1. Une épidémie de peste à Lambesc en 1590 : un faisceau d’arguments archéologiques et historiques
p. 11-36
Texte intégral
1La fouille archéologique du cimetière et le dépouillement des archives ont été concomitantes. Les investigations ont ensuite porté sur l’ensemble du hameau et de ses abords à l’occasion d’une seconde intervention dirigée par F. Raynaud (Raynaud, 2002). C’est la conjonction des informations issues de ces trois sources qui a permis de confirmer la vocation et la datation de ce cimetière, et d’établir les faits matériels et culturels relatifs à l’infirmerie de la peste.
Les faits archéologiques
2Le cimetière a été découvert à une trentaine de mètres au nord d’un groupe de maisons sis à l’extrémité est du hameau bâti le long du chemin de Suès. Il occupait le secteur sud-ouest d’un champ de céréales (cadastre AX-183), d’environ 5 000 m2, longé au sud par une haie le séparant de deux petites parcelles attenantes aux habitations (fig. 2 et 3). À l’ouest, la parcelle était limitée par un chemin rural reliant le hameau au carrefour des chemins de Badasset et de Calavon (fig. 2 et 4).
3Ce découpage parcellaire est le fruit de remembrements récents qui ont respecté le réseau de chemins, comme le montre le cadastre napoléonien (fig. 5) daté de 1835. Sur ce même document apparaît un parcellaire beaucoup plus morcelé où la superficie de la parcelle dans laquelle se situe le cimetière, se réduit à environ 3 600 m2, tandis que la zone contiguë au nord des bâtiments correspond à une seule parcelle d’une étendue de 600 m2. Les cadastres antérieurs montrent que les surfaces de ces parcelles ont considérablement évolué au gré des acquisitions ou des héritages. Ainsi, la mutation de 1594 précise que le cimetière occupe une parcelle d’une éminée, soit environ 988 m2, en confront avec une terre, appartenant à Jacques et Pierre Aguard, et avec l’aire de Frances Fede, propriétaire d’une bastide.
4L’étude archéologique des bâtisses du hameau dirigée par F. Raynaud (Raynaud, 1997 et 2002) a apporté quelques précisions topographiques en même temps qu’elle suscite de nouvelles questions. Ces recherches ont montré que, si les documents les plus anciens font état du quartier de Farriol ou des Fédons peuplé de plusieurs bastides que les cadastres situent à proximité du chemin de Sués, seul un bâtiment sis à l’ouest du hameau est antérieur au milieu du xvie siècle ; la plupart des autres constructions ayant été datées des xviie et xviiie siècles. C’est le cas notamment de la bastide la plus proche du cimetière qui s’est progressivement constituée autour d’un noyau primitif, un bâtiment rectangulaire (13 m x 1, 7 m) présentant un rez-de-chaussée voûté (fig. 6) surmonté d’un étage partiellement conservé au moment de l’intervention. Ce bâtiment ouvrait sur le sud, il était séparé de la route de Suès par une cour. Au nord, un bâtiment agricole à étage y était accolé ; il communiquait avec une aire de dépiquage caladée, de 415 m2 de surface, conservée dans son état de la fin du xviiie siècle. La fouille du sol du rez-de-chaussée du bâtiment principal - le substrat simplement nivelé - a livré du matériel archéologique du milieu du xviie siècle. Cet état est probablement à mettre en rapport avec les travaux entrepris dans la première moitié du xviie siècle par le sieur de Bonfils, lieutenant criminel d’Aix-en-Provence, nouveau propriétaire de la bastide des Fédons. Ainsi, alors que l’implantation et la fonction de ce bâtiment répondent parfaitement à l’image des lieux donnée par les textes relatifs à l’infirmerie de peste, le lien entre ces événements et les faits archéologiques n’a pu être formellement établi par la fouille.
Topographie et stratigraphie
5Le champ dans lequel a été découvert le cimetière présentait une surface relativement plane, en légère pente du sud vers le nord-ouest (de la cote 193, 12 m NGF à 192, 96 m NGF), aux pourtours simplement soulignés par un rehaussement sensible caractéristique des labours. La stratigraphie de ce terrain était des plus élémentaire. Il était implanté sur une ancienne cuvette comblée de dépôts molassiques (molasse helvétienne) et de marnes sableuses micacées jaunes miocènes. Ce faciès affleurait sur le rebord de la cuvette, légèrement surélevé et marqué par un replat sur lequel furent bâties les maisons du hameau.
6À l’Holocène, cette dépression a enregistré une série d’épisodes sédimentaires d’origine alluviale ou colluviale qui l’ont colmatée. Les fosses des sépultures furent creusées dans la séquence supérieure de ce comblement : un dépôt de marnes sableuses souples, mais compactes, ou de limons bruns homogènes et compacts (US 04, fig. 7). Ces couches ont livré quelques silex et tessons de céramiques modelées. Les labours ont remanié les 0,40 m à 0,70 m supérieurs de la stratigraphie, créant à leur base une semelle limono-caillouteuse brune où se mêlaient des fragments de céramiques antiques et modernes.
7La faible sédimentation enregistrée depuis l’Antiquité, voire peut-être l’érosion, fait que les labours récents, plus profonds, ont anéanti toute chance d’appréhender le niveau de circulation correspondant au cimetière. Le comblement des tombes était constitué de sédiment argilo-sableux brun, présentant un peu plus de marne dans le secteur sud, et contenant parfois quelques galets et pierres ainsi que de rares tessons de céramiques3 et éléments lithiques4.
8Ces caractéristiques, jointes à la certitude que le cimetière fut occupé sur un court laps de temps, ont conduit à régler le décapage de 1 700 m2 de terrain (fig. 4) sur la base du niveau de labour afin de pouvoir localiser aisément les tombes dont le comblement se détachait nettement de la matrice sédimentaire.
Limites et organisation
9Le cimetière est un espace ordonné comprenant 101 fosses à inhumation, dont 26 multiples, orientées est-ouest avec des variations minimes (fig. 8). L’absence de toute trace de clôture, fossé ou murette le délimitant, rend l’appréhension de ses contours difficile. L’implantation des sépultures dessine une figure approximativement quadrangulaire de 19 m de long sur 11 m à 14 m de large, correspondant à une surface d’environ 240 m2.
10Les limites nord, est et ouest de cette figure ne s’appuient sur aucun trait reconnu du paysage contemporain ou ancien (chemin, limite de parcelle). Seule, la limite d’extension des sépultures au sud pourrait s’approcher d’un bord de parcelle, suggéré par un exhaussement du substrat vers le sud qui coïncide avec l’amorce d’un talus supportant la plate-forme de l’aire de dépiquage et avec des anomalies dans la répartition des sépultures.
11Les tombes se répartissent approximativement en dix-huit rangées d’est en ouest (fig. 9) et six du nord au sud, de lecture plus approximative (fig. 10) ; une fosse isolée à l’extrémité nord-est pourrait signaler l’amorce d’une dix-neuvième rangée.
12Des distorsions dans l’implantation ou les dimensions des tombes ont induit des variations dans le nombre de rangées d’axe nord-sud : environ six dans la moitié sud du cimetière, sept en zone médiane avec un surcroît de petites fosses, et cinq dans la partie nord où les tombes sont plus espacées. Elles sont surtout imputables aux dimensions variables des fosses. Notamment, la surface importante des sépultures multiples, qui empiètent évidemment dans les espaces voisins, a parfois contraint les fossoyeurs à décaler sensiblement les sépultures mitoyennes. C’est ainsi que, pour s’écarter des fosses SP 99 et SP 79 ou encore SP 70 et SP 69, les sépultures doubles SP 65 et SP 75 ont dû être déviées nettement au nord de leur alignement théorique. Cette même particularité s’observe également avec les sépultures doubles SP 41, 42 et 72 évitant le contact avec les fosses 38, 65 et 78 ; ou encore la sépulture quadruple SP 16, de dimensions très importantes.
13D’autres facteurs ont engendré des contraintes dans l’implantation des fosses et, par voie de conséquence, dans la disposition des rangées. Dans l’espace situé à l’angle sud-est du cimetière, les deuxième et troisième rangées sont incomplètes et les sépultures SP 05, 85, 90 et 91, repoussées sur le pourtour de la zone selon une orientation divergente, semblent contourner une dépression circulaire pouvant avoir contenu des végétaux (arbre ou bosquet ?). Enfin, toujours dans la partie sud du cimetière, un dernier obstacle, un plissement du substrat rocheux, de 0,60 m à 1,50 m de large, formé d’un alignement de gros blocs calcaires insérés dans des dépôts gréseux, explique l’absence de deux tombes vers l’extrémité ouest des troisième et quatrième rangées ainsi que le désaxement au nord de la sépulture SP 75.
14L’exiguïté des intervalles entre les rangées confirme aussi une volonté de réduire au mieux la surface consacrée aux inhumations. D’une largeur variant de 0,30 m à 0,80 m, l’espacement, relativement étroit, entre deux tombes individuelles s’amplifie localement avec la présence des sépultures multiples. Il n’est pas exclu non plus que la position très rapprochée de certaines tombes, telles SP 66 et 67 s’insérant dans une même largeur que la sépulture double SP 65, puisse résulter d’une recherche de mitoyenneté. On constate ainsi que si l’on ajoute aux faibles intervalles entre tombes la restitution d’un tertre de terre, débordant inévitablement le contour des fosses et réduisant encore l’espacement, le cheminement entre les tombes paraît, sinon exclu, du moins très difficile.
15Par ailleurs, malgré l’absence, ou la non-perception, de limites matérielles et la forte densité de sépultures, le plan d’ensemble des fosses laisse supposer que le cimetière a été constitué selon un ordre de progression précis. Faute de chronologies relatives bien définies, on peut tenter de rechercher celui-ci en s’appuyant sur des données nettement plus fugaces et subjectives telles que les distorsions du plan ou l’ordre de dépôt des cadavres dans les fosses.
16Il peut être avancé que le décalage de nombreuses fosses contournant au nord les sépultures multiples indique un développement du cimetière du sud vers le nord. C’est ainsi que les rangs, relativement droits au sud, s’infléchissent à partir du milieu du site, siège de nombreuses fosses doubles ou triples.
17La disposition des défunts dans les fosses à inhumations multiples peut également indiquer une progression du sud vers le nord (12 cas parmi les 26 fosses multiples). On peut en effet supposer que l’étroitesse des espacements entre les tombes imposait d’accéder à la tombe et d’y déposer les corps à partir d’un endroit dégagé. C’est ce que démontreraient neuf sépultures multiples (SP 41, 47, 48, 74, 75, 85, 86, 87 et 100)5 où la superposition partielle des squelettes fait apparaître un dépôt progressif à partir du sud de la fosse (fig. 11). Sur trois autres sépultures multiples (SP 42, 52 et 65), ce même ordre d’inhumation peut être restitué, non pas par la superposition des corps, mais par la posture relative de chaque squelette dans la fosse : le premier défunt est alors déposé en extension et occupe une grande partie de la tombe tandis que les suivants sont compressés dans l’espace restant libre et présentent des positions plus ou moins fléchies (fig. 12).
Formats des fosses
18Les formes des sépultures sont homogènes. Globalement, les fosses présentent un contour rectangulaire, habituellement étroit, aux angles arrondis, et aux parois plus ou moins rectilignes selon le nombre d’individus inhumés. Les dimensions des fosses d’immatures varient en moyenne de 1 m à 1,60 m de long pour 0,30 m à 0,50 m de large, celles des fosses d’adultes de 1,60 m à 1,90 m de long pour 0,40 m à 0,50 m de large, et enfin celles des fosses multiples de 1, 60 m à 2,40 m de long pour 0,60 m à 1,30 m de large. Leurs profondeurs vont de 0,15 m à 0,40 m, sous le niveau de décapage ; soit 1 m à 1,25 m sous la surface du terrain actuel, sans doute assez proche de celle du xvie siècle. Les parois sont généralement verticales et le fond est plat ou très légèrement incurvé.
19Une observation plus précise montre des particularités, notamment des formes plus irrégulières pour certaines tombes ou des formats sous ou surdimensionnés par rapport à l’individu inhumé. Plusieurs fosses à inhumations multiples présentent des contours trapézoïdaux irréguliers (SP 22, 48, 52, 72, 75, 77, 85 et 86) ; l’une des grandes parois affectant un tracé oblique élargissant indifféremment la tête ou le pied de la fosse. Cette disposition a permis d’inhumer dans une même fosse soit trois adultes, dont deux disposés tête-bêche, soit un adulte ou un adolescent et un immature.
20Plusieurs sépultures individuelles présentent aussi un contour trapézoïdal plus anthropomorphe marqué par un rétrécissement d’une dizaine de centimètres de la largeur aux pieds (SP 09, 11, 29, 38, 50, 62 et 94) ou par une forme oblongue arrondie et rétrécie aux extrémités (SP 12, 14, 27, 53, 84 et 92). Enfin, certaines sépultures d’individus immatures, ou associant un adulte et un immature, (SP 02, 08, 36, 40, 45, 46, 59 et 66) affectent un contour à tendance ovalaire.
21À l’inverse de ces exemples d’ajustement plus ou moins précis des contours de la fosse au défunt, d’autres tombes se sont révélées trop courtes pour l’inhumation (SP 07, 38, 45, 65-US 229, 66, 69, 70, 78, 80, 87-US 319, 94, 95 et 98). Elles contiennent des individus dont la tête et les pieds sont comprimés contre les parois. De même, l’espace trop réduit de certaines fosses (SP 05, 17, 32, 68, 97, 107, US 240 et US 354) semble être la cause des positions de corps fléchies. L’inadéquation entre corps et fosses fut parfois aussi résolue par le creusement de simples logettes à l’une ou l’autre des extrémités des fosses (SP 47, 72, 74, 89, 243 et 263 ; fig. 13). Le cas inverse de fosses ayant une longueur supérieure à la stature des inhumés est plus rare (SP 16, 25, 31 et 42). Enfin, l’espace très ample qui s’étend aux pieds des quatre sujets de la sépulture SP 16 constitue une particularité dont la cause et la fonction demeurent indéterminées.
22Contrairement à la variabilité des contours des fosses, leur profondeur est relativement constante, à 0,20 m près, quel que soit le volume des défunts ou le nombre d’individus inhumés. Il s’agit sans doute là d’un critère d’enfouissement scrupuleusement respecté.
P. R., B.B.
L’infirmerie du quartier de Farriol/les Fédons dans les sources écrites
Le contexte historique
23En cette fin du xvie siècle, la Provence est soumise à une violence et une confusion déjà largement installée dès la première moitié du siècle (en 1524, invasion de la Provence par les troupes impériales commandées par le connétable de Bourbon et en 1536 par Charles Quint). C’est en 1560, après les violences qui ont à nouveau touché la région avec la fameuse affaire des Vaudois du Lubéron (1539-1540), que s’est ouverte la période - encore très mal connue et particulièrement confuse - qui va voir s’achever dans la douleur le temps des guerres de religion et le temps des pestes, le xvie siècle6.
24Si la guerre avec les protestants avait pu trouver quelque répit, la guerre civile entre catholiques modérés (bigarrats) et ligueurs reprit au détriment, comme toujours, d’une population déjà durement éprouvée par la guerre et le retour récurrent de la peste. En ces dernières décennies du siècle, la région d’Aix est sous influence de la Ligue qui contrôle une partie du Parlement lui-même allié au duc de Savoie.
25Aux mains du duc de Guise, chef ligueur, Lambesc7 est soumise aux pressions militaires de Jean Louis de Nogaret de la Valette, duc d’Épernon, chef bigarrat, gouverneur de Provence et partisan du roi de Navarre, le futur roi de France Henri IV (1589). Après un long siège, Bernard de Nogaret de la Valette, suppléant de son frère, s’empare de la ville en juillet 1589. Dès la reddition, la garnison ligueuse est exécutée, dont son chef César d’Esmenard de Vautubière, seigneur de Monplaisir8. Suite à une contre offensive aidée par les troupes du duc de Savoie, Lambesc revient à nouveau à la Ligue, mais va vivre dans la crainte d’un nouvel assaut de la Valette.
26En 1590, les troupes de la Ligue, de Savoie et leurs ennemis les bigarrats de la Valette parcourent sans cesse le pays. Lambesc est alors un lieu stratégique pour le passage et l’étape des armées de la Ligue et de ses alliés. Les très nombreux billets de logement et de ravitaillement qui remplissent les séries comptables des Archives communales de l’époque montrent avec acuité la pesanteur et l’influence de tels va-et-vient. La ville est alors grevée par l’aide obligatoire qu’elle accorde aux opérations militaires. De fait, elle apporte un soutien financier et matériel à l’armée (logements, ravitaillements, chevaux et mulets pour le tirage de l’artillerie en campagne...).
27De plus, il semble bien que Lambesc soit entourée de communautés plus ou moins hostiles à son encontre et à la Ligue (l’autre moitié du Parlement favorable à Henri de Navarre est installé à Pertuis), des coups de main venant d’Alleins, de Pertuis notamment, l’amènent à composer avec des demandes de rançons touchant la capture d’hommes et de bétail.
28Il apparaît vraisemblable, comme le souligne J. -N. Biraben, que les troupes aient été les vecteurs actifs des contagions parcourant les dernières décennies du siècle (Biraben, 1975, p. 145). En 1579-1581, Arles est touchée par la peste, Cannes, Aix et Marseille en 1580, Avignon en 1580-1581, Signes en 1587, Les Baux en 1587-1588, Carpentras en 1586-15889 À Lambesc, l’épidémie du printemps 1590 n’est probablement que la réminiscence des épidémies précédentes toutes proches. En 1585, Lambesc avait risqué la contagion, puis à nouveau en 158810. L’absence de documentation dans les archives laisse supposer que la peste toucha peu la ville dans ces années. Il n’y eut pas d’infirmerie mise en place.
La saison d’une peste : avril-septembre 159011
29Le 4 septembre 1590, par une lettre adressée au Parlement d’Aix les consuls de Lambesc demandent à ce que la ville soit à nouveau gardée par ses habitants et non plus par des soldats stipendiés par le budget communal : « [...] lesdicts supplians... désirent espargner despance et solager le peuple [...] ».
30La raison de cette nouvelle situation tenait dans une explication donnée par les consuls eux-mêmes : « [...] apresant que ladicte malladie a ung peu cesse audict lieu par la vollonte de Dieu y c’estans la plus grande part du peuple retires estans suffisens pour garder [...] ». En substance, il restait en ville suffisamment de gens pour assurer la garde des portes et remparts.
31L’auteur de la lettre, un consul resté anonyme, situait in fine le début de la contagion (les premiers cas sans doute), à la fin du mois d’avril et sa récession au début de septembre. Cette lettre est en fait le seul document qui situe assez précisément le début et la fin de l’épidémie12. Les autres textes, comptables pour la plupart, restent assez imprécis même si de nombreux paiements sont datés de la période contagieuse, beaucoup d’autres sont assurés jusqu’à une année après la fin de l’épidémie.
L’épidémie : premières mesures
32S’il n’y a pas de délibérations du conseil de ville, entre le 19 juin 1589 et le 23 avril 1590, c’est peut-être en raison des troubles et de l’insécurité régnant alors13. Ce n’est que par l’assemblée datée du 18 mai que le premier acte décisionnel concernant la peste est pris14. Il est possible et même probable que les premières décisions n’aient fait qu’entériner une organisation déjà éprouvée alors en place au moins au début du mois de mai15. Lambesc avait déjà subi en 1585 et 1588 le danger de la contagion ; on peut raisonnablement penser que le conseil de la ville possédait une bonne expérience face à une situation somme toute courante16.
33Mais c’est seulement le 18 mai qu’il fut noté sur le cahier des délibérations qu’il était nécessaire d’établir une infirmerie à l’endroit prévu et de prévoir également un « visiteur de contagion » qui semble être en fait un subrestant de la santé chargé de contrôler les personnes soupçonnées de peste et vraisemblablement de prendre les décisions d’expulsion et/ou d’évacuation à l’infirmerie17. Ce même conseil décida également d’établir une liste de médicaments nécessaires pour combattre la contagion et d’envoyer quelqu’un à Marseille les chercher et bien sûr à « la melheure condission que fere seporra On se donna également pouvoir de « louer » un chirurgien ainsi que deux barras toujours aux meilleures conditions18.
34Le conseil du 28 mai engagea l’apothicaire Leonard Biolles sur les mêmes bases de son service lors de la dernière contagion ; ce même jour, il confirma l’emplacement de l’infirmerie « a la bastide de Fedon»19
35Le 18 juin suivant, la ville emprunta de l’argent pour l’achat de médicaments (35 écus 19 sous20) auprès d’un marchand de Marseille, le sire Cappeau, ce afin de « satisfere aux mallades du mal contagieus... »21. Du reste, Marseille était informée de la peste à Lambesc : un conseil de ville tenu le 7 juin préconisa la surveillance du terroir en raison de l’épidémie à Lambesc22. La communauté de Lambesc mit des gardes de quartier pour surveiller son terroir et quatre subrestants de santé pour un mois, mais ceux-ci sans gages23.
Farriol/les Fédons : lieu de quarantaine
L’espace et son aménagement
36Pour connaître le quartier de Farriol/les Fédons on se reportera tout d’abord à des textes qui permettent de resituer les lieux et d’établir la relation entre les Fédons (la famille éponyme du lieu) et le quartier appelé Farriol.
37Le site dit Farriol est une première fois attesté dans une sorte de censier daté de 1333 ; il s’agit alors de terres rentières appartenant au comte de Provence, les droits de celui-ci sont estimés en surfaces (eminadas) et sont franches de droits24.
38Il est nécessaire d’effectuer une assez grande avancée dans le temps pour retrouver mention du quartier et c’est en 1506 seulement, dans un registre de notaire, que nous retrouvons Farriol et pour la première fois la famille Fede : « Emptio pro Bertrando Fede... terram unius saumate vel sirca sitam in territorio dicto loco de Lambisco locum vulgariter dicto a Farriol...» Cette terre achetée par Bertran Fede confronte avec le chemin d’Aurons, une terre d’Anthony Fede et son verger d’oliviers en copropriété avec Johan Fede25. Manifestement, à cette époque, la famille Fede est déjà bien installée dans ce quartier rural.
39Il faut cependant attendre 1535 et le premier cadastre conservé de Lambesc pour retrouver mention de la famille et son attachement au lieu-dit, avec la présence, non seulement de terres mais aussi des premières bastides mentionnées. À cette époque (ou circa), ce même (?) Johan Fede possède une bastide26, un affar de terre 27et huit carteirades28 de vergers d’oliviers. D’autres Fede, Jaume, Bertran, Honnorat et ses frères y détiennent des terres29.
L’implantation de l’infirmerie
40Le conseil du 28 mai lève toute ambiguïté sur l’emplacement de l’infirmerie ; celle-ci, on l’a vu, est installée à la bastide de Fedon, ce qui semble un peu plus préciser sa localisation dans le quartier de Farriol.
41Grâce à deux rapports d’expertises réalisés à la demande de plaignants, propriétaires et héritiers des biens des feux Pierre et Michel Fede, ceux-ci s’estimant spoliés par l’implantation de l’infirmerie, nous possédons avec une précision relative quelques informations supplémentaires sur les lieux occupés par la quarantaine30. D’autres documents, notamment ceux de la comptabilité communale, apportent d’intéressants et indispensables compléments31.
Les bastides et leur occupation
42Dans les cadastres de 1579, on note la présence dans le quartier de Farriol de dix bastides. Certaines de celles-ci sont en copropriétés32.
43Une enquête d’affouagement33 réalisée en 1540 dans le terroir de Suze (actuellement la ferme de Sues à environ 3 km à l’ouest des Fédons) relève explicitement la différence existant entre maisons et bastides : « ont dict [les témoins interrogés] audict lieu de Suze n’y avoir aucunes maisons sinon que quatre bastides ou ne demeurent que le rentier34 excepte une ou demeure le maitre d’icelle. »35
44De fait, les cadastres de Lambesc distinguent bien les maisons (dans le bourg) et les bastides dans les quartiers ruraux. En 1521, l’inventaire d’une bastide dans le terroir de Lambesc (dans un lieu indéterminé) donne un aperçu de la modestie de son mobilier, celui-ci étant essentiellement à usage agricole36.
45Dans les années 1520 de nombreux arrentements sont passés dans le terroir de Suze, ce qui se trouve, d’une certaine manière, confirmé par l’enquête de 1540. Les propriétaires résident dans les villages (Lambesc, Aurons, Pélissane) et mettent en exploitation (arrentement) leurs bastides et terres par un rentier.
46Concernant le quartier de Farriol, nous n’avons pu trouver ce type de transaction. Il est possible que les troubles politico-militaires, qui se sont accentués à partir de la décennie 1560, aient été le motif d’une exploitation directe par les propriétaires à partir du village. Ces hypothèses pourraient peut-être trouver une confirmation dans la poursuite du dépouillement des registres de notaires, notamment entre 1521 et 159037.
47Pour ce qui est de cette dernière décennie du xvie siècle, il reste difficile pour le moment d’avoir une idée de l’occupation des bastides : permanente ou temporaire ? La présence attestée de jardins en 1579 dans le quartier n’est pas forcément suffisante pour déterminer quel type d’habitat y est représenté38. A contrario, dans le cadastre de 1607, un four - a priori à pain d’après les fouilles archéologiques (Raynaud F., 2002) - est mentionné ; il appartient à Ynocens Fede et est associé à la bastide des Fedons39, ce qui à notre avis est un critère assez sûr, déterminant ainsi, probablement, une implantation de type sédentaire.
Bastides, terres, vergers et aires : les indemnisations pour cause d’infirmerie
48Pour ces lieux spécifiques, terres cultivées et aires, les cadastres de 1579 donnent de précieuses indications sur leurs situations. En apparence, la majeure partie des terres est plantée en céréales, mais des vergers (d’oliviers ?), des amandiers, des vignes et des jardins ponctuent également le paysage du quartier.
49En revanche, la répartition spécialisée des espèces cultivées n’est pas spécifiée dans les cadastres, notamment les céréales. Pour connaître, en partie ce qu’elles sont, nous pouvons disposer de l’aide apportée par la lecture des deux rapports d’experts commis en 1590-1591 pour estimer la valeur des biens perdus ou spoliés pendant le temps de quarantaine40. Hors la bastide, estimée à 12 florins41 par mois d’usage de quarantaine, Jehane Brune veuve de Michel Fede possède :
5 huchènes42 de pois (jaisse), cette surface se trouve devant la bastide, l’indemnisation est estimée à un volume de 4 éminées43 ;
2 émines44 2 huchènes de panolle semées devant la bastide45, l’indemnisation est estimée à une éminée ;
2 émines de blé devant la porte, l’indemnisation est estimée à un volume d’une saumée46, 6 éminées ;
l’aire, dont il fallut en louer une autre, l’indemnisation est estimée à 1 éminée de blé.
50Une indemnisation supplémentaire est estimée à 8 quintaux47 de foin, 2 émines d’amandes, 1 éminée de blé.
51Le 11 août 1591, un calcul sans doute dû à une autre réclamation aboutit à une nouvelle estimation des indemnités dont :
2 émines de blé semés près de la bastide : 2 éminées.
2 cantons48 de blés le long du chemin, dessus et dessous, pour le dommage causé par le bétail de l’infirmerie : 1 éminée.
1 « coing de terre » semé de blé sur les jaisses où l’on avait fait les cabanes et de nombreux chemins : 2 éminées de blé.
52Hors la bastide dont le revenu d’usage est également estimé à 12 florins par mois, les héritiers de Pierre Fede possèdent :
de l’herbe, l’indemnisation est estimée à 8 quintaux de foin ;
4 amandiers, l’indemnisation est estimée à 1 panal49;
une terre avec 12 amandiers et 2 noyers (sur la même terre), l’indemnisation est estimée à 2 éminées d’amandes y compris les noix ;
l’aire, dont il fallut louer une autre, l’indemnisation est estimée à 1 émine de blé.
53Un autre propriétaire Jaume Guiraud, qui lui n’est pas mentionné dans les rapports des experts, reçoit pour les dommages de sa bastide 12 florins mensuels et pour le dommage de son aire une demie éminée de blé seulement.
Les cabanes de l’infirmerie
54Les cabanes, auxiliaires indispensables de toute bonne infirmerie de temps de peste, ne sont citées que marginalement dans les archives de Lambesc : le 14 juin, on paie un homme pour acheter des forquettos pour les cabanes, c’est-à-dire des fourches de bois, de probables supports de charpente50. Une autre mention, indirecte, parle de cabanies, c’est-à-dire les habitants des cabanes de l’infirmerie51. De même et plus intéressante encore est l’indication donnée par les rapports d’experts commis sur la valeur des biens du quartier ; il est indiqué « ung coing de terre seme bled sur les jaisses... pour y avoir faict les cabannes et beaucoup de chemins... »52. Précieuses malgré leur peu de développement, ces indications laissent entendre l’existence assurée de cabanes d’infirmerie. Dans ce rapport on notera également une intéressante indication topographique : « [...] jaisses a une terre soubz lesdictes bastides.» Si l’on estime les bastides existantes actuellement comme héritières de celles de cette fin du xvie siècle (dans leurs positionnements approximatifs), il semble donc assez probable que les cabanes aient été installées sous le chemin d’Aurons, vers le sud.
55La documentation lambescaine, en raison de ses lacunes, ne laisse guère apparaître de descriptions de ces constructions temporaires. Pour comparaisons, il faut nécessairement se reporter à ce que peut dire Louys Borel des mesures prises contre la peste en Arles, et notamment ce qu’il peut préconiser à propos de ces cabanes : « Si la maladie augmentoit et que l’on eust un ou deu exez [décès] le jour, alors l’on doibt faire dresser des cabanes ou logettes et meilleur est de tubaneaux couverts de sagnes car on les change facillement53, les faisant dresser tout aupres de l’hospital parce que si la maladie vient a augmenter l’on ne peult pas si bien faire et est grandement requis qu’il y en aye grand abondance. Nous fismes dresser un corps de logis a 150 pas de l’hospital lequel avait 25 cannes54 de long et 3 de large [50 x 6 m]. Mais quant il feust une fois infecte personne n’y voloit loger.»55 Ce que Borel ne dit pas, c’est que ces cabanes, une fois la contagion disparue, étaient brûlées. Ce que confirme J.-N. Biraben : « Les facilités d’établissements de ces baraques (i.e. cabanes) hors des agglomérations, leur désinfection aisée par le feu une fois l’épidémie passée, en répandent rapidement l’usage qui devient bientôt général56 ».
56Devant la menace d’une nouvelle peste à Lambesc en 1629, la pratique est une nouvelle fois confirmée et l’on conseille en préparant le lieu où sera installée l’infirmerie « feres des huttes ou cabanes en cas de besoing... »57.
Les circulations
57L’infirmerie, lieu de quarantaine, est un espace nécessairement clos. On y entre malade ou suspect, on en sort, en principe, guéri ou trépassé.
58Cette particularité de lieu fermé mais en plein air (il fallait chasser les miasmes impurs infectant l’air) est bien évoquée par le rapport d’experts qui insiste sur la clôture (plutôt symbolique), de l’espace : « pour jouyr de ladicte bastide et des autres terrens ensemble et afin que personne ne s’aproche pour ne prendre le mal ceulx que y seront mis et reposes jouyront de quarante cannes [environ 80 m] tout alentour desdictes bastides ou y sera mis bornes et signes pour leur guydde et inthimes ne passer oultre fore que pour aller a la fontaine appellee de l’Estagnol pour leur negotiation...»58
59La délimitation du périmètre réservé devait être marquée comme dit le texte par des bornes (pierres, fascines ?) et « signes » ; il pourrait s’agir de cordes tendues marquées par des étoffes et chiffons. L’accès à la fontaine de l’Estagnol, le vallon à l’ouest du quartier, paraît se faire librement, aussi bien pour les hospitalisés que pour les gens de l’extérieur : « pour leur negotiation...».
60La circulation entre les bastides, les cabanes, le cimetière, les déplacements quotidiens incessants, ont dû modifier temporairement la conformation des champs, terres et vergers, et de fait par piétinement continuel on créa ainsi « beaucoup de chemins»59.
L’organisation de l’infirmerie
Les hommes
Le personnel soignant
Le médecin
61C’est par un acte passé devant notaire le 30 mai et devant 6 consuls du conseil de ville que le médecin est engagé. Celui-ci vient de Marseille et se nomme Bertrand Vassal ou Vassau (dans cette dernière orthographe il s’agit de la forme provençale vocalisant la finale). Son contrat spécifie qu’il devra soigner les malades de l’infirmerie et du terroir de Lambesc : « les maniant, touchant et palpant, les secourant a leur nessessités». Il semble en effet que celui-ci réside réellement sur place à l’infirmerie600. Il devra être au service de la communauté jusqu’à six mois après que la ville « aura l’entrée » (i.e. sera déclarée non contaminée et ouverte à la circulation des biens et des personnes).
62Sa rémunération, conséquente, est de 100 écus d’or (à 60 sous pièce), celle-ci courant le temps de la contagion jusqu’à sa disparition. Comme la confiance en temps de peste est, semble-t-il, une valeur toute relative, il est prévu par le contrat que si la communauté faisait difficulté à le payer, six mois après la fin de l’épidémie, le médecin sera habilité à réclamer le double du montant fixé. Il pourra disposer d’un serviteur611 et son contrat prévoit également qu’il sera « alimenté Effectivement, Bertrand Vassal est régulièrement nourri ainsi que le personnel placé sous ses ordres. Quelques pièces comptables font état de ravitaillement pour son usage et le companage est prévu : fromages, anchois et œufs les jours maigres, sel, huile, vinaigre, vin et pain. La viande, très probablement fournie, n’est pas explicitement mentionnée62.
63Louys Borel explique que les subrestants de la santé doivent tenir un livre, deux fois par jour, dans lequel seront écrits les ordonnances, les noms des malades et les dépenses réalisées63. Il semble que Bertrand Vassal ait tenu une sorte de rapport, un livre de raison, qui apparemment n’a pas laissé de traces dans les archives de la ville si ce n’est une simple mention un peu imprécise : un homme, le capitaine Guilen, est envoyé à Marseille, Rognes, Pélissane, Saint-Canat et Lançon, « suivant le rapport de monsieur Vassal »64.
64Louys Borel explique à nouveau dans sa « chronique et conseils » qu’il est nécessaire de s’assurer la venue d’un médecin et chirurgien » bien suffisentz et capables» après avoir pourvu à l’établissement de l’hôpital655. À Lambesc il semble que l’on ait suivi cette chronologie ; en effet, le conseil organise l’infirmerie à partir du 18 mai, du moins officiellement (la première annotation dans les délibérations, bien que la liste des expulsés pour l’infirmerie donne a priori comme première date le 1er mai). Il est possible qu’à partir du développement important de l’épidémie (fin mai ?), on ait enfin jugé nécessaire de s’adjoindre les compétences d’un homme de l’art.
Le chirurgien
65Cet homme est difficile a cerner ; le conseil de ville décide le 18 mai de pourvoir à un poste de chirurgien » a la melheure condission que fere se porra». En fait, il ne semble pas apparaître ni dans les comptes, ni dans aucun contrat d’engagement. Nous trouvons bien un certain Jehan de Gajot chirurgien, un probable parent du consul Gallas de Gajot, mais seulement mentionné comme témoin d’un testament passé le 31 mai ; il ne paraît pas intervenir contre l’épidémie666. Le 15 juin, un homme reçoit de l’argent pour se rendre à Lançon chercher un (autre ?) chirurgien67. Jehan de Gajot aurait-il déserté (s’il avait été engagé), serait-il décédé ? On ne sait.
66Louys Borel se méfie de ces spécialistes, il les présente comme des gens avides et prompts à plutôt soigner les gens riches et délaisser les pauvres. Faute de document, nous ne savons rien de ce qui s’est passé à Lambesc quant au recrutement des chirurgiens68.
L’apothicaire
67La délibération du conseil de ville du 28 mai, donc assez tardivement après le déclenchement de l’épidémie, décida d’élire (« ont esleu...») Laurens Biolles comme apothicaire, selon les mêmes conventions que celles passées en 1588 lors de la dernière épidémie69.
68Ce n’est que le 18 juin qu’un contrat est passé entre Leonard (?) Biolles « appoticaire» et la ville de Lambesc, « Ladicte communaute sera tenue lui fornir les drogues, mediquementz, des possessions que ledict M. Biolles dira ne avoyr et advisera luy estre necessaire pour ladicte malladie... »70. Il n’apparaît nulle part que l’apothicaire ait été en service à l’infirmerie, en revanche on le retrouve dans un contrat passé avec un particulier, Poncet Reynaud, le 6 mai : ce dernier lui achète des médicaments, pour lui et sa famille, pour la somme de 6 écus sols71.
69On redécouvre à nouveau Bernard (?) Biolles dans une quittance en date du 15 août ; il perçoit alors une somme de 13 écus 36 sous pour avoir servi trois mois durant, le temps de la contagion72. Il apparaît donc possible que Biolles ait occupé son poste de fournisseur et préparateur de médicaments selon la demande, celle de B. Vassal médecin de l’infirmerie et celle(s) de particuliers de Lambesc.
70Louys Borel rapporte qu’il est nécessaire aux autorités consulaires de faire la visite aux apothicaires afin de savoir si leurs boutiques sont bien pourvues en médicaments et drogues propres à combattre la contagion et tout particulièrement ceux requis à « l’hospital des infectz »73.
Les chambrières
71Il s’agit ici de personnel exclusivement féminin. Les chambrières peuvent être considérées comme des infirmières ou aides-soignantes au sens moderne du terme. Ces chambrières sont recrutées par un contrat passé avec la communauté. Elles étaient placées sous la direction des subrestants de la santé mais aussi sans doute sous celle directe du médecin Bertrand Vassal.
72Avant le 8 juin, Marguerite Richarde est engagée comme chambrière « pour illec scoinier les mallades atteinctz de contagion et autres choses qui luy seroit commandees par lesdictz consulz subrestans et ce pour prix de sallere de unze florins par chascun mois... »74 En juillet, une autre convention est passée avec Magdellene Girictude (?) pour servir de chambrière à l’infirmerie à partir du 15 juin ; le salaire était également de 11 florins par mois, mais il est précisé que « ladicte communauté sera tenu la norrir et allimenter tant qu’elle a deja servi et servira a ladicte quarantaine savoir pour chascun jour six pains, une livre75 chair et ung cartheron et demi de vin... »76 L’approvisionnement en nourriture pour les chambrières est bien attesté par divers billets de paiement à différentes reprises77.
73Louys Borel reste dans le vague et ne parle pas directement de ces chambrières ; il le fait probablement sous le terme générique de servantes selon lequel on peut comprendre ce type de personnel féminin78. Il note également la présence de lavandières ; ces femmes sont mentionnées comme explicitement chargées des lessives ; à Lambesc, il s’agit certainement des estubayris79.
Les estubayris
74Ce terme désigne les femmes chargées de désinfecter les maisons, les « acoustrementz des pestifferes » (dans un peirou, un chaudron servant d’étuve) et peut-être aussi les bastides et cabanes. Il n’y a pas trace de contrats liant ces personnels et la communauté. Peut-être étaient-ils engagés à la demande, à la vacation. On les retrouve en action par l’intermédiaire de divers billets de paiement80. Une femme, Catherine Challiere, reçoit 19, 50 florins pour deux mois et demi de service (à temps complet ?). Ce travail était-il jugé moins dangereux que celui de chambrière, le salaire versé semble l’indiquer81. Louys Borel ne mentionne pas les estubayris, mais préconise des modes de désinfection82.
Les guides
75Les guides sont des hommes chargés d’accompagner les malades et suspects à l’infirmerie. L’accompagnement devait se faire depuis la ville jusqu’au quartier de quarantaine et d’hospitalisation. Il est possible que les malades aient été conduits, peut être pour les moins valides, avec une charrette83. La liste, datée de fin mai (du 26 au 28 mai), des individus mis hors de la ville indique bien qu’ils sont confiés à ces guides84. Nous trouvons les noms de quatre d’entre eux dont les paiements varient en fonction du travail accompli et de la durée de leurs engagements85.
76L. Borel attribue aux guides le rôle de gardes de quartier, c’est-à-dire des trois quartiers dont il préconise l’institution pour le bon fonctionnement de l’hôpital : celui des infectz, celui des suspectz et celui des convalescents ou de la Santé86. À Lambesc, il semble que les guides soient seulement chargés de la conduite des malades, mais une nouvelle fois les documents font peut-être défaut.
Les barras
77Cette catégorie de personnel hospitalier s’apparente aux enterreurs. L. Borel sur ce point est formel, il explique ainsi quelles sont leurs fonctions : « qu’ilz n’entrent point dans icellui [hospital] sinon que venir a la porte pour querir les corps... »87 Valeriolle dit que les barras recevaient 8 écus par mois et étaient nourris pour ensevelir les morts, porter les malades à l’infirmerie sur des « cheres a bras ». « On les nommoit a nostre facon de parles barras. » On les habille « aux despens du public d’une livrée bien particulière, de casaques de treslis noir couvertes d’une grande croix blanche pour estre recogneus »88. Les comptes de Lambesc ne mentionnent pas cette tenue particulière, ce qui marque peut être des pratiques différentes entre milieu urbain et milieu rural.
78Sur ce terme de barras les dictionnaires occitans et français sont muets, si ce n’est celui de P. Pansier qui note : « barat (1517), baratiero (1507), en temps de peste infirmier, infirmière immunisés par une première atteinte »89. Nous voulons bien croire Pansier lorsqu’il parle de l’immunité de ces barats, mais cela n’est pas forcément exact. À l’infirmerie de Lambesc, l’un d’eux, Sauvaire Jordan, est malade, il doit être remplacé pour une durée de quinze jours par « Claudon Michel dict Fric »90. Les barras sont manifestement logés à l’infirmerie, sur place. Ce que confirme une fois de plus Louys Borel, indispensable fournisseur d’informations parallèles et complémentaires : « qu’ils [les barras] soint logez a une cabane hors de l’hospital... »91
79Il est probable qu’ils aient été engagés dans les débuts de la maladie (le premier mort de la liste décède le premier mai92) ; même si le conseil de ville délibéra, tardivement (le 18 mai), pour procéder au recrutement de deux d’entre eux (un troisième barras, Pierre Bano, est mentionné le 8 juillet)93. Nous connaissons deux contrats de travail, ceux de Pierre Roux et Sauvaire Jordan, mais sans précisions (elles devaient aller de soi) ; ils sont payés 3 écus sol par mois94. Les barras sont, en plus de leur salaire, nourris par la communauté au même titre que le personnel soignant résidant95.
Les malades
80Les malades sont essentiellement connus par deux listes nominatives (roles) ; les registres paroissiaux, absents ou détruits pour cette époque, n’apportant aucun complément d’information96
81La première liste est celle des morts (Recors de ceulx qui sont mors de la contagion), elle couvre une durée de vingt-six jours, du 1er au 26 mai97 (fig. 14). Onze personnes sont déclarées décédées, peut-être à l’infirmerie, puisque le premier est dit avoir été mis dehors (mes deforo). La liste comprend cinq enfants : deux garçons, trois filles et six adultes : quatre femmes et deux hommes. Les âges ne sont pas donnés. On notera les décès simultanés, ou du moins proches, le 25 mai d’une femme, ses deux enfants (un garçon et une fille), et le lendemain du père. La répartition s’effectue ainsi : 1er mai, un enfant ; le 6, une fille ; le 17 mai, une fille et une femme ; le 18, une femme ; le 25, un garçon, une fille et une femme ; le 26, deux hommes. Il est évident que cette liste est très parcellaire : elle ne couvre qu’une faible partie des inhumés (si c’est le cas) du cimetière de Farriol.
82En Arles, Louys Borel si précis à son habitude ne mentionne pas la nécessité de tenir à jour une liste des gens décédés.
83Hors du rôle, un homme nommé Honnoré Rey décède à l’infirmerie le 3 juin. Il teste par disposition extreme auprès de Bertrand Vassal docteur medecin medicancejant les malades de contagion en l’enfermarie dudict Lambesc...98
84La seconde liste concerne les gens mis hors de la ville (Roole de ceuls qui ont este mis dehors)99. Cette liste est plus tardive : elle commence le 26 mai et s’achève deux jours plus tard seulement. Elle ne concerne que huit personnes : quatre femmes et quatre hommes, là non plus les âges ne sont pas donnés. La femme (probablement) d’un des hommes évacués le 27, Armentary, était décédée à l’infirmerie le 18 mai.
85Les malades ou suspects sont conduits, du moins certains d’entre eux, par des guides :
Le 26 mai, Juhan de Danizo accompagne Janono de Verdier.
Le 27, Armentary est conduit par Glaudon Sibert.
Le même jour, le sire Gaspart Arquier est guidé par Allesz Romero100.
86Ces gens sont-ils trop atteints par la maladie au point de ne pouvoir se déplacer par leurs propres moyens ? On ne sait, d’autres ne semblent pas être accompagnés.
87Une indication intéressante que fournit la liste trouve une sorte de confirmation dans le témoignage de Louys Borel à propos des serviteurs : une des malades ou suspectes, la chambriero de Narbotin, est mise dehors (de la ville) le 28 mai101. L. Borel relate : « En ce temps la chescun essaye de se deffaire des ses serviteurs et en tenir le moings que l’on peult parce que tous travailz sessent... »
88Il est sûr qu’ici et là on essaye de se débarrasser de tout ou partie des pauvres ou des populations désœuvrées ; la notion de hiérarchie sociale prend un sens très direct. On le verra, l’attitude face à la peste à Lambesc, pour les riches ou gens de biens, est quelque peu différente. Mis à part pour quelques nobles ou notables (?), trop touchés par la maladie (?) et conduits à l’infirmerie, comme Janono de Verdier, la sore Juhano de Mellet (une moniale ?), Gaspart Arquier... Parmi les malades conduits à l’infirmerie, certains reçoivent qui de l’argent, qui de la viande. C’est le cas de Janono de Verdier qui perçoit 16 florins ; la sore Juhano de Mellet a pour sa part une livre de viande, le lendemain 28 deux autres livres ; Anthony dau Martegau le même jour en reçoit une livre et demie102.
89Certains, parmi les malades, des gens de bien qui n’ont pu ou voulu fuir (?), ne sont pas à l’infirmerie mais restent enfermés volontairement ou non dans leurs maisons du village ou dans leurs bastides. Ce ne sont pas les comptes du trésorier qui nous les font connaître mais les actes testamentaires passés par les notaires, du moins ceux des tabellions restés à Lambesc pendant la contagion. Ainsi le 6 mai Anne Barotte atteinte du mal contagieux fait son testament auprès du notaire Jacques Pascal, étant dans une bastide du terroir de la Roque (d’Anthéron), celle des Furandy103. Le 12 mai, c’est le cas d’Honorade Rogone, atteinte elle aussi, dans sa maison de Lambesc104. Anne Riquiere teste le 17 juin également à Lambesc105. Le 3 juin, exceptionnellement (?) Honnoré Rey le fait à l’infirmerie106 Jehanne Gravise, malade de la peste, teste le 16 juin « prés du molin a vent de la Burlliere...»107 Le 7 août, Me Louys Jehan notaire fait également son testament mais lui est « mallade de malladie corporelle » ; ce n’est peut-être pas la peste, une paralysie ?108. Le 13 août, c’est le cas de Honore Bardin qui lui est pestiféré ; le notaire, courageux, acte à Lambesc dans la maison du testateur109.
90Il faut peut-être rajouter parmi les testaments ceux restés en blanc, la page étant vide d’écriture : de Spirite Eymarde et Brancars Ferrat le 21 juin, ceux de Jannette Boyre le 22 et de Anthoine Honorat le 1er juillet110. Ces gens sont-ils décédés avant d’avoir pu tester ? Il est évident qu’il y eut des contrôles faits aux domiciles des malades ou suspects avant de les conduire à l’infirmerie. Quelques allusions dans les quittances de paiement l’attestent ; Louys Borel insiste bien sûr, sur la nécessité de cette démarche des testeurs111.
La gestion du quotidien
Le ravitaillement
91L’infirmerie et ses malades sont ravitaillés par la communauté qui s’efforce de faire parvenir du blé112, de la farine113, de l’huile114, du pain ordinaire (on en transporte une fois 144)115 et du pain blanc116, de la viande (sur pied) : « une fede [brebis] qu’il a fornit a la ville pour les mallades de l’infirmerie »117 et » ung motton pezant trente livres pour l’infirmerie... »118. Il semble aussi que du bétail soit tenu sur place à l’usage des quarantenaires, ce qui est cause, comme il fallait s’y attendre, de quelque « daumaige ». Pour cela, les propriétaires des bastides et terres du quartier toucheront une éminée de blé comme indemnité119. De même, du vin est conduit sur place à plusieurs reprises120. Pour transporter ces vivres on loue au noble Jehan Dedon les services de son âne pendant au moins un mois et demi, ce qui coûta à la ville 3 écus et demi121.
92Le personnel hospitalier reçoit quant à lui, on l’a vu, un ravitaillement particulier, les quantités perçues semblent importantes même si l’on ne connaît pas exactement le nombre de personnes impliquées dans cette fonction.
93Louys Borel indique que les malades recevaient deux pains de dix onces122 par homme. La distribution de viande se faisait selon le nombre de personnes (familles, groupes constitués ?). Il précise que, pour ceux qui ne pouvaient venir la chercher, la viande était donnée au plus proche voisin qui devait la cuire avec la sienne et ensuite la donner avec le bouillon. Cette information, si elle ne concerne pas directement l’infirmerie de Farriol, apporte néanmoins un éclairage sur les pratiques culinaires en usage en quarantaine de peste.
94Il ne semble donc pas y avoir de cuisine centrale, mais un contrôle tout de même sur la distribution de nourriture. Cette pratique semble assurée pour l’infirmerie de Lambesc puisque les billets de paiement attestent que cette distribution se fait par l’intermédiaire des barras de l’infirmerie qui la reçoivent et la distribuent : « six esmines bled [...], demy charge de vin123 [...] que furent prinses par les barras pour la norriture des gens a l’infirmerie [...]»124; « a Me Jehan Tasil trante florins et ce pour deux mois qu’il a servi a la distribution du pein aux malades durant la derniere contagion ainsins que apart par son livre jornalier... »125 Ce Jehan Tasil est peut-être une sorte de gérant, de subrestant, chargé de distribuer la nourriture.
95Ces divers documents, attestant un ravitaillement de l’infirmerie, paraissent démontrer que Lambesc n’est pas soumise à la disette voire à la famine qui, en raison de la désorganisation sociale et économique inévitable, est souvent associée à la peste. Le fameux trinôme guerre, peste et famine ne se présente pas au complet ou du moins l’un des protagonistes, la famine, n’afflige pas la ville et par voie de conséquence les habitants temporaires de Farriol.
Les soins
96Les soins apportés aux malades restent dans l’ombre. En effet, la documentation sur ces actes est des plus ténue. Tout au plus, nous connaissons par les contrats du médecin et des chambrières quelles sont leurs attributions mais le discours reste convenu et peu éclairant : « (le médecin doit soigner les malades), maniant, touchant et palpant, les secourant a leur nessessités »126. Il en est de même concernant la tâche des chambrières : » pour illec scoinier les mallades atteinctz de contagion et autres choses... »127
97Les médicaments en usage ne sont pas plus connus mais on mentionne à plusieurs reprises l’achat de ces remèdes que l’on va chercher à l’extérieur : « un flascon que a fornit per l’enfermarie ». Le 28 mai, on envoie un homme avec un âne à Saint-Cannat pour chercher les « medesinos »128. Le 14 juin, on envoie un courrier à Aix pour commander « les drogos », une fois encore à Saint-Cannat, peut-être avec le même âne129. C’est en principe l’apothicaire qui est chargé par contrat de l’élaboration des médicaments mais c’est la ville (la communauté) qui est chargée des achats et de la distribution130.
98En fait, peu d’éléments permettent d’avoir une idée plus consistante sur la question des soins si ce n’est la perception que l’on peut en avoir à travers l’assistance matérielle (transport à l’infirmerie, vivres, abris, inhumations) et celle morale que l’on devine et suppose, dans la phase de quarantaine. Louys Borel, indispensable auxiliaire d’une information parallèle, n’est pas plus disert sur la question ; mis à part une considération morale sur la cause de la peste, il ne parle pas directement des soins apportés aux infectz.
99À titre comparatif, nous avons découvert pour 1720 dans les archives de Lambesc une liste de produits rentrant dans la composition de médicaments pour l’usage de la lutte contre la peste. Il y a quelques chances pour que, fondamentalement, les choix de ces produits n’aient que fort peu changé entre cette fin du xvie et ce premier quart du xviiie siècle131.
L’hygiène
100En ville, les considérations d’hygiène publique sont prises en compte par la communauté de Lambesc. À plusieurs reprises des hommes et des femmes sont employés à rendre les lieux plus propres et à désinfecter les maisons, les rues. On achète du romarin (romanieu) pour « estubar », pratiquer des fumigations, conformément à la théorie de « l’aérisme », soit dans les maisons, soit dans les rues afin de « désinfecter l’air »132.
101Le premier juin, un certain Jehan Brun reçoit un paiement pour « faire enterar de chins que l’y avie per la vilo » ou « pour avoir enterre de chiens mortz et aultres immondisses pour nous commande durant la contagion... ». Cette indication est fort intéressante quant à l’idée de la diffusion de la peste que peuvent se faire les contemporains. Elle se trouve confirmée à plusieurs reprises : en 1596, Nicolas Ellein dans un Traité sur la peste se plaint du « grand dommage fait aux hommes par le chien domestique »133.
102Pendant la peste de 1720-1721, le conseil de ville de Martigues décide « d’etablir des personnes qui iront journellement par la ville pour faire netoyer les rues, tuer les chiens et les chats et retirer les poules dans les maisons ou les tuer si elles restens a la rue... »134
103À l’infirmerie, Bertrand Vassal, le médecin de l’infirmerie, reçoit du vinaigre, probablement utilisé comme désinfectant135. Les estubayris sont chargées de nettoyer les effets (draps entre autres) des pestiférés dans un chaudron (peirou) et elles utilisent pour fumigation et « parfum » du romarin (romanieu)136.
104En Arles : « On faisoit parfumer ceux [les habits] qu’ils avoient portez on les presentoient au devant du feu de romarin dans lequel on jettoit graines de genievre, de laurier ou autres herbes odoriférantes et autre bois sec car le feu clair déssaiche promptement et facilement ce levain imprimé aux habits. »137
105Le lieu où se passent ces travaux se nomme la cauquiere mais il est difficile de savoir si cet endroit se trouve en ville, à proximité ou à l’infirmerie de Farriol138. Le rapport des experts parle de la nécessité de tenir les gens non touchés par la peste hors des limites balisées de l’infirmerie139. En fait ces quelques éléments sont à peu près les seules mesures que nous connaissons quant aux préoccupations d’hygiène concernant cette épidémie. Il est loisible de penser que les cabanes furent détruites par le feu à la fin de la contagion, lors de l’abandon de l’infirmerie.
Les inhumations
106Aucune indication à ce propos n’est mentionnée dans la documentation des archives de Lambesc. Foulquet Sobolis dans sa chronique de la peste d’Aix en 1580 fait mention de linceuls cousus par les gens eux-mêmes puisque les familles ne trouvent plus personne pour coudre les morts. Il parle également de mise en caisse pour l’enterrement et le transport par la famille elle-même au cimetière, afin d’éviter que les « portefays aultrement appelez ferratz [probable mauvaise lecture pour barratz] ne vinssent a leur maison »140.
Le cimetière
L’emplacement
107C’est dans le registre (n° 2) du cadastre daté de 1579, mais remanié en 1594-1596, que l’on trouve les deux seules mentions du cimetière afférent à l’infirmerie de Farriol.
108La première mention situe le lieu (sementeri) en confronts avec une terre et une aire, celle de Jaques Agard, et l’aire de Frances Fede. Le site semble bien correspondre à la topographie vérifiée sur le terrain notamment en ce qui concerne l’aire confrontant elle-même la bastide (on notera que Frances Fede est lui-même propriétaire d’une bastide141). Cette terre, c’est-à-dire le cimetière d’une émine de surface, appartient alors (mutation en 1594) à Gaullas de Goujout qui est également connu sous la variante graphique Gallas de Gajot, consul de Lambesc en 1590 : un homme particulièrement actif pendant l’épidémie142.
109La seconde attestation, sur le même cadastre, conforte ce qui a été noté plus haut mais là sont indiquées les acquisitions successives : Frances Fede possédait la terre qui allait devenir cimetière, puis Esperit Agard, ses héritiers et enfin Gallas de Gajot l’acquièrent successivement143.
110Ce dernier achat est attesté par un acte de notaire. Le consul qui ne pouvait ignorer l’existence de tombes acquiert le terrain parmi d’autres de François et Pierre Agard héritiers d’Esperit Agard, le 14 novembre 1594 : « une tero d’une eyminado ou environ [qui] confronte du couchant tero dud. Pierre Fedo, hiere de Frances Fedo et aultres... »144 Deux jours plus tard, le 16 novembre, à l’occasion d’une reconnaissance auprès de Gallas de Gajot, pour des terres et un verger (acquis des frères Agard), Esprit Fede, son rentier, reconnaît lui devoir 10 éminées de blé145.
111Si l’on suit et l’on se réfère à l’imprécise terminologie en usage dans les cadastres de l’époque (pour nous contemporains), le mot terre désigne généralement un espace planté en céréales. Ce qui signifie, si l’on s’inscrit dans cette appréciation des lieux, que le cimetière de l’infirmerie de peste est revenu au plus tard dans l’année 1594 à l’usage agricole, celui d’une terre plantée de céréales.
La durée
112D’après la documentation réunie concernant cette épidémie, et la mise en place de l’infirmerie de quarantaine dans le quartier de Farriol, on pourrait évaluer l’utilisation du cimetière dans un fonctionnement courant de mai (fin avril ?) à septembre 1590 (fin août).
113Le marquage des sépultures est peut-être identifié par des croix ; un hospitalier reçoit 6 sous pour en faire trois146.
114À la fin de l’épidémie le cimetière est abandonné et il ne reste plus, peu d’années après, qu’un souvenir rapidement effacé sinon de la mémoire du moins des écrits. Les cadastres ou censiers de 1598 et 1607 n’en font plus du tout état147.
La perte de la mémoire écrite
115On peut se demander pourquoi le cimetière retourne aussi rapidement à la culture. Faut-il voir dans cette absence documentaire un souci d’oubli, d’effacement volontaire de la mémoire, aidé en cela par l’absence d’un lieu de culte spécifique aux Fédons, chapelle, oratoire...?148 Peut-on, au contraire, considérer qu’il s’agit là d’un indice d’une banalisation des épidémies ?
116Il subsiste cependant un souvenir écrit, non plus du cimetière mais de l’emplacement de l’infirmerie dans le cadastre de 1607. Un lieu-dit aux Infir-mieres est situé et cité à plusieurs reprises dans le quartier de Farriol : « Ung vergier et terre plantade de cavilhes149 aux Infirmieres ou Farriol contenant... » ; etc.150.
Les comportements devant la peste
117La pratique de la fuite des habitants d’un lieu devant le fléau de la peste est courant. Un auteur classique et non des moindres, Hippocrate, ne recommande-t-il pas de fuir, tôt, loin et longtemps151 ? Les habitants de Lambesc ou du moins nombre d’entre eux suivent bien sûr ce conseil récurrent.
118Le document demandant au Parlement d’Aix, au début septembre, le déchargement de la ville pour le paiement des soldats le dit clairement : « despuis la fin d’avril dernier la malladie contagieuze auroit coumence regner audict lieu par la crainte de laquelle malladie et affin que ne treuvast ou s’ataquer le peuple auroit si bien vuide que la ville ce treuvast desprouveu d’hommes... » ; et, « la plus grande part du peuple retires... »152
119Louys Borel préconise, quant à lui, de procéder à des emprunts auprès des partants pour aider financièrement la ville afin de « faire bonne bourse pour prouvoir à tout ce qui sera besoing pour la conservation d’icelle. »153 À Lambesc, le conseil du 28 mai décide d’emprunter de l’argent154
Les nobles et les bourgeois
120« L’élite » - les gens de biens - semble s’être dispersée dans les bastides environnantes faire leur quarantaine. C’est ce qui apparaît en examinant les testaments : Savornin Chappus teste dans une grange où il est en quarantaine155. Le 18 juin, Marguerite Ysoarde teste « au collect dict de Berthoard »156; le 28 juin, Anne Revellette le fait à la fenêtre de son casal157 près du cimetière du couvent de la Trinité158; Anne Barotte à la bastide des Furandy dans le terroir de la Roque [d’Anthéron]159; Gaspard Arquier le fait près du moulin de M. de Laval le 6 juin160; Bernard Giraud préfère se réfugier dans une grotte (baulme) à Gardiolle161; Allyette Martine se trouve sur le chemin de la Roque (en fuite ?) lorsqu’elle teste162. Certains, malgré l’exil, portent en eux le germe de la peste ; le sachant et le disant, ils testent comme Jehanne Gravise qui se trouve le 16 juin « pres le mollin a vent de la Burlliere »163. D’autres sont restés chez eux, dans leurs maisons de Lambesc164 Enfin, certains testateurs n’ont pu faire leur dernier codicille (cf. supra p. 30) ; ou du moins si le nom est bien marqué, on peut se demander s’ils ne sont pas décédés entre temps, le notaire ayant eu juste le temps de noter le nom et la date.
121Parmi tous ces gens, un seul est mentionné comme travailleur : Jehan Bretz se dit comme tel, étant de Lambesc165.
Les consuls
122Cela n’empêche pas certains, parmi les plus puissants et les plus en vue, de fuir comme l’explique F. de Sobolis à Aix : « M. Honnore Guiran advocat, accesseur de ladicte ville moderne monstrant ne vouloir espargner sa vie pour le public comme feu son pere s’est louge a Sainct Jehan et M. Bologne accesseur, son antecesseur est alle faire quarantene au Puy Saincte Reparade »; «[...] le conseilh a este en grand divorsse pour mectre d’aultres consulz »166 ; « ... la maladie augmentant les habitants nous delaisoient journelement [...] »167 ; et naturellement comme il faut faire face : « Nous fismes assambler le peu de conseilliers que nous avions [...] »168
123À Lambesc, il semble que quelques-uns des consuls restent en place. Nous trouvons pour l’essentiel, signant les billets de paiement et les comptes, trois d’entre eux : Bonifface Faudran de Laval qui signe simplement Laval169, Honorat Laurens et Gallas de Gajot. Ces trois personnages semblent véritablement être en permanence sur la brèche, actifs en toutes circonstances170.
Les notaires
124On l’a vu par les actes passés durant la période de peste, les tabellions sont présents et font souvent leur travail, mais certains d’entre eux disparaissent quelques semaines le temps que reflue l’épidémie, tel Esprit Bernardi qui n’acte plus entre le 18 juin et le 15 août171. Jehan Estienne entre le 30 juillet et le 21 août préfère également prendre le chemin de l’exil afin que s’apaise la maladie172. Quant à Jacques Pascal et Elzias Bosse, peut-être des notaires plus courageux que leurs collègues, ils semblent rester sur place173.
125Curieusement, les registres de notaires fournissent quelques actes de mariages174 alors que les auteurs, J.-N. Biraben notamment175, ne manquent pas de relever le contraire.
L’absence des religieux
126J. -N. Biraben note : « Le recrutement de prêtres pour assister les malades de peste est généralement plus aisé et se pratique dès le xve siècle [...] La charge spécialisée de “prêtre de la peste” n’est courante qu’à partir du xvie siècle et se trouve souvent entourée d’avantages matériels. »176
127À Lambesc, nous ne trouvons aucune mention de la présence religieuse autour de l’infirmerie, ni d’ailleurs dans les affaires de la ville. Celle-ci aurait dû, si c’était le cas, laisser quelques traces écrites : paiements, approvisionnements en nourriture, allusions... Comme il ne semble pas que le vide documentaire soit à mettre en cause, nous ne pouvons que constater cette vacuité. Il est loisible de penser que les réguliers se soient enfermés dans leur couvent, celui de la Trinité (comme ce fut le cas à Marseille en 1720 avec les moines et chanoines de Saint-Victor). Quant au clergé séculier, la célébration de mariages (cf. infra) laisse supposer que certains offices au moins furent maintenus. Une fois de plus, devant le manque d’informations, nous sommes réduits à des hypothèses.
Les pauvres
128Cette catégorie d’individus est difficile à cerner et c’est plutôt par déductions et renseignements parallèles que l’on peut approcher les pauvres de Lambesc. En fait, il semblerait, d’après ce que peut dire L. Borel, que l’on ait tendance dans les villes touchées par la peste à mettre dehors les pauvres gens : à Lambesc, on suit ce précepte177.
129Louys Borel note que : « aux villes qui sont pestifferees l’on chasse tous les paulvres et les travailleurs qui sont estrangers et encores les travailleurs qui sont de la ville pour ne treuver a travailler sont constrains a quitter la ville et aller chercher leur vie ailleurs. Et ceux qui se voient chassez tachent par deux moyens se remettre dans les villes saines attendu que la necessite les y constrainct et la faim leur faict asarder leur vies. Et pour bien se garder, est requis bailler une certaine marque ausdicts travailleurs, quand ilz iront au travail tous les jours, differante de l’un a l’autre, afin que, s’il se presentoit quelqu’un qui pourtast une marque que ne feust de celles que l’on avoit baille le matin a la porte en sortant, par tel moyen pourvoient estre recogneux telz personnages. »178
130D’après ce texte explicite, on comprend comment, en temps d’épidémie, se fabriquent les exclus. A priori, le pauvre et le travailleur sont marqués du sceau de la défiance et du rejet. « Le manque d’argent, de relations sociales, la subordination au travail, [sont] autant d’éléments qui acculent les pauvres en temps d’épidémie à demeurer sur place et à subir passivement une politique de prévention et de lutte mise en œuvre par les plus aisés. »179 Une telle politique est confirmée à Lambesc par la liste de « ceuls qui ont este mis dehors » (supra p. 28).
131Ainsi, on assiste à la fin du xvie siècle à un retour récurrent des épidémies de peste frappant les grandes villes, notamment Aix, Arles, Avignon et Marseille. Vers la fin d’avril 1590 la peste rencontra une nouvelle fois la ville de Lambesc, peut-être au contact répété des troupes circulant dans la région. Si l’épidémie en 1588 semble n’avoir que peu touché la population, celle du printemps 1590 eut de plus graves conséquences.
132Engagée dans un légitime souci de santé publique, la ville ne tarda pas, sans doute, à prendre les mesures prophylactiques en usage afin d’enrayer l’épidémie ou du moins la limiter dans son étendue. En procédant ainsi, la ville fonctionnait selon des préceptes depuis longtemps en vigueur. Les conseils que donne Louys Borel consul d’Arles dans sa chronique sont, semble-t-il, assez suivis. Ce savoir-faire face à l’épidémie devait être assez généralisé180 et plus ou moins en usage selon les lieux, les moyens humains, financiers et matériels et, bien sûr, les volontés politiques dans ce monde de la fin du xvie siècle confronté aux incertitudes des lendemains militaires et déstabilisé par la récurrence de l’épidémie (« [...] si tant est que Dieu nous vuelle affligir de peste »181).
133Avec les mesures habituelles, fermeture et contrôle des maisons, mise en place de barricades afin de canaliser le passage et la circulation, nomination de subrestants de la santé, d’un médecin (venant de Marseille), d’un apothicaire, mise hors des murs d’une partie de la population, le consulat installa une infirmerie dans un quartier éloigné de la ville. Le choix se porta sur le quartier rural de Farriol à la bastide des Fédons. L’administration de la ville ayant continué à fonctionner, quelques consuls organisèrent le ravitaillement de l’infirmerie qui semble avoir été constituée de cabanes conjointement avec une possible utilisation des bastides existantes. « Un cordon sanitaire » (bornes, marques) assurait les limites et la sécurité du lieu. Un personnel conséquent dirigé par le médecin, composé de chambrières (infirmières), de guides (gardes, conducteurs des malades et suspects), de barras (les enterreurs), assurait le fonctionnement de l’infirmerie (soins, ravitaillement, inhumations).
134Il semble par ailleurs que la maladie ait atteint son paroxysme entre mai et août pour s’achever début septembre. La comptabilité hospitalière/ mortuaire n’a laissé que peu de traces dans la documentation, si ce n’est deux listes incomplètes en regard du nombre des inhumés du cimetière ; listes qui sont de plus limitées dans le temps (début à fin mai). La première liste concerne les suspects mis hors de la ville sans doute conduits en relégation sanitaire aux Fédons. La seconde est celle des décédés (mais sans que l’on précise en quels lieux, bien qu’il soit probable que ce soit l’infirmerie de Farriol/les Fédons).
135Il est possible que les gens mis en quarantaine aient fait l’objet d’une sélection sociale ; fruit conjugué des préceptes développés par les chroniqueurs qu’appliquaient les consuls gestionnaires des épidémies et de la fuite des habitants les plus aisés. Les personnes ayant transité par l’infirmerie des Fédons ont pu être pour une grande part ces gens pauvres, des travailleurs saisonniers débauchés par les circonstances et « étrangers » mentionnés par les textes contemporains.
136Seul témoin matériel de tout le dispositif alors mis en place, le site d’inhumation fut installé dans une terre agricole aux abords de lieux déterminants (aire, bastide, chemin d’accès). Ayant accueilli 133 corps déposés dans des fosses individuelles ou multiples. Son mode de constitution, par rangées régulières, évoque un mode opératoire parfaitement rationnel et maîtrisé. Peu d’années après la fin de l’infirmerie, ce lieu fut remis en culture sans plus laisser de traces. Les souvenirs du cimetière et du lieu de quarantaine disparurent rapidement des écrits et de la tradition orale (celle contemporaine perçue aujourd’hui).
137Enfin, en l’absence des données quantitatives qu’auraient été à même de fournir les registres paroissiaux, il reste difficile d’apprécier la ponction démographique exercée par cette épidémie sur la population. On relèvera simplement que les mesures mises en place, rapidement levées, laissent supposer que celle-ci fut limitée. D’autres indices, plus subjectifs encore, comme les contrats de mariage passés devant notaire, indiquent que la vie locale fut probablement considérablement ralentie par cette épidémie mais pas totalement stoppée, suggérant là encore un parfait contrôle de la situation.
P. R.
Notes de bas de page
3 Le matériel céramique a été étudié par V. Abel (INRAP-Méditerranée). Il s’agit d’un matériel résiduel récolté dans le comblement des fosses : une vingtaine de fragments de bols, écuelles, coupes et jattes à bec verseur. Ces céramiques sont, pour la plupart, façonnées dans une pâte claire recouverte d’une glaçure plombifère monochrome jaune ; quelques-unes présentent un décor d’engobe blanc.
4 Ce matériel résiduel a été étudié par S. Renaud (UMR 6636, MMSH Aix-en-Provence). Il s’agit de 9 éclats, 9 lames, 5 lamelles, 4 esquilles de silex, présentant des affinités typologiques avec les séries régionales du Chasséen.
5 Outre les cas énumérés, 10 ne renseignent pas sur la disposition des défunts dans la tombe, soit parce qu’il s’agit d’inhumations d’enfants dont il subsiste peu d’éléments osseux de l’un voire des deux occupants de la fosse, soit parce qu’il n’y a pas de superposition et que nous n’avons pu trouver de chronologie à la juxtaposition des ossements. Enfin, la tombe 72, isolée en périphérie ouest, présente un ordre inverse.
6 Le xvie siècle provençal reste très peu étudié il n’existe pas d’ouvrage d’ensemble sur la période. N. C. Fabri de Peiresc, 1982, p. 207-260 ; F. X. Emmanuelli et al., 1991, p. 13-26 ; A. Playoust (dir.), 1998.
7 Le nombre d’habitants de Lambesc à la fin du xvie siècle ne nous est pas connu. Les dénombrements d’Ancien Régime donnent les indications suivantes : 1702, 2 680 habitants pour 637 familles ; 1698, 520 feux ; 1540, 300 maisons.
8 Daniel, « Siège et prise de Lambesc par Bernard de Nogaret en 1589 », Annales de la Société d’Études provençales, 3e année, 1906, p. 391-392. D’après l’auteur de ce court article, parmi les comptes d’un livre de raison rédigé entre 1580 et 1698 seraient insérés de brefs récits d’événements survenus à Lambesc dont la relation du siège de juillet 1589. Le document conservé à l’origine aux Archives de l’hôpital de Lambesc n’est pas localisable actuellement.
9 F. Reynaud, éd., 1880 ; E. de Barthélemy, 1884, p. 46-47 ; H. Beaune, éd., 1889 ; E. Duprat, 1922, p. 67-74 ; J. Sautel, S. Gagnière, 1941, p. 9-20 ; R. Jeancard, 1951 ; J. -P. Benezet, 1997, p. 414-426 ; I. Debilly, 1997, p. 427-434 ; H. Dubled, 1969, p. 17-48.
10 En 1585, on propose d’installer l’infirmerie dans le quartier rural de Laval, 129 E BB 1 f° 84. En 1588, on élit des subrestants (voir note 17 supra) de la santé, 129 E BB 1 f° 139 ; on paie un chirurgien pour avoir servi durant l’alarme, 129 E FF 16 (billet non folioté) et on vérifie les bulletins de santé, 129 E CC 54 liasse 8 n° 10.
11 La transcription des principaux textes anciens figure en annexe 1.
12 129 E FF 16 (liasse, document non folioté) A. D. 13. Les Archives communales de Lambesc déposées aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône sont précédées par la cotation 129 E ; elles seront dorénavant indiquées sans cet indice, ni provenance, les documents venant tous de ce dépôt (sauf cas particuliers).
13 BB 1 f° 162-163.
14 BB 1 f° 173.
15 Les dates de décès des premières personnes de la liste des morts ainsi que ceux des expulsés de la ville sont notées au premier mai, CC 56 (cahier non paginé).
16 Le 19 avril 1585, BB 1 f° 84. Paiement d’honoraires à Louis Courtois chirurgien lors de la dernière contagion, 18 février 1588, FF 16 (liasse non paginée). On pourra également se reporter à la lecture toute édifiante que fait Louys Borel de la peste d’Arles en 1579-1581 et à ses conseils face à l’épidémie, F. Reynaud, éd., La grande peste à Arles..., op. cit.
17 Subrestant : personne désignée par l’autorité communale pour accomplir une fonction précise ; L. Borel préconise en début de peste de chasser les pauvres et les travailleurs étrangers à la ville, F. Reynaud, La grande peste à Arles..., op. cit., p. 11.
18 BB 1 f° 173.
19 BB 1 f° 174.
20 Unités monétaires : un écu d’or vaut 60 sous ; un sol ou sou vaut 12 deniers.
21 BB 1 f° 176 v°.
22 BB 51 f° 88 v°, A.C. Marseille.
23 BB 1, f° 175 v°, 176 v°, 180.
24 B 1041 f° 30 v°, 36.
25 417 E 4 f° 121 v°. Nous trouvons une mention d’un membre de la famille Feda en 1468 à propos de son mariage. Honorat Feda est dit de Lambesc, 417 E 1 f° 72. Nous pensons cependant que la famille Feda est originaire de la Provence alpine ou de Savoie... (?).
26 Bastide : maison de campagne à usage agricole.
27 Affar : ensemble de terre mise en exploitation autour d’un habitat.
28 Carteirade : mesure de surface agraire qui équivaut, à Lambesc, à 23, 72 ares.
29 CC 1 f° 5 v°, 170, 315 v°, 324, 353 v°, 407.
30 Dans les cadastres datés de 1579, Pierre et Michel Fede possèdent pour le premier une bastide, un verger et cinq terres, le second une bastide, une terre et une vigne, CC 2 f° 296 r° v°, CC 3 f° 352 v°. Les rapports d’experts et jugements se trouvent dans FF 7 et FF 16 (liasses non paginées).
31 Jaume Guiraud possède une bastide et une aire dans le quartier pendant la peste, CC 57 f° 129 ; FF 7 en date du 27 mai 1590 ; dans le cadastre de 1579 il est seulement propriétaire d’une « terre sive valloun » et d’une demi-cétérée de verger, CC 3 f° 436 v°.
32 Relevés effectués sur les cadastres de 1579, CC 2 et CC 3.
33 Affouagement : recouvrement de feux fiscaux.
34 Rentier : fermier, exploitant payant un cens à un propriétaire.
35 B 201 f° 64, A. D. 13.
36 417 E 15 f° 78 ; « Inventari in bastida [celle de Jaumet Reynaud]. Et primo ung eysadon asses pauci vallor,; item, dous cavalles a culhir ollivies ; item ung banaston asses bon ; item, de gavels usque VI et ultra ; item de ramo de ollivies usque VI vel circa ; item, dous bans anbe pecols. »
37 Notre dépouillement a été réalisé sur une vingtaine de registres entre 1469 et 1521.
38 CC 2 f° 240.
39 CC 4 f° 322.
40 FF 7 et FF 16 (non paginés).
41 Florin : monnaie de compte, n’est plus utilisée en principe à la fin du xvie siècle, équivaut à 12 sols/sous.
42 Huchène : mesure de surface agraire, à Lambesc vaut 1/8 d’émine, 1,23 are (valeur arrondie).
43 Éminée : unité de capacité, à Lambesc vaut 24,65 l.
44 Émine : unité de surface, à Lambesc vaut 9,88 ares (valeur arrondie). Les textes de Lambesc, en français, ne marquent pas la différence (graphique) entre valeur volume et valeur surface.
45 La panolle pose problème : d’après les dictionnaires occitans et français consultés, il s’agirait de maïs, mais cette céréale n’est pas en usage en Provence à la fin du xvie siècle. Le Robert donne l’étymologie panicum, millet, ce qui est très vraisemblable.
46 Saumée : unité de capacité pour les grains, à Lambesc (?) équivaut à 171,69 l.
47 Quintal : unité de poids, à Lambesc vaut 39,81 kg (valeur arrondie).
48 Canton : petite surface de terre.
49 Panal : unité de capacité pour les grains, à Lambesc vaut 16,32 l.
50 CC 56 f° 8 v°.
51 CC 56, quittance, 4e liasse (billet non folioté, paiement au 5 août 1590).
52 FF 7 liasse non foliotée (au 11 août 1590).
53 Tubaneau : sorte de tente, d’abri couvert de canne de Provence (sagne).
54 Canne : unité de longueur, vaut à Lambesc 1,98 m.
55 F. Reynaud, La grande peste..., op. cit., p. 21.
56 J.-N. Biraben, op. cit., II, p. 170.
57 BB 6 f° 187 v°. En 1629 l’infirmerie est alors installée au quartier de la Font d’Arles : « Davantage on dellibere [les consuls] que sy Dieu nous volloit affligir de contagion de phere l’infirmerie tant a la bastide de la Font d’Arles que au jardin de la Font d’Arles...» On ne sait si elle fut véritablement instituée. La documentation (CC 76, liasses diverses) parle seulement de visites médicales dans les bastides transformées en lieux de quarantaine.
58 FF 7 liasse (billet non folioté, paiement au 27 mai 1590).
59 Idem.
60 L. Borel précise bien que les médecins et chirurgiens doivent « demeurer en ville... tant que messieurs les consulz y demeurent...», F. Reynaud, La grande peste à Arles..., op. cit., p. 15.
61 417 E 176, 2e partie, f° 82 v°-83 v°. La délibération du conseil de ville du 16 septembre 1590 décide de payer les 100 écus dus à B. Vassal. À cette date les consuls durent considérer que la maladie était éteinte, BB 1 f° 185 v°.
62 CC 56 f° 6, 9, 9 v°, 3e liasse (billet non folioté, paiement en date du 5 octobre), 6e liasse (billet non folioté, paiement en date du 30 juin), CC 57 ; liasse, (billet non folioté, paiement en date du 31 mars 1591).
63 F. Reynaud, La grande peste à Arles..., op. cit., p. 21.
64 CC 57 liasse (billet non folioté, paiement en date du 31 mars 1591).
65 F. Reynaud, La grande peste à Arles..., op. cit., p. 14.
66 417 E 140 f° 242 v°.
67 CC 56, VIe liasse (billet non folioté, paiement en date du 15 juin).
68 F. Reynaud, La grande peste à Arles..., op. cit., p. 14, 15, 20 et 32.
69 BB 1 f° 174.
70 417 E 176 f° 92, 108.
71 417 E 140 f° 211 v°.
72 CC 57 liasse (billet non folioté, paiement en date du 15 août).
73 F. Reynaud, La grande peste à Arles...., op. cit., p. 15.
74 417 E 176 f° 88.
75 Livre : unité de poids, 376,16 g.
76 Cartheron : unité de capacité de liquide, vaut à Martigues (même mesure qu’à Lambesc ?), 0,41 l. 417 E 176 f° 107 v°.
77 CC 56 cahier, f° 9 ; 3e liasse (billet non folioté, paiement en date du 5 octobre 1590) ; 6e liasse (billet non folioté, paiement en date du 30 juin) ; CC 57, liasse (billet non folioté, paiement en date du 22 octobre).
78 F. Reynaud, La grande peste à Arles..., op. cit., p. 20.
79 Ibid., op. cit., p. 29.
80 CC 56 1re liasse (billet non folioté, paiement en date du 30 août) ; 2e liasse (billet non folioté, paiement en date du 29 septembre) ; 3e liasse (billet non folioté, paiement en date du 5 octobre).
81 CC 56 4e liasse (billet non folioté, paiement en date du 21 octobre).
82 F. Reynaud, La grande peste à Arles..., op. cit., p. 34.
83 CC 57 liasse (billet non folioté, paiement en date du 28 août).
84 CC 56 cahier non folioté.
85 CC 56 cahier f° 7 v°, 9 ; 1re liasse (billet non folioté, paiement en date du 31 août) ; 4e liasse (billet non folioté, paiement en date du 5 août) ; 6e liasse (billet non folioté, paiement en date du 15 juin 1591) ; CC 57 liasse (billet non folioté, paiement en date du 21 août 1590).
86 F. Reynaud, La grande peste à Arles.., op. cit., p. 31.
87 Ibid., op. cit., p. 20 ; F. Reynaud pose en note : barras, corbeaux.
88 N. de Valeriolle, p. 31.
89 P. Pansier, 1927, t. III, p. 20. César de Nostredame les nomme « sandrapilaires », 1614, p. 831.
90 CC 57 liasse (billet non folioté, paiement en date du 3 septembre), une quittance d’un mois et demi de paiement (22 florins) est donnée à Sauvaire Jordan le 31 août, 417 E 176 f° 114 v°.
91 F. Reynaud, La grande peste..., op. cit., p. 20.
92 CC 56, cahier, non folioté.
93 BB 1 f° 173. On sait que les délibérations du conseil entérinent tardivement les actes. Pour Claudon Michel, CC 56 cahier f° 9 v°.
94 417 E 176 f° 82, 83 v° et quittances 111 v° et 114 v°.
95 CC 56 cahier f° 6, 9 r° v° ; 3e liasse (billet non folioté, paiement en date du 5 octobre) ; 6e liasse (billet non folioté, paiement en date du 30 juin) ; CC 57 cahier, f° 9 et liasse (billets non foliotés, paiement en date des 9 juillet, 3 septembre 1590, 20 février 1591).
96 202 E 180. Seuls l’enregistrement des baptêmes des années 1585-1588, puis 1611, est partiellement connu. Au cours de l’année 1586, complète semble-t-il, 88 baptêmes ont été enregistrés.
97 CC 56/2 cahier, f° 7.
98 6 B 2002, non folioté, A. D. 13 (dépôt d’Aix-en-Provence).
99 CC 56/2 cahier, f° 14 v°.
100 Il y aurait deux Gaspart Arquier. L’un est déclaré décédé à la date du 15 février 1591 : « Rapport pour les hoirs de feu Gaspart Arquier », 6 B 2062 non folioté, A. D. 13 (dépôt d’Aix). L’autre Gaspart Arquier n’est pas mort à l’infirmerie pendant la peste de 1590 : certes on le trouve testant le 6 juin 1590 (417 E 282 f° 77), mais il décède en 1596 (17 E 6 non folioté).
101 Jacques Narbotin est consul, BB 1 f° 173 v°, conseil du 28 mai.
102 La livre de viande coûte 3 sous.
103 417 E 282 f° 49 v°.
104 417 E 282 f° 57.
105 417 E 282 f° 93.
106 6 B 2002, non folioté, A. D. 13 (dépôt d’Aix). Cette mention de testament enregistré par B. Vassal nous est seulement connue par le fait que la veuve est en justice pour une autre affaire.
107 417 E 176 f° 89 v°
108 417 E 282 f° 111.
109 417 E 282 f° 115 v°.
110 417 E 176 f° 96, 97 v°, 100, 103.
111 CC 56, f° 9 v° et F. Reynaud, La grande peste à Arles..., op. cit., p. 17.
112 CC 57, liasse (billet non folioté, paiement en date du 12 avril 1591).
113 CC 57, liasse (billet non folioté, paiement en date du 31 mars 1591).
114 CC 57, liasse (billet non folioté, paiement en date du 31 mars 1591).
115 CC 57, liasse (2 billets non foliotés, une fourniture le 3 juin, paiements en date du 22 février et 31 mars 1591).
116 CC 56, 6e liasse (n° 11, paiement en date du 30 mai).
117 CC 56, 1re liasse (billet non folioté, paiement de 5 florins et demi en date du 7 septembre).
118 CC 56, 1re liasse (n° 20, paiement de 7 florins en date du 13 août).
119 FF 7, liasse pièce à la date du 11 août.
120 CC 56, 1re liasse ; CC 57, liasse (billets non foliotés, paiements en date du 18 septembre 1590, 30 mars et 12 avril 1591).
121 CC 56, 3e liasse (billet non folioté, paiement en date du 8 septembre 1590).
122 Once : unité de poids, 30,59 g (valeur arrondie).
123 Charge : mesure de capacité pour les liquides vaut 93,85 l (valeur arrondie).
124 CC 57 liasse (billet non folioté, paiement en date du 12 avril 1591).
125 CC 57 liasse (billet n° 55, paiement en date du 1er octobre 1590).
126 417 E 176 f° 82 v°-8 3v°.
127 417 E 176 f° 88.
128 CC 56 cahier f° 5 v°.
129 CC 56 cahier f° 7 v°, 8.
130 417 E 176 f° 92, 108.
131 II 3, folio. « Triaque [thériaque], angelique, trementille, ditant blanc, senne, manne, rubarbe, alloes, mirre, estoras, calanite, canfre, beinion [benjoin], termentine, girofle, ladanon, mastic, enfeu, talbanon, assa fetida, estoras liquide ». (Nous avons gardé les formes graphiques de la liste.) On se reportera également aux « recettes » données par Foulquet Sobolis, à Aix-en-Provence, en 1580, H, Beaune, éd., op. cit., p. 258-263, et à Signes, J.-P. Benezet, op. cit., p. 414-426.
132 CC 56/2 cahier f° 2 v° ; CC 56 liasse (billet non folioté, paiement en date du 11 juillet), etc.
133 Rapporté par J.-N. Biraben, La peste en France..., op. cit., t. II, p. 25.
134 Rapporté par M. Signoli, 1995a ; collectif, « Images de la maladie. La peste dans l’histoire, XII, Mesures d’hygiène publique », Sources. Travaux historiques, mai 1990, p. 46.
135 CC 56 cahier f° 9. « Le vinaigre est considéré comme un remède principal, d’une part il sert comme boisson et d’autre part on le prend pour arroser la chambre des malades et la purifier. Il possède la réputation d’un remède de purgation absolument efficace certainement à cause de l’acide acétique dont la fonction thérapeutique agit en outre sur le système digestif », Ch. Ma. Grafinger, 1991, p. 12. « En 3e lieu, on se frottera les narines tous les matins avec du vinaigre et on portera une éponge ou une étoffe [vinaigrée] au nez quand on sortira des maisons (traduit de l’occitan) », J. Eygun, 1996, p. 49.
136 CC 56 cahier f° 2 v° ; CC 56 2e liasse, billet non folioté paiement en date du 29 septembre ; CC 57 liasse, billet non folioté paiement en date du 15 février 1591.
137 N. de Valeriolle, op. cit., p. 115.
138 CC 57 liasse, billet non folioté paiement en date du 15 février 1591 et CC 57 cahier f° 19.
139 FF 7 liasse (billet non folioté, paiement au 27 mai 1590).
140 H. Beaune, éd., Description de la peste à Aix..., op. cit., p. 259.
141 CC 3 f° 410 v°.
142 CC 3 f° 65 v°. Gallas de Gajot acquiert dans ces années des terrains dans les environs : en 1591-1592, il achète des terres dans le terroir de Sues, 417 E 77 f° 341 v°, et il prend en « megerie » un affar de terres, vigne et vergers à Sues en 1594, 417 E 179 f° 115.
143 CC 3 f° 413.
144 Pierre Agard fils de feu Esperit Agard se marie en 1593 avec Lucresse de Gajot fille de Gallas. Ce mariage semble s’inscrire dans une « stratégie familiale » d’acquisition, 417 E 142 f° 85.
145 En 1591, Pierre et Frances Agard avaient passé un arrentement avec Esprit Fede pour une partie de bastide, terre et verger sur une durée de 5 ans pour une charge de blé et une éminée et demie de seigle par an, 417 E f° 201 v°. Il apparaît que le contrat s’est poursuivi avec G. de Gajot suite à l’achat de ce dernier auprès des frères Agard, 417 E 143 f° 605, oblige dans 417 E 179 f° 211.
146 CC 56 cahier, f° 9.
147 Censier de 1598, 17 E 4 (101 E 59) ; cadastre de 1607, CC 4.
148 Certains documents font mention d’un « Saint Farriol ». À notre avis il s’agit dans ces rares cas (3 au total) d’une interpolation du scribe, d’une sorte de contamination due à la proximité (dans les textes successifs) de noms de quartiers de Lambesc marqués par la présence d’une chapelle sous la dénomination d’un saint (FF 7 liasse, rapport d’expert en 1591 non folioté ; cadastre de 1657, CC 7 f° 998 v° et cadastre de 1709 revisité en 1750, CC 10 f° 902).
149 Cavilhes : jeunes plants.
150 CC 4 f° 197, v°. G. Liotard, 1958, p. 12, note l’existence d’une : «... infirmerie de lépreux qui s’appelait “la Maladière” ». Après 1585, les malheureux lépreux ayant été transférés aux Fédons et ailleurs, la Maladière de Saint Roch fut condamnée... » Cette mention de lépreux aux Fédons est probablement une confusion avec l’infirmerie de peste de 1590.
151 Cité par J.-N. Biraben, op. cit., II, p. 160.
152 FF 16 liasse, document non folioté.
153 F. Reynaud, La grande peste à Arles..., op. cit., p. 12.
154 BB 1 f° 174. J. Dumoulin, 1997, p. 435-447.
155 417 E 140 f° 256.
156 417 E 140 f° 262.
157 Casal : grange, remise.
158 417 E 140 f° 280.
159 417 E 282 f° 49 v°.
160 417 E 282 f° 77.
161 417 E 282 f° 78.
162 417 E 282 f° 85.
163 417 E 176 f° 89 v°.
164 On se reportera aux divers testaments se trouvant dans les registres de notaires cités ci-dessus.
165 417 E 282 f° 101.
166 H. Beaune, éd., Description de la peste à Aix..., op. cit., p. 258-259.
167 F. Reynaud, La grande peste à Arles..., op. cit., p. 23.
168 Ibid., op. cit., p. 25.
169 417 E 176 f° 82 v°, dans cet acte (le contrat de Bertrand Vassal), son nom est porté en entier.
170 Voir les liasses de quittances, CC 56, 57. Ces consuls sont tous trois présents comme témoins lors de l’engagement du médecin. Gallas de Gajot s’occupe également du recrutement de barras, 417 E 176 f° 11 v°, 114 v°. Le 2 juin, G. de Gajot avait tout de même pris la précaution de faire son testament, 417 E 75 f° 216bis.
171 417 E 75 A. D. 13.
172 417 E 140 A. D. 13, une feuille restée blanche marque l’absence d’actes entre ces deux dates.
173 417 E 282 et 417 E 176, A. D. 13.
174 Le 12 mai 417 E 140 f° 218 ; le 13 mai 417 E 75 f° 176 ; le 12 juin même registre f° 257 v°, A.D. 13.
175 J.-N. Biraben, La peste en France..., op. cit., t. I, p. 312, en particulier le cas d’Auriol en 1720-1721, p. 319.
176 Ibid., op. cit., t. II, p. 135.
177 Le 12 janvier 1589, une délibération du conseil décide de mettre dehors les étrangers, par crainte de la contagion ? BB 1 f° 132 v°.
178 F. Reynaud, La grande peste à Arles..., op. cit., p. 11. À Lambesc, on paye un certain Gilly Monte pour « la garde de la contagion faisant les bulletins », CC 57 cahier, f° 118.
179 F. Hidelsheimer, 1993, p. 83
180 Voir par pour Carpentras : H. Dubled, 1969, op. cit.
181 Délibération du 19 avril 1585, BB 1 f° 84.
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