Pieds et jambes
Enquête sur une catégorie « banale » d’offrandes anatomiques
Feet and Legs. An Inquiry into a “Trivial” Category of Anatomical Offerings
p. 17-38
Résumés
En Grèce, en Italie comme en Gaule romaine, les représentations de membres inférieurs sont une offrande fréquente et banale. Ils sanctionnent l’acquittement d’un vœu souscrit dans une situation de maladie ou d’accident, comme le prouve l’association continuelle de ces ex-voto avec les autres offrandes anatomiques, dans les mêmes assemblages de corps en morceaux ; il serait de mauvaise méthode d’extraire arbitrairement l’une des catégories de l’assemblage pour lui attribuer une signification différente. De plus, de rares ex-voto renvoient à un soin des membres inférieurs, comme les pieds à l’éponge d’Alésia et des Sources de la Seine ; dans l’Égypte romaine, l’ex-voto d’Isidoros en forme de pied renvoie expressément à un accident de char. Inversement, on ne peut établir aucune connexion entre les reliefs et rondes bosses représentant des membres inférieurs et l’acquittement de vœux pro itu et reditu pour l’heureuse issue d’un voyage. Les images d’empreintes de pas qu’on lie quelquefois à de tels vœux sont une catégorie de représentations entièrement différente.
In Greece, in Italy, in Roman Gaul, the representations of lower limbs are frequent and commonplace offerings. They sanction the fulfilment of a vow subscribed in a situation of sickness or accident, as evidenced by the continual association of these ex-votos with other anatomical offerings, in the same archaeological assemblages; it would be wrong to arbitrarily extract one of the categories of the assemblage to give it a different meaning. In addition, rare ex-votos refer to a care of the lower limbs, like the feet with sponge (Alesia and Sources Seine); in Roman Egypt, Isidoros' ex-voto in the form of a foot expressly refers to a chariot accident. Conversely, there is no connection between the sculptures representing lower limbs and the fulfilment of vows pro itu and reditu for the happy outcome of a trip. Footprint images sometimes associated with such vows are an entirely different category of representations.
Entrées d’index
Mots-clés : offrande, ex-voto anatomique, pratique cultuelle, sanctuaire, Gaule romaine
Keywords : offering, anatomical ex-voto, ritual practice, sanctuary, Roman Gaul
Texte intégral
1Dans les « assemblages avec offrandes anatomiques1 » archéologiquement attestés2, en Grèce, comme en Italie ou encore en Gaule romaine, les représentations de membres inférieurs sont l’une des offrandes les plus fréquentes. Quelques exemples suffiront : les « dépôts » de l’Asklêpieion de Corinthe ont livré 38 jambes et pieds, soit 32 % du total des offrandes de terre cuite3 ; à Rome, sur les 352 objets trouvés au ponte Quattro Capi (le nom médiéval et moderne du Pont Fabricius, en face de l’Ile Tibérine où se trouvait le temple d’Esculape), il y avait 272 pieds. Deux kilomètres et demi en amont, un lot de 84 terres cuites découvert à la hauteur de la via di Monte Brianzo, comprenait 2 jambes et 50 pieds4. Le « dépôt votif » de Comunità à Véies, l’un des assemblages d’offrandes les plus importants d’Étrurie comptait 232 membres inférieurs sur 407 ex-voto anatomiques, auxquels il faut ajouter 462 fragments de pieds5. À Lavinium, 207 membres inférieurs proviennent du sanctuaire des XIII autels, sur 405 ex-voto anatomiques6. En Gaule, ils sont 100 (en calcaire) et 45 (en bois) aux Sources de la Seine7, tandis qu’à la source des Roches de Chamalières, on compte près de 1800 jambes en hêtre et chêne, ainsi que 10 pieds8.
2Avant d’aller plus loin, il faut d’abord dire que le terme d’ex-voto anatomiques, désormais consacré par l’usage pour désigner les représentations de parties du corps isolées offertes dans les lieux de culte, n’est pas un abus de langage. Les rares inscriptions de dédicace associées à de tels objets – qui concernent justement, en majorité, des jambes et des pieds – font bien, en général, mention d’un vœu souscrit et acquitté. Ces inscriptions, presque inexistantes en Italie9, sont plus nombreuses en Grèce10 et en Gaule romaine11, sur des offrandes de pierre (fig. 1, a-c).
3Que faire de tous ces membres inférieurs, déposés par centaines dans les lieux de culte ? Comment les aborder, comment les étudier ? Ce sont des objets qui, à première vue, peuvent paraître triviaux et peu intéressants – comme d’ailleurs, pense-t-on souvent, l’ensemble des ex-voto anatomiques, dont ils constituent la forme la plus banale, en quelque sorte le degré zéro. Il y n’aurait presque rien à en dire, sinon les attribuer de manière générique à la sphère votive, comme on vient de le voir. Ou plutôt : sur les offrandes anatomiques en général, et les pieds en particulier, se sont développés deux discours symétriquement opposés, et tous deux également insatisfaisants. Pendant longtemps, une approche purement clinique a prévalu. C’étaient avant tout des médecins qui se consacraient à l'étude des ex-voto anatomiques. Leurs centres d’intérêts les portaient particulièrement vers la pathologie et l’anatomie : ils pensaient pouvoir établir un diagnostic à partir de ces objets, qu’ils collectionnaient souvent12, avec l'intention clairement affichée d'identifier symptômes de maladies et malformations, parfois au-delà de toute vraisemblance13 ; ou encore, dans le cas des organes internes, de les considérer comme des modèles de dissection14 – ce qu'ils ne sont pas, sauf exception15.
4Le point de vue exactement inverse existe également. Une autre série d’études a nié que ces objets – ou du moins une bonne partie d’entre eux – aient rapport avec la santé physique, son maintien ou son recouvrement : les jambes et les pieds seraient offerts, non pas à la suite d’une guérison, mais au retour d'un voyage16 ; les yeux et les oreilles représenteraient, non la partie blessée de l'individu, mais le regard et l'écoute de la divinité17, les seins et les sexes, masculins et féminins, seraient liés à l’acquittement d’un vœu de passage d’âge en donnant à voir l’épanouissement sexuel et la puberté18. Alors que le regard médical envisageait l’ensemble des ex-voto anatomiques de manière systématique, univoque et réductrice, en voulant y découvrir partout, et à toute force, les signes de la maladie ou de la difformité, une lecture non médicale tend au contraire à faire éclater l'unité de cette catégorie. Elle propose des interprétations hétérogènes, qui se déploient sur des plans complètement différents selon les parties du corps représentées, sans tenir compte des fortes similitudes typologiques et contextuelles que tous ces dons anatomiques entretiennent entre eux. En réalité, ces deux positions symétriquement opposées révèlent le même embarras devant ces corps en morceaux, la même difficulté à faire parler cette source documentaire, malgré son importance quantitative (ou peut-être à cause d’elle), à tenir un discours cohérent qui en rende vraiment compte. Elles surinterprètent toutes deux leur objet, même si c’est de manière radicalement différente. Ce qu’on voudrait proposer ici, c’est d’accepter d’abord la banalité et la répétitivité de ces dons votifs19, de ne les prendre que pour ce qu’ils sont – des parties du corps isolées, organes et membres, qui reproduisent pratiquement toutes les parties de l’anatomie interne et externe – pour ensuite essayer d’en dire quelque chose.
5Une théorie, que l’on trouve périodiquement reprise20, voit donc dans les représentations de membres inférieurs, non pas des ex-voto pour une guérison advenue, mais au contraire pour un voyage heureusement conclu ; en d’autres termes, jambes et pieds constitueraient l’offrande résolutoire d’un vœu pro itu et reditu. Ce point de vue était en particulier celui de Ludwig Stieda, qui l’a exprimé avec netteté et autorité21. Que cette interprétation non médicale ait été avancée par l'auteur des Anatomisch-archäologische Studien pourrait sembler un paradoxe. Et pourtant, il n’en est rien. Stieda n'inclut pas les pieds votifs parmi les ex-voto salutaires justement parce qu’ils ne présentent pas de pathologies visibles22. Il cherche alors une autre explication, et pense la trouver en faisant des pieds de terre cuite d’Italie l’équivalent des empreintes de pas sur des dalles de pierre, quelquefois considérées (mais pas par tous) comme des offrandes d’acquittement d’un vœu pro itu et reditu23. Cependant, ces empreintes sont iconographiquement, typologiquement, chronologiquement, très différentes des pieds votifs, autant qu’un négatif peut l’être d’un positif. Les pas renvoient au passage, les pieds à la réalité physique du membre. Si les empreintes de pas sculptées sont bien, elles aussi, des ex-voto, lorsqu’elles sont accompagnées de dédicaces explicites24, elles ne peuvent éventuellement renvoyer à un voyage aller et retour que si l’on en trouve deux paires, disposées en sens inverse25. En tout état de cause, on ne les trouve jamais associées au formulaire pro itu et reditu26 et on privilégie aujourd’hui d’autres explications pour les offrandes d’empreintes de pas, particulièrement liées au culte d’Isis et de Caelestis27. On ne rentrera pas ici dans ce dossier complexe, qui est entièrement différent de celui qui nous occupe.
6Pour mieux comprendre l’homme, et les offrandes qui le représentent partiellement, un détour par l’animal peut être utile. J’ai attiré l’attention, voilà quelques années, sur une petite série d’ex-voto anatomiques animaux, figurant des pattes de bovins, d’équidés et de porcs, et provenant d’Italie et de Gaule28 (fig. 2). On sait bien par ailleurs que des vœux annuels étaient souscrits pour la bonne santé des bœufs de labour29 et qu’il existait des recettes pour les guérir s’ils se blessaient30. Il n’est pas étonnant qu’on ait pris un soin tout particulier des meilleurs auxiliaires de l’homme, et qu’on ait souscrit en leur faveur les mêmes vœux. Personne, en l’occurrence, n’imaginerait que l’offrande de ces membres animaux renvoie à autre chose qu’à la santé des bêtes, puisque celles-ci se réduisent à leur être physique. On ne peut demander, et souhaiter obtenir pour elles, autre chose que la préservation de leur force de travail, ou du capital qu’elles représentent. Les membres des hommes et des animaux, qu’on trouve dans les mêmes assemblages, doivent être expliqués de la même manière. Pareillement, il serait illogique de donner des interprétations divergentes des images des membres humains supérieurs et inférieurs. L’explication la meilleure sera celle qui est valable pour tous : des bras, mains, jambes, pieds et pattes cassés, dysfonctionnants, souffrants.
7La fréquence et, dans bien des cas, la prédominance des jambes et pieds dans l’ensemble de la catégorie des offrandes anatomiques, s’explique donc, très simplement, à la fois par l’importance vitale du bon état des membres locomoteurs dans une société de piétons, et par tous les périls qui les guettent et qui sont source de handicaps : maladies aiguës et chroniques, accidents. L’omniprésence du risque d’accident ne saurait être trop soulignée. L’accident est certainement cause première de la plupart des offrandes de membres. Le regard médical longtemps porté sur les ex-voto anatomiques a systématiquement privilégié la maladie ou la malformation – cliniquement tellement plus intéressantes – tandis que les études archéologico-religieuses sur les « stipi votive » de l’Italie antique se sont largement enfermées dans le binôme simpliste sanatio31 / fécondité. Une offrande devrait, soit témoigner d’une maladie guérie, soit d’une requête de fertilité exaucée. Or, il suffit de jeter un coup d’œil sur n’importe quel catalogue d’ex-voto modernes et contemporains, de la Renaissance à nos jours, pour se rendre compte que l’occasion du vœu est, tout autant et plus, l’accident – dont on a réchappé ou dont on s’est remis : chutes, travaux dangereux, périls dus à la violence des hommes, des animaux, à l’eau, au feu… Qu’il en ait été de même dans l’antiquité, un témoignage exceptionnel, le pied offert par Isidoros dans un petit temple de l’Égypte romaine, l’illustre bien.
8Ce pied de marbre blanc était posé sur une base haute de 1,09 m qui occupait l’entrecolonnement central du pronaos d’un petit temple tétrastyle à Ras El-Soda, près d’Alexandrie (fig. 3)32. L’inscription sur la base résume les circonstances de l’offrande : « précipité par ses chevaux hors de sa voiture, ici, Isidoros, pour avoir été sauvé, en action de grâce pour ses pieds, a consacré l’image de son pied à la Bienheureuse33 ». La « Bienheureuse », c’est Isis : derrière le pronaos, contre le mur arrière de la cella étaient adossées des statues de dieux égyptiens, Harpocrate, Hermanubis, deux Osiris canopes et surtout Isis, probablement la statue de culte, plus grande que nature. Cette chapelle privée a été élevée au iie siècle de notre ère, à l’endroit même où s’était produit l’accident d’Isidoros. Elle est comme l’écrin architectural du pied de marbre qui constitue le point focal de tout le complexe et qui, même s’il est formellement semblable à un « pied de Sérapis34 », est incontestablement considéré ici comme un don anatomique35.
9L’offrande de reproductions des membres inférieurs renvoie donc, selon les cas, à l’invalidité évitée, à la douleur guérie, à la mobilité retrouvée. C’est toujours de bonne santé physique qu’il s’agit. La démonstration pourrait se poursuivre, au-delà même des bornes chronologiques de l’antiquité. Les témoignages médiévaux, modernes et contemporains explicites ne peuvent être écartés au motif qu’ils ne concernent plus notre période : car les ex-voto anatomiques, comme les mêmes sources le disent, ont survécu à la fin du paganisme, malgré des tentatives pour les éradiquer, et sont donc justiciables d’une étude dans la longue durée. On se contentera ici de quelques exemples significatifs, parmi beaucoup d’autres, pour jalonner cette histoire longue. Saint Gal (539-594), évêque de Clermont et oncle de Grégoire de Tours, visite Cologne alors qu’il est jeune diacre, et met le feu à un temple fréquenté par des « barbares », dans lequel « étaient sculptés des membres en bois, selon la douleur dont on était atteint36 ». Quelques décennies plus tard, le synode d’Auxerre, puis les homélies de Saint Éloi proscrivent la suspension de membres et de pieds en bois aux carrefours37. En réalité, on le sait bien, les ex-voto anatomiques réalisés en divers matériaux (cire, métal, bois) n’en continuent pas moins à exister et bénéficient d’une énorme diffusion, jusqu’au Nouveau Monde et dans toute l’Europe. Une jambe de bois datée de 1717, et provenant de Simbach en Bavière (fig. 4.1), expose nettement l’occasion du vœu :
Adam Berger, paysan à Mosau, en bonne santé… Il souffrait depuis longtemps de grandes douleurs au pied droit. Dès qu’il se fut engagé ici envers la bienheureuse Vierge Marie Mère de Dieu avec cette offrande, il reçut prompt rétablissement et pleine santé. La Bienheureuse Trinité et Marie Mère de Dieu soient louées et remerciées ! 171738.
10On citera enfin l’un des derniers ex-voto anatomiques de la France contemporaine, daté de 1871 (alors que dans les pays latins, la pratique demeure vivace), que Zola mentionne dans son roman sur Lourdes :
La foi, l’adoration, la gratitude s’étalaient sur ces plaques de marbre, gravées en lettres d’or, par centaines, par milliers d’exemplaires. Il y en avait d’ingénus qui prêtaient à sourire. Un colonel avait fait sculpter son pied, avec ces mots : vous me l’avez conservé, faites qu’il vous serve39.
11Zola n’a rien inventé : l’ex-voto existe bien, et même en deux exemplaires presque identiques, dans deux sanctuaires mariaux du Sud-Ouest de la France, Lourdes et Verdelais (fig. 4.2-3). La demande exaucée porte encore une fois sur la conservation, l’intégrité physique du membre.
12Nous sommes donc renvoyés, dans tous les cas, au membre dans sa matérialité, et non à ce qu’il pourrait peut-être signifier symboliquement. L’enquête doit se concentrer sur le corps physique. Celui-ci néanmoins, il faut y insister, est un corps sain, au moins dans son apparence. La recherche de pathologies visibles sur les ex-voto anatomiques, pourtant poursuivie, on l’a déjà dit, avec obstination, n’a pas abouti à des résultats concrets. L’« étude médicale des ex-voto des Sources de la Seine » à laquelle se sont livré deux médecins voilà soixante ans40, est emblématique de ce point de vue : névralgie crânienne, cécité, yeux chassieux, lèpre, goitre, torticolis, crétinisme, tumeur osseuse, otite, pharyngite, phimosis, atrophie des membres, rhumatisme déformant, goutte, kyste tendineux, valgus, hernie, cancer du sein, toutes les pathologies possibles ou presque sont diagnostiquées, avec cette idée sous-jacente que tous les ex-voto anatomiques doivent présenter les signes de la maladie. Cette tentative extrême n’a guère été jugée convaincante… Plus artificielle encore apparaît la recherche de difformités corporelles, qui peuvent n’être que des maladresses ou des erreurs de rendu de la part de l’artisan. C’est par exemple l’explication la plus simple qu’on puisse fournir – comme le reconnaissent honnêtement ses éditeurs – pour un cas supposé de polydactylie au sanctuaire d’Essarois en Côte-d’Or41.
13L’idée que les ex-voto anatomiques renvoient à des maux variés et reconnaissables repose sur un postulat de départ erroné. Il faudrait pour cela qu’on ait voulu les singulariser, rendre apparents et identifiables les symptômes spécifiques d’un mal. Or, c’est tout le contraire. La grande majorité des objets qui rentrent dans les « assemblages avec offrandes anatomiques » – donc non seulement les parties du corps, mais aussi les têtes, les enfants en langes, etc. (seules les statues font exception) – sont stéréotypés et génériques. Il serait parfaitement vain de tenter d’y rechercher les signes d’une individualisation quelconque. Ils sont produits en série et même, pour les terres cuites de l’Italie républicaine, reproduits mécaniquement à l’aide de moules. Ils ne peuvent par conséquent porter les signes singuliers d’une maladie42.
14La fabrication et la reproductibilité inter-sites des ex-voto anatomiques d’Italie ne sont pas des sujets, c’est le moins qu’on puisse dire, qui aient beaucoup attiré l’attention de la recherche43. Pour ce qui concerne les jambes et les pieds, rares sont les données disponibles. Certains exemplaires semblent modelés à la main (et les orteils sont alors des boudins d’argile rapportés : fig. 5, 1), d’autres paraissent issus de moules bivalves avec – techniquement – un raisonnement latéro-latéral44 (fig. 5, 2-3). Quelques jambes sont tournées et non moulées, surtout dans des zones périphériques (Schiavi d’Abruzzo, Pesaro), comme si les savoir-faire normalisés y laissaient la place à un bricolage qui est technique mais aussi culturel45. En définitive, rien ou presque ne permet de personnaliser ces offrandes, au-delà de caractérisations élémentaires (masculin / féminin, pour les têtes, les organes sexuels, les troncs ; droite / gauche pour les membres, etc.). Cette absence généralisée d’attributs s’explique aussi par le fait que les parties du corps sont presque toujours représentées nues. Car c’est aussi ce qui distingue les ex-voto anatomiques des autres (statues, statuettes, têtes), qui sont vêtus tandis que les corps en morceaux ne le sont pas. En d’autres termes, les statues, têtes et statuettes figurent le corps social, et portent les signes de son statut ; les ex-voto anatomiques figurent le corps physique, réduit à sa nudité et à son fonctionnement organique.
15Il y a peu d’exceptions à cela, et elles concernent justement des membres inférieurs. Vingt pieds du Tibre sont représentés avec des sandales peintes46. Celles-ci sont rendues en relief sur quatre exemplaires de Lavinium (XIII autels)47. En Gaule, de larges lanières passent sur le cou-de-pied d’un exemplaire fragmentaire des Sources de la Seine48. La « mise en page » spécifique de ce type d’objets peut dans une certaine mesure expliquer ces quelques pieds chaussés. Jambes et pieds reposent tous en effet, pour des raisons de stabilité, sur une base plate, qui épouse le contour de la voûte plantaire et devait pouvoir être facilement considérée comme la semelle d’une sandale.
16La présence d’attelles, qui a été supposée sur des jambes calcaires des Sources de la Seine49, n’est pas en revanche assurée. Il peut aussi s’agir d’étais, destinés à renforcer la stabilité de ces petites sculptures. Le recours à cette solution technique serait d’autant moins surprenant qu’une partie des jambes votives de Gaule romaine sont en fait de très hauts reliefs, plus ou moins détachés d’une plaque de fond qui fait un angle droit avec la base.
17Reste alors un petit groupe de pieds de calcaire (fig. 6), provenant de trois sanctuaires de source romains situés à quelques kilomètres les uns des autres, dans l’actuel département de Côte-d’Or : les Sources de la Seine, la Douix de Terrefondrée, et surtout le lieu de culte d’Apollon Moritasgus à Alésia. Ils représentent des pieds s’interrompant au-dessus de la cheville, dont le talon est appuyé, non contre un étai, mais contre une éponge, clairement reconnaissable grâce aux perforations faites au trépan, qui veulent imiter les alvéoles des spongiaires50. Les deux exemplaires des Sources de la Seine (un pied droit)51 et de Terrefondrée52 sont connus depuis le xixe siècle. Les trois exemplaires d’Alésia ont été mis au jour en 2016, dans les fouilles menées par notre équipe dans le sanctuaire des eaux consacré au dieu Apollon Moritasgus, au lieu-dit La Croix-Saint-Charles53. Un fragment, qui ne conserve que l’éponge, a été trouvé au sud du sanctuaire, sur une voie de galets. Les deux autres, plus complets (un pied gauche et un pied droit, de tailles différentes), proviennent du comblement d’un puits de descente carré, de 0,85 m de côté en moyenne, revêtu d’un cuvelage de petits moellons calcaires. Ce regard de canalisation est installé au-dessus d’un bassin de chêne, daté par dendrochronologie de 186 de notre ère. La canalisation passe en contrebas du temple octogonal qui constitue le point focal du sanctuaire, à moins de 7 m de distance. Le comblement du puits contenait un mobilier abondant : de la céramique métallescente, de la faune (dont une chèvre et un chien), et surtout des éléments lapidaires : une borne et des offrandes sculptées en calcaire : une tête féminine, un cou appartenant à un buste, une main, une cuisse, trois pieds, un petit autel ardent. C’est également dans ce secteur, juste en contrebas du temple octogonal, qu’Espérandieu avait trouvé, en 1909, trois têtes et deux pieds en calcaire (l’un d’entre eux avec la formule VSLM54 : fig. 1, 3). On peut donc imaginer un espace d’exposition de ces offrandes dans la galerie périphérique du temple, ou éventuellement entre le temple et le regard. Bien entendu, des éléments de toute époque peuvent avoir conflué dans le remplissage du puits, et il n’y a donc pas de certitude que les ex-voto de pierre soient postérieurs à sa construction. Mais il existe tout de même une présomption en ce sens, surtout si l’on prend en considération l’homogénéité typologique et stylistique de l’ensemble des offrandes en calcaire. Tous les indicateurs chronologiques concourent à situer la statuaire votive du sanctuaire d’Apollon Moritasgus dans la deuxième moitié du iie siècle de notre ère, ainsi qu’au début (au moins) du siècle suivant55. On notera aussi la grande proximité (rendu anatomique et stylistique, proportions) entre le pied droit à l’éponge des Sources de la Seine et le pied gauche d’Alésia.
18Que représentent exactement ces pieds ? Le membre malade en train d’être soigné ? L’approche médicale des ex-voto anatomiques, dont il a été question plus haut, y voit un traitement à « effet décongestif56 ». Nous avons déjà vu à quelles surinterprétations avait souvent mené cette manière de voir. Dans le cas présent, toutefois, et si l’élément piqueté de trous derrière le pied est effectivement une éponge, il est difficile d’échapper à la conclusion que c’est bien l’application de celle-ci contre le membre, qu’on a voulu représenter. Sur 85 occurrences du substantif spongia dans la littérature latine (d’après le Thesaurus Linguae Latinae), 37 viennent du De Medicina de Celse57. L’éponge est une médication très fréquente, imbibée de divers liquides, surtout de l’eau froide ou chaude, pour laver les plaies, comme compresse, pour calmer l’inflammation, etc. Une splendide illustration des soins prodigués à un pied blessé au moyen d’une éponge se trouve sur l’une des deux coupes d’argent de Hoby (du début de notre ère), aujourd’hui à Copenhague (fig. 7)58. L’histoire de Philoctète, l’un des mythes les plus souvent représentés du cycle troyen, donne ici lieu à une scène de lavement de pied : le héros, piqué au pied par un serpent (ou par une flèche empoisonnée) est soigné par ses compagnons, mais sera abandonné sur l’île de Lemnos ou l’îlot de Chrysé avant que, dix ans plus tard, Ulysse et Diomède ne viennent le chercher – en lavant à nouveau sa plaie avec une éponge, selon Quintus de Smyrne dans sa Suite d’Homère59.
19La scène représentée sur le skyphos du trésor de Hoby n’est ici reproduite qu’à titre de comparaison, pour illustrer de manière générique les soins dont les pieds pouvaient être l’objet. Il n’est pas question de chercher à reconstituer à partir de cette scène le ou les gestes que nos offrandes de pierre définissent de manière allusive et ramassée. Non seulement parce que le point d’application de l’éponge est ici différent (le cou-de-pied et non le talon !) mais surtout parce que ces deux images, il est à peine besoin de le dire, appartiennent à des registres très éloignés l’un de l’autre, sur tous les plans. D’ailleurs, il serait périlleux de vouloir restituer des pratiques précises à partir du peu d’éléments dont nous disposons. La documentation archéologique révèle, pour la phase qui est celle de la sculpture votive de calcaire (env. 150-250 av. notre ère)60, la présence de bassins dans le sanctuaire de Moritasgus, dans lesquels on pouvait descendre par des escaliers61 ce qui suggère des immersions au moins partielles, ou bien la simple application de quelque chose de mouillé62. Sans s’égarer dans les hypothèses, on peut du moins admettre que les pieds à l’éponge représentent par métonymie l’eau au contact du membre. On trouve une conjonction au fond similaire, mais exprimée de manière différente, dans un autre ex-voto anatomique du sanctuaire de Moritasgus, à l’iconographie encore plus hors norme. Il s’agit d’une jambe gauche isolée, grandeur nature, en calcaire63 (fig. 8), trouvée en 1911 par É. Espérandieu dans l’un des bassins64. Elle montre cette fois-ci le pied posé sur une amphore pansue dont l’eau s’écoule. La jambe se détache en très haut relief d’un fond vertical formant étai, sur lequel retombe une draperie plissée qui recouvre aussi le haut du membre, là où il est coupé, c’est-à-dire au-dessus du genou. Le contact entre l’eau et le membre est là encore suggéré. Il faut rappeler ici que le sanctuaire de Moritasgus à Alésia est un authentique sanctuaire de source – une étiquette souvent galvaudée mais parfaitement justifiée en l’occurrence. L’eau était captée en plusieurs points du talus contre lequel est bâti le lieu de culte, puis convoyée par un réseau complexe de canalisations, plusieurs fois refait entre l’époque de Tibère et celle de Commode, sous le temple octogonal et les terrasses qui l’entourent, jusqu’à des thermes situés en contrebas. En quelques points de son parcours, différents bassins dont on a déjà parlé permettaient de rendre visible cette eau souterraine65. Les offrandes exposées, qui étaient en pierre ou (antérieurement) en tôle de bronze, ou encore consistaient en récipients à puiser sur lesquels figuraient des dédicaces à Apollon66, participaient à cette mise en scène autour de l’eau jaillissante.
20Le petit groupe des pieds à l’éponge, le contexte bien documenté du sanctuaire d’Apollon Moritasgus à Alésia restent bien sûr des cas exceptionnels et privilégiés, à partir desquels on ne peut extrapoler. Chaque assemblage avec offrandes anatomiques, en Grèce, en Italie, en Gaule et ailleurs, requiert une analyse spécifique qui tienne compte à la fois de la typologie des ex-voto, de leur combinatoire, du faciès du lieu de culte dans lequel ils ont été déposés. Les quelques réflexions qui précèdent indiquent du moins dans quelles directions chercher. Les jambes et les pieds sanctionnent (ou accompagnent) l’acquittement d’un vœu souscrit dans une situation de maladie ou plus encore d’accident. Qu’il s’agisse d’ex-voto au sens technique du terme (et non d’offrandes préliminaires), un certain nombre d’inscriptions de dédicace de Gaule romaine sont là pour le prouver. Que ces vœux aient été souscrits pour recouvrer la santé, ou encore l’usage d’un membre malade ou cassé, un faisceau de preuves convergentes le prouve : d’abord l’association continuelle de ces ex-voto avec les autres offrandes anatomiques, dans les mêmes assemblages de corps en morceaux (y compris d’autres parties de membres inférieurs : orteils, genoux, cuisses ; y compris aussi avec des ex-voto animaux) ; il serait de mauvaise méthode d’extraire arbitrairement l’une des catégories de l’assemblage pour lui attribuer une signification toute différente ; ensuite, de rares ex-voto renvoient à un soin des membres inférieurs, comme les pieds à l’éponge ; dans l’Égypte romaine, l’ex-voto d’Isidoros en forme de pied renvoie expressément à un accident de char ; les témoignages post-antiques vont dans le même sens (accident ou maladie). Inversement, on ne peut établir aucune connexion entre les reliefs et rondes bosses représentant des membres inférieurs et l’acquittement de vœux pro itu et reditu pour l’heureuse issue d’un voyage. Autre chose sont les images d’empreintes de pas qu’on lie quelquefois à de tels vœux – sans toutefois que cette théorie soit acceptée par tous. En définitive, on voit bien que les offrandes de pieds et de jambes sont entièrement du côté de la guérison, du maintien ou du recouvrement de la bonne santé corporelle. Cette conclusion pourra sembler banale, alors qu’elle a souvent été contestée – peut-être justement en raison de sa trivialité. En réalité, c’est en acceptant la « banalité » même de tous ces ex-voto anatomiques qu’on leur redonnera tout leur sens, qu’on comprendra mieux l’articulation entre demande de guérison et expression religieuse du vœu, qu’on prendra pleine conscience du poids statistique de toutes ces offrandes mais en même temps des destins individuels qui se sont joués derrière chacune d’elles.
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Notes de bas de page
1 Depuis un article important de Comella 1981, p. 759, l’usage s’est établi d’appeler « complexes votifs étrusco-latio-campaniens » les ensembles d’offrandes en terre cuite, trouvés dans les lieux de culte de l’Italie antique, qui associent aux ex-voto anatomiques (toujours présents), têtes et/ou statuettes, et plus rarement des statues. La caractérisation géographique et culturelle de ce faciès votif pose problème : en réalité, l’Étrurie, le Latium et la Campanie ne forment pas, en ce qui concerne les types d’offrandes attestées, un bloc véritablement homogène, tandis que l’Étrurie du Nord et la Campanie du Sud ne sont présentes que marginalement, et que l’Italie Centrale apenninique est en partie incluse, de même que les zones de colonisation latine et romaine, au moins jusqu’à Pesaro et Rimini au nord-est, Lucera, Paestum et Venosa au sud, ainsi que leurs périphéries. Il vaudrait mieux remplacer cette appellation par une autre, plus neutre. Celle d’« assemblages avec offrandes anatomiques » insiste sur la notion d’assemblage, essentielle en archéologie, installe les offrandes anatomiques au cœur de leur définition, mais fait aussi implicitement leur place à des offrandes qui leur sont régulièrement associées (enfants en langes, têtes). Elle attire en outre l’attention sur le fait que des assemblages similaires sont déjà présents en Grèce (le cas de l’Asklêpieion de Corinthe est emblématique : Roebuck 1951) et apparaîtront en Gaule romaine après la conquête, avec des offrandes réalisées en bois, en tôle de bronze et en pierre (Cazanove 2016b et 2017).
2 Il en va autrement des inventaires épigraphiques de l’Asklêpieion d’Athènes, qui listent les tupoi de métal représentant des parties du corps, parmi lesquelles les yeux prédominent nettement (154), tandis que les membres inférieurs ne sont que 47, soit moins de 12 % du total conservé (401) : van Straten 1981, p. 108-109 ; Aleshire 1989.
3 Roebuck 1951, p. 125-128, nos 77-97 (jambes) et 98-114 (pieds).
4 Pensabene et al. 1980, p. 16, tab. 1 ; p. 265-269, nos 775-790 (jambes du Tibre, tous lieux de trouvaille) ; p. 269-310, nos 791-1193 (pieds du Tibre, tous lieux de trouvaille) ; pl. 107-109 ; soit, en tout, 419 membres inférieurs, entiers ou fragmentaires, d’où cette remarque (p. 269) : « in tutti i depositi votivi e anche tra il nostro materiale, la maggior parte di offerte è costituita da questa parte anatomica… ».
5 Bartoloni, Benedettini 2011, p. 514-558 ; 740-750 ; 761-762 et pl. LXXXII-LXXXV.
6 Fenelli 1975, p. 278-303, D 195-401.
7 Deyts 1994, p. 15, 99-119 et pl. 41-51 ; Deyts 1983, p. 113-119, nos 211- 255, pl. LVII-LXVI.
8 Romeuf, Dumontet 2000, p. 81-85.
9 Nonnis 2016, p. 362, no 16, avec bibliographie précédente (jambe de terre cuite de Véies).
10 Forsén 1996.
11 Cazanove 2009, p. 357-362 : la formule votive la plus simple, sans autre précision, u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito), se trouve sous un pied du sanctuaire d’Apollon Moritasgus à Alésia (CIL XIII, 11249) (fig. 1, 3) et sur une jambe des Sources de la Seine (Le Bohec 2003, p. 171, no 282) d’où provient un autre membre inférieur avec dédicace à Sequana, de lecture difficile (Le Bohec 2003, p. 169-170, no 279, propose Aug(ustae) sac(rum), d[e]a(e) / <bro> / Secuan[ae] / pro / C( ) M[---] / u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito). À Dijon, un relief avec une paire de jambes de profil porte l’inscription AÉ, 1927, 153 : [D]eo / [B]rito / [A]elia / Acum/[i]na / ex uoto / u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito) (fig. 1, 1-2). Dans le sanctuaire d’Essarois, à une quarantaine de km au nord des Sources de la Seine, une dédicace à Apollon Vindonnus est inscrite sur un genou : Vind(onno) Mai(i) f(ilia) / Iulia u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito) (Le Bohec 2003, p. 179, no 301). Sur un autre genou, au sanctuaire de Moritasgus à Alésia, manque en revanche la mention explicite du vœu (CIL 13, 11242 : ] M[o]/rita[sgo) ainsi que sur une cuisse de même provenance (CIL 13, 11240) : Aug(usto) sac(rum) / deo Apollin[i] / Moritasgo / Catianus Oxtai. Enfin, pour compléter cette liste des membres inférieurs accompagnés d’inscriptions en Gaule romaine, une stèle autrefois murée sur une maison de Prémeaux (près des Bolards) et maintenant dans une collection privée présente deux registres superposés séparés par une inscription difficilement lisible : en bas, deux jambes nues ; en haut, un sanglier (Espérandieu, Lantier 1949, no 8228).
12 Peut-être la plus fameuse de ces collections est celle constituée par Sir Henry Wellcome, qui fit fortune dans l’industrie pharmaceutique : Grove 2017.
13 Infra, n. 40-42. Et voir en dernier lieu Hughes 2017, p. 4-13.
14 Sur le buste masculin avec thorax ouvert laissant voir les viscères, appartenant à la collection de Pierre Decouflé (autre médecin passionné d’anatomie antique : Decouflé 1964), et acquis par le Louvre en 2011, voir Haumesser 2017, avec un ample panorama des représentations similaires.
15 Sur celles-ci, voir Recke, Wamser-Krasznai 2008 ; Recke 2013.
16 Voir infra.
17 C’est à partir du contexte qu’on peut généralement déduire si les oreilles et les yeux représentés sont ceux du dédicant ou de la divinité (par exemple Bona Dea, Isis) (van Straten 1981, p. 144). Lorsque des reproductions des organes du visage sont associées à d'autres parties du corps humain dans les « dépôts votifs », il n’y a aucune raison d’en donner une interprétation différente de celle du reste de l’assemblage, non plus que lorsqu’une inscription en établit clairement le sens. C’est ainsi que la paire d’oreilles de Cutius Gallus, à Épidaure, est sans aucun doute possible un ex-voto de guérison : Cutius has auris Gallus tibi voverat olim / Phoebigena et posuit sanus ab auriculis (CIL III 7266).
18 Derks 2012, p. 69-73.
19 Sur le fait qu’il s’agit bien d’offrandes votives, voir plus loin.
20 Chiarini 2017, p. 148 et 164.
21 Stieda 1909, p. 56 et 75-76.
22 Stieda 1909, p. 75 : « krankhaft veränderte Füsse habe ich nicht zu beobachten Gelegenheit gehabt. »
23 Guarducci 1942-1943.
24 Voir par exemple la double paire de pieds, disposée en sens inverse de Lavinium, avec la dédicace Isidi Reginae / C. Sempronius Chryse/ros uotum solbuit. Castagnoli 1972, p. 75, no 163, fig. 76.
25 Année Épigraphique 1950, 51 ; E. Simon, ThesCRA I, Bâle, 2004, no 512.
26 Si aucune représentation d’empreinte de pas ne porte de dédicace pro itu et reditu ou l’équivalent, il en existe bien une sur un pied en ronde bosse… mais son authenticité est très douteuse. Passeri 1751, pl. LXXIII, donne l’image et la description d’un pied chaussé, coupé au-dessus de la cheville, sur lequel on lit Faustos redire. Passeri ajoute (p. 47-48) : « Fortasse gemini pedes fuere, in quorum dextero boni ominis formula huic superiori respondebat Faustos Ire… ». Je remercie L. Haumesser d’avoir attiré mon attention sur cet objet hors norme. Mais justement, on sait que la collection de G. B. Passeri était largement composée de faux. Voir récemment les contributions réunies dans Micheli, Santucci 2015.
27 Castiglione 1970 ; Canto 1984 ; Dunbabin 1990 ; Puccio 2010 ; Chiarini 2017.
28 Cazanove 2013. Dans cet article, je n’avais pas pris en compte l’intéressante série de la Source des Roches à Chamalières : 5 jambes de chevaux et 1 patte de bovin : Romeuf, Dumontet 2000, p. 87-88. Il existe également quelques autres ex-voto animaux qui ne sont pas des membres.
29 C’est le uotum pro bubus ut ualeant : Caton, De agri cultura LXXXIII. Cf. Scheid 2005.
30 Caton, ibid. LXXI et CIII ; Columelle, VI, 15, 1 ; XVII, 7.
31 Dans les publications de « dépôts votifs » de l’Italie républicaine, on parle souvent de « demande de sanatio ». Il est en réalité bien peu approprié de recourir à ce mot latin rare (5 attestations dans le TLL), presque exclusivement présent dans les Tusculanes de Cicéron (Cic., Tusc. III, 5 ; IV, 15, 35 ; IV, 28, 60 ; IV, 38, 83) où il est question de la guérison des maladies de l'âme (animi morborum ... sanatio : Cic., Tusc. IV, 38, 83), voir Pigeaud 1981. En revanche, une inscription d’Aire-sur-Adour (CIL XIII, 423) parle de l’acquittement d’un vœu fait par un chef de famille ob sanitatem suam et suorum.
32 Adriani 1940 ; Naerebout 2007.
33 Trad. Bernand 1969, p. 428-430, n. 109 : ῥιφθεὶς / ἐξ ἵππων / ἀπ᾽ ὀχήμα/τος ἔνθ᾽ / Ἰσίδωρος / σωθεὶς ἀν/τὶ ποδῶν / θῆκεν ἴχνος / μάχαρι.
34 Voir récemment Goddio, Fabre 2015, p. 206.
35 Cazanove 2009, p. 368-371.
36 Grégoire de Tours, Vitae Patrum VI, 2 (De saint Gallus évêque) : … membra secundum quod unumquemque dolor attigisset, sculpebat in ligno.
37 Filotas 2005, p. 34, 87-88, 143, 169, 201, 208-209, 242, 262.
38 Kriss Rettenbeck 1972, no 120 : « Adam Berger, Bauer am Mosauer Gut... welcher dritthalb jahrlang an den rechten Füss grossen Schmerzen erlitten. So bald er sich mit diesem Opfer alhierero verlobt zu der allerseligsten Jungfrauen und Müttergottes Maria gleich Besserung und völlige Gesundheit erhalten. Der Allerheiligsten Dreifaltigkeit und Müttergottes Maria ist höchster Lob und Dank. 1717. »
39 Zola 1894 ; cf. Ternois 1958, p. 102 ; Zola 1968, VII, p. 458. Je remercie chaleureusement Jacques Noiray des précisions qu’il m’a apportées sur cet intéressant ex-voto. Sur les rapports entre médecine et miracle dans le roman de Zola, voir Noiray 2000.
40 Bernard, Vassal 1958 ; Vauthey, Vauthey 1983 surenchérissent encore dans les hypothèses médicales sur les ex-voto des Sources de la Seine et d’ailleurs en Gaule romaine. Emblématique de ce regard médical est également Baggieri 1999.
41 Curie et al. 2011.
42 Ou alors, il faudrait supposer que chaque type mécaniquement reproductible correspond à une affection particulière. C’est à quoi arrive le raisonnement de Charlier 2000 (sur les utérus), sans emporter, là non plus, la conviction.
43 L’utile Corpus delle stipi votive in Italia, tout comme les publications qui l’ont précédé ou celles qui appartiennent à d’autres séries (Capoue, le Tibre à Rome, Gravisca et Tarquinia, Préneste, Pesaro, etc.), sont centrés sur le « dépôt votif » – pour employer un terme convenu – d’UN lieu de culte, sauf rares exceptions. On ne dispose donc d’aucune typologie générale qui permette d’étudier les récurrences d’un site à l’autre, et la diffusion dans le détail de ces offrandes anatomiques, au-delà de banalités généralisatrices. J’ai essayé pour ma part de retracer précisément la distribution des différents types d’utérus en terre cuite : Cazanove 2016a.
44 Sur ce vocabulaire, voir Muller 1997, p. 443. Moules bivalves de pieds : Pensabene et al. 1980, p. 269.
45 Sur les jambes faites au tour : Cazanove 2015, p. 50-51 et fig. 13 c ; pour le bricolage en contexte de coroplathie italique : Cazanove, Féret 2010.
46 Pensabene et al. 1980, p. 307-310 et pl. 110.
47 Fenelli 1975, p. 302-303, nos D 399-402, fig. 378.
48 Deyts 1994, p. 113, pl. 48, 2.
49 Deyts 1994, p. 112-113, pl. 48, 1, 3-5.
50 Il existe une série de reliefs qui représentent des triades de divinités (assimilables aux Parques) qui président à la destinée du petit enfant. L’une tient le nourrisson emmailloté, l’autre déroule le rouleau du destin, la troisième donne (parfois) son bain au nouveau-né. Pour ce faire, elle tient un bassin et une éponge. La triade de Vertault présente une iconographie particulièrement claire à cet égard : Espérandieu 1925, no 3377.
51 Baudot 1842-1846, pl. IX, no 27 ; Deyts 1994, p. 113, pl. 48, 6.
52 Mignard 1861-1864, p. XIX ; Deyts 1976, no 200.
53 Premières indications dans Cazanove 2016b, p. 222-224 et fig. 11.
54 CIL XIII, 11249 (fig. 1, 3) ; cf. supra, n. 11.
55 Cazanove 2017, p. 63-69.
56 Bernard, Vassal 1958, p. 333, fig. 113.
57 II, 33, 3 ; III, 18, 14 ; IV, 1, 4 ; IV, 2, 6 ; IV, 7, 2 ; IV, 11, 6 ; IV, 12, 9 ; IV, 31, 6 ; IV, 31, 6 ; V, 2, 1 ; V, 26, 21a ; V, 26, 23e ; V, 26, 23e ; V, 28, 12h ; V, 28, 12n ; VI, 7, 1c ; VI, 8, 1a ; VI, 9, 1 ; VI, 13, 2 ; VII, 2, 7 ; VII, 2, 7 ; VII, 3, 3 ; VII, 7, 4d ; VII, 7, 8h ; VII, 15, 2 ; VII, 16, 5 ; VII, 19, 5 ; VII, 19, 9 ; VII, 26, 5c ; VII, 30, 1 ; VII, 30, 3a ; VII, 30, 3c; VII, 33, 2; VII, 4, 23e ; VIII, 4, 11 ; VIII, 7, 4.
58 LIMC VII, I, 1994, p. 383, 74. Voir récemment, Specque 2013, p. 264 et 277-278. La scène figure également sur un tesson de sigillée trouvé à Saint-Bertrand-de-Comminges : Picard 1957.
59 IX, 356-465 ; sur les aspects médicaux du mythe, Grmek, Gourevitch 1998, p. 85-94.
60 Cazanove 2017, p. 63-69.
61 Cazanove, sous presse.
62 Ces deux pratiques ne seraient d’ailleurs pas contradictoires.
63 Espérandieu 1925, no 7145 ; Deyts 1992, p. 220, no 90 et fig. p. 246.
64 Espérandieu 1912, p. 190 et 201.
65 Cazanove et al. 2012.
66 Cazanove, Dondin-Payre 2016.
Auteur
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, ARSCAN UMR 7041
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