1 Outre les abondants comptes rendus dans la presse sur « cet événement partagé » entre l’Allemagne et la France, célébré également dans de nombreuses capitales européennes, la « chute du mur de la honte » a donné matière à de nombreux ouvrages, notamment : Marc Ferro, Le mur de Berlin et la chute du communisme expliqués à ma petite-fille, Paris, Le Seuil, 2009 ; Patrick Tournebœuf et Jean-Noël Jeanneney, Le mur de Berlin avant et après, Paris, Huitième Jour, 2005.
2 « Aussi rien ne me paraît-il plus inexact que de baptiser du terme de “révolution” la série d’événements qui a conduit, en URSS et dans l’Empire, à la fin des régimes communistes », François Furet, Le passé d’une illusion. Essai sur l’idée communiste au xxe siècle, Paris, Robert Laffont/Calmann-Lévy, 1995, p. 12.
3 Guy Hermet, Pierre Hassner, Jacques Rupnik, Totalitarismes, Paris, Economica, 1984 ; Jay Rowell, « Le “tournant” de 1989 et l’historiographie de la RDA : réflexions sur l’étonnant retour de la problématique totalitaire », Politix, 47, 1999, p. 131-150 ; Hannah Arendt, Le système totalitaire, Paris, Le Seuil, 1951 ; Raymond Aron, Démocratie et totalitarisme, Paris, Gallimard, 1987.
4 Michel Foucault, La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 2006.
5 Voir par exemple Jean-Philippe Béja et al., « Le totalitarisme : un cadavre encombrant. La place de l’énigme totalitaire au xxe siècle. Gnose, millénarisme et “panthéisme noir”. Russie, Pays baltes, Chine… », Esprit, 1-2, 1996.
6 Marc Bessin, Claire Bidart, Michel Grossetti (dir.), Bifurcations. Les sciences sociales face aux ruptures et à l’événement, Paris, La Découverte, 2010.
7 Voir notamment Paul Aron, Littérature prolétarienne, Bruxelles, Labor, 1995 ; Michel Aucouturier, Le réalisme socialiste, Paris, PUF, 1998.
8 Rose-Marie Lagrave, Voyage aux pays d’une utopie déchue. Plaidoyer pour l’Europe centrale, Paris, PUF, 1998.
9 Lire à ce sujet la thèse de doctorat de Svetlana Dimitrova, « Raisons de dire, façons de faire. Intellectuels en Bulgarie “postsocialiste” (1989- 2009) », sous la direction de M. de Saint-Martin, Paris, EHESS, 2010. Voir également Ivaïlo Znepolski, Les intellectuels et l’édification des institutions démocratiques et de la société civile. Le cas bulgare, Nations unies, rapport de recherche, juin 1998.
10 Voir, par exemple, Jérôme Heurtaux et Cédric Pellen, 1989 à l’est de l’Europe. Une mémoire controversée, Paris, Éditions de l’Aube, 2009, ouvrage issu d’un colloque tenu à Varsovie en octobre 2008.
11 Le Cefres « a été créé par la sous-direction des sciences sociales et humaines du ministère français des Affaires étrangères. L’idée, exprimée dès septembre 1990 par le Président de la République, François Mitterrand, était d’ouvrir dans la capitale tchécoslovaque un “observatoire des sciences sociales en Europe centrale” ». Bulletin d’information du Cefres, numéro d’inauguration, Prague, janvier 1992, p. 1.
12 Il faudra un jour en faire l’histoire sociale et intellectuelle, en termes de trajectoires des étudiants, de nombre et de diversité des thèses soutenues, d’effets sur les institutions académiques, de reconstitution d’une génération d’universitaires participant à la circulation internationale des idées, et à la réinsertion des institutions de l’Europe de l’Est dans le concert académique international. Cette histoire est encore prématurée, même si cet ouvrage en préfigure certains linéaments, et l’on souhaite qu’elle soit écrite par cette génération dont cet ouvrage ne donne qu’un aperçu des talents.
13 On ne peut recenser ici toutes les thèses publiées : cet inventaire systématique reste à faire. On se limitera à en mentionner quelques-unes qui ont donné matière à des ouvrages, hormis les thèses publiées par les auteurs de ce volume : Florin Turcanu, Mircea Eliade. Le prisonnier de l’histoire, Paris, La Découverte, 2003 ; Gabor Sonkoly, Les villes en Transylvanie moderne (1715-1857), Paris, L’Harmattan, 2001 ; Adrian Cioroianu, Ce Ceausescu qui hante les Roumains. Le mythe, les représentations et le culte du dirigeant en Roumanie communiste, Bucarest, Curtea Veche, 2004 ; Lucia Dragomir, L’Union des écrivains. Une institution transnationale à l’Est, Paris, Belin, 2007 ; Magda Carneci, Art et pouvoir en Roumanie 1945-1989, Paris, L’Harmattan, 2007 ; Cristina Codarcea, Société et pouvoir en Valachie (1601-1654). Entre la coutume et la loi, Bucarest, Editura Enciclopedica, 2002.
14 Concernant les conditions de création de cette École doctorale, voir Rose-Marie Lagrave, Voyage aux pays d’une utopie déchue, op. cit., p. 81-100.
15 François Furet, Le passé d’une illusion, op. cit.
16 « Un dernier mot enfin sur l’auteur, puisque tout livre d’histoire a aussi son histoire. J’ai avec le sujet que je traite une relation biographique. “Le passé d’une illusion” : je n’ai pour le retrouver qu’à me tourner vers ces années de ma jeunesse où j’ai été communiste, entre 1949 et 1956. La question que j’essaie de comprendre aujourd’hui est donc inséparable de mon existence. J’ai vécu de l’intérieur l’illusion dont j’essaie de remonter le chemin à une des époques où elle était la plus répandue. » François Furet, Le passé d’une illusion, op. cit., p. 15.
17 Dans le cadre des « ateliers », la distribution du nombre de thèses concernant les périodes communistes est inégale, et fonction de la présence ou de l’absence de professeurs spécialistes de l’histoire du temps présent, spécialité académiquement reconnue après 1989.
18 Par exemple, je tiens de Gyula Benda lui-même le récit du moment où il a demandé à consulter le dossier de son père, l’historien Kalman Benda, et où l’archiviste lui a proposé de lui communiquer son propre dossier. Il a pu ainsi constater que lui-même avait été l’objet de surveillance. Décédé le 17 août 2005, Gyula Benda, avec György Granasztoï, fut l’un des artisans de la première heure de l’atelier franco-hongrois de l’université Eötvös Lorand à Budapest, et un vibrant hommage lui fut rendu, à Elte en 2006, par ses étudiants, par Jacques Revel et moi-même, au nom de l’EHESS.
19 Arlette Farge, Le goût de l’archive, Paris, Le Seuil, 1989.
20 Voir Sonia Combes, Archives interdites. L’histoire confisquée, Paris, La Découverte, 2001 ; Archives et histoire dans les sociétés postcommunistes, Paris, La Découverte/BDIC, 2009.
21 En Hongrie, par exemple, la commission Janos Kened fut chargée de la gestion du passé communiste.
22 Bernhard H. Bayerlein, Georges Mouradian et al., « Les archives du Komintern à Moscou », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 61, 1999, p. 126-132.
23 Lucia Dragomir, L’Union des écrivains, op. cit.
24 « Le débat qui se déchaîne aujourd’hui repose en fait sur une seule et même question : que doit-on faire des archives de Moscou ? C’est que la mine de documents est immense : des milliards de pages rassemblées avec un professionnalisme méticuleux, étiquetées, annotées, numérotées et cataloguées dormaient à l’usage exclusif des autorités soviétiques dans des dizaines de kilomètres de rayonnages. Si l’exploitation de cette masse est potentiellement explosive, ce n’est pas uniquement parce qu’il s’agit de la mémoire d’une sanglante et liberticide dictature... Au premier rang de ces fouineurs, Stéphane Courtois s’envola pour la capitale soviétique dès la fin de 1991 avec son maître Annie Kriegel, décédée depuis ; leur objectif, dans la jungle des archives moscovites brutalement ouvertes : celles de l’Internationale communiste, le Komintern. Savamment classées, gérées par des archivistes hyper compétents, où il suffit de demander pour tout obtenir, à condition d’avoir la poche à dollars bien remplie, pour payer les photocopies. Courtois explique : “On s’est trouvés d’un seul coup en face de la dune du Pilat avec un seau et une pelle de plage. Mais on a aussi compris qu’on ne pourrait plus jamais faire l’histoire du communisme sans ces archives. Ceux qui ne les ont pas vues ne peuvent pas comprendre...” », « Qui a peur des archives de Moscou ? », Le Point, 26 janvier 2007.
25 Par exemple, les sacs poubelle remplis du courrier des lecteurs de la revue Formula AS, qui ont permis à Ioana Cîrstocea d’analyser la réception du contenu de la revue sur les lectrices, et de saisir les ajustements successifs de la rédactrice en chef pour se réapproprier les attentes des lectrices. Voir Ioana Cîrstocea, Faire et vivre le postcommunisme. Les femmes roumaines face à la « transition », Bruxelles, Éditions de l’université de Bruxelles, 2006.
26 Howard S. Becker, Les ficelles du métier. Comment conduire sa recherche en sciences sociales, Paris, La Découverte, 2002.
27 La polémique autour de l’ouvrage de Karel Bartosek, Les aveux des archives, Paris, Le Seuil, 1996, est exemplaire du processus de médiatisation des positions des historiens concernant le traitement des sources. Voir notamment l’article de Denis Peschanski du 13 novembre 2006 dans Libération, et le dossier « Qui a peur des archives de Moscou ? » dans Le Point du 26 janvier 2007. Voir également « Communisme : les “bombes” des archives », Le Nouvel Observateur, janvier 1997.
28 Par exemple, la conférence organisée par le Centre d’études et de recherches internationales de l’Institut d’études politiques de Paris, le 11 juin 2008, sur « La gestion du passé communiste en Roumanie ».
29 Mihai Dinu Gheorghiu, « Les métamorphoses de l’agit-prop. Les institutions de contrôle des intellectuels par les partis communistes et leurs transformations après 1989 : le cas des écoles de parti », thèse sous la direction de P. Bourdieu, Paris, EHESS, 1997.
30 Françoise Thom, La langue de bois, Paris, Julliard, 1987 ; Christian Delporte, Une histoire de la langue de bois : de Lénine à Sarkozy, Paris, Flammarion, 2009.
31 « Communisme : les “bombes” des archives », art. cité.
32 Nicole Lapierre, Le silence de la mémoire. À la recherche des Juifs de Plock, Paris, Plon, 1989.
33 Alain Brossat et al., À l’Est, la mémoire retrouvée, Paris, La Découverte, 1990 (préface de Jacques Le Goff).
34 Marie-Claire Lavabre, Le fil rouge. Sociologie de la mémoire communiste, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1994.
35 Pierre Nora, Les lieux de mémoire, Paris, Gallimard, t. 1 : La République (1984), t. 2 : La Nation (1986), t. 3 : Les France (1992).
36 Paul Ricœur, Temps et récit, Paris, Le Seuil, t. 1 : L’intrigue et le récit historique (1983), t. 2 : La configuration dans le récit de fiction (1983), t. 3 : Le temps raconté (1984) ; id., La mémoire, l’histoire, l’oubli, Paris, Le Seuil, 2000.
37 Antoine Marès, Lieux de mémoire en Europe centrale, Paris, Institut d’études slaves, 2009.
38 Voir Michel Espagne et Michael Werner, « La construction d’une référence culturelle allemande en France : genèse et histoire (1750-1914) », Annales ESC, 4, 1987, p. 969-992.
39 On mentionnera notamment les colloques organisés par Bogumil Jewsiewicki, professeur à l’université Laval à Québec, et par un groupe d’historiens, dont Philippe Joutard, Marie-Claire Lavabre, Pierre Nora, auxquels se sont adjoints plus ponctuellement d’autres historiens. Voir par exemple, le colloque tenu à Sofia : « Lieux de mémoire et construction du présent », publié dans Divinatio, 19, 2004.
40 Christophe Prochasson, L’empire des émotions : les historiens dans la mêlée, Paris, Demopolis, 2008 ; voir également « L’État et les mémoires », Regards sur l’actualité, La Documentation française, 325, novembre 2006.
41 Il s’agit bien d’une controverse dans la mesure où les polémiques scientifiques ont été retraduites dans le champ médiatique et politique. Voir Jean-Louis Fabiani, « Disputes, polémiques et controverses dans les mondes intellectuels. Vers une sociologie historique des formes de débats agonistiques », Mil neuf cent, 25, 2007, p. 45-60.
42 Ernst Nolte, Facisme et totalitarisme, Paris, Robert Laffont, 2008 ; avec François Furet, Facisme et communisme, Paris, Plon, 2000.
43 Ian Kershaw, Qu’est-ce que le nazisme ? Problèmes et perspectives d’interprétation, Paris, Gallimard, 1992. Voir également Claude Lefort, L’invention démocratique. Les limites de la domination totalitaire, Paris, Fayard, 1981.
44 Hannah Arendt, Les origines du totalitarisme. Le système totalitaire, Paris, Le Seuil, 1998 ; Du mensonge à la violence, Paris, Calmann-Lévy, 1972.
45 Jean-François Soulet, Histoire de la dissidence, Paris, Le Seuil, 1982 ; Alexandra Laignel-Lavastine, Esprits d’Europe : autour de Czeslaw Milosz, Jan Patocka, Istvan Bibo ; essai sur les intellectuels d’Europe centrale au xxe siècle, Paris, Gallimard, 2005.
46 Michel Dobry, « Les voies incertaines de la transitologie. Choix stratégiques, séquences historiques, bifurcations et processus de path dependence », Revue française de science politique, 50 (4-5), 2000, p. 585- 614 ; Patrick Michel, « De la nature de la transition : remarques épistémologiques », Cahiers internationaux de sociologie, 96, 1994, p. 213-224.
47 Bronislaw Geremek, Histoire sociale : exclusions et solidarité, leçon inaugurale, Collège de France, Chaire internationale, 117, 1993, p. 27.
48 Paul Pierson, Dismantling the Welfare State ? Reagan, Tchatcher and the Politics of Retrenchment, Cambridge, Cambridge University Press, 1994 ; David Stark, « Sommes-nous toujours au siècle des transitions ? Le capitalisme est-européen et la propriété “recombinante” », Politix, 47, 1999, p. 89-129.
49 François Hartog, Jacques Revel (dir.), Les usages politiques du passé, Paris, Éditions de l’EHESS, 2001.
50 Erving Goffman, Les cadres de l’expérience, Paris, Éditions de Minuit, 1991.
51 Claude Lévi-Strauss, Le regard éloigné, Paris, Plon, 1983.
52 Voir Svetlana Dimitrova, « Literaturen vestnik : le vivier du potmodernisme », in « Raisons de dire, façons de faire », op. cit., p. 185-196.
53 Gisèle Sapiro, La guerre des écrivains. 1940-1953, Paris, Fayard, 1999.
54 Janine Mossuz-Lavau et Mariette Sineau, Enquête sur les femmes et la politique en France, Paris, PUF, 1983.
55 Pierre Bourdieu, Le sens pratique, Paris, Éditions de Minuit, 1980.
56 On regrettera en particulier qu’aucun article ne concerne la RDA, la Bulgarie ou la Hongrie. En effet, certaines thématiques ont fait l’objet de recherches dans certains pays seulement, de sorte que la Pologne ou la Roumanie se trouvent ainsi surreprésentés.
57 Petru Negură, Ni traîtres, ni héros. Les écrivains moldaves face au pouvoir soviétique sous Staline, Paris, L’Harmattan, 2009.
58 Michael Werner et Bénédicte Zimmerman, « Penser l’histoire croisée. Entre empirie et réflexivité », Annales HSS, 1, 2003, p. 7-37.
59 « Les “petites Russies” des campagnes françaises », Études rurales, 171-172, 2004. À la fin de l’introduction, intitulée « Le marteau contre la faucille », je soulignais : « Cette approche de l’Europe communiste ne peut se satisfaire d’une synthèse de comparaisons entre pays, en travaillant à partir de chaque histoire nationale. C’est pour autant que nous serons capables de nous arracher aux traditions historiographiques élaborées dans des contextes nationaux et marquées par eux que nous aurons quelque chance de construire le même objet, sans effacer les façons respectives de dire et de faire mais en intégrant cette diversité scientifique à l’objet. Les chantiers en cours pour une “fabrique de l’histoire” européenne invitent à inscrire l’histoire de l’Europe communiste et, singulièrement, du communisme agraire dans cette perspective. »
60 Voir notamment Michel Dreyfus et al. (dir.), Le siècle des communismes, Paris, Éditions de l’Atelier, 2000 ; Bernard Pudal, Claude Pennetier, Autobiographies, autocritiques, aveux dans le monde communiste, Paris, Belin, 2002 ; Un monde défait. Les communistes français de 1956 à nos jours, Paris, Éditions du Croquant, 2009.
61 Ce séminaire créé en 2003 par Marie-Claude Maurel et moi-même s’est poursuivi avec Morgane Labbé et Jérôme Heurtaux, et a repris en 2010 sous la double direction de ces collègues.