Florilège au jardin de l’histoire des Noirs (Zuhür Al Basatin). Tome 1, volume 1
L’aristocratie peule et la révolution des clercs musulmans (vallée du Sénégal)
Durant les années 1920, un lettré sénégalais, Shaykh Muusa Kamara (1864-1945), rédigea en arabe une monumentale Histoire des Noirs, le Zuhūr al-basātīn fi Ta’rīkh ał-Sawādīn (« Florilège au jardin de l’histoire des Noirs »), déposé à l’Institut fondamental d’Afrique noire-Cheikh Anta Diop de Dakar. Les trois quarts des 1700 pages de son manuscrit, qui rassemble de nombreuses traditions transcrites en arabe ou des chroniques des différents États peuls fondés depuis le XVIIe siècle après un jihā...
Éditeur : CNRS Éditions
Lieu d’édition : Paris
Publication sur OpenEdition Books : 16 juin 2016
ISBN numérique : 978-2-271-09088-1
DOI : 10.4000/books.editionscnrs.8451
Collection : Documents, études et répertoires
Année d’édition : 1998
ISBN (Édition imprimée) : 978-2-271-05519-4
Nombre de pages : 464
Conventions de transcription du pulaar et de translittération de l’arabe
Jean Schmitz
IntroductionDurant les années 1920, un lettré sénégalais, Shaykh Muusa Kamara (1864-1945), rédigea en arabe une monumentale Histoire des Noirs, le Zuhūr al-basātīn fi Ta’rīkh ał-Sawādīn (« Florilège au jardin de l’histoire des Noirs »), déposé à l’Institut fondamental d’Afrique noire-Cheikh Anta Diop de Dakar. Les trois quarts des 1700 pages de son manuscrit, qui rassemble de nombreuses traditions transcrites en arabe ou des chroniques des différents États peuls fondés depuis le XVIIe siècle après un jihād, de Sokoto à l’est (Nigeria actuel) jusqu’à la moyenne vallée du Sénégal (Sénégal/Mauritanie), sont consacrés aux populations riveraines du fleuve Sénégal. C’est cette partie qui fait l’objet de la présente traduction française en quatre volumes, dont le premier relate la conquête du pouvoir par des lettrés musulmans à la fin du XVIIIe siècle et décrit les villages situés dans la partie amont du Fuuta Tooro. L’intérêt premier d’une telle entreprise réside dans la qualité des sources, qui ont séduit plus d’un historien, et dans l’esprit critique dont fait montre l’auteur. En effet, il désapprouve les prétentions des musulmans sénégalais ou mauritaniens à se fabriquer de prestigieux ancêtres arabes provenant du Moyen-Orient car, selon lui, la noblesse réside dans la seule maîtrise de la culture arabo-islamique. Cette ethno-histoire, synthèse de traditions orales recueillies au début du siècle, constitue de fait une inestimable base de données socio-historiques sur la vallée du Sénégal. Le second intérêt est historiographique : Kamara opère en permanence une transposition culturelle des institutions et de l’histoire d’une société située aux confins de l’Occident musulman selon un triple registre. L’auteur utilise en effet l’arabe classique — donc les catégories de pensée arabo-musulmanes — pour décrire cette société qui se définit par la pratique d’un même dialecte peul, le pulaar, description qu’il destine pourtant principalement aux administrateurs-ethnologues français de son temps, Henri Gaden et Maurice Delafosse.
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