Z.
p. 1265-1271
Texte intégral
Zancani Montuoro, Paola (1901-1987)
1Archéologue italienne, helléniste spécialiste de l’art grec. Elle fait ses études de lettres à l’Université de Naples, où elle se met à l’école de G. E. Rizzo, historien de l’art classique ; puis elle est admise à l’École nationale d’archéologie de Rome et appartient à l’École italienne d’Athènes. Avant de gagner la Grèce, elle a épousé D. V. Zancani, lui aussi membre de l’École, qui, atteint du typhus, meurt à Athènes. En 1932, elle est invitée à Syracuse par P. Orsi, pour recomposer les tablettes en relief de Locres, puis de Reggio de Calabre, sur lesquelles elle travaille jusqu’en 1958, et réalise une exposition au Musée national de Reggio ; elle apporte ainsi une contribution importante à la connaissance de l’histoire de la religion grecque. L’année 1933 marque le début de sa collaboration avec U. Zanotti Bianco, fondateur et directeur de la Società Magna Grecia. Tous deux opposants au régime fasciste, ils sont assignés à résidence à Paestum. Depuis 1926, P. Zancani Montuoro est convaincue, après avoir examiné les textes anciens, que le fameux sanctuaire d’Héra, situé par Strabon près de la source du Sele, devrait se trouver sur la rive gauche du fleuve. En 1933, elle entre donc à la Società Magna Grecia, fondée par U. Zanotti Bianco, et mène sur le terrain une première exploration systématique. C’est P. Orsi qui suggère à U. Zanotti Bianco la possibilité de travailler avec P. Zancani Montuoro pour tenter de retrouver le sanctuaire d’Héra Argiva. En 1934, le site est effectivement identifié et les premières fouilles révèlent le grand temple, le thésauros, les dépôts votifs archaïque et hellénistique et quelques-unes des trente-sept métopes qui bouleversent la connaissance de l’art grec archaïque en Grande-Grèce. Les travaux de dégagement et d’étude, réalisés grâce à des fonds privés, se poursuivront jusqu’en 1958 pour la Società Magna Grecia renforcée par des subventions de la Bollingen Foundation. En 1954, lorsque la Società Magna Grecia est reconstituée, U. Zanotti Bianco entreprend l’étude du matériel qu’il a recueilli en 1931 au cours de son exploration de la plaine de Sybaris, en quête de la cité antique qu’il avait alors localisée en un lieu appelé Parco del Cavallo. P. Zancani Montuoro et U. Zanotti Bianco conçoivent alors un programme d’exploration systématique de cette zone qui donnera naissance, après la mort de Zanotti, à un projet de fouilles systématiques de la surintendance de Calabre. À partir de 1963, P. Zancani Montuoro dirige les Atti e Memorie de la Società Magna Grecia où elle publie les travaux de Francavilla Marittima, centre hellénisé satellite de Sybaris. En 1969, elle entreprend l’exploration des zones urbaines de Sybaris. Membre de l’Accademia Nazionale dei Lincei depuis 1956, elle est rédactrice en chef des Monumenti Antichi et des Notizie degli Scavi. La découverte de l’Héraion du Sele ouvre une ère nouvelle dans l’archéologie de l’Italie du Sud ; aux travaux pionniers de P. Orsi succèdent des entreprises plus vastes conduites par des archéologues d’une nouvelle génération. Par son œuvre scientifique, P. Zancani Montuoro amplifie l’élan donné à l’archéologie de la Grande-Grèce par P. Orsi ; grâce à ses travaux et à l’action de la Società Magna Grecia fondée par U. Zanotti Bianco, le passé grec du Mezzogiorno occupe une place centrale dans l’histoire de l’Italie.
Bibliographie sélective :
2L’Origine della decorazione frontonale, 1925 ; Repliche romane di una statua fidiaca, 1933 ; La Struttura del fregio dorico, 1940 ; Il tipo di Eracle nell’arte arcaica, 1947 ; Un mito italiota in Etruria, 1948 ; « Sibari, Posidonia e lo Heraion », Archeologia e Storia de Calabria e Lucania XIX, 1950, p. 65-84 ; avec U. Zanotti Bianco, Heraion alla foce del SeleI-II, Rome, 1951-1954 ; « Note sui soggetti e la tecnica delle tabelle di Locri », Atti e Memorie della Società Magna Grecia I, 1954, p. 73-108 ; Odisseo e Cariddi, 1959 ; avec U. Zanotti Bianco, « La campagna archeologica del 1922 nella piana del Crati », Atti e Memorie della Società Magna Grecia 3, 1960, p. 7-20 et 4, 1961, p. 7-63 ; articles sur « L’Heraion alla foce del Sele » dans Atti e Memorie della Società della Magna Grecia, de 1964 à 1967 ; avec G. Foti et M. W. Stoop, « Scavi a Francavilla Marittima » 1, Atti e Memorie della Società Magna Grecia 6-7, 1965-1966, p. 7-21 ; avec R. Bianchi-Bandinelli et M. Cagiano de Azevedo, Pittura e pittori nell’Antichità, Rome, 1968 ; « Sibari-Thurii », Atti e Memorie della Società Magna Grecia, vols. XIII et XIX, 1974 ; avec M. W. Stoop et M. Maaskant-Kleebrink, « Francavilla Marttima », Atti e Memorie della Società Magna Grecia, 15-17 (1979), 21-23 (1980-1982), 24-25 (1983-1984).
3VOIR :
Biografie e Bibliografie degli Accademici Lincei, Rome, 1976 ; Omaggio a Paola Zancani Montuoro, Atti e Memorie della Società Magna Grecia 1-1992, p. 7-50.
Zannoni, Antonio (1833-1910)
4Architecte italien et archéologue autodidacte, il fouille la célèbre nécropole de la Certosa à Bologne et révèle un pan très important de la Protohistoire italienne. Il fait des études de philosophie et de mathématiques à l’Université de Rome. Il se rend ensuite à Bologne où il obtient, en 1861, le diplôme d’ingénieur architecte de l’École royale d’application des ingénieurs et entre au Bureau technique de la mairie, dont il devient le directeur de 1874 à 1877. À l’occasion des travaux d’urbanisme et, en particulier, de la reconnaissance du tracé de l’aqueduc romain, il découvre les vestiges les plus anciens de la cité, révélant la Protohistoire de Bologne. Il se passionne alors pour l’archéologie et conduit de nombreux chantiers sur le territoire de la ville, mais pas au-delà de 1878, date à laquelle il se trouve privé des moyens de poursuivre ses travaux : il se heurte en effet à l’autorité du commissaire royal, G. Gozzadini, nommé par la Direction générale des musées et des fouilles en 1875. C’est en 1869 que, à l’occasion de travaux dans le cimetière de la Certosa, est découverte une ciste en bronze que Zannoni rapproche d’exemplaires identiques trouvés en Étrurie padane et d’autres objets découverts fortuitement à la Certosa vers 1835 : il a alors l’intuition que le site correspond à une nécropole étrusque. Il entreprend l’exploration systématique des tombes, en appliquant une méthode empruntée à la géologie et en transformant ainsi profondément la recherche archéologique sur le terrain. Il est l’un des premiers à mettre en œuvre de véritables procédés scientifiques de fouille, considérant que le travail de dégagement doit fournir le plus grand nombre d’indications pour la compréhension du site ; voilà pourquoi toutes les opérations sont enregistrées en tenant le plus grand compte de la topographie, de la stratigraphie, du contexte et de la situation des vestiges. Il réunit une documentation tout à fait exceptionnelle, réalisant le plan général de la nécropole, fournissant pour chaque tombe un croquis où il précise les dimensions, la profondeur, les objets et leur position. De plus, il exécute de très nombreuses photographies de chacune des étapes du chantier. En 1871, il expose ses résultats devant le Ve Congrès international d’anthropologie et d’archéologie préhistoriques réuni à Bologne et remporte un très grand succès auprès des préhistoriens européens. Sa connaissance de la topographie de Bologne et les informations recueillies à la Certosa lui permettent de lancer l’hypothèse – vérifiée par les fouilles ultérieures – que la Certosa n’est pas la seule nécropole de Felsina-Bologne, mais qu’elle appartient à un ensemble réparti autour de l’habitat antique, situé sous la ville moderne : en effet, en prolongeant l’exploration suivant l’axe de la route qui divise la nécropole de la Certosa en quatre groupes, il dégage en cinq années 1500 tombes des nécropoles occidentales et, en 1872, reconnaît, dans la rue du Pratello, un groupe de cabanes correspondant aux vestiges de l’habitat. Jusqu’en 1878, il poursuit les travaux sur les nécropoles occidentales à la périphérie de la ville : il découvre et fouille scrupuleusement la nécropole Benacci qui revêt une importance particulière, mais il ne peut mener à bien sa publication. Il fait de ses travaux quatre comptes rendus préliminaires dans le Bulletin de l’Institut de Rome et, grâce à l’analyse de la stratigraphie horizontale et verticale et à celle du mobilier, il reconstitue le cadre de l’histoire la plus reculée de Felsina : la nécropole Benacci comprend des tombes villanoviennes, certaines mêmes étant plus anciennes, et des tombes gauloises et romaines. Les découvertes de Zannoni font de Bologne le site le plus riche d’Italie pour l’âge du fer. En 1883, il est chargé de l’enseignement de l’architecture à l’École royale des ingénieurs et devient professeur ordinaire en 1899. De 1904 à 1908, il s’engage dans la vie politique et devient conseiller municipal de Bologne, puis de Faenza et de Ravenne. A. Zannoni est le premier à explorer un site selon une méthode empruntée à la géologie et met au point la stratigraphie horizontale et verticale dont l’invention est traditionnellement attribué à O. Montelius.
Bibliographie sélective :
5« Sui presunti rasoi di Bronzo. Lettera del sig. cav. Zannoni a W. Helbig », Bulletin de l’Institut de correspondance archéologique, Rome, 1875, p. 46-55 ; « Scoperte archeologiche di Felsina. Scavi Benacci », Bulletin de l’Institut de correspondance archéologique, Rome, 1875, p. 12-182 et p. 209-216 ; « Fouilles de la Certosa de Felsina », Congrès international d’anthropologie et d’archéologie préhistoriques. Compte rendu de la VIIe session, Budapest, 1876, p. 310-320 ; Gli Scavi della Certosa, 1876-1884 ; La Fonderia di Bologna, Bologne, 1888 ; Arcaiche abitazioni di Bologna, Bologne, 1892.
6VOIR :
W. Helbig, « Gli scavi della Certosa di Bologna descritti ed illustrati da A. Zannoni, dispensa 1 et 2, Bologna 1876 », Bulletin de l’Institut de correspondance archéologique, Rome, 1876, p. 237-240 ; G. Ghirardini, « Antonio Zannoni », Atti e Memorie della Diputazione di Storia Patria per le Provincie di Romagna, série IV, II, 1912, p. 555-563 ; A. Grenier, Bologne villanovienne et étrusque. viiie-ive siècles avant notre ère, Paris, 1912 ; C. Morigi Govi, « Antonio Zannoni : dagli scavi della Certosa alle “arcaiche abitazioni” », dans C. Morigi Govi et G. Sassatelli éd., Dalla Stanza delle Antichità al Museo Civico. Storia della formazione del Museo Civico Archeologico di Bologna, Bologne, 1984 ; M. Desiterre, Paletnologi e studi preistorici nell’Emilia Romagna dell’Ottocento, Reggio Emilia, 1988.
Zanotti Bianco, Umberto (1889-1963)
7Archéologue italien. Ami de P. Orsi, il l’un des grands archéologues spécialistes du Mezzogiorno, dont la revalorisation historique, économique et sociale mobilise son énergie philanthropique et politique. Piémontais de mère anglaise, il visite la Calabre après le tremblement de terre de 1909 et décide de travailler désormais à améliorer les conditions de vie dans le sud de l’Italie : dans ce but, il fonde en 1910 l’Associazione Nazionale per gli Interessi del Mezzogiorno et décide en 1912 de s’installer à Reggio di Calabria pour assurer la direction du bureau de l’association. En 1911, il fait une première rencontre décisive, celle de P. Orsi avec qui il se lie d’une très vive amitié, et qui détermine son intérêt pour l’archéologie ; il prend alors conscience que la mise en valeur du passé grec du Sud et de la Sicile est un facteur de revalorisation de ces régions. Il associe ses recherches scientifiques à de multiples actions sociales (bibliothèques, écoles, jardins d’enfance, colonies de vacances). Pour pallier les difficultés économiques auxquelles se heurte P. Orsi à la tête de la Surintendance de la Calabre, il prend l’initiative de créer en 1920 la Società Magna Grecia, placée sous la présidence de P. Orsi, afin de recueillir des fonds privés pour soutenir les surintendances et leur permettre d’ouvrir des chantiers de fouille en Grande-Grèce et en Sicile. La Société patronne de nombreux chantiers en Italie méridionale et en Sicile, et U. Zanotti Bianco lui-même entreprend l’exploration archéologique de la plaine de Sybaris. Cette création ouvre une ère nouvelle dans les recherches sur l’Italie antique et permet un développement inédit des fouilles en Calabre, en ancienne Lucanie et en Sicile, ainsi que la publication scientifique régulière des résultats des travaux, par la revue Atti e Memorie, créée en 1927. Volontaire pendant la Première Guerre mondiale, il reçoit la médaille militaire et s’engage dans le combat démocratique : il entre en relation avec les exilés d’Europe de l’Est et de Russie et rencontre régulièrement M. Gorki à Capri. Il s’insurge contre la dictature de B. Mussolini et s’engage aux côtés des intellectuels anti-fascistes. Soumis à une sévère surveillance policière, il suit le conseil de ses amis et, en 1926, quitte pour un temps l’Italie, se rendant en Palestine, puis en Égypte et en Transjordanie, pour y faire des recherches archéologiques. En 1931, il crée l’Archivio Storico per la Calabria e la Lucania, pour permettre, par la réappropriation du passé, une meilleure appréhension du présent. En 1932, la revue Atti e Memorie della Società Magna Grecia, dirigée par P. Orsi, est suspendue par le gouvernement fasciste et U. Zanotti Bianco reçoit l’interdiction de poursuivre ses recherches archéologiques dans la région de Sybaris. En 1934, P. Zancani Montuoro, déléguée de la Società Magna Grecia à Naples, entraîne U. Zanotti Bianco aux sources du Sele, à la recherche de l’Héraïon qu’ils retrouvent en suivant les indications de Strabon et dont ils entreprennent le dégagement, malgré la persécution dont ils sont l’objet ; en effet, la Società Magna Grecia est dissoute mais Zanotti Bianco la reforme sous le nom de Société Paolo Orsi, et les travaux se poursuivent jusqu’en 1940, sous la surveillance policière et malgré les tracasseries administratives. Arrêté en janvier 1941, il est contraint à sept mois de relégation à Paestum puis à Sant’Angnello de Sorrente. La collaboration d’U. Zanotti Bianco et de P. Zancani Montuoro se poursuit à Sybaris. En 1954, la Società Magna Grecia est reconstituée et placée sous la présidence de G. E. Rizzo, alors que U. Zanotti Bianco prend la direction des nouveaux Atti e Memorie. Il a été aussi président de la croix-rouge italienne (1944-1949) et de l’association pour la protection de la nature et des monuments Italia Nostra. Nommé sénateur à vie en 1952, il continue à se battre pour le Mezzogiorno et l’archéologie, reversant son indemnité de sénateur à la Società Magna Grecia. L’œuvre archéologique d’U. Zanotti Bianco s’inscrit dans son action politique, sociale et humanitaire en faveur du Mezzogiorno.
Bibliographie sélective :
8Avec P. Zancani-Montuoro, Heraion alle Foce del Sele, I-II, Rome, 1951-1954 ; « Le ricerche archeologiche Atti del Convegno storico brese, Cosenza 1954, Rome, 1957, p. 1-18 ; « Civiltà della Magna Grecia », Klearchos 1, 1959, p. 7-25 ; avec P. Zancani-Montuoro, « La campagna archeologica del 1932 nella piana del Crati », Atti e Memorie della Società Magna Grecia 3, 1960, p. 7-20 et 4, 1961, p. 7-63 ; avec L. von Matt, Grossgriechenland, Würzburg, 1961, trad., fr. La Grande-Grèce, Paris, 1962.
9VOIR :
G. Agnello, Archivio storico perSiracusa 9,1963, Klearchos 5, 1963, p. 50-52 ; D. Mustilli, « Umberto Zanotti-Bianco archeologo », Archivio storico per la Calabria Atti Convegno su U. Zanotti-Bianco, Rome 26 et 27 juin 1979, Archivio storico per la Calabria 46, 1979, p. 115-121 ; U. Zanotti Bianco (1889-1963), Rome, 1980 ; F. Barbagallo, « Archeologia, libertà e Mezzogiorno. U. Zanotti-Bianco e P. Zancani-Montuoro », dans Atti e Memorie della Società Magna Grecia, 1-1992, p. 19-25.
Zoëga, Georg/Jorgen (1755-1809)
10Archéologue, philologue et historien danois, l’un des fondateurs de l’archéologie moderne, premier titulaire de la chaire d’archéologie, créée à Kiel en 1802. Né dans un village du Jütland, il appartient à une famille originaire du sud de l’Italie et installée au Danemark au xvie siècle. Il est élevé dans une région frontière où le danois et l’allemand sont indifféremment pratiqués et il possède parfaitement les deux langues, même s’il se sent indiscutablement danois. Il ressent dès l’enfance une attirance nostalgique pour l’Italie qu’il considère comme sa patrie d’élection. À partir de 1773, il reçoit à Göttingen une formation philosophique et suit les cours de C. G. Heyne, qui fera de lui son disciple le plus proche, lors de son second séjour en 1779-1780, lorsqu’il se déterminera pour l’étude de l’Antiquité et l’archéologie l’intérêt pour l’art de l’Antiquité que son maître lui inspire est encore nourri par la lecture des œuvres de J. J. Winckelmann. Pendant l’été 1776, il entreprend un voyage en Allemagne du Sud, se rend à Vienne et à Rome. Il poursuit ses études universitaires à Leipzig en 1776-1777, et se plonge dans la lecture d’Homère. De 1777 à 1779, il se met en quête d’une position sociale à Copenhague et devient précepteur, puis il accompagne un jeune homme de l’aristocratie dans son « grand tour » de l’Europe ; c’est alors qu’il séjourne à nouveau à Göttingen, y suit les cours de C. G. Heyne et décide de se consacrer à l’art antique. En 1782, après avoir classé les monnaies du Cabinet royal à Copenhague, il obtient une bourse du gouvernement danois, se rend à Vienne pour y étudier la numismatique auprès de J. H. Eckhel, fondateur de la numismatique scientifique, et gagne l’Italie : il ne reviendra jamais au Danemark. À Rome, il se convertit au catholicisme pour épouser Maria Pietrangeli et entre au service de l’un des grands dignitaires de l’Église, le cardinal Stefano Borgia, pour lequel il rédige le catalogue de sa collection de médailles, et qui exerce sur lui et ses futurs travaux une influence déterminante ; la riche collection du cardinal comprend des papyri coptes dont Zoëga fera le catalogue, après avoir étudié le copte et en être devenu le premier grand spécialiste (et le meilleur de son temps). À partir de 1784, il ne quittera plus l’Italie, malgré les efforts de ses amis pour le faire revenir à Copenhague puis à Kiel, où est créée pour lui la première chaire d’archéologie ; le gouvernement danois lui accorde un revenu annuel en le nommant agent, puis consul général à Rome. En étudiant la collection numismatique de S. Borgia, il se familiarise avec les questions d’histoire, de religion et de symbolique égyptiennes, ce qui lui permet d’envisager le travail que lui confie Pie VI sur les obélisques de Rome à l’occasion de l’érection de trois d’entre eux. Il consacre cinq années à cette étude et son ouvrage est fondateur de la méthode archéologique pour l’histoire de l’art : il apporte un soin extrême à la précision et à l’exactitude du dessin et de la gravure, et s’attache à un examen critique rigoureux. L’étude de G. Zoëga marque l’apogée des études antiquaires sur l’Égypte, mais ouvre aussi la voie qui conduit à l’égyptologie. En effet, il fournit la somme des connaissances accessibles de son temps sur les rites funéraires, la religion et l’écriture et, dans les cartouches, identifie des noms royaux. À cette époque, l’étude qu’il envisage sur la topographie de Rome est bien avancée, mais les circonstances retardent sans cesse son achèvement, si bien que seul sera publié un essai sur le Capitole. En 1807, l’occasion se présente à lui d’étudier des monuments figurés : l’éditeur d’art P. Piranesi – fils du célèbre artiste – lui demande un texte pour accompagner les gravures des bas-reliefs antiques conservés à Rome. Zoëga consacre les deux dernières années de sa vie à cet ouvrage qui traite une catégorie homogène de monuments, et constitue un modèle qui inspirera les grands corpus des sarcophages, des urnes, ou des reliefs funéraires réalisés après lui par les membres de l’Institut de correspondance archéologique. Il fréquente les cercles cultivés de Rome, où il rencontre son compatriote, le sculpteur Thorvaldsen, et est en étroite relation avec la famille de W. von Humboldt ; c’est à Rome également qu’il fait la connaissance de celui qui deviendra son élève, son ami et son biographe, F. G. Welcker. Ses œuvres maîtresses fournissent le modèle d’une analyse systématique des monuments et des objets. G. Zoëga transmet à F. G. Welcker les connaissances acquises auprès de C. G. Heyne et concourt, ainsi que son maître et son élève, à définir l’archéologie en la distinguant de la philologie.
Bibliographie sélective :
11Numi Ägyptii imperatorii prostantes in Museo Borgiano, 1787 ; De Origine usuque Obeliscorum, Rome, 1797 ; Li bassi rilievi antichi di Roma, Rome, deux vol. , 1808, éd. all. par F. G. Welcker, 1811-1812 ; Catalogus codicum Copticorum manu scriptorum qui in Museo Borgiano Velitris adservantur, 1810 ; F. G. Welcker éd., Abhandlungen, Göttingen, 1817.
12VOIR :
F. G. Welcker, Zoega’s Leben, deux vol. , 1819, éd. Halle, 1913 ; C. B. Stark, Systematik und Geschichte der Archäologie der Kunst, Leipzig, 1880, rééd. Munich, 1969 ; W. Schiering, « Zur Geschichte der Archäologie », dans U. Hausmann, Allgemeine Grundlagen der Archäologie, Munich, 1969, p. 11-161 ; W. R. Dawson et E. P. Uphill, Who was Who in Egyptology, Londres, 1972 ; J. Mejer, « Welcker und Zoëga », dans W. M. Calder et alii, Friedrich Gottlieb Welcker : Werk und Wirkung, Hermes 49, Stuttgart, 1986, p. 53-77 ; R. Lullies et W. Schiering, Archäologenbildnisse. Portraits und Kurzbiographien von Klassischen Archäologen deutscher Sprache, Mayence, 1988.
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