1 Heinrich Levy, Die Hegel-Renaissance in der deutschen Philosophie mit besonderer Berücksichtigung des Neukantianismus, Charlottenburg, Pan-Verlag Rolf Heise, 1927, p. 90, 91. Voir aussi H. Kleiner, « Neuhegelianismus », in Joachim Ritter und Karlfried Gründer (eds), Historisches Wörterbuch der Philosophie, Bâle-Stuttgart, Schwabe, 1984, vol. 6, p. 742-747.
2 Ainsi, selon David Frisby, la célèbre question de Simmel « comment la société est-elle possible ? » est-elle posée « d’une manière qui paraît kantienne » (Sociological impressionism. A reasses sment of Georg Simmel’s social theory, Londres, Heinemann, 1981, p. 66).
3 Dix ans après Levy, Raymond Aron écrira : « L’interprétation de Kant, en Allemagne, se transforme progressivement parce que, au lieu de poser la question : comment dépasser la métaphysique à l’aide de la critique ?, on demande : comment restituer une métaphysique au-delà de l’ancienne métaphysique condamnée ? [...] Les meilleurs de ces livres n’inventent nullement des idées étrangères à Kant. Ils mettent en lumière des propositions négligées parce qu’elles ne s’accordaient pas avec la conception classique. » (Introduction à la philosophie de l’histoire. Essai sur les limites de l’objectivité historique, Paris, Gallimard, 1986, p. 123). Des études récentes, notamment le livre de Rudolf A. Makkreel portant en particulier sur le rapport de Dilthey à Kant, confirment ce point de vue (Dilthey. Philosopher of the human studies, Princeton, Princeton University Press, 1975). La proximité du néo-kantisme et de la tradition hégélienne paraît normale : il est né au milieu du xixe siècle, dans le milieu des hégéliens (Klaus-Christian Köhnke, Entstehung und Aufstieg des Neukantianismus, Francfort/Main, Suhrkamp, 1986). Thomas E. Willey, Back to Kant. The revival of kantianism in German social and historical thought, 1860-1914, Detroit, Wayne State University Press, 1978, p. 117, 120). Sur le rôle de la tradition hégelienne pour Simmel, Dilthey, Weber, mais aussi pour Durkheim, voir D. Frisby, Sociological impressionism, p. 74 ; Sylvie Mesure, Dilthey et la fondation des sciences historiques, Paris, PUF, 1990, p. 17-18 ; Bernard E. Jensen, « The recent trends in the interpretation of Dilthey », Philosophy of the Social Sciences, 8, 1978, p. 423, 425-426 ; Guy Oakes, « Methodological ambivalence : The case of Max Weber », Social Research, 49 (3), 1982, p. 595-596 ; Dominick LaCapra, Émile Durkheim, sociologist and philosopher, Ithaca-Londres, Cornell University Press, 1972, p. 294.
4 Pour une histoire parallèle, à savoir, celle de l’hypothèse constructiviste dans la pensée historique américaine, voir Peter Novick, That noble dream. The « objectivity question » and the American historical profession, Cambridge-New York, Cambridge University Press, 1988.
5 Hans-Ludwig Ollig, Der Neukantianismus, Stuttgart, Metzler, 1979 ; Werner Flach, Helmut Holzhey (eds.), Erkenntnistheorie und Logik im Neukantianismus, Hildesheim, Gerstenberg, 1979 ; Helmut Holzhey, « Neukantianismus », Historisches Wörterbuch der Philosophie, vol. 6, p. 747-754 ; Ernst Wolfgang Orth, Helmut Holzley (eds.), Neukantianismus. Perspektiven und Probleme, Wurtzbourg, Königshausen und Neumann, 1994 ; K. -C. Köhnke, Entstehung und Aufstieg des Neukantianismus ; Ulrich Sieg, Aufstieg und Niedergang des Marburger Neukantianismus. Die Geschichte einer philosophischen Schulgemeinschaft, Wurtzbourg, Königshausen und Neumann, 1994 ; Éric Dufour, Les néokantiens, Paris, Vrin, 2003.
6 E. W. Orth, H. Holzley, « Vorwort », Neukantianismus. Perspektiven und Probleme, p. 5.
7 R. Aron, La philosophie critique de l’histoire. Essai sur une théorie allemande de l’histoire, Paris, Vrin, 1969.
8 Cité en T. E. Willey, Back to Kant, p. 131. Wilhelm Wundt, l’un des fondateurs de la psychologie expérimentale et maître de Durkheim, s’exprimait aussi dans le même sens.
9 K. -C. Köhnke, Entstehung und Aufstieg des Neukantianismus, p. 387. Sur l’hétérogénéité interne du néo-kantisme, voir ibid., p. 213-214. Selon R. Aron, « La critique au sens kantien n’est au centre ni de la doctrine de Dilthey, ni de celle de Simmel. Et le néo-kantisme de Rickert est une philosophie des valeurs. » (La philosophie critique de l’histoire, p. 18.) Selon Gerhard Wagner, « en ce qui concerne l’école néo-kantienne de l’Allemagne du sud-ouest, il ne s’agit nullement même du kantisme modifié. » (G. Wagner, Geltung und normativer Zwang. Eine Untersuchung zu den neukantianischen Grundlagen der Wissenschaftslehre Max Webers, Fribourg-Munich, Alber, 1987 p. 11.) Toujours pour Wagner, Windelband et Rickert étaient plus proches de la néo-scholastique d’Hermann Lotze que de Kant.
10 Friedrich Meinecke, Die Entstehung des Historismus, Munich, Oldenburg Verlag, 1965 ; Georg G. Iggers, The German conception of history. The national tradition of historical thought from Herder to the present, Middletown, Wesleyan University Press, 1968 ; Jörn Rüsen, Geschichte des Historismus, Munich, C. H. Beck, 1992 ; Annette Wittkau, Historismus. Zur Geschichte des Begriffs und des Problems, Göttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 1992 ; Otto G. Oexle, L’historisme en débat. De Nietzsche à Kantorowicz, Paris, Aubier, 1996 ; Robert J. Richards, The romantic conception of life. Science and philosophy in the age of Goethe, Chicago-Londres, The University of Chicago Press, 2002 ; Jeffrey A. Barash, Politiques de l’histoire. L’historicisme comme promesse et comme mythe, Paris, PUF, 2004 ; Alexandre Escudier, « De Chladenius à Droysen. Théorie et méthodologie de l’histoire de langue allemande (1750-1860), Annales HSS, 58 (4), 2003, p. 743-777. Teodore Ziolkowski, Clio the romantic muse. Historicizing the faculties in Germany, Ithaca-Londres, Cornell University Press, 2004.
11 Ernst Cassirer, The logic of humanities, New Haven, Yale University Press, 1961, p. 21-22 ; Robert J. Richards, The romantic concept of life.
12 « La réalité empirique est pour nous complètement irrationnelle. » (H. Rickert, Die Grenzen der naturwisenschaft lichen Begriffsbildung, Tübingen, Leipzig, J. C. B. Mohr, 1902, p. 551.
13 Selon Simmel, l’« intérêt porté à l’être, à la réalité en tant que la réalité, est une composante essentielle de l’histoire. » (G. Simmel, Les problèmes de la philosophie de l’histoire, une étude d’épistémologie, Paris, PUF, 1984, p. 210.) On retrouve à plusieurs reprises la même idée chez Rickert, qui caractérise l’histoire, « par opposition à la science de la nature, comme vraie science de la réalité (eigentliche Wirklichkeitswissenschaft) ». Ou encore : « La réalité empirique pour nous est l’équivalent de la notion logique de l’historique » (H. Rickert, Die Grenzen, p. 255, 266). Max Weber, lui aussi, appelle l’histoire, à la différence des sciences de la nature, « la science de la réalité (Wirklichkeits wissenschaft) », Max Weber, « L’objectivité de la connaissance dans les sciences et la politique sociale [1904] », Essais sur la théorie de la science, trad. de l’allemand par Julien Freund, Paris, Plon, 1965, p. 125), disponible sur le site http://classiques.uqac.ca/classiques/Weber/essais_theorie_science/Essais_science_1.pdf. Voir aussi Catherine Colliot-Thélène, Max Weber et l’histoire, Paris, PUF, 1990, p. 14 sq, « La passion de la réalité » (Dilthey) était une figure importante du climat intellectuel de la fin du xixe et du début du xxe siècle, voir Hajo Holborn, « Wilhelm Dilthey and the critique of historical reason », Journal of the History of Ideas, 11, 1950, p. 97-100. Voir aussi G. Oakes, Weber and Rickert. Concept formation in the cultural sciences, Cambridge-Londres, The MIT Press, 1988, p. 20 sq, 53 sq.
14 Alexis Philonenko, La théorie kantienne de l’histoire, Paris, J. Vrin, 1986.
15 « Comment dépasser l’anarchie des opinions [produite par l’historisme] ? J’ai consacré toute ma vie à répondre à cette question », écrit Dilthey (cité par R. A. Makkreel, Dilthey, p. 3). D’autres philosophes critiques pourraient aussi souscrire à cette interrogation. Sur la crise de l’historisme, voir O. G. Oexle, « Krise des Historismus-Krise der Wirklichkeit. Eine Problemgeschichte der Moderne », in O. G. Oexle (ed.), Krise des Historismsus-Krise der Wirklichkeit. Wissenschaft, Kunst und Literatur 1880-1932, Göttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 2007, p. 11-116.
16 C’est précisément le sens de la phrase de Ranke : l’historien doit décrire le passé « wie es eigentlich gewesen ». Souvent comprise comme une expression achevée de la méthodologie positiviste, cette interprétation repose sur un malentendu. En effet l’un des fondateurs de l’historisme n’aurait pas dû parler ainsi en positiviste. Tirée de l’Introduction à l’Histoire des peuples romains et germaniques (1824), dans laquelle Ranke critique ceux qui prétendent pouvoir « juger le passé », cette phrase vise la philosophie de l’histoire d’Hegel ignorant, selon les partisans de l’historisme, le caractère inédit des différentes cultures. Elle rappelle donc son autre formule que chaque époque « est en relation immédiate avec Dieu » (Leopold von Ranke, « Über die Idee der Universalhistorie », Historische Zeitschrift, 178, 1954, p. 284). Il faudrait donc comprendre wie es eigentlich gewesen dans le sens non pas de l’opposition des faits aux théories, mais plutôt du caractère unique des phénomènes historiques aux lois universelles du développement de l’humanité. En outre, le mot eigentlich, ou proprement, ne signifie pas tant « en réalité » qu’« essentiellement », et renvoie donc à l’idée que chaque phénomène historique possède une essence qui lui est propre, ou une individualité que l’historien peut « saisir » dans un acte de compréhension. L’objectivité, pour Ranke, n’est donc pas la fidélité aux faits mais plutôt la capacité presque divine à saisir le sens des individualités historiques. Siegfried Kracauer souligne avec raison que « l’objectivité à laquelle il aspire est d’un genre spécial ; elle repose en partie sur la croyance que Dieu Se manifeste dans le déroulement de l’histoire universelle. Ranke est animé de sentiments religieux. L’historiographie, déclare-t-il également, est fidèle à sa principale mission si elle témoigne de son accord avec l’univers et montre qu’elle en connaît les secrets [...] L’historien idéal de Ranke, c’est le chercheur désengagé qui s’attache à exposer les faits tels qu’ils sont, et c’est aussi, inséparablement, l’adorateur, sinon le mystique, qui épure son esprit pour pouvoir contempler les merveilles de la sagesse divine. » (S. Kracauer, L’Histoire. Des avant-dernières choses, édité par Nia Perivolaropoulou et Philippe Despoix, Présentation de Jacques Revel, Paris, Stock, 2006, p. 142.) T. E. Willey parle lui-aussi du « théisme téléologique » de Ranke (Back to Kant, p. 48). Ranke lui-même s’exprimait ainsi à propos de la nature quasi divine de l’historiographie : « L’historien n’est qu’un organe de l’esprit qui, en parlant à travers sa bouche, devient manifeste à soi-même. » (« Über die Idee der Universal historie », p. 284.) L’autre fondateur de l’historisme, Wilhelm von Humboldt, raisonnait en termes comparables : les faits ne sont que « la matière première de l’histoire, mais non pas l’histoire elle-même », car la Notes-285 vraie représentation historique présuppose la découverte de la « vérité intérieure » du passé, intuitivement saisie par l’historien (W. von Humboldt, La tâche de l’historien, Considérations sur l’histoire mondiale. Considérations sur les causes motrices dans l’histoire mondiale, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires de Lille, 1985, p. 67-87. Voir aussi A. Escudier, « De Chladenius à Droysen », p. 769-771 ; Rudolf Unger, « The problem of historical objectivity. A Sketch of its development to the time of Hegel », History and Theory, 11, Beiheft 11, « Enlightenment historiography : Three German studies », 1971, p. 60-86 ; Leonard Kruger, Ranke : The meaning of history, ChicagoLondres, The University of Chicago Press, 1977 ; Santi Di Bella, Leopold von Ranke. Gli anni della formazione, Rubettino, 2005. Sur la formation de l’image de Ranke « positiviste » dans l’historiographie, voir G. G. Iggers, The German conception of history, p. 63-64, 90-91, 105 ; Id., « The Image of Ranke in American and German historical thought », History and Theory, 2 (1) 1962, p. 17-40 ; P. Novick, That noble dream ; William R. Keylor, Academy and community. The foundation of the French historical profession, Cambridge, Harvard University Press, 1975, p. 8, 76, 112.
17 Sur le rôle de la sensibilité religieuse, souvent panthéiste, pour les historistes, voir G. G. Iggers, The German conception of history, p. 8-9, 10 ; William Kluback, Wilhelm Dilthey’s philosophy of history, New York, Columbia University Press, 1956, p. 5, n. 55.
18 G. G. Iggers, The German conception of history, p. 127.
19 T. E. Willey, Back to Kant, p. 74, 343 ; K. -C. Köhnke, Entstehung und Aufstieg des Neukantianismus.
20 G. G. Iggers, The German conception of history, p. 13-14.
21 Bernard Groethuysen, Introduction à la pensée philosophique allemande depuis Nietzsche, Paris, Stock, 1926.
22 Sur la philosophie critique de l’histoire, voir Maurice Mandelbaum, The problem of historical knowledge. An answer to relativism, New York, Liveright, 1938 ; Carlo Antoni, From history to sociology. The transition in German historical thinking, Detroit, Wayne University Press, 1959 ; Henry Stuart Hughes, Consciousness and society. The reorientation of European social thought, 1890-1930, Londres, MacGibbon and Kee, 1967 ; G. G. Iggers, The German conception of history ; G. Oakes, Weber and Rickert. Concept formation in the social sciences, Cambridge, The MIT Press, 1988 ; Charles R. Bambach, Heidegger, Dilthey and the crisis of historicism, Ithaca-New York, Cornell University Press, 1995.
23 L’Introduction fut publiée en 1883, mais le programme de la critique de la raison historique s’inspirant de « l’esprit de l’école historique » s’était en gros déjà formé dans les écrits précédents de Dilthey. Voir Hans-Ulrich Lessing, Die Idee einer Kritik der historischen Vernunft. Wilhelm Diltheys erkenntnistheoretischlogisch-methodologische Grundlegung der Geisteswissenschaften, Fribourg-Munich, Alber, 1984, p. 42. Voir aussi Hellmut Diwald, Wilhelm Dilthey. Erkenntnistheorie und Philosophie der Geschichte, Göttingen, Musterschmidt, 1963 ; Michael Ermarth, Wilhelm Dilthey : The critique of historical reason, Chicago-Londres, The University of Chicago Press, 1978.
24 Selon Dilthey, sa tâche consistait « à aller jusqu’au bout par le chemin critique de Kant et à fonder une science empirique de l’esprit humain » (cité par W. Kluback, Wilhelm Dilthey’s philosophy of history, p. 48). Sur les rapports entre Dilthey et les néo-kantiens, voir R. A. Makkreel, Dilthey, p. 218-225 ; Id., « Wilhelm Dilthey and the neo-kantians : The distinction of the Geisteswissenschaften and the Kulturwissenschsften », Journal of the History of Philosophy, 7, 1969, p. 423-440 ; H. -U. Lessing, Die Idee einer Kritik der historischen Vernunft, p. 25 ; S. Mesure, Dilthey et la fondation des sciences historiques, p. 141-167. Dilthey était assez critique à l’égard de l’école néo-kantienne de Baden, mais il en partageait néanmoins la problématique et certaines des approches. H. -U. Lessing a raison de dire que Dilthey « peut être légitimement compté parmi les néo-kantiens » (Die Idee einer Kritik der historischen Vernunft, p. 53).
25 W. Dilthey, Critique de la raison historique. Introduction aux sciences de l’esprit et autres textes, Paris, Cerf, 1992, p. 159.
26 Helga Ende, Der Konstruktionsbegriff im Umkreis des Deutschen Idealismus, Meisenheim / Glan, A. Hain, 1977, p. 77-81. Voir aussi W. von Humboldt, La tâche de l’historien, p. 315 ; J. G Droysen, « Die Erhebung der Geschichte zum Rang einer Wissenschaft », Historische Zeitschrift, 9, 1863, p. 1-22 ; Id., Historik, Munich, 1971 ; J. Rüsen, Begriffene Geschichte. Genesis und Begründung der Geschichstheorie J. G. Droysens, Paderborn, F. Schöningh, 1969.
27 « Toute science est une science de l’expérience, mais toute expérience ne trouve sa cohérence originale, et par cela même sa valeur particulière, que dans les conditions de notre conscience à l’intérieur de laquelle elle se produit, dans l’ensemble de notre nature. » La critique de la connaissance historique est interprétée par Dilthey « comme une critique de la faculté que possède l’homme de se connaître lui-même, ainsi que la société et l’histoire, ses créations. » (W. Dilthey, Introduction, p. 148, 274.)
28 Ibid., p. 149.
29 « Les buts poursuivis par les sciences de l’esprit : saisir la réalité socio-historique dans ce qu’elle a de singulier, d’individuel » ; « l’appréhension du singulier, de l’individuel, constitue pour elles [...] un but ultime. » (Ibid., p. 184, 182.)
30 Ibid., p. 186.
31 W. Dilthey, « Ideen über eine beschreibende und zergliedernde Psychologie », Gesammelte Schriften, Berlin, Teubner, 1914-1933, vol. V, p. 144. Pour lui, il existe une différence « entre le rapport que nous avons avec la société et celui que nous entretenons avec la nature. Les faits sociaux nous sont compréhensibles de l’intérieur [...] La nature est muette pour nous [...] Car elle est seulement pour nous un terme extérieur, et non intérieur. La société est notre monde. » (Introduction, p. 194.) « Le continuum de la nature nous est donné uniquement grâce à l’inférence établissant des liens entre des hypothèses. Mais aux sciences de l’esprit [...] le continuum est donné comme le fait primaire et fondamental. » (« Ideen über eine beschreibende und zergliedernde Psychologie », p. 143-144.)
32 H. -U. Lessing, Die Idee einer Kritik der historischen Vernunft, p. 301.
33 W. Dilthey, Introduction, p. 204-206.
34 W. Dilthey, L’édification du monde historique dans les sciences de l’esprit, Paris, Cerf, 1988, p. 90-91.
35 Pour cette raison, Dilthey souligne que la différence entre les sciences historiques et celles de la nature relève de la méthode et non des opérations mentales qui leur sont sous-jacentes : « Les mêmes formes de pensée et, subordonnées à celles-ci, les mêmes classes d’opérations intellectuelles rendent possible dans les sciences de la nature et dans les sciences de l’esprit l’ensemble scientifique. Sur cette base [...] naissent ensuite, à partir des problèmes particuliers et sous les conditions particulières des sciences de l’esprit, leurs méthodes spécifiques. » (W. Dilthey, L’édification, p. 75-76.)
36 « Vie et expérience vitale sont les sources toujours fécondes et renouvelées de la compréhension du monde socio-historique [...] Mais la voie qui mène à ce résultat doit passer par l’objectivité de la connaissance scientifique. » (Ibid., p. 92.)
37 Ibid., p. 95, 100.
38 « L’individu vit, pense et agit dans une sphère de communauté et il ne parvient à la compréhension que dans une telle sphère. Tout ce qui est compris porte en soi pour ainsi dire la marque du fait que c’est à partir d’une telle communauté qu’il est connu [...] C’est seulement par l’idée de l’objectivation de la vie que nous obtenons une vision de l’essence de ce qui est historique. » (Ibid., p. 100-101.)
39 « Les sciences de l’esprit ont comme donné global l’objectivation de la vie [...] Tout ce en quoi l’esprit s’est objectivé relève du domaine des sciences de l’esprit. » (Ibid., p. 101-102.)
40 Ibid., p. 104. L’idée de l’esprit objectif est empruntée à Hegel, dont l’influence sur la pensée de Dilthey fut considérable (R. A. Makkreel, Dilthey, p. 305, 307-308).
41 Hans-Georg Gadamer, Wahrheit und Methode, Tübingen, J. C. B. Mohr, 1972, Vérité et méthode : les grandes lignes d’une herméneutique philosophique, Paris, Seuil, 1996, p. 230-231.
42 Gadamer souligne le conflit entre « l’épistémologie cartésienne » (c’est-à-dire, le dualisme) partagée par Dilthey et l’historicisation du sujet dans son ouvre (ibid., p. 259-262). Or, cette historisation, selon Gadamer, reste inachevée dans l’ouvre de Dilthey, car elle relève pour lui de l’expérience individuelle, ce qui ne lui permet pas de dépasser la problématique épistémologique.
43 G. Simmel, Les problèmes de la philosophie de l’histoire, p. 53. François Léger écrit à propos de Simmel : « Néo-kantien, il l’est dans la mesure où [...] il estime nécessaire pour la pensée moderne d’exploiter à fond les ressources offertes par le criticisme et sa “révolution copernicienne” [...] Mais si la référence à Kant est constante dans son ouvre, son évolution [...] tend à l’éloigner de Kant et aboutit à une métaphysique fort éloignée du néo-kantisme au sens strict de ce terme. » (La pensée de Georg Simmel. Contribution à l’histoire des idées en Allemagne au début du xxe siècle, Paris, Kimé, 1989, p. 118, 16.) Or, nous verrons que les néo-kantiens « au sens strict » se sont tournés vers la métaphysique au moins aussi fortement que Simmel.
44 G. Simmel, Les problèmes de la philosophie de l’histoire, p. 244.
45 G. Simmel, Philosophie de l’argent, Paris, PUF, 1987, p. 91.
46 Ibid., p. 107. Selon F. Léger, « c’est dire que le mode d’être de l’esprit est la transcendance. » (La pensée de Georg Simmel, p. 32.)
47 Bien qu’il dise lui-même : « Quels sont, dans le détail, les contenus de cet a priori, nous ne pouvons en aucune manière le savoir avec précision. » (Ibid., p. 120.) Une certaine méfiance envers l’intellectualisme de Kant est évidente dans cette phrase.
48 G. Simmel, Les problèmes de la philosophie de l’histoire, p. 64-65.
49 Ibid., p. 83.
50 Id., Soziologie, Munich, Leipzig, Duncker und Humblot, 1923, p. 25-28.
51 Ibid., p. 23.
52 « La distinction fondamentale entre les sciences naturelles et l’histoire consiste en ce que celles-là forment les concepts à contenu général, tandis que celle-ci les concepts à contenu individuel. » (H. Rickert, Die Grenzen, p. 528.)
53 Heinrich Rickert, Science de la culture et science de la nature, suivi de Théorie de la définition, Paris, Gallimard, 1997, p. 88.
54 Id., Die Grenzen, p. 34.
55 Parfois Rickert, presque en phénoménologue, souligne le fait que la science est ancrée dans le parler quotidien : « Avant que la science n’intervienne, il s’est bien plutôt produit partout une sorte de conceptualisation involontaire ; ce sont les produits de cette conceptualisation préscientifique que la science trouve quant elle se met à l’œuvre, et non une réalité encore non appréhendée. » (Id., Les problèmes de la philosophie de l’histoire, une introduction, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 1998, p. 77.)
56 Id., Science de la culture et science de la nature, p. 60-61 (souligné dans le texte). C’est de ce constat que naît l’opposition entre l’intérêt pour le général et l’intérêt pour l’individuel, et donc entre les deux principales formes logiques de la connaissance.
57 Id., Die Grenzen, p. 405.
58 Ibid., p. 123.
59 Ibid., p. 81, 99. Cf. E. Cassirer, Substance et fonction. Éléments pour une théorie du concept, Paris, Minuit, 1977.
60 H. Rickert, Die Grenzen, p. 53-54, 65-70.
61 Ibid., p. 248-250.
62 Id., Science de la culture et science de la nature, p. 86.
63 H. Rickert, Die Grenzen, p. 528-529.
64 Ibid., p. 607.
65 La question de la structure logique de la catégorie se réduit, pour Rickert, à la question de son « principe d’unité », de sorte que la structure intérieure de la catégorie est totalement négligée (ibid., p. 491).
66 Ibid., p. 32-36.
67 « L’effacement d’une perception empirique est en même temps l’effacement du caractère individuel d’une réalité donnée. » Les concepts des sciences naturelles nous éloignent donc de la réalité : ce n’est « que la vie réelle qui nous en rapproche » (ibid., p. 236-237). D’ailleurs l’idée de loi peut éventuellement être liée à celle de catégorie prototypique (par exemple, chez William Whewell). Mais ce n’est évidemment pas en ce sens que Rickert l’utilise.
68 H. Rickert, Science de la culture et science de la nature, p. 107 (souligné dans le texte). Voir aussi Id., Die Grenzen, p. 254.
69 Ibid., p. 371.
70 Si la manière dont Rickert traite les concepts généralisants fait penser aux cognitivistes contemporains, son approche des concepts historiques ressemble à la théorie du prototype : selon Eleanor Rosch et George Lakoff, la structure des catégories prototypiques coïncide avec celle des groupes naturels d’objets, ce qui rend inutile l’analyse de la genèse psychologique des catégories.
71 H. Rickert, Die Grenzen, p. 51-53.
72 Id., Les problèmes de la philosophie de l’histoire, p. 94.
73 « Au cas [...] où l’histoire réunit un groupe d’individus en sorte qu’ils soient considérés comme équivalents, elle forme des concepts généraux du point de vue de leur contenu. Néanmoins même en ce cas elle n’utilise pas la méthode des sciences naturelles, parce que ces concepts relativement historiques (relativ historischen Begriffe) visent à exprimer non pas la “nature” commune des objets qu’ils désignent, mais l’individualité historique des groupes en question. » (H. Rickert, Die Grenzen, p. 529.) Il affirme ailleurs : « Ce ne sont que des parties d’un concept historique qui peuvent être désignées par des concepts relativement historiques. » (Ibid., p. 505.) Ou encore : « Les concepts collectifs généraux de l’histoire eux-mêmes, bien qu’ils ne contiennent que les traits communs à une majorité d’objets, ne sont pas des concepts généraux tels que ceux forgés par une science qui procède de façon systématique et généralisante. Car l’historien ne peut se contenter d’un concept collectif que s’il contient déjà ce qui est important pour lui, à savoir l’individualité de tous les éléments du groupe. Les concepts collectifs de l’histoire ne sont donc pas forgés en vue d’une généralisation comme celle que pratiquent les sciences naturelles, mais pour décrire l’individualité du groupe. Même ces concepts en quelque sorte généraux sont les produits d’une méthode individualisante. » (Id., Les problèmes de la philosophie de l’histoire, p. 94, souligné dans le texte.)
74 Id., Die Grenzen, p. 395-396.
75 H. Rickert, Science de la culture et science de la nature, p. 150 (souligné par Rickert). Selon Rickert, les linguistes et surtout les économistes se trouvent souvent dans une telle situation.
76 Id., Die Grenzen, p. 394, 425.
77 Ibid., p. 394.
78 « Machiavel et Novalis ne sont jamais exemplaires, mais toujours membres », (ibid., p. 395).
79 Ibid., p. 393.
80 Ibid., p. 342.
81 Ibid., p. 482.
82 Ibid., p. 483.
83 « Une classification pure (eine blosse Klassifikation) est toujours arbitraire. On ne peut établir une classification nécessaire sans tenir compte de la théorie. » (Ibid., p. 70.)
84 Ibid., p. 405-406.
85 Ibid., p. 394.
86 Ibid., p. 483-484.
87 H. Rickert, Théorie de la définition, op. cit. Voir aussi E. Cassirer, Substance et fonction, p. 14.
88 H. Rickert, Die Grenzen, p. 483.
89 Ibid., p. 391.
90 Ibid., p. 565-568, 632.
91 Le sujet épistémologique est, à la différence du sujet physique ou psychophysique, un sujet supra-individuel, de sorte que « le subjectivisme épistémologique [...] n’anéantit pas l’objectivité. » (Ibid., p. 173, 665-666, 673.)
92 H. Rickert, Science de la culture, p. 142.
93 Ibid., p. 135. « L’unité et l’objectivité des sciences de la culture sont déterminées par l’unité et l’objectivité de notre concept de culture. » (Ibid., p. 185.)
94 Selon Rickert, chez Hegel « l’esprit signifiait ce qu’on appelle maintenant la culture. » Et il continue : « L’esprit du peuple pour nous est la culture du peuple. » (Die Grenzen, p. 584.) Rickert oppose cet usage du mot Geist à la réduction contemporaine de l’esprit au psychique (Science de la culture, p. 16). Rickert parle tantôt des sciences historiques, tantôt de celles de la culture, ce qui s’explique par le fait qu’il identifie presque les notions de culture et d’histoire (Die Grenzen, p. 579-580). Il emploie aussi le mot le social comme synonyme approximatif (ibid., p. 573-576). Sur l’histoire de la notion de culture et son rapport à celle de l’esprit, voir : Philippe Bénéton, Histoire des mots « culture » et « civilisation », Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1975 ; Raymond Williams, Keywords. A vocabulary of culture and society, Glasgow, Fontana, Croom Helm, 1976, p. 76-82 ; Jörg Fisch, « Zivilisation, Kultur », in Otto Brunner, Werner Conze, Reinhart Koselleck (eds), Geschichtliche Grundbegriffe. Historisches Lexikon zur politisch-sozialen Sprache in Deutschland, Stuttgart, Klett, Cotta, 1972-1993, vol. 7, p. 679-774 ; W. H. Bruford, The German tradition of self-cultivation : Bildung from Humboldt to Thomas Mann, Londres-New York, Cambridge University Press, 1975 ; Raymond Geuss, « Kultur, Bildung, Geist », History and Theory, 35 (2), 1996, p. 151-164.
95 H. Rickert, Die Grenzen, p. 634.
96 Ibid., p. 697.
97 Ibid., p. 691-704.
98 Ibid., p. 640, « Ne devons-nous pas alors présupposer la validité de valeurs et de structures de sens supra-historiques, dont les valeurs culturelles historiques reconnues de fait seraient plus ou moins proches ? N’est-ce pas le seul moyen pour que l’objectivité de l’histoire se trouve sur un pied d’égalité avec celle des sciences de la nature ? » (Id., Science de la culture, p. 183).
99 De ce point de vue, il est curieux de voir avec quelle facilité Ernst Troeltsch a renoncé à la distinction entre les sciences de la nature et celles de la culture, en transformant l’idée du concept individualisant en celle de la totalité individuelle qui n’a plus rien à voir avec les formes de l’esprit projetées sur l’histoire, mais renvoyait aux formes authentiques du monde historique. Rickert lui-même avait, en fait, besoin de cette notion. Voir E. Troeltsch, Der Historismus und seine Probleme, p. 29-57.
100 H. Rickert, Les problèmes de la philosophie de l’histoire, une introduction, p. vii-viii.
101 G. Wagner, Geltung und normativer Zwang.
102 Thomas Burger, Max Weber’s theory of concept formation. History, law, and ideal types, Durham, Duke University Press, 1976 ; Rainer Prewo, Max Webers Wissenschaftsprogramm. Versuch einer methodischen Neuerschliessung, Francfort/Main, Suhrkamp, 1979, p. 26-46 ; G. Wagner, Geltung und normativer Zwang, p. 155 ; G. Oakes, « Weber and the Southwest German school : The genesis of the concept of the historical individual », in Wolfgang J. Mommsen, Jürgen Osterhammel (eds.), Max Weber and his contemporaries, Londres, Allen and Unwin, 1987, p. 434-446.
103 M. Weber, « L’objectivité de la connaissance », art. cit., p. 126.
104 Ibid., p. 131, 158-159.
105 Ibid., p. 125.
106 Ibid., p. 133 (souligné dans le texte).
107 Selon Weber, du caractère subjectif des valeurs il ne s’ensuit pas que les sciences de la culture ne peuvent arriver qu’à des conclusions subjectives, parce que les valeurs qui ont conquis le chercheur et son temps ne prédéterminent que le choix de l’objet d’étude, et non pas ses conclusions (ibid., p. 136), mais cette distinction reste sans élaboration.
108 Ibid., p. 136 (souligné dans le texte).
109 Ibid., p. 126-127.
110 Ibid., p. 131. Ici, la traduction française n’est pas tout à fait exacte : elle omet le mot « individuelle » (en français, « à quelle constellation il faut l’imputer en tant que résultat », en allemand, « welcher individuellen Konstellation sie als Ergebnis zuzurechen ist »).
111 T. Burger, Max Weber’s theory of concept formation. Burger, qui a écrit son livre au milieu des années 1970, ne semble pas avoir été au courant des débats sur la catégorisation prototypique.
112 M. Weber, « L’objectivité de la connaissance », p. 143.
113 Ibid., p. 140-141.
114 « On ne trouvera nulle part empiriquement un pareil tableau dans sa purété conceptuelle : il est une utopie. » (Ibid., p. 141, souligné dans le texte.)
115 Ibid.
116 Ibid., p. 149.
117 « Plus nous avons affaire à une classification de processus qui se manifestent dans la réalité sous une forme massive, plus nous avons affaire à des concepts génériques. Au contraire, plus on donne une forme conceptuelle à des éléments qui constituent le fondement de la signification culturelle, spécifique des relations historiques complexes, plus aussi le concept ou le système de concepts prend le caractère de l’idéaltype. » (Ibid., p. 150.)
118 Le mot type qui aujourd’hui paraît banal, pouvait faire écho, pour Weber, aux débats entre les logiciens anglais de la première moitié du xixe siècle, qui avaient anticipé la théorie de la catégorisation prototypique (voir plus haut, chapitre 2, note 17). En lecteur attentif de Mill, Weber ne pouvait ignorer ces débats. Sur Weber et Mill, voir W. J. Mommsen, « Introduction », Max Weber and his contemporaries, p. 6. Quoiqu’il en soit, Weber, comme Rickert avant lui, renonce à « analyser [...] logiquement le concept de “typique” » : il se contente de souligner que les idéaltypes servent à saisir des « individualités historiques ». (M. Weber, « L’objectivité de la connaissance », p. 149).
119 Simmel mentionne un type de concepts intermédiaire entre les noms généraux et les noms propres, permettant de saisir conceptuellement des phénomènes uniques (Les problèmes de la philosophie de l’histoire, p. 170). Cassirer parle d’une catégorie spécifique de concepts (« concepts de formes et de style »), produits par l’intuition esthétique et donc utilisés essentiellement par l’histoire de l’art. C’est par exemple celui d’« homme de la Renaissance » de Jacob Burkhardt, qu’on ne peut définir en termes de conditions nécessaires et suffisantes. D’ailleurs, à partir de ce point, les réflexions de Cassirer vont dans le sens de la théorie des concepts individualisants plutôt que dans celui de la sémantique du prototype. Il affirme non pas qu’il existait une « ressemblance de famille » entre les protagonistes de la Renaissance, mais que, pris ensemble, ceux-ci composaient un personnage collectif qu’on appelle l’homme de la Renaissance, chacun d’eux ajoutant un trait particulier à ce portrait de groupe (E. Cassirer, The logic of humanities, p. 137-140). Enfin, plus récemment, Jean-Claude Passeron a explicitement lié la théorie des idéaltypes avec celle de la catégorisation prototypique. Pour lui, les noms généraux dans le discours des sciences sociales ne sont jamais des noms généraux purs, parce qu’ils gardent un rapport avec des contextes historiques précis dans lesquels ils désignent des phénomènes culturels uniques (Le raisonnement sociologique, Paris, Albin Michel, 2006, p. 130). Voir aussi C. Colliot-Thélène, Max Weber et l’histoire, p. 23-24.
120 H. -G. Gadamer, Vérité et méthode.
121 Les critiques de Durkheim lui reprochaient le fait qu’il n’y avait « rien de français » dans sa sociologie, toute « fabriquée en Allemagne » (Wolf Lepenies, Les trois cultures, entre science et littérature, l’avènement de la sociologie, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1990), ce qui est d’ailleurs une exagération. Voir aussi Claude Digeon, La crise allemande de la pensée française (1870-1914), Paris, PUF, 1959 ; W. R. Keylor, Academy and community ; Steven Lukes, Émile Durkheim. His life and works, Stanford, Stanford University Press, 1985 ; Anthony Giddens, « Weber and Durkheim : Coincidence and divergence », Max Weber and his contemporaries, p. 182-189 ; Laurent Mucchielli, La découverte du social ; Id., « La guerre n’a pas eu lieu. Les sociologues français et l’Allemagne (1870-1940) », Espaces-Temps, 53-54, 1993 ; Id., « Heurs et malheurs du durkheimisme », Politix, 29, 1995, p. 65-68.
122 Michel Espagne, Michael Werner, « La construction d’une référence culturelle allemande en France. Genèse et histoire », Annales, ESC, 42 (4), 1987, p. 969-992.
123 S. Lukes, Émile Durkheim, p. 54-57.
124 Ibid., p. 3. A. Giddens appelle la sociologie de Durkheim « une forme systématique du kantisme sociologique » (Durkheim, Glasgow, Fontana, Collins, 1978, p. 13). Voir aussi L. Mucchielli, La découverte, p. 91 sq.
125 « Si l’on considère le fait que les sociologues [c’est-à-dire les durkheimiens] étaient des agnostiques ou des athés adeptes d’une sorte de religion séculière néo-comtienne de l’humanité ou d’un système d’éthique ritualisée, on peut imaginer que le domaine du religieux n’aurait pas dû requérir prioritairement leur attention. Mais ils avaient une telle compréhension de la religion et ils étaient des rationalistes trop sceptiques à l’égard du rationalisme pour qu’il en fût ainsi. Qui plus est, en raison de l’ambition qu’ils attribuaient à leur propre projet, comme de l’extrême importance qu’ils attachaient aux idéaux de la vie collective, ils ne pouvaient manquer de sympathie, voire d’admiration pour l’idéalisme religieux, en particulier pour la foi et la doctrine chrétiennes et judaïques. » (E. E. Evans-Pritchard, « Introduction » à Robert Hertz, Death and the right hand, Londres, Routledge, 1960, p. 16.)
126 É. Durkheim, Les règles de la méthode sociologique, (1894), Paris, PUF, 1967, p. 11.
127 Ibid., p. 40.
128 Alain Desrosières, La politique des grands nombres. Histoire de la raison statistique, Paris, La Découverte, 1993, p. 4-5.
129 É. Durkheim, Les règles, p. 8-9.
130 Ibid., p. 51. C’est ainsi qu’il était souvent compris. Voir Jules Monnerot, Les faits sociaux ne sont pas des choses, Paris, Gallimard, 1946.
131 É. Durkheim, Marcel Mauss, « De quelques formes primitives de classification », L’Année Sociologique, 6, 1901-1902, Paris, 1903, p. 6, 67, 68.
132 L. Mucchielli, « Sociologie et psychologie en France, l’appel à un territoire commun : vers une psychologie collective (1890-1940) », Revue de Synthèse, 3-4, 1994, p. 453-458.
133 Ute Daniel, « “Kultur” und “Gesellschaft” », Geschichte und Gesellschaft, 19, 1993, p. 69-72.
134 H. S. Hughes, Consciousness and society, op. cit.
135 D. LaCapra, Émile Durkheim, op. cit., p. 294.
136 Sur l’influence de Kant sur Collingwood, voir Allan Megill, « Grand narrative and the discipline of history », in Frank R. Ankersmit, Hans Kellner (eds), A new philosophy of history, Londres, Reaction Books, 1995, p. 164.
137 Benedetto Croce, Teoria e storia della storiografia, Bari, Laterza, 1966, p. 64.
138 Ibid., p. 66.
139 Ibid., p. 11. L’idée de Croce selon laquelle l’histoire globale n’est pas possible, parce que nous ne pouvons penser les faits que si nous reconnaissons leurs aspects particuliers, abonde dans ce sens. Les histoires particulières sont donc la seule forme possible de l’histoire. (Ibid., p. 49, 111.)
140 B. Croce, ibid., p. 16.
141 Ibid., p. 17, 28.
142 R. G. Collingwood, The idea of history, p. 243.
143 Ibid., p. 241.
144 Ibid., p. 242.
145 Ibid., p. 243.
146 Ibid., p. 241.
147 Ibid., p. 282.
148 Sur la diffusion de l’hypothèse constructiviste dans l’historiographie française, voir Henri-Irénée Marrou, De la connaissance historique, Paris, Seuil, 1954, p. 21-22, Michel de Certeau, « L’opération historique », in Jacques Le Goff, Pierre Nora (eds.), Faire de l’histoire, Paris, Gallimard, 1974, vol. 1, p. 5-7 ; Philippe Boutry, « Assurances et errances de la raison historienne », in Jean Boutier, Dominique Julia (dir.), « Passés recomposés », Autrement, 150-151, 1995, p. 59. Souvent, la naissance de l’hypothèse constructiviste en France est associée à l’œuvre de Raymond Aron, ce qui n’est pas tout à fait exact.
149 Les principaux philosophes français de la fin du siècle – Émile Boutroux, Henri Poincaré, Pierre Duhem – soulignaient les limites de la raison scientifique (H. W. Paul, « The debate over the bankruptcy of science in 1895 », French Historical Studies, 5, 1968, p. 299-327 ; George Weisz, The emergence of modern universities in France, 1863-1914, Princeton, Princeton University Press, 1983, p. 272.)
150 Émile Boutroux, Études d’histoire de la philosophie, Paris, Alcan, 1897, p. 8-9.
151 H. -I. Marrou, De la connaissance historique, p. 19.
152 F. Simiand, « Méthode historique et science sociale », Annales ESC, 15 (1), 1960, p. 83-119, ici, p. 89.
153 Ibid., p. 100.
154 Ibid., p. 113.
155 Ibid.
156 Ibid., p. 90. Sur le rôle de cette idée dans le contexte intellectuel français du premier xxe siècle, voir Enrico Castelli Gattinara, Les inquiétudes de la raison. Épistémologie et histoire en France dans l’entre-deux-guerres, Paris, Éd. de l’EHESS-Vrin, 1998, p. 33.
157 Charles Seignobos, La méthode historique appliquée aux sciences sociales, Paris, F. Alcan, 1901, p. 1-3, 116. Selon Seignobos, l’historien a affaire non pas à des objets réels mais à leurs images qui font la « matière pratique » des sciences sociales (ibid., p. 118). Mais il semble qu’il pensait aux images des faits singuliers et non pas à celles des concepts grâce auxquels les faits pouvaient acquérir leur sens.
158 Charles-Victor Langlois, Ch. Seignobos, Introduction aux études historiques, Paris, Hachette, 1897, p. 195. On n’est pas loin ici de la formule célèbre de Marc Bloch : « Comprendre le passé par le présent ». Or, Bloch a été l’étudiant de Seignobos. Notons que Langlois a été beaucoup moins porté sur le constructivisme que Seignobos.
159 Voir W. R. Keylor, Academy and community, p. 76.
160 Paul Lacombe, De l’histoire considérée comme science, Paris, Hachette, 1894, p. xii-xiii, 9-10. Pour d’autres exemples, voir W. R. Keylor, Academy and community, p. 75-89. Il convient de ne pas exagérer les désaccords méthodologiques sous-jacents au fameux débat entre les historiens et les sociologues dans les années 1900, qui apparaît ainsi avant tout comme un conflit de cultures professionnelles et de stratégies académiques de deux chapelles. Voir Madeleine Rebérioux, « Le débat de 1903 : historiens et sociologues », in Charles-Olivier Carbonnel et Georges Livet (eds), Au berceau des Annales, Toulouse, Publications de l’I. E. P., 1983, p. 219-230 ; Christian Delacroix, François Dosse, Patrick Garcia, Les courants historiques en France. xixe-xxe siècle, Paris, Armand Colin, 1999, p. 99-103 ; L. Mucchielli, La découverte du social, p. 415-452.
161 R. Aron, Introduction à la philosophie de l’histoire. Essai sur les limites de l’objectivité historique, Paris, Gallimard, 1986 [1938], p. 146.
162 Ibid., p. 107.
163 Ibid., p. 89-90.
164 Ibid., p. 105.
165 Inutile de dire que le livre d’Aron a été publié trop tard pour influencer Bloch et Febvre. La question est donc plutôt d’ordre typologique que généalogique.
166 Sur l’antipathie de Bloch et de Febvre envers l’Allemagne, voir Bryce Lyon, Mary Lyon (eds.), The birth of Annales history. The letters of Lucien Febvre and Marc Bloch to Henri Pirenne (1921-1935), Bruxelles, Académie Royale de Belgique, 1991, p. xvi, 25, 37, 74. Sur l’influence de la pensée historique allemande sur Bloch, voir Karl Ferdinand Werner, « Marc Bloch et la recherche historique allemande », in Hartmut Atsma, André Burguière (eds), Marc Bloch aujourd’hui. Histoire comparée et sciences sociales, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1990, p. 125-133 ; O. G. Oexle, « Marc Bloch et la critique de la raison historique », ibid., p. 419-433.
167 Burguière souligne justement que Bloch et Febvre ne prétendaient pas à créer une nouvelle conception de l’histoire, mais seulement à y appliquer la méthode scientifique. (L’École des Annales. Une histoire intellectuelle, Paris, Odile Jacob, 2006, p. 23.)
168 Ainsi, l’article de Febvre sur « L’Histoire historisante » porte-t-il un sous-titre parlant : « Sur une forme d’histoire qui n’est pas la nôtre » (Combats, p. 114-118.)
169 Ibid., p. 15, 56.
170 L. Febvre, Le problème de l’incroyance au xvie siècle. La religion de Rabelais, Paris, Albin Michel, 1968, p. 12.
171 L. Febvre, Combats p. 32-33. Comment l’appel à « travailler en accord avec tout le mouvement de son temps » résonnait-il dans un Paris occupé par les Allemands en 1942 ? Y avait-il un lien entre cet appel et la position ambiguë de Lucien Febvre face à l’Occupation ? Voir Philippe Burrin, La France à l’heure allemande, 1940-1944, Paris, Seuil, 1995, p. 322-328 ; Carole Fink, Marc Bloch : une vie au service de l’histoire, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1997 ; Peter Schöttler, « Marc Bloch et Lucien Febvre face à l’Allemegne nazie », Genèses, 21, 1995, p. 75-95. Voir aussi O. Dumoulin, Marc Bloch, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 2000 ; Ulrich Raulff, Marc Bloch. Un historien au xxe siècle, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2005.
172 L. Febvre, Combats, p. 15.
173 Maurice Halbwachs, Les cadres sociaux de la mémoire, Paris, F. Alcan, 1925.
174 L. Febvre, Combats, p. 438.
175 Ibid., p. 115-116, 23, 8.
176 Ibid., p. 30.
177 Ibid., p. 15.
178 Ibid., p. 117.
179 Ibid., p. 8.
180 M. Bloch, Apologie pour l’histoire ou Métier d’historien, Paris, Armand Colin, 1974, p. 130-153.
181 Cité in O. G. Oexle, « Marc Bloch et la critique de la raison historique », p. 419.
182 Voir, à ce sujet, le point de vue de Gérard Noiriel qui caractérise Febvre comme le précurseur de l’âge herméneutique dans l’historiographie française (« Pour une approche subjectiviste du social », Annales ESC, 44 (6), 1989, p. 1443).
183 En critiquant Langlois et Seignobos dont « l’idéal serait de supprimer l’observateur », Braudel écrit : « L’histoire est fille de son temps ». Il s’en prend aussi à Louis Halphen qui affirmait que « la chaîne des faits se reconstitue presque automatiquement » si l’historien se laisse « porter par les documents. » (F. Braudel, Écrits sur l’histoire, Paris, Flammarion, 1969, p. 15, 18, 47). Sur le constructivisme, incontestablement positiviste, de Labrousse, voir le chapitre 1. À son tour, Georges Lefebvre souligne que l’histoire reflète non seulement les sources, mais aussi « la mentalité des historiens », ce qui, pour lui, ne met pas en doute l’objectivité de l’histoire (Réflexions sur l’histoire, Paris, Maspero, 1978, p. 109).
184 J. Le Goff, P. Nora, « Présentation », in J. Le Goff, P. Nora (éds), Faire de l’histoire, t. 1, Nouveaux problèmes, Paris, Gallimard, 1974, p. xiii. Voir aussi Georges Duby, « Le mental et le fonctionnement des sciences humaines », L’Arc, 72, 1979, p. 92 ; F. Furet, L’Atelier de l’histoire, Paris, Flammarion, 1982, p. 15.
185 Ainsi, Claude Lévi-Strauss reprend-il volontiers à son compte la formule de Paul Ricœur : « le kantisme sans sujet transcendantal » (Mythologiques. Le cru et le cuit, Paris, 1964, p. 19).
186 H. -I. Marrou, op. cit.
187 P. Veyne, Comment on écrit l’histoire. Essai d’épistémologie, Paris, Seuil, 1971, p. 10.
188 Ibid.
189 « Avant de savoir ce que l’histoire dit d’une société, il importe donc d’analyser comment elle y fonctionne » (M. de Certeau, « L’opération historique », in J. Le Goff, P. Nora (éds), Faire de l’histoire, t. 1, Nouveaux problèmes, p. 15).
190 G. Noiriel, Sur la « crise » de l’histoire, Paris, Belin, 1996 ; Antoine Prost, Douze leçons sur l’histoire, Paris, Seuil, 1996.
191 F. Furet, L’Atelier de l’histoire, p. 14-15 (l’article cité date de 1971).
192 « Tentons l’expérience », Annales ESC, 44 (6), 1989, p. 1321.
193 « La réification des catégories apparaissait logiquement contenue dans la démarche » de l’histoire sociale (ibid., p. 1319).
194 O. Brunner, W. Conze, R. Koselleck (eds), Geschichtliche Grundbegriffe ; R. Koselleck, Le futur passé. Contribution à la sémantique des temps historiques, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1990 ; Id., L’expérience de l’histoire, Gallimard/Le Seuil (coll. « Hautes Études »), 1997 ; Quentin Skinner, Les fondements de la pensée poli tique moderne, Paris, Albin Michel, 2001 ; John Pocock, Politics, language and time. Essays in political thought and history, Londres, Methuen, 1972 ; Voir aussi Melvin Richter, The history of political and social concepts. A critical introduction, New York-Oxford, Oxford University Press, 1995 ; Hartmut Lehmann, Melvin Richter (eds), The meaning of historical terms and concepts. New studies on Begriffsgeschichte, Washington, German Historical Institute, 1996 ; Iain Hampsher-Monk, Karin Tilmans, Frank Van Vree (eds), History of concepts. Comparative perspectives, Amsterdam, Amsterdam University Press, 1998 ; Hans Ulrich Gumbrecht, Dimensionen und Grenzen der Begriffsgeschichte, Munich, W. Fink, 2006.
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197 Thomas Kuhn, La structure des révolutions scientifiques, Paris, Flammarion, 1982 [1970] ; P. Bourdieu, « The specificity of the scientific field and the social conditions of the progress of reason », Social Science Information, 14 (6), 1975, p. 19-47 ; Id., Homo Academicus, Paris, Minuit, 1984 ; D. Bloor, Knowledge and social imagery, Londres, Routledge and K. Paul, 1976 ; Bruno Latour, Steve Woolgar, La vie de laboratoire : la production des faits scientifiques, Paris, La Découverte, 1996. Voir aussi Michel Foucault, Les mots et les choses, Paris, Gallimard, 1966 ; Id., L’archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969.
198 R. Barthes, « Le discours de l’histoire », Social Science Information, 6 (4), 1967, p. 73.
199 Ibid., p. 74. Voir aussi Jacques Rancière, Les mots de l’histoire. Essai de poétique du savoir, Paris, Seuil, 1992, p. 34, qui parle du régime spécifique de vérité propre à l’histoire.
200 H. White, Metahistory. The historical imagination in nineteenthcentury Europe, Baltimore-Londres, The Johns Hopkins University Press, 1973, p. ix.
201 Ibid., p. 30.
202 Ibid., p. 427.
203 Ibid., p. 34-38.
204 Jack H. Hexter, « The rhetoric of history », History and Theory, 6 (1), 1967, p. 3-13 ; Id, « Historiography. The rhetoric of history », International Encyclopedia of the Social Sciences, Londres, Macmillan, The Free Press, 1968, vol. 6, p. 368-394 ; D. LaCapra, History and criticism ; Allan Megill, Donald N. McCloskey, « The rhetoric of history », in John S. Nelson, Allan Megill, Donald N. McCloskey (eds), The rhetoric of the human sciences, Madison, The University of Wisconsin Press, 1987, p. 221-238 ; H. Kellner, Language and historical representation ; Philippe Carrard, Poetics of the new history. French historical discourse from Braudel to Chartier, Baltimore-Londres, The Johns Hopkins University Press, 1992 ; « Proof and persuasion in history », Antony Grafton, S. L. Marchand (eds.), History and Theory, Beiheft 33, 1994 ; H. White, Tropics of discourse. Essays in cultural criticism, Baltimore-Londres, The Johns Hopkins University Press, 1978 ; Id, The content of the form. Narrative discourse and historical representation, Baltimore-Londres, The Johns Hopkins University Press, 1987.
205 H. Kellner, Language and historical representation, p. 8-9. Voir aussi Alexander Demandt, Metaphern für Geschichte. Sprachbilder und Gleichnisse im historisch-politischen Denken, Munich, Beck, 1978.
206 F. R. Ankersmit, Narrative logic, La Haye-Boston, Londres, M. Nijhoff, 1983 p. 98-100, 141. Jerzy Topolsky parle aussi du fonctionnement des images historiques, à peu près similaire à celui des substances narratives d’Ankersmit, mais il ne s’intéresse pas à la structure de ces images, au point de refuser de savoir si celles-ci sont visuelles ou pas. Voir J. Topolsky, « A non-postmodernist analysis of historical narratives », Historiography between modernism and postmodernism, p. 16, 43-44 ; Id., « The role of logic and aesthetics in constructing narrative wholes in historiography », History and theory, 38 (2), 1999, p. 198-210. Voir aussi William H. Walsh, « The intelligibility of history », Philosophy, 17, 1942, p. 128-143 ; Id., Introduction to philosophy of history, Londres, Hutchinson, 1951.
207 F. R. Ankersmit, « Statements, texts and pictures », A new philosophy of history, p. 239.
208 Walter B. Gallie, Philosophy and the historical understanding, New York, Schoken Books, 1964 ; Arthur C. Danto, Analytical philosophy of history, Cambridge, Cambridge University Press, 1965 ; Morton White, Foundations of historical knowledge, New York, Harper and Row, 1965 ; William H Dray, « On the nature and role of narrative in historiography », History and Theory, 10, 1971, p. 153-171 ; Louis O. Mink, « The autonomy of historical understanding », History and Theory, 5 (1), 1965, p. 24-47 ; Id., « Narrative form as a cognitive instrument », The writing of history. Literary form and historical understanding, p. 129-149 ; F. D. Newman, Explanation by description. An essay on historical methodology, La Haye-Paris, Mouton, 1968 ; A. R. Louch, « History as narrative », History and Theory, 8 (1), 1969, p. 54-70 ; P. Veyne, Comment on écrit l’histoire ; H. White, « The question of narrative in contemporary historical theory », History and Theory, 23 (1), 1984, p. 1-33 ; David Carr, Time, narrative and history, Bloomington, Indiana University Press, 1986 ; F. R. Ankersmit (ed.), « Knowing and telling history. The Anglo-Saxon debate », History and Theory, Beiheft 25, 1986 ; P. Roth, « Narrative explanations. The case of history », History and Theory, 27 (1), 1988, p. 1-14.
209 P. Ricour, Temps et récit, Paris, Seuil, 1983-1985, vol. 1.
210 Soulignons que la version « optimiste » du constructivisme représentant la construction de l’histoire par l’historien comme un processus rationnel de mise en avant et de vérification des hypothèses est également présente dans la tradition analytique. Voir Leon J. Goldstein, Historical knowing, Austin, University of Texas Press, 1976.
211 C. G. Hempel, « The function of general laws in history », The Journal of Philosophy, 39 (2), 1942, p. 35-48.
212 W. Dray, Laws and explanation in history, Londres-New York, Oxford University Press, 1957.
213 A. Danto, Analytical philosophy of history, p. 110-111, 132, 140, 201-232.
214 M. Mandelbaum, The anatomy of historical knowledge, Baltimore-Londres, The Johns Hopkins University Press, 1977, p. 33, 136, 145.
215 D. Carr, Time, narrative and history ; Id., « Getting the story straight : Narrative and historical knowledge », Historiography between modernism and postmodernism, p. 119-133.