Nouvelles données sur la végétation préhistorique postglaciaire méditerranéenne d’après l’analyse anthracologique
p. 87-94
Résumés
L’étude de nouveaux remplissages préhistoriques à longues séquences permet d’ébaucher une zonation à quatre phases. Seule la transition 1/2 au cours du Boréal est imputable au climat. Les autres résultent de la progression de l’action humaine.
The study of new prehistoric karstic deposits containing long sequences allow to describe four phases. Only the transition between the first and the second during the Boreal period has a climatic determinism. The others are the consequence of human action.
Texte intégral
1L’analyse anthracologique de gisements à longues séquences dans l’Hérault, le Vaucluse et le Var, vient éclairer notre connaissance du climat et des relations homme-milieu végétal, de l’Epipaléolithique à la fin du Néolithique.
2Quatre gisements ont été étudiés :
Unang (Mallemort, Vaucluse, altitude 150 m) dans l’étage supraméditerranéen, série du Chêne pubescent ;
Pialat (St Bauzille de Putois, Hérault, altitude 250 m) dans l’étage mésoméditerranéen, série mixte du Chêne vert et du Chêne pubescent ;
l’Abeurador (Félines-Minervois, Hérault, altitude 580 m) dans l’étage mésoméditerranéen, série du Chêne vert ;
Fontbrégoua (Salernes, Var, altitude 400 m) dans l’étage mésoméditerranéen, série du Chêne vert avec Pin d’Alep.
3L’analyse anthracologique a porté sur environ 7 500 charbons de bois issus d’horizons archéologiques attribuables à la période allant de l’Epipaléolithique au Bronze ancien (Unang), au Néolithique récent (Pialat, Fontbrégoua), au Chasséen (Abeurador). La chronologie est étayée par une vingtaine de dates C 14.
Fontbrégoua
4La série stratigraphique de Fontbrégoua (Courtin, 1976) a livré des industries à sagaie en os du Paléolithique supérieur final, du mésolithique sauveterroïde puis, après un hiatus (niveau de sable), le Néolithique Cardial et le Chasséen. Plusieurs C 14 permettent de dater cette séquence (fig. 1).
5L’analyse a porté sur 723 charbons répartis régulièrement dans 9 niveaux. Les résultats présentés, même s’ils ont permis l’établissement d’un diagramme, ne sont pas encore définitifs et seront approfondis ultérieurement. Déjà, une note préliminaire (Vernet, 1980-a) permettait de distinguer deux grands ensembles floristiques, l’un Epipaléolithique et mésolithique, l’autre Néolithique. Le premier ensemble montre l’importance des Pinus silvestris et Juniperus, avec quelques rares Pinus halepensis et Chênes à feuillage caduc. Pinus silvestris décroît régulièrement de 11200 à 7600 B.P. alors qu’inversement Juniperus est bien représenté à la fin de la séquence mésolithique à 7600 B.P. Quelques charbons de Pinus atypiques pouvant se rapporter à Pinus salzmannii par la topographie des canaux sécréteurs (en début de cerne) accompagent Pinus silvestris. Un autre point intéressant est la présence indiscutable, quoique par deux charbons seulement, de Pinus halepensis dès 9570 B.P. Les Chênes à feuillage caduc n’apparaissent vraiment qu’à cette date avec le Pin d’Alep. Ceci rejoint les conclusions de Beaulieu sur les tourbières d’altitude (Beaulieu, 1977), selon qui les chênaies se sont développées dès l’Alleröd puis au Préboréal, au sud des Alpes. De même, le Pin d’Alep a été mis en évidence dans la basse vallée du Rhône par la palynologie dès l’Alleröd (Triat-Laval, 1978).
6L’ensemble Néolithique voit disparaître les derniers Pinus silvestris. A partir de 7600 B.P., cette espèce n’est plus récoltée vraisemblablement pour des raisons écologiques. On note en effet, désormais, la forte représentation du Pin d’Alep, celle-ci débutant vers 7000 B.P. si on tient compte des deux dates C14 de 7600 et 6450 B.P. qui précèdent et suivent le début de la courbe continue de cette espèce. A Châteauneuf les martigues (Vernet, 1971), l’extension du Pin d’Alep se fait à la fin du Boréal vers 7000-7500 B.P. En Languedoc, les niveaux Cardial de Corrège (Vernet, 1980-b) ont livré du Pin d’Alep à 6800 B.P. Toutefois, il faut noter que ce Pin n’existe pas ou est rare à l’intérieur des terres dans cette région, c’est le cas de La Poujade, d’Unang, ou de différents sites de l’Aude tels Jean-Cros ou Canecaude. L’analyse pollinique (Planchais, 1973, Planchais, 1982, Planchais et Duzer, 1978) conclut à la rareté du Pin d’Alep dans les spectres postglaciaires languedociens avant une époque subrécente, historique. En Catalogne, Ros-Mora ne rencontre le Pin d’Alep qu’à partir du Chalcolithique (Ros-Mora et Vernet, 1984). Le rapprochement le plus intéressant est peut-être avec l’Espagne sud-orientale. Des travaux récents (Vernet et al., 1983) démontrent l’extension du Pin d’Alep dans la région de Valencia vers 7000 B.P. Dans cette région, plusieurs éléments sont en faveur de déboisements importants dès cette date (augmentation de l’Oléastre et des Bruyères, moindre importance du Chêne vert). Il ne semble pas que Fontbrégroua obéisse tout à fait à ce modèle. En effet, les Chênes à feuillage caduc sont bien représentés jusqu’à la fin de la série soit vers 5000 B.P. et surtout l’on ne rencontre pas Quercus ilex dont l’extension ne peut donc être que Chalcolithique au minimum selon un modèle classique (Vernet, 1973). Le Buis, marqueur surtout supraméditerranéen de la dégradation, est rare et ne peut être utilisé ici pour la démonstration. L’extension du Pin d’Alep parallèle à celle des Chênes à feuillage caduc pourrait donc être climatique, traduisant la mise en place d’un climat plus tempéré.
Pialat
7La grotte de l’abbé Pialat a fait l’objet d’un sondage en 1977 par J. Coularou. Un important ensemble mésolithique (entre 9330 et 7820 B.P.) a livré une flore (686 charbons au total) dominée par Juniperus (76 à 90 % des charbons de bois) avec des Erables dont Acer cam-pestre, Phillyrea, Prunus mahaleb (fig. 2). L’Amandier (Amygdalus communis) est présent. A la fin de la séquence, à 8500 B.P., le Buis fait son apparition en même temps que les Chênes à feuillage caduc et Quercus cf. ilex. L’ensemble néolithique réduit au seul Chasséen est très différent, les Chênes à feuillage caduc atteignant 40-60 et 100 % des niveaux avec Phillyrea, Prunus mahaleb, Acer etc.
Abeurador
8La séquence de l’Abeurador comprend un épais remplissage épipaléolithique, mésolithique et néolithique dont l’étude est en cours (Vaquer et Barbaza, inédit). De nombreuses graines impliquant une activité soutenue de cueillette ont été par ailleurs étudiées (Erroux, 1980). Un millier de charbons de bois ont permis l’élaboration de résultats encore préliminaires (fig.3).
9Les niveaux épipaléolithiques comprennent de forts pourcentages de Pinus silvestris accompagnés d’espèces thermophiles, Quercus cf. pubescens, Quercus ilex, Acer monspessulanum. Les Genévriers sont abondants avec deux espèces, l’une Juniperus phoenicea, l’autre Juniperus communis ou oxycerdrus. Jusqu’à présent, il n’a pu être mis en évidence Juniperus thurifera, espèce soupçonnée par les botanistes pour avoir eu une extension ancienne. Ces phases riches en Genévriers de la fin du dernier glaciaire et du début de l’Holocène leur paraissant pourtant favorables.
10Les niveaux mésolithiques sont riches en Juniperus phoenicea alors que le Pin sylvestre a pratiquement disparu. Les Chênes, Quercus cf. pubescens surtout, augmentent beaucoup. On note aussi Quercus ilex, Rham-nus alaternus, Prunus mahaleb, Buxus sempervirens etc.
11Le dernier niveau mésolithique et surtout le Néolithique sont caractérisés par la forte dominance des taxons de la chênaie pubescente que sont Quercus cf. pubescens, Prunus mahaleb, Acer monspessulanum, Phillyrea, Tilia, Sorbus, Buxus sempervirens et Quercus ilex.
Unang
12Le remplissage de la grotte d’Unang est complexe ; il permet cependant de reconnaître quatre ensembles culturels, Paléolithique supérieur terminal, mésolithique, Néolithique Cardial et Epicardial. Les dates obt-nues pour les couches néolithiques sont comparables, notamment le niveau 3 (5840 B.P.) et le niveau 6 (5900 B.P.) ce qui peut laisser envisager la contemporanéité de toute une série de couches ou plus vraisemblablement un problème de datation. La couche 3 est un peu ancienne pour du Chasséen encore qu’à La Poujade (Arnal, 1979, Krauss-Marguet, 1981) une date équivalente est connue (6140 B.P.).
13L’analyse anthracologique a permis la mise en évidence de 23 taxons sur un total de 2052 échantillons (Thiébault, 1983). La figure 4 donne un tableau schématique de ces résultats.
14Les Genévriers sont présents dans toutes les couches avec un maximum dans le mésolithique. Ils déclinent peu à peu et finissent par disparaître des niveaux supérieurs néolithiques. Le Buis présente une courbe très exactement inverse, avec un minimum au mésolithique et un maximum à la fin du Néolithique. Cette courbe permet l’individualisation de deux séquences : la première voit la montée du Buis accompagné des Chênes à feuillage caduc (fin du mésolithique, début du Néolithique). Les Chênes caducifoliés à leur maximum sont accompagnés de Phillyrea, Quercus ilex, Corylus avellana etc. La seconde voit le Buis atteindre de forts pourcentages (à partir de 6000 B.P.). Tout se passe alors comme si la buxaie remplaçait la chênaie caducifoliée. Dans ces conditions, il ne peut s’agir que d’une action intentionnelle, anthropique, sur la végétation.
15Quercus ilex, le Chêne vert, apparaît dès le dernier niveau mésolithique. On peut rapprocher cet événement des données de l’analyse pollinique. Le Chêne vert a été observé à Beauchamp-Panières dans un niveau immédiatement au-dessus de 8390 B.P. (Triat-Laval, 1978). Des charbons de Chênes verts ont été trouvés à Gazel dans l’Aude au Boréal (Vernet, 1980-b). Pour Triat-Laval (1978 p. 256) « Tout se passe comme si le premier essor de Quercus ilex se faisait aux dépens de Juniperus dont la courbe décline à ce moment ». La courbe de Quercus ilex ne dépasse jamais 10 % ; c’est seulement à la fin du Néolithique et surtout à l’âge des métaux que le Chêne vert atteindra son maximum. Il partage alors avec le Buis la quasi totalité des pourcentages.
Discussion : Essai de zonation de la végétation préhistorique
16Les successions de végétations s’intègrent dans un ensemble plus général que nous allons présenter. Plusieurs phases ont été distinguées en fonction des événements repères des diagrammes anthracologiques. C’est le remplissage karstique de La Poujade (Krauss-Marguet, 1981) qui nous sert de référence (fig. 5).
17A La Poujade, sur la base de 3 077 charbons de bois, quatre phases principales ont été mises en évidence :
18Phase 1 (9500 à 8000 B.P.) : Elle est caractérisée par la dominance des Juniperus avec Pinus silvestris, Amygdalus, Prunus mahaleb, Quercus sp. à feuillage caduc, Acer, Phillyrea etc. Une partie de cet assemblage a été comparée aux associations à Juniperus, Amygdalus, Pistacia d’Iran et Palestine qui forment des forêts-steppes (Zohary, 1973). De même, les formations à Pins à crochets et Genévriers nains du mont Ventoux sont qualifiées de formations préforestières de climat semi-aride froid (Quézel et al., 1980).
19Phase 2 (8000 à 6000 B.P.) : Le plus caractéristique est la régression des Juniperus alors que les Chênes à feuillage caduc deviennent prépondérants accompagnés de Corylus avellana, Acer monspessulanum, Phillyrea angustifolia et P. média etc. Quelques rares charbons de Quercus ilex ont été mis en évidence. Cet ensemble rappelle l’actuelle série supraméditerranéenne du Chêne pubescent. Bien que le passage de la phase 1 à la phase 2 puisse être imputable à une dynamique propre de la végétation, les données classiques sur le climat mondial plaident en faveur d’une période de réchauffement.
20Phase 3 (6000 à 4000 B.P.) : Le développement rapide du Buis est l’élément marquant de cette période dont la limite supérieure est estimée d’après l’apparition du Hêtre. On sait, en effet, que l’expansion du Hêtre dans les Causses se place vers le milieu du Subboréal. Les Chênes à feuillage caduc sont présents et accompagnés des mêmes espèces qu’en phase 2. Aucune signification climatique ne peut être accordée à cet assemblage. La forte emprise du Buis marque, en revanche, l’anthropisation croissante imputable à l’économie chasséenne, l’élevage, le pâturage et les défrichements.
21Phase 4 (au-delà de 4000 B.P.) : C’est la phase ultime repérée par l’apparition de Fagus et Taxus dont l’histoire est connue par ailleurs. Bien que pouvant indiquer une tendance vers un climat plus frais et humide, elle est caractérisée par les fortes fréquences de Buis et, à cet égard, doit être interprétée comme la phase 3. Des céréales ont d’ailleurs été retrouvées dans ces niveaux.
22A Fontbrégoua deux phases certaines ont été reconnues. La phase 1 peut elle-même se subdiviser en phase la antérieure à 9000 B.P. au cours de laquelle le Pin sylvestre est l’élément marquant et une phase 1b qui voit le maximum des Genévriers, l’extension des Chênes à feuillage caduc, l’arrivée du Pin d’Alep. La limite entre les phases 1 et 2 est à situer entre 7600 et 6450 B.P. Nous l’avons placée, en moyenne, à 7000 B.P. Elle voit la baisse des fréquences de Genévriers et l’augmentation du Pin d’Alep. La phase 2 ou phase de la chênaie caducifoliée se prolongerait entre 5000 et 6000 B.P. par une phase 3 anthropique marquée ici, seulement, par les progrès du Genévrier (fig. 6).
23A Pialat, l’absence de chronoséquence détaillée ne permet que la reconnaissance des phases 1 et 2. On notera qu’en phase 1 la forte dominance des restes de Genévriers et les datages C 14 postérieurs à 9000 B.P., accréditent l’existence d’une phase 1b (fig. 6).
24A l’Abeurador, une phase la antérieure à 8740 B.P., dominée par les Pins sylvestres est bien caractérisée. On y note de nombreuses thermophiles comme Quercus ilex et les Chênes à feuillage caduc. La phase lb est marquée par l’affaiblissement des Pins alors que les Genévriers se maintiennent. Enfin, la phase 2 est celle des Chênes à feuillage caduc. La limite 1-2 se trouve dans les derniers niveaux mésolithiques et peut se situer entre 7000 et 7500 B.P. par comparaison avec les autres gisements (fig. 6).
25Unang pose un problème pour le moment car la seule phase 3 est datée. Cependant, la séquence est suffisamment claire pour distinguer une phase la à Pin sylvestre et lb à Genévrier dans le mésolithique. Elle pourrait se terminer avec l’extension de Quercus ilex, le diagramme pollinique des marais proches de Beauchamp-Panières situant celle-ci un peu après 8390 B.P. (Triat-Laval, ibid.). La phase 2 est celle de la chênaie caducifoliée. Sa limite supérieure correspond à l’extension du Buis avec une date de 6000 B.P. A la phase 3 d’anthropisation succède une phase 4 post-Néolithique où la dégradation est maximum avec Buxus sempervirens et Quercus ilex (fig. 6).
26Cette tentative de zonation anthracologique maintenant rendue possible par l’existence de longues séries peut être comparée à la palynologie des gisements favorables, marais, tourbières littorales ou d’altitude. Ainsi, dans la basse vallée du Rhône, Triat-Laval (fig. 7) montre que le Préboréal est caractérisé par une forte poussée de la pinède (optimum de Pinus) qui devait avoir une très vaste extension comme l’indiquent aussi nos résultats, la phase la étant homologue en grande partie au moins de cette période. Cette poussée intervient au début du Préboréal. Bien qu’une lacune ait généralement affecté la fin du Préboréal et le début du Boréal, l’auteur considère la limite inférieure du Boréal par la chute de la courbe de Pinus, le Boréal étant caractérisé par l’installation de la chênaie caducifoliée, plus précoce toutefois vers la côte (10000 B.P.). La dominance de la chênaie à Quercus pubescens devient effective à partir de 8200 B.P. en moyenne. Ainsi, la comparaison des données polliniques et anthracologiques montre que le début de la phase 2 qui se place dans le Boréal correspond bien au début de la dominance de la chênaie caducifoliée. Reste le problème de la phase anthracologique lb à Genévrier qui se place immédiatement avant la dominance de la chênaie. L’interprétation ne peut être aussi évidente dans la mesure où il ne s’agit pas d’une espèce forestière majeure. Une courbe de Juniperus a bien été mise en évidence dans la basse vallée du Rhône mais l’optimum de ce résineux est plutôt au Préboréal ou même avant. Au Dryas ancien, ainsi, Triât décrit une fruticée lâche de Juniperus sans espèces méso-thermophiles avec des herbacées de milieu aride et froid. Au Bölling-Alleröd, cette végétation est remplacée par la pinède. Puis, au Dryas récent, retour à une steppe « presque semblable à celle du Dryas ancien » (Triat-Laval, ibid., p. 218). Toutefois, l’assemblage de la phase anthracologique lb ne peut correspondre à la steppe du Dryas ancien puisque l’on y rencontre des taxons méso- ou thermophiles comme les Chênes à feuillage caduc, le Pin d’Alep ou même Prunus cf. amygdalus (La Poujade, Pialat), ce dernier retrouvé dans sept sites de la Catalogne à l’Ardèche depuis la fin du Dryas ancien jusqu’au début du Postglaciaire (Bazile-Robert, 1980). mais, le problème est sans doute plus complexe puisqu’à l’Abeurador, à Unang et à Fontbrégoua l’Amandier n’a pas été retrouvé. On doit donc considérer que les conditions climatiques semi-arides du Boréal favorisaient sur environ 1000 à 1500 ans le développement d’une végétation originale localisée le plus souvent aux plus basses altitudes.
27En Languedoc (Planchais, 1982) l’analyse pollinique de l’étang de mauguio permet de reconstituer les derniers 5000 ans. Planchais distingue ainsi deux étapes principales :
28A partir de 4760 à 3000 B.P., pression humaine encore peu importante, c’est la chênaie caducifoliée. L’équilibre de la végétation n’est pas réversible. Il y a des défrichements mais les pollens d’arbres et d’arbustes l’emportent encore.
29Postérieurement à 3000 B.P., les pollens de Composées type Liguliflores et les Artemisia augmentent considérablement, indiquant une transformation profonde de la végétation. Les pollens de céréales sont présents depuis 4760 B.P. avec le Buis et Erica arborea. Le Buis voit son maximum vers 2000 B.P. Il y a donc beaucoup d’analogie avec les phases anthracologiques 3 et surtout 4.
30Dans la basse vallée du Rhône, seuls deux diagrammes sur sept montrent au Boréal une déforestation en rapport avec l’élevage. A l’Atlantique, les preuves de l’action humaine sur la forêt abondent accompagnées d’un début de l’agriculture (9 diagrammes sur 15). Enfin, au Subboréal-Subatlantique, tous les diagrammes ou presque sont concernés par l’action humaine (Triat-Laval, ibid.).
Conclusions
31L’exploitation de remplissages karstiques préhistoriques à longues séquences, entreprise depuis 1980, permet maintenant la mise sur pied d’une zonation de la végétation. Celle-ci, pour être complète, devra prendre en compte toutes les données connues (Vernet depuis 1970 etc.), synthèse qui dépasse le cadre de cet article.
32Quatre phases ont été reconnues. Nous n’avons pas voulu les faire entrer, au moins dans un premier temps, dans la chronologie classique d’Europe non méditerranéenne telle celle de Firbas. Il paraît plus rationnel d’établir d’abord un modèle régional méditerranéen. Les limites des phases sont encore imprécises, la limite 1-2 pouvant varier d’une région à l’autre entre 8000 et 7000 B.P. La phase 3, qui débute en pleine période Atlantique à 6000 B.P., traduit l’accélération voire l’irréversibilité des processus d’anthropisation.
33Une autre considération importante concerne les événements climatiques. Ils ne sont nulle part évidents sauf pour les deux premières phases encore qu’une part des changements observés puisse être imputable à la dynamique progressive de la végétation - c’est ce qu’il faudra vérifier. Le déterminisme anthropique l’emporte ensuite avec évidence.
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Notes de fin
1 Paléobotanique, Institut des Sciences de l’Evolution, UA 327 au C.N.R.S., Université des Sciences et Techniques du Languedoc, 34060 montpellier Cedex.
2 Institut d’Art et d’Archéologie, Université de Paris I.
3 Paléobotanique, Institut des Sciences de l’Evolution, UA 327 au C.N.R.S., Université des Sciences et Techniques du Languedoc, 34060 montpellier Cedex.
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