1 Ce chapitre reprend l’essentiel d’un article paru dans la revue Sociologie du travail (Dalgalarrondo, 2000).
2 Essais cliniques exécutés selon un protocole unique dans des sites différents et par plusieurs investigateurs.
3 Les laboratoires pharmaceutiques emploient indifféremment pour qualifier ces essais les termes de médico-marketing, hors AMM ou essais de phase IIIb.
4 Toutes les informations nous permettant de développer cet exemple sont tirées du European Public Assessment Report (EPAR), rendu public par l’Agence européenne du médicament.
5 Un poster est une présentation écrite faite lors d’une conférence. Poster 12 282 de Sophie Grabar et Dominique Costagliola présenté à la douzième conférence mondiale du sida à Genève. Chiffres tirés du DMI 2. Rappelons que le DMI 2 est une base de données clinico-épidémiologique gérée pour le compte du ministère de la Santé par une unité de l’Inserm. Les informations recueillies concernent soixante hôpitaux français et une cohorte de plus de 61 000 patients séropositifs.
6 Si l’essai est multicentrique et international, il y aura autant d’IC différents que de pays.
7 Ce concept de l’appariement (job matching), utilisé par P. -M. Menger (1994), nous permet d’aborder sous un même concept l’ensemble du processus d’ajustement mutuel nécessaire à la coopération de nos deux acteurs.
8 Rapports annuels élaborés sous la direction du Pr Jean Dormont et rédigés sous forme de recommandations thérapeutiques.
9 Nous entendons par « attentes » l’ensemble des attitudes, décisions, actions, préférences que le laboratoire espère, en retour de sa coopération avec l’investigateur principal, voir être mises en œuvre par ce dernier au-delà de la relation technique.
10 Lorsque nous décrivions les bénéfices tangibles tels que l’obtention d’une nouvelle molécule, un apport financier, cognitif, etc., il n’était pas nécessaire de distinguer les cliniciens en fonction de leur statut. Par contre, lorsque l’on s’intéresse aux attentes des laboratoires en termes de communication, de publications ainsi qu’aux ambitions des investigateurs investis dans la recherche, il nous faut différencier les investigateurs coordinateurs des investigateurs principaux.
11 Notons que nous avons entendu cette description d’un processus « win, win » tant chez des cliniciens que chez des personnes de l’industrie pharmaceutique.
12 Ce corpus d’essais sera décrit dans le paragraphe : La dynamique d’appariement et ses effets.
13 Les filiales françaises font sans cesse allusion au mauvais niveau d’anglais des cliniciens français qui rend difficile toute présentation magistrale des résultats dans une conférence internationale. Plus généralement, les performances oratoires de certains cliniciens ne correspondent pas aux exigences des laboratoires.
14 Poursuivant cette logique, certains laboratoires vont même jusqu’à offrir la direction de certains de leurs essais à leurs plus virulents détracteurs afin de mieux « neutraliser » leur discours, et ce, en sachant que la direction d’un essai« ça ne se refuse pas ». Un laboratoire nous signalait qu’il avait offert la direction d’un essai médico-marketing à un des « détracteurs » de leur molécule, sachant qu’il ne le refuserait pas et que cela l’obligerait à communiquer aussi sur cette molécule.
15 M.C. Smith & L.R. Basara (1996) montrent bien l’instauration d’un dialogue permanent entre les départements du marketing et de la recherche. Ils montrent par ailleurs comment les designs des essais sont le fruit de cette confrontation des dimensions scientifiques et commerciales.
16 N. Oudshoorn (1994) et I. Löwy (1996 et 2003) décrivent eux aussi, dans des pathologies différentes, les essais comme des outils indispensables à la création d’un marché.
17 Cela permet à des investigateurs coordinateurs situés en province d’animer, grâce aux essais dont ils ont la direction, un réseau de cliniciens locaux et ainsi de conforter leur place de leader « régional » en permettant à des cliniciens très isolés de participer eux aussi à la recherche, d’avoir l’opportunité d’inscrire leur nom sur des abstracts, de participer à des conférences internationales, etc.
18 Le corpus des essais analysés ici a été constitué à partir du Répertoire des essais thérapeutiques édité par Arcat-sida (1992, 1994, 1995, 1996, 1997, 1998) et du bulletin d’information d’Act Up-Paris sur les essais cliniques Protocoles (n° 1 à 5). Nous avons exclu de ce corpus les essais réalisés en partenariat entre l’industrie et l’ANRS car il nous était impossible d’isoler la dimension institutionnelle qui joue dans l’attribution d’un essai de ce type à tel ou tel investigateur. Nous n’avons gardé que les essais dont on peut être certain que l’industrie la choisi son investigateur sans autres contraintes que ses propres critères. Nous avons également exclu, par souci d’homogénéité, les essais pédiatriques qui ne concernent qu’un petit nombre de cliniciens spécialisés.
19 Nous nous intéressons dans cette partie uniquement aux investigateurs coordinateurs, que le promoteur soit un industriel, l’ANRS ou autre, considérant qu’ils sont les véritables bénéficiaires des biens cognitifs, réputationnels, etc., de la recherche thérapeutique.