Indications de couleur dans les manuscrits médiévaux
p. 189-198
Résumé
Lors de la préparation du cahier en vue d’y peindre son programme ornemental, l’enlumineur a parfois tracé des indications prévoyant la couleur des différents éléments du décor : les initiales, qu’elles soient de couleur, filigranées, champies, ornées ou historiées, et les miniatures. Pratique innée et universelle chez le peintre, l’application de ces indications se présente irrégulièrement et soulève un éventail de questions dont nous ferons état dans cette communication en examinant à travers les siècles les différents emplacements et formes de ces marques, les circonstances favorables à leur occurrence, le nombre d’artistes impliqués, et la portée philologique de ce marquage.
Texte intégral
1Une œuvre d’art de bonne qualité, bien finie, nous emporte d’abord par son esthétique, par son message. Ce n’est qu’en deuxième lieu qu’on s’interroge sur la technique, sur les matières employées ainsi que sur le temps et les manipulations nécessaires au résultat. Cette deuxième réflexion a préoccupé depuis plus d’un siècle plusieurs historiens de l’enluminure qui ont essayé de détecter les préparatifs de l’artiste au travers des instructions iconographiques, des dessins inscrits dans les marges, des techniques de transfert sur les œuvres inachevées, dans des livrets de modèles ou des traités, et par des analyses en laboratoire1. Ces dernières années, à la Bibliothèque nationale, nous avons concentré nos recherches sur l’un des aspects, peu étudié jusqu’ici, de ces préparatifs : les indications non iconographiques à l’usage du peintre, par exemple des traits servant à chiffrer le nombre d’initiales dans chaque cahier, des signatures alphabétiques ou autrement sériées, inscrites sur des feuillets d’un cahier en vue d’assurer leur remise en bon ordre, des comptes pour le paiement, des schémas et des mots relatifs à différents membres de la hiérarchie des initiales, des indications relatives au motif choisi pour tapisser le fond d’une miniature, et, finalement, celui qui nous concerne ici, des indications de couleur2.
2Jusqu’à présent, le plus ancien exemple d’un marquage prévoyant la couleur qui nous soit connu se trouve dans un manuscrit ibérique du xe siècle, publié par J. Vezin3. Il s’agit d’un Commentaire de Cassiodore sur les Psaumes où plusieurs initiales ornées n’ont pas reçu de peinture à l’exception d’un peu d’or : sur trois feuillets, on constate que, dans la même encre vermillon utilisée pour dessiner l’initiale, l’artiste a inscrit des lettres indiquant les couleurs. A peine plus tard, on trouve des indications dans un carnet de modèles datant de l’an mil publié par E. Vergnolle4. Tandis que les indications dans le carnet se rapportent sans doute aux couleurs de l’original, celles dans le Cassidore servent plus vraisemblablement de « pense-bête » au peintre dont le travail s’effectue par étape, commençant par le dessin, se poursuivant par la pose de l’or et se terminant par la peinture.
3C’est au célèbre historien de Saint-Martial de Limoges, Adémar de Chabannes, mort en 1034, que nous devons un cas fort intéressant, relevé dans un petit recueil, constitué en grande partie par Adémar lui-même5. Il s’agit d’une série de dessins illustrant des fables d’Esope dans l’édition latine connue sous le nom du Romulus. Le dessin des images a précédé la copie du texte, ce dernier ayant été inséré au mieux autour de l’image, créant en quelque sorte une inversion des carmina figurata où la figure contient le texte. Les indications de couleur sont tout à fait lisibles sur la plupart des pelages, des vêtements et des objets. De tous les dessins et esquisses attribuées à Adémar, ce sont les seuls qui portent de telles indications. Comme l’a constaté Adolf Goldschmidt, si Adémar se rapportait à son modèle pour établir le programme de coloriage, ce modèle était probablement assez récent, compte-tenu de la sensibilité romane fortement marquée dans le choix des couleurs. Qu’Adémar se soit intéressé également à la préparation des pigments est confirmé par la mention, au fol. 147 v du manuscrit, de quatre recettes pour la fabrication de la couleur verte, seule tonalité de la palette d’Adémar ayant une composition complexe et exigeant une préparation élaborée6.
4L’application au dessin des indications de couleur, que ce soit dans le sens d’un rappel du schéma chromatique du modèle ou dans le sens d’une réflexion de la part du dessinateur, est une pratique qui dure tout au long du Moyen-Âge. Du xiie siècle nous avons un exemple à Winchester et un autre dans un Psautier fait pour la Charité-sur-Loire7. Du XIIIe s., nous connaissons un exemplaire de la Bible moralisée, un bestiaire fait en Artois8 et un Romulus fait en Allemagne9 ; du XIVe s., une Histoire ancienne jusqu’à César et un Nicolas de Lyre, tous deux produits en Italie10, et ainsi de suite. Pour tous les exemples cités, le marquage a été effectué à l’encre, permettant de voir des lettres même à travers les couches de peinture. Dans un groupe de manuscrits faits à Paris pendant le premier quart du xive siècle et portant une riche variété d’indications, Marie-Thérèse Gousset a observé sur une des miniatures, à l’aide d’une source lumineuse, les inscriptions faisant la distinction entre l’or bruni utilisé pour les anges, et l’or mat utilisé pour le coffre qui leur sert de siège11.
5Si on admet qu’une réflexion préalable concernant les couleurs et leur distribution sur l’image fait partie des préparatifs esthétiques du peintre, il est peut-être moins facile d’expliquer les indications tracées dans les marges à la pointe sèche, à la mine de plomb ou à l’encre et destinées à prévoir la couleur d’une simple initiale monochrome ou du fond uni d’une initiale historiée ou ornée. Pourtant la pratique est fort ancienne, remontant au moins au troisième quart du xie siècle, comme dans un manuscrit du De Trinitate de saint Augustin exécuté entre 1055 et 1080 soit à Fécamp, soit au Mont-Saint-Michel, et dans lequel la couleur des initiales secondaires est prévue par une lettre tracée à la mine de plomb : A pour aurum ou or ; L pour lazurium ou bleu ; M pour minium ou rouge, et V pour viridium ou vert12(fig. 1). A première vue, un tel marquage semble inutile, excessif, démesuré. Pourquoi faut-il prévoir la couleur d’une initiale ou d’un fond monochrome ? Et pourquoi certains manuscrits portent-ils ces indications tandis que d’autres, faits par les mêmes artisans et au même moment n’en portent pas ?13.
6Afin de mieux comprendre l’utilité de ces marques, nous avons essayé de cerner les conditions favorables à leur occurrence en dressant une liste de caractéristiques communes aux manuscrits qui les portent. Mais avant d’énumérer ces critères, il est indispensable de souligner un aspect très particulier du travail de l’enlumineur. Le manuscrit est un objet composite dont l’esthétique et la lisibilité dépendent d’une hiérarchie du décor appliquée avec régularité d’un bout à l’autre. Pendant sa fabrication, pourtant, cet objet est traité en pièces détachées. Ce n’est qu’au début et à la fin du projet que le peintre peut avoir une vision d’ensemble des feuillets consécutifs ; le travail lui-même se déroule par bifolium (et non par feuillets consécutifs du texte), ainsi que par étapes dont le nombre et la durée sont déterminés par l’usage des métaux or et argent et par le temps de séchage.
7Etroitement liée à ces conditions de travail, la première raison de marquage est l’alternance de couleurs ; de surcroît, elle est souvent une alternance de trois couleurs ou plus. L’alternance est une des idées les plus élémentaires dans la conception de l’ornement, que ce soit en vue de maintenir un ordre régulier ou de suggérer une grande variété. Une véritable alternance de couleurs dans le manuscrit médiéval remonte au moins à l’époque carolingienne, où l’on trouve des initiales rouges et vertes, occasionnellement associées avec des initiales dorées. Cependant, dans les cas étudiés, la séquence de couleurs a été assurée par une distinction de taille : les lettres dorées étant plus grandes que les lettres rouges et les lettres vertes14. Néanmoins, nous soupçonnons fortement qu’un jour un exemple de marquage carolingien sera repéré, et si nos efforts ont été jusqu’alors infructueux, c’est probablement à cause du souci aigu de l’artiste carolingien de bien cacher toute trace de préparatif technique. Le xe siècle et la première moitié du xie n’ont pas encore livré d’exemples ; à cette époque la nette préférence pour un décor monochrome à l’encre rouge minium, même en alternance avec l’encre brune, n’exige évidemment pas de marquage. Notre manuscrit normand, du troisième quart du onzième siècle, est orné en effet d’initiales de quatre couleurs en alternance : or, rouge, bleu, vert, et on remarque une pluralité de trois couleurs ou plus sur la plupart des manuscrits antérieurs à 1200 et portant des indications15.
8La multiplicité des couleurs n’est tout de même pas un sine qua non de marquage. A partir du xiiie siècle, nous trouvons un marquage pour l’alternance des initiales filigranées rouges et bleues16. Pourquoi ? Notons que le marquage à cette époque prend une forme différente, celle d’un trait tracé à côté d’un emplacement réservé sur deux. Ces traits précisent non pas une couleur mais l’alternance entre deux couleurs. L’artiste exécutait sans doute toutes les initiales d’une même couleur avant de passer à la couleur suivante.
9Le deuxième critère consiste en la présence de l’or dans la suite de couleurs. C’était le cas du manuscrit espagnol du xe siècle, de notre exemple normand, des Bibles champenoises de la fin du xiie siècle et de beaucoup d’autres exemples17. En effet, au xiiie siècle, c’est parfois uniquement l’or qui est indiqué. L’application de l’or, on doit le rappeler, nécessite une étape supplémentaire, isolée dans la suite des opérations, une étape qui précède la peinture proprement dite. Ainsi faut-il déterminer quels feuillets recevront de l’or et les traiter à part.
10Le troisième critère porte sur l’emplacement et la taille de Einitiale qui aura au moins deux lignes de hauteur, sera placée en saillie dans la marge gauche, ou en dehors du bloc de texte, et sera séparée de l’initiale précédente et de l’initiale suivante par à peu près un feuillet de texte. Ce dernier dispositif est le plus important : lorsqu’il n’y a qu’une seule initiale par recto ou verso d’un feuillet, la séquence régulière des couleurs est difficile à maintenir dans un cahier démantelé (surtout si les bifolia portant de l’or sont toujours gardés à part). En raisonnant inversement, on constate qu’il est facile de maintenir l’alternance rythmée des initiales quand il y en a plusieurs sur chaque feuillet, ou quand les lettres sont petites et rapidement exécutées. Au demeurant, on note que les grandes initiales exigent parfois un dessin préalable, et dans ces cas-là, il semble logique que l’artiste indique la couleur avec l’instrument qui a servi à faire le dessin18(fig. 2). Enfin, la taille du manuscrit lui-même pourrait jouer un rôle, la manipulation des cahiers de format in-folio étant moins commode que celle des in-octavo et des in-quarto.
11Trois conditions donc semblent nécessiter l’usage des indications : une alternance de plusieurs couleurs, la présence de l’or et des considérations d’espacement et de taille. A qui ces indications s’adressent-elles ? A l’artiste lui-même ? A un assistant ? Si on se laisse influencer par l’usage de plus en plus abusif du mot atelier dans l’historiographie moderne (tendance accentuée par le désir de bien faire le contraste entre la production monastique et la production hors scriptorium) on aboutit à une vision corporatiste complète avec des maîtres, des apprentis, des assistants. Mais la documentation d’archives, l’iconographie de l’artisan, et l’archéologie des manuscrits eux-mêmes ne confortent pas une telle interprétation19. Selon notre expérience, ce sont plutôt des systèmes de marquage personnels que l’artiste se destine à lui-même, systèmes nécessités par le problème technique du démantèlement du cahier qui fait perdre de vue la vision d’ensemble pendant les étapes successives du travail. La preuve, s’il en faut une, réside dans le fait que dans les manuscrits, qui sont peints par plusieurs artistes et portent des indications de couleur, le graphisme, l’emplacement, la technique et les abréviations choisies pour le marquage varient selon l’artiste20. Quand une indication n’est pas suivie, nous ne présumons pas qu’un assistant se soit trompé mais que l’artiste a changé d’avis pour des raisons matérielles ou esthétiques. Si nous prêtons à l’artiste notre propre sens de l’organisation, nous risquons de ne pas bien lire son message.
12En décryptant le code de l’artiste à travers les indications tracées dans les marges, nous dévoilons plus que les simple problèmes pragmatiques de l’artisan. Nous franchissons un seuil linguistique qui nous renseigne sur le statut social de l’enlumineur et sur son parler quotidien. Tout d’abord, ces indications confirment que l’enlumineur a toujours su lire, même en ce siècle méconnu qu’est le xe siècle, ou encore quand la production manuscrite se sécularise au xiie siècle. A l’enlumineur revient la recherche et l’achat des couleurs, leur préparation chimique et leur mélange suivant des recettes, leur application à des ornements et des iconographies complexes. Non seulement il est lettré, mais à partir du xiie siècle il semble être bilingue (sinon trilingue) dans son travail, car tandis que les grimoires et les livres de recettes sont rédigés pour la plupart en latin, ses indications marginales sont le plus souvent en langue vulgaire locale. Tel est le cas du Livre des Rois (Paris, Bibl. Maz. 54), la plus ancienne traduction en langue vulgaire de ce texte biblique. Le dialecte du texte est anglo-normand, et tous les indices codicologiques - écriture, ornement à la plume, l’initiale historiée (malheureusement abîmée) - concourent à une datation vers 1170-1180 et à une localisation d’origine en Angleterre, soit à Londres, soit à Cantorbéry. Alors que le texte est français, les indications de couleur sont anglaises, comme en témoigne la lettre G qui prévoit la couleur verte ou green (fig. 3). Ces notations de l’artiste, inscrites dans sa langue maternelle, ne parlent pas de la composition de la couleur, elles prévoient une tonalité21.
13Homme compliqué, l’artiste a toujours échappé à ceux qui n’écoutent pas avec leurs yeux. En 1330, dans son Pèlerinage de l’âme, Guillaume de Digulleville, moine cistercien de Châalis, a décrit la hiérarchie sociale de son temps par analogie à une statue dont la tête en or représente le roi, la poitrine en argent la noblesse, l’estomac et les cuisses en bronze les classes professionnelles, les jambes les bourgeois, et les pieds de fer et de terre les commerçants et les artisans, ces derniers rangés selon leur ’utilité’ à la société. C’est sans doute par malice qu’il a classé le peintre et le sculpteur en dernier lieu :
Mieux s’aide-t-on d’un charretier
D’un couvreur et d’un potier
Qu’on ne ferait d’un organeur
D’un peintre ou d’un imageur.
14Pourtant, le poème de Guillaume est doté d’un riche programme d’images fort importantes pour la transmission visuelle de ses idées. Gare au philistinisme, hier et demain.
Notes de bas de page
1 On doit à Henri MARTIN l’introduction classique à ce sujet : Les miniaturistes français, Paris, 1906. Les études plus récentes, traitant ponctuellement des différents aspects sont trop abondantes pour les citer. Toutefois, le troisième volume des actes du colloque qui a eu lieu à Rennes en 1983, à paraître prochainement, donnera quelques orientations (Artistes, artisans et production artistique au Moyen Age, Picard).
2 P. STIRNEMANN, « Nouvelles pratiques en matière d’enluminure au temps de Philippe Auguste ». La France de Philippe Auguste - le temps des mutations (Colloque C.N.R.S., 1980), Paris, 1982, pp. 955-980 : L. GILISSEN, « Un élément codicologique méconnu : l’indication des couleurs des lettrines jointes aux « lettres d’attente » dans Paläographie 1981 (Münchener Beiträge zur mediavistik und Renaissance Forschung 32) Munich, 1982, pp. 186-191 ; P. STIRNEMANN, « Réflexions sur des instructions non iconographiques dans les manuscrits gothiques », Artistes, artisans et production artistique au Moyen Age (t. III, à paraître en 1989) ; M. -T. GOUSSET et P. STIRNEMANN, « Marques, mots et pratiques : leur signification et leurs liens dans le travail des enlumineurs » (actes de la table ronde : Vocabulaire du livre et de l’écriture au Moyen-Age, septembre 1987, organisée par CIVICIMA, Comité Du Cange et I.R.H.T.), Turnhout, 1989, pp. 34-55 ; Dr Andreas PETZOLD publiera les résultats de ses recherches sur les indications de couleur dans les manuscrits d’origine anglaise au xie et au xiie siècles en 1990 dans le British Library Journal.
3 J. VEZIN, dans La France de Philippe Auguste - le temps des mutations, Paris, 1982, p. 980.
4 E. VERGNOLLE, dans La France de Philippe-Auguste, p. 980 ; ibid., « Un carnet de modèles de l’an mil originaire de Saint-Benoît-sur-Loire (Paris, BN lat. 8317 + Roma, Vat. Reg. lat. 596), dans Arte Medievale, 2 (1984), pp. 23-56.
5 L. DELISLE, « Notice sur les manuscrits originaux d’Adémar de Chabannes » Notices et extraits des manuscrits, XXXV, L (1896), pp. 241-358, 6 pl. ; A. GOLDSCHMIDT, An Early Manuscript of the Aesop Fables of Avianus and Related Manuscripts, Princeton, 1947, pp. 35 sqq., pl. 29-34 ; D. GABORIT-CHOPIN, « Les dessins d’Adémar de Chabannes », Bulletin archéologique, ns. 3, 1967, pp. 163-225.
6 Le texte (« Praecepta quattuor de coloribus ») a été édité par V. ROSE, Die Handschriften-Verzeichnisse Königlichen Bibliothek zu Berlin, XII, Verzeichniss der lateinischen Handschriften, Berlin, 1983, t. I, p. 203, note.
7 Les indications dans le manuscrit de Winchester (Oxford, Bodleian Library, ms. Auct. D. 1.13) sont illustrées sur les planches 97 et 98 dans C. de HAMEL, A History of the Illuminated Manuscript, Oxford, 1986. Pour des images où les indications sont visibles dans le manuscrit de la Charité (Londres, British Library, Harley 2895), voir P. STIRNEMANN, « Nouvelles pratiques », pl. 4a et b, et D.H. TURNER, Romanesque Illuminated Manuscripts in the British Museum, London, 1966, pl. 16.
8 Pour la Bible moralisée, voir R. HAUSSHERR, Bible moralisée, Faksimile Ausgabe im Originalformat des Codex Vindobonensis 2554 des Osterreichischen Nationalbibliothek. Graz/Paris, 1973 : les indications de couleur ne figurent que sur le premier feuillet, et l’artiste ne les respecte que partiellement. Nous remercions Jean-Pierre ANIEL (C.R.M.E.) pour avoir attiré notre attention sur les indications dans ce manuscrit.
9 GOLDSCHMIDT, An Early Manuscript, p. 51 et pl. 36-39 : Hamburg, Statsbibl., cod. in scrinio 47.
10 Histoire ancienne jusqu’à César : Paris, B.N., fr. 1386. Nicolas de Lyre, Postilla in Genesim : Arras, B.M., 252, ff. 21 et 21v, par exemple. Ce manuscrit est apparenté à Paris, B.N. lat. 364 (voir notice de F. AVRIL dans Dix siècles d’enluminure italienne, Paris, exposition à la Bibliothèque nationale, 1984, n° 93).
11 Bible historiale : Paris, B.N., fr. 8, f. 61, enluminée par Geoffroy de Saint-Léger.
12 Paris, B.N., lat. 2088. Au moment de la fabrication de ce livre, la production manuscrite au Mont-Saint-Michel ne se distingue guère de celle de Fécamp, étant donné que les deux abbayes employaient les mêmes artisans. Voir F. AVRIL, « La décoration des manuscrits au Mont-Saint-Michel (xie-xiie siècles) », dans Millénaire monastique du Mont-Saint-Michel, II, éd. R. Foreville, Paris, 1967, pp. 235-238.
13 Paris, B.N., lat. 2055, par exemple, a été achevé au même moment et par les mêmes artisans que le latin 2088, mais il ne porte pas des indications de couleur. Notons que le lat. 2055 ne contient pas de l’or et que les initiales de couleur, de taille réduite, sont insérées dans le texte.
14 Citons à titre d’exemple Paris, B.N., lat. 12050 et lat. 12051.
15 Citons à titre d’exemple le lat. 1996 1-5 (XIIe s., troisième quart), saint Augustin Enarrationes in Psalmos, provenant d’Escharlis, abbaye cistercienne, diocèse de Sens, dan l’Yonne. Chaque volume est peint par un artiste différent, mais ceux-ci cherchent l’harmonie en pratiquant la même version d’un style’monochrome’issu de Cîteaux. Parallèlement leurs indications de couleurs sont similaires, mais se distinguent individuellement par le graphisme et choix de lettre (minium ou rubeum pour rouge, par exemple).
16 Nos plus anciens exemples de cette pratique remontent aux environs de 1230 : Paris B.N., lat. 2447 et n.a.l. 1509. Dans ces deux cas le trait est rouge ; normalement on trouve des traits à la mine de plomb ou à la pointe sèche.
17 Pour s’en faire une idée, voir le catalogue d’exemples dans P. STIRNEMANN, « Nouvelles pratiques » (note 2, supra).
18 Le tracé effectué à la mine de plomb est assez lisible sur les initiales peintes en couleur brun-violacé dans le manuscrit lat. 1996 5 (cf. note 15).
19 Sur ce problème, signalons deux contributions récentes : R.H. ROUSE et M.A ROUSE, The Book Trade at the University of Paris, ca. 1250-ca 1350, dans La Production du livre universitaire au Moyen-Age, Exemplar et Pecia (Actes du symposium tenu au Collegio San Bonaventura de Grottaferrata en mai 1983), Paris, 1988, pp. 41-114 ; GOUSSET et STIRNEMANN, « Marques, mots » (note 2, supra). Tout en admettant qu’il fallait constituer des équipes, ad hoc, pour réaliser des grands projets, comme les Bibles moralisées nous sommes beaucoup plus circonspectes en ce qui concerne les ’ ateliers ’ à l’image de ceux proposés dans le livre de Robert BRANNER Manuscript Painting in Paris during the Reign of Saint Louis, Berkeley, 1977. Nous préférons imaginer des individus vivant er proximité et travaillant occasionnellement ensemble, ou des familles artisanales.
20 C’est le cas, par exemple, dans le latin 1996 1-5, le latin 16743-6 (Bible des Capucins, peint par deux artistes, l’un mosan, l’autre anglais), le français 60 (exécuté par Richard de Montbaston et Geoffroy de Saint-Léger).
21 Les notations du xiie siècle en langue française s’observent sur Londres, B.L. Harley 2895 (Psautier de la Charité-sur-Loire) ; Paris, Bibl. Ste Geneviève 8-10 (Bible de Manerius, produite pour Saint-Loup de Troyes) ; Paris, B.N., lat. 11535 et 11534 (Bible produite à Troyes), où l’indication de l’or par un O et de blanc par un B ne laissent pas de doute. Dans un manuel utilisé par un enlumineur vers la fin du xiie siècle on trouve des mots flamands incorporés dans le texte et inscrits dans les marges, voir H. SILVESTRE, « Le Ms Bruxellensis 10147-58 (s. XII-XIII) et son ’ Compendium artis picturae ’, dans Bulletin de la Commission Royale d’histoire, CXIX (1954), pp. 95-140 ; nous remercions le Dr. A. PETZOLD pour cette référence). Lors du colloque, le Dr. Petzold nous a fait part de ses recherches approfondies sur les indications de couleur dans les manuscrits d’origine anglaise au XIe et au xiie siècle (voir note 2, supra) ; ses résultats démontreront que l’application des indications en langue anglaise remonte au moins à la fin du xie siècle.
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