1 Frédéric Nietzsche, L’origine de la tragédie, Paris, Mercure de France, 1947.
2 Abraham Maslow, The psychology of science. A reconnaissance, New York, Harper and Row, 1966, p. 16 ; Roland Barthes, Mythologies, Paris, Seuil, 1970 ; Michel Foucault, L’archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969 ; David Bloor, Knowledge and social imagery, Londres-Boston, Routledge and Kegan Paul, 1976, p. 40-45.
3 Les métaphores médicales abondent sous la plume des fondateurs des sciences sociales (y compris Durkheim), parmi lesquels se trouvaient nombre de médecins. Voir Laurent Mucchielli, La découverte du social. Naissance de la sociologie en France (1870-1914), Paris, La Découverte, 1998.
4 Ou, en anglais, moral sciences. Même la formule Geisteswissenschaften, qui semble authentiquement allemande, apparaît dans les années 1840 comme la traduction de ce terme anglais. Voir Sylvie Mesure, Dilthey et la fondation des sciences historiques, Paris, PUF, 1990, p. 95. La morale, comme la religion, était le principal objet d’étude chez Durkheim comme chez Weber. Sur la naissance de la sociologie américaine à partir de la philosophie morale, voir Gladys Bryson, « Sociology considered as moral philosophy », The Sociological Review, 24, 1932, p. 26-36.
5 Ce n’est que plus tard, quand les libertés individuelles se trouveront menacées par les régimes totalitaires, que l’atomisme logique redeviendra un instrument intellectuel majeur de la pensée démocratique.
6 Paul Bénichou, Le sacre de l’écrivain, 1750-1830. Essai sur l’avènement d’un pouvoir spirituel laïque dans la France moderne, Paris, J. Corti, 1973 ; Pascal Ory, Jean-François Sirinelli, Les intellectuels en France. De l’affaire Dreyfus à nos jours, Paris, Armand Colin, 1987 ; Christophe Charles, Naissance des « intellectuels », 1880-1900, Paris, Minuit, 1990 ; Id., Les intellectuels en Europe au xixe siècle. Essai d’histoire comparée, Paris, Seuil, 1996 ; Fritz Ringer, Fields of knowledge. French academic culture in comparative perspective, 1890-1920, Cambridge-New York, Cambridge University Press, 1992 ; Michel Winock, Le siècle des intellectuels, Paris, Seuil, 1997 ; Id., Les voix de la liberté. Les écrivains engagés au xixe siècle, Paris, Seuil, 2001. L’image du chercheur en sciences sociales en tant qu’intellectuel par excellence ne se substitue définitivement à celle du poète que bien tardivement, quand la popularité de Lévi-Strauss dépasse celle de Sartre (François Dosse, Histoire du structuralisme, Paris, La Découverte, 1991). Mais cette transition commence, avec Durkheim, au tournant du xxe siècle. Voir aussi Wolf Lepenies, Les trois cultures : entre science et littérature, l’avènement de la sociologie, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1990.
7 Fritz Ringer, The decline of German mandarins. The German academic community, 1890-1933, Cambridge Harvard University Press, 1969.
8 Durkheim, Weber et la majorité des fondateurs des sciences sociales étaient proches des mouvements politiques d’orientation démocratique. Les néo-kantiens de Marburg étaient, eux, portés vers le socialisme, ceux de Baden, plus conservateurs il est vrai, n’étaient que libéraux. Voir L. Mucchielli, La découverte du social, p. 161-162 ; F. Ringer, The decline of German mandarins ; Peter Theiner, « Friedrich Naumann and Max Weber : Aspects of a political partnership », in Wolfgang J. Mommsen, Jürgen Osterhammel (eds.), Max Weber and his contemporaries, Londres, Allen and Unwin, 1987, p. 299-310 ; Klaus-Christian Köhnke, Entstehung und Aufstieg des Neukantianismus, Francfort/Main, Suhrkamp, 1986 ; Thomas E. Willey, Back to Kant. The revival of kantianism in German social and historical thought, 1860-1914, Detroit, Wayne State University Press, 1978.
9 Je développe cette idée plus en détails in N. Koposov, « La logique de la démocratie », Halte au massacre des chats ! Moscou, N. L. O., 2005, p. 84-103 (en russe).
10 Franz Brentano, Psychologie vom empirischen Standpunkte, Leipzig, Duncker, 1874 ; Edmund Husserl, Logische Untersuchungen, Halle, Niemeyer, 1901.
11 Karl Bühler, « Tatsachen und Probleme zu einer Psychologie des Denkvorgänge », Archiv für gesamte Psychologie, 9, 1907, p. 297-365 ; 12, 1908, p. 1-92.
12 Gottlob Frege, « Sens et dénotation », Écrits logiques et philosophiques, Paris, Seuil, 1971, p. 102-126 [1892].
13 Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale, Lausanne, Payot, 1916.
14 John Watson, « Psychology as the behaviorist views it », Psychological Review, 20, 1913, p. 158-177 ; Id., Behaviorism, Chicago, University of Chicago Press, 1924.
15 Gilbert Ryle, The concept of mind, Londres, Hutchinson, 1949.
16 Leonard Bloomfield, « Language or ideas ? » Language, 12, 1936, p. 89-95.
17 Nikolaï S. Troubetskoï, Principes de phonologie, Paris, Klinksieck, 1949 ; Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, Paris, Minuit, 1963.
18 Edward Sapir, Le langage : Introduction à l’étude de la parole, Paris, Payot, 1953 [1929] ; Benjamin L. Whorf, Linguistique et anthropologie. Les origines de la sémiologie, Paris, Denoël, 1963.
19 Contre l’opinion courante qui associe l’accent sur le rôle du langage avec la pensée du dernier Heidegger et celle de ses disciples, tout d’abord H. -G. Gadamer. G. L. Bruns suggère que « le tournant linguistique dans la pensée de Heidegger peut être localisé dans la section 32 de Sein und Zeit ». (G. L. Bruns, « On the weakness of language in the human sciences », in John S. Nelson, Allan Megill, Donald N. McCloskey (eds.), The rhetorics of the human sciences, Madison, The University of Wisconsin Press, 1987, p. 244.) Voir aussi Valentin N. Volochinov (Mikhail Bakhtine), Le marxisme et la philosophie du langage, Paris, Minuit, 1977.
20 Parmi les diatribes soulevées par les effets pernicieux du mauvais langage, Stuart Chase, The tyranny of words, Londres, Methuen, 1938. L’idée était d’ailleurs largement répandue parmi les philosophes et les linguistes eux-mêmes, du cercle de Vienne jusqu’au cercle de Prague.
21 Certes, le néo-mentalisme n’identifie pas la pensée au langage. Au niveau des processus « centraux », la pensée est représentée comme la computation avec les symboles de tout autre type que les symboles linguistiques qui ne sont « admis » qu’au niveau des processus « locaux » de la pensée. Néanmoins l’approche cognitiviste du langage semble marquée par cette dualité : « encapsulé » dans un des « modules » des processus locaux, mais interprété comme le système symbolique par excellence, le langage-plus que toute autre « faculté » humaine-participe de la même nature que la pensée grâce à la place privilégiée qu’il occupe dans le cercle du traitement et de la communication de l’information, considéré comme l’essence même de l’intelligence. Résultat de la conception réductrice tant du langage que de l’esprit, interprétés uniquement en termes de théorie de l’information, ce rapprochement se manifeste, chez les cognitivistes, dans les métaphores linguistiques auxquelles on ne manque jamais de recourir pour décrire le « langage » de la pensée, de façon que, en partie malgré lui, le cognitivisme garde toujours l’empreinte de sa « linguisticalité » innée. Voir Jerry A. Fodor, The language of thought, Hassocks, The Harvester Press, 1976 ; Id., The modularity of mind, Cambridge, The MIT Press, 1983.
22 Claude Lévi-Strauss, Les structures élémentaires de la parenté, Paris, PUF, 1949 ; Id., L’anthropologie structurale, Paris, 1958 ; Id., La pensée sauvage, Paris, Plon, 1962.
23 Clifford Geertz, The interpretation of cultures, New York, Basic Books, 1973.
24 Roland Barthes, « La mort de l’auteur », Essais critiques, vol. IV, Le bruissement de langage, Paris, Seuil, 1979 ; Michel Foucault, L’archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969 ; Jacques Derrida, De la grammatologie, Paris, Minuit, 1967.