1. Comment définir la qualité de l’eau ?
p. 203
Texte intégral
1Comment se définit la qualité de l’eau ? Peut-on parler en général d’une eau de bonne ou de mauvaise qualité ? Il serait tout d’abord important de réfléchir aux divers usages de l’eau qui requièrent différents critères de qualité. Les eaux naturelles, lacs, rivières et océans, représentent des écosystèmes aquatiques dans lesquels vivent des communautés complexes d’organismes. La qualité des eaux naturelles est donc d’importance primordiale pour le développement et la bonne condition écologique de ces communautés. Par ailleurs, l’eau potable est une ressource indispensable pour les humains, dont la qualité doit être définie par rapport à la santé publique* et est étroitement liée à la qualité des ressources naturelles dont elle provient, eaux souterraines, eaux de surface ou aussi eau de mer après dessalement.
2La composition des eaux naturelles est déterminée par l’altération des roches, les échanges entre l’eau et l’atmosphère, ainsi que par les interactions avec les organismes aquatiques par la photosynthèse et la respiration. Les échanges de gaz avec l’atmosphère régulent en particulier l’oxygène, indispensable aux organismes supérieurs et le dioxyde de carbone. Les nutriments, tels que le phosphore et l’azote au niveau naturel, permettent le développement d’une communauté écologique saine.
3Les apports des polluants dans les eaux naturelles proviennent soit de sources ponctuelles, telles que les rejets d’eaux usées domestiques, industrielles et minières, soit de sources diffuses comme le lessivage des sols agricoles et le ruissellement sur les surfaces urbanisées. Les apports excessifs des nutriments, en particulier le phosphore et l’azote, provoquent des phénomènes d’eutrophisation* qui induisent un manque d’oxygène dans certaines zones des eaux. Les métaux traces tels que le cuivre, le zinc, le cadmium ou le mercure peuvent exercer des effets toxiques sur les organismes aquatiques, même à faibles concentrations. Les composés organiques xénobiotiques* comprennent des milliers de composés différents, tels que des produits phytosanitaires, pesticides, herbicides, fongicides, des détergents, des solvants, des produits pharmaceutiques et des produits pétroliers. Bien que présents en faibles quantités, les polluants organiques peuvent s’accumuler dans les organismes et être transférés dans la chaîne alimentaire. Les nanoparticules manufacturées* utilisées dans les produits de consommation, comme les nanoparticules d’argent ou de dioxyde de titane, représentent un nouveau type de polluants aux effets encore mal connus. Les apports atmosphériques distribuent les polluants à grande échelle, en particulier les acides forts provenant des oxydes de soufre et d’azote, qui sont responsables des phénomènes d’acidification* et des composés organiques ou éléments volatils.
4La définition de la qualité de l’eau, ainsi que les activités de surveillance des eaux naturelles, aussi bien que des eaux potables, doivent donc tenir compte des développements techniques causant l’apparition de nouveaux types de pollution, mais aussi des nouvelles connaissances acquises dans le cadre des recherches actuelles.
Auteur
Chimiste, Professeure à l’École Polytechnique Fédérale de Zurich, Eawag, Dübendorf, Suisse, p. 203.
laura.sigg@eawag.ch
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