1 M. Ozouf, Les mots des femmes. Essai sur la singularité française, Paris, Fayard, 1995, p. 388-389. Voir supra le chapitre 2.
2 J. -C. Passeron, Le raisonnement sociologique. L’espace non poppérien du raisonnement naturel, Paris, Nathan, 1991, p. 27.
3 On trouvera l’histoire de cette érotique, entre le date et le companionate marriage, des années vingt aux années soixante, ébauchée dans mon article : « Un échange inégal. Sexualité et rites amoureux aux États- Unis », Critique, LIlI, 596-597, 1997, p. 48-65.
4 Voir E. Kanin, « Male Aggression in Dating-Courting Relations », American Journal of Sociology (Chicago), LXIII, 1957, p. 197-204 ; C. Kirkpatrick, E. Kanin, « Male Sex Aggression on a University Campus », American Sociological Reuiew (Albany), XXII, 1957, p. 52- 58.
5 Voir par exemple S. Griffin, « Rape : The All-American Crime », Ramparts (New York), 10, 1971, p. 26-35 ; D. E. H. Russell, The Politics of Rape : The Victim’s Perspective, New York, Stein et Day, 1975 ; S. Brownmiller, Le viol, Paris, Stock, 1976 (éd. originale : New York, Simon et Schuster, 1975). Le mot date rape apparaît ici, et sa réalité, mais seulement incidemment : voir l’édition de poche, New York, Bantam, 1990, p. 284 (le mot), 393-394 (les exemples).
6 A. G. Johnson, « On the Prevalence of Rape in the United States », Signs. Journal of Women in Culture and Society (Chicago), VI, 1980, p. 136-146, cit. p. 146 ; D. Russell, N. Howell, « The Prevalence of Rape in the United States Revisited », Signs, VIII, 1983, p. 688-695, cit. reprise p. 688 (et D. Russell, Sexual Exploitation : Rape, Child Sexual Abuse, and Workplace Harassment, Beverly Hills, Sage, 1984). Voir aussi la critique de Johnson par A. E. Gollin, « Comment on Johnson’s “On the Prevalence of Rape in the United States” », Signs, VI, 1980, p. 346-349.
7 M. P. Koss, C. J. Oros, « Sexual Experiences Survey : A Research Instrument Investigating Sexual Aggression and Victimization », Journal of Consulting and Clinical Psychology (Washington), L, 1982, p. 455- 457 ; M. P. Koss, C. A. Gidycz, N. Wisniewski, « The Scope of Rape : Incidence and Prevalence of Sexual Aggression and Victimization in a National Sample of Higher Education Students », Journal of Consulting and Clinical Psychology (Washington), LV, 1987, p. 162-170.
8 Dans l’enquête de Koss, parmi les femmes « objectivement » violées, 27 % nomment « viol » leur expérience, 16 % y voient un crime sans l’appeler ainsi, 46 % parlent d’un grave problème de communication, et 11 % ont le sentiment qu’aucun crime n’a été commis. D’autres enquêtes confirment ces écarts de perception. Ces chiffres deviennent un enjeu polémique : pour Neil Gilbert, « 73 % parmi les femmes que l’enquête définit comme violées [...] ne se perçoivent pas comme des victimes » (N. Gilbert, « The Phantom Epidemic of Sexual Assault », The Public Interest - New York -, 103, 1991, p. 60) ; pour Robin Warshaw, à partir des mêmes données, « seulement 11 % déclaraient ne pas se sentir victimisées » (R. Warshaw, I Never Called It Rape - 1988 -, New York, Harper, 1994, « Avant-Propos », p. XXV).
9 Ibidem.
10 Voir infra le chapitre 7.
11 J. Lee, « When the Date Turns into Rape », Time (New York), 23 mars 1987, p. 77 ; N. Gibbs, « When Is It Rape ? », Time, 13 juin 1991, p. 48-55.
12 S. Crichton, « Sexual Correctness : Has It Gone Too Far ? », Newsweek (New York), 25 octobre 1993, p. 52-64.
13 Comme chacune des querelles a son dictionnaire satirique, chacune a ses anthologies, ici : A. M. Stan (ed.), Debating Sexual Correctness, New York, Delta, 1995.
14 N. Gilbert, art. cit., p. 54-65 ; N. Podhoretz, « Rape in Feminist Eyes », Commentary (New York), XCII, 4, 1991, p. 29-35.
15 C. Paglia, « Rape : A Bigger Danger than Feminists Know », « Op-Éd », New York Newsday, 27 janvier 1991, repris (sous un autre titre) dans Sex, Art and American Culture, New York, Vintage, 1992. K. Roiphe, « Date Rape Hysteria », « Op-Ed », The New York Times, 20 novembre 1991 ; la couverture du magazine du New York Times : « Rape Hype Betrays Feminism », 13 juin 1993 ; et K. Roiphe, The Moming After : Sex, Fear, and Feminism on Campus, New York, Little, Brown and Co., 1993.
16 C. Paglia, Sexual Personae : Art and Decadenee from Nefertiti to Emily Dickinson (1990), New York, Vintage, 1991, p. 24. Les autres citations sont extraites de Id., Art and American Culture, op. cit.
17 « Affirmez-vous », « Gardez le contrôle », « Comptez sur vous-même » : le paradoxe, c’est que ces prescriptions sont au centre du manuel de lutte contre le date rape de R. Warshaw, op. cit., p. 154-156. La véritable différence, c’est l’appel à la prudence que rejette explicitement K. Roiphe : « Restez sobre » (op. cit., p. 83), continue en effet la liste. La critique conservatrice, si elle force le trait, est donc plus fidèle à la logique du féminisme du date rape que la critique post-féministe.
18 Notons que c’est encore Robin Warshaw qui recommande aux femmes d’apprendre les techniques d’autodéfense, tout en reconnaissant qu’il faut parfois capituler devant la force : « Céder n’est pas consentir ». Prescription ultime : « Restez en vie. » (Op. cit., p. 160.)
19 Christine Hoff Sommers, Who Stole Feminism ? How Women Have Betrayed Women, New York, Simon & Schuster, 1994, p. 219-221.
20 « The “Date Rape” Issue : Feminist Hysteria, Anti-Sex Witchhunt », Women and Revolution (New York), 43, hiver 1993-printemps 1994, p. 8-15.
21 K. Roiphe, op. cit., p. 76-79.
22 N. Wolf, The Beauty Myth : How Images of Women are Used against Women (1991), New York, Anchor, 1992, cit. p. 167 ; Fire With Fire : The New Female Power, New York, Random House, 1993, p. 135-136, 191-197 ; S. Faludi, Backlash : The Undeclared War against American Women (1991), New York, Anchor, 1992.
23 Quelques rares études s’intéressent pourtant à la question des victimes masculines de la violence sexuelle : C. Struckman-Johnson, « Forced Sex on Dates : It Happens to Men, too », The Journal of Sex Research (Mt. Vernon, IA), 24,1988, p. 234-241 ; et à la violence sexuelle perpétrée par des femmes : E. H. Thompson, Jr., « The Maleness of Violence in Dating Relationships : An Appraisal of Stereotypes », Sex Roles (New York), XXIV, 5-6, 1991, p. 261-276. En fait, le viol des hommes semble être dans la très grande majorité des cas un viol par des hommes (en particulier, en prison).
24 G. David Johnson, G. J. Palileo, N. B. Gray, « “Date Rape” on a Southern Campus : Reports from 1991 », Sociology and Social Research (Los Angeles), LXXVI, 2, 1992, p. 37-44. Les chiffres : 35 % jamais, 17 % souvent, 17 % toujours, sur un échantillon de 666 étudiantes (et le reste, rarement ou parfois).
25 CL. Muehlenhard, L. C. Hollabaugh, « Do Women Sometimes Say No When They Mean Yes ? The Prevalence and Correlates of Women’s Token Resistance to Sex », Journal of Personality and Social Psychology (Washington), LIV, 5, 1988, p. 872-879 (« Chances are that she means it »).
26 R. Warshaw, op. cit., p. 164, cité par N. Podhoretz, art. cit., p. 34.
27 Voir C. S. Vance (ed.), Pleasure and Danger : Exploring Female Sexuality, New York, Routledge, 1984, qui relate cette querelle des féminismes.
28 A. Dworkin, Intercourse, New York, The Free Press, 1987, p. 64-67, et le chap. 7, « Occupation/Collaboration ».
29 C. MacKinnon, « Rape : On Coercion and Consent », in Toward a Feminist Theory of the State, Cambridge, Harvard University Press, 1989, p. 172-183, cit. passim.
30 Ibid., p. 183.
31 S. Estrich, Real Rape, Cambridge, Harvard University Press, 1987, p. 100-102.
32 M. Crystal Cage, « Probability that Students Will Drink to Become Intoxicated Found to Rise », The Chronicle of Higher Education (Washington), 10 juin 1992, à partir d’une enquête publiée dans le Journal of the American Medical Association.
33 R. Warshaw, op. cit., 63.
34 Sur la logique de ce consensus, je me permets de renvoyer à mon texte « Playing by the Antioch Rules », The New York Times, 26 décembre 1993, repris dans A. M. Stan (ed.), op. cit., p. 97-100.
35 C. Krauthammer, « Defining Deviancy Up », The New Republic, 22 novembre 1993, p. 20-25 ; en français, « La déviance redéfinie à la hausse, Réponse à Daniel Patrick Moynihan », Le Débat, 81, septembre-octobre 1994, p. 167-176.
36 A. Bloom, « La chute d’Eros », in L’amour et l’amitié, Paris, De Fallois, 1996, « Introduction », p. 24. C’est Pierre Manent qui a traduit cet ouvrage posthume, Love and Friendship, New York, Simon and Schuster, 1993. L’introduction, critique politique du présent, avait été reprise en bonnes feuilles dans le magazine du New York Times, le 23 mai 1993 (« The Death of Eros », cit. p. 84), la faisant aussitôt entrer dans le débat public.
37 F. Furet, « L’utopie démocratique à l’américaine », Le Débat, 69, mars-avril 1992, p. 86.
38 M. Bozon, « La violence sexuelle », in A. Spira, N. Bajos (eds.), Les comportements sexuels des Français, Paris, La Documentation française, 1992, p. 218. Voir infra le chapitre 8.