’EHESS, 1998, coll. « Hautes Études ».
4 La lutte contre l’historicisme est bien sûr d’abord un enjeu des sciences sociales pour Furet : « Il ne s’agit plus de l’histoire historiciste, qui fait de l’échelle du temps le principe des progrès de l’humanité, rythmés par la formation des États-nations et l’extension de la “civilisation”, c’est-à-dire du modèle européen. L’histoire, aujourd’hui, a au contraire pour caractéristique de n’être plus investie d’un sens préalable et implicite donné au temps, et d’avoir rompu avec cette vision linéaire qui la constituait en discipline royale chargée de peser les mérites de différentes “périodes” du passé » (A, 10).
5 « Le problème fondamental de la sociologie n’est pas le crime mais la loi, n’est pas le divorce mais le mariage, n’est pas la discrimination raciale mais la stratification raciale, n’est pas la révolution mais le gouvernement », Peter L. Berger, Invitation to Sociology. A Humanistic Perspective, New York-Londres-Toronto, Anchor Books, 1994, p. 130.
6 Voir, pour une vue de l’ensemble de son ouvre, Ran Halévy, L’expérience du passé. François Furet dans l’atelier de l’histoire, Paris, Gallimard, 2007 ; Pierre Hassner, « François Furet et le libéralisme mélancolique », in XXS, p. ix-xxiii ; Mona Ozouf, « Furet, comment écrire la révolution », in RF, p. i-xxvi.
7 Dans sa réponse à la critique d’E. Hobsbawm, Furet précise que cet autre historien des extrêmes « n’accepte pas l’idée qu’il y a eu une illusion communiste et, de ce fait le sujet même de mon travail lui est étranger » (XXS, 461).
8 Furet situe la sortie de la révolution d’Octobre au passage au stalinisme qui, en déifiant le Parti, marque ainsi la fin du « premier bolchevisme » (XXS, 661).
9 Rappelons aussi qu’au même moment, la répression du mouvement estudiantin en Chine montre la brutalité dont « le régime communiste » est capable ; mais, dans les faits, le Parti communiste ne parvient désormais à diriger cet immense pays que grâce aux ressources que lui apportent un capitalisme sauvage et un nationalisme exclusif.
10 Enzo Traverso, « Le siècle de Hobsbawm », La Revue internationale des livres et des idées, n° 10, 2009, p. 14.
11 Voir Jim DeFronzo, Revolutionary Movements in World History. From 1750 to the Present, Santa Barbara, ABC Clio, 2006, 3 vol.
12 Serguëi Tchakhotine, Le viol des foules par la propagande politique, Paris, Gallimard, 1939.
13 Voir Zeev Sternhell, La droite révolutionnaire. Les origines françaises du fascisme : 1885-1914, Paris, Le Seuil, 1984.
14 Paul Bénichou, Le temps des prophètes. Doctrine de l’âge romantique, Paris, Gallimard, 1977, coll. « Nrf ».
15 Pour le texte intégral, consulter www.marxists.org/francais/lenin/works/1902/02/19020200.htm.
16 Concernant la syntaxe politique soviétique, Furet se réfère à l’étonnement, faussement naïf et d’une rare maturité « pré-orwellienne » de Boris Souvarine : « Pas un fait, pas une citation, pas une idée, pas un argument : des affirmations impudentes, avec une demi-douzaine de mots interchangeables, venant des « sommets » (car même ça est décidé en haut lieu). Ainsi, la phrase : “Pour l’unité bolchevique du Parti léniniste” ; intervertissez l’ordre des adjectifs, vous obtenez : “Pour l’unité léniniste du Parti bolchevique” ; intervertissez ensuite l’ordre des substantifs, vous réalisez : “Pour le Parti bolchevique de l’unité léniniste”, et ainsi de suite. N’est-ce pas merveilleux. » (XXS, 642).
17 Frédéric Gros, États de violence : essai sur la fin de la guerre, Paris, Gallimard, 2005.
18 Ce qui ne signifie bien entendu pas que Furet réduit le totalitarisme à cette seule dimension.
19 On se souviendra de l’étonnement de Sebastian Haffner devant cette étrange combinaison. Voir son Histoire d’un Allemand. Souvenirs 1914- 1933, Arles, Actes Sud, 2002.
20 Pierre Hassner, La revanche des passions, Paris, Société des amis de François Furet, 2004.
21 Martin Malia, Comprendre la révolution russe, Paris, Le Seuil, 1980 ; Theda Skocpol, States and Social Revolutions. A Comprehensive Analysis of France, Russia and China, Cambridge, Cambridge University Press, 1979 ; Charles Tilly, Les révolutions européennes, Paris, Le Seuil, 1993.
22 Vladimir Zarzoubrine, Le Tchékiste, Paris, C. Bourgois, 1990.
23 George Sorel, Réflexions sur la violence, Paris, Quartier Libre, 2006 ; Charles Tilly, The Politics of Collective Violence, Cambridge-Londres, Cambridge University Press, 2003 ; Karl Mannheim, Idéologie et utopie, Paris, Éditions de la MSH, 2006.
24 Ghassan Salamé, « Où sont donc les démocrates », in Gh. Salamé (ed.), Démocraties sans démocrates. Politiques d’ouverture dans le monde arabe et islamique, Paris, Fayard, 1994, p. 23.
25 Alfred O. Hirschman, Défection et prise de parole : théorie et application, Paris, Fayard, 2005.
26 Antonio Muñoz Molina, Séfarade, Paris, Le Seuil, 2003.
27 Rappelons ici que Furet entretint des rapports complexes avec les États-Unis dont il fut sans doute l’un des rares observateurs à saisir les dynamiques de radicalité. Sa fascination pour ce pays va cependant de pair avec de nombreuses critiques sur le présent, et son insistance sur la nécessité d’une vigilance démocratique quant à l’avenir (voir notamment XXS, 249 et suiv.).
28 « Là où la gauche intellectuelle avait investi ses valeurs universelles devenues disponibles, elle a rencontré une conscience nationale et religieuse ; en cherchant le parti bolchevique de 17, elle a trouvé l’Islam, Boumediene au lieu de Lénine » (A, 39).
29 Voir sa trilogie, Entre l’art et le témoignage. Littérature arménienne du xxe siècle, Paris, MetisPress, 2006-2008.
30 Dorothée Guillemarre-Acet, L’Allemagne, l’Empire ottoman et la Turquie républicaine : relations politiques et liens culturels (1908-1933), Thèse de doctorat de l’INALCO, préparée sous la direction de François Georgeon, 2006.